4 péchés givrés sarah truong-qui - Spirit Magazine
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La petite cuisine<br />
d’en marge<br />
Trouver un nom pour<br />
son restaurant, ce n’est vraiment<br />
pas évident. L’idée est venue<br />
d’un ami du chef. Il a rajouté<br />
le « r » de Renimel au nom<br />
de la rue, Mage.<br />
8 rue Mage, Toulouse<br />
05 61 53 07 24<br />
Ça va plutôt bien pour vous. Une étoile décrochée six mois<br />
après votre ouverture en 2008, le prix Lucien-Vanel dans la foulée<br />
et dernièrement le titre de « Grand de demain » décerné par<br />
le Gault et Millau. Ça ne vous fait pas tourner la tête toutes ces<br />
récompenses ?<br />
Non, pas du tout. Car ces titres ne me sont pas destinés. Ils sont<br />
attribués à une é<strong>qui</strong>pe. Une seule personne ne fait pas la réussite<br />
d’un restaurant. Je ne suis pas un chef au sens classique du<br />
terme. En cuisine, j’épluche les légumes, je dresse les assiettes,<br />
je fais la plonge, je passe le balai brosse... comme tout le monde !<br />
C’est fini le temps où les chefs restaient sur un tabouret à donner<br />
des ordres. Mon é<strong>qui</strong>pe, c’est ma deuxième famille. L’étoile, c’est<br />
une fierté pour nous tous, <strong>qui</strong> prouve que notre travail est apprécié.<br />
Mais la pression, elle est ailleurs, dans la salle, à chaque<br />
service, pour offrir du plaisir aux clients. Qu’ils repartent avec la<br />
banane, voilà notre récompense !<br />
Justement, c’est quoi votre secret pour leur donner « la banane » ?<br />
Les surprendre ! Ma cuisine est complètement irréfléchie, spontanée.<br />
Je me laisse guider par l’inspiration du moment et les<br />
produits du marché. Je m’amuse. Je n’ai pas peur de faire de<br />
faute de goût. Ça n’existe pas en cuisine. À partir du moment<br />
où le dosage est bien fait, l’accord fonctionne. Bien sûr, il y a<br />
des mariages hasardeux mais avec l’expérience et la maturité, on<br />
ac<strong>qui</strong>ert des techniques, on connaît les saveurs, les produits et<br />
on arrive à les associer.<br />
D’où l’idée du menu secret...<br />
En fait, d’une difficulté, on a fait un atout. Ici, la cuisine est toute<br />
petite, très étroite. Impossible de stocker et donc, impossible de<br />
faire une « vraie » carte. Et puis, on voulait que les gens rentrent<br />
dans notre univers. Alors, on a inventé un menu où les convives<br />
se laissent mener sans savoir ce qu’ils vont manger. On a gardé<br />
la même idée pour les autres menus. Seuls le produit de base et<br />
la garniture sont indiqués, mais sans plus de détails. De même,<br />
on ne distribue qu’une carte par table et celui <strong>qui</strong> s’assoit sur « la<br />
mauvaise chaise » devient le chef de table et remporte l’addition !<br />
Ne jamais goûter vos plats, c’est pour garder la ligne ?<br />
Ma femme dit souvent que je dois avoir la mémoire remplie de<br />
cases gustatives pour chaque aliment. C’est vrai que je n’ai aucune<br />
recette écrite et que je n’ai jamais mangé un seul de mes<br />
plats. Quand je concocte la carte, environ toutes les trois, quatre<br />
semaines, je pars d’une couleur, d’une forme, d’un graphisme et<br />
je dessine l’assiette. Ça surprend un peu les nouveaux venus dans<br />
l’é<strong>qui</strong>pe. L’hiver est ma période préférée car j’y trouve tous mes<br />
produits fétiches, les Saint-Jacques, la truffe, les légumes oubliés<br />
comme le cerfeuil tubéreux ou la butternut.<br />
Vous êtes comme Obélix, tombé dans la marmite tout petit ?<br />
Exactement ! Pourtant, personne n’était du métier. Mais chez<br />
nous, on avait l’amour du bien manger et une passion pour les<br />
repas gastronomiques. Entrée froide, chaude, viande, poisson,<br />
fromage, dessert... ça durait des heures ! Mon père et ma mère<br />
s’amusaient énormément en cuisine. Ils se régalaient à recevoir<br />
entre nous<br />
frank Renimel<br />
sous une bonne étoile<br />
C’est l’une des figures montantes de la gastronomie toulousaine, <strong>qui</strong> vous<br />
claque la bise et vous tutoie d’emblée. Silhouette menue et cheveux blonds<br />
ondulés, on imagine plus Frank Renimel surfant la vague qu’en cuisine.<br />
Ce chef iconoclaste sait avec justesse comment faire battre nos sens dans<br />
son restaurant délicatement intitulé : En Marge.<br />
Propos recueillis par Séverine Clochard<br />
la famille et les amis et à leur faire plaisir. J’ai participé assez tôt,<br />
vers 11 ans. Le gâteau de semoule est la première recette que j’ai<br />
maîtrisée. J’en faisais tout le temps ! Au chocolat, au caramel...<br />
J’ai pris beaucoup de poids ! À 13 ans, j’ai décidé de faire le lycée<br />
hôtelier de Toulouse. Je suis allé voir comment ça se passait, j’ai<br />
demandé qu’on me parle du métier. J’étais très déterminé. J’ai<br />
promis à mon grand-père que j’ouvrirais un restaurant et que je<br />
décrocherais une étoile.<br />
Le prochain défi de Frank Renimel, ce sera quoi ?<br />
Voir plus grand ! On a acheté un corps de ferme à Aureville, à<br />
une vingtaine de kilomètres de Toulouse. Ça nous a pris deux ans<br />
mais ça y est, les travaux ont commencé. On devrait ouvrir en juin<br />
prochain. On passera d’une salle de 30 m 2 à près de 200 ! Avec<br />
quelques chambres aussi. Six, huit, pas plus. Mais on n’a pas l’intention<br />
de faire 70 couverts non plus. On veut garder l’ambiance<br />
<strong>qui</strong> règne ici, quelque chose de familial et de cosy à la fois, mais<br />
cette fois, avec des murs de pierre et de la charpente apparente.<br />
Et les photos de vos enfants en guise de tableaux !<br />
Oui, comme ici. Avec Isabelle, ma femme, on voulait que les gens<br />
se sentent comme dans notre salon, comme si on les invitait<br />
« chez nous ». É<strong>qui</strong>librer vie de famille et vie professionnelle est<br />
très important pour moi. C’est pour cette raison que le restaurant<br />
est fermé du dimanche au mardi, pendant les vacances de Noël,<br />
une partie de l’été et au moment de la rentrée. Ce nouveau projet,<br />
c’est aussi une manière d’être plus près d’eux. Le soir, je pourrais<br />
m’éclipser pour le bisou. Je suis un vrai papa poule ! Quand je n’ai<br />
pas le moral en cuisine, il me suffit de jeter un œil sur la bouille de<br />
mes enfants tout sourire, et ça repart !<br />
Vous êtes du genre à aimer le stress ?<br />
Le coup de feu, c’est ce <strong>qui</strong> me plaît. J’aime ces instants « un peu<br />
chauds » car c’est là que je suis le plus efficace. C’est comme<br />
dans les sports que je pratique, le surf, le snow... tous les sports de<br />
glisse. J’aime la vitesse et ces moments d’adrénaline.<br />
Le palmarès du prochain Michelin <strong>qui</strong> arrive bientôt, ça vous<br />
stresse ?<br />
Je sais que les 3 inspecteurs lieux du aux guide petits sont passés. oignons<br />
Radio casserole<br />
fonctionne très bien ! Mais leur verdict ne me stresse pas plus que<br />
ça. Bien sûr, ce serait pour moi une 1- reconnaissance. Le marché Victor-Hugo… Si je fais ce<br />
métier, c’est C’est pour là aller que le se plus trouvent haut la possible. plupart de Je mes vise fournisseurs,<br />
une deuxième<br />
étoile, de pour Bellocq conserver le poissonnier la première. en passant par Samaran ou Xavier le<br />
fromager. J’y vais même en famille, le dimanche, quand je ne<br />
travaille pas, pour préparer le repas du week-end.<br />
2- La coutellerie des Capitouls…<br />
J’avais récupéré un stock de vieilles lames, d’il y a 50, 60 ans,<br />
et je leur ai confié. Ils les ont montées sur des manches.<br />
Le résultat est magnifique. Un travail d’artisan comme je l’aime.<br />
3- Marc Deloche, le bijoutier…<br />
J’aime son design original mais accessible, ses pièces brutes<br />
et assez massives. En plus, c’est un Toulousain !<br />
<strong>Spirit</strong> # 46 / 13