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Les yeux jaunes des crocodiles

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epéré dans <strong>des</strong> publicités, dont une pour un parfum masculin ;<br />

il tenait dans ses bras une longue femme brune aux cheveux<br />

longs qui renversait la tête en riant, laissant apercevoir une<br />

taille fine et musclée. Elle s’était arrêtée longuement sur cette<br />

publicité : il y avait dans les <strong>yeux</strong> de Luca une intensité qu’elle<br />

ne lui avait encore jamais vue. Un désir grave et impérieux. <strong>Les</strong><br />

hommes vont avoir envie d’acheter cette eau de toilette pour lui<br />

ressembler. Elle s’était demandé si elle n’allait pas se laisser<br />

pousser les cheveux comme la fille brune.<br />

— Je vous ai vu cet été dans une campagne pour une eau de<br />

toilette, je crois, lança-t-elle, désirant changer de sujet.<br />

— Ne parlons pas de ça, voulez-vous ?<br />

Son regard était redevenu secret, impénétrable. Il tourna la<br />

tête vers l’intérieur du restaurant comme s’il attendait<br />

quelqu’un. L’homme aimable, enjoué, qui lui parlait quelques<br />

minutes avant était parti et il ne restait qu’un étranger.<br />

— Il fait froid, vous ne voulez pas rentrer ?<br />

Dans le taxi qui les ramenait à l’hôtel, Joséphine l’observait.<br />

Il se tenait dans un coin et regardait par la fenêtre.<br />

— Je suis désolée, je n’aurais pas dû vous poser ces<br />

questions. On était si bien, juste avant que je parle, je me suis<br />

laissée aller…<br />

Il la regarda avec infiniment de douceur, de lassitude et,<br />

l’attirant vers lui, passa son bras autour de sa taille.<br />

— Vous êtes délicieuse, Joséphine. Vous ne savez pas à quel<br />

point vous me touchez. Ne changez pas, s’il vous plaît, ne<br />

changez pas !<br />

Il avait prononcé ces derniers mots comme une supplique.<br />

Joséphine fut surprise de l’intensité qu’il y avait dans sa voix.<br />

Il lui releva la tête, plaça un doigt sous son menton et, la<br />

forçant à le regarder dans les <strong>yeux</strong>, ajouta :<br />

— C’est moi qui suis impossible. Je vais mieux quand vous<br />

êtes là. Vous m’apaisez, j’aime parler avec vous…<br />

Elle posa la tête sur son épaule et se laissa aller. Elle respirait<br />

son odeur, cherchant à identifier la verveine et le citron, le bois<br />

de santal et l’écorce d’oranger, se demandant si c’était le même<br />

parfum que celui de la publicité. <strong>Les</strong> réverbères <strong>des</strong> avenues<br />

défilaient par la fenêtre ; elle souhaitait que la promenade dans<br />

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