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4 péchés givrés sarah truong-qui - Spirit Magazine

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Radiateur © Lionel Loetscher<br />

culturE expo<br />

La nature contradictoire<br />

des choses<br />

Qu’on se le dise, en janvier, Lionel Loetscher est de la partie. Invité<br />

de trois centres culturels, l’artiste expose une rétrospective déguisée,<br />

en trois lieux comme pour mieux cerner l’essence protéiforme<br />

de sa réflexion. Car avec Loetscher nous n’avons pas à faire à<br />

une œuvre simpliste, pas plus qu’écologiste, mais à un projet <strong>qui</strong><br />

questionne la relation de l’homme à la - sa ? - nature. Dans ce<br />

qu’elle a de plus fondamental, écartant d’un revers de flash le sens<br />

commun. Ancien designer ergonome, le Nancéen est un dépeceur,<br />

un débiteur d’idées-reçues, un tailleur de mythes. Ses interprétations,<br />

aussi personnelles qu’elles soient, n’en sont pas moins<br />

universelles. « Pour entamer une réflexion, le beau a son utilité. Je<br />

crois plus en la force poétique d’une œuvre qu’en l’image choc. »<br />

Le parcours initiatique s’ouvre sur l’espace Saint-Cyprien à la découverte<br />

de tableaux photographiques à la limite du paysage, du<br />

portrait et de la nature morte. Au centre culturel Bellegarde, les repères<br />

du regardeur sont brisés par des photographies <strong>qui</strong> mettent<br />

en scène les artifices de notre perception. Vertige cérébral assuré.<br />

Point de photos à l’espace Bonnefoy mais une série de travaux<br />

numériques, <strong>qui</strong> interroge le trait et le geste propres au dessin et<br />

à la peinture. L’esthétique clinique distillée dans les séries photographiques<br />

de Loetscher repose sur le dépouillement extrême des<br />

compositions. Beauté in<strong>qui</strong>étante <strong>qui</strong> de prime abord ne laisse pas<br />

facilement filtrer le propos de l’auteur. Du petit théâtre de verdure<br />

aux cultures biologiques ironiques, partout la poésie règne en maîtresse.<br />

Lorsqu’on croit assister à de l’art-bsurde - un évier peut<br />

abriter un arbre… -, ces oxymores visuelles apparaissent finalement<br />

comme des évidences. Pour Loetscher le naturel n’est vraisemblablement<br />

jamais là où on l’attend.<br />

50 / <strong>Spirit</strong> # 46<br />

Du 4 au 26.01,<br />

espace Saint-Cyprien,<br />

centre culturel Bellegarde,<br />

espace Bonnefoy<br />

07.01, visite commentée<br />

sur les trois lieux<br />

17.01, 18h30, conférence<br />

de Lionel Geny de l’Agence<br />

Hunting Scene, Espace<br />

Saint-Cyprien<br />

Entrée libre.<br />

farce attaque<br />

Si <strong>Spirit</strong> faisait dans le racoleur et le vite-dit bien-dit, on vous<br />

convoquerait fissa à Nègrepelisse en promettant une seule chose :<br />

la poilade. Du genre, Thomas Mailaender est un artiste contemporain,<br />

plasticien, performeur, photographe, <strong>qui</strong> fait le zouave à coup<br />

de photos incongrues. Il n’y a qu’à aller voir son site pour vérifier.<br />

Trop drôle. Vous vous en doutez, on ne s’arrêtera pas là, ce serait<br />

trop simple. Car sa démarche, derrière son air furieusement débile,<br />

est on ne peut plus sérieuse. À commencer par son « fun archive »,<br />

fatras foutraque d’images amateurs récoltées à l’infini sur internet.<br />

Sa base de travail <strong>qui</strong> nourrit depuis quelques années sa recherche<br />

de « moments accidentellement grotesques <strong>qui</strong> possèdent une<br />

monumentalité absurde et inattendue ».<br />

\ Potache dans le potage \<br />

C’est armé de cette banque d’images, qu’il s’est rendu par deux<br />

fois à Nègrepelisse fin 2011, à l’invitation de La Cuisine, pour aller<br />

au clash artistique avec des habitants volontaires. Se nourrissant<br />

de ces « archives » de l’insignifiant, il leur a fait rejouer les situations<br />

les plus cocasses, avec comme une envie de bonne chair, de<br />

bouffe, de mangeaille. Quelques mois plus tard, ces expériences<br />

du burlesque se retrouvent en photos, vidéos, installations et<br />

sculptures dans l’exposition « L’Union fait la farce » <strong>qui</strong> ouvre le<br />

14 janvier à la médiathèque de Nègrepelisse. « Thomas Mailaender<br />

nous livre ici une sorte d’éloge de la blague potache, d’une culture<br />

populaire à l’humour parfois grinçant dont le “murmure” ou plutôt<br />

le “brouhaha” se diffuse sur Internet entendu comme réceptacle<br />

et mémoire » décrypte Stéphanie Sagot, directrice artistique de la<br />

Cuisine, voyant dans ces détournements une façon « de faire sens,<br />

de bousculer les normes, systèmes ou manières de vivre imposés<br />

». On y verra une tête aux yeux grands ouverts posée dans une<br />

casserole, un jeu de mots à base de co<strong>qui</strong>llettes, des pains aux<br />

formes étranges aussi brûlés qu’ils ont été préparés avec amour<br />

par le boulanger du village, posés sur une table de lendemain de<br />

fête. Rira bien <strong>qui</strong> rira le dernier.<br />

\ S.P. \<br />

Thomas Mailaender<br />

Du 14.01 au 25.02, médiathèque de Nègrepelisse (82)<br />

Vernissage le 14.01 à 12h. www.la-cuisine.fr, 05 63 67 39 74<br />

www.thomasmailaender.com<br />

\ Anaïs Florance \ © Thomas Mailaender

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