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Les yeux jaunes des crocodiles

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Et les cheveux d’Yseut la blonde aussi dorés et luisants qu’ils<br />

fussent ne seront rien en comparaison <strong>des</strong> miens…, pensa<br />

Joséphine en prenant place au bac à shampooing.<br />

La grande aiguille de l’horloge vint se placer sur la demie de<br />

cinq heures. Iris se surprit à guetter la porte du café avec<br />

anxiété. S’il ne venait pas ? Si, à la dernière minute, il avait<br />

décidé que ce n’était pas la peine. Au téléphone, le directeur de<br />

l’agence lui avait paru courtois, précis. « Oui, madame, je vous<br />

écoute… »<br />

Elle avait expliqué ce qu’elle désirait. Il avait posé quelques<br />

questions puis avait ajouté : « Vous connaissez nos tarifs ? Deux<br />

cent quarante euros par jour si c’est en semaine, le double le<br />

week-end. – Non, le week-end, je n’aurai pas besoin de vous. –<br />

Très bien, madame, on pourrait donc fixer un premier rendezvous,<br />

disons, dans une semaine… – Une semaine, vous êtes<br />

sûr ? – Absolument, madame… Un rendez-vous dans un<br />

quartier, de préférence où vous n’allez jamais, où vous ne<br />

risquez pas de rencontrer quelqu’un de votre connaissance. –<br />

<strong>Les</strong> Gobelins », avait proposé Iris. Ça sonnait mystérieux,<br />

clan<strong>des</strong>tin, un peu louche même. « <strong>Les</strong> Gobelins, madame ?<br />

Très bien. Disons à dix-sept heures trente au café du même<br />

nom, avenue <strong>des</strong> Gobelins à la hauteur de la rue Pirandello.<br />

Vous reconnaîtrez notre homme facilement : il portera un<br />

chapeau de pluie Burberry, c’est de saison, il ne se fera pas<br />

remarquer. Il vous dira “il fait un froid de gueux” et vous<br />

répondrez “je ne vous le fais pas dire”. – Parfait, avait répondu<br />

Iris sans se troubler, j’y serai, au revoir, monsieur. » Que c’était<br />

simple ! Elle avait hésité si longtemps avant de se décider à<br />

appeler et voilà, c’était fait ! Le rendez-vous était pris.<br />

Elle regarda les gens assis autour d’elle. Des étudiants qui<br />

lisaient, une ou deux femmes seules qui semblaient attendre,<br />

elles aussi. Des hommes au bar qui buvaient, les <strong>yeux</strong> perdus<br />

dans le vide. Elle entendit un bruit de percolateur, <strong>des</strong> ordres<br />

lancés, la voix de Philippe Bouvard qui racontait une blague à la<br />

radio, c’était l’heure <strong>des</strong> « Grosses têtes ». « Vous connaissez<br />

l’histoire du mari qui dit à sa femme : Chérie tu me dis jamais<br />

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