You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Suite... Nos membres publient ...<br />
1673 3 . Robert signe ces deux contrats<br />
d’une main malhabile, en caractères<br />
d’imprimerie (voir photo 1). Dans<br />
les nombreux autres actes et contrats<br />
que l’on rencontre plus tard, il<br />
déclare ne pas savoir signer.<br />
Photo 1 - 1673 Signature de Robert Leclerc<br />
L’année suivante, en 1674, l’huissier<br />
Avisse représente Robert à la<br />
Prévôté de Québec, dans une poursuite<br />
réussie contre Jean Bourdeau<br />
qui retardait à verser le paiement<br />
final de 30 livres dû sur la propriété 4 .<br />
Qu’est-ce qui peut l’avoir amené à<br />
acheter une terre au Bourg-Royal?<br />
Probablement le travail. Un charpentier<br />
célibataire âgé de 21 ans achète<br />
le 20 mars une terre qui touche au<br />
village, avant le début de la saison<br />
de la construction, et la revend le<br />
29 octobre de l’année suivante, après<br />
la fin de la saison. Il a sûrement été<br />
engagé par un maître-charpentier<br />
pour des contrats au Bourg-Royal.<br />
La distance depuis la ville de<br />
Québec était trop grande à parcourir<br />
à pied matin et soir, car pendant la<br />
courte période de construction, les<br />
ouvriers travaillaient six jours par<br />
semaine, tant qu’il faisait jour. Il a<br />
eu besoin d’une place pour vivre et<br />
dans un nouveau village, il y a peu<br />
de possibilités de location. Sa vie<br />
durant, Robert déménagera souvent<br />
pour être près de son travail.<br />
Robert est encore cité à la Prévôté<br />
de Québec le 8 mars 1675. Ce document<br />
de la Prévôté est le seul d’une<br />
centaine de documents trouvés où<br />
un sobriquet – le nommé La Bigasse<br />
44 Le Chaînon, <strong>Automne</strong> <strong>2006</strong><br />
– est ajouté au nom de Robert<br />
Leclerc. On peut présumer que le<br />
greffier a employé ce sobriquet, alors<br />
qu’il était encore célibataire, pour<br />
le différencier du soldat célibataire<br />
Robert Leclerc dit Desrosiers qui<br />
vivait aussi à Québec<br />
à l’époque. « Robert<br />
Leclerc accuse<br />
Ledoux, qu’il avait<br />
assigné par le Sieur de<br />
Neuville, de n’avoir<br />
pas équarri deux<br />
poutres. Il est débouté parce qu’il<br />
ne se présente pas ce jour-là 5 . » Ce<br />
document nous fournit la première<br />
indication que Robert travaille dans<br />
la construction.<br />
L’appareil judiciaire est simple à<br />
l’époque. La basse justice est exercée<br />
par les cours seigneuriales. Une<br />
cour seigneuriale est limitée à la<br />
seigneurie où elle siège et entend<br />
les causes civiles. Au niveau local,<br />
siègent la Prévôté de Québec et les<br />
juridictions royales de Montréal et<br />
de Trois-Rivières. Ces cours entendent<br />
les causes civiles aussi bien<br />
que criminelles dans les limites de<br />
leur territoire. Au niveau colonial, il<br />
y a une seule cour, le Conseil souverain,<br />
à la fois un organe général<br />
d’administration et une Cour suprême<br />
de justice. On peut y appeler<br />
de tout tribunal du pays. Le Conseil<br />
souverain fut créé en 1663 6 .<br />
L’apprentissage de Robert<br />
Robert peut avoir commencé son<br />
apprentissage en France, mais il<br />
est plus probable qu’il apprend le<br />
métier à Québec. « Comme il n’y<br />
avait, dans la colonie, ni confrérie<br />
ni corporation pour fixer les normes<br />
ou contrôler l’accès aux métiers,<br />
les artisans canadiens jouissaient<br />
d’une plus grande liberté que leurs<br />
confrères européens, et ce sont<br />
les forces du marché qui déterminaient<br />
l’évolution des métiers […]<br />
L’immigration des artisans n’allant<br />
pas de pair avec la croissance de la<br />
population, l’expansion des métiers<br />
reposait sur l’apprentissage, des<br />
garçons […] étant placés auprès d’un<br />
maître pour une période de trois à<br />
sept ans. 7 »<br />
Une recherche dans le PRDH nous<br />
apprend qu’il y a au moins une<br />
douzaine de charpentiers dans la<br />
ville de Québec entre 1666 et 1669.<br />
Au recensement de 1667, deux se<br />
déclarent à la fois charpentiers et<br />
domestiques – Michel Lestoupin,<br />
46 ans, charpentier de navire et<br />
domestique; Michel Dumaine,<br />
26 ans, aide-charpentier et domestique<br />
– et un se déclare charpentier<br />
et engagé. Robert a probablement<br />
travaillé d’abord comme aidecharpentier<br />
avec certains d’entre<br />
eux, puis comme charpentier avant<br />
3. Greffe de Paul Vachon, en date du 20 mars 1672 et du 29 octobre 1673.<br />
4. Guy Perron, Prévôté de Québec, tome IV, présenté par Jean-Pierre-Yves Pepin, 2002, en date du<br />
20 juillet 1674 p, 101<br />
5. Guy Perron, Prévôté de Québec, tome IV, présenté par Jean-Pierre-Yves Pepin, 2002, en date du<br />
8 mars 1675 p, 241<br />
6. Evelyn Kolish, Guide des archives judiciaires, Archives Nationales du Québec, Décembre 2000.<br />
7. John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, traduit de l’anglais<br />
par Hélène Filion, nouvelle édition mise à jour, Septentrion 1995, p.97<br />
8. Lettre de Frontenac et de Champigny, 4 novembre 1693, AC, C11A12, folio 209 verso, cité dans<br />
Louise Dechêne, Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle, Boréal compact 1988, p397<br />
9. André Lachance, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France – La vie quotidienne aux XVIIe et<br />
XVIIIe siècles, Libre Expression, 2000, p. 143-144<br />
10. Serge Lambert, Entre la crainte et la compassion, Les Éditions GID, 2001, p.143 Célibataire est<br />
défini comme « Les personnes de 30 ans et plus qui ne sont pas mariées et ne vivent plus avec<br />
leurs parents. » et orphelin comme « Les personnes de 29 ans et moins qui ont perdu leur père,<br />
leur mère ou leur deux parents. »<br />
11. Greffe de Gilles Rageot, en date du 8 juillet 1680.