Le Rhumatologue N o 69 - Février 2009 - Fédération Française de ...
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<strong>Le</strong><br />
humatologue Revue <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie<br />
4<br />
SoCio-Pro<br />
Honoraires libres :<br />
sale temps !<br />
Où vont les nouveaux<br />
diplômés ?<br />
Cotisations CARMF<br />
<strong>2009</strong><br />
SEL or not SEL ?<br />
juriDique<br />
<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin libéral et<br />
son personnel<br />
iMagerie<br />
Cas clinique<br />
Dernières nouvelles<br />
<strong>de</strong> l’industrie<br />
FMC<br />
crédits FMC<br />
par an<br />
Conflit fémoro acétabulaire<br />
La maladie <strong>de</strong> Behcet<br />
en <strong>2009</strong><br />
Microalbuminurie et lupus<br />
sous corticothérapie<br />
Vitamine D :<br />
quelle quantité ?<br />
N° <strong>69</strong> / février <strong>2009</strong>
N° <strong>69</strong><br />
<strong>Le</strong> <strong>Rhumatologue</strong><br />
Revue <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong><br />
<strong>de</strong> Rhumatologie<br />
Directeur <strong>de</strong> la Publication<br />
Renaud Samakh<br />
Rédacteur en chef<br />
Dr José Carbonnier<br />
Adjointe Dr Valérie Briole<br />
Conseillers Scientifiques<br />
Pr Bernard Mazières, Pr Philippe Orcel,<br />
Pr Jean-Denis Laredo<br />
Comité <strong>de</strong> Rédaction<br />
Dr Armand Bejbaum, Dr Martine Dellus,<br />
Dr Gérard Duverneuil,<br />
Dr Jean-Clau<strong>de</strong> Gardiol, Dr Jean le Gallo<br />
Dr Benoît Loze, Dr Pierre Monod,<br />
Dr Philippe Pizzuti, Dr Yves d’Omezon,<br />
Dr Olivier Rossignol, Dr Eric Senbel<br />
Comité <strong>de</strong> lecture<br />
Dr Henri <strong>Le</strong>llouche,<br />
Dr Marie-Hélène Mizony,<br />
Dr Daniel Chenebit, Dr Philippe Boyer,<br />
Dr Didier Jacques, Dr François Badois,<br />
Dr Nicole Molinas, Dr Patrick Maury,<br />
Dr Michel <strong>de</strong> Bandt, Dr Françoise Gondouin,<br />
Dr Lydie Coelho-Man<strong>de</strong>s,<br />
Dr Blandine Gerbay,<br />
Coordination <strong>de</strong> la rédaction<br />
Olivia Solvit<br />
o.solvit@regifax.fr<br />
Edition, Publicité et abonnements<br />
Régifax<br />
45-47 rue d'Hauteville<br />
75010 Paris<br />
Tél : 01 47 70 00 96<br />
Fax : 01 48 24 14 97<br />
Publicité et Congrès F.F.R.<br />
François Bondu<br />
f.bondu@regifax.fr<br />
Maud Mazaniello<br />
m.mazaniello@regifax.fr<br />
Maquette<br />
Carole Dufés<br />
carole.dufes@regifax.fr<br />
Couverture : photo Shutterstock<br />
Impression<br />
GRAFiCAS JOMAGAR - MADRiD<br />
Tarif abonnement : 1 an : 40 €<br />
Trimestriel réservé au corps médical<br />
éditorial<br />
MOBILISONS-NOUS POUR LE 8 e CONGRÈS<br />
L<br />
e huitième Congrès National <strong>de</strong> FMC <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie<br />
se déroulera vendredi 27 et samedi 28 mars <strong>2009</strong>. Ce ne sont pas les congrès qui<br />
manquent en Rhumatologie! Mais celui-ci est à part, pour plusieurs raisons. Entièrement<br />
dédié, <strong>de</strong>puis son origine, à la FMC et maintenant à l’EPP, il est totalement orienté vers la pratique<br />
et l’exercice <strong>de</strong> tous les jours, notamment en rhumatologie <strong>de</strong> ville. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>rnières avancées <strong>de</strong> la<br />
recherche y sont bien sûr traitées, mais toujours avec l’objectif d’une utilisation concrète et efficace<br />
qui valorisera notre exercice. <strong>Le</strong>s nombreux ateliers pratiques sont <strong>de</strong> la vraie FMC, avec débouché<br />
immédiat sur l’exercice quotidien.<br />
Depuis les <strong>de</strong>rnières années, les conditions <strong>de</strong> notre exercice n’ont cessé d’évoluer, les contraintes<br />
et les menaces <strong>de</strong> s’accumuler, ou <strong>de</strong> refluer au gré <strong>de</strong>s saisons. La <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong><br />
Rhumatologie a toujours su être un précurseur dans cette évolution, suivant <strong>de</strong> près l’actualité et<br />
adaptant constamment ses objectifs et les formations qu’elle vous propose aux nouvelles règles du<br />
jeu édictées par les pouvoirs publics. Aussi, cette année encore, votre participation sera récompensée<br />
par la validation d’une bonne partie <strong>de</strong> vos obligations <strong>de</strong> FMC, grâce à l’agrément dont bénéficie plus<br />
que jamais la FFR.<br />
Notamment, les ateliers GREF, passerelle entre la FMC et l’EPP, remplissent d’ores et déjà le cahier<br />
<strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> la future FMC-EPP, même si tout n’en est pas encore connu dans les détails.<br />
De plus, grâce à nos partenariats avec les autres sociétés <strong>de</strong> rhumatologie, nous vous proposons<br />
toujours plus <strong>de</strong> formations spécialisées dans nos sessions parallèles : les gestes interventionnels<br />
avec le GRRIF, la radioprotection, la formation validante ISCD <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsitométrie avec la SOFOC. Vous<br />
trouverez les bulletins d’inscriptions à ces formations joints au programme du Congrès, qui est joint<br />
à ce numéro.<br />
Cette année, plus encore que les autres, il est important d’être nombreux à notre Congrès, car c’est<br />
au nombre <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins formés que sera reconnue la représentativité <strong>de</strong>s prestataires. Face à une<br />
offre disparate, souvent pilotée en sous-main par les organismes payeurs ou <strong>de</strong>s officines à but lucratif,<br />
il est important <strong>de</strong> soutenir votre congrès et à travers lui l’action <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong>.<br />
Pour défendre une FMC <strong>de</strong> qualité, organisée par les rhumatologues au service <strong>de</strong>s rhumatologues et<br />
non pas <strong>de</strong>stinée à les contraindre, inscrivez-vous, venez et faites venir vos confrères, toujours plus<br />
nombreux, au Congrès <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie.<br />
FFR - GRRIF<br />
Olivier ROSSIGNOL<br />
FORMATION EN RHUMATOLOGIE INTERVENTIONNELLE<br />
à l’occasion <strong>de</strong> son 8 e Congrès, la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie, en partenariat avec<br />
le Groupe <strong>de</strong> Recherche en Rhumatologie Interventionnelle Français (GRRIF) vous propose une<br />
première session <strong>de</strong> formation dans le cadre d’un cycle organisé et animé par le GRRIF.<br />
Cet enseignement se veut pratique, et pourra être complété par une formation sur le terrain.<br />
Cette session entre dans le cadre <strong>de</strong> la FMC (agrément FFR) et donnera lieu à la délivrance d’une<br />
attestation après validation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la formation.<br />
PROGRAMME DE LA PREMIÈRE SESSION<br />
1 – Techniques d’infiltrations du rachis lombaire (vendredi 27 mars, 15h-17h) :<br />
Infiltrations foraminales et articulaires postérieures. E. GIBERT – A. ZAGALA.<br />
2 – Techniques d’infiltrations <strong>de</strong> la hanche et <strong>de</strong> la cheville (samedi 28 mars, 16h-18h) :<br />
Des voies à ne pas méconnaître. B. MAILLET - A. LESORT.<br />
3 – Aponévrotomie à l’aiguille dans la maladie <strong>de</strong> Dupuytren (samedi 28 mars, 18h-19h) :<br />
Traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Dupuytren en pratique <strong>de</strong> ville. H. LELLOUCHE - F. TROUILLET.
éditorial<br />
éditorial<br />
RADIOPROTECTION EN RHUMATOLOGIE<br />
Chaque installation utilisant les rayons X doit avoir au moins une Personne Compétente<br />
en Radioprotection. Par ailleurs, chaque mé<strong>de</strong>cin pratiquant lui-même (ou sous son<br />
nom) les actes radiologiques doit être titulaire d’une attestation <strong>de</strong> «Radioprotection <strong>de</strong>s<br />
Patients», distincte <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> PCR. La validité <strong>de</strong> l’attestation <strong>de</strong> PCR est <strong>de</strong> 5 ans,<br />
celle <strong>de</strong> Radioprotection-patients est <strong>de</strong> 10 ans, elles doivent être renouvelées dans les<br />
délais (à défaut une formation initiale complète <strong>de</strong>vra être effectuée).<br />
1 – <strong>Le</strong>s rhumatologues titulaires d’une attestation <strong>de</strong> PCR validée en 2004 doivent<br />
effectuer la session <strong>de</strong> renouvellement avant le 31 décembre <strong>2009</strong>, celles <strong>de</strong> 2005<br />
avant le 31 décembre 2010, etc. Des sessions <strong>de</strong> renouvellement seront organisées en<br />
fonction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />
2 – Pour les <strong>Rhumatologue</strong>s n’ayant aucun diplôme <strong>de</strong> radioprotection, une formation<br />
complète (PCR nouveau régime + Radioprotection <strong>de</strong>s Patients) aura lieu en <strong>de</strong>ux<br />
sessions <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours et <strong>de</strong>mi :<br />
- Session théorique à Paris au cours du Congrès <strong>de</strong> <strong>2009</strong>.<br />
- Session pratique à Bor<strong>de</strong>aux en mai <strong>2009</strong>.<br />
La session théorique se déroulera du vendredi 27 au dimanche 29 mars <strong>2009</strong> à l’occasion<br />
du 8e Congrès <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie.<br />
<strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> cette session comporte :<br />
- Bases théoriques <strong>de</strong> la radioactivité.<br />
- Bases théoriques <strong>de</strong> la radioprotection.<br />
- Textes réglementaires.<br />
(N.B. : ce programme correspond à la session organisée en janvier 2006 par la F.F.R. : ceux qui y<br />
ont participé doivent s’inscrire uniquement à la session <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux pour avoir une formation PCR<br />
complète).<br />
- Radioprotection <strong>de</strong>s patients (il est aussi possible <strong>de</strong> s’inscrire uniquement à cette<br />
formation).<br />
Pour tout renseignement et pré-inscription, merci <strong>de</strong> contacter :<br />
Marine DAUDE, Société CCC, 32, rue <strong>de</strong> Paradis, 75010 PARIS, tél. 01 45 23 96 16, mail :<br />
m.dau<strong>de</strong>@societeccc.fr
6 Sommaire<br />
Formation Médicale Continue<br />
Diagnostic du conflit fémoro acétabulaire et traitement arthroscopique<br />
Alexis Nogier, Thierry Boyer, Frédéric Lau<strong>de</strong><br />
La maladie <strong>de</strong> Behçet en <strong>2009</strong><br />
Edouard Pertuiset<br />
Vitamine D : quelle dose pour un maximum d’efficacité ?<br />
Serge Dard, Laetitia Courme<br />
évolution <strong>de</strong> la microalbuminurie chez le mala<strong>de</strong> atteint <strong>de</strong> lupus érythémateux<br />
disséminé sous corticothérapie<br />
E. Eti , P. Djessou, N. R. Kouassi, Z. Zomalheto<br />
<strong>Le</strong> coin <strong>de</strong> l'imagerie<br />
Une vertèbre borgne…<br />
Dr David Petrover<br />
Informations Socio-Professionnelles<br />
<strong>Le</strong> Dr Gilbert Guiraud prend sa retraite ! BL<br />
Au secours !!! J’attends mon successeur <strong>de</strong> pied ferme !<br />
Blandine Galmiche-Zeller<br />
Démographie <strong>de</strong>s rhumatologues : où vont les nouveaux diplômés ?<br />
Cotisations CARMF : hausse modérée pour <strong>2009</strong>…<br />
mais potentiellement énorme avec la réforme attendue <strong>de</strong> l’ASV<br />
Brèves<br />
Sale temps pour les honoraires libres !<br />
Dépêches<br />
Jean-Pol Durand<br />
Est-il toujours opportun <strong>de</strong> créer une SEL ?<br />
Rémi Dumas<br />
Rubrique juridique<br />
<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin libéral et son personnel : principales recommandations<br />
Benjamin Attali, juriste<br />
Industrie<br />
Dernières nouvelles<br />
Dr Michel Bodin<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
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FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
Diagnostic du conflit fémoro<br />
acétabulaire et traitement arthroscopique<br />
Alexis NOGIER*,** - Thierry BOYER* - Frédéric LAUDE**<br />
* Institut Nollet, 23 rue Brochant 75017 PARIS - ** CMC Paris V, 36 boulevard Saint Marcel.<br />
L<br />
e syndrome du conflit fémoro-acétabulaire est un dysfonctionnement mécanique <strong>de</strong> la<br />
hanche associant la tria<strong>de</strong> radio clinique suivante (figures 1a et 1b) :<br />
- Excès <strong>de</strong> couverture cotyloïdienne ou trouble <strong>de</strong> la sphéricité <strong>de</strong> la tête fémorale ;<br />
- Mouvements <strong>de</strong> hanche excessivement amples répétés dans la pratique <strong>de</strong> certains sports ;<br />
- Lésions articulaires périphériques évoluant vers l’arthrose.<br />
La présence d’une douleur <strong>de</strong> hanche chez un sujet jeune doit systématiquement évoquer le diagnostic <strong>de</strong><br />
conflit fémoro acétabulaire et faire dépister <strong>de</strong>s anomalies radiologiques mineures causales. La pratique<br />
d’un sport avec mouvements amples <strong>de</strong> hanche complète le syndrome et conduit à chercher les dégâts<br />
articulaires engendrés par le conflit : lésions labrales, cartilagineuses, voire arthrose installée(1).<br />
Terrain<br />
<strong>Le</strong> conflit <strong>de</strong> hanche survient principalement chez le sujet<br />
jeune et sportif. <strong>Le</strong> mécanisme physiopathologique du<br />
conflit étant une amplitu<strong>de</strong> excessive du mouvement, il faut<br />
noter la pratique <strong>de</strong> sport en relation avec ce mécanisme<br />
: sport <strong>de</strong> combat <strong>de</strong> pieds, football ou autres… <strong>Le</strong>s sports<br />
particulièrement pourvoyeurs <strong>de</strong> conflits <strong>de</strong> hanche sont<br />
ceux qui sollicitent la coxofémorale en rotation interne,<br />
tels que les sports <strong>de</strong> combat <strong>de</strong> pieds. La danse classique<br />
entraîne peu <strong>de</strong> conflit en raison du travail prédominant<br />
en rotation externe, tandis que certaines chorégraphies<br />
mo<strong>de</strong>rnes qui sollicitent les hanches en rotation interne<br />
entraînent <strong>de</strong>s conflits.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
DiagnosTic clinique<br />
a. Symptômes<br />
Figures 1a et 1b : <strong>Le</strong> conflit <strong>de</strong> hanche associe<br />
<strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong> la tête fémorale et<br />
<strong>de</strong>s mouvements amples <strong>de</strong> hanche répétés dans<br />
la pratique <strong>de</strong> certains sports. Cette association<br />
pathologique entraîne <strong>de</strong>s lésions du labrum<br />
acétabulaire et du cartilage cotyloïdien.<br />
<strong>Le</strong> conflit <strong>de</strong> hanche entraîne typiquement une douleur<br />
inguinale mécanique. Une irradiation crurale <strong>de</strong> la douleur<br />
est fréquente ainsi qu’une localisation trochantérienne<br />
ou fessière. <strong>Le</strong> caractère mécanique <strong>de</strong>s symptômes est<br />
très net et le patient allègue souvent une douleur lors <strong>de</strong><br />
la position assise prolongée dans un fauteuil un peu bas<br />
ou en voiture. <strong>Le</strong> craquement ressenti dans la hanche est<br />
très typique d’une lésion du labrum acétabulaire ou d’un<br />
clapet cartilagineux causé par le conflit. Plus rarement, ces<br />
lésions instables peuvent entraîner <strong>de</strong> véritables blocages<br />
temporaires <strong>de</strong> la hanche.
. Examen physique<br />
<strong>Le</strong> premier signe physique évocateur <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong> hanche<br />
est un déficit <strong>de</strong> rotation interne <strong>de</strong> la coxofémorale. Ce<br />
signe traduit soit une couverture excessive <strong>de</strong> la paroi<br />
antérieure du cotyle, soit un trouble <strong>de</strong> la sphéricité <strong>de</strong> la<br />
tête fémorale, soit une rétroversion relative du col fémoral.<br />
<strong>Le</strong>s sujets jeunes souffrant <strong>de</strong> conflit fémoro acétabulaire<br />
présentent souvent, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute arthrose évoluée,<br />
une rotation interne <strong>de</strong> hanche déficiente, inférieure à vingt<br />
<strong>de</strong>grés voire nulle. L’absence <strong>de</strong> rotation interne naturelle<br />
couplée à la pratique d’un sport sollicitant la hanche en<br />
rotation interne doit entraîner une forte suspicion <strong>de</strong> conflit<br />
fémoro-acétabulaire.<br />
Pour confirmer le diagnostic, il faut rechercher le signe<br />
du conflit. Sur un mala<strong>de</strong>, allongé sur table d’examen, il<br />
faut fléchir progressivement la hanche en rapprochant le<br />
genou du menton tout en appuyant en rotation interne et<br />
en adduction, ce qui déclenche une douleur reconnue par<br />
le patient comme son principal symptôme. Cette manœuvre<br />
du conflit entraîne un écrasement du labrum acétabulaire<br />
par le col fémoral ce qui reproduit le mécanisme<br />
physiopathologique. Souvent, lors <strong>de</strong> cette manœuvre <strong>de</strong><br />
flexion, l’examinateur observe la fuite automatique du<br />
genou vers l’extérieur. Cette rotation externe automatique<br />
couplée à une abduction obligatoire témoigne d’un trouble<br />
dynamique <strong>de</strong> la coxofémorale et d’une tête fémorale<br />
ovale. Il s’agit, là encore, d’un très bon signe prédictif <strong>de</strong><br />
conflit <strong>de</strong> hanche.<br />
<strong>Le</strong> reste <strong>de</strong> l’examen est habituellement normal : bassin<br />
équilibré, appui monopodal stable, bonne contraction contre<br />
résistance <strong>de</strong>s muscles fessiers, absence d’amyotrophie ou<br />
<strong>de</strong> trouble neurologique, réflexes ostéotendineux vifs et<br />
symétriques.<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 9<br />
signes raDiologiques De confliT<br />
De hanche<br />
Il s’agit <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les anomalies radiologique<br />
pourvoyeuses <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong> hanche : rétroversion du cotyle,<br />
trouble <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong> la tête fémorale. (2)<br />
a. Bilan standard du conflit<br />
Tableau n°1 : Bilan d’imagerie du conflit <strong>de</strong> hanche, indication et apport <strong>de</strong> chaque examen.<br />
La radiographie du bassin <strong>de</strong>bout <strong>de</strong> face est indispensable<br />
à l’analyse <strong>de</strong>s repères ostéo-articulaires coxo-fémoraux.<br />
Ni le bassin couché ni la radiographie centrée sur la hanche<br />
n’ont <strong>de</strong> valeur.<br />
<strong>Le</strong> profil <strong>de</strong> DUCROQUET permet <strong>de</strong> visualiser les<br />
troubles <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong> la tête fémorale, en mettant<br />
particulièrement bien en évi<strong>de</strong>nce la partie antérieure <strong>de</strong><br />
la tête fémorale habituellement impliquée dans le conflit<br />
fémoro acétabulaire.<br />
<strong>Le</strong> faux profil <strong>de</strong> LEQUESNE doit être <strong>de</strong>mandé pour éliminer<br />
une coxarthrose débutante, visible très précocement sous la<br />
forme d’un pincement <strong>de</strong> la partie antérieure <strong>de</strong> l’interligne<br />
articulaire sur cette inci<strong>de</strong>nce. Tableau n°1.<br />
b. Signes positifs <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong> hanche<br />
- <strong>Le</strong> signe du croisement (rétroversion <strong>de</strong> la partie haute du<br />
cotyle)<br />
Sur la radiographie du bassin <strong>de</strong>bout <strong>de</strong> face, on observe<br />
la paroi antérieure et la paroi postérieure du cotyle. Sur une<br />
hanche normale, la paroi antérieure est moins couvrante<br />
que la paroi postérieure ce qui se traduit sur la radiographie<br />
par une paroi antérieure médiale et une paroi postérieure<br />
latérale.<br />
Imagerie Indication Apport<br />
Radiographie du bassin<br />
<strong>de</strong>bout <strong>de</strong> face<br />
Systématique - Signe du croisement (cotyle)<br />
- Trouble morphologique <strong>de</strong> la tête fémorale<br />
Profil <strong>de</strong> Ducroquet Systématique Trouble morphologique <strong>de</strong> la tête et du col à<br />
leur partie antérieure<br />
Faux profil <strong>de</strong> <strong>Le</strong>quesne En cas <strong>de</strong> suspicion d’arthrose En cas d’arthrose, pincement <strong>de</strong> la partie<br />
antérieure <strong>de</strong> l’interligne<br />
Arthroscanner<br />
- test anesthésique<br />
- infiltration d’Altim<br />
En vue <strong>de</strong> l’arthroscopie Lésion du labrum<br />
Lésion cartilagineuse cotyloïdienne<br />
Confirmation <strong>de</strong>s troubles morphologiques<br />
(cotyle et fémur)<br />
Dépistage d’un arthrose débutante<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
10<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
Dans le conflit <strong>de</strong> hanche, il existe habituellement<br />
une hyperplasie <strong>de</strong> la paroi antérieure cotyloïdienne,<br />
principalement à sa partie supérieure. Sur la radiographie,<br />
cela entraîne un croisement entre la paroi postérieure et la<br />
paroi antérieure (figures 2a et 2b).<br />
Figures 2a et 2b : Agrandissements <strong>de</strong> radiographies du bassin <strong>de</strong>bout<br />
<strong>de</strong> face. La hanche normale (2a) présente une antéversion globale du<br />
cotyle, la hanche prédisposée au conflit (2b) présente une rétroversion<br />
<strong>de</strong> la partie haute du cotyle, à l’origine d’un croisement entre les lignes<br />
radiologique <strong>de</strong>s parois cotyloïdiennes antérieures et postérieures.<br />
<strong>Le</strong> signe du croisement n’est valable ni sur le bassin couché ni sur la<br />
radiographie centrée sur la hanche.<br />
Paroi postérieure<br />
Figures 2a<br />
Figures 2b<br />
Antéversion<br />
normale<br />
Paroi antérieure<br />
Rétroversion<br />
pathologique<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
La présence <strong>de</strong> ce croisement radiologique entre les <strong>de</strong>ux<br />
parois cotyloïdiennes permet <strong>de</strong> supposer qu’il existe <strong>de</strong>s<br />
microtraumatismes répétés entre le col fémoral et la paroi<br />
antérieure du cotyle lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> flexion couplés<br />
à la rotation interne. Lorsque l’analyse <strong>de</strong> la radiographie<br />
ne permet pas <strong>de</strong> se prononcer sur la présence <strong>de</strong> ce signe,<br />
les coupes axiales du scanner permettent <strong>de</strong> déterminer s’il<br />
existe réellement une hyperplasie <strong>de</strong> la paroi antérieure du<br />
cotyle. Il est alors capital d’analyser toutes les coupes scanner<br />
aux différents niveaux (coupes passant par le sommet <strong>de</strong> la<br />
tête fémorale, par le milieu <strong>de</strong> la tête fémorale et par la<br />
partie inférieure <strong>de</strong> la tête fémorale). Figures 3a et 3b.<br />
Figures 3a et 3b : La rétroversion <strong>de</strong> la partie haute du cotyle est<br />
également visible sur <strong>de</strong>s coupes axiales <strong>de</strong> scanner. Lorsque la coupe<br />
passe par l’équateur <strong>de</strong> la tête, la paroi antérieure est moins couvrante<br />
que la paroi postérieure (3a). Lorsque la coupe passe au pôle supérieur<br />
<strong>de</strong> la tête fémorale, la paroi antérieure est plus couvrante que la paroi<br />
postérieure (3b). Ce type <strong>de</strong> cotyle prédispose au conflit <strong>de</strong> hanche.<br />
- <strong>Le</strong>s malformations fémorales pourvoyeuses <strong>de</strong> conflits<br />
<strong>de</strong> hanche sont multiples et doivent être cherchées sur<br />
toutes les inci<strong>de</strong>nces radiologiques et en particulier le<br />
profil <strong>de</strong> DUCROQUET. On peut observer <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong><br />
sphéricité <strong>de</strong> la tête fémorale (tête ovale, tête « carrée », tête<br />
phallique, …). On peut observer également <strong>de</strong>s séquelles<br />
d’épiphysiolyse avec bascule postérieure <strong>de</strong> l’épiphyse et<br />
proéminence antérieure du col cervical.
On peut également voir <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la jonction<br />
cervicocéphalique (col trop large, insuffisance d’échancrure<br />
entre la tête et le col fémoral). Figures 4a, 4b, 4c et 4d.<br />
Figure 5.<br />
Figures 4a à 4d. <strong>Le</strong>s anomalies <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong> la tête fémorale sont<br />
nombreuses et fréquentes. Il s’agit d’un facteur favorisant le conflit<br />
<strong>de</strong> hanche. Ces anomalies sont visibles sur la radiographie du bassin<br />
<strong>de</strong>bout <strong>de</strong> face. <strong>Le</strong> profil <strong>de</strong> Ducroquet est particulièrement adapté pour<br />
les préciser.<br />
Figure 4a : Profil <strong>de</strong> Ducroquet bilatéral. La hanche gauche est le siège<br />
d’une légère insuffisance d’échancrure entre la tête et le col, avec à cet<br />
endroit une géo<strong>de</strong> témoignant <strong>de</strong>s microtraumatismes répétés contre le<br />
cotyle lors <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong>s arts martiaux chez cet homme <strong>de</strong> 25 ans.<br />
Ce morphotype limite a suffit à engendrer un conflit <strong>de</strong> hanche.<br />
l<br />
Figure 4b : Profil <strong>de</strong> Ducroquet bilatéral chez un footballeur professionnel<br />
<strong>de</strong> 24 ans. Trouble <strong>de</strong> sphéricité manifeste bilatéral <strong>de</strong> la tête fémorale<br />
à sa partie antérieure. La dégradation <strong>de</strong> la hanche droite a été rapi<strong>de</strong><br />
puisque l’arthrose est actuellement installée.<br />
l<br />
l<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 11<br />
Figure 4c : Autre anomalie <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong>s têtes fémorales à l’origine<br />
d’un conflit bilatéral.<br />
Figure 4d : Bosse à la jonction tête col. Il ne s’agit pas d’un ostéophyte<br />
mais d’une séquelle <strong>de</strong> glissement épiphysaire. Lors <strong>de</strong>s mouvements<br />
amples <strong>de</strong> hanche, il survient un conflit fémoro-acétabulaire.<br />
Figure 5 : Faux profil <strong>de</strong> <strong>Le</strong>quesne. L’interligne articulaire normale doit<br />
être plus épaisse en avant qu’en arrière. Dans le cas ci-<strong>de</strong>ssous, il existe<br />
un pincement pathologique <strong>de</strong> la partie antérieure <strong>de</strong> l’interligne.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
12<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
arThroscanner De hanche :<br />
l’examen clé Du bilan<br />
a. Réalisation <strong>de</strong> l’arthroscanner<br />
L’arthroscanner est un excellent examen pour confirmer le<br />
diagnostic <strong>de</strong> conflit fémoro acétabulaire et pour préciser<br />
l’importance <strong>de</strong>s lésions articulaires secondaires. L’examen<br />
doit être couplé à une infiltration d’Altim et éventuellement<br />
à un test anesthésique afin d’affirmer le caractère articulaire<br />
<strong>de</strong>s symptômes.<br />
b. Signe arthroscanner <strong>de</strong> conflit (Fig. 6a et 6b)<br />
Figure 6a : Désinsertion du labrum antérieur, typique du conflit <strong>de</strong> hanche.<br />
Figure 6b : lésions articulaires périphériques typiques <strong>de</strong> conflit fémoro<br />
acétabulaire chez un sportif <strong>de</strong> 30 ans (lésion du cartilage cotyloïdien,<br />
lésion labrale, trouble <strong>de</strong> sphéricité fémorale aggravé par une<br />
ostéophytose débutante).<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
- L’arthroscanner confirme habituellement les troubles<br />
morphologiques osseux mis en évi<strong>de</strong>nce sur le bilan<br />
d’imagerie standard. On peut observer une hyperplasie <strong>de</strong><br />
la paroi antérieure du cotyle, un trouble <strong>de</strong> la sphéricité <strong>de</strong><br />
la tête fémorale, une anomalie <strong>de</strong> la jonction entre la tête et<br />
le col ou une bascule postérieure <strong>de</strong> l’épiphyse fémorale.<br />
- <strong>Le</strong> labrum acétabulaire étant l’élément le plus<br />
périphérique du cotyle, il se trouve le premier lésé lors <strong>de</strong>s<br />
microtraumatismes causés par le conflit. L’arthroscanner<br />
permet <strong>de</strong> le visualiser avec précision et <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />
une désinsertion à sa partie antérieure ou un écrasement<br />
ou toute autre lésion stable ou instable caractéristique.<br />
- En regard <strong>de</strong> la lésion du labrum, rarement absente<br />
chez le patient souffrant <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong> hanche, on observe<br />
régulièrement une lésion du cartilage cotyloïdien. Il s’agit<br />
parfois d’une fissure, parfois d’un véritable clapet ou d’un<br />
amincissement localisé du cartilage ou même encore d’une<br />
disparition complète focale. L’hyperpression causée par<br />
la tête fémorale non sphérique sur le labrum entraîne <strong>de</strong>s<br />
dégâts concomitants sur le cartilage cotyloïdien qui se trouve<br />
ainsi lésé. L’arthroscanner peut cependant méconnaître<br />
un décollement profond du cartilage cotyloïdien lorsqu’il<br />
n’existe ni amincissement <strong>de</strong> ce cartilage ni fissure faisant<br />
communiquer le décollement profond avec la cavité<br />
articulaire remplie <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> radio opaque. Dans ce cas,<br />
c’est l’IRM qui mettra en évi<strong>de</strong>nce la lésion profon<strong>de</strong> et la<br />
palpation au crochet du cartilage lors <strong>de</strong> l’arthroscopie<br />
permettra <strong>de</strong> visualiser un aspect <strong>de</strong> cartilage flottant décollé<br />
<strong>de</strong> l’os sous-chondral tout à fait caractéristique.<br />
- À un sta<strong>de</strong> plus avancé, les lésions labrales et cartilagineuses<br />
sont associées à <strong>de</strong>s lésions d’arthrose débutante. On peut<br />
observer <strong>de</strong>s micros géo<strong>de</strong>s cervicales dans la région micro<br />
traumatisée, <strong>de</strong>s con<strong>de</strong>nsations du cotyle au niveau <strong>de</strong> la<br />
paroi antérieure, voire une ostéophytose périphérique qui<br />
peut également se propager à la partie postéro inférieure <strong>de</strong><br />
l’articulation en raison du contrecoup lors <strong>de</strong>s mouvements<br />
excessifs <strong>de</strong> hanche.<br />
L’IRM contribue peu au diagnostic positif <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong><br />
hanche, mais permet d’éliminer d’autres diagnostics<br />
comme la nécrose.<br />
DiagnosTic DifférenTiel<br />
<strong>Le</strong> diagnostic <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong> hanche est habituellement posé<br />
avec retard chez <strong>de</strong>s sportifs traités pour pubalgie ou<br />
pour tendinopathie <strong>de</strong>s adducteurs. Il est primordial <strong>de</strong><br />
rechercher systématiquement le conflit fémoro acétabulaire<br />
chez tout sportif présentant une douleur <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> la<br />
hanche ou tout autre dysfonctionnement mécanique <strong>de</strong> type<br />
craquement ou blocage. L’examen neurologique permet <strong>de</strong><br />
différencier la cruralgie du conflit <strong>de</strong> hanche. L’examen <strong>de</strong>
la paroi abdominale est impératif pour ne pas méconnaître<br />
une hernie pariétale. En cas <strong>de</strong> diagnostic différentiel<br />
difficile, le test d’infiltration couplé au bloc anesthésique<br />
articulaire coxo fémoral est un élément clé <strong>de</strong> la décision<br />
diagnostique et thérapeutique.<br />
hisToire naTurelle Du confliT<br />
De hanche<br />
L’évolution spontanée du conflit fémoro acétabulaire est<br />
l’arthrose parfois précoce. Des anomalies morphologiques<br />
cotyloïdiennes et fémorales couplées à la pratique intensive<br />
<strong>de</strong> sport <strong>de</strong> combat <strong>de</strong> pieds entraînent régulièrement<br />
<strong>de</strong>s arthroses extrêmement rapi<strong>de</strong>s, douloureuses et<br />
enraidissantes avant la cinquantaine. Il faut distinguer<br />
l’enraidissement coxofémoral secondaire à l’installation<br />
d’une coxarthrose <strong>de</strong> la perte habituelle <strong>de</strong> la rotation interne<br />
observée avant toute arthrose chez <strong>de</strong>s patients prédisposés<br />
au conflit <strong>de</strong> hanche. L’analyse <strong>de</strong> la radiographie est<br />
capitale pour déterminer si les lésions <strong>de</strong> conflits sont<br />
isolées ou si une ostéophytose et un pincement articulaire<br />
sont installés.<br />
arThroscopie De hanche<br />
<strong>Le</strong> conflit fémoro-acétabulaire est une indication privilégiée<br />
d’arthroscopie <strong>de</strong> hanche. Lors d’une courte hospitalisation,<br />
l’arthroscopie est réalisée sous anesthésie générale sur table<br />
orthopédique. L’exploration vidéo <strong>de</strong> la cavité articulaire<br />
met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s lésions très typiques au cadran<br />
antérosupérieur du labrum acétabulaire ainsi qu’au niveau<br />
du cartilage cotyloïdien. <strong>Le</strong> trouble <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong> la tête<br />
fémorale est particulièrement bien visualisé, <strong>de</strong> même que<br />
toute autre malformation à la jonction du col et <strong>de</strong> la tête.<br />
<strong>Le</strong>s gestes thérapeutiques réalisés lors <strong>de</strong> l’arthroscopie ont<br />
<strong>de</strong>ux objectifs :<br />
- En premier, traiter les lésions douloureuses. L’instrumentation<br />
miniaturisée spécifique permet <strong>de</strong> réséquer une lésion du<br />
labrum ou une lésion instable cartilagineuse.<br />
- En objectif secondaire, corriger les malformations<br />
responsables <strong>de</strong>s micros traumatismes. <strong>Le</strong>s fraises<br />
motorisées permettent <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s résections partielles<br />
contrôlées <strong>de</strong> la paroi antérieure du cotyle lorsqu’elle est<br />
hyperplasique. D’autres résections localisées peuvent<br />
également intéresser la portion antérieure du col fémoral.<br />
<strong>Le</strong> but est <strong>de</strong> supprimer le conflit en flexion <strong>de</strong> hanche.<br />
<strong>Le</strong>s suites opératoires du geste arthroscopique permettent<br />
une reprise immédiate <strong>de</strong> l’appui et le sevrage <strong>de</strong>s béquilles<br />
en quelques jours habituellement. <strong>Le</strong> résultat est appréciable<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 13<br />
en quelques semaines et au maximum en quelques mois<br />
si les lésions sont importantes. La rééducation est <strong>de</strong> type<br />
fonctionnel compte tenu <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> lésion musculaire<br />
lors du geste arthroscopique.<br />
pronosTic<br />
<strong>Le</strong> pronostic après traitement d’un conflit fémoroacétabulaire<br />
par arthroscopie <strong>de</strong> hanche est étroitement<br />
corrélé à la présence <strong>de</strong> lésions cartilagineuses. <strong>Le</strong>s lésions<br />
du labrum isolées sans atteinte cartilagineuse associée ont<br />
un excellent pronostic avec un taux d’excellents résultats <strong>de</strong><br />
90 %. La présence <strong>de</strong> lésions cartilagineuses profon<strong>de</strong>s ou<br />
étendues est un facteur <strong>de</strong> mauvais pronostic démontré. <strong>Le</strong><br />
pronostic est défavorable lorsque ces lésions cartilagineuses<br />
sont associées à <strong>de</strong>s lésions arthrosiques installées et<br />
particulièrement en cas <strong>de</strong> pincement <strong>de</strong> l’interligne.<br />
inDicaTion<br />
Lorsque le conflit <strong>de</strong> hanche est diagnostiqué, la suppression<br />
du geste ou du sport responsable est nécessaire mais suffit<br />
rarement à soulager les symptômes dus à une lésion du<br />
labrum ou du cartilage cotyloïdien.<br />
L’arthroscopie <strong>de</strong> hanche est indiquée dans tous les cas <strong>de</strong><br />
conflit fémoro acétabulaire résistant au traitement médical<br />
ou à l’arrêt du sport, particulièrement chez les sujets jeunes<br />
car l’enjeu est non seulement <strong>de</strong> traiter une lésion labrale<br />
ou cartilagineuse mais encore <strong>de</strong> protéger la hanche d’une<br />
arthrose secondaire. (3)<br />
L’arthroscopie <strong>de</strong> hanche est discutable mais parfois vali<strong>de</strong><br />
lorsque les lésions arthrosiques sont installées.<br />
L’indication d’implantation d’une prothèse totale <strong>de</strong> hanche<br />
chez un patient présentant une coxarthrose secondaire à un<br />
conflit fémoro acétabulaire doit tenir compte du mécanisme<br />
physiopathologique <strong>de</strong> l’arthrose. <strong>Le</strong> positionnement <strong>de</strong>s<br />
implants doit garantir au patient la possibilité <strong>de</strong> pratiquer<br />
les mouvements <strong>de</strong> la vie quotidienne sans risquer la<br />
reproduction d’un conflit entre les pièces prothétiques.<br />
références<br />
1. GANZ R, PARViZi J, LEUNiG M, SiEBENROCK KA. Femoroacetabular<br />
impingement : a cause for osteoarthritis of the hip. Clin. Orthop. 2003 ;417 :112-20.<br />
2. NOTZLi HP, WYSS TF, STOECKLiN CH, SCHMiD MR, TREiBER K,<br />
HODLER J. The contour of the femoral head-neck junction as a predictor for<br />
the risk of anterior impingement. J Bone Joint Surg. 2002; 84B:556-60.<br />
3. BEAULE PE, LEDUFF MJ, ZARAGOZA EJ. Quality of Life outcome of<br />
femoral head-neck osteochondroplasty for femoroacetabular impingement.<br />
J Bone Joint Surg Am. 2007 Apr;89(4):773-9.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 15<br />
La maladie <strong>de</strong> Behçet en <strong>2009</strong><br />
L<br />
a maladie <strong>de</strong> Behçhet (MB) a été décrite en 1937 par le <strong>de</strong>rmatologue turque,<br />
Hulusi Behçet [1]. Il s’agit d’une maladie systémique non auto-immune faisant partie <strong>de</strong>s<br />
vascularites primitives non nécrosantes. Ses principales manifestations sont cutanéo-muqueues,<br />
mais les atteintes articulaires ne sont pas rares et les atteintes oculaires et neurologiques sont sévères. Son<br />
diagnostic, parfois difficile, repose sur les critères internationaux <strong>de</strong> 1990 [2]. La MB est un parent pauvre<br />
<strong>de</strong> la rhumatologie anglo-saxonne [3], n’ayant droit qu’à 6 pages dans un Textbook <strong>de</strong> référence [4] ; mais<br />
elle est une maladie d’actualité, peut-être sous l’influence <strong>de</strong> l’immigration en Europe. Son traitement vient<br />
d’ailleurs <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> recommandations européennes en 2008 [5].<br />
1. epiDémiologie<br />
<strong>Le</strong>s symptômes <strong>de</strong> la MB débutent chez l’adulte jeune,<br />
habituellement entre 18 et 40 ans [6]. Elle est plus fréquente<br />
et plus grave chez l’homme dans les pays du pourtour<br />
méditerranéen, mais les femmes sont aussi souvent atteintes<br />
que les hommes en Chine et au Japon.<br />
Si la MB est ubiquitaire, il existe <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s disparités<br />
<strong>de</strong> prévalence selon les populations. Dans les gran<strong>de</strong>s<br />
villes <strong>de</strong> la partie orientale <strong>de</strong> la Turquie, sa prévalence<br />
a été estimée entre 110 et 420/100.000 dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
récentes [7]. Il est notable que sa prévalence soit inférieure<br />
dans la partie occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> la Turquie située en Thrace<br />
[3]. En Iran et en Arabie Saoudite, la prévalence <strong>de</strong> la MB<br />
est respectivement <strong>de</strong> 16 et 20/100.000 [1]. La prévalence<br />
<strong>de</strong> la MB dans les pays d’Afrique du Nord est mal connue.<br />
Au Japon, elle semble se situer entre 7 et 30/100.000<br />
[1, 7]. En Europe, il existe schématiquement un gradient<br />
Nord-Sud avec une prévalence allant <strong>de</strong> 0,64/100.000<br />
aux Royaume-Uni à 7/100.000 en Espagne [1]. Mais<br />
l’estimation <strong>de</strong> la prévalence <strong>de</strong> la MB en Europe doit tenir<br />
compte <strong>de</strong>s populations étudiées. Ainsi, en Allemagne, elle<br />
a été estimée à 1,47/100.000 à Berlin mais à 77/100.000<br />
dans la sous-population d’origine Turque. En France, Mahr<br />
et al. [8] viennent <strong>de</strong> rapporter une étu<strong>de</strong> épidémiologique<br />
<strong>de</strong> la prévalence <strong>de</strong> la MB chez les adultes vivant dans<br />
le département <strong>de</strong> Seine Saint-Denis où 26 % <strong>de</strong> la<br />
population est d’origine non européenne. Si la prévalence<br />
globale est <strong>de</strong> 7,1/100.000, l’analyse selon l’origine <strong>de</strong>s<br />
sujets montre une prévalence <strong>de</strong> 2,4/100.000 dans la<br />
population d’origine européenne, <strong>de</strong> 17,5/100.000 dans<br />
celle d’origine Turque ou asiatique et <strong>de</strong> 34,6/100.000<br />
Edouard Pertuiset<br />
Centre Hospitalier René Dubos, Pontoise<br />
dans celle originaire d’Afrique du Nord. De plus, dans ces<br />
<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières populations, la prévalence <strong>de</strong> la MB n’était<br />
pas différente selon l’âge au moment <strong>de</strong> l’immigration en<br />
France. La MB apparaît beaucoup plus rare en Afrique<br />
subsaharienne qu’en Afrique du nord.<br />
2. physiopaThologie<br />
La physiopathologie <strong>de</strong> la MB reste imparfaitement<br />
élucidée.<br />
Susceptibilité génétique<br />
L’association entre la MB et l’antigène HLA-B51 a été<br />
rapportée en 1982 par Ohno dans la population japonaise<br />
et a été confirmée dans <strong>de</strong> nombreuses autres populations<br />
d’origines géographique et ethnique différentes (tableau 1)<br />
[1]. Dans une majorité <strong>de</strong> pays, la prévalence <strong>de</strong> HLA-B51<br />
varie <strong>de</strong> 50 à 75 % chez les mala<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> 10 à 30 % chez<br />
les témoins. <strong>Le</strong> risque relatif lié à l’allèle HLA-B51 peut varier<br />
selon les populations <strong>de</strong> 3 à 15. Dans bon nombre <strong>de</strong> pays,<br />
le RR se situe entre 7 et 9. La mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la même<br />
association dans les différentes ethnies pourrait être en<br />
faveur <strong>de</strong> l’hypothèse <strong>de</strong> la « route <strong>de</strong> la soie » : la maladie<br />
se serait développée dans le pourtour méditerranéen (partie<br />
orientale) et aurait migré à travers l’Asie par l’intermédiaire<br />
<strong>de</strong>s nombreux marchands et caravanes qui empruntaient<br />
cet itinéraire commercial ouvert dès le IIè siècle avant<br />
Jésus-Christ. Ce serait donc la mixité génétique <strong>de</strong>s<br />
populations qui aurait permis la diffusion <strong>de</strong> la maladie par<br />
l’intermédiaire, au moins en partie, <strong>de</strong> l’allèle HLA-B51.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
16<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
Parmi les 25 variants alléliques connus <strong>de</strong> HLA-B51, aucun<br />
d’entre eux n’est plus spécifiquement associé à la MB.<br />
La manière dont le gène HLA-B51 favorise la survenue <strong>de</strong><br />
la MB n’est pas connue et les souris transgéniques pour<br />
HLA-B51 ne présentent aucune lésion évocatrice <strong>de</strong> MB.<br />
L’absence d’explication physiopathologique <strong>de</strong> cette relation<br />
a fait émettre l’hypothèse que le facteur génétique favorisant<br />
soit un autre gène en déséquilibre <strong>de</strong> liaison avec HLA-B51.<br />
On a incriminé les gènes MIC (MHC class I related), MICA<br />
et MICB. Il est possible qu’il existe un effet combiné <strong>de</strong><br />
HLA-B51 et <strong>de</strong>s gènes MICA-A6 et MICA09 [1]. Par ailleurs,<br />
une étu<strong>de</strong> effectuée chez <strong>de</strong>s sujets britanniques a mis en<br />
évi<strong>de</strong>nce une association entre la MB et l’allèle 1031C<br />
du gène du TNFa qui est une <strong>de</strong>s cytokines clés <strong>de</strong> la MB,<br />
association indépendante <strong>de</strong> HLA-B51 et par laquelle la<br />
production <strong>de</strong> TNFa pourrait être augmentée au cours <strong>de</strong><br />
la MB [9]. Plus récemment, cette association a été retrouvée<br />
dans <strong>de</strong>s populations turque [10] et tunisienne [11], avec<br />
<strong>de</strong>s odds-ratio <strong>de</strong> 1,83 et 1,65 respectivement. L’étu<strong>de</strong> par<br />
screening génomique <strong>de</strong> familles turques multiplex pour<br />
la MB a récemment révélé l’existence <strong>de</strong> nombreux loci<br />
non liés aux systèmes HLA et associées à la MB [12]. <strong>Le</strong>urs<br />
transcrits ne sont pas connus.<br />
Une étu<strong>de</strong> turque en cours <strong>de</strong> publication montre une<br />
association (odds-ratio 1,88) entre la MB et l’allèle INT4<br />
G/C du gène <strong>de</strong> la protéine NRAMP1 présente sur les<br />
macrophages et jouant un rôle important dans <strong>de</strong> très<br />
Région et pays HLA B51+, %<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
nombreuses fonctions du macrophage : régulation <strong>de</strong>s<br />
chémokines, du TNFa, <strong>de</strong> l’IL-1b, <strong>de</strong> l’oxy<strong>de</strong> nitrique<br />
synthétase et <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s molécules HLA <strong>de</strong><br />
classe II [13].<br />
Facteurs environnementaux<br />
Sur la base <strong>de</strong>s données épidémiologiques, il est probable<br />
que <strong>de</strong>s facteurs environnementaux interviennent dans la<br />
MB. Des groupes ethniques prédisposés mais vivants dans<br />
d’autres pays que leur pays d’origine ont une fréquence<br />
moindre <strong>de</strong> la MB. Ceci a été constaté chez les turcs vivant en<br />
Allemagne par rapport à ceux vivant en Turquie et pour les<br />
japonais vivants à Hawaï par rapport à ceux vivant au Japon<br />
[3]. <strong>Le</strong>s publications concernant les jumeaux monozygotes<br />
semblent difficiles à interpréter. S’il existe <strong>de</strong> nombreux<br />
arguments pour penser que les facteurs génétiques jouent<br />
un rôle plus important que les facteurs environnementaux<br />
[3], la nature <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers reste incertaine. <strong>Le</strong>s virus <strong>de</strong> la<br />
famille herpès, <strong>de</strong> même que les streptocoques <strong>de</strong> la flore<br />
microbienne orale, ont été incriminés mais ne sauraient<br />
être <strong>de</strong>s facteurs infectieux spécifiques [1]. En revanche, <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s suggèrent que les lymphocytes T <strong>de</strong>s patients atteints<br />
<strong>de</strong> MB ont une hyper-réactivité aux antigènes bactériens<br />
en général, plutôt qu’une susceptibilité à une espèce<br />
bactérienne en particulier. On peut donc penser que les<br />
agents infectieux jouent un rôle déclenchant sur un terrain<br />
génétique prédisposé.<br />
Tableau 1. Fréquence <strong>de</strong> l’antigène HLA-B51 chez les mala<strong>de</strong>s atteints <strong>de</strong> maladie <strong>de</strong> Behçet et chez les témoins, selon les différents pays [d’après 1].<br />
Extrême-Orient<br />
- Japon<br />
- Corée<br />
- Chine<br />
Moyen Orient<br />
- Turquie<br />
- Arabie Saoudite<br />
- Israël<br />
- Irak<br />
- Iran<br />
Afrique du Nord<br />
- Egypte<br />
- Tunisie<br />
Europe<br />
- Espagne<br />
- Grèce<br />
- France<br />
- Royaume-Uni<br />
- Russie<br />
Maladie <strong>de</strong> Behçet Groupe contrôle Odds-ratio<br />
57<br />
44<br />
56<br />
77<br />
72<br />
75<br />
62<br />
53<br />
58<br />
62<br />
42<br />
79<br />
51<br />
25<br />
37<br />
14<br />
17<br />
12<br />
26<br />
26<br />
21<br />
29<br />
33<br />
7<br />
24<br />
21<br />
28<br />
13<br />
9<br />
15<br />
7,9<br />
4,0<br />
9,3<br />
9,2<br />
9,0<br />
11,5<br />
3,9<br />
2,3<br />
20,1<br />
5,2<br />
2,7<br />
9,7<br />
6,7<br />
3,3<br />
3,2
Réponses inflammatoire et immunologique<br />
<strong>Le</strong>s polynucléaires neutrophiles (PNN) jouent un rôle<br />
fondamental dans la physiopathologie <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> la<br />
MB [1]. Si l’on prend l’exemple <strong>de</strong> la réaction pathergique,<br />
il se produit une accumulation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> PNN au point<br />
<strong>de</strong> ponction <strong>de</strong> l’aiguille. Au bout <strong>de</strong> 48 heures, d’autres<br />
cellules affluent au sein du <strong>de</strong>rme : lymphocytes T,<br />
monocytes et macrophages. Mais les monocytes activés<br />
sécrètent <strong>de</strong>s cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-6, IL-8,<br />
TNFa) qui sont capables d’attirer et d’activer les PNN au<br />
sein <strong>de</strong>s tissus. Chez les patients atteints <strong>de</strong> MB, les PNN<br />
présentent <strong>de</strong> nombreuses anomalies : état d’activation in<br />
vivo, expression accrue <strong>de</strong>s récepteurs d’activation et <strong>de</strong>s<br />
chémokines, <strong>de</strong>s molécules d’adhésion, production en excès<br />
<strong>de</strong>s radicaux libres, activité phagocytaire accrue. De plus, la<br />
MB s’accompagne d’une augmentation <strong>de</strong> la sécrétion du<br />
monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO), qui est corrélée à l’activité <strong>de</strong> la<br />
maladie, et qui a plusieurs conséquences. <strong>Le</strong> NO favorise<br />
la persistance in situ <strong>de</strong>s PNN (inhibition <strong>de</strong> la migration)<br />
et favorise leur activation. L’hyperactivation <strong>de</strong>s PNN est<br />
directement à l’origine <strong>de</strong> lésions tissulaires <strong>de</strong> la MB.<br />
<strong>Le</strong>s autres cellules directement à l’origine <strong>de</strong> lésions<br />
tissulaires dans la MB sont les lymphocytes (Ly) T [1].<br />
Plusieurs sous-populations lymphocytaires T jouent un rôle<br />
dans la physiopathologie <strong>de</strong> la MB. <strong>Le</strong>s Ly T cytotoxiques,<br />
CD8+, CD56+, sont augmentés dans le sang et l’humeur<br />
aqueuse <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> MB. Il est possible que les<br />
cellules cibles <strong>de</strong>s Ly T cytotoxiques soient celles exprimant<br />
un pepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> MIC associé à un antigène HLA-I particulier,<br />
comme l’association MICA-B51. L’expression du gène<br />
MICA pouvant être favorisée par la protéine <strong>de</strong> choc<br />
thermique Hsp60 qui est surexprimée au sein <strong>de</strong>s lésions<br />
cutanées <strong>de</strong> la MB. A un sta<strong>de</strong> plus précoce <strong>de</strong> la réaction<br />
inflammatoire <strong>de</strong> la MB, les Ly T CD4+ <strong>de</strong> type Th1 jouent<br />
un rôle important, notamment en secrétant comme les<br />
monocytes <strong>de</strong>s cytokines pro-inflammatoires, dont l’IL8 et<br />
le TNFa. De même, les Ly Tgd jouent un rôle dans la MB<br />
comme en témoignent leur nombre accru dans le sang, leur<br />
état d’activation et leur présence au sein <strong>de</strong>s lésions actives<br />
où ils pourraient interagir avec les molécules Hsp.<br />
3. manifesTaTions cliniques<br />
Manifestations cutanéomuqueuses<br />
L’aphtose buccale, que rien ne distingue dans sa sémiologie<br />
<strong>de</strong>s autres aphtoses, existe dans 98 % <strong>de</strong>s cas et sa présence<br />
constitue une condition sine qua non au diagnostic selon<br />
les critères internationaux <strong>de</strong> 1990 [2]. Dans la majorité<br />
<strong>de</strong>s cas, l’aphtose buccale récidivante précè<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs<br />
années ou accompagne les autres manifestations <strong>de</strong> la MB,<br />
mais dans certains cas elle peut survenir plusieurs mois ou<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 17<br />
plusieurs années après <strong>de</strong>s manifestations extra-cutanées,<br />
rendant alors le diagnostic <strong>de</strong> MB difficile [1]. <strong>Le</strong>s ulcérations<br />
peuvent siéger dans n’importe quelle partie <strong>de</strong> la cavité<br />
buccale et guérissent sans séquelle dans les délais habituels.<br />
Certaines ont un caractère pseudo-herpétiforme. Elles sont<br />
parfois très invalidantes par leur caractère douloureux, leur<br />
nombre et leur évolution subintrante.<br />
L’aphtose génitale touche environ 65 % <strong>de</strong>s patients<br />
[1, 6] et est très évocatrice <strong>de</strong> MB. Son caractère douloureux<br />
est variable. Chez l’homme, le siège <strong>de</strong> prédilection est le<br />
scrotum (figure 1) où les ulcérations laissent une cicatrice<br />
dépigmentée permettant un diagnostic rétrospectif. Chez<br />
la femme, où elles siègent sur la vulve ou le vagin et sont<br />
parfois asymptomatiques, leur diagnostic est plus difficile.<br />
Figure 1. Lésions actives d’aphtose génitale du scrotum dans une maladie<br />
<strong>de</strong> Behçet.<br />
La pseudo-folliculite est évocatrice <strong>de</strong> la MB mais doit bien<br />
être distinguée <strong>de</strong> la folliculite : petite pustule non centrée<br />
par un poil et siégeant souvent sur <strong>de</strong>s sites comme les<br />
bras ou les jambes. On peut observer <strong>de</strong> véritables nodules<br />
acnéiformes. L’érythème noueux est une manifestation<br />
classique <strong>de</strong> la MB. <strong>Le</strong>s autres manifestations cutanées sont<br />
<strong>de</strong>s papules, <strong>de</strong>s vésicules, <strong>de</strong>s pustules, un purpura, <strong>de</strong>s<br />
aphtes cutanés et le pyo<strong>de</strong>rma gangrenosum.<br />
Figure 2. Lésion <strong>de</strong> pseudofoliculite (non centrée par un poil) dans une<br />
maladie <strong>de</strong> Behçet.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
18<br />
La biopsie cutanée d’une lésion <strong>de</strong> MB met en évi<strong>de</strong>nce<br />
un aspect <strong>de</strong> vascularite, <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur variable selon le<br />
type <strong>de</strong> lésion (<strong>de</strong>rme, hypo<strong>de</strong>rme), touchant les artérioles<br />
et les veinules avec <strong>de</strong>s aspects variables : infiltrat <strong>de</strong> PNN,<br />
vascularite leucocytoclasique, nécrose fibrinoï<strong>de</strong> <strong>de</strong> la paroi<br />
vasculaire, infiltrat lymphocytaire qui pourrait représenter une<br />
lésion plus ancienne [4]. À l’immunofluorescence, on peut<br />
observer <strong>de</strong>s dépôts vasculaires d’IgA, d’IgM et <strong>de</strong> C3 [1].<br />
Manifestations articulaires<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
<strong>Le</strong>ur fréquence est estimée entre 45 % et 68 % <strong>de</strong>s cas dans<br />
trois importantes séries [1, 14, 15]. Elles sont donc fréquentes,<br />
venant au second rang après les manifestations cutanéomuqueuses.<br />
Elles sont inaugurales <strong>de</strong> la MB dans 16 à<br />
19 % <strong>de</strong>s cas. Dans environ 1/3 <strong>de</strong>s cas elles surviennent en<br />
même temps que les manifestations cutanéo-muqueuses et<br />
dans environ 50 % <strong>de</strong>s cas elles surviennent après un délai<br />
moyen <strong>de</strong> 3 à 4 ans après les premiers signes <strong>de</strong> la MB.<br />
La MB peut être responsable d’arthralgies inflammatoires<br />
ou plus rarement <strong>de</strong> véritables arthrites. Elle touche avec<br />
prédilection les grosses articulations et les membres<br />
inférieurs, avec par ordre décroissant les genoux, les<br />
chevilles, les poignets et les cou<strong>de</strong>s. Quand il existe une<br />
arthrite, il peut s’agir d’une monoarthrite, d’une oligoarthrite<br />
ou d’une polyarthrite, cette <strong>de</strong>rnière étant plus fréquente<br />
chez la femme que chez l’homme. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas,<br />
il peut y avoir une atteinte <strong>de</strong>s petites articulations <strong>de</strong>s<br />
mains et <strong>de</strong>s pieds. Dans 2/3 <strong>de</strong>s cas l’atteinte articulaire<br />
évolue selon un mo<strong>de</strong> aigu. Dans les autres cas l’évolution<br />
est subaiguë ou plus rarement chronique. <strong>Le</strong>s recherches<br />
d’auto-anticorps sont négatives et les radiographies<br />
articulaires restent normales. <strong>Le</strong>s rares cas <strong>de</strong> polyarthrite<br />
chronique <strong>de</strong>structrice [14] correspon<strong>de</strong>nt probablement<br />
à <strong>de</strong>s associations avec <strong>de</strong>s polyarthrites rhumatoï<strong>de</strong>s<br />
séronégatives. En cas d’arthrite, l’analyse du liqui<strong>de</strong><br />
articulaire montre un liqui<strong>de</strong> inflammatoire, contenant<br />
habituellement <strong>de</strong> 5.000 à 50.000 éléments/mm 3, à<br />
prédominance <strong>de</strong> PNN. L’évolution <strong>de</strong> l’atteinte articulaire<br />
est volontiers récidivante et asymétrique.<br />
Certains auteurs ont rapporté chez <strong>de</strong>s hommes jeunes la<br />
présence <strong>de</strong> rachialgies inflammatoires dont la signification<br />
reste incertaine. Dans <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s nord-africaines, une<br />
sacro-iliite radiologique isolée était présente dans 6 à<br />
7,5 % <strong>de</strong>s cas [14, 15]. <strong>Le</strong>s associations rapportées avec<br />
la spondylarthrite ankylosante sont probablement fortuites,<br />
mais plusieurs auteurs pensent que la sacro-iliite fait partie<br />
<strong>de</strong>s atteintes axiales <strong>de</strong> la MB [15].<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
Atteinte oculaire<br />
L’atteinte oculaire est un facteur <strong>de</strong> gravité important : le<br />
plus souvent bilatérale, elle peut toucher les chambres<br />
antérieures et/ou postérieures, et met en jeu le pronostic<br />
fonctionnel par diverses complications pouvant aboutir à<br />
la cécité [1]. Elle est plus sévère chez l’homme. Elle touche<br />
surtout le sujet jeune et survient dans les premières années <strong>de</strong><br />
la MB, pouvant être inaugurale. C’est dire si la collaboration<br />
interactive avec l’ophtalmologiste est importante.<br />
L’uvéite antérieure se manifeste par une vision trouble,<br />
inconstamment associée à une douleur locale, une<br />
photophobie, un larmoiement. L’hypopion (épanchement<br />
purulent <strong>de</strong> la chambre antérieure, mobile avec les<br />
mouvements <strong>de</strong> la tête) est en fait rare et fugace. Parfois,<br />
seul l’examen à la lampe à fente met en évi<strong>de</strong>nce l’uvéite.<br />
L’évolution se fait par poussées et expose à <strong>de</strong>s complications :<br />
synéchies irido-cristalliniennes, glaucome secondaire.<br />
L’uvéite postérieure est plus fréquente, plus tardive et plus<br />
grave. Elle se manifeste par une diminution <strong>de</strong> l’acuité<br />
visuelle sans douleur. <strong>Le</strong> fond d’œil et l’angiographie à la<br />
fluorescéine mettent en évi<strong>de</strong>nce une vascularite occlusive<br />
et nécrosante, avec <strong>de</strong>s phénomènes d’œdème, <strong>de</strong>s plages<br />
ischémiques, <strong>de</strong>s hémorragies. Il peut se développer une<br />
prolifération vasculaire et une atteinte du vitré. Ces lésions,<br />
évoluant par poussées, peuvent aboutir à une cécité qui<br />
était présente classiquement dans 50 % <strong>de</strong>s cas dans les<br />
5 ans suivant le premier signe oculaire [1].<br />
Manifestations cardio-vasculaires<br />
Elles sont nombreuses et variées [1, 6]. L’atteinte cardiaque<br />
est en fait rare (1 à 6 % <strong>de</strong>s cas), pouvant se traduire par<br />
une péricardite, une coronarite, une myocardite ou encore<br />
une endocardite. <strong>Le</strong>s atteintes vasculaires sont dues à<br />
l’inflammation <strong>de</strong> la paroi vasculaire. <strong>Le</strong>s atteintes veineuses<br />
sont fréquentes (30 % <strong>de</strong>s cas). <strong>Le</strong>s thrombophlébites<br />
superficielles siègent le plus souvent aux membres inférieurs<br />
et sont volontiers fugaces et migratrices ; elles peuvent être<br />
confondues avec un érythème noueux.<br />
<strong>Le</strong>s thromboses veineuses profon<strong>de</strong>s peuvent toucher tous les<br />
troncs veineux. <strong>Le</strong>ur caractère emboligène est diversement<br />
apprécié. Elles sont réputées n’être pas, ou peu, emboligènes<br />
du fait <strong>de</strong> leur mécanisme (inflammation pariétale) et <strong>de</strong><br />
l’adhérence du thrombus à la paroi veineuse inflammatoire.<br />
Toutefois, pour Wechsler [1], dont l’expérience est gran<strong>de</strong>,<br />
leur caractère emboligène est certain (10 à 15 % <strong>de</strong>s cas<br />
<strong>de</strong>s thromboses).<br />
Outre les thromboses profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s membres inférieurs, la<br />
MB est caractérisée par la survenue possible <strong>de</strong> 4 gran<strong>de</strong>s<br />
localisations : veine cave inférieure (avec ou sans atteinte <strong>de</strong>s<br />
veines rénales et iliofémorales), veine cave supérieure (qui<br />
peut évoluer à bas bruit), veines sus-hépatiques (syndrome<br />
<strong>de</strong> Budd-Chiari), thrombophlébites cérébrales.
<strong>Le</strong>s atteintes <strong>de</strong>s artères <strong>de</strong> gros calibre peuvent toucher tous<br />
les territoires, avec une prédilection pour l’aorte abdominale<br />
et les artères pulmonaires. La fréquence <strong>de</strong> cette atteinte<br />
sévère a été longtemps sous-estimée, notamment du fait <strong>de</strong><br />
la latence clinique. Elle serait <strong>de</strong> 2 à 7 % [1]. Cette atteinte,<br />
souvent plurifocale, se manifeste par <strong>de</strong>s thromboses, <strong>de</strong>s<br />
sténoses et/ou <strong>de</strong>s anévrysmes qui peuvent se rompre. <strong>Le</strong>s<br />
complications <strong>de</strong> l’atteinte artérielle constituent une <strong>de</strong>s<br />
principales causes <strong>de</strong> décès lié à la MB [1].<br />
Neuro-Behçet<br />
Sa fréquence est d’environ 5 à 10 % <strong>de</strong>s cas [1, 6].<br />
Trois mécanismes sont impliqués :<br />
- La thrombophlébite cérébrale, à laquelle il faut toujours<br />
penser ici et dont le diagnostic repose sur l’IRM et l’angio-<br />
IRM.<br />
- L’atteinte parenchymateuse, sévère et <strong>de</strong> mauvais pronostic,<br />
réalise une méningo-encéphalite qui fournit <strong>de</strong>s tableaux<br />
cliniques très variés avec une prédilection pour le tronc<br />
cérébral. L’atteinte cérébelleuse est classique. <strong>Le</strong> LCR est le<br />
plus souvent anormal (hypercytose et hyperprotéinorachie)<br />
L’IRM est l’examen <strong>de</strong> référence, montrant les lésions<br />
récentes. <strong>Le</strong>s séquelles sont redoutables pouvant conduire<br />
à <strong>de</strong>s états grabataires. Il existe <strong>de</strong>s atteintes isolées <strong>de</strong> la<br />
moelle épinière.<br />
- <strong>Le</strong>s angéites cérébrales sont exceptionnelles.<br />
Entéro-Behçet<br />
<strong>Le</strong>s lésions aphteuses peuvent concerner n’importe quel<br />
segment du tube digestif et le tableau peut être très<br />
semblable à celui <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Crohn [1, 6].<br />
4. DiagnosTic<br />
De la malaDie De behçeT<br />
<strong>Le</strong>s critères internationaux <strong>de</strong> 1990 (tableau 2) sont <strong>de</strong>s<br />
critères <strong>de</strong> classification [2]. Ces critères sont exclusivement<br />
<strong>de</strong>rmatologiques et ophtalmologiques. Quand la maladie<br />
débute par une atteinte non <strong>de</strong>rmatologique, ces critères<br />
n’ont pas <strong>de</strong> valeur diagnostique.<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 19<br />
La mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> HLA-B51 apporte peu d’argument<br />
diagnostique compte tenu <strong>de</strong> sa fréquence supérieure<br />
à 10 % <strong>de</strong>s témoins et <strong>de</strong> sa prévalence variable mais<br />
inférieure à 80 %. Quant au test pathergique qui recherche<br />
l’hypersensibilité cutanée aux points <strong>de</strong> piqûre, son intérêt<br />
pratique est limité en France. La piqûre est réalisée à la face<br />
antérieure <strong>de</strong> l’avant-bras avec une aiguille <strong>de</strong> 21 Gauge<br />
(8-10 mm). La réaction doit être lue par un mé<strong>de</strong>cin dans<br />
les 24 à 48 heures. Un test positif est défini par une réaction<br />
papulo-pustuleuse au siège du point <strong>de</strong> piqûre. Il semble<br />
que son intérêt diagnostique soit variable selon l’ethnie,<br />
avec une sensibilité <strong>de</strong> 60 % chez les patients asiatiques<br />
et <strong>de</strong> seulement 5 % chez les sujets d’origine européenne<br />
[6]. De plus, sa sensibilité est diminuée par la désinfection<br />
cutanée et l’usage <strong>de</strong> matériel jetable [1].<br />
Comme souvent en mé<strong>de</strong>cine, le clinicien ne trouve que<br />
ce qu’il cherche. <strong>Le</strong> diagnostic <strong>de</strong> MB doit être évoqué,<br />
d’autant plus facilement que le sujet est jeune et originaire<br />
d’un pays où la maladie est fréquente (Turquie, Afrique<br />
du Nord, Moyen-Orient), <strong>de</strong>vant une uvéite, une atteinte<br />
rhumatologique inflammatoire, <strong>de</strong>s phlébites récidivantes ou<br />
<strong>de</strong> siège inhabituel, un tableau <strong>de</strong> méningo-encéphalite.<br />
Il faut alors rechercher une aphtose buccale récidivante, une<br />
aphtose génitale ou ses séquelles, une pseudo-folliculite,<br />
une hypersensibilité aux points <strong>de</strong> piqûre (prises <strong>de</strong> sang),<br />
une atteinte ophtalmologique par l’examen spécialisé.<br />
La biologie sanguine montre souvent un syndrome<br />
inflammatoire non spécifique. Il est nécessaire d’éliminer<br />
les nombreux diagnostics différentiels qui sont fonction du<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> présentation. Notamment, le tableau clinique peut<br />
être proche <strong>de</strong> celui d’une sarcoïdose (érythème noueux,<br />
uvéite, arthralgies), d’une arthrite réactionnelle (arthrites,<br />
ulcérations buccales et génitales), d’un lupus érythémateux<br />
systémique (arthralgies, ulcérations buccales, thrombose<br />
veineuse, atteinte neurologique), d’une maladie <strong>de</strong> Crohn<br />
(signes digestifs, érythème noueux, ulcérations bipolaires).<br />
L’aphtose idiopathique reste un diagnostic différentiel<br />
fréquent.<br />
Un Critère majeur Aphtose (mineure, majeure ou ulcérations herpétiformes) récidivant plus <strong>de</strong> 3 fois en 12 mois<br />
Présence d’au moins<br />
2 <strong>de</strong>s critères mineurs<br />
1) Ulcérations génitales récurrentes<br />
2) Lésions oculaires : uvéite antérieure, uvéite postérieure ou Tyndall à l’examen <strong>de</strong> la lampe à<br />
fente, ou vascularite rétinienne<br />
3) Lésions cutanées : érythème noueux, pseudo-folliculite ou lésions papulo-pustuleuses, nodules<br />
acnéiformes (pério<strong>de</strong> post-pubertaire et sans corticoï<strong>de</strong>s)<br />
4) test pathergique positif : lu par un mé<strong>de</strong>cin à 24-48 heures<br />
Ces critères sont applicables uniquement en l’absence d’autre explication clinique<br />
Sensibilité : 91%<br />
Spécificité : 96%<br />
Tableau 2. Critères <strong>de</strong> classification (1990) du groupe international<br />
d’étu<strong>de</strong> sur la maladie <strong>de</strong> Behçet [2]<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
20<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
5. TraiTemenT De la malaDie De<br />
behçeT<br />
Métho<strong>de</strong>s thérapeutiques [1, 6, 7]<br />
a) Traitements anti-inflammatoires<br />
<strong>Le</strong>s corticoï<strong>de</strong>s constituent le traitement anti-inflammatoire<br />
<strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la MB. Ils peuvent être utilisés par voie<br />
générale et à forte dose dans les formes sévères (oculaires<br />
et neurologiques notamment), mais aussi sous forme locale<br />
notamment dans les aphtes buccaux ou génitaux (5 mg <strong>de</strong><br />
prednisolone dans 20 ml d’eau 4 fois par jour), les uvéites<br />
antérieures et les arthrites (infiltration intra-articulaire). Dans<br />
les formes sévères, la corticodépendance est fréquente.<br />
b) La colchicine<br />
La colchicine, qui inhibe le chimiotactisme <strong>de</strong>s PNN, est<br />
souvent utilisée comme traitement <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> la MB à la<br />
posologie <strong>de</strong> 1 à 2 mg/j. Néanmoins, très peu d’étu<strong>de</strong>s<br />
contrôlées ont été effectuées et son <strong>de</strong>gré d’efficacité est<br />
diversement apprécié. Un essai randomisé <strong>de</strong> la colchicine<br />
1 à 2 mg/j contre placebo, a été réalisé en Turquie et<br />
publié en 2001 [16]. Il avait inclus 116 patients atteints<br />
<strong>de</strong> formes cutanéo-muqueuses et articulaires dont 84 ont<br />
terminé les <strong>de</strong>ux ans d’étu<strong>de</strong>. Il est possible que l’efficacité<br />
<strong>de</strong> la colchicine diffère selon le sexe. Chez la femme, la<br />
colchicine a eu un effet supérieur au placebo sur l’aphtose<br />
génitale, l’érythème noueux et les atteintes articulaires.<br />
Chez l’homme, seules les manifestations articulaires<br />
bénéficiaient <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> la colchicine. Ceci va à l’encontre<br />
<strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> Wechsler [1] pour qui la colchicine<br />
utilisée en continu diminue la sévérité <strong>de</strong>s atteintes cutanéomuqueuses<br />
et articulaires quel que soit le sexe, et pourrait<br />
prévenir la survenue <strong>de</strong> poussées sévères. Mais nous ne<br />
disposons pas ici <strong>de</strong> preuve scientifique, contrairement à<br />
l’hydroxychloroquine dans la maladie lupique.<br />
c) <strong>Le</strong> thalidomi<strong>de</strong><br />
<strong>Le</strong> thalidomi<strong>de</strong> à la posologie <strong>de</strong> 100 mg/j est efficace sur<br />
l’aphtose buccale et génitale, notamment dans les formes<br />
réfractaires. Mais, outre les précautions d’emploi liées à<br />
son effet tératogène, le risque <strong>de</strong> polynévrite et le risque <strong>de</strong><br />
thrombose veineuse doivent être bien pris en compte dans<br />
la décision thérapeutique.<br />
d) <strong>Le</strong>s immunosuppresseurs<br />
Ils sont toujours utilisés en association avec la corticothérapie<br />
et leur délai d’action doit être gardé à l’esprit dans les formes<br />
aiguës et sévères. L’efficacité <strong>de</strong> l’azathioprine (2,5 mg/kg/j)<br />
est bien démontrée dans les atteintes oculaires, cutanéomuqueuses<br />
et articulaires. <strong>Le</strong>s bolus IV <strong>de</strong> cyclophophami<strong>de</strong><br />
sont utilisés par certains dans les formes les plus sévères.<br />
D’autres préfèrent utiliser la ciclosporine (5 mg/kg/j), qui<br />
agirait plus rapi<strong>de</strong>ment et dont l’efficacité sur l’atteinte<br />
oculaire est démontrée ; mais elle entraîne <strong>de</strong> nombreux<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
effets indésirables et peut favoriser <strong>de</strong>s poussées <strong>de</strong> neuro-<br />
Behçet.<br />
e) L’interféron alpha (IFN-a)<br />
L’efficacité <strong>de</strong> l’IFN-a SC est certaine sur les manifestations<br />
oculaires réfractaires. Toutefois sa posologie est débattue,<br />
entre 3 et 9 millions d’unités 3 fois par semaine, la posologie<br />
influençant notablement les fréquents effets indésirables<br />
pouvant altérer la qualité <strong>de</strong> vie.<br />
f) <strong>Le</strong>s anti-TNFa<br />
La très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong>s anti-TNFa<br />
dans la MB repose sur l’utilisation <strong>de</strong> l’infliximab<br />
(5 mg/kg) dans les atteintes oculaires [17]. De nombreux<br />
cas cliniques et étu<strong>de</strong>s ouvertes montrent une efficacité<br />
importante et rapi<strong>de</strong> dans les atteintes oculaires sévères et<br />
actives, antérieures et postérieures, chez <strong>de</strong>s patients mal<br />
contrôlés par les corticoï<strong>de</strong>s et les immunosuppresseurs.<br />
De plus, il est efficace sur les atteintes cutanéo-muqueuses,<br />
articulaires et digestives. L’infliximab apparaît plus efficace<br />
ici que l’étanercept. L’expérience avec l’adalimumab reste<br />
limitée dans la MB. <strong>Le</strong> risque <strong>de</strong> tuberculose doit être tout<br />
particulièrement pris en compte.<br />
recommanDaTions européennes<br />
En décembre 2008, l’EULAR a publié 9 recommandations<br />
pour la prise en charge thérapeutique <strong>de</strong> la MB [5]. Elles sont<br />
résumées au tableau 3. Contrairement à ce qui est sousentendu<br />
dans ces recommandations, et en nous référant à<br />
l’expérience <strong>de</strong> Wechsler [1], nous pensons qu’il est délicat<br />
<strong>de</strong> ne pas mettre sous anticoagulant les patients ayant une<br />
thrombose veineuse profon<strong>de</strong>, au moins à titre temporaire<br />
et en l’absence <strong>de</strong> risque hémorragique particulier.<br />
c onclusion<br />
<strong>Le</strong> rhumatologue peut jouer un rôle important dans le<br />
diagnostic <strong>de</strong> la MB, d’autant plus qu’il exerce dans<br />
un territoire où la population comporte <strong>de</strong>s habitants<br />
faisant partie <strong>de</strong> familles originaires <strong>de</strong> pays du pourtour<br />
méditerranéen. Dans le bilan initial et le suivi, la recherche<br />
systématique d’une atteinte ophtalmologique <strong>de</strong> la MB<br />
par un spécialiste averti est fondamentale. La majorité <strong>de</strong>s<br />
atteintes articulaires sont contrôlées par la colchicine qui<br />
constitue un traitement <strong>de</strong> fond. La corticothérapie locale<br />
est utile dans les mono et oligo-arthrites <strong>de</strong>s genoux et <strong>de</strong>s<br />
chevilles. Dans les formes sévères et chroniques d’arthrites,<br />
on peut utiliser la corticothérapie générale associée à<br />
l’azathioprine ou au méthotrexate. <strong>Le</strong>s anti-TNFa ne sont<br />
utilisés ici qu’en <strong>de</strong>rnière intention.
Tableau 3. <strong>Le</strong>s 9 recommandations <strong>de</strong> l’EULAR pour le traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Behçet (MB) [5].<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 21<br />
1. Tout patient ayant une MB avec une atteinte oculaire du segment postérieur doit être traité par azathioprine (AZA) et corticothérapie<br />
générale<br />
2. Si l’atteinte oculaire est sévère (baisse <strong>de</strong> l’acuité visuelle <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2 points/10) et/ou atteinte rétinienne (vascularite, atteinte<br />
<strong>de</strong> la macula), il est recommandé d’associer soit la ciclosporine, soit l’infliximab, avec l’AZA + corticoï<strong>de</strong>s (l’association IFN-a +<br />
corticoï<strong>de</strong>s constituant une alternative)<br />
3. Il n’existe pas <strong>de</strong> preuve formelle concernant le traitement <strong>de</strong>s atteintes vasculaires <strong>de</strong>s gros vaisseaux. La corticothérapie et<br />
les immunosuppresseurs (IS) sont recommandés.<br />
4. Il n’existe pas <strong>de</strong> preuve formelle <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s anticoagulants ou <strong>de</strong>s antiagrégants sur les thromboses vasculaires <strong>de</strong> la MB.<br />
5. <strong>Le</strong> traitement <strong>de</strong>s atteintes digestives ne repose pas sur <strong>de</strong>s preuves. On peut utiliser (entre autres) les corticoï<strong>de</strong>s, l’AZA et les<br />
anti-TNFα.<br />
6. Chez la plupart <strong>de</strong>s patients avec une MB, l’atteinte articulaire peut être pris en charge grâce à la colchicine.<br />
7. Il n’existe pas d’étu<strong>de</strong> contrôlée pour le traitement du neuro-Behçet. <strong>Le</strong>s corticoï<strong>de</strong>s sont toujours recommandés. <strong>Le</strong>s atteintes<br />
parenchymateuses peuvent être traités par AZA, IFN-a, cyclophosphami<strong>de</strong>, méthotrexate ou anti-TNFa.<br />
8. La ciclosporine ne doit pas être utilisée dans le neuro-Behçet sauf si l’atteinte oculaire l’exige.<br />
9. La décision <strong>de</strong> traiter ou non l’atteinte cutanéo-muqueuse dépend du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> sévérité perçu par le mé<strong>de</strong>cin et le mala<strong>de</strong>.<br />
<strong>Le</strong>s modalités thérapeutiques dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la lésion dominante ou codominante :<br />
- la corticothérapie locale est le traitement <strong>de</strong> première intention <strong>de</strong>s aphtes buccaux et génitaux<br />
- les lésions acnéiformes relèvent <strong>de</strong>s traitements locaux à l’instar <strong>de</strong> l’acné<br />
- si la lésion prédominante est l’érythème noueux, la colchicine est indiquée<br />
- les ulcères <strong>de</strong> jambes chez les patients atteints <strong>de</strong> MB doivent être traités selon l’étiologie précise<br />
- dans les cas réfractaires, on peut utiliser l’AZA, l’IFN-a ou les anti-TNFa.<br />
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1049-55.<br />
15. Ait Badi MA, Zyani M, Kaddouri S et al. <strong>Le</strong>s manifestations articulaires <strong>de</strong> la<br />
maladie <strong>de</strong> Behçet. A propos <strong>de</strong> 79 cas. Rev Méd interne 2008 ; 29 : 277-82.<br />
16. Yurdakul S, mat C, Ozyazgan Y et al. A double-blind trial of colchicine in<br />
Behçet’s syndrome. Arthritis Rheum 2001 ; 44 : 2686-92.<br />
17. Sfikakis PP, Markomichelakis N, Alpsoy E et al. Anti-TNF therapy in the<br />
management of Behçet’s disease – review and basis for recommendations.<br />
Rheumatology 2007 ; 46 : 736-41.<br />
Remerciements :<br />
Nous remercions le Dr Edouard Begon pour<br />
l’iconographie <strong>de</strong>rmatologique.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 23<br />
Vitamine D :<br />
quelle dose pour un maximum d’efficacité ?<br />
L<br />
a vitamine D est une <strong>de</strong>s vitamines liposolubles <strong>de</strong> notre organisme. Il est difficile <strong>de</strong><br />
proposer <strong>de</strong>s apports nutritionnels conseillés pour cette vitamine en raison <strong>de</strong> sa double origine :<br />
alimentaire et endogène via l’épi<strong>de</strong>rme.<br />
La vitamine D peut jouer <strong>de</strong> nombreux rôles sur l’organisme, en particulier au niveau osseux mais également<br />
extra-osseux. En effet, <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s se sont intéressées à la vitamine D et à ses effets sur les cancers,<br />
les maladies auto-immunes, les maladies infectieuses ou cardiovasculaires. Devant l’importance que joue cette<br />
vitamine dans l’organisme, il semble que les doses jusqu’alors conseillées soient <strong>de</strong> plus en plus discutées.<br />
Devons-nous repenser les apports conseillés en vitamine D et dans l’affirmative peut-on lier la dose recommandée<br />
à la pathologie ?<br />
ViTamine D, quelques DéfiniTions<br />
Carence [1, 2]<br />
définie par le niveau <strong>de</strong> 25-hydroxyvitamine D dans le<br />
sérum < 20 ng/ml (50 nmol/L).<br />
Insuffisance [1, 2]<br />
définie par le niveau <strong>de</strong> 25-hydroxyvitamine D dans le<br />
sérum compris entre 20 - 30 ng/ml (50 - 75 nmol/L).<br />
Afin d’éviter une sous-évaluation, il est nécessaire <strong>de</strong> doser à<br />
la fois la vitamine D2 et <strong>de</strong> la vitamine D3. Tous les laboratoires<br />
d’analyse médicale ne le font pas systématiquement, il faut<br />
donc le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r expressément.<br />
Intoxication [3]<br />
définie par le niveau <strong>de</strong> 25-hydroxyvitamine D dans le<br />
sérum > 80-100 ng/ml (200-250 nmol/L).<br />
La posologie <strong>de</strong> la vitamine D est souvent donnée en unités<br />
internationales (UI) d’activité antirachitique plutôt qu’en<br />
microgrammes (µg).<br />
Pour s’y retrouver, il est utile <strong>de</strong> savoir que :<br />
1 mg <strong>de</strong> vitamine D3 équivaut à 2.6 µmol ou à 40 000 UI.<br />
ViTamine D : Trop ou Trop peu ?<br />
La principale fonction <strong>de</strong> la vitamine D est d’augmenter<br />
la capacité d’absorption <strong>de</strong> l’intestin pour le calcium et le<br />
phosphore, ce qui permet :<br />
- d’assurer une minéralisation optimale <strong>de</strong>s tissus<br />
minéralisés,<br />
- <strong>de</strong> contribuer au maintien <strong>de</strong>s concentrations plasmatiques<br />
du calcium et du phosphore.<br />
Dr Serge Dard, Laetitia Courme, Paris<br />
Autres effets <strong>de</strong> la vitamine D<br />
La 1,25 hydroxyvitamine D3 :<br />
- inhibe la synthèse <strong>de</strong> rénine [5],<br />
- augmente la production d’insuline [6],<br />
- augmente la contraction du muscle cardiaque [7].<br />
a) Fréquence <strong>de</strong> l’insuffisance en vitamine D<br />
Un milliard <strong>de</strong> personnes souffrent <strong>de</strong> carence ou<br />
d’insuffisance en vitamine D dans le mon<strong>de</strong>. [8]<br />
En France, elle touche près <strong>de</strong> 60 % <strong>de</strong>s femmes<br />
ménopausées ostéoporotiques. [9]<br />
Tous les rhumatologues savent que <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque<br />
existent comme la faible exposition au soleil ou le non accès<br />
à un rayonnement solaire efficace (à cause <strong>de</strong> la pollution<br />
atmosphérique par exemple), une forte pigmentation<br />
cutanée, <strong>de</strong>s régimes alimentaires spécifiques (végétarien<br />
ou macrobiotique particulièrement pauvre en vitamine D) ou<br />
encore <strong>de</strong>s pathologies ou <strong>de</strong>s traitements médicamenteux<br />
induisant une malabsorption intestinale ou affectant une<br />
<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> production endogène <strong>de</strong> la vitamine D<br />
– tel que les troubles hépatodigestifs avec malabsorption<br />
intestinale (entéropathie au gluten, maladie cœliaque<br />
<strong>de</strong> l’adulte), les affections <strong>de</strong>rmatologiques étendues,<br />
la prise d’anticonvulsivants tels que le phénobarbital ou<br />
les phénylhydantoines (qui augmentent la conversion<br />
hépatique <strong>de</strong> la vitamine D en métabolites inactifs) dont il<br />
faut systématiquement rechercher la prise régulière.<br />
En France, où très peu d’aliments sont enrichis en vitamine D,<br />
les enfants et les adultes âgés urbains, les sujets âgés en<br />
institution, sont donc <strong>de</strong>s populations à risque d’insuffisance<br />
et <strong>de</strong> carence. [10]<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
24<br />
b) Insuffisance en vitamine D :<br />
troubles multiples et graves<br />
La vitamine D jouerait un large rôle dans les maladies<br />
chroniques, et pas uniquement dans les affections osseuses.<br />
De nombreuses étu<strong>de</strong>s d’observation et d’intervention font<br />
le lien entre la vitamine D et certaines maladies tels que le<br />
diabète, les troubles cardiovasculaires ou encore le cancer.<br />
i) Rappel <strong>de</strong>s signes cliniques <strong>de</strong> carence en vitamine D<br />
<strong>Le</strong> rachitisme <strong>de</strong> l’enfant et l’ostéomalacie <strong>de</strong> l’adulte sont<br />
biens connus, mais la baisse isolée <strong>de</strong> tonus musculaire,<br />
les crises <strong>de</strong> tétanie voire les convulsions (en relation avec<br />
une hypocalcémie), et parfois <strong>de</strong>s troubles hémorragiques<br />
accompagnés d’anémie doivent aussi évoquer une carence<br />
en vitamine D3. <strong>Le</strong> fait d’y penser également dans certains<br />
tableaux polyalgiques et myalgiques qui ne font pas leur<br />
preuve, a aidé à rendre plus rares les grands tableaux<br />
carenciels qui ont maintenant sans doute rarement le temps<br />
<strong>de</strong> se constituer, comme on le constate dans la pratique.<br />
C’est surtout après la ménopause et chez les personnes<br />
âgées que l’insuffisance en vitamine D constitue un terrain<br />
favorable à la perte osseuse et à l’ostéoporose. [4]<br />
ii) <strong>Le</strong>s troubles osseux (rappel physio-pathologique)<br />
L’interaction entre la 1,25 dihydroxyvitamine D et<br />
ses récepteurs augmente l’efficacité <strong>de</strong> l’absorption<br />
intestinale du calcium <strong>de</strong> 30 à 40 % et celle du phosphore<br />
d’approximativement 80 %. [8]<br />
Ainsi, lorsque le niveau <strong>de</strong> 25-hydroxyvitamine D est<br />
inférieur à 30 ng/ml il y a une augmentation significative<br />
<strong>de</strong> l’hormone parathyroïdienne [10], et une diminution<br />
significative <strong>de</strong> l’absorption intestinale <strong>de</strong> calcium [8].<br />
<strong>Le</strong> déséquilibre calcique provoqué par l’insuffisance en<br />
vitamine D entraine un défaut <strong>de</strong> minéralisation <strong>de</strong> la<br />
matrice osseuse. [11]<br />
iii) <strong>Le</strong>s troubles extra-osseux<br />
Des étu<strong>de</strong>s épidémiologiques à la fois prospectives et<br />
rétrospectives ont montré une association entre <strong>de</strong>s taux<br />
sanguins <strong>de</strong> vitamine D faibles et le risque accru <strong>de</strong> cancer,<br />
<strong>de</strong> diabète <strong>de</strong> type 1, <strong>de</strong> sclérose en plaques, d’hypertension<br />
artérielle et <strong>de</strong> maladies cardiovasculaires.<br />
Cancer :<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
Il apparait que les personnes vivant dans les hautes latitu<strong>de</strong>s<br />
(vers les pôles) ont un risque plus important <strong>de</strong> développer<br />
<strong>de</strong>s cancers (cancer du sein, du colon, du pancréas…). [12]<br />
Ce constat a été renforcé par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s démontrant<br />
l’association entre faible taux sanguin <strong>de</strong> vitamine D et<br />
inci<strong>de</strong>nce du cancer.<br />
Une étu<strong>de</strong> prospective récente réalisée chez plus <strong>de</strong> 40 000<br />
hommes a montré que l’insuffisance en vitamine D était<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
associée avec une inci<strong>de</strong>nce du cancer plus élevée, en<br />
particulier du cancer du système digestif. [13]<br />
Dans l’étu<strong>de</strong> « Women’s Health Initiative », les participantes<br />
ayant une concentration en 25 hydroxyvitamine D inférieur<br />
à 12ng/ml (30nmol/L) ont 253 % plus <strong>de</strong> risque <strong>de</strong><br />
développer un cancer colorectal dans les 8 ans. [14]<br />
Tonus Musculaire :<br />
L’insuffisance en vitamine D semble avoir une inci<strong>de</strong>nce<br />
sur les douleurs musculaires. En effet, plus <strong>de</strong> 90 % d’une<br />
cohorte <strong>de</strong> 150 personnes âgées <strong>de</strong> 10 à 65 ans ayant <strong>de</strong>s<br />
douleurs musculaires indéterminées avaient une carence en<br />
vitamine D (taux sanguin ≤ 20 ng/ml) [15] . Ainsi, chez<br />
l’adulte, il est toujours nécessaire, entre autre, d’éliminer<br />
aussi l’insuffisance vitaminique D avant <strong>de</strong> retenir le<br />
diagnostic <strong>de</strong> fibromyalgie.<br />
De même, l’insuffisance en vitamine D est associée à une<br />
faiblesse musculaire et à une capacité <strong>de</strong> marche plus<br />
faible : le dosage <strong>de</strong> la vitamine D mérite d’être toujours<br />
vérifié chez le sujet âgé. [16]<br />
Maladies infectieuses et auto-immunes :<br />
Une association entre l’insuffisance en vitamine D et <strong>de</strong>s<br />
troubles du système immunitaire a été démontrée sur<br />
modèle animal et humain. L’insuffisance en vitamine D est<br />
notamment corrélée avec une inci<strong>de</strong>nce plus élevée <strong>de</strong> la<br />
tuberculose. [17]<br />
De même d’autres étu<strong>de</strong>s ont montré un lien entre le taux<br />
sanguin <strong>de</strong> vitamine D et la sclérose en plaque. Dans une<br />
étu<strong>de</strong> prospective menée en 2006 sur 771 personnes<br />
caucasiennes, le risque <strong>de</strong> sclérose en plaque diminue<br />
<strong>de</strong> 41 % pour chaque augmentation du taux sanguin <strong>de</strong><br />
25 hydroxyvitamine D <strong>de</strong> 50 nmol/L. [18]<br />
Pathologies cardiaques :<br />
<strong>Le</strong>s personnes vivant dans les latitu<strong>de</strong>s élevées ont un risque<br />
plus important <strong>de</strong> développer une hypertension artérielle.<br />
[19]<br />
<strong>Le</strong>s acci<strong>de</strong>nts cardiovasculaires semblent être associés à<br />
l’insuffisance en vitamine D :<br />
- <strong>Le</strong> risque cardiovasculaire est en effet multiplié par 1,8<br />
pour les personnes ayant un taux sanguin <strong>de</strong> vitamine D<br />
inférieur à 10ng/ml. [20]<br />
- Une étu<strong>de</strong> prospective menée pendant 10 ans sur<br />
18 225 hommes âgés <strong>de</strong> 40 à 75 ans a <strong>de</strong> plus montré que<br />
le risque d’avoir un infarctus du myocar<strong>de</strong> était multiplié<br />
par 2.42 chez les hommes ayant un taux plasmatique <strong>de</strong><br />
vitamine D inférieur à 15 ng/ml par rapport à ceux ayant un<br />
taux supérieur à 30 ng/ml. Ces résultats restent significatifs<br />
après ajustement sur les antécé<strong>de</strong>nts familiaux, la région,<br />
la consommation d’alcool, d’oméga 3, l’indice <strong>de</strong> masse<br />
corporel, l’activité physique, le taux <strong>de</strong> cholestérol et <strong>de</strong><br />
triglycéri<strong>de</strong>s. [21]
- La carence en vitamine D est également associée à la<br />
présence <strong>de</strong> facteurs inflammatoires dans le sang tel<br />
que la CRP et à la baisse <strong>de</strong> la concentration sanguine<br />
d’interleukine 10. [22, 23]<br />
ViTamine D :<br />
quelles sonT les sources ?<br />
La vitamine D a une double origine : elle est apportée par<br />
l’alimentation et elle est aussi fabriquée par l’organisme<br />
au niveau <strong>de</strong> la peau sous l’action <strong>de</strong>s rayons du soleil<br />
(classiquement considérée comme la source principale chez<br />
l’adulte). [3]<br />
La vitamine D existe sous <strong>de</strong>ux formes : la vitamine D2 ou<br />
ergocalciférol produite par les végétaux et les champignons<br />
et la vitamine D3 ou cholécalciférol produite par les animaux<br />
et synthétisée par l’homme au niveau <strong>de</strong> la peau. [3]<br />
La vitamine D absorbée au niveau intestinal ou synthétisée par<br />
la peau est transportée vers le foie. Elle est alors transformée<br />
en sa forme <strong>de</strong> réserve, la 25 hydroxyvitamine D. Cette 25<br />
hydroxyvitamine D sera elle-même transformée en 1-25<br />
dihydroxyvitamine D (sa forme active) dans le rein. [3]<br />
a) Apports endogène : ensoleillement<br />
Sous l’action du rayonnement ultraviolet, le précurseur 7<strong>de</strong>shydrocholesterol<br />
est photolysé en prévitamine D3, forme<br />
instable qui se transforme en vitamine D sous l’action <strong>de</strong> la<br />
chaleur. [3]<br />
En France, la vitamine D circulante provient au 2/3 <strong>de</strong> la<br />
production endogène. [3]<br />
L’exposition <strong>de</strong>s bras et du visage, 15 à 30 minutes au soleil<br />
entre 11 et 14h, suffirait à fournir la dose <strong>de</strong> vitamine D<br />
endogène nécessaire au corps humain [3]. Cependant,<br />
une étu<strong>de</strong> récente tend à montrer que l’exposition au soleil<br />
n’est pas prédictive du taux sanguin <strong>de</strong> vitamine D. En effet,<br />
dans une étu<strong>de</strong> publié en juin 2008, Neil Binkley a étudié le<br />
taux sanguin <strong>de</strong> vitamine D chez <strong>de</strong>s personnes jeunes (âge<br />
moyen 24 ans) s’exposant beaucoup au soleil (en moyenne<br />
22.4 h par semaine sans protection), pendant l’été à<br />
Hawai. <strong>Le</strong>s résultats ont montrés que 51 % <strong>de</strong>s participants<br />
présentaient une insuffisance en vitamine D (taux sanguin<br />
inférieur à 30 ng/ml), et que le taux sanguin le plus élevé<br />
était <strong>de</strong> 62 ng/ml. [24]<br />
Une forte exposition au soleil ne garantirait donc en rien un<br />
statut vitaminique D adéquat.<br />
b) Apport exogène : l’alimentation<br />
Très peu d’aliments contiennent <strong>de</strong>s quantités significatives<br />
<strong>de</strong> vitamine D. [25]<br />
En effet, la vitamine D fait partie <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s vitamines<br />
liposolubles et sa teneur est donc proportionnelle à la<br />
quantité <strong>de</strong> matières grasses dans les aliments.<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 25<br />
Ainsi, les aliments les plus riches en vitamine D sont les<br />
poissons <strong>de</strong> mer gras (et ce quel que soit leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
cuisson et/ou <strong>de</strong> conservation). Des quantités faibles <strong>de</strong><br />
vitamine D sont également présentes dans les œufs, les<br />
céréales, certaines vian<strong>de</strong>s et le beurre. [25]<br />
<strong>Le</strong>s apports nutritionnels conseillés en vitamine D ont été<br />
définis en considérant que la production endogène couvre<br />
2/3 <strong>de</strong>s besoins quotidiens en cette vitamine. [3]<br />
Liste <strong>de</strong>s sources alimentaires <strong>de</strong> vitamine D (>1.3 µg ou<br />
52 UI /100g) en fin d’article. [25]<br />
Contrairement au Canada ou aux Etats-Unis, très peu<br />
d’aliments sont enrichis en vitamine D en Europe et plus<br />
particulièrement en France. [26, 27, 28]<br />
En France, certains produits laitiers (laits et fromage blanc<br />
notamment) et certaines huiles végétales retrouvés dans le<br />
commerce sont enrichis en vitamine D.<br />
ViTamine D : les bénéfices<br />
<strong>Le</strong>s bénéfices <strong>de</strong> la vitamine D ont été gran<strong>de</strong>ment étudiés<br />
ces <strong>de</strong>rnières années, car cette vitamine est impliquée dans<br />
<strong>de</strong> nombreux processus cellulaires.<br />
a) Bénéfice osseux : prévention <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
De nombreuses étu<strong>de</strong>s cliniques montrent que la<br />
supplémentation en vitamine D, associée à la prise <strong>de</strong><br />
calcium, permet <strong>de</strong> réduire la perte osseuse et le risque<br />
d’ostéoporose chez les personnes âgées.<br />
En 1992, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Chapuy & al, menée pendant 3 ans<br />
sur 3 270 femmes âgées prenant chaque jour 1200 mg <strong>de</strong><br />
calcium et 800 UI <strong>de</strong> vitamine D, a montré que le risque <strong>de</strong><br />
fracture <strong>de</strong> la hanche était réduit <strong>de</strong> 43 % et le risque <strong>de</strong><br />
fracture périphérique <strong>de</strong> 23 %. [29]<br />
En 2003, une étu<strong>de</strong> prospective, réalisée sur plus <strong>de</strong><br />
72 000 femmes américaines ménopausées pendant 18 ans<br />
a montré que celles qui consommaient plus <strong>de</strong> 600 UI/jour<br />
<strong>de</strong> vitamine D (par la nourriture ou la supplémentation)<br />
avaient un risque 37 % plus faible <strong>de</strong> se faire un fracture<br />
ostéoporotique <strong>de</strong> la hanche que les femmes qui<br />
consommaient moins <strong>de</strong> 140 UI/jour. [30]<br />
Cependant un nombre non négligeable d’étu<strong>de</strong>s<br />
(notamment Gardner en 2006) ont montré que le calcium<br />
et la vitamine D ne sont pas efficaces dans la prévention <strong>de</strong><br />
l’ostéoporose en tant que traitement seul. [31]<br />
Ainsi, <strong>de</strong>s résultats récents (2006) <strong>de</strong> la “Women’s Health<br />
Initiative” (sur 36 282 femmes ménopausées) montrent<br />
qu’une supplémentation journalière <strong>de</strong> 400 UI <strong>de</strong> vitamine<br />
D3 (associée à 1000 mg <strong>de</strong> calcium) ne réduisait pas<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
26<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
significativement le risque <strong>de</strong> fractures <strong>de</strong> la hanche<br />
[32]. En fait, déjà en 1996, Lipps avait montré qu’une<br />
supplémentation <strong>de</strong> 400 UI <strong>de</strong> vitamine D3 par jour,<br />
pendant 3 ans, chez <strong>de</strong>s allemands âgés (hommes et<br />
femmes) n’avait pas modifié l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s fractures [33].<br />
Au vu <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s, une supplémentation <strong>de</strong> 400 UI <strong>de</strong> vitamine<br />
D3 par jour, même associée à une prise <strong>de</strong> calcium ne semble<br />
pas efficace, chez <strong>de</strong>s sujets à risque, dans la prévention <strong>de</strong>s<br />
fractures ostéoporotiques. La dose <strong>de</strong> vitamine D efficace semble<br />
être supérieure à 600 à 700 UI/jour. En 2005 Bischoff Ferrari<br />
a fait une revue <strong>de</strong> la littérature à ce sujet et a ainsi montré que<br />
la dose <strong>de</strong> vitamine D nécessaire pour être efficace chez les<br />
personnes âgées dans la prévention <strong>de</strong>s fractures était <strong>de</strong> 700 à<br />
800 UI/j, et qu’une dose <strong>de</strong> 400 UI/j n’était pas efficace. [34]<br />
En 2003, dans une étu<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s sujets en institution, la<br />
stratégie thérapeutique consistant à donner 100 000 UI <strong>de</strong><br />
Vitamine D tous les 4 mois au patient a montré son efficacité<br />
en maintenant la concentration <strong>de</strong> 25 hydroxyvitamine D à<br />
20 ng/ml ou plus et en réduisant le risque <strong>de</strong> fracture. [35]<br />
b) Bénéfices extra osseux<br />
i) Prévention <strong>de</strong>s chutes<br />
<strong>Le</strong> statut en vitamine D est associé positivement avec la<br />
force musculaire et avec les performances physiques et est<br />
inversement corrélé avec le risque <strong>de</strong> chute.<br />
En 2003, dans une étu<strong>de</strong> contrôlée randomisée, une<br />
supplémentation <strong>de</strong> 800 UI/jour <strong>de</strong> vitamine D associé à<br />
1200 mg/jour <strong>de</strong> calcium pendant 3 mois a amélioré la<br />
force physique et diminué le risque <strong>de</strong> chute <strong>de</strong> 50 % par<br />
rapport à une supplémentation en calcium seul, chez <strong>de</strong>s<br />
femmes âgées. [36]<br />
Plus récemment, en 2007, une étu<strong>de</strong> menée chez <strong>de</strong>s<br />
personnes âgées prises en charge à domicile, a montré<br />
que la prise <strong>de</strong> 800 UI/jour <strong>de</strong> supplément <strong>de</strong> vitamine D<br />
permettait un risque <strong>de</strong> chute diminué <strong>de</strong> 72 % par rapport<br />
à la prise d’un placebo. [37]<br />
ii) Prévention du cancer<br />
La vitamine D, sous sa forme active, inhibe la prolifération<br />
cellulaire et donc le développement <strong>de</strong>s cancers. En<br />
effet, toutes les cellules, normales ou cancéreuses, ont un<br />
récepteur à la vitamine D et sous l’action <strong>de</strong> celle-ci, limitent<br />
leur prolifération et se différencient. [38]<br />
Ceci est actuellement corroboré par les nombreuses étu<strong>de</strong>s<br />
épidémiologiques qui montrent l’effet protecteur <strong>de</strong> la<br />
vitamine D dans plusieurs types <strong>de</strong> cancer. [39, 40, 41]<br />
Dans une revue <strong>de</strong> la littérature publiée en septembre<br />
2008 dans le Clinical Journal of American Soc Nephrol,<br />
MJ Holick conclue que la prise <strong>de</strong> 1000 UI /jour ou<br />
l’exposition solaire avec un taux sanguin supérieur à<br />
30 ng/ml permet une réduction du risque <strong>de</strong> cancer<br />
colorectal, du sein et <strong>de</strong> la prostate <strong>de</strong> 30 à 50 %. [1]<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
iii) Prévention <strong>de</strong>s maladies auto-immunes.<br />
La vitamine D a également son rôle à jouer dans la<br />
prévention <strong>de</strong>s maladies auto-immunes.<br />
En effet, la vitamine D possè<strong>de</strong> un récepteur nucléaire,<br />
le VDR (Vitamin D Receptor). Celui-ci fait partie <strong>de</strong> la<br />
« super » famille <strong>de</strong>s récepteurs nucléaires qui jouent un<br />
rôle <strong>de</strong> facteur <strong>de</strong> transcription lorsqu’ils sont activés par<br />
leurs ligands. <strong>Le</strong> complexe formé par la vitamine D et<br />
son récepteur peut se lier à certaines régions promotrices<br />
<strong>de</strong> l’ADN, notamment au niveau <strong>de</strong> gènes ayant un effet<br />
immunomodulateur. VDR est présent dans <strong>de</strong> nombreuses<br />
cellules du système immunitaire (lymphocytes CD4 et<br />
CD8, cellules présentatrices d’antigènes, lymphocytes B).<br />
Il a notamment un effet inducteur dans le cas <strong>de</strong> TNFa et<br />
cathelicidine ou inhibiteur pour IFNg.<br />
La vitamine D joue un rôle immunomodulateur<br />
principalement en interférant avec <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> signalisation<br />
d’autres facteurs <strong>de</strong> transcription (NFAT, NFkB, AP-1)<br />
qui ont un rôle important dans la régulation <strong>de</strong>s gènes<br />
immunomodulateurs et dont la dérégulation semble être<br />
impliquée dans différentes maladies autoimmunes. [42]<br />
Sur modèle animal, il a été démontré que la prise <strong>de</strong><br />
vitamine D dans les premiers temps <strong>de</strong> la vie était efficace<br />
dans la plupart <strong>de</strong>s maladies autoimmunes. [38]<br />
De fait, chez l’homme, la supplémentation en vitamine D<br />
a été notamment associée à la diminution du risque <strong>de</strong><br />
diabète <strong>de</strong> type 1 et <strong>de</strong> sclérose en plaque.<br />
Une vaste étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cohorte, menée pendant 31 ans auprès<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 000 enfants ayant reçu 2000 UI <strong>de</strong> vitamine<br />
D par jour pendant leur croissance, a conclu en 2001 que<br />
le risque <strong>de</strong> développer un diabète <strong>de</strong> type 1 était diminué<br />
<strong>de</strong> 78 %. [43]<br />
Dans une étu<strong>de</strong> plus récente, en 2004, les femmes ingérant<br />
plus <strong>de</strong> 400UI par jour <strong>de</strong> vitamine D avaient un risque <strong>de</strong><br />
développer une sclérose en plaque réduit <strong>de</strong> 42 %. [44]<br />
La même année, une étu<strong>de</strong> prospective publiée par<br />
Merlino sur plus <strong>de</strong> 29 000 femmes âgées <strong>de</strong> 55 à<br />
<strong>69</strong> ans a montré que le risque <strong>de</strong> développer une arthrite<br />
rhumatoï<strong>de</strong> était inversement corrélé avec l’apport en<br />
vitamine D. [45]<br />
iv) Prévention <strong>de</strong>s maladies infectieuses :<br />
Des étu<strong>de</strong>s in vitro et in vivo ont montré l’intérêt <strong>de</strong> la<br />
vitamine D dans la protection contre les infections<br />
bactériennes. Dans la lutte contre la tuberculose, la<br />
supplémentation en vitamine D a montré son efficacité<br />
dans une étu<strong>de</strong> récente menée en double aveugle<br />
[46]. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s infections bactériennes digestives et<br />
respiratoires a également été reliée au statut en vitamine<br />
D. [2]
28<br />
v) Prévention <strong>de</strong> la dépression<br />
En septembre 2008, <strong>de</strong>s chercheurs norvégiens ont<br />
publié les résultats d’une étu<strong>de</strong> d’intervention randomisée<br />
en double aveugle, menée sur 441 sujets en surpoids,<br />
indiquant qu’une supplémentation en vitamine D permettait<br />
d’améliorer les symptômes <strong>de</strong> dépression. [47]<br />
vi) Prévention <strong>de</strong>s maladies cardiovasculaires<br />
La supplémentation en vitamine D (50 000 UI <strong>de</strong> vitamine D<br />
tous les 3 mois pendant 1 ans) chez <strong>de</strong>s patients insuffisants<br />
a permis la réduction <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> CRP <strong>de</strong> 39 %.<br />
[52].<br />
ViTamine D : quels sonT<br />
les apporTs recommanDés ?<br />
a) En France<br />
Apports nutritionnels conseillés en vitamine D pour<br />
la population française<br />
Tranche d'âge Apports<br />
conseillés (µg/j)<br />
Apports<br />
conseillés (UI/j)<br />
Enfants 1 - 3 ans 10 400<br />
Enfants 4 - 12 ans 5 200<br />
Adolescents<br />
13 - 19 ans<br />
5 200<br />
Adultes 5 200<br />
Personnes âgées<br />
(> 65 ans)<br />
Femmes enceintes<br />
et allaitantes<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
10 -15 400 - 600<br />
10 400<br />
Source: Apports Nutritionnels Conseillés pour la population française. 3ème<br />
édition. 2001. Coord. Ambroise Martin. Tec&Doc<br />
À tous les âges <strong>de</strong> la vie, les personnes à peau fortement<br />
pigmentée ou s’exposant peu au soleil nécessitent un apport<br />
plus important que les autres <strong>de</strong> vitamine D. [3]<br />
b) à l’étranger : Canada et Etats-Unis<br />
Apport suffisant en vitamine D pour la population<br />
canadienne et américaine<br />
âge (µg/j) (UI/j)<br />
De 0 à 50 ans 5 200<br />
De 51 à 70 ans 10 400<br />
Plus <strong>de</strong> 70 ans 15 600<br />
Source : Institute of Medicine, Food and Nutrition Board. Dietary Reference<br />
Intakes for Calcium, Phosphorus, Magnesium, Vitamin D, and Fluori<strong>de</strong>,<br />
1997. Ces données sont le résultat d’un consensus entre les<br />
autorités canadiennes et américaines qui ont entrepris une<br />
démarche d’uniformisation <strong>de</strong>s apports suffisants et <strong>de</strong>s apports<br />
nutritionnels recommandés (ANR).<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
c) Apports recommandés et pathologies :<br />
<strong>de</strong>s résultats concluants et <strong>de</strong>s besoins sans doute<br />
supérieurs aux recommandations classiques<br />
Sur le risque <strong>de</strong> fracture osseuse<br />
La dose optimale pour la prévention <strong>de</strong> fractures (<strong>de</strong><br />
la hanche et <strong>de</strong>s vertèbres) serait <strong>de</strong> 700 à 800 UI par<br />
jour chez les personnes déjà carencées en vitamine D<br />
(25-hydroxyvitamine D < 17 ng/ml) afin d’obtenir une<br />
concentration convenable <strong>de</strong> 40 ng/ml (104 nmol/L). [48]<br />
Sur le risque <strong>de</strong> cancer<br />
Une concentration <strong>de</strong> 25 (OH) hydroxyvitamine D supérieure<br />
à 75 nmol/l (28,8 ng/ml) offrirait une protection contre le<br />
cancer du côlon et d’autres cancers. [48]<br />
Sur l’insuffisance rénale<br />
The National Kidney Foundation recomman<strong>de</strong> pour<br />
les patients souffrant <strong>de</strong> maladie rénale chronique une<br />
concentration sanguine <strong>de</strong> vitamine D supérieure à<br />
30 ng/ml (78 nmol/L). [49]<br />
Sur les maladies auto-immunes<br />
400 UI pourrait prévenir la sclérose en plaque chez les<br />
femmes. [44]<br />
Sur modèle animal, la vitamine D a été testée dans <strong>de</strong><br />
nombreuses pathologies et a montré son efficacité en tant<br />
que traitement. Pathologies cardiovasculaires et digestives,<br />
diabète <strong>de</strong> type 1, transplantation (du foie, du cœur, du<br />
rein, <strong>de</strong> peau), asthme, lupus ont pu être traitées chez <strong>de</strong>s<br />
souris ou <strong>de</strong>s rats par la vitamine D ou son analogue. [42]<br />
<strong>Le</strong>s perspectives thérapeutiques chez l’homme sont donc<br />
gran<strong>de</strong>s et encore non totalement explorées.<br />
d) Des apports discutés<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>rnières étu<strong>de</strong>s épidémiologiques montrent que le<br />
pourcentage <strong>de</strong> personnes carencées dans la population<br />
générale est élevé. L’intérêt <strong>de</strong> la vitamine D dans la<br />
prévention <strong>de</strong> nombreuses pathologies et ses apports<br />
recommandés font donc encore l’objet d’un débat au sein<br />
<strong>de</strong> la communauté scientifique.<br />
Un éditorial paru en 2007 dans l’American Journal of<br />
Clinical Nutrition, rédigé par 15 experts, soutenait qu’il était<br />
urgent <strong>de</strong> réévaluer ses apports quotidiens recommandés<br />
[50]. La même année, au Canada, un débat est lancé entre<br />
les différentes sociétés savantes. La société canadienne du<br />
cancer a mis à jour ses recommandations à 1000 UI/jour<br />
<strong>de</strong> vitamine D chez les adultes en automne et en hiver (ou<br />
toute l’année pour les personnes à risque). Santé Canada,<br />
l’agence <strong>de</strong> sécurité canadienne <strong>de</strong>s aliments, restera, quant<br />
à elle, sur ses positions jusqu’à ce qu’un « un examen détaillé
portant sur les avantages et l’innocuité <strong>de</strong> cette vitamine »<br />
ne soit effectué. En France l’AFSSA n’a pour l’instant pas<br />
décidé <strong>de</strong> réévaluer ses apports recommandés.<br />
<strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s publiées au cours <strong>de</strong>s 10 <strong>de</strong>rnières années<br />
ten<strong>de</strong>nt à confirmer l’intérêt d’apports quotidiens plus<br />
importants que ceux actuellement recommandés par les<br />
autorités sanitaires.<br />
Plusieurs scientifiques experts du domaine considèrent<br />
qu’un apport quotidien <strong>de</strong> 800 UI à 1 000 UI (20 µg à<br />
25 µg) serait plus adapté, notamment pour les personnes<br />
âgées ou à risque <strong>de</strong> carence [44-47]. Certains vont encore<br />
plus loin en donnant un apport quotidien souhaitable <strong>de</strong><br />
2 000 UI (50 µg) sous la forme <strong>de</strong> suppléments. [51]<br />
Liste <strong>de</strong>s sources alimentaires <strong>de</strong> vitamine D (>1.3 µg ou 52 UI /100g).<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 29<br />
c onclusion<br />
Au vu <strong>de</strong> ces différents éléments, les doses recommandées<br />
en vitamine D pour l’ensemble <strong>de</strong>s populations mondiales<br />
semblent être relativement consensuelles. Néanmoins<br />
<strong>de</strong>vant la prévalence élevée <strong>de</strong>s carences en vitamine D<br />
dans le mon<strong>de</strong> entier, il semblerait que les recommandations<br />
actuelles soient insuffisantes. De même, à la lumière <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s récentes, les recommandations ne répon<strong>de</strong>nt pas<br />
aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s spécifiques en fonction <strong>de</strong> la pathologie.<br />
<strong>Le</strong>s recommandations d’apport en vitamine D doivent<br />
être non seulement revues à la hausse, en particulier en<br />
Europe où très peu d’aliments sont enrichis en vitamines D,<br />
mais elles doivent également être spécifiquement fonction<br />
<strong>de</strong>s différentes pathologies dans lesquelles la vitamine D<br />
semble jouer un rôle.<br />
Produit µg/100g UI/100g Produit µg/100g UI/100g<br />
Huile <strong>de</strong> foie <strong>de</strong> morue 210,00 8 400 Thon cru (albacore, germon, blanc ou rouge) 5,0 200<br />
Hareng cru 20,0 800 Thon listao, cru 5,0 200<br />
Saumon fumé 19,0 760 Huitre crue 5,0 200<br />
Saumon cru 18,0 720 Jaune d’œuf cru 4,8 192<br />
Hareng frit 15,0 600 Maquereau filet sauce tomate, conserve 3,8 152<br />
Hareng grillé 15,0 600 Thon germon cuit vapeur sous pression 3,5 140<br />
Anchois, filets à l’huile, semi-conserve 14,0 560 Thon au naturel en conserve égoutté 3,5 140<br />
Saumon cuit à la vapeur 12,5 500 Thon germon à l’huile <strong>de</strong> soja, conserve 3,1 124<br />
Hareng au vinaigre 12,0 480 Thon à l’huile en conserve égoutté 3,1 124<br />
Sardine crue 11,0 440 Céréales au son pour petit déjeuner 2,8 112<br />
Sardine, sauce tomate en conserve 10,0 400 Céréales chocolatés pour petit déjeuner 2,8 112<br />
Truite arc en ciel (cuite au four, à la vapeur) 10,0 400 Céréales sucrés pour petits déjeunés 2,8 112<br />
Hareng fumé 8,3 332 Pétales <strong>de</strong> mais enrichi, riz soufflé enrichi 2,8 112<br />
Maquereau fumé 8,2 328 Truite <strong>de</strong> rivière (cuite au four, à la vapeur) 2,5 100<br />
Margarine (entière ou allégée) 8,0 320 Truite <strong>de</strong> rivière crue 2,1 84<br />
Maquereau cuit au four 7,5 300 Chanterelle crue 2,1 84<br />
Maquereau frit 7,0 280 Œufs <strong>de</strong> Lompe, semi-conserve 2,0 80<br />
Sardine à l’huile, conserve, égouttée 6,0 240 Œufs au plat salé 1,9 76<br />
Caviar, véritable, semi-conserve 5,8 232 Blanquette <strong>de</strong> veau 1,7 68<br />
Thon cuit au four 5,8 232 Omelette nature 1,6 64<br />
Maquereau filet au vin blanc, conserve 5,5 220 Liman<strong>de</strong> crue 1,5 60<br />
Anguille (cuite au four, pochée) 5,0 200 Paëlla 1,4 56<br />
Flétan, cru 5,0 200 Beurre 1,3 52<br />
Foie agneau cuit 1,3 52<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
30<br />
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FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
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une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’évaluation sur l‘emploi <strong>de</strong> vitamine D dans une spécialité<br />
fromagère proche <strong>de</strong>s pâtes pressées.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
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34<br />
L<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
évolution <strong>de</strong> la microalbuminurie chez<br />
le mala<strong>de</strong> atteint <strong>de</strong> lupus érythémateux<br />
disséminé sous corticothérapie<br />
E. Eti, P. Djessou, N. R. Kouassi, Z. Zomalheto<br />
Travail du service <strong>de</strong> Rhumatologie, CHU <strong>de</strong> Cocody, Abidjan<br />
e lupus érythémateux disséminé (LED) est une connectivite majeure touchant <strong>de</strong><br />
façon privilégiée le sujet jeune, surtout <strong>de</strong> sexe féminin ; elle est la plus fréquente <strong>de</strong>s<br />
connectivites et son pronostic est particulièrement mauvais dans la race noire [1,2].<br />
Parmi les nombreuses complications qui menacent le mala<strong>de</strong> atteint <strong>de</strong> LED, les complications rénales sont<br />
redoutables et surviennent le plus souvent <strong>de</strong> manière progressive et insidieuse [3,4]. Celles-ci aboutissent,<br />
en l’absence <strong>de</strong> prise en charge adéquate, à une insuffisance rénale chronique dont le traitement est lourd,<br />
coûteux et décevant.<br />
La recherche d’une protéinurie à la ban<strong>de</strong>lette réactive est le test <strong>de</strong> dépistage le plus utilisé même dans<br />
un pays très développé comme les Etats-Unis où 64,7 % <strong>de</strong> 473 centres rhumatologiques déclarent utiliser<br />
cette métho<strong>de</strong> [5]. Il est aujourd’hui admis par tous les auteurs que l’apparition d’une protéinurie signe<br />
déjà une néphropathie avancée. Aussi, à l’heure actuelle, la microalbuminurie est-elle un test plus sensible<br />
que la protéinurie classique, permettant <strong>de</strong> diagnostiquer l’atteinte rénale au sta<strong>de</strong> infra clinique [6].<br />
à l’état normal, la microalbuminurie est inférieure à 300 mg/24h ; son élévation au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette valeur<br />
signe le début d’une atteinte rénale, ce qui impose une adaptation <strong>de</strong> la thérapeutique, en l’occurrence <strong>de</strong><br />
la corticothérapie, qui <strong>de</strong>meure la base du traitement du LED<br />
L’intérêt <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est <strong>de</strong> préciser si le dosage régulier <strong>de</strong> la microalbuminurie est un bon indicateur<br />
pour dépister et suivre l’évolution <strong>de</strong> l’atteinte rénale du LED sous corticothérapie ?<br />
paTienTs eT méThoDes<br />
l Il s’est agit d’une étu<strong>de</strong> prospective longitudinale <strong>de</strong><br />
6 mois à partir <strong>de</strong> la date d’inclusion. <strong>Le</strong>s patients ont été<br />
recrutés dans le service <strong>de</strong> Rhumatologie et <strong>de</strong> Dermatologie,<br />
respectivement au CHU <strong>de</strong> Cocody et <strong>de</strong> Treichville.<br />
<strong>Le</strong>s différentes analyses biologiques ont été effectuées au<br />
laboratoire du CHU <strong>de</strong> Treichville.<br />
l Ont été inclus tous les patients chez qui le diagnostic <strong>de</strong><br />
LED a été retenu sur les critères <strong>de</strong> l’ACR (1997) et ayant<br />
une protéinurie négative à la ban<strong>de</strong>lette et un bilan rénal<br />
normal (glycémie, créatininémie, uricémie normales).<br />
l Ont été exclus tous les patients lupiques ayant une<br />
protéinurie macroscopique, une insuffisance rénale, un<br />
diabète ou une hypertension artérielle, une grossesse<br />
évolutive.<br />
l Techniques <strong>de</strong> prélèvement et métho<strong>de</strong>s d’analyse : les<br />
urines du matin (10 ml) ont été prélevées sur un bocal<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
propre ; le dosage <strong>de</strong> la microalbuminurie s’est effectué par<br />
métho<strong>de</strong> néphélémétrique, avec calcul du ratio albumine/<br />
créatinine urinaire.<br />
l <strong>Le</strong>s patients ont bénéficié : d’un dosage mensuel <strong>de</strong> la<br />
microalbuminurie, l’urée sanguine, la créatininémie (J0 à<br />
J 180) ; d’un dosage <strong>de</strong> la glycémie (J0, J90, J180), <strong>de</strong><br />
l’uricémie à J0.<br />
l Aspects éthiques : le protocole a été soumis au comité<br />
national d’éthique <strong>de</strong> la Côte d’Ivoire qui a donné son<br />
avis favorable. <strong>Le</strong>s examens para cliniques prévus dans<br />
le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> ont été entièrement gratuits pour le<br />
patient.<br />
résulTaTs<br />
La phase <strong>de</strong> recrutement a duré 6 mois. À son terme,<br />
25 patients ont été inclus dans l’étu<strong>de</strong> .
I) Caractéristiques socio-démographiques<br />
1. âge<br />
- L’âge moyen <strong>de</strong>s patients était <strong>de</strong>33,52 ans ± 12,6 ;<br />
minimum= 14 ans ; maximum= 63 ans.<br />
2. Sexe<br />
- L’échantillon comportait : 3 hommes et 22 femmes soit un<br />
sex ratio = 0,13.<br />
3. Ancienneté <strong>de</strong> la maladie<br />
- La durée moyenne d’évolution du LED était <strong>de</strong> 43,2 mois<br />
± 5,06.<br />
éVoluTion Des auTres paramèTres biologiques<br />
évolution <strong>de</strong>s autres paramètres biologiques<br />
Protéinurie (qualitatif)<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE 35<br />
éVoluTion De la microalbuminurie<br />
J0 J30 J60 J90 J120 J150 J180<br />
0<br />
Urémie 0,21 0,19 0,19 1,53 0,19 0,20 0,18<br />
Créatininémie 7,7 7,6 7,0 7,2 7 6,9 7,6<br />
Glycémie 0,77 0,84 0,76<br />
Uricémie<br />
ECBU<br />
Microalbuminurie<br />
(moyenne) mg/24 h<br />
48,7<br />
Négatif<br />
Courbes <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la microalbuminurie en fonction <strong>de</strong> la créatininémie<br />
Prednisone<br />
(dose moyenne en<br />
grammes)<br />
Courbe <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la microalbuminurie<br />
éVoluTion De la microalbuminurie en foncTion De la corTicoThérapie<br />
évolution <strong>de</strong> la microalbuminurie en fonction <strong>de</strong> la corticothérapie<br />
Il n’y a pas <strong>de</strong> corrélation entre la microalbuminurie et<br />
la créatininémie (tous les p calculés <strong>de</strong> J0 à J180 sont<br />
supérieurs à 0,05).<br />
J0 J30 J60 J90 J120 J150 J180<br />
31,83 32,8 22,04 11,10 13,14 10,00 8,05<br />
7,2 7,3 8 8,1 6 6,1 4,8<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
36<br />
FORMAtiOn MéDiCALE COntinUE<br />
Courbes <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la microalbuminurie en fonction<br />
<strong>de</strong> la corticothérapie<br />
Discussion<br />
Nous avons suivi pendant 6 mois 25 patients souffrant <strong>de</strong><br />
LED et traités par corticothérapie, en effectuant un dosage<br />
pondéral mensuel <strong>de</strong> la microalbuminurie ; le but était <strong>de</strong><br />
vérifier si le dosage régulier <strong>de</strong> la microalbuminurie pouvait<br />
permettre <strong>de</strong> prévenir l’atteinte rénale par l’ajustement <strong>de</strong>s<br />
doses <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s.<br />
Nos sujets étaient essentiellement <strong>de</strong> sexe féminin (sex-ratio<br />
= 0,13) et <strong>de</strong> jeune âge avec une moyenne <strong>de</strong> 33,52 ans<br />
± 12,6, inférieure à la moyenne d’âge <strong>de</strong> la serie <strong>de</strong><br />
Koseda-Dragan M [7] qui était <strong>de</strong> 39 ans, mais comparable<br />
à celle <strong>de</strong> Wadu S et al. [8] qui était <strong>de</strong> 34 ans. <strong>Le</strong> LED<br />
était <strong>de</strong> découverte tardive, évoluant <strong>de</strong>puis 3,6 ans en<br />
moyenne ; cependant, cette ancienneté était inférieure à<br />
celle rapportée par Koseda-Dragan M et al. [7] qui était<br />
<strong>de</strong> 6,3 ans.<br />
Au moment <strong>de</strong> l’inclusion dans l’étu<strong>de</strong>, le taux moyen <strong>de</strong><br />
la microalbuminurie était élevé, <strong>de</strong> 31,83 ± 50 alors que<br />
la protéinurie à la ban<strong>de</strong>lette était négative pour tous les<br />
patients (critère <strong>de</strong> non inclusion) ; cela démontre que la<br />
<strong>de</strong>rnière technique citée est peu fiable pour le diagnostic<br />
précoce <strong>de</strong>s glomérulonéphrites lupiques. Cependant<br />
pour Konta T et al. [9], la recherche <strong>de</strong> la protéinurie à la<br />
ban<strong>de</strong>lette réactive gar<strong>de</strong> encore un intérêt car elle serait un<br />
bon reflet <strong>de</strong> la microalbuminurie.<br />
La recherche <strong>de</strong> la microalbuminurie dans le lupus<br />
érythémateux disséminé (LED) est un test très sensible,<br />
permettant le diagnostic précoce d’une glomérulonéphrite<br />
à un sta<strong>de</strong> où la protéinurie est encore réversible sous<br />
corticothérapie, comme l’a montré notre étu<strong>de</strong>.<br />
Kosada-Dragan M et coll. [7], dans une étu<strong>de</strong> semblable,<br />
confirment la haute sensibilité <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> la<br />
microalbuminurie dans le LED. <strong>Le</strong>s taux <strong>de</strong> microalbuminurie<br />
pendant les 6 mois <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> sont restés très stables.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
Ceci pourrait expliquer la réduction <strong>de</strong>s doses <strong>de</strong> prednisone<br />
<strong>de</strong> 7,2 mg (J0) à 4,8 mg (J180).<br />
En effet, la microalbuminurie peut être prévenue par<br />
la corticothérapie ; elle être également réversible sous<br />
corticothérapie; elle est rapportée par Batlle-Gualda<br />
E et coll. [10] dans une série <strong>de</strong> 22 patients suivis pendant<br />
18 mois.<br />
c onclusion<br />
<strong>Le</strong> dosage <strong>de</strong> la microalbuminurie apparaît comme un moyen<br />
fiable pour établir le diagnostic <strong>de</strong> la glomérulonéphrite<br />
lupique au sta<strong>de</strong> infra clinique et permettre ainsi d’ajuster<br />
les doses <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s afin <strong>de</strong> prévenir l’évolution <strong>de</strong> la<br />
glomérulonéphrite vers une insuffisance rénale. Cependant,<br />
son coût encore élevé rend cette analyse inaccessible dans<br />
notre pays, la Côte d’Ivoire.<br />
références<br />
1. <strong>Le</strong>a JP. Lupus nephritis in African Americans, Am J Med Sci, 2002; 323<br />
(2), 85-9.<br />
2. Korbet SM, Schwartz MM, Evans J, <strong>Le</strong>wis EJ. Severe lupus nephritis:<br />
racial differences in presentation and outcome. J Am Soc nephrol, 2007;<br />
18 (1): 244-54.<br />
3. Font J, Torras A, Cervera R, Darnell A, Revert L, ingelmo M.. Silent renal<br />
disease in systemic lupus erythematosus. Clin Nephrol.1987 ;27(6):283-8.<br />
4. Fernan<strong>de</strong>z M, Alarcon Gs, Calvo-Alen J, Andra<strong>de</strong> R, McGwin GJr, Vilà<br />
LM, Reveille JD. A multiethnic multicenter cohort of patients with systemic<br />
lupus erythematosus (SLE) as a mo<strong>de</strong>l for the study of ethnic disparities<br />
in SLE. Arthritis Rheum. 2007; 57 (4): 576-84.<br />
5. Siedner MJ, Christopher-Stinel L, Astor BC, Gelber AC, Fine DM.<br />
Creening for proteinuria in patients with lupus: a survey of practice<br />
preferences among American rheumatologists. J Rheumatol 2007.<br />
6. Mefcal PA, Scraqq RK. Epi<strong>de</strong>miology of microalbuminuria in the general<br />
population ; Daeibetes Complications 1994, 8 (3): 157-63.<br />
7. Koseda-dragan M, Hebanowski M, Jakubowski Z, Bakowska A.<br />
Microalbuminuria in patients with systemic lupus erythematosus. Pol Arch<br />
Med Wewn, 1996; 96 (2): 124-31.<br />
8. Wadu S, Tikly M, Hopley M. Causes and predictors factors of <strong>de</strong>ath in<br />
South Africans with systemic lupus erythematosus. Rheumatology 2007;<br />
46 (9): 1487-91.<br />
9. Konta T, Hao Z, Takasaki S, Abiko H, ishikawa K, Kato T, Kawara S,<br />
Kubota i. Clinical utility of trace proteinuria for microalbuminuria screening<br />
in the general population. Clin Exp Nephrol, 2007; 11 (1): 51-5.<br />
10. Batlle-Gualda E, Martinez AC, Guerra RA, Pascual E. Urinary albumin<br />
excretion in patients with systemic lupus erythematosus without renal<br />
disease. Ann Rheum Dis, 1997; 56 (6): 386-9.
38<br />
P<br />
LE COin DE L’iMAGERiE<br />
une vertèbre borgne…<br />
Dr David Petrover, Centre d’imagerie Bachaumont, Hopital Lariboisiere, Paris.<br />
L. Bellaiche, Centre <strong>de</strong> radiologie Bachaumont, Paris.<br />
atiente <strong>de</strong> 25 ans se présentant pour <strong>de</strong>s lombalgies invalidantes récurrentes.<br />
<strong>Le</strong>s clichés standards ont montré une con<strong>de</strong>nsation <strong>de</strong> la vertèbre L5 et un scanner est réalisé en<br />
complément.<br />
1 2<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
Cliché du rachis lombaire. Face et profil.
Axiale et coronale scanner.<br />
3 4<br />
5<br />
LE COin DE L’iMAGERiE<br />
DescripTion raDiologique<br />
39<br />
<strong>Le</strong>s examens radiologiques montrent une con<strong>de</strong>nsation d’un<br />
pédicule vertébral qui apparaît par ailleurs hypertrophié.<br />
Il n’existe pas d’image lytique au sein <strong>de</strong> la plage <strong>de</strong><br />
con<strong>de</strong>nsation.<br />
<strong>Le</strong>s limites <strong>de</strong> la con<strong>de</strong>nsation sont dégressives.<br />
L’ensemble est donc en faveur d’une con<strong>de</strong>nsation <strong>de</strong> type<br />
réactionnel ce qui élimine une lésion évolutive développant<br />
une matrice ostéoï<strong>de</strong> (métastase con<strong>de</strong>nsante, îlot<br />
con<strong>de</strong>nsant bénin etc.).<br />
On note l’absence d’image lacunaire au sein <strong>de</strong> la<br />
con<strong>de</strong>nsation. En particulier, il n’existe pas d’image<br />
pouvant faire évoquer un ostéome ostéoï<strong>de</strong> chez cette jeune<br />
patiente.<br />
En revanche, il semble exister un petit liseré fracturaire<br />
perpendiculaire au plan du pédicule et pour lequel la<br />
con<strong>de</strong>nsation apparaîtrait donc réactionnelle.<br />
L’ensemble est en faveur d’une fracture <strong>de</strong> stress.<br />
On note <strong>de</strong> plus le caractère hypertrophique <strong>de</strong> ce pédicule<br />
compensant avec l’hypoplasie du pédicule contro-latéral.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
40<br />
commenTaire<br />
LE COin DE L’iMAGERiE<br />
L’absence congénitale <strong>de</strong> pédicule lombaire est vraisemblablement<br />
liée à une anomalie <strong>de</strong> développement<br />
embryologique. L’hypoplasie est probablement bien plus<br />
fréquente que l’agénésie complète comme dans notre cas.<br />
Elle s’accompagne souvent d’un élargissement du canal ou<br />
du foramen et <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong> la lame vertébrale.<br />
Il est important <strong>de</strong> différencier cette malformation congénitale<br />
d’une lyse pédiculaire d’origine tumorale.<br />
<strong>Le</strong>s implications cliniques <strong>de</strong> la découverte d’une agénésie<br />
pédiculaire sont relativement limitées bien que dans certains<br />
cas cette anomalie peut conduire à une symptomatologie<br />
douloureuse liée essentiellement à un report <strong>de</strong>s contraintes<br />
sur le pédicule restant. Celui-ci présente souvent une<br />
hypertrophie compensatrice et peut être le siège comme<br />
dans notre cas d’une fracture <strong>de</strong> stress secondaire au<br />
transfert <strong>de</strong>s contraintes biomécaniques.<br />
Cette anomalie congénitale dont on ne connaît pas la<br />
fréquence peut favoriser l’apparition <strong>de</strong> déformation<br />
scoliotique et dans <strong>de</strong> rares cas peut être pluri-étagée.<br />
La découverte d’une con<strong>de</strong>nsation pédiculaire doit faire<br />
évoquer un certain nombre d’étiologie :<br />
Congénitale :<br />
Hypoplasie ou agénésie pédiculaire.<br />
Hypoplasie ou agénésie d’une facette articulaire<br />
postérieure.<br />
Asymétrie articulaire postérieure.<br />
Spina Bifida occluta.<br />
Fracture <strong>de</strong> stress pédiculaire avec éventuel<br />
spondylolisthésis unilatéral.<br />
Tumeur :<br />
- Bénigne :<br />
Îlot con<strong>de</strong>nsant bénin.<br />
Ostéome ostéoï<strong>de</strong>.<br />
Ostéoblastome.<br />
- Maligne :<br />
Métastase ostéoblastique.<br />
Lymphome.<br />
Myélome.<br />
Sarcome d’Ewing.<br />
DiagnosTic<br />
Agénésie d’un pédicule vertébral<br />
lombaire avec fracture <strong>de</strong> stress<br />
du pédicule contro-latéral<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
Pseudo-tumeur :<br />
Maladie <strong>de</strong> Paget débutante.<br />
Dysplasie fibreuse.<br />
Sarcoïdose.<br />
Infection :<br />
- Iatrogène :<br />
Fracture <strong>de</strong> fatigue suite à une lamino-atrectomie<br />
étendue.<br />
L’absence congénitale <strong>de</strong> pédicule est vraisemblablement<br />
plus fréquente à l’étage lombaire que cervical et très rare à<br />
l’étage thoracique.<br />
<strong>Le</strong>s agénésies ou hypoplasie pédiculaire s’associent dans<br />
la quasi-totalité <strong>de</strong>s cas avec une anomalie <strong>de</strong> la lame<br />
postérieure qui présente alors un défect.<br />
L’agénésie pédiculaire étant un processus quiescent, les<br />
corticales sont parfaitement visualisées ce qui élimine une<br />
lyse agressive centrée sur le pédicule <strong>de</strong> type métastase ou<br />
sarcome et d’origine extrinsèque à la vertèbre.<br />
En revanche, on éliminera un processus extrinsèque pouvant<br />
entraîner un scaloping sur le pédicule à point <strong>de</strong> départ<br />
endo-canalaire ou foraminal. En particulier on évoquera<br />
un neuro-fibrome et plus rarement un scaloping lié à un<br />
anévrisme d’une artère vertébrale.<br />
c onclusion<br />
Une con<strong>de</strong>nsation pédiculaire doit faire évoquer une<br />
fracture <strong>de</strong> stress d’un pédicule hypertrophique compensant<br />
une agénésie pédiculaire variante anatomique rare<br />
mais on éliminera toujours en premier lieu, une lésion<br />
tumorale qu’elle soit bénigne (ostéome ostéoï<strong>de</strong>, îlot<br />
con<strong>de</strong>nsant bénin, ostéoblastome) ou maligne (métastase,<br />
lymphome).<br />
L’absence d’un pédicule <strong>de</strong>vra faire quant à elle évoquer<br />
en premier lieu l’existence d’un neuro-fibrome dans<br />
le foramen avant d’évoquer une agénésie ou une<br />
hypoplasie pédiculaire.<br />
référence<br />
Wortzman et al : congenital absent lumbar pédicle : a reappraisal.<br />
Radiology 1984.<br />
Yochum et al. The sclérotic pédicle how many causes are there ?<br />
Skeletal radiology 1990.
C’<br />
<strong>Le</strong> Dr Gilbert Guiraud prend sa retraite !<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
est l’émotion dans le mon<strong>de</strong> rhumatologique <strong>de</strong> Midi-Pyrénées mais aussi <strong>de</strong> toute la<br />
France, dans le mon<strong>de</strong> médical qui gravite autour <strong>de</strong> Muret, capitale du Comminges ! qu’il remet<br />
toujours à l‘honneur.<br />
Car ce Mé<strong>de</strong>cin accompli est doublé d’un historien, d’un paléontologue, d’un amateur d’art, d’un chercheur<br />
infatigable, toujours à l’écoute <strong>de</strong> ceux qu’il rencontre, à l’affût <strong>de</strong> découvertes pourvu qu’elles soient basées<br />
sur ce qui naît du cœur <strong>de</strong> l’homme. Il a souvent écrit dans le <strong>Rhumatologue</strong> et intervint au Congrès <strong>de</strong> la FFR<br />
(souvenez-vous <strong>de</strong> « l’outil en rhumatologie »).<br />
Il étudia la mé<strong>de</strong>cine, la radiologie, puis la rhumatologie. Avec son associé, il fonda une école d’Acupuncture,<br />
puis fut l’un <strong>de</strong>s fondateurs <strong>de</strong> la Société Midi-Pyrénées <strong>de</strong> Rhumatologie (SMPR) en 1984 - y resta actif jusqu’à<br />
ce jour -, puis <strong>de</strong> la Société <strong>Française</strong> d’Ostéo<strong>de</strong>nsitométrie Clinique (la SOFOC), avec en parallèle le Centre<br />
d’Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’Histoire <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine, sans omettre l’Association <strong>de</strong> FMC Pierre II d’Aragon… Et je dois en<br />
oublier.<br />
Ses nombreuses activités sont basées sur la connaissance <strong>de</strong> l’homme, sur ses relations, sur la clinique en<br />
mé<strong>de</strong>cine, la technique n’étant qu’un élément au service <strong>de</strong> ce que l’homme sent, ressent, exprime. <strong>Le</strong> tout<br />
est chez Gilbert animé d’un optimisme indéfectible, et <strong>de</strong>vient toujours une source <strong>de</strong> joie !<br />
Il voit toujours le bon côté <strong>de</strong>s choses, et <strong>de</strong>s personnes ! <strong>Le</strong>s chemins parcourus avec lui sont émaillés <strong>de</strong><br />
découvertes, <strong>de</strong> rires à n’en plus finir, <strong>de</strong> partages vrais <strong>de</strong> tout ce qui l’entoure d’une oeuvre d’art, d’une anecdote<br />
historique, d’une expérience médicale, d’un extrait littéraire, sans négliger les charmes gastronomiques, ni<br />
ceux d’un bon cigare.<br />
Il n’a pas pour autant négligé sa famille, et Marie-Thérèse est toujours à ses côtés, soutien constant <strong>de</strong> cette<br />
bonne humeur et qui partage sa joie <strong>de</strong> vivre.<br />
Alors, je suis heureux <strong>de</strong> relayer la pensée <strong>de</strong> ses innombrables amis pour le remercier <strong>de</strong> ce qu’il est :<br />
foncièrement bon, humaniste, curieux, entreprenant, et drôle. Nous ne pouvons que lui souhaiter une retraite<br />
sereine et d’avoir encore <strong>de</strong> nombreux « bouts <strong>de</strong> chemin » à vivre ensemble.<br />
43<br />
BL<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
ACLASTA ® 5 mg. Solution pour perfusion (aci<strong>de</strong> zolédronique). FORME PHARMACEUTIQUE, PRESENTATION ET COMPOSITION. Solution pour perfusion. Boîte <strong>de</strong> 1 flacon 100 ml <strong>de</strong> solution contient 5 mg d’aci<strong>de</strong> zolédronique anhydre. DONNEES CLINIQUES. Indications thérapeutiques.Traitement <strong>de</strong> : • l’ostéoporose postménopausique,<br />
• l’ostéoporose masculine, chez les patients à risque élevé <strong>de</strong> fractures, notamment chez les patients ayant eu une fracture <strong>de</strong> hanche récente secondaire à un traumatisme modéré. Traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget. Posologie et mo<strong>de</strong> d’administration. Pour le traitement <strong>de</strong> l’ostéoporose post-ménopausique et <strong>de</strong><br />
l’ostéoporose masculine, la dose recommandée est une perfusion intraveineuse <strong>de</strong> 5 mg d’Aclasta, administrée une fois par an. Chez les patients ayant eu une fracture <strong>de</strong> hanche récente secondaire à un traumatisme modéré, il est recommandé <strong>de</strong> réaliser l’administration d’Aclasta 2 semaines ou plus après l’intervention sur la fracture (cf<br />
Propriétés pharmaco dynamiques). Pour la maladie <strong>de</strong> Paget, Aclasta doit uniquement être prescrit par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins expérimentés dans le traitement <strong>de</strong> cette pathologie. La dose recommandée est une unique perfusion IV <strong>de</strong> 5 mg. Aucune donnée spécifique n’est disponible concernant un traitement répété. Il a été observé une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
rémission prolongée chez les patients répon<strong>de</strong>urs au traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget après une unique administration d’Aclasta (cf Propriétés pharmacodynamiques). Pour plus d’informations sur la perfusion d’Aclasta cf Précautions particulières d’élimination et manipulation du Résumé <strong>de</strong>s Caractéristiques du Produit. <strong>Le</strong>s patients doivent<br />
être correctement hydratés avant l’administration d’Aclasta. Cela est particulièrement important pour les patients âgés et les patients qui reçoivent un traitement diurétique. Un apport adapté en calcium et vitamine D est recommandé simultanément à l’administration d’Aclasta. De plus, chez les patients atteints <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget, il est<br />
fortement conseillé d’administrer une supplémentation adaptée en calcium correspondant à un apport en calcium-élément d’au moins 500 mg <strong>de</strong>ux fois par jour, pendant au moins les 10 jours suivant l’administration d’Aclasta. Chez les patients ayant eu une fracture <strong>de</strong> hanche récente secondaire à un traumatisme modéré, il est recommandé<br />
d’administrer une dose <strong>de</strong> charge <strong>de</strong> 50 000 à 125 000 UI <strong>de</strong> vitamine D par voie orale ou intramusculaire, avant la 1ère perfusion d’Aclasta. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s effets indésirables survenant dans les 3 premiers jours suivant l’administration d’Aclasta peut être diminuée avec du paracétamol ou <strong>de</strong> l’ibuprofène après l’administration d’Aclasta.<br />
Patients insuffisants rénaux. L’utilisation d’Aclasta n’est pas recommandée chez les patients dont la clairance <strong>de</strong> la créatinine est < 35 ml/min. Aucun ajustement <strong>de</strong> la dose n’est nécessaire chez les patients dont la clairance <strong>de</strong> la créatinine est ≥ 35 ml/min. Patients insuffisants hépatiques. Pas d’ajustement posologique. Patients âgés<br />
(≥ 65 ans). Pas d’ajustement posologique. Enfants et adolescents. Ne pas utiliser dans ces groupes d’âge. Contre-indications. Hypersensibilité à la substance active ou à l’un <strong>de</strong>s excipients ou à d’autres bisphosphonates. Aclasta est contre-indiqué chez les patients ayant une hypocalcémie (cf Mises en gar<strong>de</strong> spéciales et précautions<br />
d’emploi). Aclasta est contre-indiqué chez la femme enceinte ou qui allaite (cf Grossesse et allaitement). Mises en gar<strong>de</strong> spéciales et précautions particulières d’emploi. La dose <strong>de</strong> 5 mg d’aci<strong>de</strong> zolédronique doit être administrée pendant au moins 15 minutes. Aclasta n’est pas recommandé chez les patients atteints d’insuffisance<br />
rénale sévère (clairance <strong>de</strong> la créatinine < 35 ml/min). La créatininémie <strong>de</strong>vra être mesurée avant l’administration d’Aclasta. <strong>Le</strong>s patients doivent être correctement hydratés avant l’administration d’Aclasta. Cela est particulièrement important pour les patients âgés et les patients qui reçoivent un traitement diurétique. Pru<strong>de</strong>nce en cas<br />
d’administration concomitante d’Aclasta et <strong>de</strong> médicaments susceptibles d’affecter <strong>de</strong> manière significative la fonction rénale. Une hypocalcémie préexistante doit être traitée par <strong>de</strong>s apports appropriés <strong>de</strong> calcium et <strong>de</strong> vitamine D avant l’instauration du traitement par Aclasta. <strong>Le</strong>s autres troubles du métabolisme <strong>de</strong>s minéraux doivent<br />
également être traités <strong>de</strong> manière efficace. Un remo<strong>de</strong>lage osseux élevé est l’une <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget. En raison du délai d’action rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> zolédronique sur le remo<strong>de</strong>lage osseux, une hypocalcémie transitoire, parfois symptomatique, peut se produire et atteint généralement une valeur maximale dans les 10<br />
premiers jours suivant l’administration d’Aclasta. Un apport adapté en calcium et vitamine D est recommandé simultanément à l’administration d’Aclasta. Il est par ailleurs fortement conseillé, chez les patients atteints <strong>de</strong> maladie <strong>de</strong> Paget, d’administrer un apport en calcium-élément d’au moins 500 mg 2 fois/j, pendant au moins 10 jours<br />
suivant l’administration d’Aclasta. Des douleurs osseuses, articulaires et/ou musculaires sévères et parfois invalidantes ont été rarement rapportées chez les patients traités par <strong>de</strong>s bisphosphonates, y compris Aclasta. Aclasta contient la même substance active qu’ un médicament utilisé en oncologie, Zometa (aci<strong>de</strong> zolédronique). Un patient<br />
traité par Zometa ne doit pas être traité par Aclasta. Ostéonécrose <strong>de</strong> la mâchoire principalement rapportée chez <strong>de</strong>s patients atteints d’un cancer et traités notamment par <strong>de</strong>s bisphosphonates. La plupart <strong>de</strong> ces patients recevaient aussi une chimiothérapie et <strong>de</strong>s corticoï<strong>de</strong>s. La majorité <strong>de</strong>s cas rapportés ont été associés à <strong>de</strong>s interventions<br />
<strong>de</strong>ntaires telles que extraction <strong>de</strong>ntaire. Plusieurs présentaient <strong>de</strong>s signes d’infection localisée, y compris une ostéomyélite. Faire un examen <strong>de</strong>ntaire avec soins <strong>de</strong>ntaires préventifs avant l’instauration d’un traitement par bisphosphonates chez <strong>de</strong>s patients présentant <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque associés. Au cours du traitement, éviter dans la<br />
mesure du possible toute intervention <strong>de</strong>ntaire invasive. Pour les patients qui développent une ostéonécrose au cours du traitement, une chirurgie <strong>de</strong>ntaire peut aggraver cette atteinte. Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interaction. Aucune étu<strong>de</strong> spécifique d’interaction médicamenteuse n’a été conduite avec<br />
l’aci<strong>de</strong> zolédronique. L’aci<strong>de</strong> zolédronique est éliminé par excrétion rénale. Pru<strong>de</strong>nce en cas d’administration concomitante d’Aclasta et <strong>de</strong> médicaments susceptibles d’affecter <strong>de</strong> manière significative la fonction rénale. Grossesse et allaitement. Aclasta est contre-indiqué chez la femme enceinte ou qui allaite. Effets indésirables. <strong>Le</strong><br />
pourcentage global <strong>de</strong> patients qui ont présenté <strong>de</strong>s symptômes survenant après l’administration était <strong>de</strong> respectivement 44,7 %, 16,7 % et 10,2 % après la première, <strong>de</strong>uxième et troisième perfusion respectivement. L’inci<strong>de</strong>nce individuelle <strong>de</strong> ces symptômes après la première administration était : fièvre (17,1 %), myalgie (7,8 %), syndrome<br />
pseudo-grippal (6,7 %), arthralgie (4,8 %) et céphalée (5,1 %). L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ces symptômes a diminué nettement avec les doses successives d’Aclasta. La majorité <strong>de</strong> ces symptômes est survenu dans les trois premiers jours suivant l’administration d’Aclasta, a été d’intensité légère à modérée et a disparu dans les 3 jours suivant leur<br />
survenue. <strong>Le</strong> pourcentage <strong>de</strong> patients présentant <strong>de</strong>s symptômes après l’injection était respectivement <strong>de</strong> 19,5 %, 10,4 %, 10,7 % après la première, <strong>de</strong>uxième et troisième perfusion, dans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus petite taille où le traitement symptomatique décrit ci-<strong>de</strong>ssous avait été utilisé. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s symptômes survenant dans les 3 premiers<br />
jours suivant l’administration d’Aclasta peut être diminuée en administrant du paracétamol ou <strong>de</strong> l’ibuprofène peu après l’administration d’Aclasta. Dans l’étu<strong>de</strong> pivot HORIZON-PFT (ostéoporose post-ménopausique), l’inci<strong>de</strong>nce globale <strong>de</strong>s fibrillations auriculaires a été <strong>de</strong> 2,5 % (96 <strong>de</strong>s 3 862) et <strong>de</strong> 1,9 % (75 <strong>de</strong>s 3 852) chez les patients<br />
recevant respectivement Aclasta et le placebo. <strong>Le</strong> taux <strong>de</strong> fibrillations auriculaires classé comme évènements indésirables graves était <strong>de</strong> 1,3 % (51 sur 3 862) chez les patientes traitées par Aclasta comparé à 0,6 % (22 sur 3 852) chez les patientes recevant le placebo. <strong>Le</strong> mécanisme <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> cette inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s fibrillations<br />
auriculaires n’est pas connu. Dans les étu<strong>de</strong>s HORIZON-PFT et HORIZON-RFT (étu<strong>de</strong> après fracture <strong>de</strong> hanche), l’inci<strong>de</strong>nce globale <strong>de</strong>s fibrillations auriculaires a été comparable entre le groupe Aclasta (2,6 %) et le groupe placebo (2,1 %). L’inci<strong>de</strong>nce globale <strong>de</strong>s fibrillations auriculaires rapportées comme événement indésirable grave était<br />
<strong>de</strong> 1,3 % pour le groupe Aclasta et <strong>de</strong> 0,8 % pour le groupe placebo. <strong>Le</strong>s effets indésirables très fréquents (≥ 1/10), fréquents (≥ 1/100, < 1/10), peu fréquents ≥ 1/1 000, < 1/100) et rares (≥ 1/10 000, < 1/1 000) sont présentés ci-<strong>de</strong>ssous. Investigations : Peu fréquent : Augmentation <strong>de</strong> la pression artérielle. Affections cardiaques :<br />
Fréquent : Fibrillation auriculaire. Affections du système nerveux : Fréquent : Céphalées, vertiges. Peu fréquent : Léthargie, paresthésies, somnolence,tremblements, syncope. Affections oculaires : Peu fréquent : Conjonctivite, douleur oculaire. Rare : Uvéite, épisclérite, iritis. Affections <strong>de</strong> l’oreille et du labyrinthe : Peu fréquent : Vertiges.<br />
Affections respiratoires, thoraciques et médiastinales : Peu fréquent : Dyspnée. Affections gastro-intestinales : Fréquent : Nausées, vomissements. Peu fréquent : Diarrhée, dyspepsie, douleur abdominale, sécheresse buccale. Affections du rein et <strong>de</strong>s voies urinaires : Peu fréquent : Augmentation <strong>de</strong> la créatinémie, pollakiurie.<br />
Affections <strong>de</strong> la peau et du tissu sous-cutané : Peu fréquent : Eruption cutanée, sueurs nocturnes, hyperhydrose, prurit, érythème. Affections musculo-squelettiques et systémiques : Fréquent : Myalgies, arthralgies, douleurs osseuses, douleurs rachidiennes, douleurs au niveau <strong>de</strong>s extrémités. Peu fréquent : Cervicalgies, rai<strong>de</strong>ur<br />
musculo-squelettique, gonflement articulaire, douleurs <strong>de</strong> l’épaule, spasmes musculaires, douleurs musculo-squelettiques, douleurs thoraciques non-cardiaques, arthrite, faiblesse musculaire, rai<strong>de</strong>ur articulaire. Troubles du métabolisme et <strong>de</strong> la nutrition : Fréquent : Hypocalcémie 2 . Peu fréquent : Anorexie, diminution <strong>de</strong> l’appétit. Affections<br />
et infestations : Peu fréquent : Grippe. Affections vasculaires : Peu fréquent : Hypertension, bouffées vasomotrices. Troubles généraux et anomalies au site d’administration : Très fréquent : Fièvre. Fréquent : Syndrome pseudo-grippal, frissons, fatigue, asthénie, douleurs, malaise, rigidité 2 . Peu fréquent : Œdème périphérique, soif.<br />
Affections du système immunitaire : Fréquence indéterminée 3 : Réactions d’hypersensibilité incluant <strong>de</strong> rares cas <strong>de</strong> bronchoconstriction, urticaire et angiodème et <strong>de</strong> très rares cas <strong>de</strong> réaction ou <strong>de</strong> choc anaphylactique. Affections psychiatriques : Peu fréquent : Insomnie. 1. Des événements indésirables supplémentaires ont été<br />
rapportés individuellement dans les étu<strong>de</strong>s mais n’ont pas été inclus en raison d’une présentation poolée <strong>de</strong>s données : Peu fréquent : dysgueusie, oesophagite, douleurs <strong>de</strong>ntaires. 2. Fréquent en cas <strong>de</strong> maladie <strong>de</strong> Paget uniquement. Pour l’hypocalcémie voir ci-<strong>de</strong>ssous. 3. Basé sur <strong>de</strong>s données après commercialisation. Ces données sont<br />
issues d’une population <strong>de</strong> taille incertaine et peuvent prêter à confusion. Il n’est pas possible d’estimer leur fréquence ou d’établir une relation avec l’exposition au médicament. Effets <strong>de</strong> classe : Anomalie <strong>de</strong> la fonction rénale se manifestant sous forme d’une détérioration <strong>de</strong> la fonction rénale et dans <strong>de</strong> rares cas insuffisance rénale aiguë.<br />
Une insuffisance rénale a été observée après l’administration d’aci<strong>de</strong> zolédronique, en particulier chez les patients présentant une altération rénale préexistante ou <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque supplémentaires. La majorité <strong>de</strong> ces patients ont reçu une dose <strong>de</strong> 4 mg toutes les 3 à 4 semaines, mais une anomalie <strong>de</strong> la fonction rénale a également<br />
été observée chez les patients ayant reçu une seule administration. Hypocalcémie. Au cours <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s cliniques dans l’ostéoporose, environ 0,2 % <strong>de</strong>s patientes ont présenté une diminution notable <strong>de</strong> la calcémie (moins <strong>de</strong> 1,87 mmol/l), suite à l’administration d’Aclasta. Aucun cas d’hypocalcémie symptomatique n’a été observé. Au cours<br />
d’étu<strong>de</strong>s menées chez <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget, une hypocalcémie symptomatique a été observée chez environ 1 % <strong>de</strong>s patients. Chez tous les patients, l’hypocalcémie a été résolutive. Réactions locales. Au cours d’une vaste étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s réactions locales au site <strong>de</strong> perfusion, telles qu’une rougeur, un gonflement et/ou<br />
une douleur (0,7 %), ont été observées après l’administration d’aci<strong>de</strong> zolédronique. Ostéonécrose <strong>de</strong> la mâchoire. Des cas d’ostéonécrose (principalement <strong>de</strong> la mâchoire) ont été peu fréquemment rapportés, principalement chez <strong>de</strong>s patients atteints d’un cancer et traités par bisphosphonates, dont l’aci<strong>de</strong> zolédronique. Beaucoup d’entre<br />
eux présentaient <strong>de</strong>s signes d’infection locale y compris une ostéomyélite. La majorité <strong>de</strong>s cas concerne <strong>de</strong>s patients atteints d’un cancer et ayant subi une extraction <strong>de</strong>ntaire ou d’autres chirurgies <strong>de</strong>ntaires. L’ostéonécrose <strong>de</strong> la mâchoire présente <strong>de</strong> multiples facteurs <strong>de</strong> risque bien documentés incluant le diagnostic d’un cancer, les<br />
traitements associés et <strong>de</strong>s affections associées. Il est pru<strong>de</strong>nt d’éviter une chirurgie <strong>de</strong>ntaire dont la guérison pourrait être retardée. PROPRIETES PHARMACO LOGIQUES. Propriétés pharmacodynamiques. Classe pharmacothérapeutique : bisphosphonate, co<strong>de</strong> ATC : M05 BA 08. DONNEES PHARMACEUTIQUES. Liste I. Médicament<br />
nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement. EU/1/05/308/001 (2005, révisée 26.09.08) ; CIP 365 871-1 : 1 flacon (plastique) <strong>de</strong> 100 ml (0,05 mg/ml) – boîte <strong>de</strong> 1 flacon. Prix : 410,04 euros. Remb. Séc. Soc. à 65 % dans : - <strong>Le</strong> traitement <strong>de</strong> l’ostéoporose post-ménopausique chez les patientes à risque élevé <strong>de</strong> fractures :<br />
chez les patientes ayant fait une fracture par fragilité osseuse, en l’absence <strong>de</strong> fracture, chez les femmes ayant une diminution importante <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité osseuse (T-score < -3) ou ayant un T-score ≤ -2,5 associé à d’autres facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> fracture en particulier, un âge > 60 ans, une corticothérapie systémique ancienne ou actuelle à<br />
une posologie ≥ 7,5 mg/jour d’équivalent prednisone, un indice <strong>de</strong> masse corporelle < 19 kg/m², un antécé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> fracture <strong>de</strong> l’extrémité du col du fémur chez un parent du premier <strong>de</strong>gré (mère), une ménopause précoce (avant l’âge <strong>de</strong> 40 ans). - <strong>Le</strong> traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget. Non remboursé à la date du 13 octobre 2008 dans<br />
l’indication « ostéoporose masculine chez les patients à risque élevé <strong>de</strong> fractures » (<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’admission à l’étu<strong>de</strong>). Agréé Coll. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE. Novartis Europharm Limited. Wimblehurst Road. Horsham - West Sussex, RH12 5AB - Royaume-Uni. REPRESENTANT LOCAL. Novartis Pharma<br />
S.A.S - 2 et 4, rue Lionel Terray - 92500 Rueil-Malmaison. Tél. : 01 55 47 60 00. Information et Communication Médicales : Tél. : 01 55 47 66 00. icm.phfr@novartis.com - POUR UNE INFORMATION COMPLÈTE, CONSULTER LE TEXTE INTÉGRAL DU RÉSUMÉ DES CARACTÉRISTIQUES DU PRODUIT OU LA MONOGRAPHIE VIDAL. FMI0068-8<br />
T2810 <strong>Rhumatologue</strong> ML.indd 1 2/01/09 11:23:24<br />
8 e Congrès National<br />
<strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie<br />
Vendredi 27 et Samedi 28 Mars <strong>2009</strong><br />
Hôtel Méridien Montparnasse Paris
44<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
AU SECOURS !!!<br />
J’attends mon successeur <strong>de</strong> pied ferme !<br />
Il y a 40 ans, étudiants en mé<strong>de</strong>cine passionnés, déjà mariés et parents, nous avons décidé, après nos étu<strong>de</strong>s faites<br />
à Paris, d’exercer en province, afin d’y avoir un cadre <strong>de</strong> vie plus vaste et aéré, d’y éléver nos enfants plus simplement<br />
que dans la mégapole parisienne, et en nous épanouissant dans notre métier, radiologue à l’hôpital, et rhumatologue<br />
en ville. C’est un choix que je n’ai à aucune secon<strong>de</strong> regretté.<br />
A 65 ans en <strong>2009</strong>, je pense donc tirer ma révérence <strong>de</strong> rhumatologue en ville, et suis à la recherche <strong>de</strong> celui ou celle à<br />
qui je vais pouvoir confier ma grosse clientèle...<br />
Eveux, dans l’Eure, où j’exerce est une préfecture à échelle humaine, située à 90 kms <strong>de</strong> Paris, à 50 minutes du Pont <strong>de</strong><br />
St Cloud, à mi-chemin entre Paris et Paris-Plage !!!<br />
Pourquoi une telle désertification, aussi bien en mé<strong>de</strong>cine hospitalière qu’en exercice libéral ? où généralistes et spé-<br />
cialistes vieillissants partent sans avoir trouvé <strong>de</strong> successeurs ? et nous savons que ce phénomène est typiquement<br />
français !!!<br />
La raison invoquée est invariablement : « Notre vie privée d’abord !»...raison pour laquelle nous faisions justement le<br />
choix contraire....n’avons-nous pas eu <strong>de</strong> vie privée ?? et la vie privée ne s’épanouit-elle pas, en gran<strong>de</strong> partie, lorsque<br />
la vie professionnelle est satisfaisante ??<br />
Qu’il est bon d’habiter en permanence sa rési<strong>de</strong>nce secondaire, au milieu d’une campagne reposante à 10 minutes en<br />
voiture <strong>de</strong> son lieu <strong>de</strong> travail !!! Et il ne manque pas !, nous sommes 1,5 rhumatologues pour 100.000 hab. dans notre<br />
département, et la clientèle y est nombreuse, fidèle , respectueuse et docile.<br />
L’environnement médical réduit permet <strong>de</strong> se connaître rapi<strong>de</strong>ment, et <strong>de</strong> travailler dans une confraternité qui n’a<br />
d’autre intérêt que celui <strong>de</strong> nos patients.... La proximité du CHU et <strong>de</strong>s cliniques <strong>de</strong> Rouen offre un large pannel <strong>de</strong><br />
soins d’excellente qualité.<br />
La vie quotidienne y est facilitée par la présence <strong>de</strong> nombreux commerces ( Evreux est la ville <strong>de</strong> France où il y a le plus<br />
grand nombre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces par hab.) <strong>Le</strong>s collèges et les lycées publics ou privés ( dont l’ancien établissement<br />
jésuite St François) ont une bonne réputation et <strong>de</strong> bons résultats - mes quatre enfants y ont fait <strong>de</strong> bonnes étu<strong>de</strong>s...<br />
- La vie culturelle se développe largement, avec « <strong>Le</strong> Cadran » qui un centre <strong>de</strong> Congres avec une salle <strong>de</strong> 900 places<br />
où un programme <strong>de</strong> théâtre, <strong>de</strong> concerts et <strong>de</strong> spectacles <strong>de</strong> qualité y sont programmés chaque année, au Théâtre -<br />
Scène Nationale- également. <strong>Le</strong> Cinéma Zénith et ses 12 salles permettent <strong>de</strong> voir les <strong>de</strong>rniers films sortis...<br />
Une centaine d’associations culturelles et sportives permettent à chacun <strong>de</strong> trouver l’activité qui lui convient - je suis<br />
moi-même choriste (et prési<strong>de</strong>nte) d’un ensemble Vocal <strong>de</strong> Musique Baroque - La lecture hebdomadaire du journal<br />
local m’informe sur ce à quoi je ne peux pas assister, faute <strong>de</strong> temps !!!<br />
Enfin, Rouen est à 35 minutes en voiture <strong>de</strong> Paris et à 55 minutes <strong>de</strong> train..... si besoin.<br />
Alors, j’appelle mes jeunes confrères à ne pas se poser trop <strong>de</strong> questions...si vous voulez sauvegar<strong>de</strong>r la mé<strong>de</strong>cine<br />
libérale, il faut s’installer !!! Que <strong>de</strong>viendra celle-ci lorsque tous les mé<strong>de</strong>cins que vous préférez remplacer seront tous<br />
partis !!! La clientèle est là, et vous attend, la salle d’attente sera garnie dès le premier jour !!!<br />
Si notre façon <strong>de</strong> travailler ne vous convient pas, inventez-en une autre, ce que notre génération a fait en instituant<br />
la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> groupe ! S’il y a trop <strong>de</strong> travail pour un, venez à plusieurs !!! Plus tôt vous commencerez votre carrière,<br />
plus vous prendrez goût à apporter vos soins à l’ensemble <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> notre beau pays dont la mé<strong>de</strong>cine est<br />
encore jalousée par tant d’autres....mais cette réputation se mérite..<br />
N’atten<strong>de</strong>z pas que cela tombe tout seul du Ciel !! Avec toute la passion qui m’anime comme au premier jour, je vous dis;<br />
«Allez-y, foncez, soyez créatifs....venez! »...la récompense ne peut venir que <strong>de</strong> l’effort vaincu !!<br />
J’attends mon successeur <strong>de</strong> pied ferme .<br />
Contact : Docteur Blandine GALMICHE-ZELLER - 46 rue Marcel PAUL 27 000 EVREUX<br />
Tél+ fax: 02 32 38 54 58 - courriel : bgz1@aliceadsl.fr<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
Démographie <strong>de</strong>s rhumatologues :<br />
où vont les nouveaux diplômés ?<br />
Jean-Pol Durand, Paris<br />
Q<br />
uelques bonnes raisons <strong>de</strong> ne pas désespérer… complètement. L’observation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers<br />
chiffres <strong>de</strong> la démographie professionnelle <strong>de</strong> 2007, disponibles sur le site du ministère <strong>de</strong> la santé,<br />
donne à penser que les jeunes n’ont pas forcément les travers <strong>de</strong> leurs ainés à se concentrer dans<br />
les régions déjà pourvues.<br />
Cette forme <strong>de</strong> « rééquilibrage » n’est d’ailleurs ni<br />
spécifique à la rhumatologie, ni objectivement spontanée.<br />
Comme les pouvoirs publics ont assez bien i<strong>de</strong>ntifié le<br />
fait que les étudiants s’installent préférentiellement là où<br />
ils ont fait leur internat, les régions les moins dotées ont<br />
été avantagées en postes d’internat.<br />
Ainsi – et sous réserve <strong>de</strong> faire exception <strong>de</strong> la Corse (en<br />
voie <strong>de</strong> « sinistralité » avancée)- le classement <strong>de</strong>s régions<br />
en termes « d’attractivité » à la pratique rhumatologique<br />
est en voie <strong>de</strong> reconfiguration. Certaines régions, cumulant<br />
âge moyen élevé et forte proportion <strong>de</strong> praticiens âgés,<br />
sont objectivement en perte <strong>de</strong> vitesse : c’est le cas <strong>de</strong><br />
l’Ile <strong>de</strong> France par exemple qui, à ces <strong>de</strong>ux critères plutôt<br />
péjoratifs, ajoute une faible proportion <strong>de</strong> jeunes. PACA<br />
se retrouve dans une situation encore moins enviable…<br />
<strong>Le</strong>s régions antérieurement déshéritées, à l’instar du Nord-<br />
Pas <strong>de</strong> Calais, <strong>de</strong> la Basse et <strong>de</strong> la Haute-Normandie,<br />
la Franche-Comté, les Pays <strong>de</strong> la Loire apparaissent, à<br />
l’inverse, plus accueillantes aux jeunes… D’autres, comme<br />
la Picardie, semblent abonnées à la contre-performance…<br />
Il est vrai que cette région est fortement… importatrice<br />
Quel<br />
âge moyen,<br />
dans quelle<br />
région ?<br />
45<br />
d’internes (notamment venus d’Ile <strong>de</strong> France) et aussi<br />
fortement… exportatrice <strong>de</strong> nouveaux diplômés. <strong>Le</strong> cas <strong>de</strong><br />
l’Auvergne qui a longtemps fait figure <strong>de</strong> « parent pauvre »<br />
<strong>de</strong> la démographie apparaît aujourd’hui avantageux par<br />
rapport à la moyenne <strong>de</strong>s régions.<br />
N’oublions pas néanmoins que ce raisonnement s’appuie<br />
sur <strong>de</strong>s pourcentages… évi<strong>de</strong>mment à mettre en relation<br />
avec les effectifs réels. Du moins traduisent-ils <strong>de</strong>s<br />
tendances…<br />
Comment se comporteront les générations <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>main ? Il est évi<strong>de</strong>mment trop tôt pour le dire…<br />
Mais pas pour faire le constat <strong>de</strong> leur féminisation<br />
galopante. Selon <strong>de</strong>s sources, également ministérielles,<br />
rapportées par la CARMF dans son bulletin <strong>de</strong> décembre<br />
2008, le taux <strong>de</strong> féminisation était <strong>de</strong> 75 % en TCEM4<br />
(27 sur 36) et <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 80 % en TCEM 4 (42 sur 53)…<br />
Or on sait aujourd’hui qu’une région n’est attrayante à<br />
une consœur que si le conjoint y trouve également son<br />
compte… La preuve que la démographie médicale est<br />
aussi (et peut-être surtout) une question d’aménagement<br />
et <strong>de</strong> dynamique <strong>de</strong>s territoires.<br />
< 40 ans 40-54 ans 55-64 ans > 65 ans Age Moyen<br />
Alsace 14,4 53,7 25 6,9 49,3<br />
Aquitaine 10,1 49,8 35,9 4,1 51,2<br />
Auvergne 18,1 48,1 28,6 5,2 49,7<br />
Basse-Normandie 21,2 51,3 27,5 0 47,5<br />
Bourgogne 16,1 44,9 38,9 0 49,9<br />
Bretagne 14,5 50,5 35 0 49,8<br />
Centre 11,7 56,2 30,8 1,2 50,6<br />
Champagne-Ar<strong>de</strong>nne 12 53,7 28,7 5,6 51,2<br />
Corse 0 37,5 50 12,5 56,5<br />
Franche-Comté 18,7 54,2 27,1 0 47,6<br />
Haute-Normandie 25,3 54,6 18,4 1,6 46,9<br />
Ile-<strong>de</strong>-France 11,1 49,5 31,4 8 51,7<br />
Languedoc-Roussillon 17,4 48,5 29,1 5 49,5<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
46<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
< 40 ans 40-54 ans 55-64 ans > 65 ans Age Moyen<br />
Limousin 11,6 65,9 22,5 0 48,9<br />
Lorraine 12,4 45,1 44,1 1,3 51,5<br />
Midi-Pyrénées 12,2 54,4 28,5 4,9 50,4<br />
Nord-Pas <strong>de</strong> Calais 15,9 61,8 18 4,2 48,9<br />
Pays-<strong>de</strong>-la-Loire 21 48 28,3 2,7 48,7<br />
Picardie 8,2 50,5 37,4 3,8 51,6<br />
Poitou-Charentes 12 61 23 3,9 49,2<br />
Provence-Alpes-Côte d’Azur 9,8 47,5 36,5 6,1 52<br />
Rhône-Alpes 12,4 57,3 26,4 3,8 50,2<br />
France Métropolitaine 13,3 51,8 30,2 4,8 50,5<br />
DOM 5,9 55,6 26,6 11,8 52,2<br />
France entière 13,1 51,8 30,2 4,9 50,5<br />
Pour quel secteur d’exercice ?<br />
Effectif Exercice en<br />
Dont femmes<br />
cabinet<br />
Exercice<br />
hospitalier<br />
Autre mo<strong>de</strong><br />
(PSPH,...)<br />
Alsace 64 19 45 12 7<br />
Aquitaine 96 30 74 18 4<br />
Auvergne 57 20 36 17 4<br />
Basse-Normandie 50 18 32 1 5<br />
Bourgogne 38 16 27 5 6<br />
Bretagne 138 56 96 32 10<br />
Centre 83 11 53 26 4<br />
Champagne-Ar<strong>de</strong>nne 54 21 34 16 3<br />
Corse 8 3 8 0 0<br />
Franche-Comté 34 9 22 11 1<br />
Haute-Normandie 60 25 34 21 5<br />
Ile-<strong>de</strong>-France 666 297 426 162 78<br />
Languedoc-Roussillon 141 45 108 26 7<br />
Limousin 27 9 16 9 2<br />
Lorraine 77 17 60 11 5<br />
Midi-Pyrénées 143 48 100 32 11<br />
Nord-Pas <strong>de</strong> Calais 123 41 87 19 17<br />
Pays-<strong>de</strong>-la-Loire 108 39 77 29 2<br />
Picardie 51 12 33 16 2<br />
Poitou-Charentes 53 20 33 19 1<br />
Provence-Alpes-Côte d’Azur 257 67 192 60 5<br />
Rhône-Alpes 287 118 201 72 13<br />
France Métropolitaine 2 616 960 1 794 627 195<br />
DOM 34 17 27 7 0<br />
France entière 2 650 977 (36,9 %) 1 821 634 195
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Cotisations CarMF :<br />
hausse modérée pour <strong>2009</strong>…<br />
mais potentiellement énorme avec<br />
la réforme attendue <strong>de</strong> l’aSV<br />
L<br />
Calme relatif sur le front <strong>de</strong> la retraite : cette année, les tarifs<br />
restent sages mais il se pourrait bien que ce calme soit trompeur.<br />
Un coup d’œil au tableau n°1 permet donc <strong>de</strong> se rassurer pour<br />
<strong>2009</strong>. <strong>Le</strong>s augmentations les plus élevées (tranche du régime<br />
<strong>de</strong> base, invalidité-décès) s’expliquent par <strong>de</strong>s mécanismes<br />
connus (relèvement du plafond <strong>de</strong> la Sécu dans un cas et<br />
mécanismes actuariels dans l’autre) mais, dans les <strong>de</strong>ux cas,<br />
on reste dans le « raisonnable ».<br />
<strong>Le</strong> sort du régime complémentaire est plus inquiétant.<br />
On rappellera que le taux <strong>de</strong> 9,2 % <strong>de</strong> <strong>2009</strong> est pour partie<br />
<strong>de</strong>stiné à servir les pensions et pour l’autre part (le tiers environ)<br />
à alimenter un fonds <strong>de</strong> réserve pour la pério<strong>de</strong> prévisible et<br />
prévue <strong>de</strong> déséquilibre démographique,… lorsqu’il n’y aura<br />
plus qu’un seul cotisant pour un retraité (3 pour 1 aujourd’hui).<br />
La crise financière internationale a sérieusement ébranlé la<br />
dynamique <strong>de</strong> re-constitution <strong>de</strong> cette réserve. <strong>Le</strong>s gestionnaires<br />
Jean-Pol Durand, Paris<br />
a CARMF vient <strong>de</strong> faire connaître ses tarifs pour <strong>2009</strong>, affichant une hausse qu’on qualifiera<br />
<strong>de</strong> modérée. En revanche, la réforme <strong>de</strong> l’ASV hypothèque gravement la rentabilité <strong>de</strong> ce régime<br />
transitoirement avantageux.<br />
RHUMATOLOGUE « MOYEN » = REVENU NET 2007 : 70 000 €<br />
47<br />
<strong>de</strong> la CARMF étaient très fiers, l’an passé, d’exciper leurs<br />
qualités <strong>de</strong> gestionnaires avec une rentabilité <strong>de</strong>s placement<br />
<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 4,60 %… Taux effectivement honorable pour<br />
une gestion « <strong>de</strong> bon père <strong>de</strong> famille », et qui se rencontre<br />
assez facilement dans les « produits Ma<strong>de</strong>lin »,… mais qui va<br />
sombrer avec la crise.<br />
Au moment <strong>de</strong> rédiger cet article, les gestionnaires invoquaient,<br />
sur le site <strong>de</strong> l’institution, la volatilité <strong>de</strong>s marchés pour ne pas<br />
livrer <strong>de</strong> chiffres mais, avec les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s placements en<br />
action, on peut redouter… la même déconvenue que celle qui<br />
a frappé les petits actionnaires.<br />
Plus inquiétant sans doute à terme, la déplorable querelle<br />
sur le régime ASV qui continue, inéluctablement, à se diriger<br />
vers… la cessation <strong>de</strong> paiements, en 2010 ou 2011 selon les<br />
sources. Tout cela parce que la profession organisée n’arrive<br />
pas à s’accor<strong>de</strong>r sur un traitement consensuel du dossier.<br />
RéGIMES 2008 <strong>2009</strong> Pourcentage<br />
Montants Montants<br />
d’évolution<br />
« DE BASE » 3 181 3 242 + 1,9 %<br />
- Tranche 1 8,6 % 2 433 8,6 % 2 508 + 3,1 %<br />
- Tranche 2 1,6 % 748 1,6 % 734 - 1,87 %<br />
COMPLÉMENTAIRE 9,1 % 6 825 9,2 % 6 900 + 1,1 %<br />
ADR 0,125 % 94 0,125 % 94 0 %<br />
INVALIDITÉ-DéCèS 652 680 + 4,3 %<br />
Secteur I Secteur II Secteur I Secteur II<br />
ASV 1 260 3 780 1 320 3 960 + 4,8 %<br />
TOTAL 12 012 14 532 12 236 14 876 + 1,9 % 2,4 %<br />
Pourcentage du revenu 16 02 % 19,38 % 16,31 % 19,83 %<br />
Attention, ces taux<br />
ne valent que dans<br />
le cas d’une stabilité<br />
<strong>de</strong>s revenus.<br />
Nous n’avons retenu<br />
cette hypothèse<br />
que pour la fiabilité<br />
<strong>de</strong>s comparaisons<br />
dans le temps.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
48<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
Sur la base <strong>de</strong> projections actuarielles parfaitement fiables,<br />
les responsables <strong>de</strong> la CARMF préconisent… la fermeture<br />
pure et simple du régime, en garantissant le paiement <strong>de</strong>s<br />
« droits acquis » et en laissant les mé<strong>de</strong>cins libres <strong>de</strong> placer<br />
leurs économies ainsi réalisées. La thèse se défend, venant <strong>de</strong><br />
militants <strong>de</strong>s retraites par capitalisation… <strong>Le</strong> problème est que<br />
l’ASV est un régime <strong>de</strong> pure répartition avec <strong>de</strong>s actifs payant<br />
pour <strong>de</strong>s retraités. Ou plutôt « co-payant », <strong>de</strong> concert avec les<br />
Caisses, celles-ci supportant l’essentiel (et plus précisément les<br />
2/3) <strong>de</strong>s cotisations en secteur 1. Cette clef <strong>de</strong> répartition est<br />
héritée <strong>de</strong>s premiers pas du système conventionnel dans les<br />
années 60, âprement négocié par la CSMF, seul syndicat <strong>de</strong><br />
l’époque.<br />
Et qui, aujourd’hui se crispe sur cet « acquis social » qui<br />
représente effectivement 39 % d’une pension <strong>de</strong> retraite<br />
assez mo<strong>de</strong>ste (majoritairement comprise aujourd’hui entre<br />
2 500 et 3 000 euros par mois). <strong>Le</strong> syndicalisme médical<br />
(sauf la FMF) n’a donc qu’un seul mot d’ordre à la bouche :<br />
« il faut sauver le soldat ASV ! ». La solution est d’ailleurs<br />
connue, faisant aujourd’hui plus ou moins consensus.<br />
À base <strong>de</strong> 3 recettes :<br />
- La baisse <strong>de</strong>s prestations. Elle se ferait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons<br />
différentes, selon que les droits ont été liquidés ou non : plus<br />
aucune revalorisation pour les retraites en cours qui perdraient<br />
donc, en pouvoir d’achat, le taux d’inflation annuel… Risque<br />
certain. Et, pour ceux qui s’apprêtent à partir, une modulation<br />
du « ren<strong>de</strong>ment » <strong>de</strong>s points disponibles selon leur année<br />
d’acquisition… Deux hypothèses pour un même résultat :<br />
baisser les pensions !<br />
- La hausse <strong>de</strong>s cotisations. Là encore, elle se fait<br />
potentiellement selon <strong>de</strong>ux formules. La première suppose<br />
l’abandon, partiel ou total, du système actuel <strong>de</strong> forfait au<br />
Nouvelles règles en vue pour le cumul emploi / retraite<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
profit d’un calcul… proportionnel au revenu. Ce sera, par<br />
exemple, déjà le cas d’une partie <strong>de</strong> cotisation fléchée sur…<br />
un fonds <strong>de</strong> rétablissement d’équilibre, non producteur<br />
<strong>de</strong> droits… À nouveau, <strong>de</strong>ux hypothèses pour un même<br />
résultat : augmenter les cotisations ! Seule consolation pour<br />
les mé<strong>de</strong>cins : la cotisation qu’ils acquittent aujourd’hui<br />
au régime <strong>de</strong> l’ADR (Allocation <strong>de</strong> Remplacement) sera<br />
« recyclée » au bénéfice <strong>de</strong> l’ASV. Normal : ce que l’on avait<br />
improprement appelé par le passé « Retraite anticipée » est<br />
fermé <strong>de</strong>puis 2003 et les cotisations du jours ne servent qu’à<br />
payer les allocations <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers bénéficiaires.<br />
- La troisième question en suspens, la plus difficile en fait<br />
à obtenir <strong>de</strong> l’État, porte sur la clef <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s<br />
cotisations respectivement <strong>de</strong>mandées aux mé<strong>de</strong>cins et aux<br />
caisses pour sauver l’ASV. Antérieurement, elle était exigée<br />
aux <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s caisses et du tiers restant <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />
eux-mêmes au nom <strong>de</strong>… la parole donnée en 1971. L’IGAS<br />
(Inspection Générale <strong>de</strong>s Affaires Sociales), dont l’avis avait<br />
été sollicité par le gouvernement antérieur, milite dans ses<br />
préconisations pour un rapport 50/50… qui contribuerait<br />
évi<strong>de</strong>mment à alourdir la facture que les mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong>vront, un<br />
jour ou l’autre, payer au sauvetage <strong>de</strong> l’ASV.<br />
<strong>Le</strong> problème dans cette affaire est que le temps travaille…<br />
contre le corps médical. <strong>Le</strong> premier ministre à s’être engagé<br />
sur ce dossier est Jean-François Mattéi, qui avait passé<br />
« la patate chau<strong>de</strong> » à Philippe Douste-Blazy, qui l’avait<br />
lui-même confiée à Xavier Bertrand qui lui-même…<br />
Il existe au sort <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, <strong>de</strong>ux « jurispru<strong>de</strong>nces »<br />
défavorables : l’ASV <strong>de</strong>s biologistes d’une part et celui <strong>de</strong>s<br />
paramédicaux en octobre <strong>de</strong>rnier, « sauvés » l’un et l’autre au<br />
moment ultime (un mois avant la faillite) et dans les <strong>de</strong>ux cas<br />
aux pires conditions pour les intéressés !<br />
Ceux <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins qui n’envisagent pas <strong>de</strong> rompre définitivement avec leur métier ont l’opportunité <strong>de</strong> cumuler leur allocation <strong>de</strong> retraite avec une activité<br />
libérale partielle,… jusqu’à présent plafonnée à 130 % du plafond SS pour les mé<strong>de</strong>cins partis à 65 ans (et 100 % du même plafond pour ceux partis avant<br />
le 65 e anniversaire). Soit 43 259 €. Desquels il convenait <strong>de</strong> soustraire <strong>de</strong>s cotisations CARMF assez rédhibitoires pendant les <strong>de</strong>ux premières années<br />
(<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 8 000 € en secteur 1 et 10 500 € en secteur 2)… Cotisations évi<strong>de</strong>mment non productrices <strong>de</strong> droits nouveaux. À ces cotisations sociales<br />
<strong>de</strong>vaient s’ajouter encore la prime <strong>de</strong> RCP, pas franchement adaptée à ce type d’activité…<br />
Tout est en train <strong>de</strong> changer du fait <strong>de</strong> la promulgation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière Loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la Sécurité sociale, parue au JO du 17 décembre 2008, notamment<br />
dans son article 88. Ce <strong>de</strong>rnier libéralise – au nom du droit à « travailler plus » - le cumul emploi-retraite, pour ceux qui ont définitivement liquidé leur retraite.<br />
Ces nouvelles règles ne sont pas réservées aux anciens salariés qui étaient, eux, exposés à un « délai <strong>de</strong> latence » (condamnés à attendre six mois pour retravailler<br />
pour leur ancien employeur) et à un plafond « moyenné » sur leurs trois <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> salaire… Toutes ces règles semblent vouées à l’abandon<br />
total. Mais on aimerait, sur le sujet, disposer <strong>de</strong> l’analyse à la fois <strong>de</strong> la CARMF (qui sur son site continue d’invoquer et d’expliquer les anciennes règles<br />
<strong>de</strong> cumul) et <strong>de</strong>s centrales syndicales (qui n’ont rien encore communiqué sur le sujet). Aucun texte d’application n’est prévu dans la Loi qui organise cette<br />
libéralisation.<br />
Une autre nouveauté, issue, elle, <strong>de</strong> la Loi <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’économie votée l’été <strong>de</strong>rnier mais opérationnelle <strong>de</strong>puis le 1er janvier <strong>2009</strong>, mérite également<br />
d’être évoquée, celle d’auto-entrepreneur et qui – toujours au nom du même libéralisme – promet un statut fiscal et social très avantageux, sous réserve <strong>de</strong><br />
respecter un plafond d’honoraires <strong>de</strong> 32 000 €, exposant à <strong>de</strong>s cotisations minimales (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 8 000 €) et surtout… sans paperasse excessive. Ce statut<br />
existait déjà par le passé, peu attractif du fait que les cotisations étaient dues quelque soit le montant d’affaires réalisé. Désormais, il n’est exigible qu’en cas,<br />
et à due-proportion, <strong>de</strong>s rentrées financières. Défaut du système : aucun frais n’est déductible pour l’application du calcul <strong>de</strong> charges…<br />
Sur le site ouvert à l’« explication <strong>de</strong> texte » du nouveau dispositif (http://www.auto-entrepreneur.fr), Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé <strong>de</strong>s PME explique<br />
qu’il passera convention avec leurs Caisses <strong>de</strong> retraite « courant février » pour ouvrir ce nouveau statut aux Professions libérales.<br />
Sous cette réserve, il apparaît donc possible <strong>de</strong> réaliser 2 000 € d’honoraires mensuels nets sans excès <strong>de</strong> bureaucratie. Tandis que les retraités plus<br />
boulimiques seront également ravis <strong>de</strong> n’être plus exposés au « plafond » <strong>de</strong> 43 000 €… Et si finalement, le statut <strong>de</strong> « retraité actif » prenait déjà corps ?
50<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
Brèves<br />
Départ d’un pilier<br />
du DMP<br />
Dominique Coudreau, que la profession<br />
médicale a beaucoup pratiqué à la tête<br />
du GIP-DMP, quitte la prési<strong>de</strong>nce du<br />
groupement qu’il avait créé en 2005. On<br />
sait, <strong>de</strong>puis la mission <strong>de</strong> « reconfiguration »<br />
du projet, conduite fin 2008 par M. Michel<br />
Gagneux, inspecteur IGAS que le GIP-DMP<br />
a vocation à se fondre avec <strong>de</strong>ux autres<br />
institutions pour former l’ASIP (Agence <strong>de</strong>s<br />
Systèmes d’Information <strong>de</strong> Santé Partagés).<br />
C’est d’ailleurs M. Gagneux qui lui succè<strong>de</strong>,<br />
le Dr Jean-Yves Robin, étant nommé<br />
directeur, lui-même ancien industriel à<br />
la différence <strong>de</strong> ses prédécesseurs dont la<br />
carrière s’était essentiellement déroulée<br />
dans l’administration.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Rhumatologue</strong> salue en M. Coudreau<br />
une personnalité attachante, proche <strong>de</strong>s<br />
préoccupations <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins ; il passe, à<br />
juste titre, pour le « père » du secteur 2 qu’il<br />
avait négocié et signé en 1980 quand il était<br />
directeur <strong>de</strong> la CNAM.<br />
Moindre remboursement<br />
<strong>de</strong>s consultations<br />
« hors parcours <strong>de</strong> soins »<br />
Du côté<br />
<strong>de</strong>s comptables<br />
La CNAM a fait connaître le 22 janvier<br />
<strong>de</strong>rnier le montant <strong>de</strong>s dépenses qu’elle a<br />
remboursées au 31 décembre, en hausse<br />
<strong>de</strong> 2,7 % par rapport à 2007. Ce taux doit<br />
être encore tenu pour provisoire car il<br />
n’intègre ni les dépenses <strong>de</strong> 2008, soumises<br />
à remboursement en <strong>2009</strong>, ni celles <strong>de</strong>s<br />
autres régimes. Il s’agit pourtant d’une<br />
« tendance » significative. Qui aurait mérité<br />
le qualificatif <strong>de</strong> « sage » en n’importe<br />
quelle autre année. Car en 2008, il convient<br />
<strong>de</strong> la confronter à l’objectif <strong>de</strong> 1,8 % qui<br />
lui avait été assigné par l’ONDAM voté<br />
par le Parlement. Et ceci alors même<br />
que les dépenses <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine générale<br />
(+1,1 %) et <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine spécialisée (+2,9 %)<br />
sont restées contenues quand la dépense<br />
<strong>de</strong> médicaments se calait même à la baisse<br />
(-0,6 %).<br />
Conséquence, M. Éric Woerth, ministre du<br />
budget a revu à la hausse ses prévisions <strong>de</strong><br />
déficit pour 2008 et, surtout, <strong>2009</strong>, année<br />
où la Sécurité sociale pourrait renouer avec<br />
les records, à -15 milliards d’euros. Mais<br />
les mé<strong>de</strong>cins sont moins en cause dans<br />
cette perspective que la crise économique,<br />
la « pire récession <strong>de</strong>puis les années 40 »<br />
selon la commission <strong>de</strong> Bruxelles.<br />
« Nous avions négocié et signé un parcours <strong>de</strong> soins incitatif ; les tutelles sont en train <strong>de</strong><br />
le transformer en véritable filière ». Citation <strong>de</strong> Michel Chassang (CSMF) en commentaire<br />
<strong>de</strong> l’annonce, par M. Van Rokeghem, directeur <strong>de</strong> l’UNCAM, d’un renforcement du ticket<br />
modérateur <strong>de</strong>s actes pratiqués hors parcours <strong>de</strong> soins. Celui passerait <strong>de</strong> 50 à 70 % début<br />
février (sans autre précision <strong>de</strong> date) pour les 15 % <strong>de</strong> patients réfractaires au parcours<br />
« fléché » ou à l’adoption d’un mé<strong>de</strong>cin traitant.<br />
Autant prévenir le mala<strong>de</strong> que le soins « hors piste » <strong>de</strong>vient un luxe <strong>de</strong> plus en plus coûteux.<br />
À la décharge <strong>de</strong>s pouvoirs publics : cette disposition était prévue à la Loi <strong>de</strong> financement<br />
<strong>de</strong> l’assurance maladie publiée au JO du 17 décembre <strong>de</strong>rnier, votée par le Parlement à<br />
l’automne et non censurée par le Conseil constitutionnel.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
85 % <strong>de</strong>s Français<br />
ont un mé<strong>de</strong>cin<br />
traitant<br />
La CNAM entend continuer <strong>de</strong> se servir du<br />
« levier » du mé<strong>de</strong>cin traitant pour agir sur<br />
les dépenses. Selon une statistique rendue<br />
également publique le 22 janvier <strong>de</strong>rnier,<br />
85 % <strong>de</strong>s français, soit pratiquement<br />
46 millions <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 16 ans,<br />
auraient fait le choix d’un mé<strong>de</strong>cin traitant.<br />
Cette proportion n’est pas i<strong>de</strong>ntique dans<br />
toutes les tranches d’âge : 96 % <strong>de</strong>s plus<br />
<strong>de</strong> 60 ans en sont pourvus quand cette<br />
proportion n’est que <strong>de</strong> 72 % chez les 16-<br />
25 ans. Heureusement 96 % <strong>de</strong>s personnes<br />
bénéficiaires d’une prise en charge à 100 %<br />
en ALD sont « en règle » ; on ne comprend<br />
d’ailleurs pas trop comment la Caisse en<br />
supporte 4 %, hors <strong>de</strong>s clous …<br />
En <strong>2009</strong>, la CNAM a décidé d’accroître le<br />
rôle du mé<strong>de</strong>cin traitant dans plusieurs<br />
axes : prévention (vaccin contre la grippe,<br />
dépistage <strong>de</strong>s cancers organisé, prévention<br />
<strong>de</strong> la iatrogénie médicamenteuse), suivi<br />
<strong>de</strong>s pathologies chroniques (dans le<br />
diabète et l’HTA) dont elle entend faire<br />
respecter les nouvelles recommandations<br />
<strong>de</strong> bonne pratique) et « optimisation » <strong>de</strong> la<br />
prescription.<br />
Pour les réfractaires au parcours, la<br />
conférence <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> l’UNCAM<br />
a décidé <strong>de</strong> nouvelles mesures <strong>de</strong> déremboursement<br />
« hors parcours ».
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
Sale temps<br />
pour les honoraires libres !<br />
Jean-Pol Durand, Paris<br />
U<br />
n drôle <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>au attendait les mé<strong>de</strong>cins du secteur 2, au matin <strong>de</strong> la Saint-Sylvestre,<br />
le 31 décembre <strong>de</strong>rnier. En fait, en guise d’étrennes gouvernementales, un décret, signé la veille<br />
par les ministres et livrant une singulière définition du « tact et mesure » dont l’appréciation était<br />
antérieurement du seul ressort <strong>de</strong>s l’Ordre et qui passe désormais aux mains du Directeur <strong>de</strong> Caisse.<br />
Ce texte modifie donc le fond <strong>de</strong> l’article L162-1-4, que<br />
les mé<strong>de</strong>cins méconnaissent à tort car c’est celui qui régit<br />
l’ensemble <strong>de</strong> cas où un directeur <strong>de</strong> caisse peut leur<br />
infliger une amen<strong>de</strong>. Observons donc la nouvelle définition<br />
réglementaire du « tact et mesure ». Il s’apprécie, nous dit<br />
le 3ème paragraphe <strong>de</strong> l’article 1 « au regard <strong>de</strong> la prise<br />
en compte dans la fixation <strong>de</strong>s honoraires <strong>de</strong> la situation<br />
financière <strong>de</strong> l’assuré, <strong>de</strong> la notoriété du praticien, <strong>de</strong> la<br />
complexité <strong>de</strong> l’acte réalisé et du temps consacré, du<br />
service rendu au patient ainsi –gran<strong>de</strong> nouveauté ! – que<br />
du pourcentage d’actes avec dépassement et du montant<br />
moyen <strong>de</strong> dépassement pratiqués, pour une activité<br />
comparable par les professionnels <strong>de</strong> santé exerçant dans<br />
le même département. »<br />
Cette définition ne déroge pas, dans sa première partie à<br />
l’article 53 et à ses commentaires ordinaux, du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
déontologie médicale. L’un et l’autre parlant <strong>de</strong> « situation<br />
<strong>de</strong> fortune du mala<strong>de</strong> et éventuellement <strong>de</strong> circonstances<br />
particulières », « <strong>de</strong> la nature, <strong>de</strong> la durée et <strong>de</strong> l’importance<br />
<strong>de</strong> l’acte médical, mais également <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> soins<br />
et <strong>de</strong>s conditions économiques ». <strong>Le</strong>s commentaires faisaient<br />
explicitement référence à la <strong>de</strong>nsité médicale sous la nuance<br />
suivante : « lorsque l’offre <strong>de</strong> soins est raréfiée dans un<br />
secteur donné, voire s’impose sans choix alternatif ».<br />
Mais jamais, jusqu’à présent, aucun texte législatif ou<br />
réglementaire ne faisait <strong>de</strong> référence aux pratiques<br />
« moyennes » du même département… Ce qui n’ira pas<br />
sans difficulté d’interprétation là où les praticiens du secteur<br />
2 sont si peu nombreux que leur tarification « moyenne » y<br />
perd toute signification statistique.<br />
C’est un problème, comme est un autre problème le fait que<br />
le Directeur <strong>de</strong> la CPAM puisse, avant <strong>de</strong> sévir, s’affranchir <strong>de</strong><br />
toute autre avis préalable que celui d’une commission issue<br />
<strong>de</strong> son propre Conseil d’administration. Mais ni l’instance<br />
locale <strong>de</strong> l’Ordre, ni même la Commission conventionnelle<br />
paritaire ne sont censées donner d’avis.<br />
51<br />
Ce pouvoir exorbitant abandonné au directeur <strong>de</strong> caisse<br />
n’est pas franchement une nouveauté ; il était connu <strong>de</strong>puis<br />
septembre <strong>de</strong>rnier quand le ministère avait organisé la<br />
« concertation » sur ce dispositif. <strong>Le</strong> SML, notamment, avait<br />
refusé <strong>de</strong> s’y rendre au motif que le principe et les modalités<br />
<strong>de</strong> ces pénalités unilatérales venait en contradiction<br />
avec le climat d’apaisement entretenu à l’époque par<br />
le gouvernement. Il affirmait qu’il prendrait pour une<br />
« provocation » la publication du décret dans les termes<br />
prévus… Ceux-là mêmes qui sont employés aujourd’hui.<br />
À l’heure <strong>de</strong> mettre ce numéro sous presse, les autres<br />
centrales n’avaient pas (encore) réagi.<br />
Cette mesure radicale - humiliante pour les mé<strong>de</strong>cins - doit<br />
évi<strong>de</strong>mment être rapprochée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux autres dispositions<br />
mises en œuvre en début d’année :<br />
- une mesure <strong>de</strong> « transparence » <strong>de</strong> la Caisse qui, <strong>de</strong>puis<br />
le 7 janvier, met à disposition <strong>de</strong> ses affiliés, sur une<br />
« hot-line » téléphonique aussi bien que sur son internet<br />
(http://www.ameli.fr), les tarifs « moyens » <strong>de</strong>s praticiens,<br />
aussi bien pour leurs consultations que, désormais, pour les<br />
actes techniques les plus souvent pratiqués ;<br />
- une autre mesure, beaucoup plus humiliante encore,<br />
obligeant les mêmes praticiens du secteur 2 à une<br />
« information préalable écrite* » (le mot <strong>de</strong> « <strong>de</strong>vis » a été banni<br />
mais le sens est le même) pour tout acte dépassant, a priori,<br />
70 €… Ce qui recouvre sensiblement toute la nomenclature<br />
<strong>de</strong>s actes techniques. On notera que la CNAM, qui aurait<br />
du livrer <strong>de</strong>s informations pratiques sur la faisabilité <strong>de</strong> ce<br />
<strong>de</strong>rnier dispositif avant le 1er février, date <strong>de</strong> son opposabilité,<br />
n’a toujours pas communiqué à son propos… L’Ordre, en<br />
revanche, a publié et mis en ligne sur son site, une lettre-type<br />
qu’on peut donc considérer comme référence.<br />
Il n’empêche qu’en quelques semaines, et la concomitance<br />
<strong>de</strong> ces annonces n’est sans doute pas fortuit, la liberté<br />
<strong>de</strong>s honoraires a vu son exercice écorné comme jamais.<br />
Sans que quiconque puisse accuser d’autre fautif que le<br />
gouvernement. Que restera-t-il à négocier aux interlocuteurs<br />
conventionnels ?<br />
* Modèle <strong>de</strong> lettre préconisée par l’Ordre page suivante.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
52<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
* <strong>Le</strong> modèle <strong>de</strong> lettre préconisée par l’Ordre<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
Dépêches...<br />
Jean-Pol Durand, Paris<br />
Bases <strong>de</strong> données, registres et<br />
observatoires : la nouvelle clef d’accès<br />
à un EPP pérenne<br />
Il faut lire d’urgence la <strong>de</strong>rnière <strong>Le</strong>ttre d’information <strong>de</strong> la HAS*,<br />
qui comporte un excellent article sur les « Registres, observatoires,<br />
bases <strong>de</strong> données » dont la participation vaut au mé<strong>de</strong>cin inscription,<br />
sous condition, à un programme d’évaluation <strong>de</strong>s pratiques<br />
professionnelles (EPP).<br />
Problème <strong>de</strong> sémantique d’abord. Des trois notions, l’article donne<br />
les définitions respectives suivantes :<br />
- « un Observatoire compile <strong>de</strong>s données existantes sur une population.<br />
Il permet d’observer et <strong>de</strong> suivre une population dans un but d’amélioration<br />
<strong>de</strong> la connaissance. C’est un outil d’analyse et <strong>de</strong> prospection (exemple :<br />
recherche <strong>de</strong> patients répondants aux critères d’inclusion dans un essai<br />
clinique » ;<br />
- « un Registre** enregistre <strong>de</strong> façon exhaustive une population concernée<br />
par une pathologie dans une ère géographique définie (exemple : registre<br />
français <strong>de</strong>s cardiopathies) » ;<br />
- « enfin le terme <strong>de</strong> Base <strong>de</strong> données est plus général. Il regroupe toutes les<br />
formes d’enregistrements d’information sur un thème donné. »<br />
Au nombre <strong>de</strong>s Observatoires, l’article cite le réseau Sentinelles,<br />
nourri par 1300 généralistes volontaires et bénévoles qui observent<br />
l’épidémiologie <strong>de</strong> 14 pathologies, comme la grippe ou la gastroentérite.<br />
Bruno Bally, chef <strong>de</strong> projet à la HAS, raconte, dans le même article,<br />
qu’un groupe <strong>de</strong> 14 organisations a souhaité valoriser ce type d’outil<br />
dans le cadre <strong>de</strong> l’EPP obligatoire, ayant abouti à la rédaction d’un<br />
document <strong>de</strong> référence sur le sujet (également disponible sur le<br />
site <strong>de</strong> la HAS/Espace EPP, publication du 28 mai 2008). Parmi<br />
les clauses discriminantes conditionnant la reconnaissance <strong>de</strong> la<br />
participation au titre <strong>de</strong> l’EPP : la participation « active et régulière »<br />
à la base et l’acceptation <strong>de</strong> recevoir les éléments statistiques<br />
permettant d’étalonner sa pratique par rapport à celles du groupe.<br />
* Numéro 14 – novembre/décembre 2008,<br />
téléchargeable sur le site http://www.has-sante.fr<br />
** Un arrêté du 6 novembre 1995 relatif au Comité national <strong>de</strong>s registres précise<br />
les conditions <strong>de</strong> la qualification d’un registre.<br />
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
Prescriptions : quand l’hôpital<br />
alourdit la facture <strong>de</strong>s dépenses…<br />
<strong>de</strong> ville<br />
53<br />
On se montre assez souvent critique, dans ces colonnes, pour<br />
la production statistique <strong>de</strong> la CNAM, pour ne pas applaudir<br />
quand elle répond à une authentique <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Voilà qui est fait<br />
concernant les prescriptions hospitalières délivrées en ville et donc<br />
… abusivement imputées au secteur libéral. Il y a longtemps que<br />
les centrales se plaignaient <strong>de</strong> cette injustice sans toutefois pouvoir<br />
en chiffrer le préjudice. Il s’avère donc que 21 % <strong>de</strong>s prescriptions<br />
« <strong>de</strong> ville » (et 23 % <strong>de</strong>s prescriptions <strong>de</strong> médicaments) sont en fait<br />
signées à l’hôpital, ce qui représente une facture <strong>de</strong> 8,3 milliards<br />
d’euros, soit plus <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong> l’ONDAM (Objectif National <strong>de</strong><br />
Dépenses <strong>de</strong> l’Assurance Maladie) voté par le Parlement pour<br />
<strong>2009</strong>. Ces prescriptions se répartissent en transport, médicaments<br />
et DMI, IJ, biologie, auxiliaires médicaux, etc. Mais 50 % <strong>de</strong> ces<br />
dépenses sont en réalité <strong>de</strong>s médicaments qui servent à traiter <strong>de</strong>s<br />
mala<strong>de</strong>s particulièrement lourds (VIH, cancers), qui ne sont pas<br />
ou plus hospitalisés.<br />
Problème : ces molécules comptent généralement parmi les plus<br />
coûteuses et les plus exposées à l’inflation. <strong>Le</strong>s antithrombotiques,<br />
pour ne prendre qu’eux, « pèsent » pour 5 % <strong>de</strong> la facture globale<br />
<strong>de</strong>s médicaments remboursés par l’assurance maladie. On observe<br />
simultanément qu’elles augmentent plus vite que les prescriptions<br />
pratiquées en ville. Au point <strong>de</strong> représenter en 2007 pratiquement<br />
la moitié (46 %) <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong>s dépenses : 2,1 points sur 4,6<br />
quand ce ratio était <strong>de</strong> 0,7 point sur 4,8 en 2005 …<br />
<strong>Le</strong> même hôpital contribue également pour 28 % à l’augmentation<br />
annuelle <strong>de</strong>s factures <strong>de</strong>s LPP (matériels <strong>de</strong> prise en charge à<br />
domicile) ou <strong>de</strong> biologie. Devant ce constat <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong><br />
l’hôpital dans la « dérive » <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> ville, les tutelles se<br />
<strong>de</strong>vaient évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> réagir. L’État l’a fait en prévoyant à la<br />
LFSS-<strong>2009</strong> (Loi <strong>de</strong> Financement <strong>de</strong> la Sécurité Sociale) que le<br />
prescripteur soit i<strong>de</strong>ntifiable à l’hôpital, comme il l’est en ville, à<br />
compter du 1er janvier 2010. Problème : ce processus était censé se<br />
fon<strong>de</strong>r sur le numéro RPPS (Répertoire Partagé <strong>de</strong>s Professionnels<br />
<strong>de</strong> Santé), dont on vient d’apprendre qu’il est reporté … à plus tard,<br />
2010 dans la meilleur hypothèse. La Caisse, également interpellée,<br />
a fait connaître son intention d’envoyer ses DAM (Délégués <strong>de</strong><br />
l’Assurance Maladie) dans les services hospitaliers. Ils espèrent y<br />
être aussi bien reçus qu’en ville.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
Union Interrégionale <strong>de</strong> FMC du Bassin parisien / 60 rue Laugier 75017 PARIS<br />
PLANNING DES SESSIONS DE FORMATION 1ER SEMESTRE <strong>2009</strong><br />
Chère Consœur, Cher Confrère,<br />
J’ai le plaisir <strong>de</strong> vous informer <strong>de</strong>s prochaines sessions organisées par l’UIB en région Ile <strong>de</strong> France :<br />
Formation à l’informatique : Windows<br />
Date et horaires : samedi 14 mars <strong>2009</strong> <strong>de</strong> 10h à 17h<br />
Lieu : Espace VINCI, 25 rue <strong>de</strong>s Jeûneurs 75002 PARIS<br />
Contenu :<br />
- Découverte <strong>de</strong> l’environnement (bureau, menu démarrer, icônes, raccourcis, poste <strong>de</strong> travail, corbeille, fenêtres, barre <strong>de</strong>s tâches, …)<br />
- Personnalisation <strong>de</strong> son système d’exploitation (créer <strong>de</strong>s sessions + mot <strong>de</strong> passe, affichage, fond d’écran, écran <strong>de</strong> veille, clavier,<br />
souris, …)<br />
- Organiser ses données (gérer les dossiers, sous-dossiers, raccourcis, copier/coller, périphérique <strong>de</strong> stockage (clé USB) …)<br />
- Introduction <strong>de</strong>s logiciels inclus dans Windows (Paint, Bloc note, Diaporama, WordPad, BackUp …)<br />
- Entretenir son ordinateur (ScanDisk, Défragmenter, …)<br />
Formation à l’informatique : Recherche d’informations médicales sur Internet<br />
Date et horaires : samedi 15 mai <strong>2009</strong> <strong>de</strong> 10h à 17h<br />
Lieu : Espace Vinci Formeret, 25 rue <strong>de</strong>s Jeûneurs 75002 PARIS<br />
Contenu :<br />
- Optimisation <strong>de</strong> l’utilisation d’un navigateur Internet dans le cadre d’une Recherche d’informations<br />
- <strong>Le</strong>s outils <strong>de</strong> recherche : Annuaires <strong>de</strong> recherche, moteurs <strong>de</strong> recherche, sites bibliographiques, base <strong>de</strong> données médicales…<br />
- Google, cismef, medline/pubmed, atricle@inist<br />
- Multiples exercices pratiques<br />
Formation à l’informatique : Images & photographie numérique<br />
Date et horaires : samedi 20 juin <strong>2009</strong> <strong>de</strong> 10h à 17h<br />
Lieu : Espace Vinci Formeret, 25 rue <strong>de</strong>s Jeûneurs 75002 PARIS<br />
Contenu :<br />
- Image : De l’œil au traitement numérique<br />
- Photographie numérique : matériel et décryptage <strong>de</strong> fiches techniques<br />
- Connaître et utiliser les réglages <strong>de</strong> l’appareil photo<br />
- Créer et organiser une photothèque<br />
- Optimiser les prises <strong>de</strong> vue : composition d’une image<br />
- <strong>Le</strong> montage panoramique<br />
- Embellir les images : retouches numériques basiques<br />
Dans l’attente <strong>de</strong> vous rencontrer prochainement, je vous prie <strong>de</strong> croire, Cher Consœur, Cher Confrère, en l’assurance <strong>de</strong> mes sentiments<br />
les meilleurs.<br />
Bulletin d’inscription session FMC<br />
Dr Gérard Lagar<strong>de</strong> Dr José Carbonnier<br />
Nom : .......................................................................... Prénom : .............................................................................<br />
Spécialité : ..................................................................................................................................................................<br />
Adresse complète : ......................................................................................................................................................<br />
Tél. :.......................................................... Fax. :..........................................................................................................<br />
Email :...........................................................................................................................................................................<br />
Souhaite participer à la session du ……...........…………….................octobre 2008.<br />
à retourner complété à l’UIB, 60 rue Laugier 75017 PARIS ou par email à uibsecretariat@gmail.com<br />
Pour tout renseignement, merci <strong>de</strong> joindre Mr Jérôme GUILLE au 06 76 74 67 28<br />
Joindre à votre envoi : une feuille <strong>de</strong> soin barrée et une attestation URSSAF 2006 ou 2007 relative à la cotisation au FAF-PM<br />
U<br />
I<br />
B
inFORMAtiOnS SOCiO-PROFESSiOnnELLES<br />
est-il toujours opportun<br />
<strong>de</strong> créer une SeL ?<br />
Rémi DUMAS, Expert Comptable Diplômé, Chargé d’enseignement - Université PARIS I<br />
<strong>Le</strong> législateur en étendant l’assiette <strong>de</strong>s cotisations sociales<br />
<strong>de</strong> certains libéraux exerçant en SEL aux divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s excédant<br />
10 % <strong>de</strong>s capitaux propres, vient <strong>de</strong> créer un apartheid social,<br />
pour s’inspirer d’une formule du professeur Maurice COZIAN<br />
(aujourd’hui décédé) et on peut s’interroger à juste titre.<br />
Il y a là sûrement un prétexte pour encourager l’inertie <strong>de</strong>s hésitants<br />
ou <strong>de</strong>s velléitaires.<br />
Il n’est pas inutile <strong>de</strong> rappeler que les SEL ont été créées par la<br />
loi du 31/12/1990 et que l’un <strong>de</strong>s 3 objectifs principaux était <strong>de</strong><br />
permettre à tous les libéraux l’accès à la fiscalité plus favorable<br />
<strong>de</strong>s sociétés commerciales (impôt sur les sociétés)…<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux autres objectifs :<br />
1) l’accès <strong>de</strong>s capitaux extérieurs pour renforcer les moyens<br />
financiers ;<br />
2) favoriser l’interprofessionnalité, sont presque restés lettre morte.<br />
Si le législateur avait prévu dès l’origine l’accès « aux prélèvements<br />
obligatoires », car il est illusoire <strong>de</strong> parler d’impôts tout en ignorant les<br />
prélèvements sociaux, ainsi que le démontre le récent remplacement<br />
du Conseil <strong>de</strong>s Impôts par le Conseil <strong>de</strong>s Prélèvements Obligatoires,<br />
cela aurait épargné une dizaine d’années <strong>de</strong> contentieux et<br />
d’incertitu<strong>de</strong>s pour les libéraux concernés.<br />
<strong>Le</strong> législateur, comme cela <strong>de</strong>venait inévitable vient <strong>de</strong> trancher et<br />
mettre fin aux jurispru<strong>de</strong>nces contradictoires du Conseil d’Etat (pour<br />
les mé<strong>de</strong>cins) et <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Cassation (pour les chirurgiens<strong>de</strong>ntistes).<br />
Pour autant les débats et les incertitu<strong>de</strong>s ne sont pas forcement<br />
terminés car ces dispositions nouvelles ne concernent qu’une<br />
partie <strong>de</strong>s libéraux, ceux exerçant en SEL avec un statut social <strong>de</strong><br />
travailleurs indépendants, donc les SELARL.<br />
Ne sont pas touchés les libéraux qui exercent en SELAS (déclinaison<br />
<strong>de</strong> la SAS, société par actions simplifiée) et en SELAFA (déclinaison<br />
<strong>de</strong> la SA, société anonyme). À ce jour ces formes sociales sont très<br />
peu employées.<br />
On assiste à un mouvement <strong>de</strong> démocratisation <strong>de</strong> la SAS :<br />
suppression du capital minimum, suppression du commissaire<br />
aux comptes en <strong>de</strong>ssous d’un certain chiffre d’affaires… À l’avenir<br />
il n’est donc pas exclu que les libéraux allergiques aux<br />
prélèvements sociaux excessifs, transforment leur SELARL<br />
en SELAS. Cela n’est ni compliqué, ni onéreux à réaliser.<br />
<strong>Le</strong>s libéraux attachés aux régimes sociaux <strong>de</strong>s travailleurs<br />
indépendants et qui souhaiteront conserver leur SELARL seront-ils<br />
réellement pénalisés ?<br />
Pour ceux qui utilisent leurs SELARL comme un BNC amélioré, il<br />
y a aura forcement une augmentation <strong>de</strong>s cotisations sociales,<br />
qui sera partiellement compensée par une baisse <strong>de</strong> l’impôt sur<br />
les sociétés. Sur un plan macro-économique l’accroissement <strong>de</strong>s<br />
cotisations sociales susceptibles <strong>de</strong> découler <strong>de</strong> cette réforme va<br />
certes diminuer les déficits <strong>de</strong>s budgets sociaux, mais simultanément<br />
en provoquant une baisse <strong>de</strong> l’impôt sur les sociétés, cela va<br />
aggraver le déficit du Trésor Public.<br />
55<br />
Pour l’Etat il s’agit donc d’une politique digne du sapeur<br />
Camembert.<br />
Même s’ils sont peu nombreux, certains libéraux ont entendu et mis<br />
à profit le message prémonitoire du Docteur Gérard MAUDRUX,<br />
en 2001 : OSONS, OSEZ LA SEL… avec quelques millions à<br />
gagner à la clé…<br />
Avec le recul, il est tout à fait possible <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r la pertinence et<br />
la véracité <strong>de</strong>s idées du Docteur Gérard MAUDRUX et si la SEL est<br />
utilisée comme un outil <strong>de</strong> capitalisation elle peut permettre <strong>de</strong><br />
gagner <strong>de</strong>s millions d’euros (et pas seulement <strong>de</strong> francs).<br />
<strong>Le</strong> Docteur Gérard MAUDRUX, comme tous les précurseurs n’a<br />
pas été compris en 2001 par ses confrères. Il faut constater qu’à<br />
l’époque et parfois <strong>de</strong> nos jours, la majorité <strong>de</strong>s professionnels du<br />
chiffre et droit n’avait pas davantage compris l’intérêt <strong>de</strong> la SEL<br />
envisagée comme un support <strong>de</strong> capitalisation personnelle par<br />
rapport à la capitalisation collective connue <strong>de</strong> tous.<br />
Il est bien évi<strong>de</strong>nt qu’avec <strong>de</strong>s capitaux propres <strong>de</strong> 500 000 euros,<br />
voire <strong>de</strong> un million d’euros, ou plus, la faculté <strong>de</strong> distribuer <strong>de</strong>s<br />
divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s, non soumis aux cotisations sociales prend une autre<br />
dimension.<br />
Pour les libéraux déjà en SELARL il y aura au minimum une<br />
nécessité <strong>de</strong> revoir leur stratégie du financement <strong>de</strong> leur train <strong>de</strong><br />
vie et particulièrement revoir le montant <strong>de</strong> la rémunération <strong>de</strong><br />
gérance et le montant <strong>de</strong>s divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s.<br />
Pour les libéraux toujours en BNC et qui n’osent pas franchir<br />
le RUBICON, il y aura lieu <strong>de</strong> comparer les alternatives SELARL et<br />
SELAS, <strong>de</strong> choisir un capital social conséquent (cela est d’autant<br />
plus facile que la libération peut-être étalée sur 5 ans).<br />
Actuellement la souscription au capital d’une SEL peut donner<br />
droit à <strong>de</strong>s avantages fiscaux intéressants : crédit d’impôt <strong>de</strong> 25 %<br />
(plafonné à 10 000 euros par an pour un couple), réduction d’ISF<br />
(plafonnée 50 000 euros par an).<br />
c onclusion<br />
Cette mesure ne constitue pas réellement un dispositif <strong>de</strong><br />
dissuasion à la création <strong>de</strong> SEL, elle rendra les dosages plus<br />
subtils à réaliser.<br />
La consultation du Professeur Maurice COZIAN publiée en<br />
janvier 2008 par l’AGAPS (Association <strong>de</strong> gestion agréée<br />
<strong>de</strong>s professions <strong>de</strong> santé) est toujours d’actualité : quand un<br />
mé<strong>de</strong>cin se met en société, ce n’est pas pour échapper à une<br />
éventuelle mise en faillite personnelle, c’est plus prosaïquement,<br />
pour payer moins d’impôts et moins <strong>de</strong> cotisations sociales. <strong>Le</strong>s<br />
calculs sont vite faits. Au-<strong>de</strong>là d’un certain plafond <strong>de</strong> recettes<br />
et <strong>de</strong> résultats, mieux vaut se placer sous la coupe <strong>de</strong> l’impôt sur<br />
les sociétés… Aucun principe n’oblige un contribuable à payer<br />
le maximum possible d’impôts et <strong>de</strong> cotisations sociales.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
56<br />
RUBRiqUE JURiDiqUE<br />
<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin libéral et<br />
son personnel :<br />
principales recommandations<br />
Benjamin Attali, juriste<br />
L’<br />
activité du mé<strong>de</strong>cin est rarement solitaire. S’il exerce parfois en coordination avec <strong>de</strong>s<br />
confrères avec qui il est en situation d’égalité professionnelle, le mé<strong>de</strong>cin peut aussi s’entourer<br />
<strong>de</strong> personnes qui lui sont hiérarchiquement subordonnées : secrétaire, infirmière…<br />
Ce lien <strong>de</strong> subordination, qui est la caractéristique essentielle du salariat, est encadré par le droit du travail<br />
qui édicte les règles que le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>vra respecter dans ses relations avec son personnel.<br />
i. la conclusion Du conTraT<br />
De TraVail<br />
a) La nature du contrat <strong>de</strong> travail<br />
<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin qui souhaite embaucher un salarié doit choisir<br />
entre <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> contrat <strong>de</strong> travail (<strong>de</strong>s modèles sont<br />
consultables sur le site www.travail-solidarité.gouv.fr)<br />
<strong>Le</strong> contrat <strong>de</strong> travail à durée indéterminée (CDI)<br />
dont le terme n’est pas fixé d’avance. <strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin et/ou<br />
le salarié peuvent le résilier à tout moment.<br />
<strong>Le</strong> contrat <strong>de</strong> travail à durée déterminée (CDD) dont<br />
le terme est fixé d’avance. Il doit en principe être exécuté<br />
jusqu’à son terme. <strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>vra donc être très<br />
attentif au terme du CDD qu’il conclu car il sera lié au salarié<br />
jusqu’à la survenue <strong>de</strong> ce terme et <strong>de</strong>vra, en cas <strong>de</strong> rupture<br />
à son initiative, verser tous les salaires restant dus jusqu’au<br />
terme. Il convient <strong>de</strong> préciser que le recours à un CDD<br />
n’est pas libre mais doit être justifié par une cause légale<br />
telle que le remplacement d’un salarié ou l’accroissement<br />
temporaire d’activité (article L.1242-2 du Co<strong>de</strong> du travail).<br />
b) <strong>Le</strong> contenu du contrat <strong>de</strong> travail<br />
<strong>Le</strong> contrat <strong>de</strong> travail doit remplir les conditions classiques<br />
que doit respecter tout contrat : consentement et capacité<br />
<strong>de</strong>s parties au contrat, objet (sur quoi porte le contrat ?)<br />
et cause (pourquoi les parties ont-elles contracté ?) du<br />
contrat.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
En outre et à la différence d’autres contrats, le contrat <strong>de</strong><br />
travail doit être écrit, rédigé en langue française et doit<br />
comporter certaines clauses spécifiques :<br />
- i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s parties (nom/prénom, date/lieu <strong>de</strong> naissance,<br />
nationalité, n° sécurité sociale ou n° d’immatriculation<br />
au RCS, domicile ou siège social, nom et prénom <strong>de</strong>s<br />
représentants légaux),<br />
- lieu du travail,<br />
- date <strong>de</strong> début et le cas échéant <strong>de</strong> fin du contrat <strong>de</strong><br />
travail,<br />
- le cas échéant, durée <strong>de</strong> pério<strong>de</strong> d’essai,<br />
- gra<strong>de</strong> et/ou qualité du salarié (infirmier, secrétaire…),<br />
- éléments relatifs à la rémunération du salarié,<br />
- éléments relatifs à la durée du travail (journalière,<br />
hebdomadaire, à temps complet, à temps partiel…).<br />
ii. l’exécuTion Du conTraT<br />
De TraVail<br />
a) <strong>Le</strong> respect <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail<br />
<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin et le salarié doivent, lors <strong>de</strong> l’exécution du contrat<br />
<strong>de</strong> travail, respecter leurs obligations contractuelles<br />
respectives.<br />
- <strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin doit procurer au salarié le travail convenu et<br />
les moyens <strong>de</strong> réaliser celui-ci, rémunérer le salarié selon<br />
les montants et les dates prévus, respecter la réglementation<br />
légale et s’acquitter <strong>de</strong> toutes les cotisations obligatoires<br />
(sécurité sociale, assurance, chômage…).
- <strong>Le</strong> salarié doit quant à lui respecter la discipline générale<br />
du cabinet (conditions, durée et horaires du travail…),<br />
exécuter personnellement et consciencieusement le travail<br />
convenu et prendre soin du matériel confié.<br />
<strong>Le</strong> salarié travaillant dans un cabinet médical doit en outre<br />
respecter le secret médical relatif à l’état <strong>de</strong> santé du<br />
patient. La confi<strong>de</strong>ntialité la plus stricte doit à cet effet être<br />
respectée par le personnel du mé<strong>de</strong>cin.<br />
b) La modification du contrat <strong>de</strong> travail<br />
L’activité d’un cabinet médical n’est pas immuable et la<br />
jurispru<strong>de</strong>nce admet donc parfois une adaptation nécessaire<br />
<strong>de</strong>s obligations contractuelles.<br />
La modification unilatérale du contrat <strong>de</strong> travail, qui<br />
correspond à une transformation <strong>de</strong>s éléments essentiels du<br />
contrat <strong>de</strong> travail, est en principe impossible. L’élément<br />
essentiel est celui qui, avec sa disparition, entrainerait une<br />
dénaturation <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail prévues par le contrat<br />
<strong>de</strong> travail.<br />
En revanche, un simple changement <strong>de</strong>s conditions<br />
<strong>de</strong> travail du salarié, qui ne porte pas sur un élément<br />
essentiel du contrat <strong>de</strong> travail, peut être imposé au<br />
salarié.<br />
Une kinésithérapeute, employée d’un mé<strong>de</strong>cin rhumatologue, a été<br />
licenciée au motif qu’elle refusait une modification <strong>de</strong>s conditions<br />
<strong>de</strong> rémunération prévues par son contrat <strong>de</strong> travail.<br />
<strong>Le</strong> rhumatologue soutenait qu’une modification <strong>de</strong> la rémunération<br />
<strong>de</strong> la salariée suivie <strong>de</strong> la poursuite sans contestation <strong>de</strong> l’activité<br />
par cette <strong>de</strong>rnière pendant treize mois, ainsi que la réception sans<br />
contestation <strong>de</strong>s bulletins <strong>de</strong> salaire afférents, constituait la preuve<br />
<strong>de</strong> l’accord intervenu entre l’employeur et l’employée sur cette<br />
modification substantielle du contrat <strong>de</strong> travail.<br />
<strong>Le</strong>s juridictions ont considéré que la preuve d’un accord sur la<br />
modification du contrat <strong>de</strong> travail ne peut résulter <strong>de</strong> la seule<br />
poursuite <strong>de</strong> l’exécution du contrat <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> l’acceptation<br />
sans réserve <strong>de</strong>s bulletins <strong>de</strong> paye par le salarié.<br />
<strong>Le</strong> rhumatologue fut condamné à payer diverses sommes<br />
compensatrices <strong>de</strong>s préjudices subis par la salariée du fait <strong>de</strong> son<br />
licenciement.<br />
iii. la rupTure Du conTraT<br />
De TraVail<br />
a) La procédure et les causes <strong>de</strong> rupture<br />
Certains mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rupture ne posent pas <strong>de</strong> problèmes<br />
spécifiques : rupture amiable, départ à la retraite,<br />
démission…<br />
RUBRiqUE JURiDiqUE<br />
57<br />
La rupture le plus souvent à l’origine d’un litige est le<br />
licenciement, c’est-à-dire la rupture d’un CDI à l’initiative<br />
<strong>de</strong> l’employeur.<br />
Tout licenciement doit être régulier dans la forme,<br />
c’est-à-dire respecter une procédure qui repose<br />
principalement sur trois étapes :<br />
- La convocation à l’entretien préalable qui doit se<br />
faire par écrit (par lettre recommandée ou par lettre remise<br />
en mains propres contre décharge constatant la remise et<br />
signé par le <strong>de</strong>stinataire <strong>de</strong> la lettre) en précisant l’objet<br />
<strong>de</strong> l’entretien (le projet <strong>de</strong> licenciement), la date, l’heure et<br />
le lieu <strong>de</strong> l’entretien ainsi que la possibilité pour le salarié<br />
<strong>de</strong> se faire assister. Un délai <strong>de</strong> cinq jours ouvrables (jours<br />
réservés en principe au travail, c’est-à-dire à l’exclusion <strong>de</strong>s<br />
dimanches et jours fériés) entre la présentation <strong>de</strong> la lettre<br />
recommandée ou la remise en mains propres et l’entretien<br />
doit être respecté pour donner le temps au salarié <strong>de</strong><br />
réfléchir et <strong>de</strong> contacter la personne qui l’assistera.<br />
- L’entretien préalable doit permettre au salarié <strong>de</strong><br />
prendre connaissance <strong>de</strong>s motifs du licenciement envisagé,<br />
<strong>de</strong> recueillir les explications <strong>de</strong> celui – ci et les observations<br />
<strong>de</strong> la personne qui l’assiste.<br />
- La notification du licenciement doit être effectué<br />
par écrit (lettre recommandée avec accusé réception) en<br />
respectant un délai minimum <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours ouvrables après<br />
l’entretien. Elle doit énoncer le ou les motifs <strong>de</strong> licenciement<br />
et fixer la date d’expiration du préavis ou la mention le<br />
dispensant <strong>de</strong> l’effectuer. La date <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> la<br />
lettre fixe le point <strong>de</strong> départ du préavis.<br />
<strong>Le</strong> licenciement irrégulier dans la forme ouvre droit<br />
au salarié d’intenter une action en dommage et<br />
intérêts.<br />
<strong>Le</strong> licenciement doit également être, quant au fond,<br />
fondé sur une cause réelle (c’est-à-dire avoir une réalité<br />
vérifiable et objective) et sérieuse (c’est-à-dire revêtir un<br />
certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> gravité rendant impossible -sans dommage<br />
pour l’entreprise- la poursuite du travail).<br />
Il existe <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> licenciement :<br />
- <strong>Le</strong> licenciement pour motif personnel motivé pour<br />
<strong>de</strong>s raisons inhérentes à la personne du salarié ayant<br />
pour origine un comportement fautif ou non <strong>de</strong> celui-ci. <strong>Le</strong><br />
licenciement pour faute doit être justifié par, en ordre <strong>de</strong><br />
gravité croissante, une faute simple, une faute grave (celle<br />
qui rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise<br />
pendant la durée du préavis) ou une faute lour<strong>de</strong> (celle qui<br />
caractérise une intention <strong>de</strong> nuire <strong>de</strong> la part du salarié). <strong>Le</strong><br />
<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> la faute est très important dans la mesure<br />
où il conditionne l’octroi <strong>de</strong> certaines in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong><br />
rupture (voir ci -<strong>de</strong>ssous).<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
58<br />
RUBRiqUE JURiDiqUE<br />
- <strong>Le</strong> licenciement pour motif économique motivé<br />
pour un ou plusieurs motifs non inhérent à la personne du<br />
salarié résultant d’une suppression ou d’une transformation<br />
d’emploi ou d’une modification, refusée par le salarié,<br />
d’un élément essentiel du contrat <strong>de</strong> travail, consécutives<br />
notamment à <strong>de</strong>s difficultés économiques ou à <strong>de</strong>s mutations<br />
technologiques. Ce type <strong>de</strong> licenciement met à la charge<br />
<strong>de</strong> l’employeur une obligation préalable <strong>de</strong> tout<br />
faire pour reclasser son salarié (article L.1233-4 du<br />
Co<strong>de</strong> du travail).<br />
Un rhumatologue a licencié pour motif économique une employée<br />
à temps partiel du Cabinet médical pluridisciplinaire dont il était<br />
associé et qu’il quitta pour s’installer dans un cabinet personnel.<br />
<strong>Le</strong> rhumatologue soutenait pour justifier le licenciement que le<br />
nombre <strong>de</strong> ses actes médicaux avait diminué <strong>de</strong> manière significative<br />
et que ses charges professionnelles avaient augmenté.<br />
La Cour <strong>de</strong> cassation a considéré que le rhumatologue aurait<br />
du rechercher, ainsi que l’y invitait la salariée, qui faisait valoir<br />
qu’elle était également ai<strong>de</strong>-manipulatrice en radiologie, si l’emploi<br />
disponible d’ai<strong>de</strong> manipulatrice en radiologie était compatible avec<br />
les capacités <strong>de</strong> l’intéressée et si elle aurait pu occuper cet emploi.<br />
b) <strong>Le</strong>s obligations consécutives à la rupture<br />
<strong>Le</strong> versement <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> rupture :<br />
- L’in<strong>de</strong>mnité compensatrice <strong>de</strong> préavis est due<br />
lorsque le mé<strong>de</strong>cin-employeur a dispensé, à son initiative,<br />
son salarié d’exécuter son préavis. Elle est égale aux salaires<br />
et avantages que le salarié aurait perçus s’il avait accompli<br />
le préavis.<br />
- L’in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> licenciement est due au salarié à<br />
condition que ce <strong>de</strong>rnier justifie d’ 1 an d’ancienneté<br />
ininterrompue à la date d’expiration du préavis,<br />
effectué ou non. <strong>Le</strong> montant <strong>de</strong> cette in<strong>de</strong>mnité est calculé<br />
en fonction <strong>de</strong> l’ancienneté du salarié et <strong>de</strong> la nature du<br />
licenciement.<br />
L’in<strong>de</strong>mnité compensatrice <strong>de</strong> préavis et celle <strong>de</strong><br />
licenciement ne sont pas dues au salarié licencié<br />
pour faute grave ou pour faute lour<strong>de</strong> mais doivent<br />
être versées au salarié licencié pour faute simple.<br />
- L’in<strong>de</strong>mnité compensatrice <strong>de</strong> congés payés qui<br />
correspond à la fraction dont le salarié ne peut bénéficier<br />
du fait <strong>de</strong> la résiliation <strong>de</strong> son contrat <strong>de</strong> travail. Elle n’est<br />
pas due au salarié licencié pour faute lour<strong>de</strong> mais doit<br />
être versée au salarié licencié pour faute grave ou<br />
pour faute simple.<br />
<strong>Le</strong> respect <strong>de</strong> certaines formalités :<br />
- Remettre au salarié un certificat <strong>de</strong> travail mentionnant<br />
la date, les signatures, prénoms et noms du mé<strong>de</strong>cin et<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
du salarié, la date d’entrée et <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong> l’entreprise, la<br />
nature <strong>de</strong> l’emploi ou <strong>de</strong>s emplois successivement occupés<br />
ainsi que les pério<strong>de</strong>s pendant lesquelles ces emplois ont<br />
été tenus. Toutes mentions susceptibles <strong>de</strong> porter<br />
atteinte au salarié sont interdites.<br />
- Remettre au salarié contre reçu un sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout compte<br />
faisant l’inventaire <strong>de</strong>s sommes versées au salarié lors <strong>de</strong> la<br />
rupture du contrat <strong>de</strong> travail.<br />
- Remettre au salarié une attestation ASSEDIC <strong>de</strong>stinée<br />
à permettre à ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> solliciter le bénéfice <strong>de</strong><br />
l’allocation <strong>de</strong> chômage. L’employeur doit aussi transmettre<br />
cette attestation aux ASSEDIC (modèle consultable sur le<br />
site www.assedic.fr).<br />
<strong>Le</strong> refus par le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> remettre à son ancien<br />
salarié ces documents est susceptible <strong>de</strong> constituer<br />
un préjudice dont le salarié pourra <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
réparation <strong>de</strong>vant le conseil <strong>de</strong>s prud’hommes qui<br />
est la juridiction <strong>de</strong> 1ère instance compétente en<br />
matière <strong>de</strong> contrat <strong>de</strong> travail.<br />
c onclusion<br />
Pour résumer, le mé<strong>de</strong>cin doit accor<strong>de</strong>r une attention toute<br />
particulière dans la conclusion du contrat <strong>de</strong> travail lors <strong>de</strong><br />
l’embauche d’un salarié, car c’est ce contrat qui fixera le<br />
cadre <strong>de</strong>s futures relations entre les <strong>de</strong>ux cocontractants.<br />
La rupture <strong>de</strong>s relations professionnelles entre le mé<strong>de</strong>cin<br />
et l’un <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> son personnel étant un moment<br />
sensible le mé<strong>de</strong>cin respectera scrupuleusement les<br />
conditions <strong>de</strong> forme encadrant cette séparation.
caciT ViTamine D3® s’engage<br />
aux côTés De l’associaTion<br />
« le rire méDecin »<br />
Une initiative <strong>de</strong>s laboratoires Procter & Gamble,<br />
présentée le 13 janvier <strong>2009</strong><br />
D<br />
epuis plus <strong>de</strong> 40 ans, PROCTER & GAMBLE est engagé<br />
dans le développement durable et l’amélioration<br />
<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s générations actuelles. Parmi<br />
nombre d’autres actions, le laboratoire soutient près <strong>de</strong><br />
250 millions d’enfants dans le mon<strong>de</strong> par le programme :<br />
« Live, <strong>Le</strong>arn et Thrive ® », dont le but est <strong>de</strong> favoriser pour un<br />
maximum d’enfants l’accès à l’eau potable, partout dans le<br />
mon<strong>de</strong>. L’initiative d’aujourd’hui est <strong>de</strong> soutenir l’association :<br />
« <strong>Le</strong> Rire Mé<strong>de</strong>cin ». <strong>Le</strong>s membres <strong>de</strong> cette association se ren<strong>de</strong>nt<br />
dans les hôpitaux pour présenter, en général à 2 personnes,<br />
<strong>de</strong>s spectacles <strong>de</strong> clowns aux enfants mala<strong>de</strong>s hospitalisés. Ce<br />
sont tous <strong>de</strong>s professionnels du spectacle, bénéficiant d’une<br />
formation spécifique pour intervenir dans ce milieu particulier.<br />
Ils travaillent en étroite collaboration avec le corps médical, et<br />
organisent en fonction <strong>de</strong> la situation une prestation spécifique<br />
et adaptée.<br />
La présente opération consiste à proposer, à partir <strong>de</strong> janvier<br />
<strong>2009</strong>, aux mé<strong>de</strong>cins généralistes et spécialistes <strong>de</strong> participer<br />
au jeu en ligne : « <strong>Le</strong> Challenge Pour <strong>Le</strong> Rire Mé<strong>de</strong>cin ». Entre<br />
janvier et avril, les mé<strong>de</strong>cins seront amenés à répondre <strong>de</strong><br />
façon très ludique à <strong>de</strong>s questions concernant le calcium et<br />
la vitamine D, sur Internet, la participation du praticien ne<br />
prenant que cinq minutes par mois. Chaque participation se<br />
transforme en don. L’objectif est donc <strong>de</strong> gagner le maximum<br />
<strong>de</strong> dons, afin <strong>de</strong> soutenir l’association ; la totalité <strong>de</strong>s bonnes<br />
réponses sur les quatre étapes du jeu vaudra une visite d’un<br />
clown à un enfant.<br />
«….. Impliquer les mé<strong>de</strong>cins dans ce projet est apparu essentiel<br />
à plusieurs titres : la dimension humaine <strong>de</strong> leur profession<br />
les pousse à vouloir participer à ce type d’opération, sans<br />
qu’ils aient toujours le temps <strong>de</strong> le faire. Par ailleurs, il est bon<br />
<strong>de</strong> faire savoir aux enfants, à leurs parents et au personnel<br />
soignant que les mé<strong>de</strong>cins sont solidaires d’une autre manière<br />
<strong>de</strong> leur parcours souvent difficile….. ». L’association « <strong>Le</strong> Rire<br />
Mé<strong>de</strong>cin » a été créée en 1991 ; elle réunit actuellement plus<br />
<strong>de</strong> 75 comédiens, intervenant au moins 2 fois par semaine<br />
dans 35 services pédiatriques <strong>de</strong> 13 hôpitaux. 55 000 visites<br />
personnalisées sont ainsi réalisées chaque année. Au fil du<br />
temps, il s’est avéré que ces visites constituaient une véritable<br />
thérapeutique au sens propre, véritable bouffée d’oxygène<br />
pour les enfants, qui retrouvent ainsi leurs capacités d’humour,<br />
<strong>de</strong> rêve et d’émerveillement.<br />
<strong>Le</strong> Dr Brigitte LETOMBE (Lille), Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la <strong>Fédération</strong><br />
Nationale <strong>de</strong>s Collèges <strong>de</strong> Gynécologie Médicale, et le<br />
Pr Patrice FARDELLONE, chef <strong>de</strong> service <strong>de</strong> rhumatologie du<br />
CHU d’Amiens, ont pu passer quelques heures en compagnie<br />
<strong>de</strong>s clowns <strong>de</strong> l’association et se sont déclarés à la fois surpris,<br />
intéressés, puis convaincus : cette opération constitue un moyen<br />
simple et agréable d’ai<strong>de</strong>r cette association.<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
59<br />
Comment participer :<br />
- via le site Internet : www.challengepourlerireme<strong>de</strong>cin.com<br />
i<strong>de</strong>ntifiant : cacit<br />
- via le JIM : www.jim.fr, pour les mé<strong>de</strong>cins inscrits sur JIM<br />
Online<br />
efficaciTé De orencia®<br />
(abaTacepT) Dans la prise<br />
en charge Des arThriTes<br />
inflammaToires inDifférenciées<br />
Communiqué <strong>de</strong>s Laboratoires<br />
Bristol-Myers Squibb, 6 janvier <strong>2009</strong><br />
U<br />
ne étu<strong>de</strong> réalisée sur 12 et 24 mois montre que,<br />
comparativement au placebo, chez les patients porteurs<br />
d’une arthrite inflammatoire indifférenciée, l’abatacept<br />
(ORENCIA®) est en mesure <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r la progression vers<br />
une polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong>. Par ailleurs, l’efficacité persiste<br />
pendant au moins 6 mois après l’arrêt du traitement. <strong>Le</strong>s<br />
résultats <strong>de</strong> ce travail ont été publiés lors du congrès <strong>de</strong> la SFR<br />
à Paris, du 14 au 17 décembre 2008.<br />
<strong>Le</strong>s patients candidats à cette étu<strong>de</strong> présentaient une arthrite<br />
indifférenciée, avec une synovite clinique symptomatique <strong>de</strong><br />
2 articulations au moins et <strong>de</strong>s marqueurs anti-CCP2 positifs.<br />
Ces patients étaient randomisés pour recevoir soit abatacept,<br />
soit placebo pendant une durée <strong>de</strong> 6 mois, date à laquelle le<br />
traitement était stoppé. Ultérieurement, les mala<strong>de</strong>s pouvaient<br />
recevoir <strong>de</strong>s AINS ou <strong>de</strong>s corticoï<strong>de</strong>s à faible dose, mais aucun<br />
traitement <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> type DMARD. <strong>Le</strong> critère principal à<br />
12 mois était le développement d’une PR définie selon les critères<br />
ACR. Au bout <strong>de</strong> 24 mois étaient évalués les critères secondaires<br />
(imagerie par exemple). En cas <strong>de</strong> survenue d’une PR, le patient<br />
sortait <strong>de</strong> l’essai pour recevoir un traitement adéquat.<br />
Chez les 50 patients analysés, à un an 12 patients sur 26, soit<br />
46 %, traités par l’abatacept ont développé une PR, contre le<br />
16 patients sur 24 (67 %) dans le groupe placebo, soit une<br />
différence <strong>de</strong> 20,5 %. Abatacept pourrait donc retar<strong>de</strong>r la<br />
progression vers une PR définie chez certains patients atteints<br />
d’une arthrite inflammatoire indifférenciée.<br />
éTuDe « mesurer » : inTérêT<br />
De la mesure De la Taille<br />
chez les femmes ménopausées<br />
Une initiative <strong>de</strong>s Laboratoires MSD-Chibret<br />
Conférence <strong>de</strong> presse du 15 janvier <strong>2009</strong><br />
L<br />
a mesure <strong>de</strong> la taille semble être l’un <strong>de</strong>s<br />
meilleurs marqueurs d’évolution structurale du<br />
rachis. Elle peut cependant être le témoin d’un certain<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
60<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
nombre d’affections : pincement discaux, fractures vertébrales,<br />
détérioration <strong>de</strong>s scolioses, déformations <strong>de</strong>s cyphoses. C’est<br />
dire qu’il s’agit d’un paramètre non spécifique, mais qui peut<br />
cependant être très utile s’il est pratiqué avec discernement.<br />
La perte <strong>de</strong> taille chez les femmes ménopausées est pratiquement<br />
inéluctable ; toutefois, les mesurer ne semble pas faire partie<br />
<strong>de</strong>s plans d’examen habituellement utilisés. Pourtant, cette<br />
mesure systématique <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> chiffrer la perte <strong>de</strong><br />
taille, <strong>de</strong> vérifier comment les patientes elles-mêmes évaluent<br />
les modifications <strong>de</strong> leur stature, et l’idéal serait <strong>de</strong> définir<br />
le seuil <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> taille à partir duquel on peut évoquer la<br />
présence <strong>de</strong> fractures vertébrales.<br />
L’enquête épidémiologique « MESURER », mise en place pour<br />
tenter <strong>de</strong> préciser ces divers points, a intéressé 1 783 mé<strong>de</strong>cins<br />
généralistes, et 224 rhumatologues. Tous ont inclus les 5<br />
premières patientes âgées <strong>de</strong> 60 ans et plus, quels que soient les<br />
motifs <strong>de</strong> consultation. 3 paramètres ont été pris en compte :<br />
- la taille à 20 ans, qu’elle soit connue ou estimée par la<br />
patiente ;<br />
- la taille le jour <strong>de</strong> la consultation, estimée par la patiente ;<br />
- la taille mesurée le jour <strong>de</strong> la consultation par le mé<strong>de</strong>cin,<br />
3 fois <strong>de</strong> suite, avec prise en compte <strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong>s<br />
3 mesures.<br />
9 <strong>69</strong>4 patientes, d’âge moyen <strong>de</strong> 71.7 ans, ont été ainsi<br />
enrôlées dans cette enquête. Il existe une gran<strong>de</strong> variabilité<br />
entre la taille estimée et la taille réelle : selon les patientes,<br />
la taille maximale moyenne (à 20 ans) était <strong>de</strong> 162 cm ; le<br />
jour <strong>de</strong> la consultation, elles pensaient mesurer en moyenne<br />
159.9 cm. La taille mesurée était en fait <strong>de</strong> 157.4 cm. La perte<br />
<strong>de</strong> taille moyenne était <strong>de</strong> 4.6 centimètres.<br />
Pour 61 % <strong>de</strong> ces patientes, les praticiens pouvaient disposer<br />
d’éléments radiographiques, permettant <strong>de</strong> dépister la présence<br />
<strong>de</strong> fractures vertébrales et d’en analyser les déterminants.<br />
Ceux-ci sont l’âge, la présence <strong>de</strong> douleurs rachidiennes lors<br />
<strong>de</strong> la consultation, les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> fractures périphériques<br />
(surtout le poignet), les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> prise prolongée <strong>de</strong><br />
corticoï<strong>de</strong>s et une perte <strong>de</strong> taille supérieure à 5 cm.<br />
Que peut-on conclure ?<br />
<strong>Le</strong>s patientes considèrent comme normale une réduction <strong>de</strong><br />
taille par rapport à leur taille maximale à 20 ans. Même si les<br />
mala<strong>de</strong>s se sous-estiment, la mesure montre que cette sousestimation<br />
est en général insuffisante pour refléter la réalité.<br />
C’est dire la nécessité <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à un contrôle rigoureux<br />
<strong>de</strong> la taille, puisque l’autoévaluation par les patientes n’est<br />
pas fiable. Mesurer les patientes doit faire partie <strong>de</strong> l’examen<br />
systématique <strong>de</strong>s femmes ménopausées. Ce simple geste<br />
permet en général <strong>de</strong> dépister les fractures vertébrales,<br />
symptomatiques ou non, qui constitueront autant <strong>de</strong> facteurs<br />
<strong>de</strong> risque <strong>de</strong> survenue d’autres fractures, au niveau du col<br />
fémoral ou du radius. Mesurer tôt, dépister tôt, traiter tôt :<br />
l’étu<strong>de</strong> « MESURER » permet <strong>de</strong> dire qu’à partir d’une différence<br />
<strong>de</strong> taille <strong>de</strong> 5 cm, il est pertinent <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s radiographies<br />
et <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à la recherche <strong>de</strong> fractures vertébrales, qui<br />
<strong>de</strong>viennent alors hautement probables.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
genéVrier s’engage Dans<br />
l’éDucaTion ThérapeuTique<br />
Du paTienT arThrosique<br />
Communiqué <strong>de</strong> presse, décembre 2008<br />
T<br />
rès impliqué dans le traitement <strong>de</strong> l’arthrose<br />
(Chondrosulf 400®, Sinovial®, Flector Tissugel®) les<br />
Laboratoires GENEVRIER ont présenté au congrès <strong>de</strong><br />
la SFR, en décembre 2008, leur nouvel engagement dans le<br />
domaine <strong>de</strong> la rhumatologie : l’éducation thérapeutique du<br />
patient (ETP). Éduquer le patient, c’est l’autoriser à mieux<br />
connaître sa maladie, être plus autonome, et <strong>de</strong>venir l’acteur<br />
principal <strong>de</strong> sa prise en charge. Elle se base sur les synergies <strong>de</strong><br />
compétence multidisciplinaire, assurées par <strong>de</strong>s professionnels<br />
<strong>de</strong> santé spécifiquement formés, au sein <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong>s<br />
structures <strong>de</strong> soins dédiés. L’éducation fait partie <strong>de</strong>s mesures<br />
susceptibles <strong>de</strong> compléter efficacement les recommandations<br />
officielles élaborées par les rhumatologues (EULAR,OARSI).<br />
C’est un travail en profon<strong>de</strong>ur : il faut organiser le système <strong>de</strong><br />
santé, sensibiliser et former les professionnels, impliquer les<br />
mala<strong>de</strong>s et les associations <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, ce qui suppose <strong>de</strong>s<br />
moyens financiers conséquents.<br />
<strong>Le</strong>s laboratoires GENEVRIER sont particulièrement concernés<br />
par le traitement <strong>de</strong> l’arthrose. Or, dans ce domaine,<br />
tout reste à faire en terme <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> structures <strong>de</strong><br />
soins dédiés. Il est <strong>de</strong>puis longtemps dans la politique du<br />
laboratoire <strong>de</strong> fournir aux mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s brochures explicatives<br />
sur la pathologie arthrosique. C’est dans le droit-fil <strong>de</strong> cette<br />
action que GENEVRIER a entrepris <strong>de</strong> promouvoir l’ETP en<br />
rhumatologie, et plus particulièrement dans la pathologie<br />
arthrosique. Un premier exemple a été fourni : il s’agit du<br />
programme SINOPSIS® (Support d’INfOrmation Patient pour<br />
leur Suivi lors d’un traitement par Injection <strong>de</strong> Sinovial®),<br />
ensemble d’outils pédagogiques à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s patients, qui<br />
permet <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong>s informations simples, didactiques, en<br />
complément du discours médical chez les mala<strong>de</strong>s candidats<br />
à la visco-supplémentation, et conduit le patient à s’investir<br />
dans sa prise en charge, son autonomie et son observance <strong>de</strong>s<br />
traitements.<br />
« la polyarThriTe rhumaToïDe De<br />
pierre-augusTe renoir »<br />
Un film présenté par L’Association <strong>Française</strong> <strong>de</strong>s<br />
Polyarthritiques (AFP) et les Laboratoires Bristol-<br />
Myers Squibb (BMS) -15 décembre 2008<br />
D<br />
ans le but <strong>de</strong> mieux faire comprendre comment<br />
la polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> peut affecter la vie <strong>de</strong>s<br />
patients qui en sont atteints, l’AFP et BMS ont eu<br />
l’idée <strong>de</strong> réaliser un film documentaire consacré au peintre<br />
Pierre-Auguste Renoir, atteint à 56 ans par l’affection *. À cette<br />
époque n’existaient que peu <strong>de</strong> traitements, d’une efficacité
discutable, et bien vite le peintre vit peu à peu se déformer ses<br />
doigts, perdit la force <strong>de</strong> presser ses tubes <strong>de</strong> couleur, et dut<br />
recourir à divers artifices pour tenir ses pinceaux. Coutumier<br />
<strong>de</strong> l’expression : « On peint avec ses mains », et habité d’une<br />
ténacité hors du commun, il peignit jusqu’à la fin <strong>de</strong> sa vie,<br />
surmontant sa douleur et son handicap.<br />
Des documents inédits montrent combien l’impact <strong>de</strong> la<br />
maladie peut être sévère, et la volonté farouche <strong>de</strong> l’artiste<br />
pour sauvegar<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>s exercices quotidiens les fonctions <strong>de</strong><br />
ses mains, tandis qu’il perdait progressivement la capacité à se<br />
tenir <strong>de</strong>bout. Ce documentaire sur Renoir est très heureusement<br />
complété par les exemples actuels <strong>de</strong> 2 femmes polyarthritiques<br />
ayant su « vivre » avec leur maladie plutôt que la subir : l’une<br />
est artiste peintre, l’autre est cavalière professionnelle, et les<br />
propos qu’elles tiennent sur la qualité <strong>de</strong> leur vie, et la manière<br />
dont elles gèrent leur statut <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s chroniques ont une<br />
forte valeur d’exemple.<br />
Ce film illustre parfaitement le point <strong>de</strong> vue du laboratoire<br />
BMS sur la nécessité <strong>de</strong> prendre en charge les mala<strong>de</strong>s<br />
polyarthritiques dans leur globalité : si le développement <strong>de</strong><br />
molécules performantes reste l’un <strong>de</strong>s objectifs principaux,<br />
le combat contre la maladie au quotidien doit être une<br />
réalité : BMS travaille en collaboration étroite avec les patients,<br />
les associations et les professionnels <strong>de</strong> santé, et multiplie les<br />
initiatives pour accompagner et ai<strong>de</strong>r les mala<strong>de</strong>s.<br />
En guise <strong>de</strong> conclusion, laissons la parole à Mme Patricia<br />
PREISS, secrétaire générale <strong>de</strong> l’AFP : «... <strong>Le</strong>s conséquences<br />
<strong>de</strong> la maladie sur la vie quotidienne sont encore très sousévaluées,<br />
et dans ce film on voit bien comment Pierre-Auguste<br />
Renoir développe toute une série <strong>de</strong> compensations qui vont<br />
l’ai<strong>de</strong>r à peindre. C’est une leçon <strong>de</strong> vie. En même temps, c’est<br />
un message d’espoir. La maladie atteint le corps et non l’âme :<br />
les <strong>de</strong>rnières toiles <strong>de</strong> Renoir explosent <strong>de</strong> couleur… Il faut voir<br />
ce film en famille, parce que chacun peut en tirer une leçon<br />
<strong>de</strong> vie, les mala<strong>de</strong>s, leurs proches, et aussi, nous l’espérons,<br />
beaucoup d’enfants ! »<br />
* Ce film peut être visionné sur les sites :<br />
www.bmsfrance.fr et www.polyarthrite.org<br />
le TraiTemenT par ibanDronaTe<br />
(bonViVa®) - 1 seul comprimé<br />
1 seule fois par mois à 2 ans :<br />
le poinT<br />
Communiqué <strong>de</strong> presse <strong>de</strong>s Laboratoires<br />
ROCHE-GSK - 17 décembre 2008<br />
n estime à 214 000 le nombre <strong>de</strong> patientes souf-<br />
O frant d’ostéoporose post-ménopausique traitées<br />
en 2 ans par ibandronate. L’AMM <strong>de</strong> la forme 150<br />
mg à prise unique mensuelle a été obtenue en septembre<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
61<br />
2005, puis, en octobre 2007, les laboratoires ont mis sur le<br />
marché une solution injectable dosée à 3 mg, à pratiquer<br />
en IV une fois tous les 3 mois. Ces <strong>de</strong>ux formes constituent<br />
une gamme <strong>de</strong> traitement dont le nombre <strong>de</strong> prises réduit<br />
(12 comprimés à 150 mg par an, ou 4 injections IV trimestrielles<br />
avec une dose <strong>de</strong> 3 mg) facilite l’observance, élément essentiel<br />
<strong>de</strong> succès <strong>de</strong>s traitements anti-ostéoporotiques.<br />
Rappelons que la forme comprimé à 150 mg a obtenu son<br />
AMM à la suite <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> MOBILE, comparant l’efficacité<br />
et la tolérance <strong>de</strong> doses orales mensuelles d’ibandronate<br />
(100 mg en une fois ; 100 mg en 2 fois, soit 50 mg<br />
2 jours consécutifs ; 150 mg en une seule prise) à la<br />
prise orale quotidienne (2.5 mg) approuvée par la FDA<br />
et l’EMEA. La tolérance générale <strong>de</strong> BONVIVA à 150 mg<br />
est similaire à celle <strong>de</strong> la forme à 2.5 mg, elle-même<br />
proche <strong>de</strong> celle du placebo. La forme trimestrielle dosée à<br />
3 mg a été étudiée pendant 2 ans (étu<strong>de</strong> DIVA), en comparant<br />
l’efficacité et la tolérance <strong>de</strong> 3 schémas thérapeutiques :<br />
forme orale quotidienne 2.5 mg, forme injectable à 2 mg IV<br />
tous les 2 mois, et 3 mg IV tous les 3 mois. La tolérance <strong>de</strong><br />
la forme retenue (3 mg) est acceptable : quelques douleurs<br />
osseuses, musculaires ou articulaires, syndrome pseudo<br />
grippaux.<br />
les bas De compression :<br />
pour les hommes aussi<br />
Communiqué <strong>de</strong>s Laboratoires tHUASnE,<br />
19 janvier <strong>2009</strong><br />
L<br />
es femmes ne sont pas les seules à être touchées<br />
par les jambes lour<strong>de</strong>s et les varices : plus<br />
d’1/3 <strong>de</strong>s hommes se plaindraient en France <strong>de</strong><br />
troubles <strong>de</strong> la circulation veineuse, plus particulièrement<br />
entre 20 et 60 ans, et plus <strong>de</strong> la moitié après cet âge.<br />
En fait, l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s troubles chez l’homme serait très<br />
voisine <strong>de</strong> celle observée chez la femme, avec un décalage<br />
d’1 ou 2 décennies en raison d’un début différé <strong>de</strong> la<br />
maladie veineuse. Par ailleurs, les hommes présentent<br />
<strong>de</strong>s douleurs plus fréquentes, une plus forte proportion <strong>de</strong><br />
varices et d’œdèmes. <strong>Le</strong> meilleur traitement <strong>de</strong> ces troubles<br />
veineux reste, selon les recommandations <strong>de</strong> l’ANAES, la<br />
compression veineuse.<br />
Conscients <strong>de</strong> ce besoin, les Laboratoires Thuasne ont mis<br />
au point la chaussette VENOFLEX CITY®, très discrète car<br />
semblable à une chaussette <strong>de</strong> ville ordinaire. Elle bénéficie<br />
cependant <strong>de</strong> propriétés thérapeutiques démontrées :<br />
efficacité, en raison d’une confection respectant l’anatomie<br />
et assurant une pression dégressive <strong>de</strong> la cheville au genou<br />
qui favorise le retour veineux ; confort, défini par une forme<br />
adaptée, <strong>de</strong>s coutures extrafines, une texture douce et un<br />
traitement antibactérien, usage et entretien faciles.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
62<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
La gamme se décline en 2 niveaux <strong>de</strong> contention, en 2<br />
matières (coton et fil d’Écosse), en 4 tailles et 2 longueurs,<br />
et en 5 coloris. Par ailleurs, il existe désormais <strong>de</strong>s bascuisses<br />
en fil d’Écosse, en niveau 1 et 2 <strong>de</strong> contention et en<br />
divers coloris.<br />
Tarifs <strong>de</strong> remboursement :<br />
chaussettes 22,40 €, bas-cuisses 29,78 €.<br />
mieux bouger®,<br />
<strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> cure pour les affections<br />
rhumatismales, mis au point par <strong>Le</strong>s thermes<br />
nationaux d’Aix-les-Bains, et présenté aux<br />
thermalies au Carrousel du Louvre du 22 au<br />
25 janvier<br />
e programme <strong>de</strong>s cures Mieux Bouger® a été<br />
mis au point pour l’année <strong>2009</strong> avec la Société<br />
L Médicale d’Aix-les-Bains, en se basant sur les<br />
<strong>de</strong>rnières étu<strong>de</strong>s et recommandations <strong>de</strong> la communauté<br />
médicale. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s soins thermaux proprement dits,<br />
qui permettent <strong>de</strong> soulager la douleur, le programme<br />
comprend la fréquentation d’ateliers <strong>de</strong>stinés à apprendre<br />
aux patients un meilleur usage <strong>de</strong> leurs articulations. <strong>Le</strong>s<br />
cures Mieux Bouger® apportent tous les éléments nécessaires<br />
aux curistes pour retrouver leur mobilité pendant et après<br />
la cure. Deux formules : cure courte <strong>de</strong> 6 jours, et cure<br />
médicalisée traditionnelle <strong>de</strong> 18 jours.<br />
<strong>Le</strong>s cinq finalités <strong>de</strong> la cure Mieux Bouger® sont les<br />
suivantes :<br />
- Soulager les douleurs :<br />
4 soins quotidiens personnalisés sont choisis par le mé<strong>de</strong>cin<br />
thermal en fonction du mala<strong>de</strong>. Ils se sont réalisés dans<br />
les meilleures conditions : personnel <strong>de</strong> soins entraîné et<br />
compétent, matériel performant ;<br />
- Entraîner les articulations :<br />
Un programme <strong>de</strong> rééducation personnalisée sous contrôle<br />
médical est établi par le personnel soignant, en fonction<br />
<strong>de</strong>s activités qu’il est possible <strong>de</strong> pratiquer et <strong>de</strong> celles qu’il<br />
convient d’éviter. Ces programmes sont réalisés en salles<br />
spécialisées par les kinésithérapeutes. Sont proposées<br />
également <strong>de</strong>s séances d’aquagym ou <strong>de</strong> gymnastique<br />
plus spécifiques ; le but est d’obtenir une diminution <strong>de</strong>s<br />
douleurs <strong>de</strong>s articulations par une pratique raisonnée <strong>de</strong><br />
l’activité physique ;<br />
- Favoriser la prévention <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> santé :<br />
Des ateliers d’éducation sont proposés apprennent aux<br />
patients les bons gestes pour leurs articulations, ainsi que<br />
la manière <strong>de</strong> les préserver, <strong>de</strong> se relaxer, <strong>de</strong> s’alimenter,<br />
aussi bien pour limiter les risques cardio-vasculaires que<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
diminuer la charge pondérale sur les articulations <strong>de</strong>s<br />
membres inférieurs ;<br />
- Se détendre :<br />
<strong>Le</strong> programme est élaboré pour assurer une détente<br />
optimale : tout est organisé pour que les différents soins<br />
thermaux et les activités parallèles se fassent dans un<br />
espace commun : les soins thermaux se déroulent dans<br />
une unité <strong>de</strong> soins reliée par ascenseur à l’Espace Détente.<br />
<strong>Le</strong>s soins thermaux ont lieu le matin, les ateliers <strong>de</strong> santé et<br />
<strong>de</strong> gymnastique adaptée ont lieu l’après-midi ;<br />
- Apprendre les bons gestes à appliquer toute l’année.<br />
Mieux Bouger®, l’intitulé du programme parle <strong>de</strong> luimême<br />
: l’équipe thérapeutique est en permanence<br />
présente pour fournir <strong>de</strong>s conseils avisés et apprendre la<br />
bonne réalisation <strong>de</strong>s gestes. En fin <strong>de</strong> cure, une brochure<br />
remise aux patients permet <strong>de</strong> mettre en pratique tout au<br />
long <strong>de</strong> l’année les comportements appris.<br />
DiagnosTic eT prise en charge<br />
De l’osTéoporose : ce qu’il fauT<br />
reTenir en praTique<br />
Un symposium <strong>de</strong>s Laboratoires ROCHE et GSK<br />
Congrès SFR, 17 décembre 2008<br />
es exposés <strong>de</strong>s différents intervenants <strong>de</strong> ce<br />
symposium constituent une excellente synthèse<br />
L<br />
<strong>de</strong> ce qu’il faut savoir en matière <strong>de</strong> traitement<br />
<strong>de</strong> l’ostéoporose.<br />
<strong>Le</strong> Pr Érick LEGRAND (Angers), coordinateur <strong>de</strong> cette<br />
réunion, a rappelé que le traitement <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
est indispensable pour plusieurs raisons. <strong>Le</strong> pronostic<br />
<strong>de</strong> l’ostéoporose est grevé par la survenue <strong>de</strong> fractures,<br />
extrêmement fréquentes, survenant tous sites confondus<br />
chez 39 % <strong>de</strong>s femmes et 13 % <strong>de</strong>s hommes atteints par<br />
l’affection.<br />
Par ailleurs, le pronostic <strong>de</strong> ces fractures ostéoporotiques<br />
est mauvais : après une fracture <strong>de</strong> l’ESF, 20 % <strong>de</strong>s patients<br />
décè<strong>de</strong>nt dans l’année, contre 7 % <strong>de</strong>s témoins ; par ailleurs<br />
50 % <strong>de</strong>s survivants ne retrouvent pas leur autonomie.<br />
A partir <strong>de</strong> 75 ans le taux <strong>de</strong> récidive après une fracture<br />
est dans un délai <strong>de</strong> 5 ans <strong>de</strong> 36. 4 % chez les hommes et<br />
92. 4 % chez les femmes. Une récidive sur 5 survient dans<br />
l’année qui suit la première fracture. <strong>Le</strong> coût <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
est énorme, en raison du nombre considérable <strong>de</strong> jours<br />
d’hospitalisation induits par la maladie. Il existe pourtant<br />
<strong>de</strong> nombreux traitements variés et efficaces comme en<br />
témoigne un certain nombre d’étu<strong>de</strong>s randomisées, bien<br />
réalisées, sur <strong>de</strong> grands effectifs, et qui attestent souvent<br />
d’un taux <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> fracture <strong>de</strong> 40 à 65 %.
<strong>Le</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> la maladie doivent être connus.<br />
<strong>Le</strong> rappel <strong>de</strong> ceux-ci a été fait par le Dr Béatrice BOUVARD<br />
(Angers). La fracture en elle-même est à la fois une<br />
complication <strong>de</strong> l’ostéoporose et un facteur <strong>de</strong> risque <strong>de</strong><br />
fracture ultérieure. L’existence d’une fracture vertébrale<br />
multiplie par 7 le risque <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> nouvelle fracture<br />
vertébrale, et par 3 le risque <strong>de</strong> survenue d’une fracture <strong>de</strong><br />
l’ESF. <strong>Le</strong> 2ème facteur <strong>de</strong> risque est l’antécé<strong>de</strong>nt familial<br />
<strong>de</strong> fracture <strong>de</strong> l’ESF, qui peut être dépisté par une simple<br />
question : « votre père ou votre mère a-t-il ou a-t-elle été<br />
victime d’une fracture du col du fémur ? ». Des facteurs<br />
génétiques défavorables interviennent pour 70 % dans<br />
une insuffisance du capital osseux vers l’âge <strong>de</strong> 25 ans, un<br />
apport calcique trop faible, une anorexie, un tabagisme<br />
ou une sé<strong>de</strong>ntarité constituant les 30 % restant <strong>de</strong>s<br />
déterminants. Bien entendu, l’âge est un facteur <strong>de</strong> risque<br />
essentiel, notamment pour les fractures <strong>de</strong> l’ESF et <strong>de</strong>s<br />
vertèbres. La maigreur (IMC < 19) constitue également<br />
un élément primordial à prendre en compte : la masse<br />
osseuse est corrélée à l’IMC, les femmes les plus minces<br />
ont <strong>de</strong>s os fins et moins résistants, et, après la ménopause,<br />
le taux d’œstradiol résiduel <strong>de</strong> ces femmes est plus bas.<br />
La corticothérapie induit l’ostéoporose chez 30 à 50 % <strong>de</strong>s<br />
patients qui la subissent au long cours ; les corticostéroï<strong>de</strong>s<br />
représentent en effet un élément toxique majeur pour le<br />
tissu osseux. La traduction macroscopique <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
cortisonique se traduit par une raréfaction <strong>de</strong>s travées<br />
osseuses, qui se perforent, se désorganisent et fragilisent<br />
totalement l’architecture. D’autres thérapeutiques sont<br />
également nocives pour le tissu osseux : les anti aromatases,<br />
les agonistes <strong>de</strong> la LH-RH. <strong>Le</strong> tabagisme enfin augmente <strong>de</strong><br />
40 % le risque <strong>de</strong> fracture <strong>de</strong> l’ESF, <strong>de</strong> 15 à 30 % le risque<br />
<strong>de</strong> fracture vertébrale, soit une augmentation <strong>de</strong> 25 % du<br />
risque général. Il faut prendre en compte les facteurs <strong>de</strong><br />
risque, en les recherchant (<strong>de</strong>nsitométrie, radiographies),<br />
en évaluant leur inci<strong>de</strong>nce sur la survenue <strong>de</strong> fracture,<br />
en tenant compte <strong>de</strong> leur cumul éventuel qui grève le<br />
pronostic, et en organisant le traitement en fonction <strong>de</strong> leur<br />
présence : associer à la thérapeutique proprement dite un<br />
sevrage cortisonique, un arrêt du tabac, ou l’amélioration<br />
<strong>de</strong> la nutrition.<br />
Quels sont les examens biologiques complémentaires à<br />
pratiquer ?<br />
D’après le Dr Pascal GUGGENBUHL (Rennes), le<br />
premier sta<strong>de</strong> est le dépistage d’une cause maligne<br />
<strong>de</strong> déminéralisation (myélome, métastases). <strong>Le</strong> bilan<br />
minimum comprend NFS, CRP, électrophorèse protéique,<br />
transaminases, gamma-GT, phosphatases alcalines et<br />
clairance <strong>de</strong> la créatinine. <strong>Le</strong> dosage du calcium et du<br />
phosphore, éventuellement le dosage <strong>de</strong> la vitamine D<br />
et <strong>de</strong> la parathormone peuvent s’avérer indispensables.<br />
Dans un 3ème temps, et selon le contexte clinique, un<br />
dosage <strong>de</strong> la TSH, d’une cortisolémie <strong>de</strong>s 24 heures,<br />
une calciurie <strong>de</strong>s 24 heures, un dosage <strong>de</strong> la ferritine<br />
plasmatique permettront d’affiner le diagnostic.<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
63<br />
Des profils caractéristiques peuvent rapi<strong>de</strong>ment être<br />
i<strong>de</strong>ntifiés : hyperparathyroïdie primitive si la calcémie<br />
est augmentée et la phosphatémie diminuée, carence en<br />
vitamine D et profil ostéomalacique si la calcémie et la<br />
phosphatémie sont très basses.<br />
<strong>Le</strong>s patients prennent-ils le traitement que vous leur<br />
prescrivez ?<br />
Selon le Pr Françoise DEBIAIS (Poitiers), l’arsenal thérapeutique<br />
contre l’ostéoporose est particulièrement riche,<br />
et les différents traitements qui le composent sont tous<br />
efficaces, comme en témoignent les dizaines d’étu<strong>de</strong>s<br />
cliniques rigoureuses nécessaires à leur mise sur le marché.<br />
Toutefois, ce type <strong>de</strong> traitement ne peut être efficace que<br />
s’il est suivi régulièrement et sur une durée prolongée.<br />
La qualité du suivi est définie par 3 termes différents :<br />
l’observance thérapeutique est le respect par le mala<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la prescription médicamenteuse ; elle peut se traduire<br />
en pourcentage : c’est le quotient <strong>de</strong>s doses effectivement<br />
prises sur les doses théoriquement prescrites. L’adhésion<br />
est l’ensemble <strong>de</strong>s conditions qui permettent l’observance,<br />
reposant sur la participation du patient. La persistance est la<br />
durée pendant laquelle le patient continue son traitement.<br />
Si, dans les étu<strong>de</strong>s cliniques le niveau d’observance<br />
est élevé, dans la vie quotidienne il n’en est rien :<br />
l’observance dans la maladie ostéoporotique ne dépasse<br />
pas 38 %. À un an, 77 % <strong>de</strong>s patients sous traitement anti<br />
ostéoporotique cessent <strong>de</strong> le prendre. L’observance est<br />
meilleure si l’on passe d’une administration quotidienne<br />
à une administration hebdomadaire (38 % vs 52 %).<br />
<strong>Le</strong>s différentes étu<strong>de</strong>s d’observance effectuées dans divers<br />
pays donnent <strong>de</strong>s résultats similaires. <strong>Le</strong> défaut d’observance<br />
n’est pas sans conséquence sur les résultats du traitement :<br />
la DMO vertébrale par exemple est significativement<br />
moins améliorée chez les non-observants, et chez ces<br />
<strong>de</strong>rniers le risque fracturaire augmente. <strong>Le</strong>s causes <strong>de</strong><br />
non-observance sont multiples : durée du traitement, coût<br />
du traitement, mauvais remboursement, difficultés <strong>de</strong><br />
prise, associations médicamenteuses trop nombreuses, comorbidité,<br />
dépression, etc. L’Importance <strong>de</strong> l’observance<br />
sur le résultat thérapeutique doit donc inciter le mé<strong>de</strong>cin à<br />
une vigilance particulière.<br />
En conclusion, 5 solutions pour améliorer la prise en<br />
charge <strong>de</strong> l’ostéoporose ont été proposées par le Pr Erick<br />
LEGRAND.<br />
1. La décision doit être prise dans le calme, après 2<br />
consultations, en tenant compte <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque<br />
clinique, du résultat <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsitométrie et <strong>de</strong> la présence<br />
ou non <strong>de</strong> fractures. Celles-ci doivent être activement<br />
recherchées au moyen <strong>de</strong> radiographies adéquates,<br />
<strong>de</strong>vant toute douleur rachidienne même banale après<br />
55 ans, <strong>de</strong>vant une perte <strong>de</strong> taille <strong>de</strong> 3 cm au moins<br />
par rapport à celle connue à 20 ans, ou <strong>de</strong>vant une<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
64<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
réduction <strong>de</strong> taille <strong>de</strong> 2 cm entre <strong>de</strong>ux consultations. <strong>Le</strong>s<br />
recommandations <strong>de</strong> l’AFSSAPS publiées en janvier 2006<br />
indiquent les différentes conduites à tenir en fonction <strong>de</strong><br />
la présence <strong>de</strong> fracture ou <strong>de</strong> facteur <strong>de</strong> risque, selon les<br />
résultats <strong>de</strong> la DMO. Si cet examen ne peut être réalisé, il<br />
faut traiter à coup sûr les mala<strong>de</strong>s présentant une fracture<br />
<strong>de</strong> l’ESF et les patients présentant une fracture vertébrale<br />
indiscutable sur les clichés.<br />
2. Il faut bien i<strong>de</strong>ntifier les patients prioritaires : fracture<br />
<strong>de</strong> l’ESF, en raison <strong>de</strong> l’accroissement <strong>de</strong> la mortalité, et<br />
fracture vertébrale, en raison <strong>de</strong> l’importance du handicap<br />
qu’elle induit. Secondairement, les patients avec une<br />
fracture périphérique, en raison du risque <strong>de</strong> récidive, et<br />
les patients avec une DMO basse et <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque,<br />
afin <strong>de</strong> prévenir si possible la première fracture. Si le<br />
mé<strong>de</strong>cin est convaincu, le patient le sera et prendra son<br />
traitement.<br />
3. Il faut améliorer les connaissances du patient, expliquer<br />
la maladie avec <strong>de</strong>s mots simples, donner le résultat <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>nsitométrie en s’assurant que le mala<strong>de</strong> a compris ce<br />
que celui-ci signifie. Il faut également dire que le traitement<br />
sera long, mais s’il est correctement pris, il améliorera la<br />
solidité osseuse et réduira le risque <strong>de</strong> fracture. Informer sur<br />
la durée du traitement, la manière dont il doit être pris, les<br />
objectifs thérapeutiques et les effets indésirables éventuels<br />
est indispensable.<br />
4. Interroger les patients sur leur style <strong>de</strong> vie et leurs<br />
attentes permet d’adapter au mieux le traitement adéquat :<br />
s’il existe <strong>de</strong>s symptômes climatériques, préférer le<br />
THS ; en cas <strong>de</strong> cancer du sein, prescrire le raloxifene. A la<br />
patiente oublieuse, on peut proposer une forme injectable.<br />
À la patiente active, on conseillera un biphosphonate à<br />
administration mensuelle, : la persistance <strong>de</strong>s femmes sous<br />
ibandronate mensuel est, par exemple, meilleure à un an.<br />
5. Il est impératif <strong>de</strong> programmer <strong>de</strong>s consultations en<br />
fixant les ren<strong>de</strong>z-vous à l’avance : par exemple à 3 mois,<br />
vérification <strong>de</strong> la tolérance du traitement et information du<br />
patient, à 6 mois, vérification <strong>de</strong> l’observance, à 12 mois<br />
vérification <strong>de</strong> l’observance, <strong>de</strong> la tolérance et <strong>de</strong> l’efficacité<br />
(absence <strong>de</strong> fracture, mesure <strong>de</strong> la taille, etc.). Prévoir<br />
ultérieurement une consultation annuelle pour faire le<br />
point <strong>de</strong> l’ostéoporose. A chaque consultation l’observance<br />
doit être évaluée, ce qui peut être fait à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> questions<br />
simples : quel jour prenez-vous votre traitement ? À quelle<br />
heure ? <strong>Le</strong> prenez-vous avec votre café du matin ? Avez-vous<br />
cessé votre traitement en raison <strong>de</strong> troubles digestifs ? Vous<br />
arrive-t-il <strong>de</strong> l’oublier? Avez-vous confiance en ce traitement<br />
?… Si l’observance est moyenne ou mauvaise, c’est peutêtre<br />
que le mala<strong>de</strong> a mal compris l’enjeu, dans ce cas il<br />
suffira <strong>de</strong> recadrer l’indication et ou proposer une nouvelle<br />
forme posologique. S’il s’agit uniquement d’une tendance<br />
à l’oubli, il faut lui proposer <strong>de</strong>s outils : montre, calendrier,<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
carnet <strong>de</strong> suivi, et peut-être conseiller la voie injectable.<br />
S’il existe plusieurs raisons plus ou moins associées, telles<br />
que difficultés personnelles ou familiales, co-morbidité,<br />
troubles digestifs ou autres, conseiller également la voie<br />
injectable. Un traitement efficace sera toujours dépendant<br />
<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la relation et du dialogue mé<strong>de</strong>cin<br />
mala<strong>de</strong>.<br />
le bilan à un an De la cohorTe<br />
Desir<br />
ous avions évoqué, dans un précé<strong>de</strong>nt numéro<br />
N<br />
<strong>de</strong> cette revue, la naissance <strong>de</strong> la cohorte DESIR<br />
(DEvenir <strong>de</strong>s Spondylarthrites Indifférenciées<br />
Récentes). Celle-ci avait été créée dans le même esprit<br />
que la cohorte ESPOIR, qui concernait les polyarthrites<br />
non étiquetées. Un an après sa création, 300 patients ont<br />
été inclus sur un nombre prévu <strong>de</strong> 700, qui souffrent <strong>de</strong><br />
rachialgies inflammatoires survenues récemment, évoquant<br />
une spondylarthrite ankylosante. Chaque patient inclus dans<br />
la cohorte <strong>de</strong>vrait être suivi pendant 10 ans. Ce travail est<br />
co-géré par l’AP-HP, la Société <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie<br />
et l’INSERM, et bénéficie du soutien institutionnel <strong>de</strong>s<br />
laboratoires WYETH.<br />
Il s’agit d’un travail d’importance, puisque, en France,<br />
300 000 personnes sont concernées, et 1.5 million en<br />
Europe. La maladie prédomine chez l’homme (64 %), et<br />
intéresse <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s jeunes, entre 15 et 50 ans. Dans la<br />
majorité <strong>de</strong>s cas, les symptômes apparaissent entre 20 et<br />
40 ans. Si la maladie évolue, 25 à 30 % <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s peuvent<br />
être après quelques années sérieusement handicapés, tant<br />
dans leur vie personnelle que professionnelle. C’est donc<br />
une affection qui mérite un traitement précoce ; or un<br />
nombre considérable <strong>de</strong> patients n’est pas diagnostiqué<br />
au cours <strong>de</strong>s premières années d’évolution. <strong>Le</strong> retard <strong>de</strong><br />
diagnostic est en moyenne <strong>de</strong> 8 ans.<br />
<strong>Le</strong>s finalités <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> DESIR sont d’étudier l’histoire naturelle<br />
<strong>de</strong>s rachialgies inflammatoires récentes, d’i<strong>de</strong>ntifier les<br />
facteurs prédictifs <strong>de</strong> développement et <strong>de</strong> progression<br />
<strong>de</strong> la maladie, et <strong>de</strong> mieux mesurer leurs conséquences<br />
humaines et économiques.<br />
Qui peut être inclus dans cette étu<strong>de</strong> ? Un homme ou<br />
une femme entre 18 et 50 ans, présentant <strong>de</strong>s rachialgies<br />
inflammatoires récentes, avec une douleur localisée au<br />
rachis lombaire au rachis dorsal ou à la fesse, répondant<br />
aux critères <strong>de</strong> Calin et/ou <strong>de</strong> Berlin, dont la maladie a<br />
commencé il y a moins <strong>de</strong> 3 ans, avec une symptomatologie<br />
très évocatrice <strong>de</strong> spondylarthrite ankylosante.
Il est du <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> chaque professionnel <strong>de</strong> santé concerné<br />
<strong>de</strong> repérer ce type <strong>de</strong> mala<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’adresser dans la<br />
mesure du possible à l’un <strong>de</strong>s 25 centres d’investigateurs<br />
régionaux.<br />
mieux connaîTre l’aclasTa® :<br />
nouVelles Données, nouVelle<br />
inDicaTion<br />
Une conférence <strong>de</strong> presse <strong>de</strong>s laboratoires<br />
nOVARtiS - Congrès SFR, 16 décembre 2008<br />
L<br />
e développement du traitement <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
par injection annuelle unique d’aci<strong>de</strong> zoledronique<br />
passe par une reconnaissance affinée<br />
<strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> ce produit, comme l’a expliqué le<br />
Dr FRANCILLON, Directeur Médical. Novartis, 3ème groupe<br />
pharmaceutique mondial, s’est complètement impliqué<br />
dans la lutte contre ce fléau, comme il le fait dans <strong>de</strong><br />
nombreux autres domaines. L’enjeu est d’importance :<br />
l’ostéoporose post-ménopausique (O. P. M.) représente un<br />
véritable phénomène <strong>de</strong> société, tant en raison <strong>de</strong> l’impact<br />
<strong>de</strong> la maladie grevée par l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> fractures, que par<br />
les coûts induits par sa prise en charge et son traitement.<br />
Il existe certes <strong>de</strong> nombreuses thérapeutiques, mais si<br />
l’observance <strong>de</strong> celles-ci est inférieure à 50 %, il ne peut<br />
être constaté <strong>de</strong> diminution du risque fracturaire. L’aci<strong>de</strong><br />
zoledronique est le premier bisphosphonate susceptible <strong>de</strong><br />
réduire tous les types <strong>de</strong> fractures ostéoporotiques : fracture<br />
<strong>de</strong> hanche, fracture vertébrale, fracture non vertébrale.<br />
De ce fait, le produit dispose d’un nombre croissant<br />
d’indications et <strong>de</strong> preuves reconnues : maladie <strong>de</strong> Paget<br />
(septembre 2006), O. P. M. (octobre 2007), prévention <strong>de</strong>s<br />
fractures cliniques après fracture <strong>de</strong> l’extrémité supérieure<br />
du fémur (E.S.F.) (septembre 2008), ostéoporose masculine<br />
(septembre 2008) et enfin ostéoporose cortisonique, prévue<br />
pour le début <strong>2009</strong>.<br />
<strong>Le</strong> Pr ROUX (Hôpital Cochin, Paris) a rappelé les spécificités<br />
<strong>de</strong>s fractures <strong>de</strong> l’ E. S. F. et présenté les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
HORIZON RFT (Recurrent Fracture Trial après fracture <strong>de</strong><br />
hanche). La loi du 9 août 2004 avait défini un objectif<br />
prioritaire pour la pério<strong>de</strong> 2004 - 2008 : réduire <strong>de</strong><br />
10 % l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s fractures <strong>de</strong> l’E. S. F. À l’évi<strong>de</strong>nce, cet<br />
objectif ne sera pas atteint ; on estime que le nombre <strong>de</strong><br />
fractures <strong>de</strong> l’E. S. F. <strong>de</strong>vrait doubler entre 2000 et 2050,<br />
avec une surmortalité d’environ 20 % dans l’année suivant<br />
ce type <strong>de</strong> fracture. Par ailleurs, une patiente sur <strong>de</strong>ux gar<strong>de</strong><br />
après fracture <strong>de</strong> l’E. S. F une perte d’indépendance liée<br />
à un handicap <strong>de</strong> la vie quotidienne ; un autre élément<br />
d’importance est la majoration (x 2.3) du risque <strong>de</strong> survenue<br />
d’une autre fracture. De même, la fracture <strong>de</strong> l’E. S. F. réduit<br />
<strong>de</strong> manière significative l’espérance <strong>de</strong> vie.<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
65<br />
L’étu<strong>de</strong> HORIZON RFT a impliqué en double aveugle<br />
2 127 hommes et femmes, recrutés par 148 centres dans<br />
23 pays. <strong>Le</strong>s patients recevaient <strong>de</strong> manière aléatoire<br />
l’aci<strong>de</strong> zoledronique ou le placebo, avec un traitement<br />
complémentaire systématique <strong>de</strong> calcium et vitamine D.<br />
<strong>Le</strong> critère principal <strong>de</strong> cette vaste étu<strong>de</strong> était d’évaluer la<br />
réduction <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> nouvelles fractures cliniques<br />
après chirurgie réparatrice d’une fracture <strong>de</strong> l’ E. S. F. <strong>Le</strong>s<br />
objectifs secondaires concernaient une réduction globale<br />
du risque <strong>de</strong> fracture ostéoporotique, quelle que soit la<br />
localisation, et l’appréciation <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> la DMO<br />
du fémur sur la hanche non fracturée à 12 et 24 mois.<br />
<strong>Le</strong> traitement a été administré pendant 1,9 mois en<br />
moyenne ; la réduction du nombre <strong>de</strong> fractures cliniques<br />
a été <strong>de</strong> 35 %, <strong>de</strong>s fractures non vertébrales <strong>de</strong> 27 %, <strong>de</strong>s<br />
fractures vertébrales <strong>de</strong> 46 %, et <strong>de</strong>s fractures <strong>de</strong> l’E. S. F. <strong>de</strong><br />
30 %. Pour la première fois un traitement dans l’ostéoporose<br />
a montré une réduction significative du risque <strong>de</strong> mortalité<br />
après fracture <strong>de</strong> l’E. S. F. <strong>de</strong> 28 %.<br />
À la suite <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, le RCP a été modifié : le seuil <strong>de</strong><br />
la clairance à la créatinine est désormais diminué <strong>de</strong> 40 à<br />
35 ml/mn ; la perfusion est indiquée au minimum<br />
2 semaines après l’intervention sur la fracture <strong>de</strong> hanche ; une<br />
dose <strong>de</strong> charge en vitamine D <strong>de</strong> 50 000 à 120 000 UI est<br />
recommandée chez les patients fracturés. L’intitulé <strong>de</strong> l’AMM<br />
du produit est désormais : « traitement <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
post-ménopausique et <strong>de</strong> l’ostéoporose masculine chez<br />
les patients à risque élevé <strong>de</strong> fracture, notamment chez les<br />
patients ayant une fracture <strong>de</strong> hanche récente secondaire<br />
un traumatisme modéré » .<br />
<strong>Le</strong>s Drs CHOUC (Marseille) et CHARLES (Saint-Étienne) ont<br />
montré l’intérêt <strong>de</strong> ACLASTA® en perfusion annuelle dans la<br />
prise en charge <strong>de</strong> l’ostéoporose. Mme BRIDIER (infirmière<br />
libérale, Villejuif) en faisant part <strong>de</strong> son expérience dans<br />
la mise en place <strong>de</strong>s perfusions d’aci<strong>de</strong> zoledronique, a<br />
confirmé la facilité d’emploi et la tolérance satisfaisante du<br />
produit.<br />
roacTemra® (Tocilizumab)<br />
homologué en europe<br />
pour le TraiTemenT<br />
De la polyarThriTe rhumaToïDe<br />
Communiqué<br />
<strong>de</strong>s Laboratoires ROCHE CHUGAi<br />
E<br />
n date du 21 janvier, les laboratoires ROCHE<br />
CHUGAi ont annoncé l’autorisation <strong>de</strong> mise sur le<br />
marché accordée par la commission européenne<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
66<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
au tocilizumab (RoACTEMRA® en France). Ce produit est<br />
indiqué dans le traitement <strong>de</strong> la polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong><br />
modérée à sévère en association avec le méthotrexate, chez<br />
le mala<strong>de</strong> ayant présenté soit une réponse inadéquate,<br />
soit une intolérance à un ou plusieurs traitements<br />
<strong>de</strong> fond (DMARDs) ou un ou plusieurs anti-TNF alpha.<br />
Si le méthotrexate est mal toléré ou inadapté, le produit<br />
peut être prescrit en monothérapie. RoACTEMRA® est le<br />
premier anticorps monoclonal inhibant le récepteur <strong>de</strong><br />
l’interleukine 6 (IL-6).<br />
L’interleukine 6, comme l’interleukine 1 et le TNF alpha,<br />
font partie <strong>de</strong>s cytokines intervenant dans le processus<br />
inflammatoire qui détruit progressivement lors <strong>de</strong> la<br />
PR les structures articulaires et para-articulaires <strong>de</strong><br />
manière irréversible. Dans la lutte contre cette affection,<br />
RoACTEMRA® a fait la preuve <strong>de</strong> son efficacité, mise en<br />
évi<strong>de</strong>nce par 5 étu<strong>de</strong>s multinationales <strong>de</strong> phase III. Dans<br />
chacune <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s contrôlées, l’efficacité clinique a<br />
été démontrée dès la <strong>de</strong>uxième semaine et s’accompagne<br />
d’une normalisation <strong>de</strong> certains examens biologiques,<br />
comme la CRP.<br />
En matière <strong>de</strong> tolérance, d’après les données rapportées<br />
après le suivi <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 4 200 mala<strong>de</strong>s, il peut exister<br />
<strong>de</strong> manière exceptionnelle <strong>de</strong>s effets indésirables graves<br />
(infections sévères, atteintes gastro-intestinales, réactions<br />
d’hypersensibilité). De manière plus courante ont été notés<br />
quelques cas d’infection <strong>de</strong>s voies respiratoires supérieures,<br />
<strong>de</strong> rhino-pharyngite, <strong>de</strong> céphalées et d’hypertension,<br />
ainsi que quelques modifications réversibles <strong>de</strong> certains<br />
paramètres biologiques (anomalie <strong>de</strong>s transaminases, du<br />
bilan lipidique, <strong>de</strong> la numération globulaire).<br />
RoACTEMRA®, premier anticorps inhibant le récepteur<br />
<strong>de</strong> l’interleukine 6, constitue sans nul doute une nouvelle<br />
arme <strong>de</strong> poids dans l’arsenal thérapeutique <strong>de</strong> lutte contre<br />
la polyarthrite.<br />
une nouVelle sTraTégie<br />
Dans la prise en charge<br />
De l’osTéoporose posTménopausique<br />
Un symposium <strong>de</strong>s Laboratoires AMGEn<br />
Congrès SFR, 16 décembre 2008<br />
e symposium, coordonné par le Pr Christian<br />
C<br />
ROUX (Hôpital Cochin, Paris) et par le Pr Philippe<br />
ORCEL (Hôpital Lariboisière, Paris) avait pour<br />
but d’exposer la nouvelle voie thérapeutique <strong>de</strong> l’ostéoporose<br />
post-ménopausique, basée sur le mécanisme ostéoprotégérine(OPG)/RANK/RANK<br />
LIGAND (RANKL).<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
<strong>Le</strong> professeur ORCEL a rappelé les mécanismes régissant<br />
le renouvellement permanent <strong>de</strong> l’os à partir <strong>de</strong>s cellules<br />
ostéoclastiques et ostéoblastiques. L’ostéoformation ne<br />
peut se faire s’il n’y a pas <strong>de</strong> résorption préalable, ce qui<br />
nécessite un couplage et une synchronisation <strong>de</strong>s activités<br />
<strong>de</strong>s différentes cellules. Depuis les années 70, ce couplage<br />
cellulaire est connu ; c’est à la fin <strong>de</strong>s années 80 que le<br />
mécanisme d’interaction entre ostéoblastes et précurseur<br />
ostéoclastiques a été découvert. <strong>Le</strong> système OPG/ RANK/<br />
RANKL gère cette interaction.<br />
Il s’agit d’un système <strong>de</strong> médiateurs intervenant lors<br />
<strong>de</strong> la différenciation <strong>de</strong>s ostéoblastes en cellules préostéoclastiques.<br />
<strong>Le</strong>s souris <strong>de</strong> laboratoires qui surexpriment<br />
l’OPG présentent un squelette ostéosclérotique très <strong>de</strong>nse<br />
avec une forte augmentation <strong>de</strong> la DMO, en raison <strong>de</strong> la<br />
diminution du nombre <strong>de</strong>s ostéoclastes. Dans ce mécanisme,<br />
RANKL stimule la différenciation <strong>de</strong>s ostéoclastes, tandis que<br />
l’OPG inhibe cette action. Chez <strong>de</strong>s souris déficientes en<br />
OPG, une ostéoporose précoce s’installe, avec la survenue<br />
<strong>de</strong> fractures spontanées. Corrélativement, l’absence du<br />
récepteur RANK inhibe la différenciation <strong>de</strong>s ostéoclastes.<br />
La régulation <strong>de</strong> la résorption dépend <strong>de</strong> l’équilibre entre<br />
RANK L et OPG, tous <strong>de</strong>ux secrétés par l’ostéoblaste. Dans<br />
les années 2000, les chercheurs se sont donc orientés vers<br />
la mise au point d’un traitement anti RANKL, à savoir un<br />
anticorps d’origine humaine, le <strong>de</strong>nosumab(DEN).<br />
<strong>Le</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation OPG/RANK/RANK L a été précisé<br />
par le Pr Serge FERRARi (Hôpital Cantonal Universitaire,<br />
Genève, Suisse), en exposant les différentes étu<strong>de</strong>s qui<br />
confirment le rôle <strong>de</strong> l’OPG dans le blocage du système <strong>de</strong><br />
résorption osseuse. La surexpression <strong>de</strong> l’OPG est également<br />
associée à une amélioration <strong>de</strong> la micro architecture<br />
trabéculaire. Des travaux menés <strong>de</strong> façon parallèle ont<br />
montré que l’inhibition <strong>de</strong> RANKL par l’OPG augmente<br />
<strong>de</strong> façon significative la DMO au niveau <strong>de</strong>s vertèbres du<br />
fémur et du tibia. L’activité du DEN a fait l’objet <strong>de</strong> travaux<br />
initiaux chez <strong>de</strong>s souris génétiquement manipulées pour<br />
exprimer du RANKL reconnu par un anticorps anti RANKL<br />
humain. L’action du <strong>de</strong>nosumab, plus spécifiques que celle<br />
<strong>de</strong> l’OPG, se traduit par une augmentation <strong>de</strong> la DMO, une<br />
suppression <strong>de</strong> la résorption et <strong>de</strong> la formation osseuse,<br />
une amélioration <strong>de</strong> la micro architecture osseuse, sans<br />
aucun phénotype extra osseux.<br />
La bonne qualité <strong>de</strong> l’os ainsi formé après action du DEN<br />
a été confirmée par le Pr thierry tHOMAS (Saint-Étienne).<br />
<strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s du produit, réalisées en double aveugle chez<br />
<strong>de</strong>s souris préalablement manipulées, puis chez les singes,<br />
ont confirmé la diminution <strong>de</strong>s marqueurs <strong>de</strong> résorption et<br />
<strong>de</strong> formation osseuse, et la corrélation avec une variation<br />
positive <strong>de</strong> la DMO. La résistance osseuse vertébrale<br />
s’accroît avec le traitement, aussi bien au niveau vertébral<br />
que fémoral. Après 16 mois <strong>de</strong> traitement par le DEN, les<br />
propriétés intrinsèques du tissu osseux sont maintenues.
Cette corrélation entre l’acquisition osseuse et la résistance<br />
chez les animaux traités par le DEN confirme la capacité<br />
du produit à augmenter la masse minérale osseuse par<br />
diminution du remo<strong>de</strong>lage, sans que le tissu ne soit altéré.<br />
<strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> développement du DEN chez l’homme<br />
a été présenté par le Pr Christian ROUX. <strong>Le</strong> DEN est un<br />
anticorps monoclonal entièrement humain, à très haute<br />
affinité et spécificité pour le RANKL, sans interaction<br />
détectable avec le TNF alpha. Des étu<strong>de</strong>s ont été pratiquées<br />
chez la femme ménopausée, démontrant sous traitement<br />
une diminution rapi<strong>de</strong> et dose-dépendante du CTX urinaire.<br />
Celle-ci est réversible à l’arrêt du traitement. <strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
dose chez la femme ménopausée avec DMO basse ont mis<br />
en évi<strong>de</strong>nce, sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 4 ans, l’intérêt du DEN à la<br />
dose <strong>de</strong> 60 mg tous les 6 mois, au niveau vertébral, fémoral<br />
et radial. Si l’on cesse le traitement, par exemple au bout<br />
<strong>de</strong> 2 ans, la DMO a tendance à diminuer, mais augmente<br />
<strong>de</strong> façon spectaculaire si le traitement est réintroduit. Cette<br />
action est corrélée avec les variations <strong>de</strong>s marqueurs du<br />
remo<strong>de</strong>lage osseux.<br />
Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> phase III, FREEDOM (Fracture REduction<br />
Evaluation of Denosumab in Osteoporosis every 6 Months),<br />
conduite sur 36 mois vs placebo à la dose <strong>de</strong> 60 mg tous<br />
les 6 mois, ayant enrôlé 7 808 mala<strong>de</strong>s, a mis en évi<strong>de</strong>nce<br />
une réduction du risque fracturaire au niveau vertébral <strong>de</strong><br />
- 68 %, - 40 % au niveau fémoral (hanche totale), et <strong>de</strong><br />
-20 % pour les fractures non vertébrales. <strong>Le</strong> profil <strong>de</strong> tolérance<br />
était similaire à celui du placebo. Une autre étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> phase<br />
III, DECIDE (Determining Efficacy Comparison of Initiating<br />
Denosumab vs Alendronate), conduite pendant 12 mois<br />
versus alendronate(ALE) chez <strong>de</strong>s patientes ostéoporotiques<br />
n’ayant jamais reçu <strong>de</strong> bisphosphonates, met en évi<strong>de</strong>nce<br />
une amélioration <strong>de</strong> la DMO significativement meilleure<br />
avec le traitement par DEN sur tous les sites explorés. Si les<br />
patients ont été préalablement traités par ALE, la transition<br />
<strong>de</strong> ce traitement vers un traitement par DEN s’accompagne<br />
à un an d’une amélioration significativement meilleure <strong>de</strong><br />
la DMO avec ce <strong>de</strong>rnier produit.<br />
À la dose <strong>de</strong> 60 mg, administrée en injection sous-cutanée<br />
tous les 6 mois pendant 3 ans, le <strong>de</strong>nosumab <strong>de</strong>vrait<br />
constituer un nouveau traitement prometteur, efficace et<br />
bien toléré <strong>de</strong> l’ostéoporose post-ménopausique.<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
67<br />
VasTe programme D’éTuDes<br />
cliniques pour le laboraToire De<br />
rhumaTologie appliquée (labrha)<br />
Communiqué du 26 janvier <strong>2009</strong><br />
LABRHA s’est spécialisé dans le développement et la<br />
mise sur le marché <strong>de</strong> médicaments antirhumatismaux<br />
d’origine naturelle, et dépourvus d’un certain nombre <strong>de</strong>s<br />
effets secondaires induits par <strong>de</strong>s traitements plus classiques<br />
(...sait-on par exemple que les AINS sont responsables<br />
chaque année <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> décès que le sida... ?). La gamme<br />
<strong>de</strong> produits continue <strong>de</strong> s’étoffer : après Fibromyalgine®,<br />
indiquée dans le traitement <strong>de</strong> la fibromyalgie, le laboratoire<br />
a développé Ainat®, anti-inflammatoire non stéroïdien non<br />
toxique, Cuivramine®, utilisé comme traitement <strong>de</strong> fond<br />
<strong>de</strong> l’arthrose et basé sur une association <strong>de</strong> glucosamine,<br />
<strong>de</strong> gingembre et <strong>de</strong> cuivre, Capsaïne®, gel à base <strong>de</strong><br />
capsaïcine, glucosamine et chondroïtine, seul topique<br />
antiarthrosique. Enfin Cicatendon®, agent <strong>de</strong> cicatrisation<br />
et <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong> la structure tendineuse ciblant la<br />
population sportive et les TMS professionnels.<br />
<strong>Le</strong> laboratoire s’est engagé dans un programme d’étu<strong>de</strong>s<br />
cliniques sur chacun <strong>de</strong> ces produits :<br />
-FIBROMYALGINE® : étu<strong>de</strong> FIBRA®, multicentrique sur<br />
6 mois <strong>de</strong> 200 patients fibromyalgiques : traitement usuel<br />
vs traitement usuel + fibromyalgine (Dr BARON) ;<br />
-CUIVRAMINE® : étu<strong>de</strong> d’observance et <strong>de</strong> suivi du produit<br />
chez 50 rhumatologues libéraux ;<br />
-CAPSAÏNE® : étu<strong>de</strong> internationale du gel dans l’arthrose<br />
digitale (Pr CHEVALIER, Pr PUNZI) ;<br />
-AINAT® : étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’intérêt du produit en cas <strong>de</strong> rechute<br />
précoce après visco-supplémentation (Dr CONROZIER) ;<br />
-CICATENDON® : étu<strong>de</strong> multicentrique comparant traitement<br />
par on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> choc vs on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> choc + Cicatendon®.<br />
Un programme d’étu<strong>de</strong>s complémentaire est actuellement<br />
en cours d’élaboration.<br />
La publication <strong>de</strong>s résultats sera assurée par le laboratoire,<br />
au fur et à mesure <strong>de</strong> l’achèvement <strong>de</strong> ces essais.<br />
prise en charge Des<br />
fibromyalgies : pourquoi pas<br />
une cure Thermale à Dax ?<br />
M<br />
al connue, mal diagnostiquée, mal vécue, mal<br />
traitée, la fibromyalgie, qui intéresse 1,4 % <strong>de</strong><br />
la population générale, décourage les mala<strong>de</strong>s et<br />
rebute parfois les mé<strong>de</strong>cins, en raison <strong>de</strong> la difficulté <strong>de</strong> sa<br />
prise en charge. C’est une maladie complexe, douloureuse,<br />
physiquement invalidante, qui s’accompagne souvent<br />
d’une importante détérioration <strong>de</strong> l’équilibre psychocomportemental.<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
68<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
Lors du récent congrès EULAR (Paris, juin 2008) <strong>de</strong><br />
nombreuses communications ont été faites sur la<br />
fibromyalgie. Parmi les 9 recommandations <strong>de</strong> l’EULAR,<br />
6 concernent la prise en charge non pharmacologique :<br />
- les bains en eau chau<strong>de</strong> ;<br />
- les exercices physiques ;<br />
- le reconditionnement à l’effort ;<br />
- la sophrologie ;<br />
- la rééducation ;<br />
- l’éducation <strong>de</strong>s patients.<br />
Une place désormais importante est donc faite au<br />
traitement non-médicamenteux. Or, ces recommandations<br />
sont toutes mises en pratique aux Thermes <strong>de</strong>s Arènes,<br />
à Dax. La cure thermale propose un accompagnement<br />
basé sur la relaxation, le réentraînement à l’effort, l’ai<strong>de</strong><br />
psychologique, les programmes <strong>de</strong> rééducation. Ainsi,<br />
le mé<strong>de</strong>cin thermal pourra choisir en fonction du profil<br />
physique et psychique du patient, un traitement adapté :<br />
balnéothérapie, application <strong>de</strong> boues, massages, douches<br />
térébenthinées, étuves locales, piscine <strong>de</strong> mobilisation.<br />
En complément <strong>de</strong> cette thérapeutique peuvent être pratiqués<br />
<strong>de</strong>s hydromassages, une musicothérapie en salle <strong>de</strong><br />
relaxation ou <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> sophrologie. Un bilan du niveau<br />
douloureux, avec EVA est systématiquement pratiqué avant<br />
et après la cure. Il peut être proposé un accompagnement<br />
spécifique autour <strong>de</strong>s activités suivantes :<br />
- la sophrologie : effet anti-douleur et anti-stress ;<br />
- la gymnastique douce : se reconditionner en douceur à<br />
l’effort ;<br />
- les parcours santé ; entraînement à l’effort réalisé sous<br />
une forme ludique, pour redonner confiance à son corps ;<br />
- conférences et ateliers : échanges et formations dédiés à<br />
la santé.<br />
La cure thermale constitue ainsi une pause bienfaitrice une<br />
coupure bénéfique avec le milieu quotidien, permettant <strong>de</strong><br />
mieux comprendre et <strong>de</strong> mieux appréhen<strong>de</strong>r sa pathologie.<br />
Ce programme est soutenu par le Dr Patrick SICHERE**,<br />
rhumatologue à Paris, membre du Conseil d’Administration<br />
<strong>de</strong> la Société <strong>Française</strong> <strong>de</strong> Rhumatologie, <strong>de</strong> la section<br />
Douleur et Thermalisme du CEDR (Cercle d’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
Douleur en Rhumatologie), et <strong>de</strong> la SFETD (Société <strong>Française</strong><br />
d’Etu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Traitement <strong>de</strong> la Douleur.<br />
**Patrick Sichère, rhumatologue, enseignant au CHU<br />
Lariboisière - Saint-Louis (Paris), Prési<strong>de</strong>nt du CLUD (Comité<br />
<strong>de</strong> lutte contre la douleur)<br />
Pour toute information :<br />
Bd Albert Camus - BP. 126 - 40103 DAX Ce<strong>de</strong>x<br />
Fax 05 58 90 84 51 - Tel 05 58 56 01 83<br />
www.thermes-arenes-dax.com/thermes- arenes@orange.fr<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
soumis D’emblée à un TraiTemenT<br />
associanT aDalimumab eT<br />
méThoTrexaTe, 1 pr sur 2 n’a<br />
praTiquemenT plus De<br />
progression raDiologique à 5 ans<br />
Résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> PREMiER, publiés à l’ACR,<br />
San Francisco, novembre 2008.<br />
Communiqué <strong>de</strong>s laboratoires ABBOtt<br />
L’<br />
étu<strong>de</strong> PREMiER est une étu<strong>de</strong> randomisée, en<br />
double aveugle, se déroulant sur 2 ans et suivie<br />
par une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 3 ans en ouvert. Cette étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>vait évaluer la capacité <strong>de</strong> HUMIRA® (adalimumab,<br />
ADA) à inhiber la progression radiographique, passé<br />
un délai <strong>de</strong> 5 ans, chez <strong>de</strong>s patients souffrant d’une<br />
polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> modérée à sévère, d’apparition<br />
récente (3 ans au plus). Durant les 2 premières années,<br />
799 patients ont été répartis en 3 groupes, recevant soit<br />
ADA + méthotrexate(MTX), soit ADA seul, soit MTX seul.<br />
Dans la secon<strong>de</strong> phase, les patients ont reçu, 1 semaine<br />
sur 2, 40 mg d’ADA. Parmi ceux-ci, 124 ont reçu ADA +<br />
MTX,115 MTX seul,115 ADA seul. <strong>Le</strong> critère d’évaluation<br />
était la progression <strong>de</strong> la détérioration radiographique <strong>de</strong>s<br />
interlignes, en utilisant le score <strong>de</strong> Sharp modifié.<br />
5 ans après le début <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, il s’avère que les<br />
meilleurs résultats sont obtenus chez les patients ayant reçu<br />
ADA + MTX. Chez ces patients, comparativement aux <strong>de</strong>ux<br />
autres groupes, la détérioration mesurée par le score <strong>de</strong><br />
Sharp est nettement moindre : 2.9, dans le groupe ADA +<br />
MTX, 9.7 dans le groupe MTX seul, et 8.7 dans le groupe<br />
ADA seul.<br />
Dans cette étu<strong>de</strong>, le profil <strong>de</strong> tolérance quelque soit le groupe<br />
a été i<strong>de</strong>ntique à celui que l’on relève chez les patients<br />
soumis à une biothérapie : effets secondaires sérieux et rares,<br />
infections, sepsis, tuberculose, infections opportunistes, décès.<br />
Plus fréquents : effets indésirables bénins, manifestations<br />
allergiques, maux <strong>de</strong> tête, troubles respiratoires, sinusites.<br />
<strong>Le</strong> traitement par ADA ne doit être mis en œuvre qu’après<br />
appréciation soigneuse du bénéfice-risque.<br />
prise en charge Des polyarThriTes<br />
rhumaToïDes eT Des<br />
sponDylarThriTes : ce qui change<br />
Symposium <strong>de</strong>s laboratoires SCHERinG-PLOUGH<br />
Congrès SFR, 16 décembre 2008<br />
C<br />
omment peut-on procé<strong>de</strong>r aujourd’hui au<br />
dépistage <strong>de</strong>s patients polyarthritiques présentant<br />
un risque <strong>de</strong> progression <strong>de</strong> la maladie ?
<strong>Le</strong> Pr B. COMBE (Montpellier) a rappelé la manière dont<br />
l’activité morbi<strong>de</strong> entraîne <strong>de</strong>s douleurs et un handicap,<br />
ainsi qu’une détérioration structurelle responsable en ellemême<br />
<strong>de</strong> l’aggravation <strong>de</strong> l’état du patient. Cette casca<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>vient avec le temps pratiquement irréversible. Il est <strong>de</strong> ce<br />
fait nécessaire <strong>de</strong> dépister précocement l’affection, et <strong>de</strong><br />
mettre en route au plus tôt une thérapeutique efficace, le<br />
but étant d’atteindre la rémission. Pour ce faire, on dispose<br />
d’outils performants tels que les biothérapies, utilisées seules<br />
ou en association, mais dont l’emploi ne saurait être décidé<br />
sans une confirmation <strong>de</strong> la certitu<strong>de</strong> diagnostique. Mais la<br />
PR est une maladie complexe dont l’évolution n’est jamais<br />
linéaire. Chez certains patients, elle est lente et prévisible,<br />
chez d’autres la maladie a tendance à flamber dans un<br />
délai très bref. Il est donc essentiel <strong>de</strong> dépister précocement<br />
les mala<strong>de</strong>s à risque <strong>de</strong> progression rapi<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s données <strong>de</strong><br />
la cohorte ESPOIR autorisent une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s facteurs<br />
péjoratifs : données radiographiques, taux <strong>de</strong> CRP initial,<br />
efficacité à 3 mois ou non <strong>de</strong>s premiers traitements mis en<br />
œuvre.<br />
A-t-on les moyens <strong>de</strong> modifier le risque évolutif chez ce type<br />
<strong>de</strong> patients en cas <strong>de</strong> PR débutante ? Certainement oui,<br />
si l’on intervient <strong>de</strong> manière précoce, avec un traitement<br />
intensif et un contrôle étroit <strong>de</strong> l’activité morbi<strong>de</strong>. Il a été<br />
démontré (étu<strong>de</strong> TICORA, étu<strong>de</strong> COBRA…) qu’un traitement<br />
<strong>de</strong> fond précoce ralentit la progression radiographique <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>struction articulaire. <strong>Le</strong>s biothérapies sont particulièrement<br />
performantes si elles sont utilisées précocement chez les<br />
patients à haut risque (étu<strong>de</strong> COMET, étu<strong>de</strong> BeST…).<br />
Il existe <strong>de</strong>s facteurs prédictifs <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> dégradation<br />
articulaire qui impliquent d’optimiser la prise en charge :<br />
<strong>de</strong>s érosions articulaires précoces, une activité initiale<br />
rapi<strong>de</strong>ment élevée, avec VS et CRP très augmentées, un<br />
gonflement articulaire précoce et étendu, la présence<br />
d’anticorps antiCCP et <strong>de</strong> facteur rhumatoï<strong>de</strong>... cette liste<br />
n’étant pas limitative. L’évaluation <strong>de</strong> lésions radiographiques<br />
par le score <strong>de</strong> Sharp modifié autorise une appréciation<br />
assez fine du profil d’évolution sur 10 ans. La démarche<br />
thérapeutique pour les PR débutantes a été parfaitement<br />
définie par les recommandations officielles françaises<br />
(AFSSAPS) ou étrangères (ACR).<br />
Traitement précoce et traitement au long cours dans<br />
les spondylarthrites : les données actuelles modifientelles<br />
notre approche ? <strong>Le</strong> Dr P. CLAUDEPIERRE (Créteil) a<br />
rappelé que l’infliximab utilisé à longue échéance dans<br />
les spondylarthrites apporte un maintien <strong>de</strong> la réponse<br />
clinique pendant une durée démontrée <strong>de</strong> 5 ans, quels<br />
que soient les indices utilisés (BASDAI, BASFI, BASMI).<br />
Parallèlement, comparativement au placebo, le nombre <strong>de</strong><br />
patients en rémission partielle à 2 ans est plus important<br />
sous infliximab. Toutefois, le recours aux biothérapies<br />
(infliximab ou etanercept) ne semble pas avoir d’inci<strong>de</strong>nce<br />
sur l’évolution radiographique <strong>de</strong>s lésions. Que ce soit<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
<strong>69</strong><br />
avec l’infliximab ou l’étanercept, l’évolution radiologique à<br />
2 ans était strictement comparable à celle <strong>de</strong>s patients <strong>de</strong><br />
la cohorte OASIS (progression du score mSASSS : 0.9 sous<br />
infliximab, 0.91 sous étanercept, 0.95 à 1 dans OASIS).<br />
Aucune différence n’était retrouvée lorsque l’analyse était<br />
restreinte aux patients <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> OASIS, dont la sévérité<br />
était comparable à celle <strong>de</strong>s patients inclus dans les étu<strong>de</strong>s<br />
anti-TNF. <strong>Le</strong>s analyses après ajustement pour la durée<br />
d’évolution <strong>de</strong> la maladie, la réponse sous anti-TNF ou la<br />
consommation d’AINS n’ont pas non plus fait apparaître<br />
<strong>de</strong> différence significative. Sous infliximab, un traitement<br />
précoce chez <strong>de</strong>s patients spondylarthritiques HLA-B27+<br />
donne, à 16 semaines, une amélioration significative <strong>de</strong>s<br />
signes cliniques, comparativement au placebo.<br />
<strong>Le</strong> Pr P. GOUPILLE (Tours) a rappelé qu’il est possible<br />
d’optimiser pour un patient donné un traitement anti TNF en<br />
cours, soit en envisageant une association avec un DMARDs<br />
(méthotrexate), soit en essayant <strong>de</strong> moduler la relation<br />
dose effet. <strong>Le</strong>s recommandations <strong>de</strong> la SFR en cas d’échec<br />
ou d’insuffisance <strong>de</strong> résultats d’une bio thérapie dans la<br />
spondylarthrite ne sont pas en faveur d’une association<br />
avec un autre traitement <strong>de</strong> fond, contrairement à ce qui<br />
est conseillé en matière <strong>de</strong> PR. En revanche, il est possible<br />
<strong>de</strong> modifier la fréquence <strong>de</strong>s perfusions ou la posologie <strong>de</strong><br />
l’infliximab, sans argument pour <strong>de</strong>scendre au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />
6 semaines entre 2 injections ou recourir à une posologie<br />
> 5 mg par kilo. Par ailleurs, il existe une forte variété<br />
interindividuelle <strong>de</strong> la relation dose-effet <strong>de</strong>s médicaments<br />
chez l’homme, pouvant induire <strong>de</strong>s effets indésirables en<br />
lieu et place <strong>de</strong>s améliorations souhaitées. Cette variabilité<br />
a été étudiée pour l’infliximab, avec une évaluation <strong>de</strong><br />
la relation entre la concentration du produit et son effet<br />
thérapeutique. Une étu<strong>de</strong> a montré qu’une augmentation<br />
<strong>de</strong> la concentration d’infliximab chez <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s soumis<br />
à ce traitement <strong>de</strong>puis au moins 3 perfusions pouvait dans<br />
un certain nombre <strong>de</strong> cas améliorer les résultats cliniques<br />
escomptés.<br />
lancemenT De l’éTuDe Duo<br />
(Décision ThérapeuTique eT<br />
polyarThriTe rhumaToïDe)<br />
Une conférence <strong>de</strong> presse <strong>de</strong>s laboratoires ROCHE-<br />
CHUGAi - Congrès SFR, 15 décembre 2008<br />
L’<br />
étu<strong>de</strong> DUO est une nouvelle étu<strong>de</strong> épidémiologique<br />
<strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong> la décision thérapeutique<br />
au cours <strong>de</strong> la polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> (PR) :<br />
critères <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et avis <strong>de</strong>s patients. Estelle FRUCHEt<br />
(ROCHE) a rappelé le partenariat entre Roche et Chugai ainsi<br />
que leur implication dans <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> développement<br />
<strong>de</strong>stinés à améliorer la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients, souffrant<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong>
70<br />
inDUStRiE : DERnièRES nOUVELLES<br />
notamment <strong>de</strong> maladies rhumatismales. Ceci se traduit dans<br />
les faits par un large développement clinique, notamment<br />
celui d’un anticorps monoclonal développé désormais<br />
conjointement au Japon et en France, avec une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
phase II et 5 étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> phase III, intéressant 4 200 patients<br />
recrutés dans 41 pays. 34 centres ont participé pour la<br />
France. Mais ceci se traduit aussi par le soutien <strong>de</strong> projets<br />
tels que l’étu<strong>de</strong> Duo.<br />
<strong>Le</strong> Pr Maxime DOUGADOS (Hôpital Cochin, Paris) a<br />
présenté les finalités <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> DUO. En cas <strong>de</strong> PR, le<br />
processus inflammatoire est responsable <strong>de</strong> douleurs et<br />
<strong>de</strong> handicaps d’une part, et d’une <strong>de</strong>struction articulaire<br />
d’autre part majorant encore la gêne <strong>de</strong>s patients. Traiter<br />
la PR, c’est réduire ou supprimer les symptômes du patient<br />
et prévenir la <strong>de</strong>struction. Dans les années 1990, l’avis du<br />
patient dans la décision thérapeutique était primordial ;<br />
en 2004, la tendance est nettement inverse, avec priorité<br />
donnée au mé<strong>de</strong>cin pour la mise en place du traitement.<br />
<strong>Le</strong> but <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> DUO est <strong>de</strong> déterminer ce qu’il en est<br />
en <strong>2009</strong>, en fonction <strong>de</strong> nouveaux éléments déterminants<br />
dans la prise <strong>de</strong> décision.<br />
<strong>Le</strong>s particularités <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> DUO ont été exposées par le<br />
Dr Laure GOSSEC (Hôpital Cochin, Paris). Dans la décision<br />
thérapeutique, en matière <strong>de</strong> PR, le DAS 28 (Disease Activity<br />
Score) gar<strong>de</strong> toute son importance, dans la mesure où il<br />
permet un point précis <strong>de</strong> l’évolution morbi<strong>de</strong>. Un DAS<br />
28 supérieur à 5.1 correspond en règle à une PR très<br />
active, supérieur à 3.2 à une PR active, inférieur à 2.6 à<br />
une rémission. Toutefois, le DAS 28 peut être interprété <strong>de</strong><br />
manière continue, d’une valeur <strong>de</strong> 1.1 à 9.0 et autorise<br />
<strong>de</strong> ce fait une appréciation particulièrement fine <strong>de</strong> l’état<br />
du patient. Cependant, la corrélation du DAS 28 avec le<br />
point <strong>de</strong> vue du patient n’est certainement pas fermement<br />
établie. La douleur, la capacité fonctionnelle, la fatigue, la<br />
qualité du sommeil, le bien-être font partie <strong>de</strong>s éléments<br />
déterminants dans la décision thérapeutique. Pour les<br />
évaluer, <strong>de</strong>s outils performants existent : mHAQ pour le<br />
handicap, auquel on a tendance à préférer désormais le<br />
RAID (Rheumatoid Arthritis Impact of Disease) d’emploi<br />
plus aisé, et EVA pour l’appréciation globale <strong>de</strong> la maladie.<br />
Par ailleurs, la notion d’un « état acceptable pour le patient,<br />
PASS ** » est aujourd’hui un <strong>de</strong>s critères principaux <strong>de</strong> choix<br />
du traitement à mettre en œuvre.<br />
<strong>Le</strong> Dr Henri nAtAF (Mantes-la-Jolie) a évoqué la nécessité<br />
d’une forte implication <strong>de</strong>s rhumatologues libéraux dans ce<br />
travail. Apparemment simple (obtention d’une rémission et<br />
donc d’un DAS 28 < 2.6), la prise en charge <strong>de</strong> la PR est<br />
en fait beaucoup plus complexe : l’objectif du patient est :<br />
« aller bien », mais rien ne dit que « aller bien » correspond<br />
à 1 DAS 28 < 2. 6... <strong>Le</strong>s questions qui se posent en pratique<br />
quotidienne, ce sont les critères <strong>de</strong> la décision thérapeutique<br />
en mé<strong>de</strong>cine libérale. Sont-ils pertinents pour l’ajustement<br />
requis en vue d’obtenir la rémission ? Doit-on et peut-on<br />
LE RHUMATOLOGUE <strong>69</strong> / févRiER <strong>2009</strong><br />
tester <strong>de</strong>s « critères-patients » pour améliorer la prise en<br />
charge, et lesquels ? Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> DUO, au<br />
cours d’une consultation habituelle, le mé<strong>de</strong>cin recueille<br />
les données comme l’ordinaire et précise sur quels critères<br />
sera prise la décision thérapeutique. Il appartient ensuite<br />
au patient <strong>de</strong> remplir 4 questionnaires très simples : échelle<br />
RAID (7 questions), HAQ simplifié (8 questions), EVA (un<br />
trait sur une ligne), PASS (1 question). <strong>Le</strong> tout prend moins<br />
<strong>de</strong> 5 minutes et se fait sans intervention du mé<strong>de</strong>cin. <strong>Le</strong>s<br />
mé<strong>de</strong>cins ont leurs critères, les patients doivent formaliser<br />
les leurs, afin que la décision thérapeutique soit enfin<br />
partagée : il n’est pas impossible que l’acquisition <strong>de</strong> la<br />
rémission en dépen<strong>de</strong>…<br />
En illustration <strong>de</strong> ce propos, une patiente polyarthritique,<br />
Mme Gabrielle KRAUSE, est venue exposer son vécu <strong>de</strong><br />
la maladie et les critères qu’elle juge importants pour la<br />
décision thérapeutique.<br />
** PASS (Patient Acceptable Symptom State) : « pensez à toutes les façons<br />
dont votre PR vous a affecté(e) au cours <strong>de</strong>s 8 <strong>de</strong>rniers jours. Si vous <strong>de</strong>viez<br />
rester durant les mois prochains dans le même état que celui <strong>de</strong>s 8 <strong>de</strong>rniers<br />
jours cela serait-il acceptable ou inacceptable pour vous ? ».<br />
agenda<br />
Cette rubrique a été réalisée<br />
par le Dr Michel Bodin, Paris<br />
<strong>Le</strong>s 10 ans du CEDR<br />
(Cercle d’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Douleur en Rhumatologie)<br />
Paris - Mars <strong>2009</strong><br />
Renseignements : service du Pr Richard TREVES<br />
Tél : 05 55 05 64 <strong>69</strong><br />
Vingt-<strong>de</strong>uxième journée <strong>de</strong> Bichat<br />
Samedi 28 mars <strong>2009</strong> - Faculté Xavier Bichat<br />
16, rue Henri Huchard, 75018 Paris<br />
L’épaule mécanique et sportive<br />
Organisé par le Dr Thierry BOYER<br />
Renseignements et inscriptions :<br />
service <strong>de</strong> Rhumatologie Hôpital Bichat<br />
Tél : 01 40 25 74 01 – 01 40 25 87 41<br />
e.mail : corine.bensimon@bch.aphp.fr<br />
Journées <strong>de</strong> Bruxelles <strong>2009</strong><br />
L’imagerie médicale en rhumatologie<br />
Du 23 au 25 avril <strong>2009</strong><br />
Musée <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Bruxelles (campus Erasme)<br />
Renseignements : tél : 00 32 2 55 53 650<br />
e.mail : Thierry.appelboom@erasme.ulb.ac.be