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Les yeux jaunes des crocodiles

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Il la demande en mariage. Florine doit s’incliner. Elle décide<br />

que ce sera là son premier degré d’humilité.<br />

Le mariage. Guillaume désire un grand mariage. Il fait<br />

dresser une immense estrade, couverte de tables où festoient<br />

pendant huit jours jusqu’à cinq cents personnes. L’estrade est<br />

décorée de tapisseries, de meubles précieux, d’armures,<br />

d’étoffes rapportées d’Orient. Des parfums brûlent dans <strong>des</strong><br />

vasques. Pour protéger les dîneurs, un immense vélum de drap<br />

bleu clair a été tendu, brodé et festonné de guirlan<strong>des</strong> de<br />

verdure mêlées de roses. Une crédence d’argent ciselé trône sur<br />

l’estrade. Le sol est jonché de verdure. Cinquante cuisiniers et<br />

gâte-sauces s’affairent dans les cuisines. <strong>Les</strong> plats succèdent aux<br />

plats. La mariée porte une coiffure de plumes de paon qui coûte<br />

cinq à six ans de salaire d’un bon maçon. Pendant toute la<br />

journée du mariage, elle garde les <strong>yeux</strong> baissés. Elle a obéi. Elle<br />

a promis devant Dieu d’être une bonne épouse. Elle tiendra sa<br />

promesse.<br />

Et là, pense Joséphine, je brosse les premiers jours de<br />

femme mariée de Florine. Sa nuit de noces. La terreur de la nuit<br />

de noces ! Ces femmes-enfants qu’on livrait à <strong>des</strong> soudards qui<br />

revenaient <strong>des</strong> guerres et ne connaissaient rien au plaisir<br />

féminin. Elle tremble, nue, sous sa chemise. Peut-être que<br />

Guillaume est doux… Je verrai bien le degré de sympathie qu’il<br />

m’inspire ! Pendant son mariage avec Florine, Guillaume<br />

Longue Épée prospère et devient très riche. Comment ? Il faut<br />

que je réfléchisse…<br />

Le deuxième mari, elle le…<br />

À ce moment-là, on sonna à sa porte. Joséphine, d’abord, ne<br />

voulut pas ouvrir. Qui pouvait bien venir la déranger chez elle ?<br />

Elle se déplaça sur la pointe <strong>des</strong> pieds jusqu’à l’œilleton de la<br />

porte. Iris !<br />

— Ouvre, Jo, ouvre. C’est moi, Iris.<br />

Joséphine ouvrit à contrecœur. Iris éclata de rire.<br />

— Mais t’es habillée comment ? On dirait une souillon !<br />

— Ben… Je travaille…<br />

— Je suis venue te rendre une petite visite pour voir où tu en<br />

étais de mon livre et comment va notre héroïne.<br />

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