4 péchés givrés sarah truong-qui - Spirit Magazine
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ÉVÉNEMENT ARTS VIVANTS<br />
festival<br />
made in Taïwan, furieusement<br />
Made in Asia, cin<strong>qui</strong>ème. Cette nouvelle édition démarre par un choc frontal avec la jeune scène<br />
taïwanaise. Les clichés orientaux en prennent pour leur grade avec les créations musclées<br />
et frénétiques de troupes en prise avec leur temps. 100 % sans chichi. Par Stéphanie Pichon<br />
Cela fait bien longtemps que l’électronique et les textiles<br />
ne font plus la gloire de Taïwan, l’ancienne Formose.<br />
Aujourd’hui ce sont ses artistes <strong>qui</strong> s’exportent, et plutôt<br />
bien. Comme si l’Europe, friande de son cinéma<br />
depuis 30 ans, s’était désormais focalisée sur ses arts vivants.<br />
Danse, théâtre, performance, vidéo, tout explose dans une multiplicité<br />
de genres et de talents que les capitales européennes<br />
s’arrachent. Chaque année le Off d’Avignon offre un plateau<br />
taïwanais à la Condition des Soies, apportant une visibilité aux<br />
jeunes troupes ensuite programmées un peu partout en Europe.<br />
Made in Asia l’a compris, ouvrant son festival par une pièce au<br />
théâtre Garonne et poursuivant par quelques beaux morceaux de<br />
danse contemporaine.<br />
\ Trouble et exaltation \<br />
Dans le Monodrame de Hsu Yen du Shakespeare’s Wild Sisters<br />
Group, exit les clichés asiatiques. Point de délicatesse, de zen<br />
attitude, d’art martial ou de jolis imprimés. Comme pour mieux<br />
démontrer qu’aujourd’hui l’Asie s’est défaite de ses habits traditionnels,<br />
le metteur en scène Baboo et la grande actrice Hsu<br />
Yen-Ling, s’engouffrent - en chinois - dans le texte 41 de fièvre<br />
de la poétesse américaine Sylvia Plath. Que se passe-t-il dans la<br />
tête d’une femme la nuit avant son suicide ? Ambiances grises,<br />
40 / <strong>Spirit</strong> # 46<br />
paroles choc pour une performance pleine de trouble et d’exaltation,<br />
dans laquelle l’actrice n’hésite pas à baisser la garde,<br />
sur le fil du rasoir, pour jouer la folie. Qui a vanté le calme et la<br />
délicatesse des belles asiatiques ? Ici elles se déchaînent, peu<br />
importe l’hystérie, peu importe le tempo. On retrouve ce même<br />
don de soi, dans Loop me, solo pour la danseuse Su-Wen-Shi.<br />
La compagnie Yilab y recherche la confusion des genres avec<br />
la vidéo, pointe les ressorts et les limites d’un monde tout numérique.<br />
Dans un solo de chair et d’images, le corps de Su<br />
Wen Chi est le réceptacle de notre temps, pris de frénésie au<br />
rythme d’une musique obsédante. Retour au calme avec le beau<br />
Traverse du danseur et chorégraphe Shang Chi-Sun. Qu’on ne<br />
s’y trompe pas, là encore la proposition artistique se veut sans<br />
concession, mais on y redécouvre la lenteur et l’épure, la pureté<br />
d’une danse sans détour. Né à Taipei, le danseur est connu pour<br />
la vitesse de ses mouvements et sa merveilleuse fluidité, dans<br />
les pièces de Sasha Waltz notamment. Pétri de ces frottements<br />
entre Orient et Occident, il viendra partager son expérience lors<br />
d’une conférence dansée à l’université Paul-Sabatier. Profitonsen,<br />
parce que la scène taïwanaise lorgne désormais avant tout<br />
du côté du public chinois. Taïwan, ouverte depuis les années<br />
80 à la démocratie, représente une liberté de ton, une ouverture<br />
sur le monde, une avant-garde artistique dont les Chinois sont<br />
friands. Peut-être encore plus que les Européens…<br />
Monodrame de Hsu Yen,<br />
les 25 et 26.01, 20h30,<br />
théâtre Garonne, 11-22 e<br />
Loop me et Traverse<br />
le 27.01, 21h,<br />
Espace Bonnefoy, 3-8 e<br />
Conférence dansée<br />
de Shang Chi-Sun,<br />
26.01, salle CAP,<br />
université Paul-Sabatier,<br />
entrée libre<br />
www.festivalmadeinasia.com<br />
Traverse © Dr Achim Plum