culture musique « Je pose un regard sur la famille, sur l’afrique, j’apporte un point de vue personnel sur le monde <strong>qui</strong> m’entoure. » 52 / <strong>Spirit</strong> # 46
Imany le 19.01 au Bikini (Ramonville), à 20h30 20 e Son dernier album : The Shape Of a Broken Heart M6 Interactions, 2011 imany, la beauté grave Attention, phénomène ! Voix rauque et charme fou, Imany est devenue disque d’or dès son premier album The shape of a broken heart. Preuve que le disque n’est pas totalement mort. Et qu’une ancienne manne<strong>qui</strong>n peut devenir une vraie chanteuse. Propos recueillis par Lionel Nicaise Vous avez commencé la musique aux États-Unis, lorsque vous travailliez également comme modèle. C’était comment ces débuts new-yorkais ? Je devais rester 3 semaines, finalement je suis restée sept ans. Imany était mon nom de manne<strong>qui</strong>n, je l’avais tiré de mon film préféré de l’époque, Un Prince à New York avec Eddie Murphy. J’ai collectionné les petits boulots, parallèlement à l’enregistrement d’une maquette et de plusieurs scènes new yorkaises. Une fois rentrée à Paris, ma sœur est devenue mon manager. Après sept mois de concerts dans des bars et petites salles, le producteur Malick N’diaye (<strong>qui</strong> avait déjà découvert la chanteuse Ayo) m’a repérée. Dans quel rayon rangeriez-vous votre premier album? Folk ? Soul ? J’ai du mal à le mettre dans une case parce que je ne l’ai vraiment pas pensé comme ça. J’ai reçu des influences assez variées. Certaines chansons ont vécu sur la scène, parce que je viens de là. Il y a eu ensuite des millions d’écoutes avec le réalisateur, on s’est mis d’accord sur la couleur de l’album. Il s’avère qu’il y a beaucoup d’acoustique, ce qu’on voulait avant tout c’était des titres cohérents. La chanson éponyme de cet album raconte votre histoire d’amour avec l’Afrique. Quels autres thèmes abordez-vous dans vos chansons ? Les thèmes de la vie, des choses assez basiques comme l’amour, le non-amour, l’affirmation de soi, la liberté. Je pose un regard sur la famille, sur l’Afrique, j’apporte un point de vue personnel sur le monde <strong>qui</strong> m’entoure, ça peut être un reportage télé, une scène dans la rue, ou des choses de ma vie intime. Vous chantez la plupart du temps en anglais, mais aussi en comorien comme sur le titre « The Care ». Vos origines influencent-elles votre musique ? Elles jouent forcément. Ça oriente les choix artistiques qu’on fait, parce que c’est une partie de ce que l’on est. Mais je ne suis pas là pour écrire sur mes origines comoriennes. Je ne le porte pas comme un étendard. C’est ce que je suis, c’est logique que cela soit dans ma musique. L’écriture et la composition, vous pratiquez en solo ? J’écris seule, et je compose avec les autres, en fonction des titres. Je n’ai pas vraiment de rituel. J’essaie simplement d’écrire le plus souvent possible. Tôt le matin, tard le soir. Je ne m’impose pas d’écrire « le » tube. L’important, c’est d’écrire et s’il y a une bonne chanson à la sortie, tant mieux. La comparaison avec Tracy Chapman revient presque systématiquement. Pas trop agaçant à la longue ? Je ne sais pas trop pourquoi Tracy Chapman, à part le fait qu’elle ait une grosse voix, comme moi. Les gens ont souvent besoin de références pour savoir ce qu’ils achètent. Moi, je n’ai pas grandi dans la musique, j’ai été élevée au top 50. J’ai des goûts éclectiques, mais il faut que les mélodies m’interpellent. Ceci dit, cela me fait plaisir cette comparaison, parce que je suis fan. Elle fait partie de mes icônes avec Nina Simone, Billie Holiday, Nirvana, ou le hip hop des années 90 (à l’époque je n’écoutais rien d’autre !). C’est vous <strong>qui</strong> posez sur la photo de votre album. Un clin d’œil au milieu de la mode d’où vous venez ? C’est vrai que j’ai gardé un œil sur la mode. Peut-être que si je n’étais pas passée par le manne<strong>qui</strong>nat, je n’aurais pas eu cette exigence esthétique. Mais musicalement, cette expérience ne m’a pas servi. Comment se sent-on à la veille d’une première grande tournée ? Ce n’est pas vraiment la première. On avait déjà fait une tournée voix-guitare en France, d’ailleurs on était en première partie de Ben l’Oncle Soul au Bikini. Ce coup-ci, on revient avec le groupe, c’est autre chose. On défend vraiment l’album. On n’est plus la première partie, on n’est plus la découverte. Je suis super contente. Honnêtement, on n’en est qu’au début. On chante en anglais donc il y a des choses à faire dans d’autres pays. Le monde est vaste. Peut-on déjà parler d’un second album ? On y pense, de loin. Évidemment il y a des textes, des chansons <strong>qui</strong> existent déjà et d’autres <strong>qui</strong> continuent de se construire mais on n’est pas dans la dynamique du deuxième album. Le premier vient de sortir. Aujourd’hui ce <strong>qui</strong> compte c’est défendre le live en France et dans le monde. <strong>Spirit</strong> aime « Kisses in the dark » Chanson enivrante. Une beauté <strong>qui</strong> nous perd dans des contrées lointaines où seule la voix d’Imany nous est familière. Des baisers à en avoir le tournis. « Please and change » Second single extrait de l’album. On se laisse vite gagner par cette ode à la joie haute en couleurs. Donne une irrésistible envie de danser. « I’ve gotta go » Le tube. Il démarre avec une rage retenue.L’envolée mélodique est magnifique sur les refrains. Tout simplement notre favorite. <strong>Spirit</strong> # 46 / 53