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4 péchés givrés sarah truong-qui - Spirit Magazine

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© Warner Bros. Pictures France<br />

À cœur<br />

Hoover<br />

Clint Eastwood s’encorde avec Leonardo DiCaprio et<br />

Dustin Black pour l’ascension de la face cachée du plus<br />

fameux des patrons du FBI. Sans atteindre des sommets,<br />

J.Edgar se glisse habilement dans les coulisses<br />

de l’histoire américaine. Un biopic oscarisable à souhait.<br />

Par Stéphanie Pichon<br />

Sortie le 11.01 Après les deux déceptions engendrées par Invictus<br />

et Au-delà, Clint Eastwood avait besoin<br />

de redorer son blason de monstre du cinéma américain. Montrer<br />

qu’à l’âge honorable de 82 ans, il en avait encore dans le ventre.<br />

Tant qu’à faire, il a choisi un gros morceau, John Edgar Hoover,<br />

monsieur FBI pendant 48 ans, l’homme <strong>qui</strong> a vu passer huit présidents,<br />

et piloté les grands épisodes - et les moins reluisants - de<br />

l’histoire américaine. Du taillé pour Clint : noir, ambigu, avec dans<br />

le rôle-titre Leonardo DiCaprio et au script Dustin Lance Black,<br />

scénariste en vogue depuis le très beau Harvey Milk. L’Académie<br />

des Oscars, friande du genre, appréciera. Qui sait, Leonardo décrocha<br />

peut-être - enfin ! - sa statuette…<br />

Quand Clint Eastwood sait à ce point s’entourer - et on n’oublie<br />

pas les seconds rôles Armie Hammer, révélé dans The Social<br />

Network, et Judi Dench - et qu’il maîtrise la palette de sa réalisation,<br />

classique, précise, limpide, le résultat ne peut pas vraiment<br />

décevoir. J. Edgar a cette dose de complexité <strong>qui</strong> le rend digeste<br />

malgré ses 2h15 et son genre bien casse-gueule.<br />

\ DiCaprio, grand numéro \<br />

De ce personnage appartenant à la mythologie américaine - et<br />

pourtant à mille lieux du héros hollywoodien - il sait à la fois montrer<br />

l’agent fédéral <strong>qui</strong> a révolutionné l’institution américaine, et<br />

l’homme aux fêlures et blessures intimes. Applaudissements des<br />

deux mains pour DiCaprio, magistral, même sous les couches de<br />

ma<strong>qui</strong>llage nécessaires à un personnage qu’il interprète de 20 à<br />

77 ans. Jamais dans l’outrance, ni dans le trop psychologique, il<br />

insuffle ce supplément d’âme au « bulldog », dans un registre pas<br />

si éloigné du Aviator de Scorsese.<br />

Le recours aux ellipses (les périodes Kennedy et Nixon passent<br />

quasiment à la trappe) et le va-et-vient d’une grande fluidité entre<br />

les époques, allègent la leçon d’histoire pour se concentrer sur la<br />

figure d’un homme ayant passé sa vie à bâtir sa propre légende, au<br />

point de se vanter d’un meurtre de gangster qu’il n’a pas commis.<br />

Traitant avec des pincettes son homosexualité supposée, Clint ne<br />

s’en attarde pas moins sur les rapports ambigus avec Clyde Tolson,<br />

son adjoint et potentiel amant, dont Hoover fut inséparable<br />

jusqu’à sa mort en 1972. Il fait aussi de sa mère (formidable Judi<br />

Dench), capable de lâcher un cruel « je préfère avoir un fils mort<br />

qu’une pédale », la clef essentielle pour comprendre les désé<strong>qui</strong>libres<br />

du puissant. Décrit ainsi comme un être paranoïaque et<br />

sexuellement frustré, John Edgar Hoover n’est plus seulement cet<br />

être froid et calculateur calculateur, mais un homme pathétique,<br />

devenu sa propre caricature à la fin de sa carrière. Eastwood s’interrogerait-il<br />

aussi sur son propre mythe ?<br />

J. Edgar<br />

de Clint Eastwood<br />

avec Leonardo DiCaprio,<br />

Judi Dench, Armie Hammer,<br />

Naomi Watts<br />

<strong>Spirit</strong> # 46 / 45

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