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Les yeux jaunes des crocodiles

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s’asseoir à leur table avec toute sa troupe. Ils s’étaient poussés,<br />

leur avaient fait de la place. Iris se tenait sur le bord de sa<br />

chaise, le cou incliné, le regard tendu comme un arc vers lui. À<br />

ce moment-là, Philippe lui avait effleuré le bras ; elle l’avait<br />

retiré, comme foudroyée par une décharge électrique. Gabor<br />

Minar avait salué de la tête, un par un, chaque invité présent à<br />

la table, les remerciant de s’être décalés. Son regard était tombé<br />

sur Iris. Il l’avait regardée, avait fait un effort pour se souvenir…<br />

Il avait cherché quelques secon<strong>des</strong>. Iris palpitait, offerte. <strong>Les</strong><br />

invités présents autour de la table s’étonnaient et leurs regards<br />

allaient de l’un à l’autre. Alors Gabor s’était exclamé : « Irish !<br />

Irish ! » Elle s’était redressée, magnifique, souriante, éclairée<br />

d’une joie intense. « Irish ! You ! Here ! Unbelievable ! Such a<br />

long time ! » Iris s’était levée pour aller l’embrasser. Il l’avait<br />

serrée dans ses bras. Tout le monde les regardait. « Votre<br />

femme connaît Gabor Minar ? avait demandé à Philippe son<br />

voisin. Elle le connaît personnellement ? – Oui », avait dit<br />

Philippe, les <strong>yeux</strong> rivés sur Iris, ne perdant pas une miette du<br />

spectacle qu’offraient Iris et Gabor réunis dans le même halo<br />

lumineux, portés par les mêmes murmures de curiosité. « Elle<br />

l’a connu quand elle faisait ses étu<strong>des</strong> à Columbia. » Toute<br />

l’assistance regardait Gabor Minar prendre Iris Dupin dans ses<br />

bras et l’embrasser. Iris, dans les bras de Gabor, recevait<br />

l’hommage muet de la salle comme si elle était la femme de<br />

Gabor, qu’enfin justice était faite et l’oubli réparé. Oh ! le regard<br />

qu’elle avait alors posé sur Gabor… Philippe ne l’oublierait<br />

jamais. Un regard de femme qui arrivait au port, qui se<br />

remettait entre les bras de l’homme, de son homme. Ses grands<br />

<strong>yeux</strong> bleus dévoraient Gabor, ses mains venaient se placer<br />

naturellement dans ses mains. Il l’enlaçait et la serrait contre lui<br />

de son bras vigoureux.<br />

Puis il s’était retourné vers une petite femme blonde, menue,<br />

habillée d’une jupe longue de Gitane et d’un petit tee-shirt<br />

blanc. Une femme un peu effacée mais belle qui se tenait dans<br />

l’ombre du géant et souriait.<br />

— Elisa… my wife, avait-il dit en prenant sa femme par<br />

l’épaule et en la présentant à Iris.<br />

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