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Les yeux jaunes des crocodiles

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maillot de bain, elle n’aurait sûrement pas réagi aussi<br />

violemment.<br />

Elle resta un moment, défaite, tremblante. Fixant les reflets<br />

de l’eau de la piscine, détaillant sans les voir les plantes vertes,<br />

les colonnes de marbre blanc, les mosaïques bleues. Puis elle se<br />

redressa, respira un grand coup pour bloquer ses larmes, il ne<br />

manquerait plus que je sois ridicule et me donne en spectacle, et<br />

se retourna, prête à affronter sa fille.<br />

Hortense était partie. Des marches de la piscine, elle tâtait<br />

l’eau du bout <strong>des</strong> pieds et s’apprêtait à se laisser glisser dans<br />

l’eau.<br />

— Tu ne devrais pas te mettre dans ces états-là devant elle,<br />

tu perds toute autorité, susurra Iris en se retournant sur le<br />

ventre.<br />

— Je voudrais t’y voir ! Elle se conduit de manière détestable<br />

avec moi.<br />

— C’est l’adolescence. Elle est en plein âge ingrat.<br />

— Il a bon dos, l’âge ingrat. Elle me traite comme si j’étais<br />

son inférieure !<br />

— Peut-être parce que tu t’es toujours laissé faire.<br />

— Comment ça, je me suis toujours laissé faire ?<br />

— Tu as toujours laissé les gens te traiter n’importe<br />

comment ! Tu n’as aucun respect pour toi, alors comment veuxtu<br />

que les autres te respectent ?<br />

Joséphine, ébahie, écoutait sa sœur parler.<br />

— Mais si, rappelle-toi… Quand on était petites… je te faisais<br />

agenouiller devant moi, tu devais poser sur la tête ce que tu<br />

avais de plus cher au monde et me l’offrir en t’inclinant sans le<br />

faire tomber… Sinon t’étais punie ! Tu te rappelles ?<br />

— C’était un jeu !<br />

— Pas si innocent que ça ! Je te testais. Je voulais savoir<br />

jusqu’où je pouvais aller et j’aurais pu tout te demander. Tu ne<br />

m’as jamais dit non !<br />

— Parce que je t’aimais !<br />

Joséphine protestait de toutes ses forces.<br />

— C’était de l’amour, Iris. Du pur amour. Je te vénérais !<br />

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