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4 péchés givrés sarah truong-qui - Spirit Magazine

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plan rapproché<br />

debout les filles !<br />

Rendez-vous est pris quartier Saint-Cyprien. Cheveux<br />

courts et doudounes fluos, Barbara Wolman et Joséfine<br />

Ajdelbaum, les fondatrices de la WebTV féministe<br />

pédagogique TéléDebout, font le pied de grue. Toutes<br />

les deux ont 45 ans, toutes les deux sont féministes depuis toujours.<br />

Assises au Riv’Gauche et sirotant un jus de pomme et un<br />

double café crème, les deux amies n’aiment pas trop parler d’elles<br />

en particulier. Elles préfèrent évoquer la situation des femmes en<br />

général. Car pour ces militantes, leur engagement sonne comme<br />

une évidence. « On se demande plutôt pourquoi il y a des femmes<br />

<strong>qui</strong> ne sont pas féministes », retournent-elles. Joséfine Ajdelbaum,<br />

la présidente de l’association V.Ideaux <strong>qui</strong> chapeaute TéléDebout,<br />

tente tout de même une explication perso : « Ma mère m’interdisait<br />

de jouer au foot de peur que j’aie plus tard – l’horreur pour une<br />

femme ! – de gros mollets… C’est bête, mais j’ai toujours eu le<br />

sentiment de n’être pas une fille comme il fallait ». Barbara Wolman<br />

saisit la balle au bond. « Oui, c’est ça. Dans nos vidéos et reportages,<br />

on veut montrer qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’être<br />

une fille. Il faut absolument sortir de ces rôles par trop stéréotypés.<br />

Allez, debout, les filles ! » lance la vidéaste, en guise de clin<br />

d’œil au film de la première féministe avec une caméra, Debout !<br />

Une histoire du mouvement de libération des femmes de Carole<br />

Roussopoulos.<br />

Mise en ligne le 27 septembre 2010, la WebTV pédago multiplie<br />

les supports visuels destinés aux enseignants dans sa rubrique<br />

L’école des femmes. « Les directives ministérielles sont claires :<br />

il faut parler de l’égalité des sexes aux jeunes, avancent-elles. Or<br />

les enseignants sont souvent démunis… » On trouve en ligne des<br />

reportages sur des femmes très différentes <strong>qui</strong> agissent contre le<br />

sexisme. Ça s’appelle Caméra au poing et c’est leur façon à elles<br />

de faire passer le message. « Le sujet reste tabou, surtout chez les<br />

jeunes filles, poursuit Barbara. Internet permet d’aborder la question<br />

dans la sphère de l’intimité. Car même si en apparence cela a<br />

évolué, elles sentent bien que quelque chose ne va pas… Nous, on<br />

62 / <strong>Spirit</strong> # 46<br />

veut leur dire que ce sentiment d’injustice est loin d’être ridicule ».<br />

Dernière idée en date des filles de TéléDebout, pour militer de<br />

manière ludique et créative : le lancement du concours de vidéo<br />

jeunesse « Buzzons contre le sexisme », ouvert aux 10-22 ans.<br />

« Vous avez envie de participer, seul-e, avec votre classe ou en<br />

é<strong>qui</strong>pe, au concours : les règles du jeu sont simples. Vous réalisez<br />

une vidéo drôle, sérieuse, révoltée ou déjantée, de 2 à 20 minutes,<br />

avec une caméra ou même votre téléphone portable. L’important,<br />

c’est d’avoir des idées, des choses à dire, à montrer et une grande<br />

envie que ça change... »<br />

Lancé en septembre dernier, le concours compte pas moins d’une<br />

centaine de participants et fait déjà le buzz. « C’est marrant, raconte<br />

Barbara, on est partenaires de L’Étudiant et de Julie, le magazine<br />

pour les filles de 8 à 12 ans. Et sur le site, on reçoit pas mal<br />

d’inscriptions de pitchounes ultra motivées. On adore ! »<br />

Côté jury, le casting du concours est pour le moins prestigieux.<br />

Dans le désordre, on y trouve la neurobiologiste Catherine Vidal,<br />

la journaliste reporter d’image Harriet Hirshorn, l’historienne Christine<br />

Bard, la réalisatrice Habiba Djahnine, la philosophe Geneviève<br />

Fraisse, la sociologue Virginie Houadec, etc. « Eh oui, sourientelles,<br />

c’est l’avantage d’être féministes depuis longtemps. Mais<br />

c’est aussi la preuve, s’il en fallait une de plus, qu’il y a encore<br />

beaucoup à faire… »<br />

Également formatrice jeunesse et sport, Joséfine boit une gorgée<br />

de café, puis enchaîne de son léger accent allemand, agacée :<br />

« Si peu de choses ont changé… Il y a peu, alors que je faisais<br />

une intervention dans une classe, un jeune garçon m’a dit : ‘‘Il y a<br />

des problèmes bien plus graves, madame. Comme la pauvreté.’’<br />

‘‘Oui, d’ailleurs, elle touche à 80 % les femmes’’, lui ai-je répondu.<br />

Comme si on n’avait pas le droit de nommer la gravité des violences<br />

faites aux femmes. Mais il n’y a rien de pire que de nier<br />

l’oppression, que de la rendre invisible ». Avec leur WebTV féministe<br />

pédagogique et leur concours vidéo jeunesse, les filles de<br />

TéléDebout tentent, à leur manière, de la faire sortir de l’ombre.<br />

Les avancées supposées ou réelles<br />

dans le domaine de l’égalité<br />

des sexes semblent parfois rendre<br />

les luttes féministes quelque peu<br />

has been. Caméra au poing,<br />

Télédebout déringardise le débat<br />

pour s’adresser aux jeunes.<br />

Rencontre avec ses deux fondatrices.<br />

Par Isabelle Bonnet-Desprez - Photo de Polo Garat / Odessa<br />

Le concours<br />

Pour participer à<br />

« Buzzons contre le sexisme »,<br />

il suffit d’avoir entre 10<br />

et 22 ans et d’envoyer sa<br />

vidéo de 2 à 20 minutes.<br />

Sur un mode documentaire<br />

ou fictionnel, on peut filmer<br />

de vraies personnes, mais<br />

aussi faire des séquences<br />

d’animations en utilisant des<br />

poupées, de la pâte<br />

à modeler… Une seule<br />

consigne : être inventif !<br />

Calendrier<br />

Les films doivent être<br />

envoyés avant le 15.03<br />

et l’annonce des gagnant(e)s<br />

aura lieu début avril 2012,<br />

avec remise des prix<br />

et projection des films<br />

primés. Les vidéos envoyées<br />

concourent dans deux<br />

catégories (autonome<br />

ou accompagnée)<br />

et dans trois tranches d’âges<br />

10-14 ans, 15-18 ans,<br />

19-22 ans. Les habitant(e)s<br />

de Toulouse participent – petit<br />

plus – au prix spécial<br />

Midi-Pyrénées.<br />

teledebout.org/concours

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