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Les yeux jaunes des crocodiles

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soigneusement les prix pour amortir les frais du voyage et faire<br />

un bénéfice.<br />

Elle ne pouvait plus compter sur Antoine. Il se délitait de<br />

jour en jour. Il s’était mis à boire. C’était un alcoolique doux et<br />

résigné. Bientôt, si elle ne prenait pas les choses en main, ils<br />

n’auraient plus un sou. Ce soir, il voyait sa femme et ses filles.<br />

Ce serait peut-être un déclic. Sa femme avait l’air gentille.<br />

C’était une femme bien. Une travailleuse. Elle ne se plaignait<br />

pas.<br />

Mylène jeta les paquets sur le grand lit de la chambre, ouvrit<br />

un sac de voyage vide et commença à le remplir. D’ailleurs,<br />

poursuivit-elle en bourrant le sac de produits, à quoi bon gémir,<br />

ça ne fait pas avancer le schmilblick, on ne gémit que sur soi,<br />

sur le temps passé, et le temps passé, on ne peut pas le<br />

rattraper, alors à quoi ça sert ? Elle recompta une dernière fois<br />

les emballages, nota sur une feuille la quantité achetée pour<br />

chaque article et le prix qu’elle l’avait payé. Je n’ai pas pensé aux<br />

parfums ! Ni aux shampooings colorants ! Ni à la laque ! Zut ! se<br />

dit-elle, ce n’est pas grave, je verrai ça demain ou lors d’un<br />

prochain voyage. Et puis il vaut mieux commencer petit…<br />

Elle se déshabilla, sortit sa chemise de nuit de la valise, défit<br />

l’emballage de la savonnette de la salle de bains et prit une<br />

douche. Elle avait hâte de repartir au Kenya pour ouvrir son<br />

salon de beauté.<br />

Elle s’endormit en songeant à un nom de salon : Beauté de<br />

Paris, Paris Chic, Vive Paris, Paris Beauty, eut un bref accès<br />

d’angoisse, mon Dieu pourvu que tout ça ne me reste pas sur les<br />

bras, j’ai dépensé tout ce qu’il restait sur mon compte en<br />

banque, je n’ai plus rien ! Elle tâtonna à l’aveuglette dans le noir<br />

à la recherche d’un morceau de bois à toucher et s’endormit.<br />

Joséphine considéra le calendrier de la cuisine et noircit d’un<br />

trait de feutre noir les deux semaines à venir. On était le 15 avril,<br />

les filles rentreraient le 30, elle avait deux semaines pour se<br />

consacrer à son livre. Deux semaines, soit quatorze jours, soit<br />

un minimum de dix heures de travail par jour. Douze peut-être<br />

si je bois beaucoup de café. Elle revenait de Carrefour où elle<br />

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