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Traitement de l'incontinence urinaire masculine par sphincter ...

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Progrès en urologie (2008) 18, 114—119<br />

ARTICLE ORIGINAL<br />

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com<br />

<strong>Traitement</strong> <strong>de</strong> l’incontinence <strong>urinaire</strong> <strong>masculine</strong><br />

<strong>par</strong> <strong>sphincter</strong> <strong>urinaire</strong> artificiel avec manchette<br />

intracaverneuse <br />

Treatment of male urinary incontinence by artificial urinary <strong>sphincter</strong> with<br />

intracavernous cuff<br />

MOTS CLÉS<br />

Incontinence<br />

<strong>urinaire</strong> ;<br />

Prothèses et<br />

implants ;<br />

Sphincter artificiel<br />

Niveau <strong>de</strong> preuve : 5.<br />

∗ Auteur correspondant.<br />

Adresse e-mail : mehdi.blah@laposte.net (M. Blah).<br />

M. Blah ∗ , R. Caremel, L. Sibert, H. Bugel, P. Grise<br />

Service d’urologie, CHU Charles-Nicolle, 1, rue <strong>de</strong> Germont, 76031 Rouen, France<br />

Reçu le 1 er avril 2007 ; accepté le 1 er décembre 2007<br />

Disponible sur Internet le 17 mars 2008<br />

Résumé<br />

But. — Les buts <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> sont <strong>de</strong> décrire la technique d’implantation d’un <strong>sphincter</strong><br />

<strong>urinaire</strong> artificiel (SUA) avec manchette intracaverneuse, préciser les indications et rapporter<br />

les résultats préliminaires <strong>de</strong> cette technique.<br />

Matériel et métho<strong>de</strong>. — Une étu<strong>de</strong> rétrospective monocentrique a été effectué chez dix<br />

patients d’un âge médian <strong>de</strong> 66 ans. L’étiologie <strong>de</strong> l’incontinence <strong>urinaire</strong> était une prostatectomie<br />

radicale, isolée dans quatre cas, avec radiothérapie dans quatre cas et une résection<br />

transurétrale <strong>de</strong> prostate dans <strong>de</strong>ux cas.<br />

Le traitement initial a consisté en un SUA dans sept cas et une ban<strong>de</strong>lette sous-urètrale dans<br />

<strong>de</strong>ux cas. Il n’y a pas eu <strong>de</strong> geste préalable chez le <strong>de</strong>rnier patient. L’échec du SUA était une<br />

atrophie dans trois cas et une érosion urétrale dans quatre cas. Six patients avaient plus <strong>de</strong><br />

trois garnitures <strong>par</strong> jour. Tous les patients avaient <strong>de</strong>s érections nulles. Tous les patients ont<br />

été traités <strong>par</strong> la pose d’une manchette intracaverneuse selon la même technique : une incision<br />

périnéoscrotale sur le raphé médian, dissection <strong>de</strong> l’urètre bulbaire et <strong>de</strong> la face inférieure <strong>de</strong>s<br />

corps caverneux, incision verticale <strong>de</strong> l’albuginée <strong>de</strong> <strong>par</strong>t et d’autre <strong>de</strong> l’urètre, passage <strong>de</strong><br />

la manchette d’une incision à l’autre <strong>de</strong>rrière l’albuginée, laissant celle ci contre l’urètre,<br />

fermeture <strong>de</strong> l’albuginée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s points sé<strong>par</strong>és en laissant le passage à la manchette. Le suivi<br />

médian était <strong>de</strong> 15,5 mois.<br />

1166-7087/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

doi:10.1016/j.purol.2007.12.005


Sphincter <strong>urinaire</strong> artificiel avec manchette intracaverneuse 115<br />

KEYWORDS<br />

Urinary incontinence;<br />

Prostheses and<br />

implants;<br />

Artificial <strong>sphincter</strong><br />

Introduction<br />

Le <strong>sphincter</strong> <strong>urinaire</strong> artificiel constitue un traitement efficace<br />

<strong>de</strong> l’incontinence <strong>urinaire</strong> <strong>masculine</strong>, notamment après<br />

prostatectomie radicale. C’est le traitement <strong>de</strong> référence<br />

en cas d’incontinence mal tolérée, résultant d’un déficit<br />

sphinctérien.<br />

La récidive <strong>de</strong> l’incontinence alors que le <strong>sphincter</strong> est<br />

en place peut être due soit à un dysfonctionnement du<br />

matériel implanté, soit à une érosion ou une atrophie urétrale.<br />

Lorsque le dysfonctionnement se situe au niveau <strong>de</strong><br />

la pompe ou du ballon, il est possible d’y remédier en changeant<br />

électivement le matériel concerné. Si la manchette<br />

est en cause, il faut considérer aussi d’emblée la trophicité<br />

<strong>de</strong> l’urètre et son calibre. Le raisonnement sur la manchette<br />

est indissociable <strong>de</strong> celui sur l’urètre sous-jacent.<br />

Selon les situations, plusieurs procédés ont été décrits,<br />

dont les suivants :<br />

• reposition d’une manchette en aval ;<br />

• double manchette ;<br />

• manchette en intracaverneux.<br />

Résultats. — Le temps opératoire médian était <strong>de</strong> 90 minutes. Aucune complication peropératoire<br />

n’a été notée. Deux patients ont du être explantés pour une infection du matériel. Parmi<br />

les huit patients restants, sept étaient satisfaits, six avaient moins d’une garniture <strong>par</strong> jour.<br />

Nous n’avons pas remarqué d’altération <strong>de</strong>s résultats en cas d’irradiation pelvienne antérieure.<br />

Conclusion. — Le traitement <strong>de</strong> l’incontinence <strong>urinaire</strong> <strong>masculine</strong> <strong>par</strong> <strong>sphincter</strong> <strong>urinaire</strong> artificiel<br />

avec manchette intracaverneuse a été une technique simple permettant d’améliorer la<br />

trophicité et le calibre <strong>de</strong> l’urètre sous la manchette. Cette technique a eu <strong>de</strong> bons résultats<br />

chez les patients aux antécé<strong>de</strong>nts d’irradiation pelvienne.<br />

© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

Summary<br />

Objective. — The aims of this study are to <strong>de</strong>scribe the implantation technique of an artificial<br />

urinary <strong>sphincter</strong> (AUS) with intracavernous cuff, <strong>de</strong>fine the indications and report the<br />

preliminary results of this technique.<br />

Material and method. — A single-centre retrospective study was carried out in 10 patients with<br />

a median age of 66 years. The aetiology of urinary incontinence was radical prostatectomy<br />

alone in four cases, combined with radiotherapy in four cases and transurethral resection of<br />

the prostate in two cases.<br />

The initial treatment consisted of AUS in seven cases and suburethral tape in two cases and<br />

the last patient had not been previously treated. Failure of AUS was due to atrophy in three<br />

cases and urethral erosion in four cases. Six patients nee<strong>de</strong>d to use more than three pads<br />

per day. Erections were absent in all patients. All patients were treated by insertion of an<br />

intracavernous cuff according to the same technique: perineoscrotal incision on the median<br />

raphe, dissection of the bulbar urethra and inferior aspect of the corpora cavernosa, vertical<br />

incision of the tunica albuginea on either si<strong>de</strong> of the urethra, passage of the cuff from one<br />

incision to the other behind the tunica albuginea and leaving the tunica albuginea against the<br />

urethra, and closure of the tunica albuginea by interrupted sutures leaving a passage for the<br />

cuff. The median follow-up was 15.5 months.<br />

Results. — The median operating time was 90 min. No intraoperative complication was observed.<br />

Two patients had to be explanted because of infection of the material. Seven of the<br />

remaining eight patients were satisfied and six of them nee<strong>de</strong>d less than one pad per day. A<br />

history pelvic irradiation did not appear to have any impact on the results.<br />

Conclusion. — The treatment of male urinary incontinence by artificial urinary <strong>sphincter</strong> with<br />

intracavernous cuff is a simple technique that improves the trophicity and calibre of the urethra<br />

un<strong>de</strong>rneath the cuff. This technique achieved good results in patients with a history of pelvic<br />

irradiation.<br />

© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

La mise en place d’une manchette en intracaverneux,<br />

décrite initialement <strong>par</strong> Guralnick [1], permet, d’une <strong>par</strong>t,<br />

un bon calibre <strong>de</strong> coaptation entre manchette et urètre<br />

et, d’autre <strong>par</strong>t, une protection du toit <strong>de</strong> l’urètre <strong>par</strong><br />

l’albuginée qui est laissée à son contact et qui améliore ainsi<br />

la trophicité.<br />

Le but <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> est d’évaluer rétrospectivement<br />

une série <strong>de</strong> manchettes placées en intracaverneux et <strong>de</strong><br />

discuter la technique <strong>par</strong> rapport aux autres procédures.<br />

Matériel et métho<strong>de</strong><br />

Il s’agit d’une étu<strong>de</strong> rétrospective monocentrique, réalisée<br />

<strong>de</strong> janvier 1995 à décembre 2006, portant sur dix patients.<br />

L’âge médian <strong>de</strong>s patients était <strong>de</strong> 66 ans (55—78).<br />

L’étiologie <strong>de</strong> l’incontinence <strong>urinaire</strong> était une prostatectomie<br />

radicale isolée dans quatre cas, avec radiothérapie<br />

dans quatre cas et une résection transurétrale <strong>de</strong> prostate<br />

dans <strong>de</strong>ux cas.


116 M. Blah et al.<br />

L’indication <strong>de</strong> la pose d’une manchette intracaverneuse<br />

était une érosion urétrale dans quatre cas, une atrophie urétrale<br />

dans trois cas et un échec <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>lette sous-urétrale<br />

dans <strong>de</strong>ux cas. Un patient a eu une manchette intracaverneuse<br />

d’emblée.<br />

Un examen cytobactériologique <strong>de</strong>s urines préopératoire<br />

a été réalisé chez tous les patients et la procédure n’a été<br />

réalisée que sur urines stériles.<br />

Un bilan urodynamique préopératoire a été réalisé chez<br />

tous les patients comportant une mesure <strong>de</strong> la pression urétrale,<br />

une cystomanomètrie, une débimètrie et un résidu<br />

postmictionnel. Les chiffres <strong>de</strong> pression urétrale variaient<br />

entre 20 et 60 cm d’eau, la vessie était stable dans tous<br />

les cas avec compliance normale (supérieure ou égale à<br />

40 ml/cm d’eau). Aucun cas <strong>de</strong> résidu postmictionnel significatif<br />

n’a été noté.<br />

L’urètre avait un calibre normal, vérifié <strong>par</strong> urétrocystographie<br />

et/ou urétroscopie.<br />

Tous les patients avaient <strong>de</strong>s érections nulles en préopératoire.<br />

Les caractéristiques <strong>de</strong> ces patients sont résumées dans<br />

le Tableau 1.<br />

Les résultats ont été évalués <strong>par</strong> un observateur indépendant<br />

du chirurgien lors d’un entretien téléphonique.<br />

Technique chirurgicale<br />

L’intervention débutait <strong>par</strong> une incision périnéoscrotale sur<br />

le raphé médian, puis une dissection <strong>de</strong> l’urètre bulbaire et<br />

<strong>de</strong> la face inférieure <strong>de</strong>s corps caverneux. Des fils repères<br />

étaient placés sur les corps caverneux et une incision verticale<br />

<strong>de</strong> l’albuginée réalisée entre ces fils sur 2 cm à 5 mm <strong>de</strong><br />

l’urètre. Un dissecteur était passé d’une incision à l’autre<br />

juste <strong>de</strong>rrière l’albuginée, laissant celle-ci contre l’urètre<br />

(Figs. 1 et 2). Nous avons utilisé une manchette <strong>de</strong> 4,5 cm<br />

Figure 1. Passage du dissecteur <strong>de</strong>rrière l’albuginée laissée<br />

contre l’urètre.<br />

Tableau 1 Caractéristiques <strong>de</strong>s patients.<br />

Patients 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

Âge 76 77 78 60 62 70 60 74 55 66<br />

Comorbidité — Pontage — — HTA IDM Pontage Embolie — — —<br />

vasculaire<br />

vasculaire pulmonaire<br />

Cause <strong>de</strong><br />

PR PR PR RTUP PR RTUP PR + RT PR + RT PR + RT PR + RT<br />

l’incontinence<br />

Procédure Révision Révision Révision Invance Révision Explantation Révision Révision Invance —<br />

antérieure manchette manchette manchette<br />

manchette totale à 84 manchette manchette<br />

(mois)<br />

à56 à7<br />

à12<br />

à14<br />

à1<br />

à5<br />

Délai (mois) 72 12 21 10 19 3 6 6 14 —<br />

Garnitures/j + 3 + 3 1—3 1—3 + 3 + 3 + 3 + 3 + 3 + 3<br />

Pression urétrale 30 30 20 60 40 30 25 20 40 25<br />

(cm d’eau)<br />

Indication Atrophie Érosion Atrophie Échec Invance Atrophie Érosion Érosion Érosion Échec D’emblée<br />

invance<br />

PR : prostatectomie radicale ; RTUP : résection transuréthrale <strong>de</strong> prostate ; RT : radiothérapie.


Sphincter <strong>urinaire</strong> artificiel avec manchette intracaverneuse 117<br />

Figure 2. Position <strong>de</strong> manchette. A : position classique. B : position<br />

intracaverneuse, laissant l’albuginée contre l’urètre.<br />

Figure 3. Aspect final après fermeture <strong>de</strong> l’albuginée.<br />

dans quatre cas, 5 cm dans quatre cas et 5,5 cm dans <strong>de</strong>ux<br />

cas. L’albuginée était refermée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s points sé<strong>par</strong>és en<br />

laissant le passage à la manchette (Fig. 3). Les fils ayant été<br />

passés avant la mise en place <strong>de</strong> la manchette, il n’y avait<br />

pas <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> lésion <strong>de</strong> celle-ci <strong>par</strong> l’aiguille.<br />

En cas d’explantation totale, le ballon et la pompe<br />

étaient implantés selon la technique habituelle, respectivement<br />

en région inguinale et au niveau <strong>de</strong> la bourse. En cas<br />

<strong>de</strong> révision isolée <strong>de</strong> manchette, celle-ci était connectée à<br />

la tubulure <strong>de</strong> la pompe restée en place.<br />

Une son<strong>de</strong> urétrale ch 14 a été gardée 48 heures. La<br />

pompe a été laissée désactivée pendant six semaines. Au<br />

terme <strong>de</strong> ce délai, la pompe a été activée lors d’une hospitalisation<br />

<strong>de</strong> jour.<br />

Tableau 2 Résultats <strong>de</strong> la série.<br />

Résultats<br />

Le temps opératoire médian était <strong>de</strong> 90 minutes.<br />

Nous avons noté <strong>de</strong>ux cas d’explantation pour problème<br />

infectieux.<br />

Sur les huit patients restants, la continence était<br />

complète dans la vie courante dans six cas, sauf quelques<br />

gouttes exceptionnelles justifiant une garniture <strong>de</strong> sécurité.<br />

Les fuites étaient minimes, dans un cas nécessitant une à<br />

trois garnitures <strong>par</strong> jour et moyennes à importantes, dans<br />

un cas nécessitant plus <strong>de</strong> trois garnitures <strong>par</strong> jour.<br />

Une restriction dans les activités quotidiennes a été<br />

notée dans trois cas.<br />

Aucun patient n’a présenté <strong>de</strong> douleurs périnéales.<br />

Enfin, la satisfaction globale a été évaluée à 8,5/10<br />

(5—10) sur une échelle analogique. Les résultats <strong>de</strong> notre<br />

série sont résumés dans le Tableau 2.<br />

Le recul médian était <strong>de</strong> 15,5 mois.<br />

Discussion<br />

Le <strong>sphincter</strong> artificiel apporte une solution thérapeutique<br />

efficace dans le traitement <strong>de</strong>s incontinences <strong>urinaire</strong>s<br />

sévères secondaires à une insuffisance sphinctérienne,<br />

notamment après prostatectomie radicale. Les taux <strong>de</strong> succès<br />

sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 90 % [1—8].<br />

En cas <strong>de</strong> réap<strong>par</strong>ition <strong>de</strong> fuites <strong>urinaire</strong>s <strong>sphincter</strong> en<br />

place et après avoir éliminer une dysfonction du matériel<br />

implanté, une atrophie ou érosion urétrale <strong>de</strong>vra<br />

être recherchée. Ces complications surviennent, respectivement,<br />

dans environ 5 [1,2,9] et 7 % [4] <strong>de</strong>s cas. Dans<br />

tous les cas, le matériel <strong>de</strong>vra être retiré soit en se limitant<br />

à une révision <strong>de</strong> manchette, soit en réalisant une<br />

explantation totale en cas d’infection. Dans les <strong>de</strong>ux cas, on<br />

aboutira à une incontinence <strong>urinaire</strong> très souvent mal supportée<br />

<strong>par</strong> les patients avec un retentissement psychosocial<br />

important.<br />

La pause d’une nouvelle manchette périurétrale chez ces<br />

patients est souvent difficile du fait <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> tissus<br />

cicatriciels rendant les plans <strong>de</strong> dissection moins faciles<br />

à retrouver avec risque <strong>de</strong> plaie urétrale [5,10]. Ces tissus<br />

cicatriciels sont, en plus, moins bien vascularisés que les tissus<br />

natifs avec risque majoré d’atrophie et d’érosion [4]. Il<br />

semble logique, donc, d’éviter l’emplacement <strong>de</strong> l’ancienne<br />

manchette et <strong>de</strong> placer la nouvelle manchette sur la portion<br />

distale <strong>de</strong> l’urètre bulbaire. Dans cette portion distale,<br />

l’urètre adhère intimement aux corps caverneux, nécessitant<br />

une dissection minutieuse avec risque non négligeable<br />

<strong>de</strong> plaie urétrale et présente un petit calibre rendant la<br />

coaptation avec la manchette suboptimale, même en utilisant<br />

une manchette <strong>de</strong> 4 cm [1,5].<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

Complications postopératoires — Hématome, — — — Infection — — — —<br />

Garnitures/j + 3 infec- 0—1 0—1 0—1 1—3 0—1 0—1 0—1<br />

Satisfaction Non tion<br />

Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui<br />

Recul (mois) 3 Explantation 3 5 7 Explantation 28 12 10 15


118 M. Blah et al.<br />

Plusieurs équipes <strong>de</strong>puis Brito et al. [11] ont proposé en<br />

cas d’atrophie <strong>de</strong> laisser la manchette initiale en place et<br />

d’ajouter une <strong>de</strong>uxième manchette en tan<strong>de</strong>m à la <strong>par</strong>tie<br />

distale <strong>de</strong> l’urètre bulbaire. Les résultats sur la continence<br />

<strong>de</strong> cette technique sont aussi bons que ceux <strong>de</strong> la technique<br />

classique à manchette unique, voire meilleurs en<br />

cas d’incontinence <strong>urinaire</strong> sévère [11—13]. En revanche,<br />

les complications sont variables selon les auteurs avec un<br />

risque majoré d’érosion d’après Kowalczyk [14]. De plus,<br />

cette technique impose au mala<strong>de</strong> d’avoir plus <strong>de</strong> matériel<br />

implanté et plus <strong>de</strong> manipulation <strong>de</strong> la pompe à réaliser pour<br />

dégonfler les <strong>de</strong>ux manchettes.<br />

La voie intracaverneuse permet <strong>de</strong> remédier aux inconvénients<br />

<strong>de</strong> la dissection <strong>de</strong> l’urètre distal. D’une <strong>par</strong>t, la<br />

dissection se fait à distance <strong>de</strong> l’urètre avec un risque pratiquement<br />

nul <strong>de</strong> plaie urétrale [1]. Aucune plaie urétrale<br />

n’est notée dans notre série. D’autre <strong>par</strong>t, l’albuginée laissée<br />

contre le toit <strong>de</strong> l’urètre permet d’avoir un calibre<br />

compatible avec une bonne coaptation <strong>de</strong> la manchette [1].<br />

Dans notre série, une manchette <strong>de</strong> 5,5 cm a été utilisée<br />

dans seulement <strong>de</strong>ux cas, ce qui témoigne du faible calibre<br />

urétral à ce niveau.<br />

Les résultats <strong>de</strong> cette technique sur la continence sont<br />

excellents et sont com<strong>par</strong>ables aux résultats obtenus après<br />

pause d’une première manchette [1,2].<br />

Lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription initiale <strong>de</strong> la voie intracaverneuse,<br />

sur une série <strong>de</strong> 31 patients, Guralnick et al. [1] rapportaient<br />

une continence complète sauf quelques gouttes<br />

occasionnelles aux efforts, nécessitant le port <strong>de</strong> moins<br />

d’une garniture <strong>par</strong> jour chez 26 patients (84 %). Vingt-cinq<br />

patients (80 %) étaient très satisfaits <strong>de</strong> leur continence<br />

postopératoire. Aucun cas d’érosion ou d’infection n’a été<br />

noté. Trois manchettes ont du être révisées suite à un dysfonctionnement.<br />

Le recul moyen était <strong>de</strong> 17 mois.<br />

La mise en place d’un <strong>sphincter</strong> <strong>urinaire</strong> artificiel chez<br />

les patients aux antécé<strong>de</strong>nts d’irradiation pelvienne a été<br />

longtemps sujet à controverses. Des taux <strong>de</strong> continence<br />

postopératoire moins bons, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 50 à 60 % [10,15,16]<br />

et <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> réintervention plus importants, ont été<br />

rapportés <strong>par</strong> certains [17], alors que d’autres rapportent<br />

l’absence d’influence d’une irradiation antérieure sur les<br />

résultats et les taux <strong>de</strong> complications [8,18—20].<br />

La trophicité et la bonne vascularisation <strong>de</strong>s tissus fournis<br />

<strong>par</strong> la voie intracaverneuse permettent d’espérer logiquement<br />

<strong>de</strong>s résultats meilleurs <strong>par</strong> rapport à la technique classique<br />

en cas d’irradiation antérieure. Cela est évi<strong>de</strong>nt dans<br />

notre série où <strong>de</strong>ux patients aux antécé<strong>de</strong>nts d’irradiation<br />

pelvienne ont eu, au<strong>par</strong>avant, une révision <strong>de</strong> manchette,<br />

respectivement à un et cinq mois pour érosion alors que la<br />

manchette intracaverneuse est en place <strong>de</strong>puis, respectivement,<br />

28 et 12 mois sans complication. Ces résultats nous<br />

ont amené à choisir la voie intracaverneuse d’emblée chez<br />

un troisième patient aux antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> radiothérapie. Le<br />

recul chez ce patient est <strong>de</strong> 15 mois sans complication, avec<br />

une bonne continence et un patient satisfait.<br />

L’inconvénient théorique du passage en intracaverneux<br />

est le retentissement sur la fonction érectile. Guralnick<br />

et al. [1] signalent la conservation <strong>de</strong>s érections chez<br />

un patient ayant eu une manchette en intracaverneux et<br />

pensent que la cavernotomie limitée réalisée dans cette<br />

technique n’est pas incompatible avec la conservation <strong>de</strong><br />

la fonction érectile. Tous nos patients avaient <strong>de</strong>s érections<br />

nulles en préopératoire et ont gardé le même statut après<br />

l’intervention. Des étu<strong>de</strong>s avec <strong>de</strong>s effectifs plus importants<br />

et un recul suffisant sont nécessaires afin <strong>de</strong> définir<br />

les conséquences <strong>de</strong> cette technique sur la fonction érectile.<br />

Néanmoins, il faut souligner que le tissu érectile est<br />

refoulé <strong>par</strong> la manchette mais reste conservé. Il semble pru<strong>de</strong>nt,<br />

dans l’état actuel <strong>de</strong>s connaissances, d’informer <strong>de</strong><br />

cette limitation les patients ayant une fonction érectile et<br />

voulant la conserver.<br />

Conclusion<br />

Le <strong>sphincter</strong> <strong>urinaire</strong> artificiel reste le traitement <strong>de</strong><br />

référence <strong>de</strong> l’incontinence <strong>urinaire</strong> <strong>par</strong> insuffisance sphinctérienne.<br />

Le passage <strong>de</strong> la manchette en intracaverneux constitue<br />

une solution intéressante en cas d’atrophie ou d’érosion.<br />

Les bons résultats obtenus chez les patients aux antécé<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong> radiothérapie font discuter l’indication <strong>de</strong> cette<br />

technique <strong>de</strong> première intention dans cette population.<br />

Enfin, l’impact sur la fonction érectile semble limité mais<br />

ne pourra être précisé qu’avec <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong>s populations<br />

plus importantes.<br />

Références<br />

[1] Guralnick M, Miller E, Toh K, Webster GD. Transcorporeal artficial<br />

urinary <strong>sphincter</strong> cuff placement in cases requiring revision<br />

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Urology 2000;55:2—4.<br />

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[9] Raj GV, Peterson AC, Webster GD. Outcomes following erosions<br />

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Sphincter <strong>urinaire</strong> artificiel avec manchette intracaverneuse 119<br />

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AMS 800 artificial urinary <strong>sphincter</strong>: long-term follow-up.<br />

J Urol 1996;156:1300—1.<br />

[15] Litwiller SE, Kim KB, Fone PD, Devere White RW, Stone AR.<br />

Post-prostatectomy incontinence and the artificial urinary<br />

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