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Les yeux jaunes des crocodiles

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soucis en plus pour Antoine. Du profit en plus pour mister Wei !<br />

J’en ai marre que ça aille toujours dans le même sens, râla<br />

Antoine en tirant une nouvelle salve.<br />

— Arrête ! protesta Mylène, elles t’ont rien fait, ces pauvres<br />

bêtes…<br />

Parce qu’il faisait feu de tout bois, le Chinois ! Il avait appelé<br />

Mylène quand il avait appris la nature de son activité. Il lui avait<br />

proposé de s’associer avec lui et de lancer une ligne de produits<br />

de beauté, « Belles de Paris ». Il voulait faire fabriquer les<br />

emballages en France pour avoir le label « Made in France »<br />

gravé sur les boîtes. Cela assurerait le succès <strong>des</strong> cosmétiques<br />

sur le marché chinois. En plus, il a du bol, ragea Antoine en<br />

rechargeant son fusil. Dès qu’il touche à un truc, il se<br />

transforme en or !<br />

Ce n’était pas son cas.<br />

Ses rêves de milliardaire en sacs et en terrines prenaient<br />

l’eau. <strong>Les</strong> <strong>crocodiles</strong> se révélaient une matière première<br />

aléatoire : obèses, impuissants, exigeants. Ils ne voulaient<br />

manger que du poulet ou de la chair humaine. Ils laissaient<br />

pourrir au soleil ce qui n’était pas à leur goût ! C’est à croire<br />

qu’ils ont été élevés dans un cinq étoiles, pestait Antoine en<br />

faisant déverser <strong>des</strong> tombereaux de riz agrémentés d’un<br />

mélange spécial d’huîtres et d’algues qu’il faisait venir de Sao<br />

Paulo. Ils n’y touchaient pas. Ni au canard ni aux fricassées de<br />

poisson. Ils exigeaient du poulet. Quand on leur présentait leur<br />

pâtée, ils détournaient la tête.<br />

— Non, mais je rêve ! grinça Antoine. Ils sont si gras qu’ils<br />

n’arrivent même plus à chevaucher les femelles, t’as vu ça ?<br />

Elles ont beau les abreuver de caresses, c’est à peine s’ils<br />

soulèvent une paupière.<br />

— Ils se marrent à te regarder t’énerver tout seul. Ils savent<br />

bien que ce sont eux les gagnants…<br />

— Ils vont pas gagner longtemps s’ils continuent à grossir<br />

comme ça.<br />

— Pfft ! Tu seras mort depuis longtemps qu’ils seront encore<br />

là, bien plantés sur leurs pattes. Ça peut vivre cent ans, ces<br />

bêtes-là !<br />

— Sauf si je les zigouille tous !<br />

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