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ON NE NAÎT PAS SPECTATEUR, ON LE DEVIENT ! - Le Grand T

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Par Catherine <strong>Le</strong> Moullec, coordinatrice jumelage au <strong>Grand</strong> T<br />

U<strong>NE</strong> AVENTURE HUMAI<strong>NE</strong> ET U<strong>NE</strong> QUESTI<strong>ON</strong> AU CŒUR DES APPRENTISSAGES<br />

Pour un enseignant faire découvrir à ses élèves le spectacle vivant c’est s’engager dans une aventure<br />

humaine faite d’émotions, de surprises, de plaisirs ou parfois de dépits partagés. C’est un risque partagé,<br />

celui de la rencontre avec une proposition artistique ! Mais son but est toujours de vivre et faire vivre au<br />

mieux cette expérience et pour cela il doit aussi transmettre à ses élèves un ensemble d’attitudes, une<br />

connaissance des conventions de comportement liées aux différentes formes de spectacle auxquelles ils<br />

peuvent être confrontés. Cette école du spectateur dont on trouvera une belle et utile définition sur le site<br />

de l’ANRAT*, veille donc à cultiver des dispositions et des compétences, à donner des repères, à<br />

s’approprier les lieux, les rituels, les codes. Dans ce document nous allons précisément nous intéresser à<br />

ce qu’est être spectateur, à ce qu’il nous faut transmettre, éveiller, cultiver pour assurer la réussite de cette<br />

rencontre avec le spectacle vivant, et particulièrement le théâtre dans sa diversité.<br />

En effet on n’est pas spectateur de la même façon face à un spectacle déambulatoire ou de rue (où les<br />

comédiens peuvent susciter la participation active du public) et à une représentation en salle où la<br />

convention du quatrième mur sera respectée. Devenir spectateur c’est comprendre à chaque fois quel est<br />

le rôle donné au public, et donc se poser des questions liées à l’histoire du théâtre, du lieu théâtral, de la<br />

scénographie, bref aborder des conceptions dramaturgiques essentielles. <strong>Le</strong> rôle offert/donné au public par<br />

l’auteur, le metteur en scène, le scénographe sera-t-il celui d’un témoin muet, qui partage une émotion de<br />

manière cathartique ou distanciée, ou bien celui d’un véritable acteur, partenaire du jeu ? Enfin les formes<br />

actuelles de spectacle vivant, parfois proches de la performance partagée nous interrogent, de fait, sur ce<br />

que chacun choisit, spectateur dans une telle situation, de prendre comme place.<br />

* Pour plus d’informations sur les activités de l’ANRAT : http://www.anrat.asso.fr/<br />

U<strong>NE</strong> EXPÉRIENCE À VIVRE PAR LA PRATIQUE<br />

Saison 2012-1013<br />

<strong>ON</strong> <strong>NE</strong> <strong>NAÎT</strong> <strong>PAS</strong> <strong>SPECTATEUR</strong>,<br />

<strong>ON</strong> <strong>LE</strong> <strong>DEVIENT</strong> !<br />

Tous les exercices de pratique théâtrale dont on va faire état dans ce document sont pour nous<br />

primordiaux car c’est par ce passage actif et toujours renouvelé entre les deux « positions »,les deux<br />

« regards » ou pour prendre un terme plus lié à notre propos, les deux « rôles » d’acteur et de spectateur<br />

que l’enfant ou l’adolescent va vivre ce qu’est cet engagement de tout son être dans le jeu et comment le<br />

respect, l’écoute, cette respiration commune avec un public peut magnifier son jeu et le porter. Cette<br />

expérience intime du jeu, de l’acte de jouer, même minimale, est à notre avis primordiale dans un parcours<br />

de spectateur. C’est ainsi qu’à chaque étape on s‘efforcera de proposer des exercices de jeu, d’oralisation<br />

ou d’improvisation qui permettront aux élèves de vivre et faire des retours sur leur expérience.<br />

Enfin il faut aussi souligner que tout ce qui pourra favoriser une rencontre avec les artistes avant la<br />

représentation est essentiel car cette dernière permet toujours de tisser des liens qui ensuite garantiront<br />

l’écoute lors de la représentation, la sympathie au sens étymologique du terme. Même les élèves les plus<br />

rebutés par le « théâtre », écarté souvent d’un « c’est nul », même s’ils n’ont jamais assisté à un seul<br />

spectacle, ne sont plus les mêmes lorsqu’ils reconnaissent ensuite sur la scène le comédien (ou la<br />

comédienne) avec qui ils ont échangé et ri, qu’ils ont découvert si proche d’eux parfois.<br />

On voit donc bien que devenir spectateur ce n’est pas seulement découvrir, respecter un code de conduite<br />

(d’ailleurs pas plus respecté parfois que le règlement intérieur d’un établissement scolaire, même s’il est<br />

1


édigé par les élèves eux-mêmes !), mais c’est changer de regard, vivre intimement une expérience et,<br />

guidé par l’adulte (l’enseignant, le médiateur culturel, le comédien) faire ce retour réflexif qui permet de<br />

grandir, de connaître, d’être disponible à un spectacle , à une proposition artistique.<br />

On reprendra ici les mots de Lieven Baeyens, à propos des spectacles destinés à la toute petite<br />

enfance* et d’un apprentissage de l’écoute : « la problématique esthétique de l’écoute surgit quand on<br />

admet que l’écoute peut ne pas concerner des formes préétablies... mais naissantes [...] L’écoute suppose<br />

une connivence profonde qui ne s’appuie sur aucun préalable, si ce n’est une pré-compréhension de ce qui<br />

s’annonce. Du coup écouter n’est pas repérer un signal, mais c’est s’ouvrir à un appel ».<br />

Apprendre à regarder (« l’école du regard »), à être à l’écoute de l’autre, être disponible et ouvert, voilà ce<br />

que nous désirons transmettre quand nous nous engageons dans un projet d’éducation artistique et<br />

culturelle, dont les enjeux vont bien au-delà de ce seul domaine !<br />

* À l’écoute du monde, collection Questions de théâtre, Théâtre la Montagne magique mai 2010<br />

<strong>ON</strong> N’A <strong>PAS</strong> TOUJOURS ÉTÉ <strong>SPECTATEUR</strong> ...<br />

Une charte du spectateur est un outil intéressant à exploiter pour préparer la venue des élèves au<br />

spectacle. Elle permet de poser un cadre et comprend un ensemble de règles élaborées par les<br />

enseignants et les élèves.<br />

L’Association Nationale de Recherche et d’Action Théâtrale (ANRAT) a mobilisé un certain nombre<br />

d’artistes, d’enseignants, de représentants de structures culturelles autour de la signature d’une Charte<br />

nationale de l’école du spectateur présentée ensuite aux ministères de la culture et de l’éducation. Elle<br />

peut nous servir de modèle et de référent.<br />

Cette charte établit de nombreux liens avec les programmes scolaires et notamment avec l’enseignement<br />

de l’histoire des arts. Quoi de mieux que d’assister à un spectacle vivant auquel on s’est préparé, comme<br />

pour un rendez-vous amoureux, autour duquel on échangera ensemble après la représentation, point de<br />

départ d’analyse et de critique, pour assurer une rencontre « sensible et réfléchie » avec une œuvre<br />

d’art*. On insiste également sur la nécessité de lier expérience intime et expérience collective, émotion<br />

individuelle et intelligence partagée (cf. l’origine étymologique du mot intelligence).<br />

Pour rendre vivante et concrète cette charte, on peut envisager de rédiger avec les élèves un « contrat<br />

du spectateur », institué avec eux, reprendre les notions liées au comportement du spectateur pendant<br />

les représentations, mais aussi lors des échanges avec les comédiens (etc.). Il est important de bien<br />

insister sur les notions de prise de risque collective (on ne sait pas ce qu’on va découvrir !), de respect<br />

(des artistes mais aussi de ses camarades), d’essai (on tente des choses ensemble !), d’ouverture,<br />

d’échange (de points de vue, d’émotions).<br />

Il paraît alors important de signifier à l’élève qu’il a réellement sa place durant le spectacle, même s’il<br />

n’est pas sur le plateau, et que sa mission consiste à bien tenir son « rôle de spectateur » pour la<br />

réussite de la représentation. Mais, cette charte ne doit pas être une suite de contraintes car le théâtre<br />

doit rester un lieu d’expression, d’émotion et de plaisir partagés.<br />

* Voir l’arrêté du 11 juillet 2008 fixant l'organisation de l'enseignement de l'histoire des arts à l'école<br />

primaire, au collège et au lycée.<br />

MISE EN ŒUVRE C<strong>ON</strong>CRÈTE : DES PISTES D’ÉCRITURE<br />

1 - L’abécédaire<br />

À partir des lettres de l’alphabet, il est possible de faire inventer des définitions aux élèves. On<br />

s’inspire ici de l’abécédaire proposé par le Nouveau théâtre d’Angers, sur une idée de Françoise de<br />

Roubaix, formatrice, que vous trouverez en annexe 1, avec des exemples de définitions rédigées par<br />

des enseignants en formation ou des élèves.<br />

2


Cette suite de recommandations va permettre d’aborder de manière ludique avec les jeunes « les droits<br />

et les devoirs » du spectateur de théâtre. On peut distribuer le document en laissant quelques lettres de<br />

l’abécédaire sans définition. Il s’agira alors pour les élèves de choisir une lettre et d’inventer une phrase,<br />

d’imaginer la maxime qui lui correspond. On peut aussi leur proposer de tirer une lettre au hasard, afin<br />

d’éviter qu’ils perdent trop de temps à choisir et laisser place à plus de surprise et de spontanéité.<br />

On peut utiliser l’Abécédaire comme support et s’amuser à le décliner en dessins. Pour des enfants<br />

plus jeunes, l’aspect illustration sera plus concret et plus ludique. On peut s’inspirer par exemple du<br />

Petit spectateur, manuel illustré réalisé par le Théâtre Jeune Public de Strasbourg. Nous avons aussi<br />

utilisé les « smileys » () bien connus des enfants d’âge primaire pour illustrer ou inventer tel ou tel<br />

item.<br />

2 - À la manière de Pennac : <strong>Le</strong>s dix droits du spectateur<br />

On découvre ensemble cet extrait :<br />

« <strong>Le</strong> droit de ne pas lire.<br />

<strong>Le</strong> droit de sauter des pages.<br />

<strong>Le</strong> droit de ne pas finir un livre.<br />

<strong>Le</strong> droit de lire n’importe quoi.<br />

<strong>Le</strong> droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).<br />

<strong>Le</strong> droit de lire n’importe où.<br />

<strong>Le</strong> droit de grappiller.<br />

<strong>Le</strong> droit de lire à haute voix.<br />

<strong>Le</strong> droit de nous taire. »<br />

Daniel Pennac,<br />

Comme un roman<br />

En s’inspirant de cet écrit, les élèves pourront rédiger une suite de droits et de devoirs à la façon de<br />

Daniel Pennac. C’est à la fois un travail d’écriture, d’imagination, et de prise de responsabilités. En effet,<br />

en écrivant ce texte, ils s’engagent à le respecter, principal intérêt de cet exercice.<br />

3 - <strong>Le</strong>s acrostiches*<br />

On choisit par exemple le mot spectateur ou acteur et chaque lettre devient l’initiale d’une des règles de<br />

comportement au théâtre, par exemple un acrostiche de verbes :<br />

-Siffler, c’est possible à la fin du spectacle,<br />

-Parler fort n’est pas apprécié par ses voisins,<br />

-Ecouter c’est la garantie d’apprécier la représentation,<br />

-Crier c’est aussi pour la fin<br />

-Taper du pied, etc.<br />

* Voir l’annexe 1 qui propose des exemples d’enseignants ou d’élèves.<br />

<strong>ON</strong> N’A <strong>PAS</strong> TOUJOURS ÉTÉ, <strong>ON</strong> N’EST <strong>PAS</strong> TOUJOURS <strong>SPECTATEUR</strong> DE LA MỆME FAÇ<strong>ON</strong><br />

Ces différents exercices permettent d’avoir une réflexion sur ce qu’est être spectateur, du spectateur<br />

citoyen de la tragédie grecque à celui du vaudeville du XIX e siècle en passant par celui de Royal de<br />

Luxe aujourd’hui. Être spectateur de théâtre d’appartement est par exemple très différent que partager<br />

cette expérience avec huit cents autres personnes dans une salle. On pourra évoquer aussi les<br />

façons très diverses d’être public dans des pays différents. Préparer la sortie au théâtre sera donc<br />

l’occasion de lancer des recherches sur les publics à différentes époques et dans diverses cultures,<br />

de s’interroger sur l’histoire du théâtre et de ses diverses formes.<br />

3


On peut aussi, pour fournir des supports à la réflexion, partir d’images de publics dans divers lieux (on<br />

n’est pas public à un match de foot, un concert de rock ou une représentation théâtrale de la même<br />

façon). Qu’est-ce qui est attendu alors ? Quelle type de participation est requise, acceptée,<br />

provoquée ? On peut faire remarquer aux élèves qu’ils font aussi en tant que public, évoluer les<br />

comportements : siffler par exemple à la fin d’un spectacle comme à la fin d’un concert de rock est<br />

aujourd’hui, pour eux, monnaie courante pour traduire leur enthousiasme alors que longtemps les<br />

sifflements ont été la marque de la réprobation. En revanche lancer des pommes pourries sur les<br />

artistes pour leur signifier sa réprobation est une coutume qui a disparu, heureusement sans doute.<br />

Pendant des siècles les spectateurs ont pu parler, entrer et sortir pendant les représentations sans<br />

pour cela que les acteurs ne le ressentent comme un affront ou une marque de rejet. Aujourd’hui, sauf<br />

si le metteur en scène vous le permet expressément comme cela est le cas dans certains spectacles<br />

qui tiennent de la performance, bavarder, entrer et sortir de la salle ne sont guère permis !<br />

* Vous trouverez en annexe 2 des propositions d’activités à proposer à vos élèves.<br />

<strong>ON</strong> APPREND À ỆTRE <strong>SPECTATEUR</strong> EN JOUANT À... <strong>LE</strong>S PISTES DU JEU<br />

1 - <strong>Le</strong>s gardiens du théâtre<br />

À partir des différents écrits proposés, on peut oraliser les définitions à la manière de gardiens du théâtre<br />

qui viendront sur scène donner des consignes aux spectateurs. Chaque gardien qui vient donner sa<br />

définition au public, propose une entrée, une adresse au public et une sortie. Pour cela on peut utiliser<br />

une porte, un portant recouvert d’un rideau symbolisant celui de fond de scène, ou encore simplement<br />

dessiner un carré au sol, l’espace de jeu et de prise de parole. On insiste sur le fait de garder son<br />

personnage tant que l’on est dans l’espace de jeu et de prise parole, en gommant tout geste parasite. Si<br />

la sortie de scène est difficile pour les élèves, on peut terminer la scène par un arrêt sur image.<br />

Cette mise en jeu peut être émaillée de consignes de diction (voix soufflée / voix nasillarde / voix grave /<br />

aigüe / forte / chuchotée / très articulée) et/ou corporelles (corps tout mou / nuque raide / ventre en avant<br />

/ pieds en dedans / marche rebondissante...)*. L’important est que chaque acteur garde bien son<br />

personnage et vive cette confrontation à pour mesurer l’impact de l’adresse, l’importance de l’écoute,<br />

l’exigence de ne pas sortir du jeu.<br />

Cet exercice peut également s’effectuer en déambulation avec l’ensemble du groupe : se croiser, se<br />

regarder, échanger ses répliques par 2, à plusieurs. On joue avec l’espace mais aussi avec l’autre, les<br />

autres... On fait varier les tonalités, les amplitudes sonores, les rythmes de parole. Il s’agit alors en<br />

groupe, d’apprendre à s’écouter et à se répartir la parole !<br />

À l’occasion de ces exercices on éprouve tour à tour les deux rôles, spectateur ou acteur, soit en<br />

adoptant une disposition frontale qui sépare bien les deux espaces (celui du public, celui du jeu ) et fait<br />

exister ou non le 4 e mur ; soit on laisse l’espace ouvert, non délimité, et on est tour à tour acteur agissant<br />

ou spectateur des autres comme lors d’une performance ; on choisit alors sa place et son regard.<br />

De plus en plus...<br />

Puis, en gardant la même définition, les acteurs tirent au sort une humeur ou un sentiment qu’ils vont<br />

devoir interpréter. Peu à peu la construction corporelle et l’émotion vont se construire et on y parvient en<br />

demandant une prise parole répétitive en trois fois, en crescendo. Ex : « un peu en colère », « en<br />

colère », « très en colère » ! De plus en plus honteux, arrogant, nerveux... Cet exercice permet<br />

d’accentuer les sentiments et d’entraîner les apprentis-comédiens. Au cours de ce jeu d’oralisation en<br />

adresse directe ils mesurent aussi l’impact de l’écoute, du soutien du groupe, toutes attitudes qui les<br />

aident à surmonter leur trac et à s’améliorer. Ils apprennent ainsi qu’une prestation est d’autant plus<br />

réussie que le public est « bon ».<br />

* On trouvera en annexe 3 des idées d’activité pour l’oralisation.<br />

2 - L’histoire du théâtre<br />

4


À partir d'images extraites de l'ouvrage d'André Degaine, Histoire du théâtre dessinée, (éditions<br />

Nizet), ou d'un autre ouvrage historique, on demande aux élèves répartis par groupes de 5 ou 6, de<br />

faire quelques recherches sur les espaces du théâtre antique, du théâtre médiéval, du théâtre<br />

élisabéthain, du théâtre italien... On leur demande de bien observer la configuration des lieux, où sont<br />

placés les acteurs, combien ils sont, quel espace est réservé au public... Puis, chaque groupe choisit<br />

une image et tente de la reproduire par le jeu, en s'efforçant d'imaginer l'entrée en scène des acteurs,<br />

les conditions de représentations, l'ambiance, etc. <strong>Le</strong>s élèves peuvent utiliser des chaises, des tables,<br />

sortir des "coulisses", effectuer un petit déplacement puis figer l'image. Cet exercice doit s'effectuer<br />

sans parole, mais un support musical peut les aider.<br />

À charge ensuite aux autres de dire s'ils ont reconnu l'un des lieux proposés en début de séance sur<br />

les documents iconographiques et de faire des retours sur le jeu. Il est intéressant en effet de<br />

retravailler la première proposition (c'est le rejeu).<br />

En ouverture ou prolongement, l'enseignant développe les origines religieuses du théâtre, l'histoire de<br />

l'architecture des lieux de représentation, celle de la scénographie ; il offre des perspectives sur<br />

l'évolution de l'espace théâtral contemporain du Théâtre du Soleil à la Cartoucherie (hangar toujours<br />

réinventé par Ariane Mnouchkine à chaque création) au chapiteau d'Aurélien Bory pour Géométrie de<br />

caoutchouc par exemple.<br />

Cet exercice permet aux élèves de mettre en jeu l'histoire du théâtre et des lieux de représentation<br />

tout en s'interrogeant sur la place accordée au public.<br />

3 - Des images à (re)créer<br />

On s’est inspiré pour cette activité des caricatures de spectateurs que Daumier* a réalisées au XIX e<br />

siècle et que l’on peut trouver rassemblées dans le livre <strong>Le</strong>s Gens du spectacle, éditions Michèle<br />

Trinckvel. Bien sûr la vision qu’il nous transmet est propre à son époque : les gens du poulailler<br />

émerveillés, le public bourgeois rempli de préjugés, les pommes cuites jetées sur les mauvais acteurs et<br />

les ventres rebondis des spectateurs repus, le mélodrame et le vaudeville. <strong>Le</strong>s élèves pourront ne pas se<br />

reconnaître dans ces caricatures mais pourtant sont-ils si différents ? Et puis ces caricatures sont de<br />

petites scènes en soi qu’il va être amusant de mettre en image, de sonoriser, de faire évoluer. Elles<br />

peuvent être d’abord jouées sans texte, en image fixe, puis on peut y adjoindre la lecture de la légende<br />

(écrite aussi par Daumier d’un style percutant et concis), inventer un dialogue entre les personnages ou<br />

faire entendre le monologue intérieur de chacun. Elles seront l’occasion de travailler en groupes et<br />

d’élaborer collectivement un petit scénario, tout en réfléchissant de manière active à ce qu’être<br />

spectateur !<br />

* Voir l’exposition virtuelle de Daumier sur le site de la BNF : http://expositions.bnf.fr/daumier/index.htm<br />

** Vous trouverez en annexe 4 quelques exemples de caricatures et des pistes d’activité.<br />

4 - Des musiques à interpréter<br />

On peut aussi jouer à être spectateurs en utilisant des supports musicaux divers, musiques de film par<br />

exemple, films romantiques ou films d’horreur, films d’aventure ou dessins animés. L’improvisation<br />

proposée est une improvisation de groupe dans lequel on désigne un meneur. Des chaises sont<br />

disposées en rangs, comme dans une salle de spectacle et les élèves viennent y prendre place à leur<br />

tour comme s’il entraient dans la salle de spectacle. Placement, changements de places, attente,<br />

échanges de regards, débuts de conversations, lecture du programme (on peut les aider en diffusant un<br />

enregistrement des sons de public d’une salle de spectacle). Puis le spectacle commence et cela est<br />

signifié par le début de la musique. C’est le meneur du groupe qui doit donner des indications de<br />

réactions au spectacle (intérêt, peur, ennui...) ; tout cela est joué corporellement, sans mots, et tous<br />

5


doivent s’aligner sur « le chef d’orchestre », dont les indications corporelles doivent être claires pour être<br />

comprises de tous. Ce travail de chœur, excellent apprentissage du groupe, fait travailler et expérimenter<br />

cette écoute, cette respiration collective qui est celle d’une salle de spectacle.<br />

On peut ensuite colorer cette improvisation par des consignes supplémentaires : les mouches (la salle<br />

est peu à peu envahie de mouches dont tous veulent se débarrasser), le pop-corn (tous mangent du popcorn),<br />

le coup de foudre (les coups de foudre se multiplient dans le public qui se désintéresse alors du<br />

spectacle). Bien sûr tout cela est à jouer en lien avec ce qui se passe sur scène (et est donné par la<br />

musique et les réactions du meneur) et les actions (manger, écraser les mouches, séduire) se font en lien<br />

avec le rythme et les rebondissements du spectacle que l’on regarde !<br />

5 - Des textes à oraliser ou mettre en scène<br />

Bien des auteurs ont mis en scène le théâtre et les spectateurs au cœur de leurs textes et se sont joués<br />

de la mise en abyme du théâtre dans le théâtre, du théâtre sur le théâtre. Loin de nous l’idée d’en faire ici<br />

l’inventaire. Mais en souvenir du sketch de Karl Valentin La Sortie au théâtre, on peut faire aux élèves<br />

cette proposition : jouer à lire, dire ou écrire un souvenir de théâtre bon ou mauvais. Raconter un<br />

souvenir sera une incitation à la prise de parole pour les élèves, on veillera là encore à travailler le<br />

regard, l’adresse au public, la qualité de la voix quand chacun racontera son souvenir ou celui partagé<br />

avec un autre. On peut ainsi privilégier un premier temps ou chacun doit raconter à l’autre son souvenir<br />

(en un temps minuté) dans un échange à deux. Puis chacun devra raconter au groupe le souvenir de son<br />

partenaire comme s’il était le sien propre ; on aborde ainsi l’interprétation d’un texte qu’on doit faire sien !<br />

On peut imposer aussi d’y glisser des mensonges, d’exagérer ou déformer certains détails... Bien sûr le<br />

« propriétaire » du souvenir, placé par exemple dans l’aire de jeu à côté de celui qui raconte ne doit avoir<br />

aucune réaction montrant sa surprise à l’écoute de ces changements.<br />

On pourra aussi utiliser le livre Moi, j’ai rien d’intéressant à dire de Jean-Pierre Moulères, publié aux<br />

Éditions de l’Atalante, qui rassemble des paroles de spectateurs très amusantes à oraliser et qui seront<br />

de formidables lanceurs de discussion sur ce que c’est que d’être spectateur.<br />

Enfin on trouvera aussi des portraits savoureux de spectateurs, sous la plume de Jacques Livchine dans<br />

Griffonneries, éditions <strong>Le</strong>s Solitaires intempestifs, qu’il serait intéressant d’incarner et de jouer.<br />

Et après ?<br />

Toutes ces pistes ont, nous l’espérons, montré combien c’est l’alternance entre des moments ou l’élève<br />

sera acteur seul ou en groupe et spectateur de ses camarades qu’il exercera son œil, deviendra un<br />

spectateur avisé, conscient de son rôle lors de la représentation, présent et disponible, ouvert à<br />

l’expérience. Il aura aussi appris et réfléchi à l’histoire du théâtre, de ses espaces, de ses lieux, de ses<br />

enjeux. Enfin il aura vécu cette expérience intime qui lui permettra, nous l’avons expérimenté, de<br />

s’aventurer dans les salles et tous les espaces où s’inscrit et s’écrit le théâtre aujourd’hui.<br />

Catherine <strong>Le</strong> Moullec, septembre 2012.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Grand</strong> T est subventionné par le département de Loire-Atlantique avec le soutien de l'État – Préfet de la région Pays de la Loire –<br />

direction régionale des affaires culturelles, de la Ville de Nantes et du Conseil régional des Pays de la Loire.<br />

6<br />

SIREN 526 978 | CODE APE 9004 Z | LICENCES SPECTAC<strong>LE</strong>S 1-142915 2-142916 3-142917


AN<strong>NE</strong>XE 1 : ABÉCÉDAIRES ET ACROSTICHES...<br />

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Exemples d’abécédaires inventés par des enseignants de collèges lors de stages Collèges au<br />

théâtre au <strong>Grand</strong> T :<br />

A comme<br />

Applaudissements : pour dire bravo, pour dire merci<br />

F comme<br />

Fatigue : peut arriver mais bâillements sonores à proscrire<br />

Famille : si tu as aimé aller au théâtre, essaie d’y emmener ta famille<br />

Fauteuil : profond et confortable tu n’occuperas que le tien<br />

H comme<br />

Horaires : ne pas arriver en retard au théâtre, bien respecter les horaires<br />

N comme<br />

Noir : luminosité nécessaire pour mettre en valeur les acteurs et la lumière – ne pas en avoir peur<br />

P comme<br />

Pieds : on peut les enlever de ses chaussures, mais on les garde sous son siège<br />

R comme<br />

Retour : chemin pour rentrer chez soi après le spectacle ou commentaire après ce même spectacle<br />

Rire : bien entendu autorisé – choisissez bien votre moment !<br />

Respect : je ne me manifeste pas avant la fin du spectacle<br />

Regard : à garder vers la scène, sinon attention aux torticolis<br />

T comme<br />

Trac : soyez indulgent, il peut faire son apparition sur scène à tout moment<br />

S comme<br />

Silence : parfois nécessaire dans la salle – parfois terrible sur scène<br />

V comme<br />

Voisin(e) : il est là comme moi pour écouter et regarder. Je ne le dérange pas<br />

X comme<br />

XXL : les petits devant, les grands derrière !<br />

« S comme Soif : cannettes et autres boissons sont à éviter dans la salle ».<br />

« P comme Partir : même si le spectacle ne vous plaît pas, ne pas s’en aller avant la fin de la<br />

représentation ».<br />

« N comme Nez : s’il coule tu peux te moucher mais évite d’imiter la trompette ».<br />

« F comme Fort : mieux vaut parler fort sur scène que fort dans le public ».<br />

« R comme rire : il peut venir spontanément mais ne doit pas être forcé ».<br />

« K comme Kâma-Sûtra : certaines positions sont à éviter dans la salle ».<br />

« A comme Amis : tu les retrouveras après le spectacle ».<br />

« C comme chuchotements : ils ne sont pas les bienvenus pendant la représentation ».<br />

Abécédaire du spectateur – Un exemple rédigé par une clase de sixième :<br />

Attention : Soyez attentif et suivez ce qui se passe pendant le spectacle.<br />

Bonbon : Mmmm ! C'est bon les bonbons, mais évitez d'en manger pendant le spectacle.<br />

Cinéma : Ne pas confondre théâtre et cinéma.<br />

Décor : Observez-le, c'est lui qui va vous transporter dans le monde de la pièce.<br />

Écoute : Ouvrez grand vos oreilles et fermez votre bouche ; si vous ratez rien qu'un bout du texte,<br />

vous ne comprendrez rien.<br />

Faim : Ne mettez pas de nourriture dans vos poches.<br />

Goinfre : Ne vous goinfrez pas avant le spectacle, vous allez être ballonné !<br />

Hurler : Ne pas hurler quand la lumière s'éteint.<br />

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Illusion : C'est magique, le théâtre, mais ne vous fiez pas aux apparences : tout n'est qu'illusion.<br />

Jouer : Ce sont les comédiens qui jouent, pas les spectateurs !<br />

Lumière : Elle sera sur vous au début, sur les comédiens au milieu et à la fin de la représentation.<br />

Musique : Quand la musique commence, concentrez-vous – écoutez-la.<br />

Noir : Pour ceux qui en ont peur, tant pis ! Au théâtre, c'est la couleur de base.<br />

Oreilles : Taisez-vous et ouvrez grand vos oreilles.<br />

Place : Restez assis sur votre siège et ne bougez pas.<br />

Questions : Gardez vos questions pour vous pendant le spectacle et posez-les aux comédiens après<br />

la représentation.<br />

Ronfler : Evitez de ronfler dans la salle et de dormir.<br />

Silence : À effectuer sans commentaire. Ne jouez pas de la trompette !<br />

Techniciens : <strong>Le</strong>s techniciens jouent avec la lumière et le son….<br />

Urgence : En cas d'urgence, sortez de la salle sans vous faire remarquer.<br />

Violence : Ne vous battez pas dans la salle !<br />

WC : Allez-y avant la séance, car pendant le spectacle, ça pourrait déranger tout le monde.<br />

Yeux : Écarquillez les yeux pendant la représentation pour comprendre l'histoire sur scène.<br />

Zèbre : Même si un zèbre passe dans la salle, surtout ne bougez pas !<br />

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AN<strong>NE</strong>XE 2 : ACTIVITÉ : <strong>LE</strong>S PHOTOS DE PUBLICS<br />

On répartit les élèves en 5 groupes. On leur demande d’observer le jeu de photos en suivant ces<br />

consignes :<br />

« À partir des photos de publics différents, analysez ce qu'elles suggèrent du public et tenter de définir<br />

ce que signifie "être spectateur". Efforcez-vous également de trouver des critères pour classer ces<br />

photos. »<br />

Mise en commun des réflexions et des ressentis à partir de ces photos. Proposition de pistes de<br />

travail avec les élèves.<br />

On note que les contextes sont variés, que les degrés de participation, les relations entre l'artiste sur<br />

la scène et le public sont très divers. On souligne par ailleurs la notion de distance liée aux différents<br />

lieux, que les espaces soient ouverts ou fermés.<br />

On peut proposer plusieurs critères de regroupement des photos :<br />

1. le degré sonore,<br />

2. le traitement, l’aménagement de l’espace ; le nombre des spectateurs, la proximité avec les<br />

artistes,<br />

3. les attitudes des spectateurs (corps et mimiques),<br />

4. l'époque,<br />

5. le type de spectacle.<br />

Il s’agit alors de confronter ces remarques avec les expériences des élèves (s’il y en a), ou leurs<br />

représentations de ce qu’est le théâtre ; puis à partir de là, de s’efforcer à la définition des critères<br />

variables et des critères incontournables propres à un public de théâtre.<br />

On peut travailler sur la notion de partage, sur le rapport scène/salle.<br />

Où a lieu le spectacle ? Quelle est l'implication du public ? On peut bien sûr envisager d’aller plus loin<br />

dans la réflexion sur la scénographie de l’espace de jeu, du lieu théâtral.<br />

Quelle participation est demandée à un public ?<br />

Par exemple, Peter Brook installe les spectateurs très près des acteurs. Il crée avec eux une intimité,<br />

on est physiquement dans le spectacle (on reçoit les postillons, on voit l’acteur transpirer...)<br />

Parfois la photographie peut transmettre une ambiance quasi religieuse. La seule manière pour le<br />

public de traduire sa chaleur, ce sont ses applaudissements.<br />

Parfois le metteur en scène fait exploser les lieux scéniques, on joue partout ! Dans les usines, les<br />

halls, le rapport frontal n'existe plus.<br />

La compagnie Royal de Luxe provoque d'autres comportements chez les spectateurs : des émotions<br />

fortes, une excitation, un émerveillement enfantin... On se met à suivre, photographier les géants par<br />

exemple, on les escorte, on les épie/retrouve à différents moments, à différentes occasions...<br />

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AN<strong>NE</strong>XE 3 : ORALISATI<strong>ON</strong> DE L’ABÉCÉDAIRE<br />

Il faut vraiment que l’élève teste toute les formes de langage possible, comme par exemple énoncer<br />

sa définition comme s’il avait de la bouillie dans la bouche, placer sa voix dans les aigus, puis dans les<br />

graves, passer des graves aux aigus, d’abord lentement puis rapidement.<br />

Il peut essayer toutes les variations possibles : voix atone ou au contraire style « grande dame », mais<br />

aussi essayer en zozotant, utiliser des accents…<br />

Enfin, il peut dire sa définition en choisissant une voyelle à la manière de « Buvons un coup ma<br />

serpette est perdue ! » : « Bavas a ca ma sarpattaparda ! », ou en faisant exclusivement sonner les<br />

consonnes.<br />

Ces exercices se feront au cours d’une déambulation collective, qui n’exclue pas un certain brouhaha<br />

mais permet à chacun, même aux plus timides de s’essayer, de chercher et aussi de mémoriser sa<br />

phrase. Cela permettra ensuite aux élèves d’être plus à l’aise lors de l’improvisation individuelle.<br />

<strong>Le</strong>s consignes peuvent être très variées comme le montrent ces quelques exemples :<br />

propositions techniques, ou plus ou moins concrètes, faisant appel à une situation de jeu ou à<br />

l’imaginaire :<br />

- « aller parler à chacun »<br />

- « adresse de groupe »<br />

- « adresse unique à un seul auditeur »<br />

- « avec un défaut de prononciation »<br />

- « comme une hôtesse de l’air »<br />

- « quelqu’un ne vous écoute pas »<br />

- « en changeant de ton »<br />

- « en arrangeant le rideau »<br />

- « en homme politique »<br />

- « très France-Culture »<br />

- « craignant une horde de cris à jardin »<br />

- « cherchant à convaincre »<br />

- « de plus en plus fort »<br />

- « chaleur »<br />

- « voix rebondissante »<br />

Tout est possible et au fil des prestations on souligne ce qui a été réussi, ce qui a marché on non, on<br />

s’interroge sur le ressenti de l’acteur ou de l’actrice et celui des spectateurs.<br />

On insiste sur l’entrée et la sortie : il ne s’agit pas d’abandonner son personnage une fois son texte dit,<br />

il faut tenir ses partis-pris en quittant l’espace de jeu.<br />

Il faut essayer de ne pas donner tous les conseils d’amélioration sur la prestation d’un même élève<br />

(afin de ne pas l’accabler, et pour ne pas effrayer les élèves qui passeront après).<br />

Pour les enfants, il est important de donner à chacun un numéro qui sera tiré au sort pour définir un<br />

ordre de passage (plutôt que de les nommer).<br />

11


AN<strong>NE</strong>XE 4 : TRAVAIL SUR <strong>LE</strong>S CARICATURES DE PUBLICS<br />

<strong>Le</strong>s spectateurs de l'orchestre. Il y a de jolies jambes… tous sont satisfaits !<br />

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Physionomies de spectateurs de la Porte St Martin pendant une représentation de Richard III.<br />

13


<strong>Le</strong> cinquième acte de La Gaité<br />

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En contemplation devant le vaisseau le l'opéra, à moins que ce ne soit devant celui de la Porte St Martin<br />

ou bien celui de l'ambigu ; enfin ce qu'il y a de bien certain, c'est qu'ils contemplent un vaisseau.<br />

15


Des Parisiens dans l'attente du plaisir. Deux heures de queue à un théâtre quelconque.<br />

16


On dit que les Parisiens sont difficiles à satisfaire. Sur ces quatre banquettes, pas un mécontentement ; il<br />

est vrai que tous les Français sont des Romains.<br />

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Cette activité peut se mener en constituant des groupes de 4 à 6 personnes.<br />

Chaque groupe reçoit une image représentant un public de théâtre (il s’agit de l’une des caricatures<br />

de Daumier)<br />

1- Donner un titre à l’image (exemples de titres imaginés: « Mélodrame », « 5 hommes de bonne<br />

société »…)<br />

2- Chacun choisit un des personnages de l’image.<br />

3- Décrire précisément le personnage choisi : description de son physique, de son attitude et de son<br />

état psychologique (on peut imaginer ce que pense ou ressent le personnage à ce moment précis).<br />

Cette étape peut passer par l’écrit : rédaction d’un texte de quelques lignes.<br />

4- Énoncer sa description à la première personne. Par exemple : « j’ai accompagné ma femme pour<br />

lui faire plaisir, je suis assis confortablement dans mon fauteuil, mais je m’ennuie et je m’endors ! »<br />

5- Passer au jeu : Chaque groupe reconstitue son image fixe. Chaque personnage prend la parole et<br />

énonce sa réplique. Pour jouer l’image, ne pas hésiter à aller dans le sens de Daumier, c'est-à-dire à<br />

jouer la caricature. Penser à mettre de l’énergie dans la voix et essayer de varier les tonalités et<br />

rythmes de parole entre les différents personnages. Prévoir une coulisse sur roulettes (un portant<br />

recouvert d’un tissu) qui puisse se retirer juste après l’annonce du titre de l’image. <strong>Le</strong> public<br />

découvrira alors directement l’image composée par les comédiens.<br />

Il est important de bien lier la précision presque clinique de la description du geste et celle des<br />

émotions. C’est un apprentissage aussi pour l’élève qui va exercer son œil de spectateur. La plus<br />

grande difficulté dans l’analyse d’un spectacle, c’est l’approche du jeu de l’acteur. À l’issue de cet<br />

exercice, l’élève pourra être plus attentif à cet aspect du spectacle.<br />

Insister sur le côté caricatural et grotesque de ces images, ainsi que sur la critique du public bourgeois<br />

que visait Daumier. Des liens avec le dessin de presse ou la caricature politique aujourd’hui peuvent<br />

être faits. La notion de satire peut être ici abordée.<br />

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