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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Je l’ai très bien connue. Gary a grandi avec eux, avec elle…<br />

— Mais Shirley… Il faut que tu m’expliques !<br />

— Je ne peux pas, Jo.<br />

— Comment ça ?<br />

— Je ne peux pas.<br />

— Même si je te promets de n’en parler à personne ?<br />

— Pour ta sécurité, Jo. La tienne et celle de tes filles. Tu ne<br />

dois pas savoir.<br />

— Je ne te crois pas.<br />

— Et pourtant…<br />

Shirley la regardait avec tendresse et une grande tristesse.<br />

— On se connaît depuis <strong>des</strong> années, on se parle de tout, je t’ai<br />

livré mon seul secret, tu lis en moi à livre ouvert et la seule<br />

chose que tu trouves à me dire c’est que tu ne peux rien me dire<br />

sous peine que je sois…<br />

Joséphine suffoquait de colère.<br />

— Je t’ai détestée toute la semaine, Shirley ! Toute la<br />

semaine j’ai eu l’impression que tu m’avais volé quelque chose,<br />

que tu m’avais trahie et tu ne veux rien me dire. Mais l’amitié,<br />

ça marche dans les deux sens !<br />

— C’est pour te protéger. Quand on ne sait pas, on ne parle<br />

pas…<br />

Joséphine éclata d’un rire désabusé.<br />

— Comme si j’allais être torturée à cause de toi.<br />

— Ça peut être dangereux. Comme ça l’est pour moi ! Mais<br />

moi, je suis obligée de vivre avec, pas toi…<br />

Shirley parlait d’une voix égale. Elle faisait un constat.<br />

Joséphine ne décelait aucune emphase, aucun trucage dans sa<br />

voix. Elle énonçait un fait, un fait terrifiant, sans que l’émotion<br />

trouble sa voix. Joséphine fut frappée par sa sincérité et eut un<br />

mouvement de recul.<br />

— À ce point-là ?<br />

Shirley vint s’asseoir à côté de Jo. Elle lui passa le bras<br />

autour <strong>des</strong> épaules et, dans un chuchotement, se confia à elle.<br />

— Tu ne t’es jamais demandé pourquoi j’étais venue<br />

m’installer ici ? Dans cette banlieue ? Dans cet immeuble ?<br />

Toute seule, sans famille en France, sans mari, sans amis, sans<br />

vrai métier ?<br />

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