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Les yeux jaunes des crocodiles

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on fait les petites annonces ensemble. Je me lève et je vais me<br />

poster au coin de la rue en attendant qu’il décanille. C’est<br />

comme ça que je l’ai vu passer. Avec son pied bot ! On dirait<br />

qu’il a le pied pris dans une boîte à outils ! Il boite, madame<br />

Joséphine, il boite ! Il est tout de travers !<br />

— Et alors ? Il a le droit de vivre, non ?<br />

Joséphine avait rugi son dégoût.<br />

— Il a le droit d’avoir un pied bot puisque vous avez le droit<br />

de l’escroquer.<br />

Christine Barthillet écoutait Joséphine, bouche bée.<br />

— Ben, madame Joséphine… Faut pas vous mettre en colère.<br />

— Vous voulez que je vous dise : vous me dégoûtez ! Si ce<br />

n’était pas pour Max, je vous mettrais à la porte ! Vous habitez<br />

chez moi, vous ne faites rien, absolument rien, vous passez votre<br />

temps à roucouler sur Internet ou à mâcher du chewing-gum<br />

devant la télé et vous râlez parce que votre amoureux n’est pas<br />

conforme à l’idée que vous vous en faisiez. Vous êtes<br />

lamentable… Vous n’avez ni cœur ni dignité.<br />

— Oh ben alors…, grogna Christine Barthillet. Si on peut plus<br />

discuter.<br />

— Vous devriez chercher du travail, vous lever le matin, vous<br />

habiller, vous occuper de votre fils et me donner un coup de<br />

main. Ça ne vous est jamais venu à l’idée, ça ?<br />

— Je croyais que vous aimiez bien vous occuper <strong>des</strong> gens. Je<br />

vous laissais faire…<br />

Joséphine se reprit et, posant les cou<strong>des</strong> sur la table comme<br />

si elle s’installait pour mener <strong>des</strong> négociations, elle poursuivit :<br />

— Écoutez… Je suis débordée de travail, je n’ai pas que ça à<br />

faire. Nous sommes le 10 juin, je veux qu’à la fin du mois vous<br />

soyez partie. Avec ou sans Alberto ! Je veux bien, parce que je<br />

suis bonne poire, garder Max le temps que vous trouviez une<br />

vraie solution mais je ne veux plus jamais, vous m’entendez,<br />

plus jamais m’occuper de vous.<br />

— Je crois que j’ai compris…, murmura Christine Barthillet<br />

en poussant un soupir d’incomprise.<br />

— Eh bien, c’est tant mieux parce que je n’étais pas prête à<br />

vous faire un <strong>des</strong>sin ! La gentillesse a ses limites et là,<br />

franchement, je crois que j’ai atteint les miennes…<br />

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