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Les yeux jaunes des crocodiles

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Josiane vit arriver la petite Cortès. Ponctuelle comme chaque<br />

matin. Elle entrait dans l’entreprise de sa démarche balancée,<br />

une hanche à droite, une hanche à gauche, se déplaçant avec<br />

l’élégance et l’allure d’une gravure de mode. Chaque geste était<br />

juste mais étudié. Elle disait bonjour à chaque employé,<br />

souriait, prenait un air attentif et se souvenait de tous leurs<br />

noms. Chaque jour, un détail vestimentaire changeait mais,<br />

chaque jour, on ne pouvait qu’admirer ses longues jambes, sa<br />

taille fine, ses seins haut placés comme si elle avait appris à<br />

mettre chaque partie de son corps en valeur sans qu’on puisse<br />

l’accuser de le faire exprès. Pour travailler, elle attachait ses<br />

longs cheveux auburn et les lâchait d’un geste théâtral quand la<br />

journée était finie, plaçant <strong>des</strong> mèches derrière ses oreilles pour<br />

qu’on remarque l’ovale gracieux de son visage, l’éclat nacré de<br />

sa peau et la délicatesse de ses traits. Mais elle travaillait ! On<br />

peut pas dire qu’elle vole son pain, celle-là, c’est sûr. Ginette<br />

l’avait prise sous son aile et lui avait montré la gestion <strong>des</strong><br />

stocks. La petite savait se servir d’un ordinateur et elle avait vite<br />

compris. Elle avait envie de passer à autre chose et tournait<br />

autour de Josiane.<br />

— Qui s’occupe <strong>des</strong> achats ici ? lui demanda-t-elle avec un<br />

grand sourire que démentait l’éclat métallique de son regard.<br />

— Chaval, répondit Josiane en s’éventant.<br />

Il faisait une chaleur étouffante et Marcel n’avait pas encore<br />

fait installer de climatiseur dans les bureaux. Ça va me bloquer<br />

l’ovulation, cette chaleur !<br />

— Je crois que je vais aller travailler avec lui… <strong>Les</strong> stocks, j’ai<br />

compris, c’est pas passionnant, j’aimerais bien apprendre autre<br />

chose.<br />

Et toujours ce sourire artificiel qui me prend pour une<br />

bernique ! râla Josiane. Même Ginette et René n’y voient que du<br />

feu. Quant aux manutentionnaires, leurs langues raclent le<br />

béton de convoitise.<br />

— T’as qu’à lui demander… Je suis sûre qu’il sera enchanté<br />

d’avoir une stagiaire comme toi.<br />

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