28.06.2013 Views

Les yeux jaunes des crocodiles

Les yeux jaunes des crocodiles

Les yeux jaunes des crocodiles

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Alexandre sortit son portable et Max poussa un cri.<br />

— Le même que moi, mec ! Le même ! Et comme sonnerie ?<br />

— J’en ai plusieurs. Ça dépend qui m’appelle…<br />

— Tu me les fais écouter ? On pourrait s’en échanger…<br />

<strong>Les</strong> deux garçons se mirent à faire sonner leurs portables,<br />

laissant Zoé de côté.<br />

— Moi, je sais ce que je veux, marmonna Zoé. Je veux un<br />

portable. J’irai au marché aux voleurs à Colombes et j’en volerai<br />

un !<br />

Joséphine se réveilla la première et <strong>des</strong>cendit préparer son<br />

petit-déjeuner. Elle appréciait ces matins où elle était seule dans<br />

la grande cuisine dont la baie vitrée donnait sur la plage. Elle<br />

glissait les tartines dans le toasteur, faisait chauffer l’eau du thé,<br />

sortait le beurre salé et les confitures. Parfois elle se faisait cuire<br />

un œuf sur le plat avec une saucisse ou du bacon. Elle déjeunait<br />

en regardant la mer.<br />

Ses personnages lui manquaient. Florine, Guillaume,<br />

Thibaut, Baudouin, Guibert, Tancrède, Isabeau et les autres. J’ai<br />

été injuste avec ce pauvre Baudouin. À peine était-il entré en<br />

scène que je l’ai exécuté. Tout ça parce que j’étais en colère<br />

contre Shirley. Guibert la faisait frissonner. Elle était comme<br />

Florine : subjuguée. Parfois, la nuit, elle rêvait qu’il venait<br />

l’embrasser, elle sentait son odeur, ses lèvres chau<strong>des</strong> et douces<br />

sur les siennes, elle répondait à son baiser et il posait un<br />

poignard sur sa gorge. Elle se réveillait en frissonnant. <strong>Les</strong><br />

hommes étaient si violents à l’époque ! Elle se souvenait d’une<br />

scène qu’elle avait lue dans un manuscrit ancien. Un mari qui<br />

assiste à l’accouchement de sa femme. « Plus de cent kilos de<br />

chair, de sang et d’irascibilité. Dans une main un long et gros<br />

tisonnier, dans l’autre une cafetière énorme plein de liquide<br />

bouillant. Le bébé était un garçon et le père se décrispa, il se mit<br />

à pleurer, à prier et à rire. » <strong>Les</strong> femmes n’étaient bonnes qu’à<br />

enfanter. Isabeau chante une comptine qui en dit long : « Ma<br />

mère prétend qu’elle m’a donnée à un homme de cœur. Quel<br />

cœur est-ce donc là ? Il m’enfonce son dard dans le ventre et me<br />

bat comme sa mule. » Elle avait rendu son manuscrit à Iris qui<br />

- 370 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!