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Automne 2006 - 425 Alouette

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Suite... Mémoires<br />

Postface de Gaétan Gervais :<br />

Les origines du drapeau<br />

franco-ontarien<br />

(tirée du livre « Le drapeau<br />

franco-ontarien »)<br />

Les drapeaux aussi ont leur histoire.<br />

Ils naissent ou disparaissent,<br />

selon la fortune des groupes qu’ils<br />

représentent. Ainsi, la diffusion du<br />

drapeau franco-ontarien ne saurait<br />

s’expliquer par le succès d’une campagne<br />

publicitaire. Bien au contraire.<br />

Ce sont, depuis un quart de siècle,<br />

les progrès importants réalisés par la<br />

communauté franco-ontarienne qui<br />

justifient le mieux la reconnaissance<br />

accordée à son drapeau. La question<br />

de la légitimité du drapeau ne peut<br />

être résolue, en fin de compte, que<br />

par l’ensemble de la communauté et<br />

de ses grandes associations; il en va<br />

de même du choix des couleurs et<br />

des symboles.<br />

Quand le comité du drapeau francoontarien<br />

entreprit, en 1975, de doter<br />

l’Ontario français d’un drapeau<br />

distinctif, il eut le souci d’éviter<br />

des luttes comme celles qui avaient<br />

accompagné l’adoption du drapeau<br />

canadien, 10 ans plus tôt. Des<br />

débats orageux autour du Union Jack<br />

avaient alors montré la force émotive<br />

de certains symboles, défendus<br />

farouchement par les uns, repoussés<br />

vigoureusement par les autres. En<br />

cette matière, les sentiments priment<br />

souvent sur la raison.<br />

Deux grandes caractéristiques définissent<br />

l’Ontario français. Il s’agit,<br />

d’une part, d’une communauté<br />

de langue et de culture françaises,<br />

récemment enrichie par l’apport de<br />

plusieurs autres cultures. La moitié<br />

gauche du drapeau, verte et portant<br />

20 Le Chaînon, <strong>Automne</strong> <strong>2006</strong><br />

au centre une fleur de lys blanche,<br />

rappelle la détermination, chez la<br />

population franco-ontarienne, de<br />

conserver son héritage culturel et<br />

linguistique. D’autre part, cette<br />

communauté entend aussi participer<br />

pleinement à la vie ontarienne, une<br />

volonté qu’illustre la partie droite<br />

du drapeau, blanche et portant au<br />

centre une fleur de trille verte.<br />

Les symboles comportent souvent<br />

un aspect arbitraire, il faut le reconnaître.<br />

Toutefois, le projet de 1975<br />

voulut se distinguer des autres<br />

drapeaux, soit de ceux qui ont<br />

préséance (ceux du Canada ou de<br />

l’Ontario), soit de ceux qui auraient<br />

des affinités culturelles (ceux du<br />

Québec ou de la France).<br />

Ainsi, le choix des couleurs (le vert<br />

et le blanc) et des symboles (la fleur<br />

de lys et la « fleur de trille », une<br />

expression créée pour l’occasion)<br />

s’explique par la volonté de rallier<br />

tous les groupes et tous les individus<br />

qui, dans leur diversité, composent<br />

l’Ontario français, sans aucune<br />

exclusion. En plus, le comité du<br />

drapeau voulut éviter qu’on associât<br />

le drapeau à une région, à un groupe<br />

ou à des individus. La démarche<br />

du comité se voulait rassembleuse.<br />

Ainsi s’explique l’anonymat dans<br />

lequel le comité du drapeau a fonctionné,<br />

s’effaçant toujours derrière<br />

d’autres organismes.<br />

Au moment de lancer ce drapeau, le<br />

comité ne connaissait ni l’existence<br />

du projet de drapeau lancé en 1964<br />

par la Société Saint-Jean-Baptiste<br />

de l’Ontario ni la proposition de la<br />

section d’Ottawa de l’Association<br />

canadienne-française de l’Ontario<br />

(ACFO), apparemment faite au<br />

printemps de 1975. Cette ignorance<br />

pourrait, au moins, rappeler la difficulté<br />

de faire connaître un drapeau,<br />

puisque les deux projets antérieurs<br />

étaient inconnus.<br />

Il aurait été inutile de chercher un<br />

organisme habilité à légitimer le<br />

choix d’un drapeau, car une telle autorité<br />

n’existait pas. La communauté<br />

franco-ontarienne ne possédant<br />

aucun statut officiel, l’adoption de<br />

son drapeau ne pouvait découler, en<br />

fin de compte, que de la libre adhésion<br />

apportée par les personnes et<br />

les groupes qui composent l’Ontario<br />

français. De toute évidence, la légitimité<br />

s’établirait progressivement.<br />

L’adoption du drapeau ne serait<br />

pas une question de droit, mais un<br />

état de fait. L’action compterait plus<br />

que la discussion. De toute façon,<br />

l’opposition au drapeau fut rare et<br />

de peu de conséquence, alors que les<br />

appuis furent nombreux.<br />

En attendant les résultats de cette<br />

démarche, la proclamation officielle<br />

du drapeau franco-ontarien, appellation<br />

dûment homologuée au<br />

Bureau du droit d’auteur (certificat<br />

d’enregistrement n o 168656), eut<br />

lieu à Sudbury le 25 septembre<br />

1975. Ce geste entamait le processus<br />

d’adoption d’un drapeau distinctif<br />

pour l’Ontario français.<br />

Si le drapeau vert-blanc de 1975 a<br />

réussi, ce succès n’est attribuable<br />

qu’aux nombreux organismes<br />

qui l’ont adopté et l’ont diffusé.<br />

Au début, le comité du drapeau<br />

naviguait de conserve, mais son<br />

rôle avait cessé au début des années<br />

1980. La vraie question serait<br />

désormais de savoir comment le<br />

sort du drapeau a été associé au<br />

développement de la communauté<br />

franco-ontarienne.

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