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Les yeux jaunes des crocodiles

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Il soupira et revint aux arguments de l’Ukrainien. Lui<br />

resservit un verre de whisky, ajouta deux glaçons, le lui tendit<br />

avec un grand sourire en poussant vers lui le contrat. L’homme<br />

se leva d’une fesse pour attraper le verre, sortit un stylo, ôta le<br />

capuchon, ça y est, se dit Marcel, ça y est ! Il va signer. Mais<br />

l’homme hésita… extirpa une grosse enveloppe de la poche de<br />

son veston, la tendit à Marcel en disant : « Ce sont mes frais<br />

pour ce voyage, vous pouvoir les prendre sur votre compte ? –<br />

Pas de problème », affirma Marcel qui l’ouvrit, jeta un coup<br />

d’œil rapide sur le tas de papiers chiffonnés, <strong>des</strong> notes de<br />

restaurant, une note exorbitante d’hôtel, <strong>des</strong> factures de<br />

gran<strong>des</strong> boutiques, une caisse de champagne, <strong>des</strong> parfums Yves<br />

Saint Laurent, une bague et un bracelet Mauboussin. Toutes les<br />

factures avaient été établies au nom de Marcel Grobz. Rusé,<br />

l’Ukrainien ! Il n’avait plus qu’à payer et à régler d’un trait de<br />

stylo les folies de ce gros porc ! « Pas de problème, assura-t-il en<br />

faisant un clin d’œil à l’Ukrainien qui attendait le stylo levé, pas<br />

de problème, répéta-t-il, je transmets à ma comptabilité et je<br />

prends tout en charge », il appuya son sourire pour faire<br />

comprendre à l’homme immobile que tout était réglé, qu’est-ce<br />

qu’il attend pour signer, qu’est-ce qu’il veut encore ? L’homme<br />

attendait et ses petits <strong>yeux</strong> brillaient d’une impatience rageuse,<br />

« pas de problème, vous êtes mon ami et… chaque fois que vous<br />

viendrez à Paris, vous serez mon invité ».<br />

L’homme sourit, se détendit, ses <strong>yeux</strong> devinrent deux fentes<br />

sans lumière, il laissa tomber la plume sur le contrat et signa.<br />

Philippe Dupin allongea les pieds sur son bureau et<br />

commença la lecture d’un dossier que lui avait transmis<br />

Caroline Vibert. La note disait : « On est coincés, on ne trouve<br />

pas de solution, il faut conseiller au client de racheter mais il<br />

renâcle à investir, pourtant apparemment il n’y a que la fusion<br />

qui sauverait l’affaire, il n’y a plus de place pour deux affaires<br />

rivales de cet acabit sur le marché français… » Il soupira et<br />

reprit le dossier au début. C’était la fin du textile en France,<br />

c’était sûr, mais une affaire comme Labonal survivait et réalisait<br />

<strong>des</strong> bénéfices parce qu’elle s’était spécialisée dans la chaussette<br />

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