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Édition 2003-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie

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SOMMAIRE<br />

Actualité<br />

Vie internationale, Voisins<br />

Politique<br />

Economie<br />

Social<br />

Faits divers<br />

Justice<br />

Mon village<br />

Vie quotidienne<br />

Evénements<br />

Minorités<br />

Santé, Religion<br />

Enseignement<br />

Environnement<br />

Sports , Insolite<br />

Société<br />

Connaissance<br />

et découverte<br />

Livres<br />

Cinéma<br />

Musique, Variétés<br />

Histoire<br />

Tourisme<br />

Coup <strong>de</strong> colère<br />

Francophonie, Internet<br />

Humour<br />

Infos pratiques<br />

Coup <strong>de</strong> coeur<br />

2 à 5<br />

6 à 8<br />

9 à 12<br />

13 à 15<br />

16 et 17<br />

18 et 19<br />

20 et 21<br />

22 et 23<br />

24 à 27<br />

28 et 29<br />

30 et 31<br />

32<br />

33<br />

35<br />

36 et 37<br />

38<br />

39<br />

40 à 43<br />

44 à 46<br />

46 et 47<br />

48 et 49<br />

50<br />

51<br />

52<br />

Numéro 16 - Mars - Avril <strong>20<strong>03</strong></strong><br />

NOUVeLLes<br />

Lettre d’information bimestrielle<br />

Les<br />

<strong>de</strong><br />

ROUMANIe<br />

L'Europe ne veut pas perdre son âme<br />

L'initiative <strong>de</strong> dix pays <strong>de</strong> l'Est candidats à l'Union Européenne et à l'OTAN<br />

d'apporter un soutien marqué à Georges W. Bush dans sa volonté d'en<br />

découdre avec l'Irak, sans en faire part à leurs futurs partenaires du "Vieux<br />

continent" a choqué à Bruxel<strong>les</strong>. Elle a provoqué une réaction très vive <strong>de</strong> la France,<br />

lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu dans la capitale belge. Cette démarche a<br />

comme seule excuse d'avoir été encouragée par la publication, quelques jours plus tôt,<br />

d'une lettre d'allégeance à Washington signée par Londres, Madrid, Rome, Lisbonne et<br />

Copenhague, sans que <strong>les</strong> autres pays membres <strong>de</strong> l'UE n'en soient avertis et ceci en<br />

contradiction avec la position arrêtée en commun peu avant.<br />

Ces mauvaises manières augurent mal <strong>de</strong> l'avenir européen. Si l'on peut admettre<br />

la persistance d'un syndrome <strong>de</strong> la sécurité face au voisin russe <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ses<br />

anciens satellites, ces <strong>de</strong>rniers doivent comprendre que la politique européenne ne<br />

peut se concevoir qu'en fonction <strong>de</strong> ses intérêts propres et se déci<strong>de</strong>r que sur leur<br />

continent. Même si elle prend en compte <strong>les</strong> liens transatlantiques, <strong>les</strong> solidarités et <strong>les</strong><br />

alliances traditionnel<strong>les</strong>, l'Europe n'entend pas être vassalisée.<br />

Les pays <strong>de</strong> l'Est ne doivent pas s'y tromper. Leurs dirigeants, à l'inverse <strong>de</strong> leurs<br />

opinions publiques, opposées aux trois-quarts à une intervention militaire en Irak sans<br />

l'aval <strong>de</strong> l'ONU, se montrent trop volontiers prêts à jouer sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tableaux. Ils<br />

donnent le sentiment <strong>de</strong> vouloir profiter <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres, mais ne<br />

réservent en retour leurs sourires qu'aux nouveaux alliés américains, qui leur apportent<br />

certes la garantie <strong>de</strong> la protection du bouclier <strong>de</strong> l'OTAN, mais face à un danger<br />

<strong>de</strong>venu bien hypothétique.<br />

L'UE n'a droit qu'à la soupe à la grimace : celle <strong>de</strong>s revendications sur le montant<br />

<strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s accordées, <strong>de</strong>s foires d'empoigne sur <strong>les</strong> subventions qu'il faut verser, <strong>de</strong>s<br />

récriminations en tous genres sur <strong>les</strong> droits, <strong>les</strong> places à occuper au sein <strong>de</strong> ses institutions.<br />

Et pourtant c'est elle qui finance la transition économique et sociale <strong>de</strong> ces<br />

pays, c'est elle qui s'apprête à régler la lour<strong>de</strong> ardoise <strong>de</strong> leur adhésion, c'est elle qui<br />

ouvre ses bras généreusement pour <strong>les</strong> accueillir. Et pas l’Amérique !<br />

En s'affranchissant d'un minimum <strong>de</strong> solidarité envers leur future famille, <strong>les</strong> Dix<br />

font penser à une fiancée qui choisirait d'aller s'amuser chez le voisin, jugé plus attirant,<br />

la veille <strong>de</strong> son mariage, lequel se montre tout émoustillé <strong>de</strong> cette bonne fortune.<br />

Les pays <strong>de</strong> l'Est doivent y réfléchir : où est l'avenir pour eux ? S'ils n'y prennent<br />

gar<strong>de</strong>, <strong>les</strong> portes d'une UE qui peine tant à se construire une âme et ne veut surtout pas<br />

la perdre pourraient bien se refermer.<br />

Henri Gillet


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

2<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

VASLUI<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

SINAIA BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

2,2 milliards d'euros<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes à récupérer<br />

auprès <strong>de</strong>s pays<br />

du tiers mon<strong>de</strong><br />

La Roumanie a 2,24 milliards<br />

d'euros (15 milliards <strong>de</strong> F) <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes<br />

à récupérer auprès <strong>de</strong> pays arabes<br />

ou du tiers-mon<strong>de</strong>, héritées pour l'essentiel<br />

<strong>de</strong> l'époque <strong>de</strong> Ceausescu qui<br />

avait tourné sa politique diplomatique<br />

et commerciale vers <strong>les</strong> pays du<br />

tiers-mon<strong>de</strong>. L'Irak est le plus gros<br />

débiteur (1,7 milliards d'euros, 11 milliards<br />

<strong>de</strong> F), mais ce pays refuse <strong>de</strong><br />

rembourser quoi que ce soit tant qu'il<br />

se trouve sous embargo. La Syrie<br />

doit 170 M€ (1,120 milliards <strong>de</strong> F) et<br />

la Libye 50 M€ (330 MF).<br />

Bagdad est le plus gros<br />

débiteur, <strong>de</strong>vant Damas<br />

Le Mozambique (140 M€, 925<br />

MF), l'Angola, la Guinée, la<br />

République centrafricaine, l'Angola,<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Congo, la Somalie, le<br />

Soudan, sont aussi débiteurs pour un<br />

total <strong>de</strong> 360 M€ (2,4 milliards <strong>de</strong> F).<br />

Tous ces pays sont soit en état <strong>de</strong><br />

guerre, soit <strong>de</strong> post-guerre ou <strong>de</strong><br />

cessation <strong>de</strong> paiement et <strong>les</strong> organismes<br />

internationaux préconisent <strong>de</strong><br />

réduire <strong>de</strong> 90 % leurs <strong>de</strong>ttes ainsi<br />

que <strong>de</strong> ré échelonner le reliquat. La<br />

Roumanie a donc peu <strong>de</strong> chances <strong>de</strong><br />

récupérer cet argent, bien qu'elle<br />

envoie <strong>de</strong>s missions diplomatiques et<br />

fasse pression sur <strong>les</strong> organismes<br />

internationaux pour obtenir <strong>de</strong>s<br />

garanties. Dans le cas du Soudan<br />

(170 M€, 1,120 MF), elle essaie <strong>de</strong><br />

négocier pour transformer une partie<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte en investissement économique<br />

dans ce pays.<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Irak : Bucarest engagera<br />

<strong>de</strong>s forces sur le terrain<br />

Une semaine après l'initiative <strong>de</strong>s huit pays <strong>de</strong> l'UE, emmenés par<br />

l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, appelant à soutenir la position américaine<br />

sur la question <strong>de</strong> l'Irak, dix autres Etats, candidats à l'entrée dans<br />

l'Union Européenne ou à l'OTAN, leur ont emboîté le pas, début février. Parmi ceuxci,<br />

tous anciens pays <strong>de</strong> l'Est, la Roumanie qui s'est montrée particulièrement réceptive<br />

aux thèses <strong>de</strong> Washington <strong>de</strong>puis que ses chances d'entrer dans l'organisation atlantique<br />

se sont précisées (1er janvier 2004, après l'approbation du Congrès américain).<br />

La Roumanie a ainsi été le seul pays européen a signé un accord avec <strong>les</strong> USA,<br />

exemptant <strong>les</strong> Américains <strong>de</strong> poursuites <strong>de</strong>vant le Tribunal Pénal International, en cas<br />

<strong>de</strong> crimes <strong>de</strong> guerre, contre l'humanité ou <strong>de</strong> génoci<strong>de</strong>. A la mi-février, le gouvernement<br />

roumain a fait voter par le Parlement l'autorisation d'engager <strong>de</strong>s troupes en Irak<br />

pour combattre aux côtés <strong>de</strong>s Américains.<br />

Le contingent roumain pourrait compter entre 280 et 500 hommes, tous militaires<br />

<strong>de</strong> carrière et volontaires, ayant eu parfois une expérience sur le terrain en Bosnie, au<br />

Kosovo ou en Afghanistan. Il comprendrait quatre officiers supérieurs, un détachement<br />

du Génie, une compagnie <strong>de</strong> protection contre <strong>les</strong> armes nucléaires, chimiques<br />

et bactériologiques, une compagnie <strong>de</strong> police militaire, un détachement sanitaire.<br />

Par ailleurs, la base navale <strong>de</strong> Constantsa, <strong>les</strong> aéroports militaires <strong>de</strong> Timisoara,<br />

Otopeni, Fetesti et Mihail Kogalniceanu sont mis à la disposition <strong>de</strong> l'OTAN pour servir<br />

<strong>de</strong> base logistique aux bateaux et aux avions stationnés en Italie et en Allemagne.<br />

Ces sites ont reçu la visite d’experts américains.<br />

Enfin, dans un autre registre, <strong>les</strong> autorités ont décidé <strong>de</strong> recenser <strong>les</strong> 4x4, jeeps,<br />

bateaux à moteur, avions, hélicoptères, etc… en vue <strong>de</strong> leur éventuelle réquisition.<br />

L'entrée dans l'OTAN conduit la Roumanie<br />

à une restructuration <strong>de</strong> sa défense<br />

Vers une armée professionnelle <strong>de</strong><br />

90 000 personnes et l'abandon du service militaire<br />

L'entrée dans l'OTAN, prévue au 1er janvier 2004, amène la Roumanie à<br />

restructurer son armée pour, d'une force <strong>de</strong> défense, la transformer en une<br />

force <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> coopération. Jusqu'en 1989, l'Armée, basée essentiellement<br />

sur la conscription, comptait 300 000 hommes et femmes (le service militaire<br />

était obligatoire pour <strong>les</strong> étudiantes). La Roumanie s'était engagée auprès <strong>de</strong><br />

l'OTAN à ramener ce chiffre à 140 000 militaires et civils à la fin 2002.<br />

Au cours <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nt décennie, <strong>les</strong> réformes visaient surtout à assurer le<br />

contrôle <strong>de</strong>s civils et à diminuer <strong>les</strong> effectifs puis, dans un second temps, a restructurer<br />

l'Armée en une force flexible et efficace, apte à assumer la défense du pays mais<br />

aussi à participer à <strong>de</strong>s opérations pour le maintien <strong>de</strong> la paix ou <strong>de</strong> défense collective.<br />

Les nouvel<strong>les</strong> structures amèneront <strong>les</strong> effectifs au niveau <strong>de</strong> 90 000 - 75 000 militaires<br />

et 15 000 civils - en 2007, l'Armée étant partagée, en fonction <strong>de</strong>s missions, en<br />

forces actives, <strong>de</strong>stinées à défendre la Roumanie, à participer à <strong>de</strong>s opérations internationa<strong>les</strong><br />

ou à assurer la sécurité collective, et en forces territoria<strong>les</strong>, chargées <strong>de</strong> soutenir<br />

<strong>les</strong> premières au cours <strong>de</strong>s combats.<br />

Le service militaire sera graduellement abandonné - il a été ramené à huit mois et<br />

était <strong>de</strong> 14 mois en 1989 - <strong>les</strong> autorités visant à créer une armée professionnelle.<br />

Jusqu'en 2005, <strong>les</strong> fonds alloués au budget militaire se chiffreront à 2,5 % du PIB.<br />

A partir <strong>de</strong> 2004, en vue <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> la paix et <strong>de</strong> défense collective,<br />

la Roumanie mettra à disposition <strong>de</strong> l'OTAN : 4 compagnies <strong>de</strong> parachutistes,<br />

2 bataillons d'infanterie, un bataillon <strong>de</strong> chasseurs alpins, une briga<strong>de</strong> mécanisée, une<br />

compagnie <strong>de</strong> génie, une compagnie <strong>de</strong> police militaire, un détachement <strong>de</strong> déminage,<br />

12 chasseurs Mig 21, un bombardier, quatre avions militaires <strong>de</strong> transport, <strong>de</strong>ux<br />

frégates, quatre bateaux lance-missi<strong>les</strong>, <strong>de</strong>ux bateaux <strong>de</strong> scaphandriers.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Europe<br />

Au 1er janvier <strong>20<strong>03</strong></strong>, l'Union Européenne comptait<br />

378,5 millions d'habitants. La population <strong>de</strong>s dix<br />

pays appelés à la rejoindre l'an prochain s'élève à<br />

74,5 millions d'habitants, ce qui fait que l'UE, au 1er janvier<br />

2004, aura 453 millions d'habitants. L'entrée prévue <strong>de</strong> la<br />

Roumanie (22,5 millions, 7ème pays européen par sa population)<br />

et <strong>de</strong> la Bulgarie (8,7 millions), au 1er janvier 2007, portera<br />

ce total à 484 millions d'habitants.<br />

En prenant en compte <strong>les</strong> populations <strong>de</strong>s pays qui ont<br />

vocation à y entrer ou qui appartiennent à son espace (la<br />

Suisse, 7,3 millions, la Norvège, 4,4 millions, <strong>les</strong> ex-républiques<br />

<strong>de</strong> Yougoslavie, 20,2 millions, la Turquie, 63 millions),<br />

l'Europe représente un potentiel <strong>de</strong> population <strong>de</strong> 580<br />

millions d'habitants (Chine, 1, 250 milliards, In<strong>de</strong>, 1,100 milliards,<br />

USA, 266 millions, CEI, ex URSS, 250 millions, Japon,<br />

130 millions).<br />

Voici dans l'ordre le classement <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong>s 27<br />

“Et pourtant ça roule”: cet automobiliste<br />

bucarestois ne manque pas d’humour...<br />

mais il est vrai que <strong>les</strong> Trabant<br />

ren<strong>de</strong>nt encore bien <strong>de</strong>s services.<br />

L'adhésion prévue en 2004 <strong>de</strong><br />

plusieurs pays <strong>de</strong> l'Est amène<br />

leurs gouvernements à introduire<br />

<strong>de</strong>s réglementations pour recycler<br />

<strong>les</strong> voitures qui ne sont plus en état <strong>de</strong> circuler.<br />

Mais ces mesures sont rarement<br />

appliquées, faute <strong>de</strong> moyens, et <strong>de</strong> nombreux<br />

véhicu<strong>les</strong>, ayant dépassé largement<br />

leur durée <strong>de</strong> vie, roulent encore sur <strong>les</strong><br />

routes ou pourrissent sur <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> stationnement<br />

et le long <strong>de</strong>s trottoirs.<br />

La Hongrie et la Slovénie sont <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux pays ayant pris <strong>les</strong> dispositions <strong>les</strong><br />

plus sérieuses, mais le coût du recyclage<br />

dissua<strong>de</strong> souvent leurs citoyens d'y<br />

recourir. En Hongrie, 130 000 véhicu<strong>les</strong><br />

sont déclarés impropres à la circulation<br />

chaque année, mais <strong>les</strong> Hongrois préfèrent<br />

<strong>les</strong> abandonner dans <strong>de</strong>s rues,<br />

champs ou forêts. D'ailleurs la capacité<br />

Actualité<br />

La Roumanie sera le septième pays<br />

d'une Europe <strong>de</strong> 484 millions d'habitants<br />

<strong>de</strong> recyclage du pays n'est que <strong>de</strong> 20 000<br />

tonnes par an, alors qu'il en faudrait<br />

150 000.<br />

Largement plus <strong>de</strong> dix ans<br />

A partir <strong>de</strong> <strong>20<strong>03</strong></strong>, le prix <strong>de</strong> cette opération<br />

sera compris dans celui d'acquisition<br />

d'un véhicule neuf. Le pays s'attend à<br />

une nouvelle vague d'épaves en 2005,<br />

quand <strong>les</strong> voitures <strong>de</strong>vront être obligatoirement<br />

équipées d'un pot catalytique, ce<br />

qui éliminera automatiquement <strong>de</strong> la circulation<br />

<strong>les</strong> vieil<strong>les</strong> Trabant et Wartburg,<br />

<strong>de</strong> fabrication alleman<strong>de</strong>. La raison en est<br />

simple: un tel dispositif coûterait plus<br />

cher que le véhicule lui-même.<br />

En Slovénie, quand sa vieille<br />

Zastava, <strong>de</strong> fabrication yougoslave, n'en<br />

peut vraiment plus, son propriétaire fera<br />

tout pour ne pas avoir à payer la taxe <strong>de</strong><br />

recyclage qui coûte un sixième du salaire<br />

mensuel moyen. Il la détaillera en pièces<br />

<strong>de</strong> rechange, gar<strong>de</strong>ra la carrosserie dans<br />

une cour où elle servira <strong>de</strong> poulailler…<br />

en attendant une hypothétique amnistie<br />

pour <strong>les</strong> contrevenants.<br />

Sur <strong>les</strong> plus <strong>de</strong> dix millions <strong>de</strong> voitures<br />

qui circulent en Pologne, 55 % ont<br />

plus <strong>de</strong> dix ans. 2,5 millions d'entre el<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>vraient être immédiatement détruites,<br />

pays que l'Union Européenne comptera en 2007 :<br />

1. Allemagne (82,3 millions d'habitants); 2. France (59,6<br />

millions); 3. Royaume Uni (59,1 millions); 4. Italie (56,5 millions);<br />

5. Espagne (40,7 millions); 6. Pologne* (38,6 millions);<br />

7. Roumanie** (22,5 millions), 8. Pays-Bas (16,2 millions), 9.<br />

Grèce (11 millions); 10. Portugal (10,4 millions); 11.Belgique<br />

(10,3 millions); 12. Hongrie* (10,2 millions); 13. République<br />

Tchèque* (10,1 millions); 14. Suè<strong>de</strong> (8,9 millions); 15.<br />

Bulgarie** (8,7 millions); 16. Autriche (8,2 millions); 17.<br />

Danemark (5,4 millions); 18. Slovaquie (5,4 millions); 19.<br />

Finlan<strong>de</strong> (5,2 millions); 20. Irlan<strong>de</strong> (3,9 millions); 21.<br />

Lituanie* (3,5 millions); 22. Lettonie* (2,3 millions); 23.<br />

Slovénie* (2 millions); 24. Estonie* (1,4 millions); 25.<br />

Chypre* (700 000); 26. Luxembourg (400 000), 27. Malte*<br />

(400 000).<br />

* : adhésion prévue en 2004<br />

** : adhésion prévue en 2007<br />

Malgré la perspective d'adhésion à l'UE,<br />

le recyclage <strong>de</strong>s voitures n'est pas rentré dans <strong>les</strong> mœurs<br />

Les routes <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est encombrées d'épaves<br />

et ce chiffre ne fait qu'augmenter.<br />

En République Tchèque, l'âge moyen<br />

<strong>de</strong>s trois millions <strong>de</strong> voitures dépasse<br />

quatorze ans. Les routes <strong>de</strong> Slovaquie<br />

sont un véritable catalogue <strong>de</strong> l'ancienne<br />

industrie automobile communiste. On y<br />

rencontre <strong>de</strong>s Skoda (Tchécoslovaquie),<br />

Moskvici et Lada (URSS), Dacia, Oltcit<br />

et ARO (Roumanie), Trabant et Wartburg<br />

(RDA), Zastava… Les Slovaques importent<br />

aussi <strong>de</strong>s vieil<strong>les</strong> voitures occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong><br />

d'occasion qu'ils déclarent à la douane<br />

comme servant <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange,<br />

mais que l'on retrouve plus tard en circulation,<br />

dotées d'anciennes plaques d'immatriculation.<br />

La Bulgarie vaste<br />

cimetière <strong>de</strong> voitures<br />

La Bulgarie, qui ne rentrera pas dans<br />

l'UE avant 2007, tout comme la<br />

Roumanie, apparaît comme un immense<br />

cimetière <strong>de</strong> voitures. D'après le ministre<br />

<strong>de</strong> l'Environnement, 600 000 véhicu<strong>les</strong><br />

rouillent au bord <strong>de</strong>s routes ou dans <strong>de</strong>s<br />

cours d'immeub<strong>les</strong>. Plus <strong>de</strong> 400 000 sont<br />

inutilisab<strong>les</strong>, faute <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange.<br />

En 1997, le gouvernement a lancé un plan<br />

pour leur recyclage… Jusqu'ici seulement<br />

500 véhicu<strong>les</strong> ont été concernés.<br />

223


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

224<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

DEVA<br />

PITESTI<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Permis <strong>de</strong> travail<br />

pour étrangers<br />

Le gouvernement a réglementé,<br />

par ordonnance, <strong>les</strong> conditions dans<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> étrangers peuvent<br />

venir travailler en Roumanie. Ceux-ci<br />

<strong>de</strong>vront solliciter <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> travail<br />

auprès <strong>de</strong> l'OMFM (Office <strong>de</strong><br />

Migration <strong>de</strong>s Travailleurs) qui seront<br />

délivrés selon <strong>de</strong>s quotas fixés<br />

annuellement. Jusqu'à maintenant,<br />

ces permis n'étaient accordés que si<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs montraient que leur<br />

poste ne pouvait pas être occupé par<br />

un Roumain. Toutefois, <strong>les</strong> étrangers<br />

domiciliés en Roumanie, <strong>les</strong> citoyens<br />

<strong>de</strong> l'UE, <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> firmes<br />

étrangères, <strong>les</strong> étudiants étrangers -<br />

s'ils ne travaillent pas plus <strong>de</strong> quatre<br />

heures par jour - pourront être dispensés<br />

<strong>de</strong> permis.<br />

Deux mil<strong>les</strong> personnes<br />

concernées, dont<br />

10 % <strong>de</strong> Français<br />

Actuellement, environ 2000 étrangers,<br />

essentiellement basés à<br />

Bucarest, possè<strong>de</strong>nt un permis <strong>de</strong><br />

travail, dont un tiers <strong>de</strong> Turcs et 10<br />

% <strong>de</strong> Français. 45 % occupent <strong>de</strong>s<br />

fonctions <strong>de</strong> direction. 40 % travaillent<br />

dans la production, 27 %<br />

dans le commerce, 6 % dans la<br />

construction et 5 % dans l'industrie<br />

du jeu. 23 % ont un salaire inférieur<br />

à 150 € (1000 F), 17 % jusqu'à 500<br />

€ (3300 F), 13 % jusqu'à 1500 € (10<br />

000 F), et 7 % au-<strong>de</strong>ssus.<br />

Dans ces statistiques n'entrent<br />

pas en compte <strong>les</strong> salariés internationaux<br />

<strong>de</strong>s firmes étrangères, ni <strong>les</strong><br />

personnels <strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>s ou<br />

détachés par <strong>de</strong>s administrations et<br />

organismes étrangers.<br />

<br />

Voisins<br />

Actualité<br />

Le premier sondage scientifique sur<br />

le comportement sexuel <strong>de</strong>s Hongrois<br />

Un peu plus <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 18 ans et 78% <strong>de</strong>s femmes du<br />

même âge ont une vie sexuelle active, le Hongrois moyen a neuf partenaires<br />

sexuel<strong>les</strong> durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. C'est ce que<br />

nous apprend un sondage représentatif réalisé en janvier <strong>de</strong>rnier par l'Institut psychologique<br />

<strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong>s Sciences Loránd Eötvös <strong>de</strong> Budapest (ELTE) et l'Institut<br />

<strong>de</strong> prospection <strong>de</strong> marché Marketing Centrum, lequel a interrogé mille hommes et<br />

mille femmes. Ce premier sondage fait à ce sujet constate que 47 % <strong>de</strong>s hommes et<br />

plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s femmes ont un problème sexuel quelconque.<br />

En Hongrie où il y a 10,2 millions d'habitants, <strong>les</strong> femmes sont plus nombreuses,<br />

d'un <strong>de</strong>mi-million. Dans la génération <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 18 ans,<br />

examinée par ELTE et Marketing Centrum, le nombre <strong>de</strong>s<br />

hommes est d'environ 3 600 000, celui <strong>de</strong>s femmes d'environ<br />

4 100 000. L'enquête qui a consisté à interroger mille<br />

hommes et mille femmes à propos <strong>de</strong> leurs habitu<strong>de</strong>s<br />

sexuel<strong>les</strong>, démontre que trois quarts <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />

ont un compagnon ou une compagne (époux ou<br />

concubin). 65% vivent ensemble avec leur partenaire, 91%<br />

<strong>de</strong>s hommes, 78% <strong>de</strong>s femmes ont une vie sexuelle active.<br />

Les hommes plus vantards<br />

28% <strong>de</strong>s sujets du sondage ont <strong>de</strong>s liaisons avec plusieurs partenaires à la fois. Le<br />

Hongrois moyen a neuf partenaires durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. Dans<br />

la capitale, ce chiffre est <strong>de</strong> 12 chez <strong>les</strong> hommes et <strong>de</strong> 6 chez <strong>les</strong> femmes. En province<br />

il est <strong>de</strong> 7 pour <strong>les</strong> hommes et <strong>de</strong> 3 pour <strong>les</strong> femmes. Selon <strong>les</strong> résultats du sondage,<br />

<strong>les</strong> femmes, plus pudiques, oublient plus facilement leur aventures sexuel<strong>les</strong> tandis<br />

que <strong>les</strong> hommes préfèrent s'en vanter. Les hommes <strong>de</strong> cinquante ans sont <strong>les</strong> plus<br />

nombreux à avoir ce genre d'attitu<strong>de</strong>.<br />

47% <strong>de</strong>s hommes interrogés ont reconnu avoir <strong>de</strong>s problèmes sexuels. 18% se<br />

plaignent d'une éjaculation précoce, 15% disent que leur intérêt baisse pour la vie<br />

sexuelle, 14% parlent <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> érecti<strong>les</strong>. Les causes <strong>les</strong> plus fréquentes en sont le<br />

tabagisme, l'obésité, le diabète, <strong>les</strong> médicaments contre un état dépressif ou <strong>de</strong>s maladie<br />

chroniques. 40% <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 40 ans souffrent <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> érecti<strong>les</strong>, ce problème ne<br />

peut être considéré comme grave que dans 3% <strong>de</strong>s cas. Le sondage indique que 40%<br />

<strong>de</strong>s hommes ne parlent jamais <strong>de</strong> ces troub<strong>les</strong>, 51% n'en parlent que rarement. Il n'y a<br />

que 25% qui accepteraient <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s médicaments pour soigner ces troub<strong>les</strong>.<br />

Parmi <strong>les</strong> hommes atteints, ce sont ceux d'âge moyen et <strong>les</strong> diplômés qui seraient <strong>les</strong><br />

plus susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> prendre un aphrodisiaque, mais seulement 1% a déjà essayé.<br />

Les riches font plus souvent l'amour<br />

Neuf partenaires pour<br />

<strong>les</strong> hommes, quatre pour <strong>les</strong> femmes...<br />

“La Cicciolina”, symbole<br />

du sexe, est hongroise.<br />

52% <strong>de</strong>s femmes avouent un problème sexuel quelconque. 24% voient baisser<br />

leur intérêt pour la vie sexuelle, 19% disent arriver difficilement jusqu'à l'orgasme, 9%<br />

ne trouvent aucun plaisir dans l'acte sexuel.<br />

Le sondage montre aussi que <strong>les</strong> plus riches font plus souvent l'amour. 25% <strong>de</strong>s<br />

plus riches parmi <strong>les</strong> personnes interrogées <strong>de</strong> 18 à 29 ans ont eu <strong>de</strong>s relations<br />

sexuel<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> dix jours précédant le sondage (3,5 fois), 25% <strong>de</strong>s plus pauvres, 2,4<br />

fois. Cette correspondance est corroborée par un autre sondage régional qui a démontré<br />

que <strong>les</strong> femmes <strong>de</strong> la région la plus pauvre du pays, le nord-est <strong>de</strong> la Hongrie ont<br />

le moins <strong>de</strong> partenaires sexuels et ont le plus rarement <strong>de</strong>s rêves à contenu sexuel.<br />

D'après “Le Journal Francophone <strong>de</strong> Budapest”


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Actualité<br />

Voisins Criminalité et routes peu sûres sont<br />

<strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> plaies pour la Bulgarie<br />

Avec plus <strong>de</strong> 120 attentats à la bombe, 40 assassinats<br />

visant <strong>de</strong>s personnalités publiques et <strong>de</strong> nombreux<br />

vols à main armés, commis au cours <strong>de</strong> la<br />

seule année 2002, la Bulgarie est considérée comme le pays au<br />

plus fort taux <strong>de</strong> criminalité <strong>de</strong> l'Europe du Sud-Est. Le<br />

meurtre du procureur chef militaire bulgare, Nikolai Kolev,<br />

abattu en pleine rue <strong>de</strong> dix bal<strong>les</strong>, la veille du réveillon, ajoute<br />

encore à ce sombre tableau.<br />

Sur <strong>les</strong> 64 attaques à main armée visant <strong>de</strong>s automobilistes,<br />

24 ont concerné <strong>de</strong>s étrangers (Roumains, Turcs,<br />

Bosniaques et Grecs). Des ban<strong>de</strong>s organisées <strong>de</strong> 5 à 10 criminels<br />

écument jour et nuit <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> routes bulgares, à la<br />

recherche <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> provi<strong>de</strong>ntiels, terrorisant et dépouillant<br />

leurs passagers. El<strong>les</strong> utilisent <strong>de</strong>s équipements et <strong>de</strong>s uniformes<br />

<strong>de</strong> policiers ou leur ressemblant fort pour accomplir<br />

leurs méfaits, sans qu'une complicité <strong>de</strong> la police ait pu être<br />

mise en évi<strong>de</strong>nce jusqu'ici.<br />

Ces groupes reçoivent pourtant <strong>de</strong>s informations <strong>de</strong>s<br />

postes frontières leur indiquant quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> valeurs ou l'argent<br />

que <strong>les</strong> étrangers ont déclaré lors <strong>de</strong> leur passage en douane,<br />

repérant ainsi <strong>les</strong> voitures <strong>les</strong> plus intéressantes. La situation<br />

s'est pourtant un peu améliorée par rapport à 1997, année<br />

où 220 attaques <strong>de</strong> ce genre avaient été enregistrées.<br />

L'été <strong>de</strong>rnier, la Turquie a conseillé à ses concitoyens d'éviter<br />

la Bulgarie pour se rendre en Europe Occi<strong>de</strong>ntale, quitte<br />

La Pologne prépare son référendum d'adhésion à l'UE<br />

Victoire du oui attendue malgré <strong>les</strong> euro-sceptiques<br />

L'année 2002 s'est achevée sur<br />

un événement dont <strong>les</strong><br />

Polonais commencent seulement<br />

a mesurer la dimension historique et<br />

morale. Une Europe a 25 est née a<br />

Copenhague. L'année <strong>20<strong>03</strong></strong> sera marquée<br />

par la bataille autour du référendum<br />

d'adhésion, qui pourrait se tenir le 8 juin<br />

en Pologne. Son succès n'est pas garanti.<br />

La méfiance, l'ignorance, la tentation<br />

populiste et <strong>les</strong> intérêts particuliers, voire<br />

la simple indifférence, font le jeu <strong>de</strong>s<br />

euro-sceptiques. La très catholique et<br />

nationaliste Ligue <strong>de</strong>s Famil<strong>les</strong> Polonaise<br />

(LPR) a fait <strong>de</strong> la lutte contre l'Union<br />

européenne sa raison d'être, au nom <strong>de</strong> la<br />

défense <strong>de</strong>s intérêts polonais et <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité<br />

nationale. Et la LPR est soutenue par<br />

la populaire station catholique Radio<br />

Maryja, xénophobe et anti-européenne. A<br />

l'autre extrémité, le populiste Lepper<br />

dénonce la trahison <strong>de</strong>s socio-démocrates<br />

qui "ven<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> paysans et ouvriers polonais<br />

au capital occi<strong>de</strong>ntal". Après leurs<br />

percées aux municipa<strong>les</strong>, <strong>les</strong> partisans <strong>de</strong><br />

l'Europe auront fort à faire pour contrebalancer<br />

leur influence.<br />

Faut-il en déduire que <strong>les</strong> Polonais<br />

risquent <strong>de</strong> dire "non" au référendum?<br />

Absolument pas. Tous <strong>les</strong> sondages prédisent<br />

entre 60 % et 70 % <strong>de</strong> "oui", mais le<br />

résultat ne sera contraignant qu'avec une<br />

participation <strong>de</strong> plus 50 % et c'est la que le<br />

bât b<strong>les</strong>se. Les euro-enthousiastes battent<br />

donc le rappel <strong>de</strong> leur troupes, <strong>de</strong> la<br />

gauche post-communiste a la droite post-<br />

Solidarnoç.<br />

Le prési<strong>de</strong>nt Kwaniewski et le<br />

Premier ministre Miller se préparent a<br />

sillonner le pays pour y porter la bonne<br />

parole européenne. Les libéraux <strong>de</strong> la<br />

Plate-forme civique et <strong>les</strong> anciens chefs<br />

<strong>de</strong> Solidarité, Lech Wa<strong>les</strong>a en tête, se<br />

mobilisent aussi <strong>de</strong> leur côté. <strong>20<strong>03</strong></strong> s'annonce<br />

donc pour <strong>les</strong> Polonais comme<br />

l'année <strong>de</strong>s choix cruciaux.<br />

Michel Mrozinski<br />

(Le Courrier <strong>de</strong> Varsovie)<br />

à utiliser une route plus longue mais plus sûre, passant par la<br />

Grèce et l'Italie. Les Roumains désireux d'aller à Istanbul sont<br />

tentés <strong>de</strong> faire un détour par l'ex-Yougoslavie, la Macédoine et<br />

la Grèce… soit un chemin trois fois plus long et coûteux.<br />

Des forces spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> police<br />

patrouilleront sur <strong>les</strong> grands axes<br />

Le ministre <strong>de</strong> l'Intérieur bulgare, Gheorghi Petkanov, a<br />

mis en cause <strong>de</strong>s compagnies <strong>de</strong> tourisme étrangères qui<br />

répandraient la rumeur que la police bulgare est impliquée<br />

dans ce banditisme. Sans entrer plus dans <strong>les</strong> détails, il a indiqué<br />

"qu'un pays voisin (la Roumanie ? la Grèce ?) où la fréquentation<br />

touristique avait baissé <strong>de</strong> 15 % se faisait un malin<br />

plaisir à noircir la situation pour détourner <strong>les</strong> visiteurs <strong>de</strong> la<br />

Bulgarie et redresser la situation chez lui".<br />

Le ministre n'en a pas moins décidé la création <strong>de</strong> forces<br />

spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> police qui vont patrouiller à bord <strong>de</strong> 230 Opel<br />

Vectra ou Astra, récemment acquises, sur <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> routes<br />

<strong>de</strong> 8 <strong>de</strong>s 28 départements du pays avec pour mission <strong>de</strong> mettre<br />

un terme à ce phénomène.<br />

En outre, à leur entrée en Bulgarie, <strong>les</strong> automobilistes<br />

étrangers recevront une <strong>document</strong>ation en anglais et en turc <strong>les</strong><br />

mettant en gar<strong>de</strong>, comprenant <strong>de</strong>s photos permettant d'i<strong>de</strong>ntifier<br />

<strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> et uniformes <strong>de</strong> la police.<br />

Radio free Europe<br />

n'émettra plus<br />

en roumain<br />

Ala suite <strong>de</strong> restrictions<br />

budgétaires, Radio Free<br />

Europe et Voice of<br />

América, ont décidé d'arrêter leurs<br />

émissions en roumain (sauf à <strong>de</strong>stination<br />

<strong>de</strong> la République <strong>de</strong> Moldavie),<br />

hongrois, polonais, croate, langues<br />

baltes, slovène, slovaque, bulgare et<br />

tchèque. Financées par la CIA, ces<br />

<strong>de</strong>ux radios, basées autrefois à Munich<br />

et aujourd'hui à Prague, étaient le seul<br />

le média, sous le communisme, permettant<br />

aux populations <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong><br />

l'Est <strong>de</strong> se tenir informées.<br />

Le prési<strong>de</strong>nt Bush a choisi d'accor<strong>de</strong>r<br />

la priorité à la lutte anti-terroriste<br />

en décidant du lancement d'un<br />

satellite TV <strong>de</strong> 30 M€ diffusant <strong>de</strong>s<br />

émissions en langue arabe <strong>de</strong>stinées<br />

notamment à l'Indonésie, le plus<br />

important pays musulman du mon<strong>de</strong><br />

(200 millions d'habitants).<br />

225


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

226<br />

<br />

BAIA MARE<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

IASI<br />

CLUJ<br />

MURES<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

DEVA<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

SINAIA<br />

<br />

<br />

CURTEA<br />

DE ARGES<br />

CRAIOVA<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Adrian Nastase<br />

le plus intelligent<br />

et Ion Iliescu<br />

le plus honnête…<br />

Réalisé à la fin <strong>de</strong> l'année, un<br />

sondage d'opinion permet <strong>de</strong> se faire<br />

une idée <strong>de</strong> la façon dont <strong>les</strong><br />

Roumains ressentent <strong>les</strong> personnages<br />

en vue <strong>de</strong> leur pays.<br />

Ainsi, le Premier ministre, Adrian<br />

Nastase est-il désigné comme le<br />

Roumain le plus intelligent,<br />

<strong>de</strong>vançant le Prési<strong>de</strong>nt Ion Iliescu et<br />

l'homme d'affaires à scanda<strong>les</strong>,<br />

Sorin Ovidiu Vântu… Peut-être <strong>les</strong><br />

personnes interrogées ont-el<strong>les</strong><br />

confondu intelligent et malin ? Îon<br />

Iliescu est considéré comme le plus<br />

honnête, <strong>de</strong>vant le lea<strong>de</strong>r ultra-nationaliste<br />

du parti Romania Mare<br />

(Gran<strong>de</strong> Roumanie), Corneliu Vadim<br />

Tudor… Le Prési<strong>de</strong>nt est aussi<br />

considéré comme l'homme le plus<br />

puissant du pays, <strong>de</strong>vançant son<br />

Premier ministre qui, lui, est désigné<br />

comme l'homme <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong>vant<br />

Ion Iliescu.<br />

Le ministre <strong>de</strong>s Affaires<br />

étrangères, Mircea Geoana, dont on<br />

parle souvent comme d'un premier<br />

ministrable, obtient un lot <strong>de</strong> consolation<br />

avec le "prix" <strong>de</strong> l'élégance,<br />

alors que le "meilleur parti", aux<br />

yeux <strong>de</strong>s Roumaines, est Ion Tiriac,<br />

secon<strong>de</strong> fortune du pays, <strong>de</strong>vant<br />

Sorin Ovidiu Vântu. Pour l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s Roumains, le comédien et chanteur<br />

Stefan Banica Junior apparaît<br />

comme le plus beau d'entre eux,<br />

<strong>de</strong>vant le footballeur Adrian Mutu, et<br />

la plus sexy <strong>de</strong>s Roumaines est la<br />

présentatrice <strong>de</strong> Romania 1,<br />

Andreea Marin.<br />

Politique<br />

Actualité<br />

Iliescu-Nastase:<br />

la paix armée<br />

Acouteaux tirés <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> six mois, Ion Iliescu et Adrian Nastase semblent<br />

avoir marqué une pause dans le conflit <strong>de</strong> pouvoir qui <strong>les</strong> oppose à<br />

la tête <strong>de</strong> l'Etat. Après avoir subi <strong>les</strong> assauts <strong>de</strong> son Premier ministre,<br />

visant à le marginaliser, le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République a repris l'offensive, répondant<br />

par une fin <strong>de</strong> non-recevoir à nombre <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réformes d'ordre constitutionnel<br />

ou portant sur <strong>de</strong>s élections anticipées.<br />

Suivant le vœu <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> Washington, Ion Iliescu a même porté le combat<br />

sur le terrain <strong>de</strong> la corruption, contraignant le gouvernement à se séparer <strong>de</strong> nombreux<br />

chefs <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> la police, dénonçant nommément plusieurs hiérarques du<br />

PSD (Parti Social Démocrate) au pouvoir, <strong>de</strong>mandant aux parlementaires d'abandonner<br />

<strong>les</strong> fonctions qu'ils occupent dans <strong>les</strong> conseils d'administration d'entreprises, proposant<br />

d'instituer un impôt <strong>de</strong> 80 % sur <strong>les</strong> grosses fortunes… Pour autant, le Prési<strong>de</strong>nt<br />

n'est pas allé encore jusqu'à se séparer <strong>de</strong> son Premier Ministre, sans-doute parce qu'il<br />

n'est pas assuré <strong>de</strong> bénéficier d'un rapport <strong>de</strong> forces favorable sur le plan <strong>de</strong> l'arithmétique<br />

parlementaire. Adrian Nastase a accusé le coup, sans trop broncher, mais sa côte<br />

<strong>de</strong> popularité a baissé dans <strong>les</strong> sondages <strong>de</strong> 14 pts, ne s'établissant plus qu'à 46 %.<br />

Révolution culturelle pour <strong>les</strong><br />

fonctionnaires invités à être aimab<strong>les</strong><br />

Approuvée par le ministre <strong>de</strong> l'Administration publique, Octav Cozmânca,<br />

une ordonnance d'urgence risque <strong>de</strong> provoquer un véritable choc culturel<br />

parmi <strong>les</strong> fonctionnaires roumains qui sont appelés à renoncer à leur vieux<br />

réflexes bureaucratiques. Ceux-ci <strong>de</strong>vront désormais faire preuve <strong>de</strong> professionnalisme,<br />

respecter la loi et <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>s citoyens, se montrer impartiaux, ne plus prétendre<br />

et refuser tous avantages, pourboires, <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table (mita) liés à leurs fonctions. Ils<br />

sont également invités à être aimab<strong>les</strong> et à ne plus médire.<br />

Mais le plus difficile pour <strong>les</strong> fonctionnaires<br />

sera <strong>de</strong> ne plus considérer leur<br />

emploi comme une rente <strong>de</strong> fonction, <strong>de</strong><br />

respecter leurs horaires, <strong>de</strong> travailler<br />

effectivement pendant leur service et <strong>de</strong><br />

ne plus s'absenter pour aller s'occuper <strong>de</strong><br />

leur jardin ou vaquer à d'autres occupations<br />

personnel<strong>les</strong>.<br />

Aux yeux <strong>de</strong>s Roumains, leur administration<br />

constitue une véritable plaie.<br />

Ils savent qu'ils <strong>de</strong>vront attendre dans<br />

<strong>de</strong>s queues interminab<strong>les</strong> durant parfois<br />

toute la journée, et le plus souvent revenir<br />

car il leur manquera toujours un<br />

papier… tout cela pour seulement obtenir<br />

satisfaction à la plus simple <strong>de</strong> leurs<br />

requêtes. Ils <strong>de</strong>vront aussi affronter la<br />

morgue, le regard rogne et excédé <strong>de</strong><br />

leurs interlocuteurs, glisser quelques<br />

Présentation du co<strong>de</strong> du fonctionnaire<br />

<strong>de</strong> l’administration publique<br />

par le ministre <strong>de</strong> tutelle, Octav Cozmânca.<br />

Gazdaru, “Gardianul”, 19 <strong>de</strong>c. 2002<br />

billets accompagnés <strong>de</strong> sourires implorants<br />

pour accélérer le cours <strong>de</strong>s<br />

choses… et tout simplement faire respecter<br />

leur bon droit.<br />

Ce genre <strong>de</strong> réforme a été introduite, dans <strong>les</strong> années 60, dans <strong>les</strong> administrations<br />

<strong>de</strong> plusieurs pays occi<strong>de</strong>ntaux, dont <strong>les</strong> lour<strong>de</strong>urs étaient cependant dépourvues <strong>de</strong><br />

corruption et a mis <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois décennies pour aboutir.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Politique<br />

Ce début d'année a été marqué<br />

par <strong>de</strong>ux évènements forts pour<br />

la famille royale roumaine.<br />

Après un long processus judiciaire, la Cour<br />

d'Appel <strong>de</strong> Bucarest a reconnu le fils naturel<br />

<strong>de</strong> Carol II (1893-1953) et <strong>de</strong> Zizi<br />

Lambrino comme enfant légitime. Carol<br />

Mircea Grigore Lambrino, né en 1921, est<br />

donc considéré comme le <strong>de</strong>mi-frère du Roi<br />

Michel, qui a un an <strong>de</strong> moins. Cette décision<br />

pourrait avoir <strong>de</strong>s conséquences quand au partage <strong>de</strong>s<br />

biens <strong>de</strong> la Couronne, dont le château <strong>de</strong> Pe<strong>les</strong> (Sinaïa), la<br />

famille royale s'efforçant actuellement <strong>de</strong> <strong>les</strong> récupérer auprès<br />

<strong>de</strong>s autorités. Dans un communiqué, elle a fait savoir qu'elle se<br />

pourvoirait <strong>de</strong>vant la Cour Suprême <strong>de</strong> Justice et que, en tant<br />

que chef <strong>de</strong> la famille royale, le Roi Michel était le seul à pouvoir<br />

se prononcer sur <strong>les</strong> questions d'ordre dynastique.<br />

Agé aujourd'hui <strong>de</strong> 82 ans et atteint d'un cancer, Carol<br />

Mircea Grigore, n'a jamais montré <strong>de</strong> vraies prétentions dans<br />

ce domaine, ce qui n'est pas le cas <strong>de</strong> son fils, Paul Lambrino,<br />

qui se fait appeler le Prince Paul <strong>de</strong> Roumanie et a entamé une<br />

série <strong>de</strong> procès pour faire reconnaître son titre, en 1990. Carol<br />

II et Zizi Lambrino s'étaient mariés secrètement en 1918, alors<br />

que la Roumanie était en guerre. Officier, le prince héritier<br />

Actualité<br />

Après 63 années d'exil, Carol II retrouve sa terre natale<br />

Incohérence et confusion ont conduit<br />

<strong>de</strong> nombreux Bucarestois à faire<br />

une nouvelle fois la queue<br />

pour payer leurs impôts.<br />

Le gouvernement a arrêté <strong>les</strong><br />

taux d'imposition sur le revenu<br />

pour l'année <strong>20<strong>03</strong></strong>, en fonction<br />

<strong>de</strong> l'inflation prévisible. Pour <strong>les</strong><br />

revenus mensuels inférieurs à 2 100 000<br />

lei (60 €, 400 F), l'impôt, retiré directement<br />

chaque mois sur <strong>les</strong> salaires ou <strong>les</strong><br />

Les restes du roi controversé<br />

et d'Elena Lupescu rapatriés du Portugal en Roumanie<br />

avait déserté pour aller faire célébrer son<br />

union à O<strong>de</strong>ssa, en Ukraine. A son retour, il<br />

avait été arrêté et interné dans un monastère.<br />

Le mariage avait été annulé.<br />

Quelques années plus tard, après son<br />

mariage en 1921 avec Elena <strong>de</strong> Grèce et la<br />

naissance <strong>de</strong> son second fils, le futur Roi<br />

Michel, la même année, il tombait éperdument<br />

amoureux d'une aventurière, Elena<br />

Lupescu, provoquant un énorme scandale<br />

dans le pays. Il l'épousera en 1949, lors <strong>de</strong> son exil au Portugal.<br />

Mort en 1953, il sera inhumé dans le caveau <strong>de</strong> la famille royale<br />

portugaise, sa femme l'y rejoignant en 1977.<br />

Cinquante ans après la disparition <strong>de</strong> Carol et après 63 ans<br />

d'exil, le gouvernement roumain a décidé <strong>de</strong> rapatrier <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

corps, ce qui a été fait le 14 février avec l'accord <strong>de</strong> la famille<br />

royale. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien roi et<br />

une cérémonie religieuse s'est déroulée dans la crypte du<br />

monastère <strong>de</strong> Curtea <strong>de</strong> Arges où son cercueil a rejoint ceux <strong>de</strong><br />

ses ancêtres, en présence <strong>de</strong> la Princesse Margareta, fille aînée<br />

du Roi Michel, <strong>de</strong> son mari, et <strong>de</strong> plusieurs représentants du<br />

gouvernement. Les restes d'Elena Lupescu ont, eux, été<br />

enterrés discrètement dans le jardin du monastère, seule une <strong>de</strong><br />

ses nièces étant autorisée à assister à la cérémonie.<br />

Les logements <strong>de</strong>s centre-vil<strong>les</strong> davantage taxés<br />

Introduite dans la confusion, en janvier, la réforme <strong>de</strong>s impôts immobiliers, a<br />

conduit <strong>les</strong> Roumains propriétaires <strong>de</strong> leurs logements à prendre d'assaut leurs perceptions<br />

et à faire d'interminab<strong>les</strong> queues dans le froid, avant qu'elle ne rentre en<br />

application. Cette précipitation a été particulièrement visible à Bucarest, où le conseil municipal<br />

a attendu la <strong>de</strong>rnière semaine <strong>de</strong> décembre pour voter <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> dispositions.<br />

Selon <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> cette réforme, et sous peine d'amen<strong>de</strong> pour tout retard après le 15<br />

mars, chaque propriétaire doit présenter un plan actualisé <strong>de</strong> son habitation et y mentionner<br />

<strong>les</strong> éventuels balcons et garages, désormais imposab<strong>les</strong>. Par ailleurs, dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> divisées<br />

en quatre zones dégressives (A, B, C, D), suivant leur éloignement du centre, la zone centrale<br />

A, voit ses taxes relevées.<br />

A Bucarest, cette disposition a entraîné <strong>de</strong> nombreuses protestations, <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong>s<br />

blocs, étant plus fortement imposés que <strong>les</strong> rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> certains quartiers périphériques huppés. Toutefois, <strong>les</strong> propriétaires <strong>de</strong> logements<br />

d’ immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3 étages et 8 appartements bénéficient désormais d'un abattement <strong>de</strong> 10 %. Les propriétaires possédant<br />

une <strong>de</strong>uxième habitation verront leur impôt majoré <strong>de</strong> 15 % pour celle-ci, <strong>de</strong> 50 % pour la 3ème, <strong>de</strong> 75 % pour la 4ème et <strong>de</strong><br />

100 % au-<strong>de</strong>là. Les propriétaires d'espaces commerciaux <strong>de</strong>vront acquitter une taxe spéciale. Enfin, <strong>les</strong> handicapés, <strong>les</strong> chômeurs,<br />

<strong>les</strong> bénéficiaires d'ai<strong>de</strong>s socia<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> certaines allocations, pourront être exemptés ou voir leur impôt immobilier réduit.<br />

Impôts sur le revenu <strong>20<strong>03</strong></strong> : <strong>de</strong> 18 à 40 % <strong>de</strong>s gains<br />

pensions, est <strong>de</strong> 18 %. Jusqu'à 5 200 000<br />

lei (150 €, 1000 F), il est <strong>de</strong> 378 000 lei<br />

(11,3 €, 75 F) plus 23 % pour la somme<br />

dépassant 2 100 000 lei.<br />

Jusqu'à 8 300 000 lei (250 €, 1650<br />

F), il est <strong>de</strong> 1 091 000 lei (30 €, 200 F)<br />

plus 28 % pour la somme dépassant le<br />

seuil <strong>de</strong> 5 200 000 lei.<br />

Jusqu'à 11 600 000 lei (335 €, 2230<br />

F), il est <strong>de</strong> 1 959 000 lei (58 €, 380 F),<br />

plus 34 % sur la somme dépassant 8 300<br />

000 lei. Au-<strong>de</strong>ssus, il est <strong>de</strong> 3 081 000 lei<br />

(90 €, 600 F), plus 40 % sur <strong>les</strong> sommes<br />

dépassant 11 600 000 lei.<br />

227


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

228<br />

<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SATU MARE<br />

SUCEAVA<br />

CLUJ<br />

<br />

ORADEA<br />

ARAD<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

<br />

MURES<br />

ALBA<br />

IASI<br />

<br />

<br />

TIMISOARA DEVA<br />

IULIA<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

SLOBIOZIA<br />

<br />

PLOIESTI <br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

CRAIOVA<br />

BUCAREST <br />

<br />

CONSTANTA<br />

<br />

CALARASI<br />

A Cluj, on peut<br />

parler chinois…<br />

mais pas hongrois<br />

Le maire ultra-nationaliste <strong>de</strong> Cluj,<br />

Gheorghe Funar, a décidé <strong>de</strong> faire<br />

apposer <strong>de</strong>s panneaux en bleujaune-rouge,<br />

<strong>les</strong> couleurs nationa<strong>les</strong>,<br />

à toutes <strong>les</strong> entrées <strong>de</strong> la ville, souhaitant<br />

la bienvenue et donnant <strong>de</strong>s<br />

indications en français, anglais, allemand,<br />

espagnol, russe et chinois… à<br />

l'exception du hongrois, langue<br />

parlée par 20 % <strong>de</strong> la population du<br />

ju<strong>de</strong>t. Contestant ce pourcentage qui<br />

déclenche automatiquement l'utilisation<br />

du bi-linguisme dans <strong>les</strong> rapports<br />

<strong>de</strong> l'administration et <strong>de</strong>s citoyens,<br />

Funar, farouchement hostile aux<br />

Hongrois, a décidé <strong>de</strong> ne pas appliquer<br />

cette disposition à l'égard <strong>de</strong><br />

ses administrés d'origine magyare.<br />

“Pas touche” au<br />

palais <strong>de</strong> Ceausescu<br />

Anca Petrescu, la femme architecte<br />

qui a conçu le "palais <strong>de</strong><br />

Ceausescu" a porté plainte contre<br />

<strong>les</strong> autorités roumaines qui ont<br />

décidé, sans la consulter, d'en modifier<br />

intérieurement une aile pour y<br />

installer un musée <strong>de</strong> l'Art contemporain<br />

dans l'un <strong>de</strong>s 21 éléments qu'il<br />

comporte, chacun d'entre eux représentant<br />

l'équivalent d'un immeuble<br />

<strong>de</strong> six-sept étages.<br />

L'architecte soutient que ce projet<br />

va modifier considérablement l'harmonie<br />

<strong>de</strong> son oeuvre dont elle<br />

détient <strong>les</strong> droits d'auteur. Anca<br />

Petrescu considère également que<br />

<strong>les</strong> 12 M€ (80 MF) <strong>de</strong>stinés aux travaux<br />

pourraient être mieux utilisés en<br />

créant, ailleurs, un véritable musée<br />

personnalisé.<br />

Politique<br />

Actualité<br />

Une enquête du journal "Gardianul" dresse un tableau révélateur <strong>de</strong> la<br />

fonction préfectorale en Roumanie. Les préfets, représentants <strong>de</strong>s intérêts<br />

<strong>de</strong> l'Etat, sont surtout défenseurs <strong>de</strong>s leurs. Le quotidien estime qu'actuellement<br />

la moitié d'entre eux se sont constitués d'importantes fortunes, mélangeant allègrement<br />

leurs propres affaires et cel<strong>les</strong> du ju<strong>de</strong>t qu'ils administrent, utilisant leurs<br />

femmes comme prête-noms lorsqu'ils ne veulent pas apparaître directement. Sur <strong>les</strong> 41<br />

ju<strong>de</strong>ts que compte le pays, "Gardianul" a relevé 19 cas <strong>de</strong> préfets <strong>de</strong>venus <strong>de</strong> riches<br />

entrepreneurs, certains faisant l'objet d'une procédure pénale.<br />

Femmes et frères associés<br />

A Constantsa, le préfet et son frère contrôlent pas moins <strong>de</strong> 18 firmes, dont l'une<br />

a emporté le contrat exclusif <strong>de</strong> l'enlèvement et du traitements <strong>de</strong>s ordures ménagères<br />

<strong>de</strong> la ville, payé par celle-ci... et dont le budget doit être approuvé par la préfecture.<br />

A Alba Iulia, c'est la femme du préfet qui contrôle une importante société dont<br />

une branche pharmaceutique a servi <strong>de</strong> paravent pour une vente fictive d'alcool médicinal<br />

et toucher ainsi <strong>de</strong> l'Etat le remboursement <strong>de</strong>s taxes.<br />

A Ora<strong>de</strong>a, le préfet, qui est aussi le patron du PSD local (Parti Social Démocrate,<br />

au pouvoir) a tenté, en vain, <strong>de</strong> faire mettre en position éligible sur la liste <strong>de</strong> son parti<br />

le fils <strong>de</strong> son prédécesseur, Adrian Tarau, afin qu'il puisse bénéficier <strong>de</strong> l'immunité<br />

parlementaire et échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> lui<br />

valent un mandat <strong>de</strong> recherche à Interpol.<br />

A Slobozia, le préfet est un <strong>de</strong>s grands propriétaires agrico<strong>les</strong> du ju<strong>de</strong>t et a réussi<br />

à mettre la main sur la majorité <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> la firme d'Etat Comcereal, lors <strong>de</strong> sa<br />

privatisation. Il dispose <strong>de</strong> quatre énormes silos, <strong>de</strong>squels ont disparu 2500 tonnes <strong>de</strong><br />

blé appartenant à l'Etat. Le préfet-chef d'entreprise a mis en cause un <strong>de</strong> ses<br />

employés... qui n'est autre que le fils du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s Comptes du ju<strong>de</strong>t,<br />

chargé <strong>de</strong> surveiller l'usage <strong>de</strong>s fonds publics. Par ailleurs, ce même préfet est en cheville<br />

avec un riche entrepreneur impliqué dans une affaire qui a valu un préjudice <strong>de</strong><br />

2 M€ (13 M€) à l'Etat.<br />

Le préfet d'Hunedoara contrôle plus<br />

d'un tiers <strong>de</strong> l'économie <strong>de</strong> la vallée minière <strong>de</strong> Jiu<br />

Les serviteurs <strong>de</strong> l'Etat<br />

savent aussi se servir<br />

Préfets… et hommes d'affaires :<br />

un mélange <strong>de</strong>s genres gênant<br />

A lui tout seul, le préfet <strong>de</strong> Hunedoara contrôle plus du tiers <strong>de</strong> l'économie <strong>de</strong> la<br />

vallée minière <strong>de</strong> Jiu et est à la tête d'un immense holding formé <strong>de</strong> ses nombreuses<br />

sociétés. Longtemps dans l'ombre du lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s mineurs, Miron Cozma, condamné à<br />

18 ans <strong>de</strong> prison et toujours incarcéré pour avoir déclenché une grève insurrectionnelle,<br />

il a fait fortune très rapi<strong>de</strong>ment. On dit qu'il est actuellement surveillé par le<br />

gouvernement, mais ses affaires continuent à être prospères.<br />

Le préfet <strong>de</strong> Iasi est l'un <strong>de</strong>s plus puissants magnats <strong>de</strong> la filière <strong>de</strong> la boucherie<br />

<strong>de</strong> toute la Moldavie; celui <strong>de</strong> Slatina possè<strong>de</strong> un groupe <strong>de</strong> presse, ce qui lui permet<br />

<strong>de</strong> mettre en relief son action et celle <strong>de</strong> son parti, le PSD. Ancien directeur adjoint <strong>de</strong><br />

la succursale locale <strong>de</strong> Petrom, la firme nationale <strong>de</strong> pétrole, le préfet <strong>de</strong> Ploiesti, au<br />

cœur <strong>de</strong> la zone pétrolifère roumaine, détient un quart <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> "Petro<br />

Construct", chargée <strong>de</strong>s constructions dans le domaine <strong>de</strong>s hydrocarbures.<br />

Les sociétés dirigées par la femme du préfet <strong>de</strong> Teleorman ont obtenu plusieurs<br />

gros contrats <strong>de</strong> l'Etat ou <strong>de</strong>s municipalités qu'il administre pour la construction <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux immeub<strong>les</strong> à Alexandria (un million d'euros), du siège <strong>de</strong> la Direction<br />

Départementale du Travail, pour d'importants travaux dans la mairie du chef-lieu... On<br />

n'est jamais mieux servi que par soi-même.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Economie<br />

Bien qu'el<strong>les</strong> se soient développées à un rythme lent,<br />

<strong>les</strong> privatisations ont touché 259 entreprises et rapporté<br />

127 M€ (840 MF)<br />

à l'Etat roumain, en 2002. Le capital<br />

privé représente désormais 55 % <strong>de</strong><br />

la propriété économique en<br />

Roumanie et assure 69 % du PIB<br />

contre 31% pour <strong>les</strong> sociétés d'Etat.<br />

Pas suffisamment attractives,<br />

plusieurs sociétés n'ont pas trouvé<br />

preneurs dans cette première tranche<br />

qui doit être bouclée à la fin <strong>de</strong> ce<br />

semestre, dont la BCR (Banque<br />

Commerciale Roumaine), la princi-<br />

pale banque du pays pour laquelle<br />

aucune offre sérieuse n'a été faite.<br />

D'autres ont dû s'y reprendre à plusieurs<br />

fois avant <strong>de</strong> trouver chaussure à leur pied. C'est le cas<br />

<strong>de</strong> Aro Câmpulung (constructeur <strong>de</strong> 4x4), Rocar Bucarest<br />

(constructeur d'autobus), Carom Onesti, Celhart Donaris,<br />

Electroputere Craiova, Moldosin Vaslui.<br />

23 très grosses sociétés, dont 15 employant plus <strong>de</strong> 1000<br />

personnes étaient offertes à la privatisation. Parmi el<strong>les</strong> : <strong>les</strong><br />

Actualité<br />

Malgré un rythme lent et <strong>de</strong>s échecs, <strong>les</strong> privatisations se poursuivent<br />

55 % <strong>de</strong> l'économie aux mains <strong>de</strong>s capitaux privés<br />

Croissance : "The Economist"<br />

moins optimiste que le gouvernement<br />

usines d'aciers spéciaux <strong>de</strong> Târgoviste, Alro Slatina, Alprom<br />

Slatina, Promex Braila, Nicolina Iasi, le chantier naval <strong>de</strong><br />

Constantsa, <strong>les</strong> usines <strong>de</strong> sou<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Govora, Romvag, Caracal, Bicapa<br />

Târnaveni… Plusieurs autres sont en<br />

négociation : Tractorul Brasov,<br />

Rulmentul Brasov, Industria Sarmei<br />

Campia Turzii, Nitramonaia Fagaras,<br />

Uztel Ploiesti, Mecanica Marsa,<br />

Urbis Armaturi Sanitare.<br />

Certaines grosses sociétés n'ont<br />

pas encore été présentées à la privatisation<br />

par l'APAPS (Autorité pour la<br />

Privatisation et l'Administration <strong>de</strong>s<br />

Participations <strong>de</strong> l'Etat), organisme<br />

chargé <strong>de</strong> cette opération : l'usine <strong>de</strong><br />

camions Roman Brasov, Si<strong>de</strong>rurgica<br />

Hunedoara, Faur Bucuresti, Griro Bucuresti, Timpuri noi…<br />

Une secon<strong>de</strong> étape, à partir <strong>de</strong> juillet prochain, <strong>de</strong>vrait<br />

faire entrer dans ce processus d'autres mastodontes d'Etat<br />

comme Iaifo Zalau, Tubinox Bucuresti, Energoutilaj<br />

Bucuresti, Helitube Bucuresti, Unirea Cluj, Caromet<br />

Caransebes, Giurgiu Nav, URB Rulmenti Suceava…<br />

L’usine <strong>de</strong> camions et engins utilitaires<br />

“Roman Brasov” <strong>de</strong>vrait faire partie<br />

d’une prochaine vague <strong>de</strong> privatisation.<br />

Dans un article paru début janvier, la revue britannique "The<br />

Economist" tempère <strong>les</strong> prévisions optimistes du gouvernement<br />

roumain sur la croissance espérée en <strong>20<strong>03</strong></strong>, qu'elle ramène à 4,6 %<br />

au lieu <strong>de</strong>s 5,2 % annoncés, du fait du ralentissement économique aux USA et<br />

en Europe, principaux débouchés commerciaux <strong>de</strong> la Roumanie. Le journal<br />

table sur 5 % l'année prochaine si l'économie mondiale repart et à condition que<br />

Bucarest accélère ses réformes <strong>de</strong> structures.<br />

De la même façon, "The Economist", qui base ses prévisions sur <strong>les</strong> analyses<br />

<strong>de</strong> son institut d'étu<strong>de</strong>s, estime que le déficit budgétaire <strong>de</strong> la Roumanie,<br />

pour cette année, ne se situera pas à 2,65 % du PIB, pour s'y stabiliser par la<br />

suite, mais atteindra 3,1 % à cause <strong>de</strong> la majoration <strong>de</strong>s salaires du secteur<br />

public, <strong>de</strong> l'instauration du Revenu minimum garanti et <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s rentrées<br />

<strong>de</strong> cotisations socia<strong>les</strong>. En 2004, année <strong>de</strong>s élections généra<strong>les</strong>, ce déficit<br />

<strong>de</strong>vrait même passer à 3,4 % avec l'augmentation à attendre <strong>de</strong>s dépenses<br />

publiques.<br />

Par contre, le niveau du taux d'inflation prévu par le gouvernement - + 14<br />

% - lui paraît plausible et même souhaitable, une décélération plus importante<br />

(+ 12 %) pouvant casser la croissance. Ces perspectives amènent la revue britannique<br />

à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si la Roumanie sera prête pour adhérer à l'UE en 2007,<br />

notant - avec un euroscepticisme bien britannique - que <strong>les</strong> difficultés que ne<br />

va pas manquer <strong>de</strong> provoquer l'adhésion <strong>de</strong> dix nouveaux membres en 2004 risquent<br />

<strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plusieurs années cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Bucarest et Sofia.<br />

Enfin, "The Economist" engage la Roumanie à multiplier <strong>les</strong> efforts, dans<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux années à venir, pour se montrer plus attractive à l'égard <strong>de</strong>s capitaux<br />

étrangers et rattraper ainsi <strong>les</strong> 3 milliards d'euros (20 milliards <strong>de</strong> F) <strong>de</strong> déficit<br />

d'investissements enregistrés ces <strong>de</strong>rnières années par rapport à la Bulgarie.<br />

+ 17,8 % : sérieux coup<br />

<strong>de</strong> frein sur l'inflation<br />

Après + 30,3 % en 20<strong>01</strong>, <strong>les</strong> prix ont<br />

augmenté <strong>de</strong> 17,8 % en 2002, soit<br />

+ 1,4 % par mois, ce qui montre<br />

une décélération importante <strong>de</strong> l'inflation. Les<br />

services sont <strong>les</strong> principaux responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />

hausse (+ 21 %), <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> produits courants<br />

(+18,8 %) et <strong>les</strong> produits alimentaires (+15,8<br />

%). Fort <strong>de</strong> ce succès, le gouvernement table<br />

sur une inflation <strong>de</strong> 12 à 14 % pour l'année en<br />

cours. Il est à noter toutefois que <strong>les</strong> chiffres<br />

annoncés dans ce domaine par <strong>les</strong> pouvoirs<br />

publics roumains sont toujours révisés à la<br />

hausse par <strong>les</strong> organismes internationaux.<br />

L'euro,<br />

monnaie <strong>de</strong> référence<br />

L'euro est <strong>de</strong>venu la monnaie <strong>de</strong> référence<br />

<strong>de</strong> la Roumanie, qui effectue<br />

<strong>les</strong> 2/3 <strong>de</strong> son commerce extérieur<br />

avec <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'UE, ce 1er mars. Cette mesure<br />

a été prise par la Banque Nationale<br />

Roumaine à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Banque Centrale<br />

Européenne. La Roumanie était le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s<br />

pays candidats à l'UE à conserver le dollar<br />

comme monnaie <strong>de</strong> référence.<br />

229


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 10<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES<br />

IASI<br />

ARAD CLUJ<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

HOGHIZ<br />

DEVA <br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

TARGU JIU<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

MEDGIDIA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

MANGALIA<br />

Lafarge a mis le cap<br />

sur la protection<br />

<strong>de</strong> l'environnement<br />

et la formation<br />

Lafarge, numéro un mondial du<br />

ciment, a investi 20 M€ dans son<br />

usine <strong>de</strong> Medgidia et 17 autres dans<br />

celle <strong>de</strong> Hoghiz pour la protection <strong>de</strong><br />

l'environnement. Le groupe français a<br />

fait également <strong>de</strong>s efforts importants<br />

dans le domaine <strong>de</strong>s ressources<br />

humaines, concernant aussi bien le<br />

personnel licencié que celui qui restait.<br />

Quand il est arrivé en Roumanie,<br />

la production sur place était assurée<br />

par 8000 personnes alors qu'elle<br />

équivalait à celle <strong>de</strong> 800 dans <strong>les</strong><br />

autres pays d'Europe.<br />

La firme a fait appel aux départs<br />

volontaires, proposant <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong><br />

salaire, une formation ou bien un<br />

appui à ceux qui voulaient ouvrir leur<br />

propre affaire, ce qui a été rarement<br />

le cas. Lafarge a toutefois créé la<br />

première pépinière privée d'entreprises<br />

<strong>de</strong> Roumanie à Medgidia,<br />

offrant conseils et locaux. A Târgu<br />

Jiu, au cœur <strong>de</strong> la région déshéritée<br />

<strong>de</strong>s mineurs, elle a encouragé un <strong>de</strong><br />

ses anciens ingénieurs à monter un<br />

atelier <strong>de</strong> réparation et d'entretien<br />

mécanique <strong>de</strong>stinée à ses propres<br />

usines. L'affaire marche et emploie<br />

90 anciens du groupe.<br />

Par ailleurs, le cimentier a entrepris<br />

une requalification du personnel<br />

restant, comprenant aussi <strong>de</strong>s cours<br />

d'anglais et français, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

langues <strong>de</strong> Lafarge, pour tout le<br />

mon<strong>de</strong>. Ses spécialistes ont été<br />

envoyés pour <strong>de</strong>s stages dans<br />

d'autres unités à l'étranger et sont<br />

revenus en Roumanie après plusieurs<br />

mois <strong>de</strong> formation.<br />

<br />

Economie<br />

Actualité<br />

Les pays candidats à l'UE<br />

<strong>de</strong> plus en plus attractifs<br />

Avec leur société <strong>de</strong> consommation en émergence, moins bien équipée que<br />

leurs voisins d'Europe Occi<strong>de</strong>ntale, <strong>les</strong> douze pays <strong>de</strong> l'Est candidats à<br />

l'UE constituent une réelle opportunité économique et intéressent <strong>de</strong> plus<br />

en plus <strong>les</strong> entreprises françaises, comptant un potentiel <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent millions <strong>de</strong><br />

consommateurs. Autre atout <strong>de</strong> taille à leurs yeux : leur main d'œuvre encore bon marché.<br />

Plusieurs industriels, notamment dans le textile et l'électroménager y ont<br />

d'ailleurs délocalisé leur outil <strong>de</strong> production <strong>de</strong>puis quelques années.<br />

Mais si la plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises industriel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> services françaises<br />

ont une très bonne présence à l'Est, en revanche, <strong>les</strong> entreprises moyennes, à l'exception<br />

<strong>de</strong> l'industrie agro-alimentaire, sont souvent en retard par rapport à leurs concurrentes<br />

alleman<strong>de</strong>s. Les banques françaises sont aussi dans ce cas, largement supplantées<br />

par <strong>les</strong> banques alleman<strong>de</strong>s, autrichiennes et italiennes, malgré la présence <strong>de</strong><br />

la Société Générale qui a racheté la BRD (Banque Roumaine <strong>de</strong> Développement), la<br />

Komercny Banka tchèque, la SKB slovène, et l'Express Bank bulgare.<br />

Cependant <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance attractifs qu'enregistrent <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est, <strong>les</strong><br />

opportunités économiques qu'ils offrent, ne doivent pas faire oublier certaines zones<br />

d'ombre, au premier rang <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> le fonctionnement opaque <strong>de</strong>s affaires avec leurs<br />

pratiques <strong>de</strong> pots <strong>de</strong> vin et <strong>de</strong> corruption généralisées à toute la région, et le risque d'instabilité<br />

politique. Si pour ce <strong>de</strong>rnier, l'entrée dans l'UE <strong>de</strong>vrait calmer <strong>les</strong> choses dans<br />

la décennie, pour <strong>les</strong> premières il faut plutôt parler en terme <strong>de</strong> générations.<br />

La France au premier rang en Roumanie et Pologne<br />

Au total, en 2000, on comptait 1650 filia<strong>les</strong> d'entreprises françaises dans <strong>les</strong> douze<br />

pays candidats à l'UE. En Roumanie, la France est traditionnellement le premier investisseur<br />

étranger, en particulier grâce à France Télécom qui a investi 400 M€ (2,6 milliards<br />

<strong>de</strong> F) pour la mise en place d'un réseau <strong>de</strong> téléphonie mobile et Renault qui a<br />

payé 270 M€ (1,8 milliards <strong>de</strong> F) pour reprendre et mo<strong>de</strong>rniser le constructeur Dacia.<br />

En Pologne, la France est également le 1er investisseur, mais <strong>de</strong>puis 2000.<br />

Danone, France Télécom, Total-Elf-Fina, LVMH, Pernod-Ricard, y ont investi 10 milliards<br />

d'euros (65 milliards <strong>de</strong> F), <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Américains, (8 milliards d'euros) et <strong>les</strong><br />

Allemands (7 milliards d'euros). Quand un Polonais fait ses courses dans une gran<strong>de</strong><br />

surface, il y a <strong>de</strong> bonnes chances qu'il aille chez Carrefour, Auchan et Casino.<br />

Faiblement présente en République Tchèque dans <strong>les</strong> années 95 (5 % <strong>de</strong>s investissements<br />

étrangers), la France y comble son handicap, grâce surtout au contrat signé<br />

par Vivendi pour la gestion <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> Prague, et la Société Générale. Sa part est<br />

passée à 30 % et elle est remontée du 6ème rang au 4ème, <strong>de</strong>rrière l'Allemagne, <strong>les</strong><br />

Pays bas et l'Autriche, malgré un tassement <strong>de</strong> sa position en 2002, GDF et EDF ne<br />

réussissant pas à emporter <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> la distribution du gaz et <strong>de</strong> l'électricité.<br />

En Hongrie, la France figure à la 3ème place, <strong>de</strong>rrière l'Allemagne (un tiers <strong>de</strong>s<br />

investissements étrangers), <strong>les</strong> Etats Unis (un quart), ex aequo avec l'Autriche (10 %).<br />

En revanche, en Slovaquie, la France n'arrive qu'en 7ème position et sa présence est<br />

très faible dans <strong>les</strong> pays baltes.Un constat s'impose : lorsqu'ils rachètent une entreprise<br />

publique privatisée, <strong>les</strong> Français n'hésitent pas à supprimer <strong>de</strong> nombreux emplois,<br />

comme Renault lors <strong>de</strong> la reprise <strong>de</strong> Dacia. En cinq ans, le constructeur a prévu <strong>de</strong><br />

réduire <strong>les</strong> effectifs <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Pitesti <strong>de</strong> 40 %, passant <strong>de</strong> 27 000 à 16 000 employés.<br />

Paris, 3ème partenaire commercial <strong>de</strong> Bucarest<br />

En 2002, <strong>les</strong> échanges commerciaux entre la France et la Roumanie se sont<br />

montés à 2 milliards d'euros, soit près <strong>de</strong> + 15 %, se partageant pratiquement<br />

à moitié entre importations et exportations. Entrant pour 7 % dans la<br />

balance commerciale <strong>de</strong> la Roumanie, l'Hexagone se situe en 3ème position, <strong>de</strong>rrière<br />

l'Allemagne et l'Italie. 2767 sociétés mixtes ont été formées entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Economie<br />

En 1997, Daewoo a repris le chantier naval <strong>de</strong><br />

Mangalia, quasiment en état <strong>de</strong> faillite, acquérant<br />

51 % <strong>de</strong>s parts. A cette époque, seulement un<br />

bateau par an sortait <strong>de</strong> ses ca<strong>les</strong> et 25 étaient en réparation. En<br />

20<strong>01</strong>, le chantier <strong>de</strong> Mangalia en a construit 54 et réparé 30. Il<br />

emploie 3500 personnes et en fait vivre 2500 autres dans <strong>de</strong>s<br />

entreprises en sous-traitance.<br />

Avant l'arrivée du géant coréen, le matériel et l'outillage<br />

étaient à l'état d'abandon, <strong>les</strong> ouvriers ne recevaient pas leurs<br />

salaires, restaient <strong>les</strong> bras ballants, fumant une cigarette,<br />

buvant une tsuica, attendant <strong>les</strong> ordres.<br />

Quand ceux-ci arrivaient, ils n'étaient pas<br />

exécutés, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s bêtises.<br />

Aujourd'hui, un sou<strong>de</strong>ur gagne 7,5 millions<br />

<strong>de</strong> lei net (230 €, 1500 F), soit plus<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fois le salaire moyen, un contremaître,<br />

12 millions <strong>de</strong> lei (365 €, 2400 F).<br />

"Un talent extraordinaire pour<br />

ne pas faire le boulot <strong>de</strong>mandé"<br />

Tout, pourtant, est loin d'être rose sur<br />

le chantier… surtout pour <strong>les</strong> Coréens qui s'arrachent souvent<br />

<strong>les</strong> cheveux. Les trois premières années, plutôt que <strong>de</strong> partir à<br />

la conquête du marché mondial, la nouvelle direction du chantier<br />

s'est échinée à convaincre <strong>les</strong> ouvriers à se mettre au travail.<br />

Plusieurs centaines d'entre eux ont été envoyés en formation<br />

en Corée du Sud, sur le chantier mère du port <strong>de</strong> Okpo, qui<br />

compte 11 000 employés. De nombreux autres y sont encore.<br />

Pour autant, <strong>les</strong> ouvriers <strong>de</strong> Mangalia n'ont pas acquis<br />

cette discipline et ce sens <strong>de</strong> l'effort qui ont fait du "Pays du<br />

matin calme" un <strong>de</strong>s "dragons" <strong>de</strong> l'économie mondiale. La<br />

relation au travail y est toute différente. "Ici, j'ai découvert<br />

qu'on avait un talent extraordinaire pour ne pas faire le boulot<br />

<strong>de</strong>mandé. Il doit bien exister 6000 motifs pour ne pas l'exécuter"<br />

confiait un cadre coréen à un journaliste<br />

d'"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour").<br />

La journée <strong>de</strong> travail commence à 8 h pour s'achever à 16<br />

h 30, avec une pause déjeuner d'une <strong>de</strong>mi-heure. Mais, trois<br />

quarts d'heure avant la fin, <strong>les</strong> ouvriers se dirigent déjà vers la<br />

sortie. Il a fallu instaurer un appel avec retenue sur le salaire<br />

en cas <strong>de</strong> départ prématuré pour limiter le phénomène.<br />

Autre comportement qui déroute totalement <strong>les</strong> Asiatiques<br />

: <strong>les</strong> innombrab<strong>les</strong> vols <strong>de</strong> matériel sur le chantier, comme s'il<br />

s'agissait d'un sport. Un directeur a même surpris son chauffeur<br />

en train <strong>de</strong> dérober l'essence <strong>de</strong> sa voiture.<br />

Une police <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> douze hommes<br />

Ces <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong>meurent toujours une préoccupation<br />

majeure. Mais dans d'autres domaines, <strong>les</strong> esprits ont un peu<br />

évolué, même s'il reste beaucoup à faire. Auparavant, <strong>les</strong> acci<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong> travail étaient nombreux. Tout le mon<strong>de</strong> se fichait <strong>de</strong>s<br />

Actualité<br />

Les "dragons" coréens peinent à changer la mentalité <strong>de</strong>s ouvriers<br />

du chantier naval <strong>de</strong> Mangalia, repris par Daewoo en 1997<br />

Gymnastique matinale contre tsuica<br />

Le choc <strong>de</strong>s cultures sur <strong>les</strong> chantiers <strong>de</strong><br />

Mangalia a surpris tout autant <strong>les</strong> travailleurs<br />

roumains que <strong>les</strong> commanditaires Coréens.<br />

mesures <strong>de</strong> sécurité, <strong>les</strong> cadres ne montraient pas l'exemple.<br />

Personne n'attachait son harnais <strong>de</strong> sécurité quand il fallait<br />

effectuer un travail en hauteur, ne portait son casque <strong>de</strong> sécurité<br />

ou son masque <strong>de</strong> protection pour sou<strong>de</strong>r. Des contrô<strong>les</strong><br />

effectués post-mortem à la morgue, sur <strong>de</strong>s ouvriers qui s'étaient<br />

tués en tombant d'un échafaudage relevaient souvent <strong>de</strong>s<br />

taux d'alcoolémie supérieurs à <strong>de</strong>ux grammes…<br />

Un an après son arrivée, la direction a créé une police <strong>de</strong><br />

la sécurité <strong>de</strong> douze hommes qui patrouille à travers tout le<br />

chantier, relevant <strong>les</strong> infractions. Celui qui est surpris pour ne<br />

pas avoir respecté <strong>les</strong> consignes, reçoit un<br />

carton jaune. Il ne lui sera retiré que s'il ne<br />

commet pas d'autres fautes dans <strong>les</strong> trois<br />

mois. Mais, là encore, il a fallu adapter le<br />

règlement à l'esprit local. Alors qu'en<br />

Corée, l'avertissement suivant conduit<br />

immédiatement à un carton rouge, entraînant<br />

une retenue sur salaire <strong>de</strong> 10 %… à<br />

Mangalia, celui-ci n'est attribué qu'au<br />

troisième. La sécurité s'est toutefois notablement<br />

améliorée, même si l'on voit toujours<br />

<strong>de</strong>s contremaîtres chargés <strong>de</strong> la formation<br />

<strong>de</strong>s jeunes sou<strong>de</strong>urs se bala<strong>de</strong>r en tennis, alors que <strong>de</strong>s<br />

bottes <strong>de</strong> protection métalliques sont exigées.<br />

"Souffler dans le ballon" avant l'embauche<br />

Quant à l'alcool, la mesure prise a été radicale. Le chantier<br />

s'est équipé d'éthylomètres i<strong>de</strong>ntiques à ceux <strong>de</strong> la police et <strong>les</strong><br />

ouvriers sont contraints <strong>de</strong> "souffler dans le ballon" avant<br />

d'embaucher. Ceux qui sont pris en état d'ébriété sont immédiatement<br />

renvoyés.<br />

Les employés ont dû aussi se soumettre sans trop discuter<br />

à une pratique typiquement asiatique. Ils sont tenus d'arriver<br />

dès 7 h 30, une <strong>de</strong>mi-heure avant l'embauche, <strong>de</strong> nettoyer <strong>les</strong><br />

lieux <strong>de</strong> leur travail et, le quart d'heure suivant, <strong>de</strong> se livrer à<br />

une séance <strong>de</strong> gymnastique et d'étirements, ce que <strong>les</strong> jeunes<br />

ont maintenant assimilé… <strong>les</strong> vieux rechignant toujours à exécuter<br />

ces mouvements d'extension et <strong>de</strong> génuflexion inspirés<br />

d'un autre univers. Les trois premiers mois, le rythme était<br />

donné par hauts-parleurs… en coréen.<br />

Tarom négocie son<br />

adhésion à l'alliance SkyTeam<br />

La compagnie aérienne nationale Tarom a entamé<br />

<strong>de</strong>s discussions en vue <strong>de</strong> son adhésion à l'alliance<br />

SkyTeam qui comprend six membres : Air France,<br />

l'américain Delta Ailines, Alitalia, le tchèque CSA Czech<br />

Airlines, Aeromexico et Korean Air. Par le jeu <strong>de</strong> ces<br />

alliances, Tarom, qui <strong>de</strong>ssert 44 <strong>de</strong>stinations, pourrait ainsi en<br />

proposer 500 à sa clientèle, dans 114 pays et sur 8000 vols<br />

quotidiens.<br />

22 11


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

IASI<br />

CLUJ TARGU MURES<br />

ARAD<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA <br />

<br />

LUGOJ TARGU<br />

JIU<br />

PITESTI<br />

<br />

BRAILA<br />

BUZAU<br />

22 12<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Six mois <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>s<br />

pendant l'année<br />

Confection, lingerie, chaussures,<br />

artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> sport, électro-ménager,<br />

meub<strong>les</strong>… <strong>les</strong> Roumains se familiarisent<br />

avec <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s, notamment à<br />

Bucarest où <strong>les</strong> vitrines sont barrées<br />

d'affiches "Atentie, cad preturile !"<br />

(Attention, <strong>les</strong> prix tombent !). Les<br />

commerçants enten<strong>de</strong>nt ainsi liqui<strong>de</strong>r<br />

leurs stocks estimés à 10-15 %, en<br />

proposant <strong>de</strong>s ristournes allant <strong>de</strong> 20<br />

à 50 % et atteignant jusqu'à 70 % au<br />

mois d'août.<br />

Le phénomène est encore trop<br />

récent pour savoir s'il a déjà engendré<br />

un comportement attentiste chez<br />

une clientèle guettant ces pério<strong>de</strong>s et<br />

différant ses achats, comme en<br />

Occi<strong>de</strong>nt, <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong>venant alors<br />

partie prenante <strong>de</strong> la stratégie globale<br />

<strong>de</strong>s commerces.<br />

Mettre un peu d’ordre dans<br />

une pratique anarchique<br />

En Roumanie, el<strong>les</strong> se déroulaient<br />

<strong>de</strong> manière un peu anarchique<br />

jusque là, chacun fixant ses<br />

pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> promotion comme il<br />

l'entendait, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute réglementation.<br />

Celle-ci, peu respectée<br />

encore, a cependant vu le jour le 1er<br />

janvier <strong>de</strong>rnier, délimitant la pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s d'automne-hiver du 15<br />

janvier au 15 avril, et celle <strong>de</strong> printemps-été,<br />

du 1er août au 31<br />

octobre, soit, au total, six mois.<br />

Carrefour n'a cependant pas<br />

attendu cette pério<strong>de</strong> pour habituer<br />

sa clientèle à <strong>de</strong>s réductions régulières<br />

sur l'ensemble <strong>de</strong> ses produits,<br />

tout au long <strong>de</strong> l'année, portant<br />

sur une baisse <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> leurs<br />

prix.<br />

<br />

<br />

Economie<br />

Actualité<br />

Investisseurs hors UE:<br />

100 000 € minimum pour<br />

être autorisé à s'installer<br />

Une nouvelle réglementation exige que <strong>les</strong> investisseurs étrangers, hormis<br />

ceux originaires <strong>de</strong> l'UE, <strong>de</strong>s pays occi<strong>de</strong>ntaux et du Japon, disposent<br />

désormais d'un capital <strong>de</strong> 100 000 € (650 000 F), d'un plan précis d'investissement<br />

et d'une activité équivalente dans leur pays d'origine, pour pouvoir développer<br />

leurs affaires en Roumanie et y bénéficier d'un visa long séjour.<br />

Cette nouvelle mesure vise <strong>les</strong> petits investisseurs d'origine moyen-orientale et <strong>de</strong><br />

Chine, suspectés <strong>de</strong> se servir <strong>de</strong> la Roumanie comme base d'accès ultérieure aux marchés<br />

<strong>de</strong> l'UE. Elle a fait réagir négativement le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s associations d'investisseurs<br />

en Roumanie qui note qu'avec seulement 8,6 milliards d'euros (57 milliards <strong>de</strong><br />

F) <strong>de</strong> capitaux attirés <strong>de</strong>puis 1990, la Roumanie est le moins attractif <strong>de</strong>s ex pays <strong>de</strong><br />

l'Est et que <strong>les</strong> petits investisseurs ont injecté <strong>de</strong>s sommes importantes dans l'économie<br />

roumaine, créant <strong>de</strong> très nombreux emplois.<br />

A ses yeux, cette nouvelle condition ne peut que décourager <strong>les</strong> entreprises<br />

étrangères déjà confrontées à l'incroyable lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'administration, exigeant une<br />

centaine d'avis avant <strong>de</strong> délivrer une autorisation, et à la corruption. En Hongrie, un<br />

investisseur étranger potentiel ne doit justifier que d'un apport <strong>de</strong> 15 000 € (100 000<br />

F) et en Pologne <strong>de</strong> 25 000 € (165 000 F).<br />

Dix millions <strong>de</strong> cartes<br />

<strong>de</strong> crédit dans cinq ans<br />

D'après le directeur <strong>de</strong> Master Card<br />

pour la Roumanie, ce pays est très loin<br />

d'avoir épuisé son potentiel <strong>de</strong> développement<br />

au niveau <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> crédit,<br />

lequel <strong>de</strong>vrait se développer fortement<br />

dans <strong>les</strong> cinq ans à venir pour atteindre 10<br />

millions <strong>de</strong> titulaires. Le marché est<br />

entravé par le faible nombre <strong>de</strong> commerçants<br />

acceptant <strong>les</strong> cartes ou étant<br />

équipés à cet effet : 5000 seulement en<br />

Roumanie, contre 33 000 en Slovaquie,<br />

39 000 en République Tchèque, 114 000<br />

en Pologne… et plus d'un million en<br />

Italie ou en France.<br />

Premières rames<br />

automotrices livrées<br />

Les <strong>de</strong>ux premières rames automotrices<br />

commandées à Siemens sont<br />

entrées en service le 1er février sur <strong>les</strong><br />

lignes Bucarest-Iasi et Bucarest-Pitesti-<br />

Craiova. Composées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux wagons<br />

avec un couloir continu, disposant <strong>de</strong> 123<br />

places assises et <strong>de</strong> 90 <strong>de</strong>bout, el<strong>les</strong> peuvent<br />

circuler à 120 km/h, sous le régime<br />

<strong>de</strong>s trains inter-city qui effectuent <strong>les</strong> liaisons<br />

<strong>les</strong> plus rapi<strong>de</strong>s entre <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

vil<strong>les</strong>, sans supplément <strong>de</strong> prix. La<br />

A savoir<br />

SNCFR a passé une comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> 120<br />

rames à la firme alleman<strong>de</strong>, dont 57 doivent<br />

être livrées cette année.<br />

Près d'un tiers du personnel<br />

licencié à RomTelecom<br />

OTE, l'opérateur grec qui détient,<br />

<strong>de</strong>puis janvier, 54 % du capital <strong>de</strong><br />

RomTelecom, contre 35 % auparavant, a<br />

décidé immédiatement <strong>de</strong> supprimer dans<br />

<strong>les</strong> années à venir près d'un tiers du personnel,<br />

soit 9000 employés sur 30 000.<br />

Pour justifier sa décision, la compagnie<br />

s'appuie sur la stagnation du marché prévue<br />

pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux prochaines années, la<br />

baisse <strong>de</strong> son action à la suite <strong>de</strong> la perte<br />

<strong>de</strong> son monopole dans le domaine <strong>de</strong> la<br />

téléphonie fixe, et l'ajustement <strong>de</strong> ses<br />

tarifs. OTE a toutefois précisé qu'il<br />

comptait investir près <strong>de</strong> 300 M€ (2 milliards<br />

<strong>de</strong> F) pour la mo<strong>de</strong>rnisation du<br />

réseau, dans <strong>les</strong> trois prochaines années.<br />

Autoroute Bucarest-Brasov<br />

Le travaux du premier tronçon <strong>de</strong><br />

l'autoroute Bucarest-Brasov, d'une longueur<br />

<strong>de</strong> 65 km allant jusqu'à Ploiesti, sur<br />

un trajet <strong>de</strong> 170 km, <strong>de</strong>vraient commencer<br />

au cours <strong>de</strong> ce premier trimestre <strong>20<strong>03</strong></strong><br />

et durer quatre ans.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Social<br />

La vague <strong>de</strong> froid <strong>de</strong> décembre (-34° à Buzau) a une<br />

nouvelle fois confronté <strong>les</strong> Roumains aux graves<br />

problèmes <strong>de</strong> chauffage qui existent dans <strong>les</strong> blocs<br />

<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>. Sinistrée par le chômage et la fermeture <strong>de</strong> nombreux<br />

puits, la vallée minière <strong>de</strong> Jiu a particulièrement souffert.<br />

A Târgu Jiu, certains immeub<strong>les</strong> n'ont plus <strong>de</strong> chauffage<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années.<br />

Des famil<strong>les</strong> vivent entassées dans <strong>de</strong>s studios. Les plus<br />

fortunés se sont procurés un poêle à mazout ou à bois. Ce n'est<br />

pas le cas <strong>de</strong> la famille Oprisescu. Mirela, la mère, 32 ans, et<br />

son mari, sont au chômage. A la maison, tout le mon<strong>de</strong> porte<br />

trois à quatre épaisseurs <strong>de</strong> vêtements. La plus petite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

fil<strong>les</strong>, Dalia, dix ans, pleure à cause du froid, ce qui brise le<br />

cœur <strong>de</strong> sa mère qui la réchauffe en la serrant contre sa poitrine.<br />

Elle est déjà tombée trois fois mala<strong>de</strong> en moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

mois. L'école n'est pas un refuge car, elle non plus, n'est pas<br />

chauffée. Les élèves doivent rester dans <strong>les</strong> classes avec leurs<br />

gants et leur caciula sur la tête.<br />

La voisine, Floarea, 33 ans, affirme que <strong>de</strong>puis six ans, le<br />

bloc n'a reçu du chauffage qu'en une occasion. Elle réchauffe<br />

<strong>les</strong> lits avec <strong>de</strong>s bouillottes improvisées. La famille s'est<br />

débrouillée pour acquérir un poêle fonctionnant au bois, mais<br />

il consomme beaucoup; il a fallu en faire rentrer quatre mètres<br />

cubes et regrouper tout le mon<strong>de</strong> dans la chambre <strong>de</strong>s parents<br />

pour pouvoir l'entreposer.<br />

A l'étage inférieur, Ovidiu, 10 ans, apprend ses leçons en<br />

s'enfouissant sous une couette. Ses parents ont bien acheté un<br />

poêle à mazout, mais cela revient trop cher à faire fonctionner<br />

toute la journée, alors il ne marche que 2-3 heures par jour.<br />

Pour tenir chaud dans le lit, sa mère met <strong>de</strong>s briques ou <strong>de</strong>s<br />

Un quart<br />

d'enfants en moins<br />

dans <strong>les</strong> orphelinats<br />

En 2002, le nombre d'orphelins,<br />

enfants abandonnés ou retirés à<br />

leur famille, pris en charge par<br />

l'Etat a diminué <strong>de</strong> un quart, passant <strong>de</strong><br />

57 000 à 43 500. 47 orphelinats ou institutions<br />

publiques spécialisées ont été fermés<br />

ou transformés en services alternatifs et<br />

centres <strong>de</strong> placement familiaux. 18 000<br />

enfants ont ainsi pu rejoindre le système<br />

d'enseignement normal et fréquenter <strong>les</strong><br />

mêmes éco<strong>les</strong> que <strong>les</strong> camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur<br />

âge. 78 maisons et 112 appartements où <strong>les</strong><br />

enfants bénéficient d'un environnement <strong>de</strong><br />

type familial ont été mis en service. Par<br />

ailleurs, le nombre d'assistantes maternel<strong>les</strong><br />

professionnel<strong>les</strong> est passé d'un peu<br />

plus <strong>de</strong> 3000 à près <strong>de</strong> 9000.<br />

Actualité<br />

Les rigueurs <strong>de</strong> l'hiver lèvent un coin<br />

<strong>de</strong> voile sur la détresse <strong>de</strong> nombreuses famil<strong>les</strong><br />

A Târgu Jiu, Dalia, dix ans, pleure <strong>de</strong> froid<br />

pierres sur la cuisinière ainsi que <strong>de</strong>s sacs remplis <strong>de</strong> sel.<br />

"C'est bon pour la santé" assure-t-elle.<br />

Salle à manger transformée en dépôt <strong>de</strong> charbon<br />

Dans la ville voisine <strong>de</strong> Rovinari, 12 000 habitants, 2000<br />

chômeurs et 500 personnes ne vivant qu'avec l'ai<strong>de</strong> sociale,<br />

tous <strong>les</strong> appartements se sont débranchés du chauffage. La<br />

mairie a bien investi 450 000 € (3 MF) pour la construction<br />

d'une centrale thermique et <strong>de</strong> mini-centra<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> blocs,<br />

mais leurs occupants ont refusé <strong>de</strong> s'y brancher, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> ne<br />

pas pouvoir payer <strong>les</strong> factures.<br />

Aurelia, 35 ans, <strong>de</strong>ux fillettes (2 ans et 12 ans), ne se souvient<br />

plus avoir eu du chauffage et <strong>de</strong> l'eau chau<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis<br />

qu'elle a emménagé dans <strong>les</strong> lieux… en 1987. Elle invente<br />

mille choses pour que ses enfants résistent au froid. Chaque<br />

jour, elle leur prépare un bain <strong>de</strong> pieds brûlant, leur confectionne<br />

<strong>de</strong>s boissons chau<strong>de</strong>s aux noix et oignons, réputées<br />

pour guérir la toux et <strong>les</strong> maux <strong>de</strong> gorge. Chaque semaine toute<br />

la famille va chez le mé<strong>de</strong>cin.<br />

Dans la ville toute proche <strong>de</strong> Matasari, la situation est<br />

i<strong>de</strong>ntique. Mais comme ici on est près d'une mine, <strong>les</strong> gens ont<br />

acheté <strong>de</strong>s poê<strong>les</strong> au charbon. Tous <strong>les</strong> adultes <strong>de</strong> la famille<br />

Olteanu - dix personnes au total - sont au chômage. Afin <strong>de</strong><br />

gagner quelques sous, <strong>les</strong> enfants vont dans <strong>les</strong> galeries désaffectées<br />

chercher du charbon pour <strong>les</strong> voisins.<br />

La salle à manger a été réquisitionnée pour le stocker et<br />

tout le mon<strong>de</strong> dort dans la même pièce. La famille est très heureuse<br />

<strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière acquisition : un poêle en terre qui gar<strong>de</strong> la<br />

chaleur plus longtemps.<br />

Des enfants qui grelottent à l'hôpital <strong>de</strong> Lugoj<br />

La température moyenne<br />

ne dépassait pas huit <strong>de</strong>grés, cet hiver,<br />

dans <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’hôpital <strong>de</strong> Lugoj.<br />

Depuis le début <strong>de</strong> l'hiver,<br />

<strong>les</strong> enfants sont transis<br />

<strong>de</strong> froid à l'hôpital municipal<br />

<strong>de</strong> Lugoj où la température<br />

moyenne ne dépasse pas 8° dans <strong>les</strong><br />

sal<strong>les</strong>. Souvent internés pour <strong>de</strong>s<br />

maladies pulmonaires, <strong>les</strong> petits pensionnaires<br />

doivent s'habiller et s'enrouler<br />

dans leurs couvertures la nuit<br />

pour résister à la chute <strong>de</strong>s températures,<br />

le système <strong>de</strong> chauffage étant<br />

alors arrêté.<br />

En pédiatrie, <strong>de</strong>s parents ont<br />

préféré récupérer leurs bébés et <strong>les</strong><br />

soigner à la maison, plutôt que <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

laisser dans ces lieux. Même le chef <strong>de</strong> service qui avait pris froid a été obligé <strong>de</strong><br />

s'arrêter, début janvier, alors que le thermomètre enregistrait - 26° à l'extérieur. Le<br />

directeur <strong>de</strong> l'hôpital, tout en reconnaissant qu'il fait froid, estime que la situation<br />

n'est pas si grave que çà et la met sur le compte <strong>de</strong> la vétusté <strong>de</strong> l'installation <strong>de</strong><br />

chauffage qu'il a tenté en vain <strong>de</strong> faire réparer ou rafistoler.<br />

22 13


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

BISTRITA<br />

TARGU<br />

IASI<br />

<br />

MURES<br />

ARAD<br />

CLUJ SIGHISOARA<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

PETROSANI<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

PITESTI <br />

<br />

CRAIOVA<br />

BUCAREST<br />

<br />

CONSTANTA<br />

<br />

22 14<br />

Deux semaines pour<br />

payer son chauffage<br />

Alors qu'en prévision <strong>de</strong> l'hiver il<br />

avait annoncé à l'automne <strong>de</strong>rnier<br />

<strong>de</strong>s mesures pour échelonner <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong>s personnes qui ne pouvaient<br />

pas payer leur chauffage, le<br />

gouvernement a soudainement fait<br />

volte-face, début janvier. En pleine<br />

vague <strong>de</strong> froid (-34° dans l'Ouest du<br />

pays), il a promulgué, discrètement,<br />

une ordonnance d'urgence, exigeant<br />

le paiement <strong>de</strong>s factures dans <strong>les</strong><br />

quinze jours, sous peine d'une majoration<br />

<strong>de</strong> 0,06 % par jour <strong>de</strong> retard<br />

(soit +21% par an). Jusqu'ici, <strong>les</strong><br />

abonnés disposaient d'un délai d'un<br />

mois, auquel s'ajoutait un mois <strong>de</strong><br />

tolérance.<br />

Cette mesure a été prise alors<br />

que <strong>de</strong> nombreuses famil<strong>les</strong> se<br />

débranchent du réseau, faute <strong>de</strong><br />

pouvoir payer - un phénomène<br />

aggravé par la rigueur <strong>de</strong> l'hiver - et<br />

choisissent <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> fortune,<br />

souvent dangereux pour pouvoir<br />

continuer à se chauffer. Dans <strong>les</strong><br />

blocs, certains bons payeurs voient<br />

leur chauffage, dépendant du système<br />

collectif, coupé d'autorité, leurs<br />

voisins ne pouvant s'acquitter <strong>de</strong><br />

leurs <strong>de</strong>ttes.<br />

Cinq acci<strong>de</strong>nts par<br />

jour dans <strong>les</strong> mines<br />

<strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Jiu<br />

En 2002, <strong>les</strong> mines <strong>de</strong> la vallée<br />

<strong>de</strong> Jiu (Petrosani) ont enregistré 18<br />

morts au cours <strong>de</strong> 1204 acci<strong>de</strong>nts du<br />

travail, soit cinq par jour et 158 <strong>de</strong><br />

moins que l'année précé<strong>de</strong>nte. La<br />

principale cause avancée par <strong>les</strong><br />

autorités pour <strong>les</strong> acci<strong>de</strong>nts mortels<br />

est le non-respect <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong><br />

sécurité.<br />

Social<br />

Actualité<br />

Quelques associations roumaines, assez peu nombreuses, tentent <strong>de</strong> venir<br />

en ai<strong>de</strong> aux enfants <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Bucarest, qui se calfeutrent l'hiver dans<br />

<strong>les</strong> réseaux souterrains <strong>de</strong> chauffage, appelés <strong>les</strong> "canale". El<strong>les</strong> leur<br />

apportent <strong>de</strong> la nourriture, <strong>de</strong>s médicaments; certaines tentent <strong>de</strong> mettre sur pied <strong>de</strong>s<br />

cours d'alphabétisation, <strong>de</strong> formation à <strong>de</strong>s métiers comme coiffeurs, couturières,<br />

d'ouvrir un foyer. Mais le découragement <strong>les</strong> guette souvent <strong>de</strong>vant l'inanité <strong>de</strong> leurs<br />

efforts, comme le rapporte le quotidien "A<strong>de</strong>varul" ("La Vérité") dans une enquête<br />

d'un <strong>de</strong> ses journalistes.<br />

"Ces enfants-là, leur journée commence non pas par "bonjour" mais par <strong>de</strong>s<br />

jurons. Quand on leur parle d'aller à l'école, il répon<strong>de</strong>nt insolemment qu'ils ne peuvent<br />

pas parce que leurs intestins feraient trop <strong>de</strong> bruit" confie une bénévole, enchaînant<br />

: "Leur vie est faite d'énormes frustrations, <strong>de</strong> peurs, <strong>de</strong> réactions <strong>de</strong> méchanceté,<br />

d'abrutissement. Les tirer <strong>de</strong> cet univers est très difficile. 75 à 80 % d'entre-eux sont<br />

irrécupérab<strong>les</strong>. Un enfant qui a passé plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans dans la rue est perdu".<br />

Ces associations comptent presque sur <strong>les</strong> doigts <strong>de</strong> la main <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> réussite. "Il<br />

faut une volonté énorme et aussi <strong>de</strong> la chance pour<br />

s'en sortir" constatent-el<strong>les</strong>. "Le gamin doit surtout<br />

échapper à l'influence <strong>de</strong> sa ban<strong>de</strong>, s'en séparer<br />

physiquement, définitivement… sinon, il retournera<br />

immanquablement dans le canal". Des cas heureux<br />

surviennent parfois, comme Florin; un <strong>de</strong> ses<br />

onc<strong>les</strong> a accepté <strong>de</strong> le loger, il a tenté plusieurs fois<br />

<strong>de</strong> rejoindre ses anciens amis mais, à court d'argent,<br />

revenait toujours. Aujourd'hui, il semble stabilisé et<br />

travaille comme "tractoriste" à la campagne.<br />

Apparition d'une <strong>de</strong>uxième génération<br />

qui naît et grandit dans <strong>les</strong> "canale"<br />

Le plus souvent ces tentatives <strong>de</strong> sortir ces<br />

"boschetari" (sans abris) <strong>de</strong> leur enfer se heurtent à<br />

un cercle vicieux. Très rares sont <strong>les</strong> patrons qui<br />

accepteraient <strong>de</strong> <strong>les</strong> embaucher, d'autant plus qu'ils<br />

n'ont pas <strong>de</strong> papiers d'i<strong>de</strong>ntité… or la police ne<br />

donne pas <strong>de</strong> papiers aux jeunes qui n'ont pas <strong>de</strong><br />

domici<strong>les</strong>… et ceux-ci, faute d'argent ne trouvent<br />

pas à se loger.<br />

"Un enfant qui a passé plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans dans la rue est perdu"<br />

Sauver <strong>les</strong> jeunes sans-domicile<br />

relève <strong>de</strong> la mission impossible<br />

Les canalisations <strong>de</strong> chauffage<br />

constituent un refuge pour<br />

<strong>les</strong> sans-domici<strong>les</strong> pendant l’hiver.<br />

Si quelques uns acceptent <strong>de</strong> <strong>les</strong> engager, le scénario est toujours le même : on<br />

leur confie <strong>de</strong>s travaux pénib<strong>les</strong>, porter <strong>de</strong>s sacs pendant 8-10 heures d'affilée. Le soir,<br />

ils rejoignent leur canal où leurs amis <strong>les</strong> atten<strong>de</strong>nt avec <strong>de</strong>s boissons, <strong>de</strong> la drogue,<br />

<strong>les</strong> sacs plastic remplis <strong>de</strong> vernis qu'ils inhalent et qui leur a donné leur nom, <strong>les</strong><br />

"aurolaci". Le len<strong>de</strong>main matin, au lieu <strong>de</strong> se présenter à 6 h, ils viennent à 10 h et<br />

leur patron <strong>les</strong> met à la porte. En outre, ils auront dû partager avec la ban<strong>de</strong> le maigre<br />

argent gagné.<br />

"On n'aime pas <strong>les</strong> voir, mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pour rien dans<br />

leur situation" se désespère un autre bénévole qui s'alarme <strong>de</strong> l'apparition d'une<br />

<strong>de</strong>uxième génération d'enfants <strong>de</strong> la rue : ceux qui naissent et grandissent dans le<br />

"canal" où leurs encore très jeunes parents ont eux-mêmes vécu ces dix <strong>de</strong>rnières<br />

années. "Sortir une famille du canal et l'empêcher d'y retomber, c'est une mission<br />

impossible. Il faudrait l'énergie <strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> personnes. C'est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s moyens<br />

<strong>de</strong> la Roumanie, maintenant" constate-t-il, désabusé.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Social<br />

Alors qu'avant la "Révolution” <strong>de</strong> 1989 3,6 salariés<br />

cotisaient pour un retraité, cette proportion s'est<br />

dramatiquement inversée, du fait <strong>de</strong> la crise économique<br />

et <strong>de</strong> l'apparition du chômage, ainsi que du laxisme<br />

<strong>de</strong> la réglementation, laquelle a permis à <strong>de</strong> nombreux<br />

employés <strong>de</strong> s'octroyer une retraite très anticipée - dès l'âge <strong>de</strong><br />

50 ans, dans <strong>de</strong> nombreux cas - ou d'obtenir une pension d'invalidité<br />

ou <strong>de</strong> longue maladie, souvent non justifiée.<br />

Ainsi le rapport était-il passé à 1,5 salariés pour un retraité<br />

dès 1997, tombant à la parité en 1999, pour s'établir à 1 salarié<br />

pour 1,6 retraités, en 2002. Dans la Bulgarie voisine, il est<br />

exactement inverse, 1,6 salariés pour 1 retraité.<br />

Aujourd'hui, la Roumanie compte 6,5 millions <strong>de</strong><br />

retraités, 770 000 chômeurs, 3,4 millions d'élèves et 300 000<br />

étudiants. Si l'on ajoute à ces catégories, <strong>les</strong> conjoints ne tra-<br />

D'après <strong>les</strong> statistiques gouvernementa<strong>les</strong>,<br />

le niveau du<br />

chômage a baissé <strong>de</strong> 0,5 %<br />

en un an, s'établissant à 8,1 % <strong>de</strong> la population<br />

active, fin décembre 2002. A cette<br />

époque, la Roumanie comptait 760 000<br />

chômeurs, dont 340 000 femmes (45 %).<br />

Ce sont <strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> l'Ouest du pays et <strong>de</strong><br />

la région <strong>de</strong> Bucarest qui étaient le moins<br />

touchés par ce phénomène : Bihor<br />

(Ora<strong>de</strong>a), 3,1 %, Bucarest (3,2 %), Satu<br />

Mare (3,7 %), Timis (4 %), Arad (5 %),<br />

Ilfov (périphérie <strong>de</strong> Bucarest, 5,4 %), et<br />

L'Italie recrute<br />

<strong>de</strong>s chefs cuisiniers roumains<br />

Mi-janvier à Bucarest, la province italienne d'Udine (près <strong>de</strong><br />

Venise, sur la mer Adriatique), a organisé une présélection<br />

pour recruter trois cent cinquante chefs <strong>de</strong> cuisine roumains,<br />

chefs <strong>de</strong> salle, réceptionnistes, serveurs, femmes <strong>de</strong> chambre, pour la saison<br />

<strong>de</strong> mai à juin. Les candidats <strong>de</strong>vaient avoir au moins <strong>de</strong>ux ans d'expérience<br />

dans le domaine hôtelier, possé<strong>de</strong>r quelques éléments d'italien et d'allemand<br />

(pour le personnel chargé <strong>de</strong> l'accueil). Les personnes retenues <strong>de</strong>vaient<br />

bénéficier <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> formation professionnelle et d'italien. Le salaire mensuel<br />

proposé variait <strong>de</strong> 770 à 900 € (5000 à 6000 F), logé-nourri, soit près<br />

<strong>de</strong> dix fois le salaire moyen en Roumanie.<br />

Cette démarche volontariste a pour avantage <strong>de</strong> répondre à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

qui existe, d'y adapter l'offre, et <strong>de</strong> sécuriser <strong>les</strong> personnes embauchées en<br />

leur donnant un statut régulier, contrairement à la France, où dans <strong>les</strong> mêmes<br />

conditions, <strong>les</strong> Roumains doivent travailler le plus souvent <strong>de</strong> manière clan<strong>de</strong>stine<br />

alors qu'on a besoin <strong>de</strong> leur main d'œuvre. Revers <strong>de</strong> la médaille : la<br />

sélection… Rien ne garantit qu'elle se fait davantage sur <strong>de</strong>s critères professionnels<br />

que sur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table, comme cela a été généralement le<br />

cas jusqu'ici.<br />

Actualité<br />

Des statistiques démographiques<br />

inquiétantes : un actif pour cinq non productifs<br />

vaillant pas, <strong>les</strong> personnes ne bénéficiant d'aucune ai<strong>de</strong>, <strong>les</strong><br />

enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> six ans, on arrive à la proportion d'un<br />

Roumain actif acquittant <strong>les</strong> cotisations socia<strong>les</strong> pour cinq<br />

compatriotes non productifs.<br />

Ces déséquilibres démographiques ont <strong>de</strong>s conséquences<br />

sérieuses sur l'avenir <strong>de</strong>s retraites. D'ici à 2<strong>01</strong>4, l'âge <strong>de</strong> cessation<br />

d'activité va être reculé <strong>de</strong> 62 à 65 ans pour <strong>les</strong> hommes,<br />

et <strong>de</strong> 57 à 60 ans pour <strong>les</strong> femmes, comme il avait été déja<br />

annoncé à plusieurs reprises. L'ancien ministre du Travail,<br />

Alexandru Athanasiu, a prédit que si aucune réforme du régime<br />

n'était entreprise, en 2<strong>03</strong>0, le niveau <strong>de</strong>s pensions ne représentera<br />

plus qu'un quart du salaire au lieu <strong>de</strong> la moitié actuellement.<br />

Conscients <strong>de</strong> la gravité du problème, <strong>les</strong> syndicats se<br />

penchent sur <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> création <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> pensions<br />

privés.<br />

Baisse du chômage en 2002, avec un taux moyen <strong>de</strong> 8,1 %<br />

Vrancea (Focsani, 5,7 %).<br />

Parmi <strong>les</strong> départements se situant en<br />

<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la moyenne nationale figurent:<br />

Maramures (Baia Mare, 6,1 %),<br />

Dolj (Craiova, 6,3 %), Arges (Pitesti, 6,4<br />

%), Mures (Târgu Mures, 6,5 %), Giurgiu<br />

et Salaj (Zalau, 6,7 %), Harghita<br />

(Miercurea Ciuc) et Sibiu (7,1 %),<br />

Mehedinti (Turnu-Severin, 7,8 %).<br />

A contrario, <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> chômages <strong>les</strong><br />

plus élevés sont enregistrés dans l'Est et<br />

le Centre du pays : Vaslui (14,7 %),<br />

Galati (14,2 %), Brasov (12,3 %),<br />

Ialomita (Slobozia, 11,5 %), Alba (11,2<br />

%), Vâlcea (Râmnicu Vâlcea, 11 %),<br />

Botosani (10,2 %), Cluj et Gorj (Târgu<br />

Jiu, 10,1 %), Prahova (Ploiesti, 10 %).<br />

Ces chiffres, finalement modérés<br />

pour un pays en transition et au paysage<br />

économique bouleversé, avec <strong>de</strong>s régions<br />

entièrement sinistrées, ne manquent pas<br />

<strong>de</strong> surprendre <strong>les</strong> observateurs. Nombre<br />

d’entre eux se posent la question <strong>de</strong><br />

savoir quelle réalité exacte du chômage<br />

<strong>les</strong> statistiques gouvernementa<strong>les</strong> recouvrent-el<strong>les</strong><br />

?<br />

Première grève<br />

chez Dacia-Renault<br />

Pour la première fois <strong>de</strong>puis qu'il a pris<br />

le contrôle <strong>de</strong> Dacia, en 1999, le<br />

constructeur français Renault a dû<br />

faire face à un mouvement <strong>de</strong> grève dans l'usine<br />

du fabricant automobile roumain, à Pitesti. Les<br />

syndicats réclamaient une augmentation <strong>de</strong><br />

salaire <strong>de</strong> 23 % alors que la direction ne proposait<br />

que 14 %.<br />

Suivant la législation sociale en place, ce<br />

mouvement s'est limité à une première grève<br />

d'avertissement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures, le vendredi 14<br />

février, après qu'elle ait été décidée par <strong>de</strong>ux<br />

tiers <strong>de</strong>s ouvriers syndiqués. Pour améliorer la<br />

productivité, Renault a décidé <strong>de</strong> licencier plus<br />

<strong>de</strong> 11 000 employés sur 27 600 en cinq ans. Le<br />

constructeur s’apprête à sortir un nouveau<br />

modèle appelé à prendre la succession <strong>de</strong>s Dacia<br />

en septembre prochain.<br />

22 15


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 16<br />

SATU MARE<br />

SUCEAVA<br />

BAIA MARE<br />

<br />

<br />

Deux ZALAU<br />

<br />

ORADEA<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU<br />

MURES<br />

BRASOV<br />

IASI<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

GALATI<br />

<br />

MIZIL<br />

<br />

PITESTI PLOIESTI<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CIUPERCENII NOI<br />

CONSTANTA<br />

<br />

EFORIE <br />

80 000 chiens errants<br />

auraient été<br />

euthanasiés<br />

à Bucarest<br />

En 2000, la campagne d'euthanasie<br />

<strong>de</strong>s chiens errants dans <strong>les</strong> rues<br />

<strong>de</strong> Bucarest, estimés alors à 200 000,<br />

avait provoqué la levée <strong>de</strong> boucliers<br />

<strong>de</strong>s défenseurs <strong>de</strong>s animaux et la<br />

venue sur place <strong>de</strong> Brigitte Bardot.<br />

Deux ans après, la clameur s'est<br />

calmée et l'administration municipale<br />

s'est targuée <strong>de</strong> l'élimination <strong>de</strong> 80<br />

000 chiens (50 000 en 20<strong>01</strong> et un<br />

peu plus <strong>de</strong> 30 000 en 2002), à peine<br />

3 % <strong>de</strong>s animaux capturés ayant été<br />

adoptés. Le coût <strong>de</strong> l'opération a été<br />

<strong>de</strong> 500 000 lei par chien (15 €, 100<br />

F), soit 1,15 M€ (7,5 MF).<br />

Toutefois, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong><br />

<strong>20<strong>03</strong></strong>, la campagne d'élimination a<br />

cessé, à cause <strong>de</strong> la réorganisation<br />

<strong>de</strong>s services municipaux, qui a provoqué<br />

la délégation <strong>de</strong> cette fonction<br />

aux mairies d'arrondissement, ce qui<br />

fait redouter une résurgence du problème.<br />

De leur côté, <strong>les</strong> associations <strong>de</strong><br />

défense <strong>de</strong>s animaux doutent du<br />

bien-fondé <strong>de</strong>s chiffres avancés par<br />

la mairie, l'estimant nettement inférieur…<br />

<strong>les</strong> statistiques citées servant<br />

surtout, à leur avis, à gonfler le coût<br />

<strong>de</strong> l'opération et <strong>de</strong>s sommes qui y<br />

ont été consacrées.<br />

Faits divers<br />

SSociété<br />

Dans le village <strong>de</strong> Ciupercenii Noi, plus personne ne pensait revoir vivants<br />

Ionut et Catalin. En ce début janvier, alors qu'il faisait un froid <strong>de</strong> canard,<br />

tous <strong>les</strong> habitants cherchaient à travers champs et forêts <strong>de</strong>s environs <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux gamins <strong>de</strong> onze ans qui avaient disparu <strong>de</strong>puis quatre jours, après être partis<br />

jouer. Toutes <strong>les</strong> hypothèses avaient été échafaudées, tous <strong>les</strong> coins et recoins du village<br />

passés au peigne fin… sauf un.<br />

La cinquième nuit, un paysan a vu <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux enfants en rêve, tombés dans un trou.<br />

Dès le matin, il s'est dirigé vers le puits désaffecté <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> ses voisins où il <strong>les</strong> a<br />

découverts, transis <strong>de</strong> froids, morts <strong>de</strong> faim et <strong>de</strong> soif, aphones à force d'avoir crié<br />

"Ajutor" ("A l'ai<strong>de</strong>"). "De l'eau, <strong>de</strong> l'eau" ont-ils à peine pu articuler quand, à bout <strong>de</strong><br />

force et <strong>de</strong> résistance, ils ont été sortis <strong>de</strong> leur fâcheuse situation.<br />

Bloqués au fond d’un puits<br />

Tout leur village <strong>les</strong> cherchait<br />

<strong>de</strong>puis quatre jours<br />

gamins sauvés grâce à leur<br />

présence d'esprit… et à Ju<strong>les</strong> Verne<br />

Ionut et Catalin, copains <strong>de</strong> classe, s'étaient donnés ren<strong>de</strong>z-vous pour aller explorer<br />

le puits, <strong>de</strong>venu une grotte dans l'imaginaire <strong>de</strong>s enfants du village qui y <strong>de</strong>scendaient<br />

volontiers à l'ai<strong>de</strong> d'une cor<strong>de</strong>. Mais, manque <strong>de</strong> chance, celle-ci avait cédé<br />

quand ils avaient voulu remonter. Il n'était venu à personne l'idée d'aller inspecter <strong>les</strong><br />

lieux, tenus secrets par <strong>les</strong> enfants. L'un d'entre-eux avait pris son courage à <strong>de</strong>ux<br />

mains pour en parler à sa mère, mais avait reçu en retour une gifle magistrale qui<br />

l'avait dissuadé <strong>de</strong> revenir sur le sujet.<br />

Laissés à leur sort, se cachant mutuellement leur peur, Ionut et Catalin n'ont dû<br />

leur survie qu'à l'application <strong>de</strong>s techniques qu'ils avaient lues dans <strong>les</strong> romans <strong>de</strong><br />

Ju<strong>les</strong> Verne. Economisant leurs forces, ils évitèrent <strong>de</strong> s’époumoner, ne criant qu'à tour<br />

<strong>de</strong> rôle; ils se désaltéraient en recueillant <strong>de</strong>s gouttelettes <strong>de</strong> rosée sur <strong>les</strong> manches <strong>de</strong><br />

leur blouson et se réchauffaient en dormant dans <strong>les</strong> bras l'un <strong>de</strong> l'autre. Ils avaient<br />

réussi à jeter à l'extérieur leurs bottes et leur caciula (bonnet), espérant qu'ils attireraient<br />

l'attention. En vain…<br />

Conduits sains et saufs à l'hôpital, pour récupérer, ils y ont été chaleureusement<br />

réconfortés par <strong>les</strong> infirmières qui ont confectionné un énorme gâteau pour l'anniversaire<br />

<strong>de</strong> Ionut. Pendant ce temps là, tout Ciupercii Noi s'était réuni pour fêter l'événement<br />

à l'occasion d'un "chef monstru" (une fête monumentale) comme le village<br />

n'avait jamais connu jusqu'ici et qui a duré jusqu'au petit matin.<br />

La police <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> Satu<br />

Mare a démantelé un <strong>de</strong>s plus<br />

vieux réseau <strong>de</strong> passeurs entre<br />

la Hongrie et la Roumanie, arrêtant 90 <strong>de</strong><br />

ses membre, dont 28 Roumains, comprenant<br />

entremetteurs, transporteurs, organisateurs<br />

et individus chargés <strong>de</strong> faire franchir<br />

la frontière à travers champs. Le<br />

réseau opérait en <strong>de</strong>ux branches, l'une<br />

spécialisée dans <strong>les</strong> Afghans, Irakiens ou<br />

Iraniens, l'autre dans <strong>les</strong> Vietnamiens,<br />

Somaliens, Africains.<br />

Récupérés à Bucarest, ces clan<strong>de</strong>stins<br />

étaient acheminés nocturnement, en<br />

Un réseau <strong>de</strong> passeurs<br />

démantelé à la frontière hongroise<br />

micro-bus ou en Dacia, vers Cluj et<br />

Zalau, contre la somme <strong>de</strong> 250 € (1650<br />

F). Ils étaient ensuite confiés à <strong>de</strong>s passeurs<br />

après avoir versé à nouveau 300 €<br />

(2000 F). Arrivé en Hongrie, la pègre<br />

locale <strong>les</strong> prenait en charge pour <strong>les</strong> acheminer<br />

vers <strong>les</strong> pays occi<strong>de</strong>ntaux, moyennant<br />

1500 € (10 000 F), somme comprenant<br />

leurs frais <strong>de</strong> séjour en hôtels trois<br />

étoi<strong>les</strong>, la pension, le transport, la<br />

rémunération <strong>de</strong> leurs accompagnateurs.<br />

L'ensemble <strong>de</strong>s membres du réseau<br />

ont été condamnés à un total <strong>de</strong> 834<br />

années <strong>de</strong> prison, soit 9 ans chacun.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Faits divers<br />

Un colonel <strong>de</strong><br />

l'Armée, responsable<br />

<strong>de</strong><br />

la Protection civile pour<br />

le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Brasov, a été<br />

arrêté à la mi-janvier, pris<br />

la main dans le sac, en<br />

pleine nuit, avec <strong>de</strong>ux<br />

complices, en train <strong>de</strong><br />

détourner du carburant<br />

transitant par le réseau<br />

d'approvisionnement <strong>de</strong><br />

la société Petrotrans. Le<br />

gradé avait pratiqué un trou dans une canalisation et s'y approvisionnait<br />

régulièrement pour alimenter la station d'essence<br />

toute proche, appartenant à sa famille. Celle-ci avait été<br />

construite au milieu <strong>de</strong>s blocs, malgré <strong>les</strong> protestations <strong>de</strong>s<br />

riverains, mais avait obtenu toutes <strong>les</strong> autorisations nécessaires…<br />

dont celle <strong>de</strong> la Protection civile.<br />

Ce fait-divers illustre une nouvelle fois un aspect d'un <strong>de</strong>s<br />

trafics <strong>les</strong> plus répandus en Roumanie : celui <strong>de</strong> l'essence et du<br />

gas-oil au détriment <strong>de</strong>s compagnies nationa<strong>les</strong>. Un phénomène<br />

encouragé par le prix atteint par <strong>les</strong> carburants dans le pays,<br />

25 000 lei le litre (0,7 €, 4,70 F… soit l'équivalent <strong>de</strong> 8,5 €,<br />

56 F pour un Occi<strong>de</strong>ntal).<br />

Un souterrain <strong>de</strong> 250 mètres<br />

<strong>de</strong> long, doté <strong>de</strong> l'électricité<br />

Quelques semaines auparavant, c'est un<br />

juriste <strong>de</strong> Mizil qui avait été appréhendé<br />

pour avoir soustrait en <strong>de</strong>ux mois plusieurs<br />

milliers <strong>de</strong> m3 <strong>de</strong> carburant <strong>de</strong> type Euro 3,<br />

<strong>de</strong>stiné à l'exportation, d'une valeur d' un<br />

million d'euros. Ayant monté une société <strong>de</strong><br />

distribution <strong>de</strong> boisson comme couverture,<br />

il en remplissait <strong>les</strong> cuves après s'être branché<br />

sur l'oléoduc tout proche <strong>de</strong> son entreprise, reliant <strong>les</strong> raffineries<br />

<strong>de</strong> Ploiesti au port <strong>de</strong> Constantsa.<br />

Pour ce faire, l'individu avait fait construire un souterrain<br />

<strong>de</strong> 250 mètres <strong>de</strong> long, 1,70 m <strong>de</strong> haut, 1 m <strong>de</strong> large, doté <strong>de</strong><br />

l'électricité, comprenant <strong>de</strong>ux conduits, l'un pour l'essence,<br />

l'autre pour le gas-oil. L'installation aboutissait directement…dans<br />

sa cour et lui permettait <strong>de</strong> remplir une citerne <strong>de</strong><br />

10 tonnes en 8 heures, sous une pression <strong>de</strong> 5 bars. Il ne lui restait<br />

plus qu'à faire effectuer <strong>les</strong> livraisons vers <strong>les</strong> stations-services<br />

ou autres clients par un camion-citerne lui appartenant.<br />

La sécurité du transport était assurée par un policier à bord<br />

<strong>de</strong> sa jeep-Toyota d'une valeur <strong>de</strong> 35 000 € (230 000 F). Un<br />

<strong>de</strong> ses collègues, lui aussi dans le coup, s'était fait construire<br />

une villa <strong>de</strong> 150 000 € (un million <strong>de</strong> F), représentant un<br />

SSociété<br />

Canalisations sauvages branchées<br />

sur <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong>s compagnies pétrolières<br />

Essence à bon compte…<br />

et un trafic <strong>de</strong>venu sport national<br />

Branchement sauvage, archaïque<br />

(en haut, à gauche) ou galerie<br />

sophistiquée (ci-<strong>de</strong>ssus): le vol <strong>de</strong><br />

carburants a pris <strong>de</strong>s proportions inouïes.<br />

siècle <strong>de</strong> son salaire. Quant au juriste, il menait la belle vie…<br />

maison splendi<strong>de</strong>, grosses voitures et pourboires distribués<br />

générreusement à droite et à gauche.<br />

Ni vu, ni connu… 4 M€ détournés<br />

à la barbe <strong>de</strong>s sociétés pétrolières<br />

A Crevedia, près <strong>de</strong> Bucarest, <strong>les</strong> trafiquants s'étaient mis<br />

à quatorze pour installer un détournement sauvage <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

trois kilomètres <strong>de</strong> long, aboutissant en pleine nature, loin <strong>de</strong>s<br />

regards indiscrets. L'achat du seul tuyau <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment avait<br />

coûté 6000 € (40 000 F).<br />

Mais le plus ingénieux <strong>de</strong>s voleurs a été un habitant <strong>de</strong><br />

Constantsa qui a soustrait pour environ 4 M€ (26 MF) <strong>de</strong> carburant<br />

en un an, sans que la société spoliée ne s'en ren<strong>de</strong><br />

compte. Il s'était installé à côté même d'un dépôt <strong>de</strong> Petrotrans<br />

et avait branché plusieurs conduits passant sous la clôture.<br />

L'un approvisionnait une station clan<strong>de</strong>stine où <strong>les</strong> clients pouvaient<br />

venir se servir; un autre aboutissait dans un hangar et<br />

remplissait directement <strong>les</strong> cuves d'un camion, dont le chargement<br />

était caché par <strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> bouteil<strong>les</strong> <strong>de</strong> bière vi<strong>de</strong>s.<br />

Lorsque le plein était fait, celui-ci partait faire sa tournée <strong>de</strong><br />

livraison dans <strong>les</strong> stations services du secteur, à <strong>de</strong>s prix sans<br />

concurrence contre un paiement cash, en liqui<strong>de</strong>.<br />

Fuites entraînant <strong>de</strong>s pollutions<br />

Mais pour un trafic démasqué, combien<br />

continuent à prospérer à travers tout le<br />

pays ? Que <strong>de</strong> tels détournements puissent<br />

avoir lieu à la barbe <strong>de</strong>s sociétés pétrolières,<br />

parfois sans réaction <strong>de</strong> leur part, et<br />

durer aussi longtemps, en dit long sur l'ampleur<br />

<strong>de</strong>s complicités dont ils peuvent<br />

bénéficier. Dans la région <strong>de</strong> Constantsa, la<br />

plus touchée, un seul trafiquant avait été<br />

arrêté au cours <strong>de</strong> l'année 2000 où l'on estime<br />

à au moins 13 000 tonnes le carburant ayant disparu dans<br />

le ju<strong>de</strong>t cette année-là, et à 2000 <strong>les</strong> branchements clan<strong>de</strong>stins.<br />

La seule société Compet SA en a été victime <strong>de</strong> 300, le mois<br />

<strong>de</strong> juillet battant tous <strong>les</strong> records avec 40 installations<br />

trouvées. En outre, aucune enquête mettant en cause <strong>de</strong>s policiers,<br />

gradés ou non, fortement suspectés d'avoir prêté la main<br />

à ces vols, n'avait abouti.<br />

Outre ses répercussions économiques, ce phénomène a<br />

d'autres conséquences. Toujours dans <strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> Constantsa<br />

et voisins, <strong>de</strong>s dizaines d'hectares <strong>de</strong> terrains ont été pollués<br />

par <strong>de</strong>s fuites provenant <strong>de</strong> ces installations sauvages. Près <strong>de</strong><br />

Pitesti, trois trafiquants sont morts asphyxiés à la suite d'un<br />

dysfonctionnement du système qu'ils étaient en train <strong>de</strong> mettre<br />

en place et ayant entraîné <strong>de</strong>s émanations <strong>de</strong> gaz.<br />

22 17


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 18<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU MURES IASI<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

CONSTANTA<br />

BUCAREST<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

TURNU<br />

SEVERIN PLOIESTI <br />

<br />

Mise en place d'un<br />

nouveau co<strong>de</strong> pénal<br />

Le gouvernement s'apprête à<br />

mettre en place un nouveau co<strong>de</strong><br />

pénal qui répartira <strong>les</strong> faits tombant<br />

sous le coup <strong>de</strong> la loi en délits ou<br />

crimes, suivant leur gravité. Pour <strong>les</strong><br />

premiers, la peine principale sera <strong>les</strong><br />

travaux d'intérêt général, un système<br />

<strong>de</strong> jours-amen<strong>de</strong> étant prévu. Les<br />

délits passib<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison<br />

pourront être transformés en travaux<br />

pour <strong>les</strong> espaces verts.<br />

Rodica<br />

Stanoiu,<br />

ministre<br />

<strong>de</strong> la<br />

Justice.<br />

Les personnes juridiques pourront<br />

être condamnées pour <strong>les</strong> infractions<br />

commises, dissoutes ou suspendues,<br />

cette peine ne s'appliquant<br />

toutefois pas aux partis politiques, à<br />

la presse ou aux syndicats.<br />

Des dispositions nouvel<strong>les</strong> sont<br />

également introduites. L'interdiction<br />

<strong>de</strong> revenir au domicile familial en cas<br />

<strong>de</strong> violences sera étendue aux abus<br />

sexuels commis sur <strong>de</strong>s mineurs y<br />

vivant. Le clonage, l'interception <strong>de</strong>s<br />

communications téléphoniques, <strong>les</strong><br />

agissements arbitraires <strong>de</strong>s fonctionnaires,<br />

le terrorisme, <strong>les</strong> crimes et<br />

délits économiques, industriels, commerciaux,<br />

<strong>les</strong> agissements portant<br />

préjudice aux intérêts financiers <strong>de</strong><br />

l'Union Européenne seront désormais<br />

autant <strong>de</strong> faits justiciab<strong>les</strong>.<br />

Justice<br />

SSociété<br />

La Roumanie ne dispose toujours pas d'une justice indépendante, professionnelle<br />

et efficace"… Tel est le jugement sévère que porte l' "Open<br />

Society Institute" dans un rapport qu'il a remis au gouvernement roumain.<br />

Cet organisme, financé notamment par le milliardaire hongrois George Soros, basé à<br />

Budapest mais ayant <strong>de</strong>s antennes dans plusieurs pays, milite pour l'instauration <strong>de</strong><br />

sociétés ouvertes et démocratiques, une justice transparente, dans <strong>les</strong> Etats en voie <strong>de</strong><br />

développement ou qui ont été privés <strong>de</strong> libertés publiques.<br />

Les rapporteurs estiment que la situation ne s'est pas améliorée l'an passé. A leurs<br />

yeux, le ministère <strong>de</strong> la Justice, dirigée par Rodica Stanoiu, exerce une autorité et une<br />

surveillance injustifiées et démesurées sur l'administration et <strong>les</strong> juges eux-mêmes, l'évolution<br />

<strong>de</strong> leur carrière. Les inspecteurs du ministère font <strong>de</strong> l'ingérence manifeste,<br />

utilisent sans vergogne leur pouvoir d'influence, s'arrogent un droit <strong>de</strong> regard sur <strong>les</strong><br />

affaires en cours et le travail <strong>de</strong>s magistrats. Le Procureur général utilise sans limite la<br />

procédure <strong>de</strong> recours extraordinaires pour faire invali<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong> justice définitives<br />

qui ne lui conviennent pas, cette pratique se développant même.<br />

Le rapport relève aussi que <strong>les</strong> magistrats, nommés normalement par le Chef <strong>de</strong><br />

l'Etat sur proposition du Conseil Supérieur <strong>de</strong> la<br />

Magistrature, le sont en fait sur recommandation du<br />

ministère <strong>de</strong> la Justice qui a fait <strong>de</strong> cet organisme une<br />

annexe. Il est ainsi noté qu'il suffit d'une ancienneté <strong>de</strong> cinq<br />

années dans <strong>de</strong>s domaines concomitants à la Justice pour<br />

être admis au concours <strong>de</strong> magistrats, et au-<strong>de</strong>là, on peutêtre<br />

dispensé d'examen. En outre, <strong>les</strong> parlementaires, le<br />

ministre <strong>de</strong> la Justice, <strong>les</strong> secrétaires d'Etat, <strong>les</strong> employés<br />

du ministère ayant quelques connaissances dans le domaine,<br />

peuvent être nommés directement magistrats. En 2000,<br />

la totalité <strong>de</strong>s 70 nouveaux juges du pays ont été désignés<br />

<strong>de</strong> cette façon, et en 20<strong>01</strong>, 45 sur 53.<br />

77 % <strong>de</strong>s Roumains<br />

n’ont pas confiance dans leurs juges<br />

La Justice considérée comme<br />

la <strong>de</strong>uxième administration<br />

la plus corrompue du pays<br />

Une réforme qui tar<strong>de</strong> à voir le jour<br />

Tanase Joita, Procureur<br />

général <strong>de</strong> la République,<br />

aura fort à faire<br />

pour redonner <strong>de</strong> la<br />

crédibilité à ses services.<br />

Il en résulte une déprofessionnalisation <strong>de</strong> la fonction qui ne remplit pas sa mission.<br />

Si l'on ajoute à ces éléments que la Justice est considérée par l'opinion publique<br />

comme la <strong>de</strong>uxième administration la plus corrompue du pays, après celle <strong>de</strong>s<br />

douanes, il n'est pas étonnant <strong>de</strong> constater la chute <strong>de</strong> l'estime que lui accor<strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

Roumains.<br />

En novembre 1998, ils étaient déjà 62 % à ne pas lui faire confiance, un an plus<br />

tard ce chiffre était passé à 74 % et en novembre 2000, à 77 %. La presse, que Rodica<br />

Stanoiu a tenté <strong>de</strong> mettre au pas en voulant introduire une législation lui interdisant en<br />

fait toute investigation sur la nomenklatura, avec peines <strong>de</strong> prisons à la clé, fait fréquemment<br />

état <strong>de</strong> pots <strong>de</strong> vins, d'affaires arrangées, <strong>de</strong> sentences incompréhensib<strong>les</strong><br />

voire illéga<strong>les</strong>, d'ingérences <strong>de</strong> politiciens ou <strong>de</strong> personnes bien placées au cours <strong>de</strong><br />

l'instruction ou <strong>de</strong>s procès.<br />

La ministre <strong>de</strong> la Justice, dont le mari est également un <strong>de</strong>s plus hauts magistrats<br />

du pays -juge à la Cour Constitutionnelle - a bien promis une réforme s'appuyant sur<br />

une nouvelle loi. Mais, annoncée pour l'été 2002, celle-ci n'a pas encore vu le jour et<br />

s'élabore à l'abri <strong>de</strong>s regards <strong>de</strong>s spécialistes du domaine juridique et <strong>de</strong> la société civile.<br />

Enfin, " Open Society Institute" souligne que le manque <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong> personnel,<br />

<strong>de</strong> locaux <strong>de</strong> la Justice entrave son bon fonctionnement.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Justice<br />

Ioan Stoica et son épouse, Elena, peuvent se frotter <strong>les</strong><br />

mains. Les inventeurs <strong>de</strong> "Caritas", jeu pyramidal<br />

constituant une <strong>de</strong>s plus grosses escroqueries<br />

publiques du XXème siècle en Roumanie, ont vu <strong>les</strong> poursuites<br />

engagées contre eux abandonnées pour raison <strong>de</strong> prescription…<br />

Ainsi en a décidé en <strong>de</strong>rnier recours, la Cour<br />

d'Appel d'Ora<strong>de</strong>a, <strong>les</strong> sept ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> délai accordés par la<br />

loi pour rendre un verdict étant dépassés. Des centaines <strong>de</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> personnes, le plus souvent mo<strong>de</strong>stes, avaient été<br />

dépouillées <strong>de</strong> leurs économies.<br />

Procès déplacés, reportés, décisions cassées, grâces, etc…<br />

ont permis au couple d'échapper aux rigueurs <strong>de</strong> la loi, à la<br />

gran<strong>de</strong> colère <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> plaignants dont certains parlent<br />

<strong>de</strong> continuer une action en justice <strong>de</strong>vant la Cour Européenne<br />

<strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Homme <strong>de</strong> Strasbourg.<br />

Les victimes réclamaient 1 M€ à Ioan Stoica, somme très<br />

inférieure à cel<strong>les</strong> qui ont été englouties dans "Caritas" à travers<br />

tout le pays. Finalement, au bout du processus judiciaire,<br />

elle n'auront obtenu que 2900 € (19 000 F), Elena Stoica étant,<br />

elle, condamnée à verser 200 000 lei (6 €, 40 F), amen<strong>de</strong> qui<br />

a été graciée. Ioan Stoica aura effectué, en tout et pour tout, 21<br />

mois <strong>de</strong> prison préventive, une autre peine <strong>de</strong> 6 mois ayant été<br />

gracié. Il déclare vivre aujourd'hui avec sa pension <strong>de</strong> 800 000<br />

lei (25 €, 160 F) et dément avoir <strong>de</strong>s comptes à l'étranger.<br />

Une hystérie collective à travers le pays<br />

Le jeu pyramidal avait débuté en 1990 à Brasov, mais la<br />

ville étant en mauvaise posture financière, Ioan Stoica l'avait<br />

déplacé à Cluj, cité beaucoup opulente dont nombre <strong>de</strong><br />

citoyens s'enrichiront à cette occasion, achetant voitures,<br />

appartements. Cette opération se déroula sous le regard bienveillant<br />

du maire, l'ultra-nationaliste Gheorghe Funar. Pendant<br />

près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans "Caritas" y prospérera, promettant <strong>de</strong>s gains<br />

SSociété<br />

Le jeu pyramidal avait dépouillé <strong>de</strong> leurs<br />

économies <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> Roumains<br />

2900 euros d'amen<strong>de</strong> et 21 mois <strong>de</strong> prison<br />

pour Ioan Stoica, l'inventeur <strong>de</strong> "Caritas"<br />

s'élevant à huit fois leur mise en seulement trois mois à ceux<br />

qui y mettaient leurs fonds. Les premiers déposants, surtout<br />

<strong>de</strong>s Clujois, furent <strong>les</strong> principaux gagnants, comme le veut le<br />

principe boule <strong>de</strong> neige du système pyramidal… jusqu'à l'avalanche<br />

et l'immanquable catastrophe finale.<br />

Le succès du jeu sera vertigineux, provoquant une véritable<br />

hystérie collective à laquelle il était très difficile <strong>de</strong> résister,<br />

à travers un pays qui découvrait tout juste le capitalisme,<br />

l'assimilant à un moyen <strong>de</strong> s'enrichir vite et sans effort.<br />

La passivité du gouvernement<br />

Des centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> petits épargnants, venus <strong>de</strong><br />

toute la Roumanie, firent le déplacement pour confier leurs<br />

mo<strong>de</strong>stes économies; <strong>de</strong>s paysans vendirent leur bétail pour se<br />

constituer un viatique leur permettant <strong>de</strong> jouer; <strong>de</strong>s retraités<br />

apportèrent leur maigre pension; <strong>de</strong>s jeunes mariés gaspillèrent<br />

la dot collectée au cours <strong>de</strong> leurs noces. Certains, sans<br />

argent, empruntèrent; d'autres vinrent avec <strong>les</strong> sommes que<br />

leur avaient remises leur famil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> voisins.<br />

Tous se retrouvèrent à Cluj, dans un univers familier et<br />

qu'ils venaient tout juste <strong>de</strong> quitter : <strong>les</strong> interminab<strong>les</strong> queues.<br />

Elle atteignirent jusqu'à plusieurs jours pour accé<strong>de</strong>r à l'antre<br />

<strong>de</strong> "Caritas" que Ioan Stoica avait fait entourer <strong>de</strong> vigi<strong>les</strong><br />

chargés d'écarter <strong>les</strong> curieux, <strong>les</strong> journalistes et <strong>les</strong> sceptiques…<br />

Tout cela à la barbe du gouvernement (prési<strong>de</strong>nt Ion<br />

Iliescu, Premiers ministres <strong>de</strong> l'époque : Petre Roman, Teodor<br />

Stolojan) qui ne bougea pas et laissa faire <strong>les</strong> choses jusqu'à<br />

l'effondrement du jeu, en septembre 1992.<br />

En 1994, en Albanie, un jeu pyramidal i<strong>de</strong>ntique provoqua<br />

la chute du régime et conduisit à un début <strong>de</strong> guerre civile,<br />

avec <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> morts. En Roumanie, <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong><br />

ressusciter "Caritas" sous une autre forme apparaissent régulièrement.<br />

Mais, cette fois-ci, <strong>les</strong> autorités veillent au grain…<br />

“Moche”... mais généreuse<br />

Vice-championne du mon<strong>de</strong> du 1500 m, Violeta Beclea-Szekely (notre photo) a gagné le<br />

procès en diffamation qu'elle avait intenté à Gabriela Szabo. La multi-championne olympique<br />

avait déclaré que si sa compatriote et rivale, à laquelle une profon<strong>de</strong> inimitié l'oppose,<br />

n'était pas invitée à certains meetings d'athlétisme, ce n'était pas parce qu'elle faisait pression auprès<br />

<strong>de</strong>s organisateurs pour l'évincer, mais parce que ceux-ci estimaient qu'elle était… si lai<strong>de</strong> qu'elle ferait<br />

peur au public! Peu sensible à cette gracieuseté féminine, le tribunal <strong>de</strong> Bucarest appelé à statuer sur<br />

l'affaire, a condamné la belle "Gaby" à verser 5000 € (33 000 F) <strong>de</strong> dommages et intérêts à la "moche" Violeta qui lui en réclamait<br />

150 000 (un million <strong>de</strong> F), ainsi qu'à une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 250 € (1650 F) et aux remboursement <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> procédure.<br />

Ne pas savoir tenir sa langue coûte cher à la championne, déjà condamnée à verser 10 000 € (65 000 F) à l'entraîneuse française<br />

d'origine roumaine, Carmen Hodos, pour avoir soutenu qu'elle se droguait. Du fait <strong>de</strong> l'accumulation <strong>de</strong> ces condamnations figurant<br />

sur son casier judiciaire, Gabriela Szabo ne peut plus prétendre à <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> direction dans l'athlétisme roumain, ni au<br />

sein du Comité Olympique <strong>de</strong> son pays, comme cela se pratique couramment à la fin d'une carrière sportive. Quand à Violeta, qui<br />

n'a jamais pu remporter un titre mondial ou olympique, Gabriela se mettant toujours en travers <strong>de</strong> son chemin, elle a montré que<br />

la vraie beauté,qui comptait, était celle du cœur : la gran<strong>de</strong> championne a décidé <strong>de</strong> remettre son chèque à une œuvre caritative.<br />

22 19


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ TARGU<br />

MURES<br />

IASI<br />

PANCOTA<br />

<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU BRASOV<br />

<br />

22 20<br />

PITESTI<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

CERNAVODA<br />

<br />

<br />

BUCAREST <br />

CONSTANTA<br />

A peine 4 % du<br />

vignoble en état<br />

<strong>de</strong> produire du vin<br />

Sur <strong>les</strong> pentes <strong>de</strong>s monts Zarand,<br />

première bosses <strong>de</strong>s Apuseni au<br />

pied <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> vient mourir l'immense<br />

et morne plaie hongroise, pousse<br />

<strong>de</strong>puis plus d'un millénaire un<br />

vignoble qui donne <strong>de</strong>s vins <strong>de</strong><br />

moyenne qualité, dont le plus côté<br />

est le Minis, mais qui représentait<br />

une activité importante jusqu'à la<br />

"Révolution". A Pâncota, 380 hectares<br />

étaient plantés en vigne. Avant<br />

le communisme, chaque famille propriétaire<br />

produisait 20 hectolitres,<br />

dont une bonne partie pour sa propre<br />

consommation, soit au total 20 000<br />

hl, auxquels il fallait ajouter la production<br />

industrielle. Blanc, rouge,<br />

cabernet, sauvignon, merlot étaient<br />

<strong>les</strong> cépages du crû, le petit village<br />

<strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>rat (5 km) étant connu pour<br />

son "mustoasa" (issu du moût) blanc,<br />

appelé en Allemagne "Mustafer".<br />

Après 1990, pendant une ou <strong>de</strong>ux<br />

années, l'exploitation a continué.<br />

Puis la coopérative viticole a arrêté<br />

son exploitation. N'étant plus surveillées,<br />

laissées à l'abandon, <strong>les</strong><br />

vignes ont été saccagées, le bois <strong>de</strong>s<br />

cabanes, <strong>les</strong> fils <strong>de</strong>s espaliers, volés,<br />

<strong>les</strong> structures et le matériel ont disparu.<br />

L'Etat <strong>de</strong>vait redistribuer <strong>les</strong> terrains<br />

mais, douze ans après, très<br />

peu <strong>de</strong> titres <strong>de</strong> propriété avaient été<br />

attribués ou restitués, <strong>les</strong> anciens<br />

propriétaires ne se bousculant pas<br />

pour <strong>les</strong> récupérer : replanter la vigne<br />

exige un investissement <strong>de</strong> 20 millions<br />

<strong>de</strong> lei (600 €, 4000 F par hectare)<br />

et rares sont ceux qui en ont <strong>les</strong><br />

moyens. Aujourd'hui, 15 ha sur 380<br />

sont cultivés, soit à peine 4 % du<br />

vignoble.<br />

Mon village<br />

SSociété<br />

Pâncota était fière <strong>de</strong> sa fabrique <strong>de</strong> meub<strong>les</strong>, la première du pays pour l'exportation<br />

à laquelle elle consacrait 98 % <strong>de</strong> sa fabrication. Elle avait été<br />

créée en 1912 par un Français, Marcel Thonet, spécialiste et promoteur du<br />

meuble courbé. Celui-ci avait choisi la petite ville du nord du Banat parce qu'elle se<br />

trouvait sur un nœud routier et ferroviaire, et était <strong>de</strong>venue un important carrefour<br />

commercial avec son marché aux chevaux célèbre dans tout le pays. Au début, la<br />

fabrique comptait une centaine d'employés, travaillant selon le système <strong>de</strong>s 3 x 8,<br />

fabriquant 400 chaises par jour; puis leur nombre grimpa à 250 dans <strong>les</strong> années 20.<br />

L'arrivée <strong>de</strong>s communistes amena sa nationalisation en 1948 où, en hommage au<br />

"grand frère" soviétique, elle prit le nom <strong>de</strong> "Rasaritul" ("Là où le soleil se lève"). Le<br />

développement <strong>de</strong> l'entreprise fut exponentiel. Elle <strong>de</strong>vint la plus gran<strong>de</strong> fabrique <strong>de</strong><br />

meub<strong>les</strong> courbés d'Europe, exporta en Belgique, Suisse, France, Allemagne, Suè<strong>de</strong>.<br />

Les chaises <strong>de</strong> Pâncota étaient connues dans le mon<strong>de</strong> entier. On en trouvait dans<br />

<strong>les</strong> bars en Amérique. Devant le carnet <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s bien rempli, <strong>les</strong> 2100 employés<br />

que l'usine compta durent même travailler le dimanche. Ils venaient <strong>de</strong> toute la région,<br />

par <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> navettes <strong>de</strong> cars et <strong>de</strong> trains.<br />

Un repreneur allemand <strong>de</strong> rêve évincé<br />

au profit d'un cadre <strong>de</strong> l'ancien régime<br />

Après la "Révolution <strong>de</strong> 1989", l'entreprise se transforma en société commerciale<br />

à capital d'Etat,<br />

d é n o m m é e<br />

"Pâncota S.A.",<br />

n'employant plus<br />

bientôt que 1450<br />

personnes. C'était<br />

le début <strong>de</strong> la<br />

déconfiture, laquelle<br />

s'acheva par sa<br />

privatisation, en<br />

1998. Pourtant, à<br />

cette occasion, une<br />

chance exceptionnelle<br />

se présenta<br />

sous la forme d'un<br />

La petite ville du Banat était fière<br />

<strong>de</strong> ses chaises courbées<br />

que l'on trouvait dans le mon<strong>de</strong> entier<br />

A la fabrique <strong>de</strong> meub<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> Pâncota, capitalisme<br />

rime désormais avec Moyen-Age<br />

En 1998, lors <strong>de</strong> sa privatisation, le choix d’un nomenclaturiste<br />

à la place d’une firme alleman<strong>de</strong> sérieuse, condamnait déja<br />

la fabrique <strong>de</strong> meub<strong>les</strong> <strong>de</strong> Pâncota à la déconfiture.<br />

candidat à la reprise allemand qui posa sa candidature lors <strong>de</strong> la mise aux enchères par<br />

le FPS (Fonds <strong>de</strong> Privatisation d'Etat). Cette grosse firme d'Outre-Rhin proposait <strong>de</strong><br />

payer cash l'acquisition, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser l'usine, <strong>de</strong> ne pas procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s licenciements<br />

pendant <strong>les</strong> cinq années à venir et <strong>de</strong> verser <strong>de</strong>s salaires moyens nets <strong>de</strong> 3 millions <strong>de</strong><br />

lei (90 €, 600 F). Un rêve dans une Roumanie où l'économie s'était effondrée!<br />

Mais <strong>les</strong> Allemands eurent sans-doute le tort <strong>de</strong> ne pas avoir "le geste qu'il faut"<br />

et la décision traîna en longueur sous l'influence d'un autre repreneur potentiel qui<br />

leur souffla l'affaire. Celui-ci, ancien haut fonctionnaire <strong>de</strong> Bucarest, chargé sous le<br />

communisme <strong>de</strong> l'exportation <strong>de</strong>s meub<strong>les</strong> roumains et qui, bénéficiant <strong>de</strong> ses<br />

connaissances, s'était reconverti dans le capitalisme, avait déjà acquis une entreprise à<br />

Bacau. Avec tout "son savoir-faire", il racheta la fabrique <strong>de</strong> Pâncota pour 2,5 milliards<br />

<strong>de</strong> lei… alors qu'elle était estimée à 15 milliards <strong>de</strong> lei.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe SSociété<br />

Un milliers <strong>de</strong> licenciés<br />

qui vivent <strong>de</strong>s légumes <strong>de</strong> leur jardin<br />

Quatre ans plus tard, alors que son nouveau propriétaire<br />

n'est venu sur <strong>les</strong> lieux que 3-4 fois, l'entreprise touche le fond.<br />

En un mois, elle ne fabrique plus que ce qu'elle faisait en un<br />

jour. Sa réputation a chuté, car ses meub<strong>les</strong> sont mélangés avec<br />

ceux <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Bacau, dont la<br />

qualité est moindre. La gestion a<br />

été déplorable et apparaît louche.<br />

L'usine vend sa production à l'entreprise<br />

d'import-export <strong>de</strong> la<br />

femme du propriétaire, qui touche<br />

ainsi au passage une commission<br />

<strong>de</strong> 7 %, ce qui lui permet <strong>de</strong> minorer<br />

son bilan et <strong>de</strong> payer moins <strong>de</strong><br />

taxes.<br />

Plus d'un millier d'employés<br />

ont été licenciés et il n'en reste<br />

plus que 250. Les autres ont touché<br />

le chômage pendant neuf mois<br />

et vivent désormais le plus sou-<br />

vent avec ce que peuvent leur rapporter leurs champs ou leur<br />

jardin. Car il est pratiquement impossible <strong>de</strong> retrouver du travail<br />

dans la région. Des <strong>de</strong>ux mastodontes qui permettaient<br />

autrefois d'assurer le plein emploi, l'un, le combinat chimique<br />

<strong>de</strong> Vladimirescu, pollueur patenté du secteur, a fermé ses<br />

portes, l'autre, le fabricant <strong>de</strong> wagons UVA d'Arad, <strong>de</strong>venu<br />

ASTRA, a réduit ses effectifs <strong>de</strong> 15 000 à 1000 ouvriers.<br />

Des bons d'alimentation en guise <strong>de</strong> salaire<br />

Les chanceux qui sont restés ne sont pourtant pas mieux<br />

lotis. Alors que le salaire mensuel net minimum était <strong>de</strong> 1,750<br />

millions <strong>de</strong> lei (53 €, 350 F), l'année <strong>de</strong>rnière, ils ne touchaient<br />

que 500 000 lei (15 €, 100 F), non pas en espèces, mais sous<br />

forme <strong>de</strong> bons d'achats négociab<strong>les</strong> seulement dans 3 ou 4<br />

magasins alimentaires <strong>de</strong> Pâncota et uniquement pour <strong>de</strong> la<br />

nourriture. Pas question d'y acheter <strong>de</strong> la bière, du vin, du<br />

tabac, ni d'essence, pas plus que d'aller faire <strong>de</strong>s courses à<br />

Arad, où cette "monnaie <strong>de</strong> singe" n'est pas reconnue.<br />

Normalement, ces employés auraient dû recevoir 22 bons <strong>de</strong><br />

45 000 lei, mais l'entreprise ne leur en délivre que dix. En<br />

outre, ce système <strong>les</strong> humilie en <strong>les</strong> réduisant à l'état <strong>de</strong>s nécessiteux<br />

dont on surveille <strong>les</strong> dépenses.<br />

L'Inspection du Travail d'Arad ne trouve rien à redire.<br />

N'est-elle pas assez curieuse ? Lors <strong>de</strong> sa venue dans la commune<br />

pour enquêter sur une firme italienne <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong><br />

vêtements, un inspecteur n'a pas remarqué que <strong>les</strong> cotisations<br />

chômage et retraite <strong>de</strong>s employés n'étaient pas acquittées. Il est<br />

reparti <strong>les</strong> mains vi<strong>de</strong>s… et le coffre <strong>de</strong> sa voiture plein <strong>de</strong><br />

vêtements. Depuis l'entreprise a fermé ses portes et le personnel<br />

ne peut pas toucher le chômage, faute d'avoir cotisé.<br />

"Ceux qui ne sont pas contents prennent la porte"<br />

Avant d'en arriver à avoir leur salaire versé sous forme <strong>de</strong><br />

saucisses ou <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre, <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> la fabrique<br />

<strong>de</strong> meub<strong>les</strong> ont vu leur condition empirer. Ils ont perdu la<br />

"prime pour <strong>les</strong> 3 x 8", du fait <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> l'activité; puis ce<br />

fut le tour <strong>de</strong> la "prime <strong>de</strong> pénibilité" (20 % du salaire), versée<br />

pour le déchargement <strong>de</strong>s camions, suspendue parce que le<br />

patron avait déclaré ne plus avoir d'argent.<br />

La "prime <strong>de</strong> nocivité" (20 %) a été également supprimée.<br />

Elle représentait 400 000 lei ( 12 €, 80 F) par mois et était justifiée<br />

par l'importante pollution<br />

qui règne dans <strong>les</strong> ateliers du fait<br />

du traitement du bois et <strong>de</strong> son<br />

ponçage à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> papier <strong>de</strong><br />

verre, lequel soulève un nuage<br />

permanent <strong>de</strong> poussière, amenant<br />

<strong>de</strong> nombreuses tuberculoses, <strong>de</strong>s<br />

emphysèmes. Des maladies oculaires<br />

sont également provoquées<br />

par la pulvérisation <strong>de</strong> laques, et<br />

<strong>les</strong> ouvrières qui <strong>les</strong> subissent ont<br />

<strong>les</strong> yeux qui pleurent. Les nou-<br />

La vente <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> leurs jardins,<br />

ici dans la rue principale <strong>de</strong> Pâncota, permet<br />

à <strong>de</strong> nombreux chômeurs <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> survivre.<br />

veaux embauchés mettent plusieurs<br />

mois à s'habituer aux<br />

o<strong>de</strong>urs épouvantab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s lieux<br />

et présentent souvent <strong>de</strong>s réactions d'allergie sur <strong>les</strong> bras.<br />

Pour autant, l'Inspection du Travail n'a rien remarqué. Elle<br />

était venue constater <strong>les</strong> faits à la reprise du travail, un lundi<br />

matin, alors que la fabrique n'avait pas fonctionné pendant tout<br />

le week-end. "Pas <strong>de</strong> pollution, pas <strong>de</strong> prime" a donc décidé la<br />

direction, se basant sur le rapport <strong>de</strong> l'inspecteur, provoquant<br />

un mouvement <strong>de</strong> révolte qu'elle a vite endigué : "Ceux qui ne<br />

sont pas contents, prennent la porte".<br />

Fatalisme <strong>de</strong>vant la retraite qui s'envole<br />

En juin <strong>de</strong>rnier, une autre ombre est venue noircir le<br />

tableau. Un vieil ouvrier s'est rendu compte qu'il lui manquait<br />

<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> cotisation pour le supplément retraite. Un ancien<br />

chef-comptable, qui a disparu <strong>de</strong> la circulation <strong>de</strong>puis, avait<br />

omis <strong>de</strong> <strong>les</strong> verser pour quelques 800 employés sur une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 25 ans, leur réservant sans-doute une autre <strong>de</strong>stination.<br />

Aujourd'hui, <strong>les</strong> personnes lésées se retrouveront, au moment<br />

<strong>de</strong> leur cessation d'activité, avec 28 annuités au lieu <strong>de</strong>s 35<br />

exigées pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Leur pension<br />

ne sera plus que <strong>de</strong> 900 000 lei (27 €, 180 F) au lieu <strong>de</strong>s<br />

1,4 millions <strong>de</strong> lei (42 €, 280 F) auxquels el<strong>les</strong> ont droit, perdant<br />

ainsi 36 % d'un futur revenu qui, complet, ne leur permettrait<br />

déjà pas <strong>de</strong> subsister.<br />

La nouvelle a suscité un vent <strong>de</strong> panique à la fabrique. Les<br />

employés se sont précipités dans le bureau du personnel pour<br />

consulter leur carnet <strong>de</strong> travail, où sont consignés tous <strong>les</strong> éléments<br />

ayant trait à leur carrière. Ils ont été éconduits sans pouvoir<br />

y avoir accès.<br />

La mouvement <strong>de</strong> colère s'est arrêté là, le fatalisme l'emportant.<br />

Les plus jeunes comptent sur <strong>les</strong> années à venir pour<br />

trouver un moyen <strong>de</strong> combler ce manque à gagner. Les anciens<br />

se sont retrouvés seuls, découragés à l'avance, à l'idée d'aller<br />

intenter un procès à Arad, bien que dans le cadre <strong>de</strong> la législation<br />

du travail, cette procédure soit entièrement gratuite.<br />

Marian Munteanu<br />

21


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU IASI<br />

<br />

ARAD CLUJ<br />

MURES<br />

<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BACAU <br />

BRASOV<br />

TIMISOARA<br />

CPL<br />

MUSCEL<br />

PITESTI <br />

GALATI<br />

BRAILA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

"Te casse pas la tête,<br />

çà marche comme çà"<br />

Berlines, breaks, pick-up ou<br />

camionnettes… on voit encore bon<br />

nombre <strong>de</strong> Dacia circuler. Très populaires<br />

et accessib<strong>les</strong> au plus grand<br />

nombre, el<strong>les</strong> sont aussi employées<br />

comme charrettes, transportant<br />

cochons, poulets, bottes <strong>de</strong> foin, bois.<br />

La reprise <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Pitesti par<br />

Renault, en 1999, n'a pas conduit à<br />

toutes <strong>les</strong> améliorations attendues,<br />

leurs acquéreurs <strong>de</strong>vant se montrer<br />

bricoleurs et la finition laissant à désirer.<br />

"Te casses pas la tête, çà marche<br />

comme çà !" dit-on en Roumanie.<br />

La marque a sorti <strong>de</strong>ux modè<strong>les</strong><br />

un peu plus élaborés, avec moteur<br />

Renault, la Dacia SuperNova (5000<br />

€, 33 000 F), et un pick-up pour <strong>les</strong><br />

petits entrepreneurs (6000 €,<br />

40 000 F), mais elle doit faire face à<br />

la ru<strong>de</strong> concurrence <strong>de</strong>s voitures<br />

d'occasion venues <strong>de</strong> façon plus ou<br />

moins léga<strong>les</strong> <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'UE. Ces<br />

véhicu<strong>les</strong> beaucoup plus fiab<strong>les</strong> et<br />

confortab<strong>les</strong> séduisent <strong>de</strong> plus en<br />

plus <strong>de</strong> Roumains qui peuvent s'offrir<br />

une Golf ou une Passat Volkswagen<br />

pour le prix d'une Dacia neuve.<br />

Les marques françaises, Renault,<br />

Peugeot, Citroën, sont présentes en<br />

Roumanie, mais moins appréciées<br />

parce que leurs prix sont plus élevés<br />

et, aux yeux <strong>de</strong>s Roumains, leur<br />

mécanique est plus compliquée que<br />

celle <strong>de</strong>s voitures alleman<strong>de</strong>s.<br />

Dacia-Renault <strong>de</strong>vrait se rattraper<br />

avec la X 90, à 5000 € qu'il s'apprête<br />

à sortir <strong>de</strong> son usine <strong>de</strong> Pitesti. Le<br />

lancement <strong>de</strong> cette voiture entièrement<br />

différente, mo<strong>de</strong>rne et "écobasique",<br />

la moins chère du mon<strong>de</strong>, est<br />

prévu cet automne, à l'occasion, du<br />

salon automobile <strong>de</strong> Bucarest .<br />

<br />

<br />

<br />

TULCEA<br />

Vie quotidienne<br />

SSociété<br />

Lancée en 1968, la Renault 12 roumaine<br />

est entrée vivante dans la légen<strong>de</strong><br />

Au milieu <strong>de</strong>s années 60, Ceausescu s'était mis en tête <strong>de</strong> montrer la puissance<br />

économique <strong>de</strong> son régime en se lançant dans la construction d'une<br />

petite voiture, <strong>les</strong> grosses limousines soviétiques, Volga ou Tcheika, ne<br />

correspondant pas aux aspirations populaires. Une certaine tradition existait dans le<br />

pays mais, jusque là, la production se limitait à la fabrication <strong>de</strong> 4x4, <strong>les</strong> IMS, ancêtres<br />

<strong>de</strong>s ARO <strong>de</strong> nos jours, à Câmpulung Muscel, et à celle <strong>de</strong> camions et <strong>de</strong> tracteurs à<br />

Brasov, le tout sous licence soviétique, une bonne partie <strong>de</strong> ces véhicu<strong>les</strong> y étant<br />

exportés.<br />

Ceausescu se tourna vers <strong>de</strong>s fabricants occi<strong>de</strong>ntaux. Toyota semblait le mieux<br />

placé, mais la pression <strong>de</strong>s pays européens, qui redoutaient l'irruption <strong>de</strong>s Japonais sur<br />

leur marché, aurait décidé le "Conducator" a opté pour Renault. Une usine a donc été<br />

construite à Pitesti, avec l'ai<strong>de</strong> du constructeur français. La fabrication a débuté en<br />

1968 avec la Dacia 1100, inspirée <strong>de</strong> la R8, dont le premier exemplaire fût remis à<br />

Ceausescu et qui se trouve exposé aujourd'hui dans le hall <strong>de</strong> l'usine.<br />

Des carrosseries qui rouillaient trois-quatre ans après l'achat<br />

La marque prit son envol au tout début <strong>de</strong>s années 70 quand, en même temps<br />

qu'en France, sortait la Dacia 1300, en fait la R 12, une voiture dont rêvaient tous <strong>les</strong><br />

Roumains, séduits par son élégance, sa maniabilité, son confort, sa mécanique assez<br />

simple. Les premières séries<br />

furent achetées, comme <strong>de</strong><br />

juste, par la haute et moyenne<br />

nomenklatura. Il fallait<br />

débourser à l'époque 70 000<br />

lei, soit cinq ans <strong>de</strong> salaire. La<br />

qualité était assez bonne car,<br />

au début, ce modèle était produit<br />

sous la surveillance et<br />

avec l'assistance technique<br />

<strong>de</strong>s spécialistes français.<br />

Au fil <strong>de</strong>s années, la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'est faite <strong>de</strong> plus en<br />

plus forte… alors que la qua-<br />

lité commençait à baisser, Renault ayant cessé sa collaboration en 1978. Les carrosseries<br />

rouillaient trois-quatre ans après l'achat. Sont apparus alors une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

tôliers-carrossiers - on en comptait un pour cent Dacia ! - qui firent <strong>de</strong>s prodiges et<br />

<strong>de</strong>meurent encore aujourd'hui <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> experts.<br />

Ils <strong>de</strong>vaient procé<strong>de</strong>r à l'"antiphonage" qui consiste à découper la tôle pourrie, en<br />

sou<strong>de</strong>r une neuve au chalumeau, peindre en <strong>de</strong>ssous avec du mastic puis avec <strong>de</strong> la<br />

peinture résistante à l'eau, et finalement repeindre toute la carrosserie.<br />

Une telle réparation exige <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à quatre semaines et, <strong>de</strong> nos jours, coûte entre<br />

500 et 800 € (3300-5300 F). Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, il faut faire attention<br />

aux escrocs qui bouchent <strong>les</strong> trous <strong>de</strong> rouille avec du mastic, voire du papier toilette,<br />

recouverts <strong>de</strong> peinture ou <strong>de</strong> vernis.<br />

La fierté <strong>de</strong> la famille<br />

La saga <strong>de</strong>s Dacia<br />

Le sens pratique <strong>de</strong>s Roumains <strong>les</strong> a amenés<br />

à inventer un usage multi-fonctions pour leur Dacia.<br />

De nos jours, la Dacia 1300 est <strong>de</strong>venue la voiture <strong>de</strong> la classe moyenne, celle qui<br />

gagne autour <strong>de</strong> 100 € par mois. S'acheter un véhicule neuf n'est pas aussi facile que<br />

çà. Une Dacia coûte entre 3000 et 5000 € (20 000-33 000 F), ce qui est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s<br />

possibilités <strong>de</strong> l'énorme majorité <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>. On n'en vend d'ailleurs qu'à peine 60<br />

000 par an dont 40 000 voitures <strong>de</strong> tourisme.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Autrefois, la voiture était un objet <strong>de</strong> fierté pour toute la<br />

famille et celle-ci mobilisait l'ensemble <strong>de</strong> ses moyens pour<br />

pouvoir effectuer l'acquisition.<br />

Vers 1980, un système <strong>de</strong> crédit - nouveauté pour le régime<br />

- avait été mis en place par la Caisse d'Epargne. Il fallait<br />

déposer 50 % du prix du véhicule<br />

et payer le reste en mensualités<br />

pendant trois ans… temps<br />

minimum d'ailleurs nécessaire à<br />

sa livraison. Avec le reçu <strong>de</strong> la<br />

Caisse d'Epargne, on se rendait<br />

au service commercial <strong>de</strong> Dacia<br />

qui attribuait un numéro d'ordre,<br />

pour la comman<strong>de</strong>. Il ne restait<br />

plus qu'à patienter…<br />

Une blague <strong>de</strong> l'époque<br />

voulait que lorsque le ven<strong>de</strong>ur<br />

avait fixé la date <strong>de</strong> livraison,<br />

donc plusieurs année plus tard,<br />

l'acheteur se fasse préciser si<br />

celle-ci <strong>de</strong>vait se faire le matin<br />

ou l'après-midi… le plombier<br />

<strong>de</strong>vant passer réparer l'évier <strong>de</strong> la cuisine ce jour-là.<br />

Les Dacia noires <strong>de</strong> la Securitate redoutées<br />

Bien sûr, il existait <strong>de</strong>s passe-droits. Les comités départementaux<br />

du parti communiste approuvaient pour la nomenklatura<br />

locale l'achat immédiat d'une Dacia. Les <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table<br />

existaient aussi pour faire raccourcir <strong>les</strong> délais.<br />

Les Roumains redoutaient par <strong>de</strong>ssus-tout <strong>les</strong> Dacia<br />

noires. Voitures soli<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> bonne qualité, el<strong>les</strong> n'étaient pas<br />

<strong>de</strong>stinées à la population mais à l'appareil d'Etat, au parti communiste,<br />

à la police et à la Securitate. Toujours vers 1980, une<br />

Dacia 2000 est apparue réservée à la très haute nomenklatura,<br />

mais dont seulement 200 exemplaires ont été construits. Il<br />

s'agissait en fait <strong>de</strong> la Renault 30 qui arrivait en Roumanie pratiquement<br />

terminée, l'usine <strong>de</strong> Pitesti se contentant <strong>de</strong> monter<br />

<strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> moindre importance comme <strong>les</strong> sièges ou <strong>les</strong><br />

pare-chocs.<br />

La Roumanie exportait aussi - et exporte toujours - <strong>de</strong>s<br />

Dacia <strong>de</strong> meilleure qualité vers divers Etats <strong>de</strong> l'Amérique latine,<br />

la Chine, ou d'autres pays dépourvus <strong>de</strong> constructeurs automobi<strong>les</strong>.<br />

Mais <strong>de</strong>s problèmes apparaissent fréquemment. Une<br />

anecdote voulait que <strong>les</strong> importateurs étrangers lorsqu'ils vérifiaient<br />

leurs lots <strong>de</strong> voitures, démontent <strong>les</strong> portes d'une Dacia<br />

pour <strong>les</strong> remonter sur une autre… et finalement constater que<br />

çà ne marchait jamais. A la décharge <strong>de</strong>s employés du<br />

constructeur : machines, outillage, mou<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> carrosseries<br />

n'avaient pas été changés <strong>de</strong>puis la construction <strong>de</strong> l'usine.<br />

Etre à la fois mécano, électricien, tôlier<br />

Plus le temps passait <strong>de</strong>puis l'apparition <strong>de</strong> Dacia, plus la<br />

qualité s'effondrait. Après la tôle, c'est la mécanique qui<br />

lâchait. Avec la folie <strong>de</strong>s économies à tout prix que le régime<br />

avait décidé <strong>de</strong> réaliser, notamment en important au minimum,<br />

on est allé jusqu'à installer <strong>de</strong>s pièces d'occasion, prises sur<br />

SSociété<br />

d'anciennes voitures, sur <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> neufs. Moteur, boîte <strong>de</strong><br />

vitesse, cardans pouvaient casser au bout <strong>de</strong> seulement 500-<br />

600 km, l'installation électrique ne plus fonctionner. Parfois,<br />

c'est le faisceau électrique qui brûlait sans raison précise… ou<br />

bien <strong>de</strong>s roues se détachaient.<br />

Les problèmes posés par <strong>les</strong><br />

Dacia étaient <strong>de</strong>venus si nombreux<br />

qu'un voyage avec une<br />

telle voiture <strong>de</strong>venait une vraie<br />

aventure. Son conducteur <strong>de</strong>vait<br />

absolument être à la fois, mécano,<br />

électricien, tôlier, et avoir<br />

toujours à bord un minimum<br />

d'outils pour se dépanner : clés,<br />

tournevis, pinces, marteau…<br />

sans oublier <strong>les</strong> indispensab<strong>les</strong><br />

rustines et la colle.<br />

Vu l'état <strong>de</strong>s routes mais<br />

aussi la mauvaise qualité <strong>de</strong>s<br />

pneus, <strong>les</strong> crevaisons étaient - et<br />

sont toujours - si fréquentes,<br />

que la chambre à air, usée, crevait<br />

au passage du moindre trou ou obstacle. L'auteur <strong>de</strong> ces<br />

lignes a crevé sept fois en allant <strong>de</strong> chez lui à Sibiu, distant <strong>de</strong><br />

40 km, et a dû réparer seul en pleine nuit, égrenant tout le chapelet<br />

<strong>de</strong> jurons qu'il connaissait.<br />

C'est ce problème qui a entraîné l'apparition <strong>de</strong> nombreux<br />

"Vulcanizare" (réparateurs <strong>de</strong> pneumatiques) dans toute la<br />

Roumanie. Quant à la suspension, appréciée pour sa soup<strong>les</strong>se<br />

lorsque la voiture est neuve, elle s'abîme vite avec <strong>les</strong> trous.<br />

Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il faut changer<br />

<strong>les</strong> silentblocs, <strong>les</strong> rotu<strong>les</strong> et autres éléments.<br />

Un véhicule fonctionnel transformé en basse-cour<br />

pour ce ven<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> poulets sur un marché du Banat.<br />

Pas regardante pour le carburant<br />

L'apparition <strong>de</strong> fabricants <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange spécifiques<br />

aux Dacia est un phénomène beaucoup plus récent et<br />

grave : produites à moindre coût par <strong>de</strong>s entreprises ayant un<br />

minimum <strong>de</strong> machines, leur qualité est plus que douteuse et<br />

el<strong>les</strong> peuvent conduire à <strong>de</strong>s tragédies à la suite <strong>de</strong> défaillances<br />

du freinage ou <strong>de</strong> la direction, sans parler <strong>de</strong> la pollution<br />

engendrée.<br />

Bon nombre <strong>de</strong> Dacia fument à cause <strong>de</strong> leurs moteurs très<br />

anciens, souvent mal réglés pour consommer le moins possible,<br />

mais aussi à cause <strong>de</strong> la mauvaise qualité du carburant.<br />

On dit que <strong>les</strong> Dacia en acceptent <strong>de</strong> toutes sortes, à l'exception<br />

du gas-oil : gaz liqui<strong>de</strong> sortant <strong>de</strong> la terre, solvants, etc…<br />

Dernier phénomène lié à la "saga” <strong>de</strong> cette voiture : l'apparition<br />

<strong>de</strong> nombreux chauffeurs <strong>de</strong> taxis improvisés - on<br />

serait tenté <strong>de</strong> dire chauffards vu leur manière <strong>de</strong> conduire -<br />

souvent sans autorisation. Il s'agit <strong>de</strong> chômeurs qui ont consacré<br />

leur prime <strong>de</strong> licenciement à l'achat d'une vieille Dacia et<br />

profitent, dans certaines régions, <strong>de</strong> la quasi disparition <strong>de</strong>s<br />

entreprises <strong>de</strong> transport en commun, en faillite. Trente ans<br />

après, ils montrent <strong>de</strong>s prodiges d'inventions et d'astuces pour<br />

continuer à faire rouler leur véhicule, faisant ainsi entrer un<br />

peu plus la Dacia, <strong>de</strong> son vivant, dans sa légen<strong>de</strong>.<br />

Ovidiu Gorea<br />

23


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

24<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

ORADEA MARE<br />

<br />

IASI<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

GHEORGHENI<br />

CHISINEU CRIS <br />

<br />

<br />

M. CIUC <br />

<br />

BACAU<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

<br />

SF GHEORGHE<br />

BRASOV <br />

<br />

TIMISOARA DEVA<br />

FOCSANI<br />

BUZAU <br />

BRAILA<br />

SLOBOZIA<br />

PITESTI <br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

KOSLODUI<br />

Déjà l'hiver du siècle !<br />

Le XXIème siècle n'a beau avoir<br />

que trois ans, il a déjà enregistré un<br />

hiver qui restera dans ses anna<strong>les</strong>.<br />

Après un automne particulièrement<br />

doux, le "général hiver" s'est manifesté<br />

dès <strong>les</strong> premiers jours <strong>de</strong><br />

décembre, sévissant pendant trois<br />

semaines sans discontinuer, l'Ouest<br />

du pays étant relativement épargné.<br />

Des records <strong>de</strong> froid, jamais enregistrés<br />

pour un mois <strong>de</strong> décembre, ont<br />

été atteints : -26° à Bucarest, -34° à<br />

Buzau et Miercurea Ciuc. Cette<br />

offensive a cependant marqué une<br />

trêve entre <strong>les</strong> fêtes <strong>de</strong> fin d'année,<br />

avec un léger redoux (+5°).<br />

Mais dès le 8 janvier, le froid était<br />

reparti <strong>de</strong> plus belle. Même si <strong>les</strong><br />

températures étaient moins<br />

extrêmes, el<strong>les</strong> étaient accompagnées<br />

<strong>de</strong> très forte chutes <strong>de</strong> neige.<br />

La circulation à travers le pays était<br />

rendue extrêmement périlleuse à<br />

cause du verglas. De nombreuses<br />

routes étaient coupées, l'aéroport<br />

d'Arad fermé. L'Ouest, le Sud et la<br />

Moldavie étaient <strong>les</strong> régions <strong>les</strong> plus<br />

touchées. En une semaine, la capitale<br />

enregistrait 400 hospitalisations<br />

pour fractures.<br />

Puis, <strong>les</strong> 13 et 14 janvier, l'Ouest<br />

<strong>de</strong>venait le pôle du froid <strong>de</strong> la<br />

Roumanie, le thermomètre <strong>de</strong>scendant<br />

à -26° à Timisoara et -34° à<br />

Chisineu Chris, entre Arad et<br />

Ora<strong>de</strong>a. Du jamais vu ! Dans <strong>les</strong><br />

semaines suivantes, <strong>les</strong> températures<br />

montraient leurs rigueurs habituel<strong>les</strong>,<br />

entre -5° et -15°, suivant <strong>les</strong><br />

régions, mais repartaient <strong>de</strong> plus<br />

bel<strong>les</strong> vers <strong>les</strong> profon<strong>de</strong>urs à partir<br />

du 7 février (-26° à Focsani), avec<br />

d'importantes chutes <strong>de</strong> neige… hormis<br />

dans <strong>les</strong> stations <strong>de</strong> skiqui se<br />

désespéraient <strong>de</strong> leur absence.<br />

Evénements<br />

SSociété<br />

La fin du XXème siècle marquée par <strong>de</strong>s<br />

phénomènes météorologiques extrêmes<br />

Crues et sécheresse plus dévastatrices<br />

que <strong>les</strong> redoutés tremblements <strong>de</strong> terre<br />

Inondations, sécheresse, pollutions, sont sans-doute moins spectaculaires que<br />

<strong>les</strong> tremblements <strong>de</strong> terre tant redoutés <strong>de</strong>s Roumains; pourtant ils causent<br />

davantage <strong>de</strong> dégâts en terme <strong>de</strong> biens et <strong>de</strong> vies humaines : telle est la conclusion<br />

d'un rapport remis aux autorités sur <strong>les</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> risques<br />

majeurs encourus par la Roumanie. Ainsi y relève-t-on que 52 000 hectares <strong>de</strong> terrains,<br />

principalement en Moldavie, dans la région <strong>de</strong> Buzau et à l'Ouest <strong>de</strong> la<br />

Transylvanie, sont menacés par <strong>de</strong>s glissements <strong>de</strong> terrain. L'érosion <strong>de</strong>s sols affecte<br />

<strong>de</strong>ux tiers du territoire, principalement dans <strong>les</strong> régions montagneuses et vallonnées,<br />

dont 42 % <strong>de</strong>s terres agrico<strong>les</strong> ayant une déclivité supérieure à 5 %. Le déboisement<br />

incontrôlé <strong>de</strong>s forêts a aggravé le phénomène.<br />

Depuis une décennie, <strong>les</strong> crues et inondations <strong>de</strong>s 4000 rivières du pays se sont<br />

répétées selon un rythme <strong>de</strong>venu quasiment annuel, recouvrant 1,3 millions d'hectares<br />

et en menaçant 3,5 millions, affectant une population <strong>de</strong> 500 000 personnes. Les<br />

régions riveraines du Danube sont <strong>les</strong> plus touchées ainsi que le Sud et l'Est du pays -<br />

Câmpia Romana, la Plaine roumaine - qui reçoivent le débit <strong>de</strong>s fleuves Siret, Buzau,<br />

Arges, Ialomita, Olt et Jiu. L'Ouest et la plaine Banato-Crisana sont également affectés<br />

par la montée <strong>de</strong>s eaux du Somes, du Crisuri et du Mures.<br />

La fin du XXème siècle a été marquée par <strong>de</strong>s phénomènes météorologiques<br />

extrêmes, températures excessivement basses (- 37°à Miercurea Ciuc en 2000), accablantes<br />

(+46° à Bucarest, la même année), <strong>de</strong>s précipitations abondantes, <strong>de</strong>s chute <strong>de</strong><br />

neige et <strong>de</strong> grêle d'une gran<strong>de</strong> intensité, <strong>de</strong>s fortes tempêtes et aussi la répétition <strong>de</strong>s<br />

sécheresses. La plaine transylvienne (Târgu Mures), l'Olténie (Craiova), le Baragan<br />

(Slobozia) et, en premier lieu la région <strong>de</strong> Calafat, sont <strong>les</strong> plus exposés avec <strong>de</strong>s<br />

sécheresses s'étendant sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à quatre ans.<br />

Un périmètre <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> 70 km<br />

autour <strong>de</strong> la centrale bulgare <strong>de</strong> Kozlodui<br />

Même si <strong>les</strong> risques d'un acci<strong>de</strong>nt nucléaire ne sont estimés qu'à une chance sur<br />

100 000, ils n'en concernent pas moins plusieurs régions du pays. La centrale nucléaire<br />

bulgare <strong>de</strong> Kosloduy, sur <strong>les</strong> rives du Danube, à la technologie soviétique dépassée,<br />

apparaît comme la menace la plus sérieuse. En cas <strong>de</strong> problème grave, une zone d'évacuation<br />

<strong>de</strong> la population portant sur 70 km serait mise en place et sept ju<strong>de</strong>ts<br />

seraient concernés. Un grave problème à la centrale <strong>de</strong> Cernavoda, qui bénéficie d'une<br />

technologie canadienne plus mo<strong>de</strong>rne, entraînerait l'instauration d'un périmètre <strong>de</strong><br />

sécurité <strong>de</strong> 10 km et affecterait partiellement 3 ju<strong>de</strong>ts. Le Danube et son <strong>de</strong>lta seraient<br />

touchés. Il existe <strong>de</strong>s réacteurs moins importants, mais dont on ne peut exclure totalement<br />

l'absence <strong>de</strong> risques, à Pitesti, Mioveni et Bucarest, Magurele. 610 autres installations<br />

peuvent provoquer <strong>de</strong>s radiations, mais cel<strong>les</strong>-ci concernent essentiellement<br />

leur personnel.<br />

Un autre danger a été pris en compte : le risque d'acci<strong>de</strong>nts chimiques qui s'est fortement<br />

accru <strong>de</strong>puis la "Révolution" avec la désorganisation du milieu industriel, le<br />

stockage <strong>de</strong> produits dangereux <strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>s usines qui ont fermé. Plus <strong>de</strong> 140 sites<br />

à risques ont ainsi été repérés à travers tout le pays, menaçant une population estimée<br />

à 3 millions <strong>de</strong> personnes. Enfin, <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> pollution par hydrocarbures touchent<br />

principalement la côte <strong>de</strong> la Mer Noire et le Danube avec, cependant, l'apparition d'un<br />

épiphénomène : le détournement <strong>de</strong> carburant par le pompage sauvage <strong>de</strong>s oléoducs<br />

et réseaux <strong>de</strong> distribution qui entraîne fréquemment l'inondation <strong>de</strong>s terrains à la suite<br />

<strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong>s branchements <strong>de</strong> fortune.<br />

Pour faire face à l'ensemble <strong>de</strong> ces situations, la Roumanie ne dispose souvent pas<br />

d'une législation adaptée et souffre surtout d'un manque <strong>de</strong> moyens financiers.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Evénements<br />

De tous temps, le pôle du froid en Roumanie s'est<br />

situé dans trois départements du centre du pays,<br />

<strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts à dominance hongroise <strong>de</strong> Covasna<br />

(Sfântu-Gheorghe) et Harghita (Miercurea Ciuc), et celui <strong>de</strong><br />

Brasov… sauf cette année, où ils ont exceptionnellement subi<br />

la "concurrence" du ju<strong>de</strong>t d'Arad, avec -34° enregistrés à<br />

Chisineu-Cris, le 12 janvier.<br />

Dans une dépression, à l'intérieur et au pied <strong>de</strong>s Carpates,<br />

trois communes se disputent la palme <strong>de</strong> l'endroit le plus froid<br />

du pays. Officiellement, celle-ci revient à Intorsura Buzaului<br />

(Covasna), sur la rivière Buzau, à 45 km à l'est <strong>de</strong> Brasov, où<br />

la température est <strong>de</strong>scendue jusqu'à -38,5°, le 24 janvier<br />

1942. Mais aucun <strong>de</strong>s anciens encore en vie ne se souvient<br />

avoir vu <strong>de</strong> thermomètre ce jour là et il n'existait pas <strong>de</strong> station<br />

météo dans <strong>les</strong> environs.<br />

Ici, l'hiver dure six mois. Les habitants <strong>de</strong> la commune,<br />

baptisée "Mica Siberie" ("La petite Sibérie") mettent <strong>les</strong><br />

rigueurs du temps sur le compte du grand tunnel ferroviaire <strong>de</strong><br />

Teliu - le plus long <strong>de</strong> Roumanie, avec 4370 m - creusé par <strong>les</strong><br />

Allemands entre 1924 et 1929, pour permettre la liaison avec<br />

Brasov, et qui provoque d'intenses courants d'air glacé… bien<br />

qu'il soit distant <strong>de</strong> plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, leur<br />

préoccupation par grand froid n'est pas tant <strong>de</strong> se protéger que<br />

<strong>de</strong> pouvoir aller chercher et rentrer le fourrage pour le bétail.<br />

Près <strong>de</strong> 200 jours <strong>de</strong><br />

températures négatives et <strong>de</strong> neige<br />

A Bod, à une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres au nord <strong>de</strong> Brasov,<br />

toujours en plaine, le thermomètre est <strong>de</strong>scendu à -37,5° <strong>de</strong>ux<br />

années consécutives, en 1984 et 1985. Est-ce le froid intense<br />

ou <strong>les</strong> années Ceausescu qui <strong>les</strong> ont fait fuir ? En tous <strong>les</strong> cas<br />

<strong>les</strong> Sasi (Saxons) ont quitté en masse la ville, dont l'activité<br />

principale tournait autour <strong>de</strong> la raffinerie <strong>de</strong> sucre, pour retourner<br />

dans leur Allemagne originelle, après la "révolution" <strong>de</strong><br />

1989. Sur place, on a l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire "l'hiver le plus terrible…<br />

est celui à venir".<br />

Mais le pôle roumain <strong>de</strong>s températures basses se situe sans<br />

SSociété<br />

"L'hiver le plus terrible… est celui à venir"<br />

Au pied <strong>de</strong>s Carpates, une "petite Sibérie"<br />

où le thermomètre approche <strong>de</strong>s moins 40 <strong>de</strong>grés<br />

conteste une centaine <strong>de</strong> kilomètres plus au nord, pas très loin<br />

<strong>de</strong>s gorges du Bicaz. Situées dans une dépression, Gheorgheni<br />

et Joseni enregistrent 175 jours <strong>de</strong> températures négatives par<br />

an - fréquemment en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> -30° - ou éga<strong>les</strong> à 0°, et la<br />

neige y persiste pendant 200 jours. Il n'est pas impossible<br />

d'ailleurs que le record absolu <strong>de</strong> froid ait été enregistré ici<br />

sous Ceausescu, à plusieurs reprises, mais le "Conducator"<br />

aurait donné <strong>de</strong>s consignes pour qu'on n'en fasse pas état…<br />

afin que <strong>les</strong> entreprises ne ferment pas et que <strong>les</strong> ouvriers<br />

continuent à aller travailler.<br />

Les cerisiers en fleurs au mois <strong>de</strong> juillet<br />

Les 58 000 habitants <strong>de</strong> cette vallée où ne poussent guère<br />

que <strong>les</strong> pommes <strong>de</strong> terre et où il n'est pas rare <strong>de</strong> voir <strong>les</strong> paysans<br />

charroyer leurs champs en juin, se réjouissent quand le<br />

thermomètre atteint 20° en août. "Ici, l'été tombe un jeudi<br />

après-midi" ont-ils l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plaisanter… en regardant<br />

fleurir leurs rares cerisiers en juillet. D'ailleurs, la belle saison<br />

n'y est pas exempte <strong>de</strong> mauvaises surprises, avec <strong>de</strong> terrib<strong>les</strong><br />

orages, provoquant <strong>de</strong>s incendies au grand dam <strong>de</strong>s pompiers<br />

dont <strong>les</strong> quatre véhicu<strong>les</strong> ne suffisent plus alors.<br />

Les météorologues mettent ces grands froids sur le compte<br />

d'une inversion thermique. Dépourvue <strong>de</strong> courants et <strong>de</strong><br />

vents, la vallée retient <strong>les</strong> masses d'air sibérien qui stagnent<br />

alors que l'air plus chaud gagne <strong>les</strong> hauteurs. Les habitants en<br />

ont pris leur partie. Dans la région, <strong>les</strong> murs <strong>de</strong>s maisons ont<br />

une épaisseur <strong>de</strong> 70-100 centimètres. On n'y craint pas tant le<br />

froid que <strong>les</strong> secours<br />

qui ne peuvent pas<br />

arriver. Des mala<strong>de</strong>s<br />

meurent faute <strong>de</strong><br />

soins, mé<strong>de</strong>cins et<br />

ambulances étant bloqués<br />

par la neige ou le<br />

verglas.<br />

+ 4,5 <strong>de</strong>grés en moyenne annuelle<br />

D'un autre côté, ces températures extrêmes trempent le<br />

caractère <strong>de</strong>s gens. Première femme au mon<strong>de</strong> à avoir atteint<br />

le Pôle Nord et le Pôle Sud, la même année, Maria Uca<br />

Marinescu est native <strong>de</strong> Gheorghieni. Enfant du pays, la<br />

célèbre exploratrice y a préparé son expédition dans<br />

l'Himalaya. Et puis cela permet <strong>de</strong> se moquer <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> la<br />

capitale qui claquent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts et grelottent dès que le thermomètre<br />

<strong>de</strong>scend <strong>de</strong> quelques <strong>de</strong>grés en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> zéro.<br />

D'ailleurs, sur place, l'avenir semble s'éclaircir : la moyenne<br />

annuelle <strong>de</strong>s températures a été <strong>de</strong> 5,5° en 2002, contre 4,5°<br />

habituellement… ce qui fait dire, très sérieusement, à la<br />

météorologue locale, qu'"à Gheorghieni, on peut constater le<br />

phénomène <strong>de</strong> réchauffement global <strong>de</strong> la planète ".<br />

22 25


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe SSociété<br />

26<br />

BOTOSANI<br />

BAIA <br />

MARE<br />

<br />

SUCEAVA IASI<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

BACAU<br />

ARAD PLESI CLUJ <br />

<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

<br />

ZALAU<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong>s jeunes<br />

révélateur d'un avenir<br />

sans perspectives<br />

Valentin, du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Botosani,<br />

s'est pendu dans le grenier <strong>de</strong> sa<br />

maison, le 2 décembre <strong>de</strong>rnier. Il<br />

<strong>de</strong>vait fêter ses 24 ans, six jours plus<br />

tard. Il avait terminé ses étu<strong>de</strong>s<br />

d'ingénieur en informatique et ne<br />

trouvait pas d'emploi. Personne ne<br />

peut expliquer <strong>les</strong> raisons <strong>de</strong> son<br />

geste. Un amour déçu, la peur <strong>de</strong><br />

l'avenir, l'impossibilité <strong>de</strong> partir travailler<br />

à l'étranger ? Le jeune homme<br />

était-il perturbé par <strong>les</strong> messages sur<br />

Internet que lui envoyait un "groupe<br />

satanique", appartenant à ces sectes<br />

aux pratiques démoniaques qui<br />

resurgissent régulièrement en<br />

Roumanie <strong>de</strong>puis quelques années ?<br />

Se résigner à vivre<br />

aux crochets <strong>de</strong>s parents<br />

Malheureusement, le suici<strong>de</strong><br />

apparaît comme un acte auquel trop<br />

<strong>de</strong> jeunes Roumains ont <strong>de</strong> plus en<br />

plus recours. C'est un véritable problème<br />

pour le pays, bien que <strong>les</strong><br />

autorités feignent d'ignorer le phénomène.<br />

Pleins d'espoir à la sortie<br />

<strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s, ces jeunes gens<br />

déchantent vite quand <strong>les</strong> portes <strong>de</strong>s<br />

entreprises se ferment <strong>de</strong>vant eux;<br />

la seule solution est alors <strong>de</strong> tenter<br />

sa chance à l'étranger, ce qui veut<br />

dire abandonner <strong>les</strong> siens et, souvent,<br />

travailler et s'installer dans<br />

l'illégalité. Encore faut-il pouvoir le<br />

faire ! Quand ce n'est pas le cas,<br />

l'horizon paraît totalement bouché. Il<br />

faut se résigner à vivre aux crochets<br />

<strong>de</strong> la famille, renoncer à former la<br />

sienne, à avoir une vie normale.<br />

Alors le désespoir guette et le geste<br />

fatal n'est pas loin.<br />

Evénements<br />

Chassées <strong>de</strong>s forêts par le froid<br />

et la faim, <strong>les</strong> meutes n'hésitent<br />

plus à attaquer <strong>les</strong> habitations<br />

Ion Chirila, 68 ans, et ses <strong>de</strong>ux fils, Traian, 35 ans, et Doru, 32 ans, du village<br />

<strong>de</strong> P<strong>les</strong>i dans <strong>les</strong> Apuseni, ont vécu le réveillon le plus effrayant <strong>de</strong> leur vie.<br />

Comme tous <strong>les</strong> ans, <strong>les</strong> trois bergers avaient pris leurs quartiers d'hiver en<br />

haut <strong>de</strong> la montagne, continuant la tradition d'une vie familiale pastorale. Sur <strong>les</strong> coups<br />

<strong>de</strong> minuit, le père a été réveillé par <strong>de</strong>s hurlements, n'y prêtant cependant guère attention<br />

et <strong>les</strong> mettant sur le compte <strong>de</strong>s aboiements <strong>de</strong>s chiens chargés <strong>de</strong> surveiller la<br />

bergerie et ses 300 moutons, distante d'à peine cent mètres. Aucun loup n'ayant été<br />

signalé dans la région <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, il s'est rendormi en toute quiétu<strong>de</strong> jusqu'à ce<br />

que ces cris plaintifs et lugubres enserrent la maison. Sautant du lit et ouvrant la porte,<br />

il <strong>de</strong>vina dans la nuit <strong>de</strong>s yeux luisants guettant leurs proies. Une meute d'une vingtaine<br />

<strong>de</strong> loups affamés s'apprêtaient à dévorer <strong>les</strong> moutons.<br />

S'habillant sur le champ, et ses fils réveillés, Ion est sorti avec une lampe à pétrole<br />

à la main qui lui a échappé et s'est brisé en tombant. La flamme, en se répandant sur<br />

le sol, a amené un mouvement <strong>de</strong> recul chez <strong>les</strong> loups. Voyant que le feu <strong>les</strong> effrayait,<br />

<strong>les</strong> bergers se sont précipités chez eux, récupérant <strong>de</strong>s draps qu'ils ont enflammés à<br />

l'ai<strong>de</strong> d'un bidon d'une dizaine <strong>de</strong> litres d'essence, <strong>les</strong> faisant tournoyer au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />

leur tête.<br />

Mais le stratagème n'a marché qu'un temps, <strong>les</strong> loups se rapprochant dans <strong>les</strong><br />

espaces vi<strong>de</strong>s. L'idée leur est alors venue <strong>de</strong> mettre le feu aux meu<strong>les</strong> <strong>de</strong> foin. Les trois<br />

hommes y ont tout <strong>de</strong> suite renoncé, car el<strong>les</strong> auraient brûlé trop vite et consommé le<br />

peu <strong>de</strong> carburant à leur disposition.<br />

Ils ont alors disposé régulièrement<br />

<strong>les</strong> pneus usés <strong>de</strong> leur<br />

vieille Aro et <strong>les</strong> ont enflammés.<br />

Après s'être éloignés, <strong>les</strong> loups<br />

sont revenus à la charge, tentant<br />

<strong>de</strong> s'infiltrer dans <strong>les</strong> espaces<br />

libres. L'un <strong>de</strong>s fils s'est emparé<br />

d'un pneu qui finissait <strong>de</strong> se<br />

consumer, l'a fait tourner au-<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> sa tête et l'a jeté dans leur<br />

direction.<br />

La gerbe d'étincel<strong>les</strong> a effrayé la meute qui a reculé puis, <strong>de</strong>vant la répétition du<br />

stratagème s'est enfuie. Il était quatre heures du matin et <strong>les</strong> trois bergers, auxquels il<br />

ne restait plus qu'un litre ou <strong>de</strong>ux d'essence ont décidé <strong>de</strong> veiller jusqu'à l'aube.<br />

Depuis, <strong>les</strong> loups ne sont plus revenus.<br />

Plusieurs milliers à travers le pays<br />

Un réveillon au clair <strong>de</strong> loup<br />

Dans plusieurs autres ju<strong>de</strong>ts, la recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> loups et la croissance<br />

<strong>de</strong> leur nombre s'est vérifiée à la faveurs <strong>de</strong>s différentes vagues <strong>de</strong> froid qui <strong>les</strong><br />

affament et <strong>les</strong> font sortir <strong>de</strong>s forêts. C'est le cas dans le département <strong>de</strong> Salaj (Zalau),<br />

où <strong>de</strong>s battues organisés par <strong>les</strong> associations <strong>de</strong> chasseurs ont permis d'en tuer une<br />

dizaine. Devant la rigueur <strong>de</strong> l'hiver, <strong>les</strong> loups ne se sont pas contentés <strong>de</strong> dévorer <strong>les</strong><br />

cochons et <strong>les</strong> moutons mais s'en sont pris aussi aux chiens et aux chevaux. Bien, qu'à<br />

priori, ils n'attaquent pas l'homme, <strong>les</strong> paysans ont préféré faire accompagner leurs<br />

enfants à l'école.<br />

Classés en espèce protégée à cause <strong>de</strong>s menaces pesant sur leur perpétuation, <strong>les</strong><br />

loups ont vu leur nombre s'accroître sensiblement ces <strong>de</strong>rniers temps, ce qui a entraîné<br />

la levée <strong>de</strong> l'interdiction <strong>de</strong> <strong>les</strong> chasser et l'instauration d'un quota annuel qui permet<br />

d'en abattre 882 pour la seule année <strong>20<strong>03</strong></strong>… ce qui laisse à penser qu'il en existe plusieurs<br />

milliers à travers le pays, sans doute plus <strong>de</strong> 8000.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Evénements<br />

Comme annoncé mais avec un mois <strong>de</strong> retard (Voir<br />

<strong>les</strong> Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie n° 12), <strong>les</strong> autorités ont<br />

mis en application le nouveau<br />

co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route, fin janvier,<br />

adapté à la réglementation européenne<br />

et comportant comme principale<br />

disposition nouvelle, l'introduction<br />

du permis à points : celui-ci sera<br />

annulé quand un chauffeur aura accumulé<br />

quinze points <strong>de</strong> pénalité, à la<br />

différence du permis français où l'on<br />

retire <strong>les</strong> "bons" points. Parmi <strong>les</strong><br />

aménagements intervenus <strong>de</strong>puis la<br />

publication du premier projet, en mai<br />

<strong>de</strong>rnier, ou <strong>les</strong> précisions apportées, il<br />

faut surtout retenir:<br />

- l'introduction <strong>de</strong> la priorité à<br />

gauche - c'est à dire à celui qui est<br />

déjà engagé - dans <strong>les</strong> giratoires<br />

- la priorité aux véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

transports en commun à l'arrêt, lorsqu'ils<br />

redémarrent<br />

- le durcissement <strong>de</strong>s peines en<br />

cas <strong>de</strong> conduite en état d'ébriété. Le taux admis est toujours <strong>de</strong><br />

0 g par litre <strong>de</strong> sang, mais au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 0,8 g, il <strong>de</strong>vient un délit<br />

punissable d'une peine d'emprisonnement <strong>de</strong> un à cinq ans. Le<br />

conducteur refusant <strong>de</strong> se soumettre à une prise <strong>de</strong> sang<br />

L’Arc <strong>de</strong> Triomphe, copié sur celui <strong>de</strong> Paris.<br />

Bucarest s'enorgueillissait<br />

autrefois <strong>de</strong> son appellation<br />

<strong>de</strong> "Petit Paris" <strong>de</strong> l'Europe<br />

du Sud-Est. Si ce charme a malheureusement<br />

disparu dans le centre <strong>de</strong> la capitale<br />

avec le communisme et <strong>les</strong> bulldozers <strong>de</strong><br />

Ceausescu, il en reste cependant une trace<br />

dans le Nord <strong>de</strong> la cité avec la Place <strong>de</strong><br />

SSociété<br />

Le nouveau co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route est entré en application<br />

Priorité à gauche dans <strong>les</strong> giratoires<br />

et interdiction <strong>de</strong> manifester sur <strong>les</strong> routes<br />

encourt la même peine, tout comme celui qui est sous l'emprise<br />

<strong>de</strong> drogues ou <strong>de</strong> médicaments ayant <strong>les</strong> mêmes effets.<br />

Dorénavant <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins seront tenus<br />

pour responsab<strong>les</strong> s'ils ne signalent<br />

pas à la police <strong>les</strong> automobilistes dont<br />

l'état <strong>de</strong> santé ou psychique ne permet<br />

plus la conduite. En cas d'acci<strong>de</strong>nt<br />

provoqué par leurs patients, ils<br />

encourent <strong>de</strong> un à cinq ans <strong>de</strong> prison…<br />

Toutefois, la réglementation<br />

n'oblige pas <strong>les</strong> mêmes patients à leur<br />

déclarer s'ils sont titulaires ou non du<br />

permis <strong>de</strong> conduire.<br />

Enfin, <strong>les</strong> législateurs qui, lors <strong>de</strong><br />

séjours en France, n'ont dû que<br />

modérément apprécié <strong>les</strong> barrages<br />

<strong>de</strong>s producteurs d'artichauts (légume<br />

inconnu en Roumanie) bretons, <strong>de</strong><br />

melons et abricots du Languedoc-<br />

Roussillon et <strong>de</strong>s transporteurs routiers,<br />

ont également prévu <strong>de</strong>s peines<br />

<strong>de</strong> prison (trois mois à <strong>de</strong>ux ans) pour<br />

toute entrave à la circulation à la suite<br />

<strong>de</strong> grèves ou autres manifestations. Les "progrès " apportés<br />

par le "pays <strong>de</strong>s lumières" dans ce domaine ne semblent pas<br />

avoir convaincu. D'autre part, préfets et maires n'ont plus le<br />

droit aux gyrophares dont certains faisaient un usage abusif.<br />

L’apprentissage <strong>de</strong>s nouveaux tarifs<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table, en cas d’infraction.<br />

Gazdaru, Gardianul, 2 février <strong>20<strong>03</strong></strong><br />

Bucarest veut gar<strong>de</strong>r son côté "Petit Paris"…<br />

au grand mécontentement <strong>de</strong>s automobilistes<br />

l'Arc <strong>de</strong> Triomphe, copiée sur celle <strong>de</strong><br />

Paris, la place Char<strong>les</strong> De Gaulle et la<br />

strada Prezan. Cette ressemblance n'est<br />

pas seulement patronymique, due à la<br />

configuration <strong>de</strong>s lieux ou à la présence<br />

d'un monument prestigieux, elle est liée<br />

aussi au caractère du revêtement <strong>de</strong> la<br />

chaussée : <strong>de</strong>s petits pavés, comme sur<br />

<strong>les</strong> Champs Elysées et sur la place <strong>de</strong><br />

l'Etoile.<br />

Mais cette spécificité ne fait pas du<br />

tout l'affaire <strong>de</strong>s automobilistes qui se<br />

plaignent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années auprès <strong>de</strong> la<br />

mairie et <strong>de</strong> la police : la chaussée est<br />

glissante, dangereuse en cas <strong>de</strong> pluie ou<br />

<strong>de</strong> verglas ; en outre le gel fait éclater <strong>les</strong><br />

joints qui ne sont pas <strong>de</strong> la même qualité<br />

qu'à Paris. Le problème est encore plus<br />

grand place Char<strong>les</strong> De Gaulle, sous<br />

laquelle passe le métro dont la voûte en<br />

béton ne permet pas l'écoulement <strong>de</strong><br />

l'eau, ce qui fait éclater <strong>les</strong> pierres lors<br />

<strong>de</strong>s grands froids.<br />

Bref, <strong>les</strong> lieux sont en travaux tous<br />

<strong>les</strong> trois mois, ce qui entraînent <strong>de</strong>s bouchons<br />

à répétition, <strong>de</strong> l'énervement, une<br />

consommation plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s voitures<br />

et <strong>les</strong> protestations répétées <strong>de</strong>s automobilistes,<br />

<strong>les</strong>quels ont reçu le renfort <strong>de</strong> la<br />

police routière pour exiger <strong>de</strong> la municipalité<br />

que la chaussée soit asphaltée,<br />

arguant également <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions<br />

<strong>de</strong> lei gaspillés à chaque réparation.<br />

Les urbanistes <strong>de</strong> la mairie, soutenus<br />

par le maire qui habite dans le quartier, ne<br />

l'enten<strong>de</strong>nt toutefois pas <strong>de</strong> cette oreille.<br />

Si, après le grand froid <strong>de</strong> décembre (-25°<br />

dans la capitale), ils ont décidé <strong>de</strong> transiger<br />

en recouvrant provisoirement <strong>les</strong><br />

trous <strong>de</strong> bitume, ils ont prévenu que dès<br />

<strong>les</strong> beaux jours, <strong>les</strong> lieux retrouveront<br />

leur aspect <strong>de</strong> "Petit Paris".<br />

27


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

28<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

<br />

<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

CACICA<br />

<br />

TARGU<br />

IASI<br />

<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

VASLUI<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Pologne ou Bucovine:<br />

<strong>les</strong> mêmes<br />

malédictions<br />

En Bucovine, <strong>les</strong> "Poloni" n'ont pu<br />

pour autant échapper aux <strong>de</strong>ux malédictions<br />

qui ont accablé leur pays<br />

d'origine tout au long <strong>de</strong> son histoire :<br />

<strong>les</strong> Allemands et <strong>les</strong> Russes.<br />

Pendant la Première Guerre mondiale,<br />

l'armée alleman<strong>de</strong> a envahi la<br />

région. Des enfants naturels sont<br />

nés, appelés "Fritz". En 1944,<br />

troupes alleman<strong>de</strong>s et soviétiques, se<br />

disputèrent férocement la vallée où<br />

se trouvent <strong>les</strong> quatre villages polonais.<br />

Les Allemands, soupçonnant la<br />

présence d'espions soviétiques,<br />

brûlèrent Poïana Mica. L'Armée<br />

Rouge, elle, fit fusiller sur le champ<br />

tous <strong>les</strong> pauvres bougres qui avaient<br />

la malchance d'être surnommés Fritz.<br />

Les mêmes causes produisant <strong>les</strong><br />

mêmes effets, <strong>les</strong> soldats russes<br />

laissèrent <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>scendance.<br />

Les enfants ainsi nés portèrent<br />

longtemps comme un far<strong>de</strong>au le<br />

nom <strong>de</strong> "Sovieticul" ("Le Soviétique").<br />

Ces malheurs sont loin aujourd'hui<br />

et <strong>les</strong> "Poloni" se lamentent davantage<br />

<strong>de</strong> voir leurs enfants <strong>de</strong> plus en<br />

plus nombreux à quitter la région,<br />

faute <strong>de</strong> pouvoir trouver du travail sur<br />

place. Les jeunes, qui obtenaient <strong>de</strong>s<br />

facilités auprès <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Pologne à Bucarest quand <strong>les</strong><br />

Roumains avaient encore besoin d'un<br />

visa pour voyager à l'étranger, partent<br />

pour l'Espagne, le Portugal,<br />

l'Allemagne, mais très peu vers la<br />

Pologne, contrairement aux anciens<br />

qui s'y ren<strong>de</strong>nt fréquemment en visite.<br />

Toutefois, si <strong>les</strong> uns et <strong>les</strong> autres<br />

se sentent beaucoup plus Polonais<br />

que Roumains, ils reviennent en<br />

Bucovine. Pour l'instant…<br />

Minorités<br />

SSociété<br />

Visite du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Pologne<br />

et venue <strong>de</strong> Jean-Paul II en Roumanie<br />

Les Polonais <strong>de</strong> Bucovine:<br />

une foi ancrée, <strong>de</strong>s liens retrouvés<br />

En cette fin du mois <strong>de</strong> mai 1999, il ne restait que quelques vieillards impotents<br />

à Solonetu Nou, Cacica, Poiana Micului et P<strong>les</strong>a, <strong>les</strong> quatre villages<br />

polonais <strong>de</strong> Bucovine. La population en entier avait déserté <strong>les</strong> lieux pour<br />

se rendre à 600 km <strong>de</strong> là, à Bucarest, à l'occasion <strong>de</strong> la venue <strong>de</strong> Jean-Paul II, un compatriote,<br />

qui effectuait sa première visite dans un pays orthodoxe. Pour cette communauté<br />

<strong>de</strong> 3 à 4000 habitants, il s'agissait <strong>de</strong> l'événement le plus important <strong>de</strong>puis qu'elle<br />

avait quitté son sol natal, vers 1800, quand l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse,<br />

avait réclamé <strong>de</strong>s Polonais pour exploiter <strong>les</strong> mines <strong>de</strong> sel et développer l'industrie du<br />

bois <strong>de</strong> cette province dépendant <strong>de</strong> sa couronne.<br />

Longeant l'arc septentrional <strong>de</strong>s Carpates, mineurs et bûcherons <strong>de</strong> Silésie et<br />

d'autres régions du sud <strong>de</strong> la Pologne avaient effectué près d'un millier <strong>de</strong> kilomètres<br />

à pied, emportant leur foi catholique et portant sur leur dos <strong>de</strong>s pierres taillées et <strong>de</strong>s<br />

briques <strong>de</strong> Cracovie pour édifier leur future cathédrale, à Cacica, à la porte même <strong>de</strong><br />

la principale mine <strong>de</strong> sel, maintenant désaffectée.<br />

Aujourd'hui, cet imposant édifice, accueille chaque 15 août, un impressionnant<br />

pèlerinage <strong>de</strong> 100 000 fidè<strong>les</strong>, venus <strong>de</strong> Roumanie, mais aussi <strong>de</strong> toute la Pologne, se<br />

recueillir <strong>de</strong>vant la copie <strong>de</strong> la Vierge Noire <strong>de</strong> Czestochowa et la reproduction <strong>de</strong> la<br />

Grotte <strong>de</strong> Lour<strong>de</strong>s. La Vierge noire <strong>de</strong> Cacica<br />

a la réputation <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s mirac<strong>les</strong> mais également<br />

<strong>de</strong>s prédictions. Ainsi, en 1998, <strong>les</strong><br />

pèlerins ont-ils noté un <strong>de</strong> ses signes, interprété<br />

comme un avertissement cé<strong>les</strong>te<br />

annonçant <strong>de</strong> grands bouleversements dans le<br />

mon<strong>de</strong>.<br />

Isolés au bout du mon<strong>de</strong><br />

Longtemps, <strong>les</strong> Polonais <strong>de</strong> Bucovine, <strong>les</strong><br />

"Poloni", ont pu croire être abandonnés, non<br />

Bien qu’elle soit fermée, la mine <strong>de</strong> sel<br />

<strong>de</strong> Cacica a conservé sa chapelle, ainsi<br />

qu’une salle <strong>de</strong> bal, utilisée le 15 août.<br />

<strong>de</strong> Dieu - la foi est toujours très vive - mais aussi bien par leurs compatriotes que par<br />

la Roumanie dont ils dépen<strong>de</strong>nt puisqu'ils en portent la nationalité. Ils vivaient dans<br />

leurs villages isolés, au bout du mon<strong>de</strong>, accessib<strong>les</strong> uniquement par <strong>de</strong>s routes<br />

défoncées. D'ailleurs la première promesse faite par Alexandre Kwasniewski en 1998,<br />

au cours <strong>de</strong> la seule visite effectuée jusqu'ici par un Prési<strong>de</strong>nt polonais, concernait le<br />

prochain bitumage <strong>de</strong>s routes du secteur. Ses anciens compatriotes s'étaient montrés<br />

sceptiques… mais auraient dû l'être davantage contre leur pays d'accueil. L'Etat roumain<br />

<strong>de</strong>vait en effet prendre en charge <strong>les</strong> travaux contre l'annulation <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>tte extérieure<br />

vis à vis <strong>de</strong> la Pologne, d'un montant <strong>de</strong> 2 M€, et n'en a réalisés pour l'instant<br />

que la moitié.<br />

Depuis ces <strong>de</strong>rnières années, Varsovie semble manifester un véritable regain<br />

d'intérêt à l'égard <strong>de</strong> ses nationaux. En avril <strong>de</strong>rnier, <strong>les</strong> quatre villages ont reçu la visite<br />

du Prési<strong>de</strong>nt du Sénat polonais venu constater que l'ai<strong>de</strong> annoncée pour <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> -<br />

livres, ordinateurs - était, bien arrivée.<br />

Des professeurs <strong>de</strong> polonais, certifiés après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dans la Patrie-mère, assurent<br />

désormais <strong>les</strong> quatre heures <strong>de</strong> cours hebdomadaires réservées à cette langue dans<br />

<strong>les</strong> éco<strong>les</strong> roumaines <strong>de</strong> la région, <strong>de</strong>s manuels en polonais étant fournis par l'Etat roumain.<br />

Un curé polonais a pris en charge la paroisse pendant un an, mais <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> ont<br />

préféré finalement confier cette mission à un prêtre issu <strong>de</strong> leur communauté, plus<br />

proche <strong>de</strong> leurs aspirations. Cette attention <strong>de</strong> l'extérieur se traduit donc généralement<br />

par <strong>de</strong>s bienfaits… comme lors <strong>de</strong> la venue du Pape : la cathédrale <strong>de</strong> Cacica dépend<br />

<strong>de</strong>puis directement du Vatican, ce qui se ressent sur son entretien.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Minorités<br />

SSociété<br />

Quatre villages démunis voici encore peu, mais à la population soudée<br />

Les "Poloni" s'amusent et boivent comme<br />

ils travaillent… <strong>de</strong> toute leur âme, <strong>de</strong> toutes leurs forces<br />

De gran<strong>de</strong>s maisons colorées, en bleu, vert, rouge,<br />

enveloppées d'un bardage en bois, avec <strong>de</strong> vastes<br />

fenêtres blanches, <strong>de</strong>s toits à <strong>de</strong>ux pentes, <strong>de</strong>s<br />

poutres intérieures, le berceau du nouveau-né qui se balance,<br />

accroché au plafond… Les quatre villages polonais <strong>de</strong><br />

Bucovine transportent dans un autre univers.<br />

Pour s'en convaincre, il suffit <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r ces petites têtes<br />

blon<strong>de</strong>s aux yeux bleus s'interpellant<br />

dans une langue étrange et arrêtant<br />

leurs jeux dès qu'une charrette<br />

passe. On est au pays <strong>de</strong>s charretiers,<br />

<strong>de</strong>s tonneliers, <strong>de</strong>s maréchauxferrants,<br />

tous métiers liés au cheval,<br />

partout présent. Les hommes ne<br />

sont pas très grands, mais costauds.<br />

Ils sont souvent bûcherons, durs au<br />

travail, que ce soit dans <strong>les</strong> champs<br />

ou à la ferme à s'occuper <strong>de</strong>s animaux.<br />

Nécessité faisant loi dans cette<br />

région démunie <strong>de</strong> tous services<br />

voici encore peu, le menuisier se<br />

servait <strong>de</strong> ses instruments pour remplacer<br />

le <strong>de</strong>ntiste, le charpentier était également vétérinaire, le<br />

berger se transformait en coiffeur, utilisant ses ciseaux <strong>de</strong>stinés<br />

à la tonte <strong>de</strong>s moutons. Les vieil<strong>les</strong> du village guérissaient le<br />

mal <strong>de</strong> tête en appliquant <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre et faisaient <strong>de</strong>s<br />

bouillies d'arnica.<br />

Jurer en roumain est beaucoup plus riche<br />

Ici, on loue toujours <strong>les</strong> terres, <strong>les</strong><br />

forêts, car l'Etat n'a pas rendu ce que<br />

<strong>les</strong> communistes avaient confisqué.<br />

Une bonne raison pour aller couper du<br />

bois en douce, et d'avoir quelques<br />

ennuis avec <strong>les</strong> gar<strong>de</strong>s-forestiers et la<br />

police… Mais, si on sait y faire, <strong>les</strong><br />

choses peuvent s'arranger. Pour être<br />

"Poloni", on n'en est pas moins<br />

Roumain !<br />

La main sur le cœur, <strong>les</strong> nombreux<br />

braconniers vous jureront que <strong>les</strong> sangliers<br />

qu'ils guettent la nuit détruisent<br />

leurs cultures <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> maïs et qu'ils <strong>les</strong> tuent<br />

uniquement pour cette raison. D'ailleurs, affirment-ils, ils ne<br />

détestent rien <strong>de</strong> plus que cette vian<strong>de</strong>, trop dure à leur goût…<br />

mais personne ne va vérifier le contenu <strong>de</strong> leur assiette quant<br />

ils mangent en famille.<br />

Attention ! Il ne faut pas trop chatouiller la susceptibilité<br />

<strong>de</strong> ces hommes simp<strong>les</strong>, renfermés et fiers. Quand ils se<br />

fâchent, ils en per<strong>de</strong>nt leur polonais pour lancer une bordée<br />

d'injures en roumain, au répertoire incomparablement plus<br />

riche en la matière, et seul emprunt qu’ils lui font.<br />

"Quand je me mets à boire, je bois !"<br />

On serait tenté <strong>de</strong> dire que la "samahoanca", eau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong><br />

betterave, et l'"horaspinca", sorte <strong>de</strong> vodka <strong>de</strong> maïs et mélange<br />

<strong>de</strong> plusieurs alcools, titrant<br />

toutes <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux entre 30 et 40°, sont<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mamel<strong>les</strong> du "Poloni", le<br />

jour du Seigneur. "Quand je me<br />

mets à boire, je bois", clament-ils.<br />

Certains dimanches, la fête peut<br />

durer jusqu'au matin. L'alcool et<br />

l'ambiance aidant, on danse la polka<br />

et la mazurka pieds nus sur <strong>les</strong><br />

tab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s bistrots, endroit où <strong>les</strong><br />

femmes savent pouvoir récupérer<br />

leurs maris. "On s'amuse comme on<br />

travaille, <strong>de</strong> toute notre âme, <strong>de</strong><br />

toutes nos forces" semblent-ils s'excuser.<br />

Dans <strong>les</strong> quatre villages polonais<br />

<strong>de</strong> Bucovine, tout le mon<strong>de</strong> se connaît. Il y a parfois <strong>de</strong>s<br />

Allemands catholiques mais très peu <strong>de</strong> Roumains, même si<br />

<strong>les</strong> relations sont bonnes. La population est très unie et s'entrai<strong>de</strong><br />

volontiers. A P<strong>les</strong>a, <strong>les</strong> "Poloni" sont appelés, avec un<br />

peu <strong>de</strong> con<strong>de</strong>scendance, <strong>les</strong> "Slovaci", car ils viennent d'une<br />

région appartenant à la Slovaquie.<br />

Tout en étant repliée sur elle-même, la communauté<br />

polonaise, à l’activité essentiellement agricole<br />

aujourd’hui, entretient <strong>de</strong> bonnes relations<br />

<strong>de</strong> voisinage avec <strong>les</strong> Roumains.<br />

Un couvert pour le Seigneur<br />

ou le convive inattendu<br />

Les mariages se font à l'intérieur<br />

<strong>de</strong> la communauté, ce qui n'est pas<br />

sans nourrir quelques inquiétu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

consanguinité parmi ces 3-4000 habitants.<br />

Mais ce repli sur soi a permis <strong>de</strong><br />

conserver coutumes, traditions, costumes<br />

que l'on peut voir lors <strong>de</strong>s fêtes,<br />

essentiellement religieuses, ainsi que<br />

la langue. A table, on met toujours un<br />

couvert <strong>de</strong> plus, pour le Seigneur ou<br />

un convive inattendu. Le jour <strong>de</strong> Noël,<br />

on sert onze à treize plats différents, mais forcément un<br />

nombre impair.<br />

Dans cet univers, la femme, souvent habillée dans <strong>de</strong>s<br />

vêtements aux couleurs vives avec <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> fleurs, occupe<br />

une place importante, égale à celle <strong>de</strong> l'homme. Un dicton<br />

polonais dit que "l'homme est la tête <strong>de</strong> la famille, et la femme,<br />

la couronne". Les Roumains ont <strong>de</strong> son rôle une idée encore<br />

plus directrice : si l'homme est la tête, la femme… est le cou.<br />

Des villages reconnaissab<strong>les</strong> à leurs maisons<br />

peintes et à leurs cimetières fleuris.<br />

29


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

30<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

SUCEAVA IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU<br />

CLUJ MURES VASLUI <br />

ARAD<br />

COPSA BACAU <br />

<br />

<br />

MICA<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

SINAIA BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Des donneurs <strong>de</strong> sang<br />

"mieux nourris"<br />

souhaités<br />

Réunis en congrès, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins<br />

roumains <strong>de</strong> l'Institut National<br />

d'Hématologie Transfusionnelle ont<br />

déploré que leurs compatriotes ne<br />

donnent leur sang que pour <strong>de</strong>s<br />

motifs matériels. "Sur dix ou quinze<br />

mille donneurs, cent seulement sont<br />

véritablement volontaires et effectuent<br />

un geste désintéressé" ont-ils<br />

estimé, souhaitant voir venir aux collectes,<br />

"<strong>de</strong>s personnes mieux nourries,<br />

ayant une meilleure situation<br />

matérielle et n'ayant pas à cacher<br />

leur véritable état <strong>de</strong> santé".<br />

Les donneurs reçoivent une<br />

somme <strong>de</strong> 200 000 lei (6 €, 40 F,<br />

soit près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours d'un salaire<br />

moyen), se voient attribuer <strong>de</strong>ux<br />

jours <strong>de</strong> congé et accor<strong>de</strong>r une<br />

réduction <strong>de</strong> 50 % sur <strong>les</strong> transports<br />

en commun.<br />

Premier hôpital privé<br />

Dans moins d'un an, la Roumanie<br />

disposera <strong>de</strong> son premier hôpital<br />

privé, dénommé Euroclinic. Construit<br />

sur un terrain <strong>de</strong> 4000 m2 appartenant<br />

à l'Hôpital <strong>de</strong>s urgences <strong>de</strong><br />

Bucarest, lequel est public, il sera en<br />

fait un hôtel <strong>de</strong> luxe médicalisé dont<br />

<strong>les</strong> clients seront conduits vers <strong>les</strong><br />

sal<strong>les</strong> d'opérations <strong>de</strong> celui-ci, mais<br />

sera doté <strong>de</strong> services complémentaires<br />

(<strong>de</strong>rmatologie, urologie, pédiatrie,<br />

maladies chroniques, etc...)<br />

ainsi que d'un héliport. La première<br />

phase du projet nécessite un investissement<br />

<strong>de</strong> 5 M€ (32 MF). Les<br />

employés <strong>de</strong> l'Hôpital <strong>de</strong>s urgences<br />

auront la possibilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir<br />

actionnaire du nouvel établissement,<br />

dans la limite globale <strong>de</strong> 20 %.<br />

Santé<br />

SSociété<br />

Grave pénurie <strong>de</strong><br />

mé<strong>de</strong>cins du secteur public<br />

Le concours pour le recrutement <strong>de</strong>s professions médica<strong>les</strong> dans le système<br />

public <strong>de</strong> santé a mis en évi<strong>de</strong>nce la profon<strong>de</strong> désaffection <strong>de</strong>s jeunes à son<br />

égard. Seulement 115 candidats se sont présentés pour 878 postes à pourvoir<br />

dans tout le pays, soit un pour 7-8 postes. Parmi eux 90 visaient la fonction <strong>de</strong><br />

mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> famille, 23 <strong>de</strong> chirurgien-<strong>de</strong>ntiste, et seulement <strong>de</strong>ux voulaient <strong>de</strong>venir<br />

pharmacien. La situation est d'autant plus inquiétante que la Roumanie est l'un <strong>de</strong>s<br />

pays européens où l'état sanitaire <strong>de</strong> la population est le plus préoccupant.<br />

Le déficit le plus important est enregistré à Bacau qui recherche 100 mé<strong>de</strong>cins et<br />

a besoin <strong>de</strong> 2700 para- médicaux. Pour <strong>les</strong> 14 postes <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> famille, une seule<br />

candidature s'est manifestée, et aucune pour <strong>les</strong> cinq postes <strong>de</strong> pharmacien disponib<strong>les</strong>.<br />

L'hôpital <strong>de</strong> Bacau qui recrutait 35 mé<strong>de</strong>cins n'a reçu que 19 candidatures.<br />

Salaires dérisoires, conditions <strong>de</strong> travail diffici<strong>les</strong>, cabinets mal équipés et souvent<br />

à l'étroit, expliquent le renoncement <strong>de</strong>s jeunes praticiens à entrer dans le service<br />

public et leur tentation <strong>de</strong> se diriger vers le secteur privé. Les spécialités souffrant d'un<br />

plus grand déficit <strong>de</strong> candidats sont cel<strong>les</strong> où il est le plus facile <strong>de</strong> se mettre à son<br />

compte, comme pharmacien ou chirurgien-<strong>de</strong>ntiste.<br />

Il faudra payer une taxe pour entrer à l'hôpital<br />

La ministre <strong>de</strong> la Santé, Daniela<br />

Bartos, a pris <strong>de</strong>ux mesures<br />

vis à vis <strong>de</strong>s assurés sociaux<br />

pour restreindre leurs dépenses, provoquant<br />

<strong>de</strong> vives protestations aussi bien <strong>de</strong><br />

leur part que <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s professionnels<br />

du secteur.<br />

La première vise à décourager <strong>les</strong><br />

hospitalisations inuti<strong>les</strong> <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s qui<br />

pourraient se soigner à domicile, en instituant<br />

une taxe obligatoire <strong>de</strong> 50 000 à 100<br />

000 lei (1,5 à 3 €) quelque soit le nombre<br />

<strong>de</strong> jours d'hospitalisation et même s'ils<br />

disposent d'une assurance santé. Les<br />

retraités, mala<strong>de</strong>s particulièrement<br />

exposés et aux très faib<strong>les</strong> revenus, sont<br />

<strong>les</strong> plus touchés par cette nouvelle taxe.<br />

La secon<strong>de</strong> impose aux mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong><br />

délivrer au maximum trois médicaments<br />

remboursés ou gratuits par mois à leurs<br />

patients atteints d'une affection chronique,<br />

afin <strong>de</strong> réduire l'importances <strong>de</strong>s<br />

prescriptions. En cas <strong>de</strong> dépassement, ce<br />

sera aux mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> payer la différence.<br />

Cette décision a suscité la colère du corps<br />

médical qui la considère comme une<br />

aberration, certaines maladies ou l'état <strong>de</strong><br />

santé <strong>de</strong> leur patient exigeant davantage<br />

<strong>de</strong> médicaments. Un mé<strong>de</strong>cin a posé cette<br />

question : "Si je ne donne pas le traitement<br />

nécessaire à un mala<strong>de</strong> et qu'il<br />

meurt… qui sera poursuivi, le mé<strong>de</strong>cin<br />

qui n'a pas fait son travail ou le ministère<br />

qui lui a ordonné <strong>de</strong> ne pas le faire?".<br />

Un chirurgien roumain, académicien français<br />

Chirurgien ayant réalisé la première greffe du foie en Roumanie et ayant<br />

effectué 35 interventions <strong>de</strong> ce type à travers tout le pays <strong>de</strong>puis, le professeur<br />

Irinel Popescu, chef <strong>de</strong> clinique à l'hôpital Fun<strong>de</strong>ni <strong>de</strong> Bucarest et<br />

ancien secrétaire d'Etat à la Santé sous la prési<strong>de</strong>nce d'Emil Constantinescu, a été fait<br />

membre <strong>de</strong> l'Académie Française <strong>de</strong> Chirurgie.<br />

Disco pour handicapés mentaux<br />

Laila Onu, directeur du centre <strong>de</strong> jour pour handicapés mentaux "Pentru voi<br />

" ("Pour vous") <strong>de</strong> Timisoara, a décidé <strong>de</strong> sortir ses 80 protégés <strong>de</strong> l'univers<br />

<strong>de</strong> leur atelier où ils apprennent et pratiquent quotidiennement la couture,<br />

fabriquent <strong>de</strong>s objets artisanaux. Profitant <strong>de</strong>s espaces libres dans ces locaux, il<br />

a aménagé une discothèque où ces jeunes pourront se retrouver après leur journée, fait<br />

installer <strong>de</strong>s jeux et autres distractions, et espère qu'ils pourront servir à tous <strong>les</strong> évènements<br />

heureux <strong>de</strong> le vie, comme <strong>les</strong> anniversaires.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Santé<br />

Un million <strong>de</strong> Roumaines <strong>de</strong>viennent enceintes<br />

chaque année, mais seulement 300 000 mèneront<br />

leur grossesse à terme, 700 000 ayant recours à<br />

l'avortement. Dans le pays, la Moldavie vient en tête, avec 60<br />

000 avortements. Avec une moyenne <strong>de</strong> 3 à 4 avortements par<br />

femme, contre à peine un pour <strong>les</strong> Européennes <strong>de</strong> l'Ouest, la<br />

Roumanie est le pays qui enregistre le plus grand nombre <strong>de</strong><br />

décès entraînés par cette intervention.<br />

Considéré comme une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> contraception, l'avortement<br />

mal pratiqué laisse aussi 20 % <strong>de</strong>s Roumaines qui y ont<br />

recours stéri<strong>les</strong> et provoque fausses couches et naissances prématurées.<br />

Le manque d'éducation sexuelle et <strong>de</strong> sensibilisation aux<br />

métho<strong>de</strong>s contraceptives expliquent l'importance <strong>de</strong> ce phénomène.<br />

Jusqu'ici <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong>s pouvoirs publics, <strong>de</strong>s ONG,<br />

<strong>les</strong> programmes financés par la Banque Mondiale pour y remédier<br />

se sont soldés par <strong>de</strong>s échecs. Plusieurs raisons sont<br />

avancées : la grand pauvreté et la peur <strong>de</strong> l'avenir qui amènent<br />

Religion<br />

Les 430 moines et nonnes <strong>de</strong>s<br />

27 monastères <strong>de</strong> l'éparchie<br />

(diocèse) <strong>de</strong> Roman vont recevoir<br />

une "légitimatie" (carte d'i<strong>de</strong>ntité<br />

professionnelle) <strong>de</strong> leur hiérarchie, comportant<br />

tous <strong>les</strong> éléments pouvant permettre<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> i<strong>de</strong>ntifier, leur fonction ainsi<br />

SSociété<br />

Une Roumaine avorte,<br />

en moyenne, trois à quatre fois dans sa vie<br />

qu'une photo. Munis <strong>de</strong> celle-ci et après<br />

avoir obtenu une autorisation <strong>de</strong> sortie,<br />

ils pourront s'absenter <strong>de</strong> leur monastère.<br />

Cette initiative a été prise pour permettre<br />

aux policiers <strong>de</strong> pouvoir démasquer <strong>les</strong><br />

faux moines ou nonnes qui recueillent <strong>de</strong><br />

l'argent, soi-disant pour <strong>les</strong> bonnes<br />

<strong>de</strong>s coup<strong>les</strong> à refuser <strong>les</strong> naissances, particulièrement chez <strong>les</strong><br />

jeunes qui touchent <strong>de</strong>s salaires dérisoires s'ils ne sont pas au<br />

chômage. L'appréhension du "qu'en dira-ton" et <strong>de</strong> la honte,<br />

toujours bien présents en Roumanie, qui conduisent <strong>de</strong>s<br />

parents à insister pour que leurs fil<strong>les</strong> avortent, ainsi qu'une<br />

pu<strong>de</strong>ur chez <strong>les</strong> jeunes femmes qui <strong>les</strong> amène à ne pas vouloir<br />

d'enfants en <strong>de</strong>hors du mariage… et parfois n'en auront pas<br />

non plus quand el<strong>les</strong> seront mariées, à la suite <strong>de</strong>s conséquences<br />

<strong>de</strong> leurs avortements antérieurs.<br />

Certains spécialistes <strong>de</strong> la santé mettent aussi en cause <strong>les</strong><br />

mé<strong>de</strong>cins gynécologues qui se gar<strong>de</strong>raient bien <strong>de</strong> promouvoir<br />

la contraception auprès <strong>de</strong> leur patientes pour pouvoir continuer<br />

à pratiquer <strong>de</strong>s actes rémunérateurs et nombreux.<br />

Plusieurs hôpitaux tentent <strong>de</strong> mettre un terme à ce comportement<br />

<strong>de</strong>s Roumaines face à la contraception, en rendant plus<br />

onéreux <strong>les</strong> curetages qui sont facturés 200 000 lei (6 €, 40 F)<br />

alors qu'un traitement mensuel par pilule (50 000 lei, 1,5 €, 10<br />

F) ou la pose d'un stérilet revient beaucoup moins cher.<br />

La quatrième paroisse orthodoxe<br />

roumaine <strong>de</strong> France est née à Lyon<br />

La quatrième paroisse orthodoxe roumaine en France, après Paris et Strasbourg a<br />

ouvert ses portes à la fin <strong>de</strong> l'année passée, à Lyon. Arrivé voici cinq ans dans la<br />

capitale <strong>de</strong>s Primats <strong>de</strong> Gaule, pour préparer une thèse <strong>de</strong> doctorat, Cristian<br />

Nicu<strong>les</strong>cu, prêtre <strong>de</strong> Timisoara, avait reçu également la mission du métropolite orthodoxe<br />

roumain pour l'Europe Centrale et Occi<strong>de</strong>ntale, d'y créer une paroisse.<br />

La tâche s'est avérée délicate, le prêtre se rendant vite compte que <strong>les</strong> Roumains orthodoxes<br />

ne formaient pas une communauté, beaucoup d'entre eux n'ayant pas confiance dans<br />

leur église nationale. Il constata avec stupeur que la suspicion d'une complicité entre celle-ci<br />

et la police politique, datant du régime communiste et <strong>de</strong> la Securitate, n'avait pas disparu.<br />

Cristian Nicu<strong>les</strong>cu a lors procédé par étapes. Au début, il a organisé <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> séances<br />

<strong>de</strong> prières dans l'appartement d'un Roumain, puis a réuni suffisamment <strong>de</strong> signatures <strong>de</strong><br />

fidè<strong>les</strong> pour que le métropolite déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'ouverture <strong>de</strong> la paroisse.<br />

Mais le problème <strong>de</strong>s locaux se posait toujours. Antoine Callot, prêtre <strong>de</strong> la paroisse<br />

orthodoxe française <strong>de</strong> Lyon, proposa <strong>de</strong> partager sa chapelle, <strong>les</strong> offices ayant lieu alternativement<br />

en langue française et roumaine. Du coup, sous la direction <strong>de</strong> la femme <strong>de</strong> Cristian, une chorale franco-roumaine s'est<br />

constituée, <strong>les</strong> chants liturgiques étant interprétés et traduits dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux langues.<br />

Le métropolite se désintéressant du sort <strong>de</strong> la petite paroisse roumaine <strong>de</strong> Lyon et ne fournissant aucune ai<strong>de</strong>, celle-ci s'est<br />

tournée vers l'archevêché catholique <strong>de</strong> la région qui a mis à sa disposition une salle dans sa maison paroissiale Saint Maurice. Les<br />

fidè<strong>les</strong> ont ainsi pu y disposer <strong>de</strong> leur propre chapelle… totalement vi<strong>de</strong> au début et aménagée peu à peu grâce à l'argent collecté<br />

lors <strong>de</strong>s offices. Le prêtre a acheté du bois pour construire l'autel, <strong>de</strong>s cadres pour <strong>les</strong> icônes… mais faute d'en possé<strong>de</strong>r cel<strong>les</strong>-ci<br />

ont été remplacées par <strong>de</strong>s photos prises sur <strong>de</strong>s sites Internet. Depuis, la petite église lyonnaise est <strong>de</strong>venue le lieu <strong>de</strong> prières <strong>de</strong><br />

quelques dizaines <strong>de</strong> Roumains orthodoxes, mais aussi <strong>de</strong> Grecs, Russes et Français.<br />

Carte professionnelle pour <strong>les</strong> moines et nonnes<br />

œuvres ou la construction d'édifices religieux.<br />

Elle vise aussi à mieux contrôler<br />

<strong>les</strong> sorties non autorisées <strong>de</strong>s moines, qui<br />

seront exposés aux sanctions prévues par<br />

le règlement monacal. Cette "legitimatie"<br />

ne sera délivré qu'aux religieux qui ont<br />

déjà prononcé leur serment.<br />

22 31


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

32<br />

BAIA MARE<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

CLUJ<br />

<br />

ARAD<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

IASI<br />

BACAU<br />

ALBA<br />

IULIA<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

PITESTI BRAILA <br />

<br />

SLATINA <br />

TULCEA<br />

<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

CRAIOVA<br />

Brevet: <strong>de</strong>s notes<br />

arrangeantes<br />

Fin juin 2002, à Slatina. Les<br />

élèves <strong>de</strong> huitième consultent <strong>les</strong><br />

résultats <strong>de</strong> l'examen <strong>de</strong> capacitate<br />

(brevet). Le père <strong>de</strong> l'un d'entre-eux<br />

s'indigne <strong>de</strong> voir que son fils n'a<br />

obtenu que la moyenne <strong>de</strong> 7,40 sur<br />

10, ce qui lui barre l'entrée au lycée<br />

<strong>de</strong> la police où la note 8 est exigée.<br />

Les candidats pouvant contester <strong>les</strong><br />

résultats, <strong>de</strong>ux professeurs du jury<br />

s'attellent à la relecture <strong>de</strong> l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs du garçon et,<br />

bienveillants, remontent finalement<br />

sa moyenne à 7,6. Quand la différence<br />

est inférieure à 0,5 point, le<br />

dossier reste sur place; si elle est<br />

plus gran<strong>de</strong>, c'est l'inspection qui le<br />

prend en charge.<br />

“Vous ne voulez pas <strong>de</strong><br />

mes 300 dollars ?<br />

Bien, j’appelle l’inspecteur.”<br />

Le père proteste auprès <strong>de</strong>s<br />

enseignants, tempête, implore, insiste…<br />

Rien n'y fait, le maximum a été<br />

consenti. En désespoir <strong>de</strong> cause, il<br />

sort 300 dollars (2000 F), qui sont<br />

refusés, et est invité à sortir <strong>de</strong> la<br />

salle du jury, malgré ses prières.<br />

Une <strong>de</strong>mi-heure plus tard, le téléphone<br />

sonne. L'un <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong><br />

l'inspection <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ce que <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>voirs lui soient transmis pour une<br />

nouvelle correction. Protestations<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux professeurs coupées par<br />

un brutal : "Vous m'avez compris ou<br />

je dois le répéter ?". Deux jours plus<br />

tard, la moyenne <strong>de</strong> l'élève avait été<br />

rectifiée à 8,90. Aujourd'hui lycéen, il<br />

envisage <strong>de</strong> faire carrière dans la<br />

police…<br />

Peut-être sera-t-il chargé d'enquêter<br />

sur <strong>les</strong> affaires <strong>de</strong> corruption?<br />

SSociété<br />

Près <strong>de</strong> 15 000 suppléants<br />

sans qualification dans tout le pays<br />

Enseignement<br />

Les démissions <strong>de</strong> professeurs, faute <strong>de</strong> salaires décents, s'accélèrent à travers<br />

le pays. Rien que dans la capitale, quinze d'entre-eux quittent l'enseignement<br />

chaque semaine, se reconvertissant dans la vente <strong>de</strong> téléphones<br />

mobi<strong>les</strong>, la publicité, <strong>de</strong>venant pompistes dans <strong>de</strong>s stations-services ou vendant simplement<br />

<strong>de</strong>s légumes et <strong>de</strong>s fruits sur <strong>les</strong> marchés. Par ailleurs, près <strong>de</strong> 3000 ont pris<br />

un congé sans sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> un an.<br />

Ces enseignants sont souvent remplacés<br />

par <strong>de</strong>s personnes n'ayant pas la qualification<br />

requise ni <strong>les</strong> diplômes exigés. Près <strong>de</strong> 15 000<br />

postes, dont 4000 en ville, sont ainsi pourvus<br />

par <strong>de</strong>s suppléants n'ayant pas la compétence<br />

indispensable, ne disposant parfois que <strong>de</strong><br />

leur baccalauréat ou bien encore en cours <strong>de</strong><br />

formation ou ayant une qualification autre.<br />

C'est en anglais que le phénomène est le<br />

Faute <strong>de</strong> salaires décents,<br />

<strong>les</strong> enseignants désertent le métier.<br />

plus criant (15 % d'enseignants non qualifiés),<br />

discipline qui précè<strong>de</strong> la religion (12 %), l'in-<br />

formatique (11 %), et le roumain (7 %). Par ailleurs, si la crise est moins profon<strong>de</strong><br />

dans l'enseignement supérieur, elle n'en épargne pas pour autant <strong>les</strong> 3600 professeurs<br />

universitaires du pays qui gagnent, en moyenne, 300 euros par mois (2000 F), salaire<br />

brut… soit douze fois moins que la moyenne <strong>de</strong> leurs 18 000 collègues français.<br />

A 300 € par mois, <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> riches<br />

peuvent apprendre l'anglais à Bucarest<br />

L'émergence d'une classe <strong>de</strong> Roumains qui s'est enrichie après la Révolution<br />

a favorisé l'apparition d'universités et <strong>de</strong> lycées privés à travers le pays. Les<br />

éco<strong>les</strong> primaires du même type sont beaucoup plus rares. L'une d'entre<br />

el<strong>les</strong>, l'école "Mark Twain", fondée en 1995 dans la banlieue rési<strong>de</strong>ntielle nord <strong>de</strong><br />

Bucarest, se flatte d'être la seule <strong>de</strong> son genre en Roumanie à être bilingue, <strong>les</strong> 200<br />

enfants la fréquentant y recevant leur enseignement, inspiré d'une métho<strong>de</strong> américaine,<br />

successivement en roumain et en anglais.<br />

Un mini-bus effectue le ramassage scolaire tous <strong>les</strong> matins. Les élèves arrivent à<br />

8 h 30 et prennent ensemble un copieux petit-déjeuner, puis étudient différentes disciplines<br />

en roumain jusqu'à 11 h. Une pause d'un quart d'heure, accompagnée d'une collation,<br />

précè<strong>de</strong> l'enseignement en anglais, dont <strong>les</strong> mathématiques, qui se déroule jusqu'à<br />

13 h 30. Puis pendant une heure, <strong>les</strong> enfants prennent leur déjeuner et se reposent.<br />

L'après-midi, jusqu'à 16 h 30 et le retour dans <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> par minu-bus, est consacré<br />

aux disciplines optionnel<strong>les</strong> enseignées dans <strong>de</strong>s ateliers: ordinateur, échecs, aïkido,<br />

art, histoire, religion, ballet, danse sportive, théâtre, allemand, espagnol, arabe. Il existe<br />

aussi <strong>de</strong>s ateliers jeunes journalistes, magie, amour <strong>de</strong> la littérature, etc…<br />

Surveillance en direct <strong>de</strong>s cours sur Internet pour <strong>les</strong> parents<br />

Pour pouvoir inscrire leurs enfants, <strong>les</strong> parents doivent s'acquitter <strong>de</strong> 300 € (2000<br />

F) par mois, ce qui, comparativement, ferait 3800 € (25 000 F) pour un occi<strong>de</strong>ntal.<br />

Pourtant on s'y bouscule : l'école a une liste d'attente représentant 15 % <strong>de</strong>s effectifs<br />

et il est conseillé <strong>de</strong> se pré-inscrire un an à l'avance.<br />

Petit plus offert aux famil<strong>les</strong>, à 95 % roumaines, <strong>les</strong> autres appartenant au corps<br />

diplomatique… une web-camera leur permet <strong>de</strong> surveiller en direct sur Internet leurs<br />

rejetons pendant <strong>les</strong> cours et <strong>de</strong> vérifier le contenu <strong>de</strong> ceux-ci. Les enseignants - un<br />

pour cinq élèves - doivent apprécier… mais, triés sur le volet, ils gar<strong>de</strong>nt leurs<br />

remarques pour eux : leur salaire, à 7 millions <strong>de</strong> lei (210 €, 1400 F) est trois fois<br />

supérieur à celui d'un débutant.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Environnement<br />

Ces douze <strong>de</strong>rnières années, Bucarest a perdu 17<br />

km2 d'espaces verts, soit la moitié <strong>de</strong> ceux qui<br />

existaient lors <strong>de</strong> la chute du régime communiste.<br />

Avec 2,5 m2 <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> verdure par habitant, la capitale roumaine<br />

atteint à peine le quart <strong>de</strong>s normes internationa<strong>les</strong> qui<br />

sont <strong>de</strong> 12 m2. Cette restriction <strong>de</strong> l'espace vitale, due pour une<br />

bonne part à l'affairisme immobilier, se traduit par une détérioration<br />

<strong>de</strong> l'environnement. Chaque kilomètre carré <strong>de</strong> la<br />

ville reçoit mensuellement 275 tonnes <strong>de</strong> poussière. Les <strong>de</strong>ux<br />

millions <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong>, souvent usagers, qui circulent dans la<br />

capitale provoquent 70 % <strong>de</strong> la pollution.<br />

Seize cimetières publics totalement saturés<br />

Le manque <strong>de</strong> place se fait aussi dramatiquement ressentir<br />

au niveau <strong>de</strong>s seize cimetières publics <strong>de</strong> la capitale qui sont<br />

totalement saturés. Ceux-ci ne peuvent<br />

plus proposer que quatre cents<br />

places mensuellement, alors qu'il<br />

meure cinq cents Bucarestois pendant<br />

cette pério<strong>de</strong>. Les tombes sont<br />

mises à touche-touche jusqu'aux<br />

portes <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> gardien, alors<br />

que la réglementation prévoit<br />

qu'el<strong>les</strong> en soient distantes d'au<br />

moins trois mètres.<br />

D'après celle-ci, une réserve <strong>de</strong><br />

douze mille emplacements <strong>de</strong>vrait<br />

exister pour faire face à une calamité<br />

naturelle et pouvoir enterrer la totalité<br />

<strong>de</strong>s victimes... ce que, malheureusement,<br />

on ne peut pas exclure à<br />

Bucarest, ville souvent touchée par<br />

<strong>les</strong> tremblements <strong>de</strong> terre. La mairie a bien acheté <strong>de</strong>ux terrains,<br />

mais le budget <strong>de</strong> la ville n'a pas prévu d'argent pour <strong>les</strong><br />

aménager.<br />

La pollution se retrouve également dans ces lieux. Un rapport<br />

<strong>de</strong> l'Inspection Sanitaire indique que la moitié <strong>de</strong>s cimetières<br />

fonctionnent sans autorisation sanitaire et que l'autre ne<br />

la respecte pas. De graves problème d'hygiène sont signalés. Il<br />

n'est pas rare <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s déchets jonchés le sol. Les poubel<strong>les</strong><br />

n'existent pas ou débor<strong>de</strong>nt, la collecte <strong>de</strong>s ordures n'étant<br />

effectuée qu'une fois par semaine. Des robinets manquent ou<br />

sont volés, l'état <strong>de</strong>s toilettes est misérable...<br />

Véritable Panthéon national, où sont enterrés <strong>les</strong> grands<br />

noms <strong>de</strong> l'histoire et <strong>de</strong> la culture roumaine, le cimetière Bellu<br />

échappe à cette triste réalité. Aujourd'hui, il est surtout<br />

considéré comme la <strong>de</strong>rnière rési<strong>de</strong>nce "cinq étoi<strong>les</strong>" <strong>de</strong> la<br />

nouvelle nomenklatura.<br />

L'administration municipale tente cependant <strong>de</strong> donner<br />

une image plus reluisante <strong>de</strong> ces lieux qu'elle a en charge. Elle<br />

a créé un site Internet, www.cimitire.ro, présentant tous <strong>les</strong><br />

cimetières publics, <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> transports pour s'y rendre,<br />

<strong>les</strong> formalités à accomplir lors d'un décès...<br />

SSociété<br />

Bucarest a perdu la moitié <strong>de</strong> ses espaces verts <strong>de</strong>puis 1990<br />

Plus <strong>de</strong> place pour enterrer <strong>les</strong> morts<br />

A Bucarest, faute <strong>de</strong> place, morts et vivants<br />

ont <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> mal... à respirer. Mais, vu <strong>les</strong> prix<br />

<strong>de</strong>mandés dans <strong>les</strong> cimetières, <strong>les</strong> vivants<br />

ont <strong>de</strong> moins en moins l’intention d’y rejoindre <strong>les</strong> morts.<br />

Les promoteurs <strong>de</strong> cimetières privés déchantent<br />

Mais il existe aussi à Bucarest 12 cimetières "paroissiaux"<br />

dépendant essentiellement <strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe ainsi que<br />

quatre cimetières privés, apparus au cours <strong>de</strong> ces quatre-cinq<br />

<strong>de</strong>rnières années: le cimetière "Metallurgie", près du quartier<br />

Tunari, "Cernica" (quartier Pantalimon), "Pace Voua"<br />

(chaussée Magurele), "Michel et Gabriel", près <strong>de</strong> l'autoroute<br />

Bucarest-Pitesti.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers ont été créés par <strong>de</strong>s hommes d'affaires qui,<br />

au vu <strong>de</strong> la hausse relative du taux <strong>de</strong> mortalité et <strong>de</strong>s dépenses<br />

que <strong>les</strong> Roumains n'hésitent pas à entreprendre pour <strong>les</strong><br />

obsèques <strong>de</strong> leurs proches, ont estimé que l'investissement<br />

pouvait être rentable en moins <strong>de</strong> dix ans.<br />

Aujourd'hui, ces "promoteurs" déchantent. Non seulement<br />

il leur a fallu acquérir d'immenses terrains au prix du mètre<br />

carré pratiqué dans la capitale, mais<br />

encore ont-ils dû <strong>les</strong> viabiliser, assurer<br />

leur drainage, installer <strong>de</strong>s allées<br />

en béton, y construire une chapelle,<br />

un bâtiment administratif, <strong>de</strong>s commodités...<br />

tout en respectant la distance<br />

minimum <strong>de</strong> 50 m entre la<br />

porte du cimetière et la première<br />

habitation.<br />

Ainsi l'achat et l'aménagement<br />

d'un terrain <strong>de</strong> 10 ha est-il revenu à<br />

500 000 € (3 MF) à son propriétaire.<br />

L'obtention <strong>de</strong> la vingtaine d'au-<br />

torisations nécessaires, <strong>de</strong>mandant<br />

plus d'un an <strong>de</strong> démarches auprès <strong>de</strong><br />

multip<strong>les</strong> services, et 10 000 € <strong>de</strong><br />

frais et taxes supplémentaires, a<br />

découragé le développement <strong>de</strong> ces initiatives.<br />

Des Bucarestois effrayés par <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>mandés<br />

Quant aux résultats, ils sont en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> scénarios<br />

imaginés. Effrayés par <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>mandés, parfois aussi<br />

par la distance <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ces cimetières situés en périphérie,<br />

<strong>les</strong> Bucarestois ont boudé cette innovation. A<br />

"Metallurgie", un emplacement se vend entre 500 et 700 €<br />

(3300-4600 F). On n'y dénombre que 50 tombes, après trois<br />

années d'existence. A "Michel et Gabriel", à peine cent places<br />

ont été acquises en cinq ans. Son propriétaire cherche à s'en<br />

débarrasser et un emplacement est bradé à 60 € (400 F), uniquement<br />

pour tenter <strong>de</strong> récupérer une partie <strong>de</strong> la mise <strong>de</strong><br />

départ.<br />

A "Pace Voua", seule la pratique <strong>de</strong> prix plus accessib<strong>les</strong><br />

- entre 120 et 210 € (800-1400F) - a permis à son promoteur<br />

<strong>de</strong> vendre 500 <strong>de</strong>s 10 000 places proposées en dix-huit mois.<br />

Quelque soit l'immense respect que <strong>les</strong> Roumains portent à<br />

leurs morts, leur vie est aujourd'hui trop dure pour se permettre<br />

n'importe quelle dépense.<br />

22 33


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

34<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

ORADEA BAIA<br />

MARE TARGU<br />

<br />

MURES<br />

IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

<br />

<br />

PIATRA<br />

NEAMT<br />

<br />

CLUJ<br />

ALBA IULIA <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Classement UEFA:<br />

la Roumanie 24ème<br />

Eliminée <strong>de</strong> la phase préliminaire<br />

<strong>de</strong> la coupe du mon<strong>de</strong> 2002, la<br />

Roumanie a obtenu sa plus mauvaise<br />

place au classement annuel <strong>de</strong> la<br />

FIFA (Fédération Internationale <strong>de</strong><br />

Football), instauré en 1993. El<strong>les</strong> se<br />

classe au 24ème rang, avec 649<br />

points, loin <strong>de</strong>rrière, respectivement,<br />

le Brésil, premier avec 856 pts, la<br />

France, (787 pts), l'Espagne (779<br />

pts), l'Allemagne (761 pts).<br />

Anghel Iordanescu,<br />

sélectionneur <strong>de</strong> l’équipe nationale.<br />

Pour <strong>les</strong> éliminatoires <strong>de</strong> l'Euro<br />

2004, lequel se déroulera au<br />

Portugal, la Roumanie doit affronter<br />

le Danemark (12ème, 707 pts), la<br />

Norvège (26ème, 648 pts), la<br />

Bosnie-Herzégovine (87ème, 462<br />

pts), le Luxembourg (148ème, 254<br />

pts). Après trois matchs, la<br />

Roumanie est secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa poule<br />

avec 6 points (<strong>de</strong>ux victoires contre<br />

le Luxembourg et la Bosnie-<br />

Herzégovine, une défaite à Bucarest<br />

contre la Norvège), <strong>de</strong>rrière la<br />

Norvège (7 pts) et <strong>de</strong>vant le<br />

Danemark (4 pts, un match en<br />

moins). Seule la première place est<br />

qualificative, le second <strong>de</strong> la poule<br />

étant appelé à disputer un match<br />

aller-retour <strong>de</strong> barrage.<br />

Sports<br />

SSociété<br />

Entraînement commando<br />

pour <strong>les</strong> rugbymen roumains<br />

Petit Napoléon" - c'est ainsi que <strong>les</strong> Roumains appellent le sélectionneur <strong>de</strong><br />

leur équipe nationale, le Français Bernard Charreyre, <strong>de</strong>puis qu'il a sauvé<br />

du naufrage leur rugby - a mis au point un plan <strong>de</strong> préparation inédit en vue<br />

<strong>de</strong> la prochaine coupe du mon<strong>de</strong> qui doit se dérouler en Australie, en octobre prochain.<br />

Trente jours avant <strong>de</strong> s'envoler pour <strong>les</strong> antipo<strong>de</strong>s, ses joueurs seront réunis dans une<br />

base sportive ultra-mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s Alpes françaises, recevant un entraînement commando<br />

dans un cadre sauvage où ils <strong>de</strong>vront eux-mêmes se débrouiller avec <strong>de</strong>s techniques<br />

<strong>de</strong> survie, développer leur condition physique et leur esprit <strong>de</strong> corps… ainsi que le font<br />

<strong>les</strong> sélections nationa<strong>les</strong> anglaise et française.<br />

Par ailleurs, Bruno Charreyre a désigné trente joueurs qui ont obtenu le statut professionnel<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la Fédération Roumaine <strong>de</strong> Rugby et reçoivent <strong>de</strong> celle-ci un<br />

salaire mensuel <strong>de</strong> 300 à 500 € (2000 à 3300 F), s'entraînant déjà en vue <strong>de</strong> la coupe<br />

du mon<strong>de</strong>. Le Français a prévenu que chacun d'entre-eux avait une chance d'être retenu<br />

pour l'Australie, le capitaine <strong>de</strong> l'équipe, Romeo Gontineac, étant le seul assuré<br />

d'être sélectionné.<br />

Au cours <strong>de</strong> ce mondial, la Roumanie doit affronter l'Australie, tenante du titre,<br />

l'Argentine, l'Irlan<strong>de</strong> et la Namibie, en poule qualificative.<br />

Cinq ans <strong>de</strong> suspension pour <strong>les</strong> gymnastes nues<br />

Les trois anciennes championnes roumaines<br />

<strong>de</strong> gymnastique, Lavinia Milo-<br />

Sovici, Claudia Presecan et Corina<br />

Ungureanu, qui avaient posé nues dans un magazine<br />

japonais et tourné dans un film vidéo pour<br />

adultes, ont été suspendues par la Fédération<br />

Internationale <strong>de</strong> Gymnastique <strong>de</strong> toute compétition<br />

et activité touchant à ce sport, pour cinq ans. Cette<br />

mesure s'applique également à la Roumanie. Pour<br />

motiver sa décision, la FIG a avancé le fait que <strong>les</strong><br />

prises <strong>de</strong> vue avaient eu lieu dans une salle <strong>de</strong><br />

sports… inventant ainsi le délit d'atteinte aux<br />

bonnes mœurs d'appareils <strong>de</strong> gymnastique !<br />

Alors que cette sanction était annoncée, leurs<br />

anciennes camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la sélection nationale, <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux championnes olympiques, Andreea Raducan et Maria Olaru étaient invitées pour<br />

une tournée <strong>de</strong> démonstration en Malaisie, faisant admirer leurs talents, sans pour<br />

autant retirer leur justaucorps… ce qui a fait dire à certains journaux que l'on pouvait<br />

gagner <strong>de</strong> l'argent avec ce sport sans se déshabiller, omettant toutefois <strong>de</strong> rajouter que<br />

cela leur avait rapporté environ cinquante fois moins.<br />

En méforme, Andrei Pavel, joueur<br />

phare du tennis roumain, n’a pas pu<br />

peser sur le sort <strong>de</strong> la rencontre.<br />

Coupe Davis :<br />

défaite sans appel <strong>de</strong><br />

la Roumanie face à la France<br />

Après sa défaite sans appel (1-4) <strong>de</strong>vant<br />

la France, à Bucarest, en 1/8ème <strong>de</strong><br />

finale <strong>de</strong> la Coupe Davis, la<br />

Roumanie <strong>de</strong>vra disputer un match <strong>de</strong> barrage, en<br />

septembre prochain, pour pouvoir espérer figurer<br />

dans le prochain tableau mondial du tournoi <strong>de</strong><br />

tennis. En 20 ans, <strong>les</strong> Roumains n'ont réussi qu'une<br />

fois à se qualifier pour <strong>les</strong> quarts <strong>de</strong> finale.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Insolite<br />

Début décembre, Vasile Govon, d'Arad, marié voici<br />

<strong>de</strong>ux ans et ayant un bébé d'un an et <strong>de</strong>mi, était<br />

victime d'un très grave acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la route.<br />

Transporté dans l'unité <strong>de</strong> soins intensifs <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong><br />

Timisoara, le jeune homme est resté dans un état <strong>de</strong> coma profond<br />

pendant <strong>de</strong>ux semaine, entre la vie et la mort, ses mé<strong>de</strong>cins<br />

et son entourage ne lui donnant guère <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> survivre.<br />

Pourtant Vasile est sorti <strong>de</strong> son coma et, reprenant<br />

conscience, il a promis au personnel médical <strong>de</strong> venir refaire<br />

la chambre en piteux état où il était hospitalisé, dès qu'il serait<br />

Quatre millions <strong>de</strong> Ion<br />

Le 7 janvier est la date la plus fêtée <strong>de</strong><br />

Roumanie. Ce jour-là, len<strong>de</strong>main <strong>de</strong><br />

Boboteaza (le baptême du Christ),<br />

autre grand évènement <strong>de</strong> l'année, quatre millions<br />

<strong>de</strong> Roumains, soit un habitant sur cinq,<br />

fêtent leurs prénoms, Ion ou Ioan (Jean), qu'ils<br />

sont plu d’un million à porter (1 110 046) et<br />

Ioana (Jeanne), <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> sont 285 000. Il faut<br />

aussi comptabiliser <strong>les</strong> Ionel (Jeannot) - dérivé<br />

qui vexe ceux qui le portent, lorsqu'ils occupent<br />

<strong>de</strong>s fonctions importantes - et tous <strong>les</strong> prénoms<br />

combinés à partir <strong>de</strong> Ion, plus <strong>de</strong> 2,5 millions.<br />

Rien qu'à Bucarest, on compte 314 028 Ion.<br />

Le Légion d'Honneur<br />

proposée pour<br />

l'admirateur <strong>de</strong> Napoléon<br />

Journaliste et directeur <strong>de</strong>s éditions<br />

Rompit, Marian Deaconu a une passion<br />

dans la vie : Napoléon. Le Roumain<br />

vient <strong>de</strong> publier, dans sa langue maternelle, un<br />

ouvrage <strong>de</strong> 800 pages, intitulé "Ascension et<br />

déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Napoléon Bonaparte", paru aux<br />

éditions Athena, qui lui a <strong>de</strong>mandé 15 ans <strong>de</strong><br />

recherches, la lecture <strong>de</strong> 300 livres en français,<br />

<strong>de</strong> multip<strong>les</strong> déplacements à Paris, à Waterloo.<br />

Son travail a été récompensé par le diplôme<br />

<strong>de</strong> membre d'honneur <strong>de</strong> la Société<br />

Internationale Napoléonienne, qu'il a reçu<br />

récemment par la poste. Basée à Montréal, cette<br />

association, présidée par le milliardaire Ben<br />

Wei<strong>de</strong>r, a comme prési<strong>de</strong>nt d'honneur le prince<br />

Albert <strong>de</strong> Monaco. Mais, distinction suprême,<br />

Marian Deaconu a été aussi proposé pour <strong>de</strong>venir<br />

chevalier <strong>de</strong> la Légion d'Honneur, ordre créé<br />

par Napoléon.<br />

Le journaliste a entrepris <strong>de</strong>ux nouveaux<br />

livres, dont l'un sur Alexandre le Grand et<br />

l'autre sur la Révolution française.<br />

SSociété<br />

La reconnaissance n'attend pas<br />

le nombre <strong>de</strong>s années<br />

rétabli… Ce qu'il a fait <strong>de</strong>ux mois plus tard, aidée par sa jeune<br />

femme, Silvia. A leur grand ébahissement, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins du<br />

service, également très émus, ont vu le couple débarquer avec<br />

<strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> termopan pour <strong>les</strong> vitres, <strong>de</strong>s seaux <strong>de</strong> peinture,<br />

du linoléum, et se mettre tout <strong>de</strong> suite à l'ouvrage, refaisant<br />

également la salle <strong>de</strong> bain et <strong>les</strong> toilettes, changeant le<br />

mobilier et apportant un poste <strong>de</strong> télévision. Vasile et Silvia -<br />

tout juste 22 ans - ont mis toutes leurs économies, 65 millions<br />

<strong>de</strong> lei (près <strong>de</strong> 2000 €, 13 000 F) dans cette entreprise, qu'ils<br />

ont déclaré avoir fait spontanément la vie n'ayant pas <strong>de</strong> prix.<br />

Bière et pilu<strong>les</strong>, rois du réveillon<br />

Pour oublier la dureté <strong>de</strong>s temps et se réchauffer, <strong>les</strong> Roumains ont<br />

consommé comme jamais aux cours <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> fin d'année.<br />

D'après <strong>les</strong> premières estimations, ils ont dépensé en une semaine<br />

autant que <strong>les</strong> trois mois précé<strong>de</strong>nts. Bien sûr <strong>les</strong> commerçants, selon leurs<br />

mauvaise habitu<strong>de</strong>s qui se renouvellent également à Pâques, en ont profité<br />

pour augmenter allègrement <strong>les</strong> prix. Alcools, vins ,bières, et même l'eau<br />

minérale ont doublé. Les ventes <strong>de</strong> bières, <strong>de</strong> café - considéré comme un<br />

luxe, vu son prix - et <strong>de</strong> cigarettes ont bondi <strong>de</strong> 50 %… et cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> pansements<br />

gastriques <strong>de</strong> 30 %. Autres produits <strong>de</strong> "consommation" ayant eu la<br />

cote : <strong>les</strong> pilu<strong>les</strong> contraceptives et <strong>les</strong> préservatifs dont <strong>les</strong> ventes ont augmenté<br />

<strong>de</strong> 10 à 20 %, <strong>les</strong> fournisseurs ayant par endroits épuisés leurs stocks.<br />

Chorale <strong>de</strong> sourds et muets<br />

Prêtre mais aussi<br />

professeur,<br />

Constantin Onu<br />

a ouvert à l'intention <strong>de</strong>s<br />

sourds et muets, et au sein<br />

<strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Théologie<br />

orthodoxe <strong>de</strong> Pitesti, la<br />

première section en Europe<br />

du Sud-Est <strong>de</strong> communication<br />

et d'officiants pour <strong>les</strong> cérémonies religieuses. Pour ce faire, il a appris le<br />

langage gestuel, le plus difficile étant pour lui <strong>de</strong> comprendre et <strong>de</strong> penser<br />

comme un sourd et muet. Le prêtre a également constitué une chorale - unique<br />

au mon<strong>de</strong> - avec ses seize élèves, qui est allée interpréter <strong>de</strong>s colin<strong>de</strong> <strong>de</strong> Noël<br />

à la Patriarchie <strong>de</strong> Bucarest. Mimes, gestes superbes, mouvements <strong>de</strong>s lèvres<br />

et du regard, remplaçant paro<strong>les</strong> et sons, ont bouleversé le public par leur<br />

intensité.<br />

Surprises policières<br />

Soupçonné par son voisin <strong>de</strong> lui avoir dérobé <strong>de</strong>ux sacs <strong>de</strong> haricots,<br />

un habitant <strong>de</strong> Belcesti (Iasi) a accusé le policier venu enquêter <strong>de</strong><br />

l'avoir forcé à mettre la main dans le feu pour jurer qu'il n'y était<br />

pour rien. A Pitesti, Ioan Moldovan, 25 ans, a dérobé dans un magasin <strong>de</strong>ux<br />

saucissons <strong>de</strong> Sibiu, un pain au chocolat et est allé immédiatement se dénoncer<br />

à la police, ébahie. Le jeune homme, chassé par sa famille, libéré quelques<br />

jours plus tôt pour bonne conduite et errant dans <strong>les</strong> rues, préférait retrouver<br />

la prison dont il sortait, où le gîte et le couvert lui sont assurés.<br />

22 35


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 36<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

ORADEA<br />

SUCEAVA<br />

<br />

ARAD<br />

CLUJ<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

IASI<br />

<br />

HUNEDOARA BRASOV<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

GALATI<br />

<br />

PLOIESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Les excuses<br />

du "Petit Robert"<br />

"Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie"<br />

s'étaient faites l'écho <strong>de</strong> l'indignation<br />

<strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong>vant la photo choisie<br />

par Le Petit Robert pour illustrer<br />

leur pays : un campement <strong>de</strong><br />

Tsiganes, dont plusieurs enfants aux<br />

visages sa<strong>les</strong>, près <strong>de</strong> tentes installées<br />

dans un champ boueux.<br />

Dans un communiqué, Pierre<br />

Varrod, le directeur général <strong>de</strong> la<br />

célèbre maison d'édition du dictionnaire<br />

a déclaré "regretté vivement<br />

l'erreur faite et présenté ses plus<br />

sincères excuses au peuple<br />

roumain", ajoutant "Aucune réédition<br />

n'est prévue mais, le cas échéant, je<br />

m'engage formellement à supprimer<br />

la photo incriminée".<br />

Cette affaire est allée jusqu'à la tribune<br />

du Sénat roumain, comme l'indique<br />

le journal "Le Mon<strong>de</strong>", citant<br />

"Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" dans<br />

son article. "C'est une atteinte à la<br />

dignité nationale" s'est exclamé le<br />

sénateur du Parti Social Démocrate<br />

au pouvoir, George Pruteanu, auteur<br />

par ailleurs d'une loi <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> la<br />

langue roumaine, ajoutant "le<br />

ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères<br />

<strong>de</strong>vrait rédiger une note <strong>de</strong> protestation.<br />

Nous ne pouvons pas rester <strong>les</strong><br />

bras croisés lorsqu'un dictionnaire à<br />

grand tirage se moque <strong>de</strong> nous".<br />

Dans une lettre adressée à l'éditeur<br />

français, le Conseil <strong>de</strong> la communauté<br />

<strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> Rhin-<br />

Main avait également réagi, indiquant<br />

que "cette photo n'était pas plus<br />

représentative <strong>de</strong> la Roumanie<br />

qu'une case africaine <strong>de</strong> la France,<br />

<strong>de</strong> sa langue et <strong>de</strong> son peuple,<br />

même si son équipe <strong>de</strong> football est<br />

composée en majorité d'Africains".<br />

<br />

Livres<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Les points communs qui unissent Miklos Banffy et Adam Bodor seront plus<br />

vite énumérés que ce qui <strong>les</strong> sépare du point <strong>de</strong> vue littéraire. Tous <strong>de</strong>ux<br />

sont nés à Kolozsvar (Cluj en hongrois) ou dans ses environs. Tous <strong>de</strong>ux<br />

ont un amour infini pour leur province natale et tous <strong>de</strong>ux en ont été exilés par l'histoire<br />

: Banffy est mort à Budapest en 1950 (aujourd'hui enterré dans le cimetière<br />

Hazsongard <strong>de</strong> Cluj); Bodor vit encore dans la capitale hongroise mais "ne cesse <strong>de</strong><br />

retourner en Transylvanie par l'imagination".<br />

Pour le reste, leur œuvre romanesque rend compte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux réalités historiques si<br />

dissemblab<strong>les</strong> à plus <strong>de</strong> cinquante ans <strong>de</strong> distance que le lecteur en reste interloqué.<br />

Tant <strong>de</strong> contrastes politiques sociaux et culturels en si peu <strong>de</strong> temps donne bien toute<br />

la mesure <strong>de</strong>s violences qui ont pu s'exercer sur cette région au XXème siècle (comme<br />

dans toute l'Europe <strong>de</strong> l'Est et du Centre, d'ailleurs).<br />

Miklos Banffy, romancier <strong>de</strong><br />

l'aristocratie hongroise <strong>de</strong> Transylvanie<br />

Deux romanciers hongrois <strong>de</strong><br />

Transylvanie, évoquent leur province<br />

natale et <strong>de</strong>ux univers aux antipo<strong>de</strong>s<br />

La Mitteleuropa <strong>de</strong> la Belle Epoque<br />

et <strong>les</strong> sinistres prisons du communisme<br />

Si le paysan roumain <strong>de</strong> Transylvanie a eu son romancier en la personne <strong>de</strong> Liviu<br />

Rebreanu -lire Ion le Roumain (1920) et L'Insurrection (Rascoala -1933)- l'aristocratie<br />

hongroise <strong>de</strong> cette même région a également son romancier avec Miklos Banffy<br />

(1873-1950). Et c'est à une aussi longue lecture que s'attache celui qui plonge dans<br />

cette Chronique transylvaine que l'auteur hongrois a écrite et publiée en 1934 (et encore<br />

n'est-ce là que le premier tome d'une œuvre qui en compte trois, publiés en 1937 et<br />

1940 mais non encore traduits en français).<br />

La pério<strong>de</strong> évoquée est celle du début du siècle (<strong>les</strong> années 1904-1905). La<br />

Transylvanie est alors hongroise et la Hongrie est liée à l'Autriche dans un même<br />

empire. Toutefois, <strong>les</strong> relations entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux partenaires ne sont pas au mieux. Cette<br />

situation politique qui voit la Hongrie s'agiter pour tenter <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la tutelle autrichienne<br />

est un <strong>de</strong>s axes du roman. Banffy fait observer cette agitation à son personnage<br />

principal, Balint Abady, avec recul et parfois même avec consternation tant <strong>les</strong><br />

attitu<strong>de</strong>s nationalistes lui paraissent sordi<strong>de</strong>s.<br />

Député <strong>de</strong> Transylvanie à Budapest, ce <strong>de</strong>rnier songe par ailleurs à ce que <strong>de</strong>vrait<br />

être l'avenir <strong>de</strong> sa province, non seulement en regard du pouvoir hongrois mais également<br />

du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s nationalités. Ainsi dit-il, s'adressant à un interlocuteur roumain<br />

<strong>de</strong> Transylvanie : "Je crois (…) que spirituellement et économiquement nous<br />

<strong>de</strong>vrions chercher un terrain d'entente et nous rapprocher. Si nous parvenions à avoir<br />

confiance <strong>les</strong> uns dans <strong>les</strong> autres, le reste nous serait donné <strong>de</strong> surcroît. Vous et nous<br />

sommes également Transylvains. La Transylvanie, c'est notre petite patrie, celle que<br />

nous avons en commun. Sur ce terrain, il y a beaucoup <strong>de</strong> choses que nous pouvons<br />

désirer ensemble : qu'on nous comprenne mieux, que davantage d'attention soit prêtée<br />

à nos intérêts locaux, que tout ne soit pas raflé par Budapest".<br />

"Tu par<strong>les</strong> à ces Valaques ? Comment peux-tu ?"<br />

Mais la sagesse <strong>de</strong> ce propos n'est pas alors le sentiment le plus répandu. C'est<br />

d'une part la haine qui prévaut quand un aristocrate hongrois s'insurge auprès <strong>de</strong> Balint<br />

Abady : "Tu par<strong>les</strong> à ces Valaques ? Comment peux-tu ? Moi, ces animaux-là, je ne<br />

pourrais pas ! Il suffit que je <strong>les</strong> voie, mon sang <strong>de</strong> Hongrois se met à bouillir !". C'est<br />

d'autre part la duplicité qui l'emporte quand Abady, soucieux <strong>de</strong> sortir <strong>les</strong> paysans roumains<br />

<strong>de</strong> leur misère dans laquelle <strong>de</strong>s hobereaux <strong>de</strong> même nationalité s'évertuent à<br />

<strong>les</strong> maintenir, s'entend dire <strong>de</strong> la bouche d'un avocat également roumain :


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

"Nous autres, nous avons besoin d'une classe possédante.<br />

Jusqu'à présent nous n'en avons pas… Qu'il y ait <strong>de</strong>s victimes,<br />

cela aussi est naturel. Car enfin votre conquête <strong>de</strong> la patrie,<br />

comme vous dites, n'a-t-elle pas eu <strong>les</strong> siennes ?... Eh bien<br />

nous autres, nous faisons la même chose, si ce n'est que notre<br />

conquête nous ne la faisons ni à cheval , ni par le glaive…<br />

Nous sommes <strong>de</strong>s hommes d'aujourd'hui, nous sommes gris,<br />

mo<strong>de</strong>stes !".<br />

Comparé au “Guépard” <strong>de</strong> Lampedusa<br />

La thématique politique n'est cependant pas l'essentiel du<br />

roman <strong>de</strong> Banffy. Certains critiques en Angleterre, où le livre<br />

vient <strong>de</strong> rencontrer un grand succès, l'ont comparé au Guépard<br />

<strong>de</strong> Lampedusa. Peut-être pour ce sentiment <strong>de</strong> déclin et <strong>de</strong> nostalgie<br />

d'une époque sur sa fin qui habiterait l'auteur (le livre est<br />

ainsi titré : Vos jours sont comptés). Ou encore pour la <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong>s fastes d'une aristocratie qui court d'un bal à l'autre,<br />

d'une table <strong>de</strong> jeu à l'autre ou après un amour impossible.<br />

"L'univers qui est décrit par l'auteur transylvain est celui<br />

<strong>de</strong> la Mitteleuropa <strong>de</strong> la Belle Epoque", écrit le préfacier du<br />

livre, Patrick Leigh Fermor. "Les hommes <strong>de</strong> ce temps-là, fussent-ils<br />

atteint <strong>de</strong> myopie, avaient décidé <strong>de</strong> jeter leurs lunettes<br />

aux orties pour <strong>les</strong> remplacer par d'élégants monoc<strong>les</strong>". Bien<br />

mal leur en pris car c'est ensuite dans un tout autre mon<strong>de</strong>, bien<br />

moins doré, que l'histoire allait <strong>les</strong> propulser.<br />

Adam Bodor, romancier<br />

d'une Transylvanie carcérale<br />

Adam Bodor ne précise pas avec exactitu<strong>de</strong> <strong>les</strong> lieux où se<br />

déroule son roman, mais il s'agit <strong>de</strong> La vallée <strong>de</strong> la Sinistra qui<br />

donne son titre au livre. On est aux confins <strong>de</strong> la Roumanie<br />

transylvaine et <strong>de</strong> l'Ukraine, dans le nord du pays. L'i<strong>de</strong>ntité<br />

<strong>de</strong>s personnages importe peu. C'est d'ailleurs "le commissaire<br />

forestier qui déci<strong>de</strong> du nom" <strong>de</strong>s nouveaux arrivants. Andrei<br />

Bodor, tel sera celui attribué au personnage central, venu là<br />

pour tenter <strong>de</strong> retrouver son fils adoptif. Cela lui prendra <strong>de</strong>s<br />

années. C'est que le temps, dans cette sorte <strong>de</strong> colonie pénitentiaire,<br />

semble ne plus vouloir progresser.<br />

Il faudra à Andrei Bodor <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong> patience pour parvenir<br />

à surmonter l'absurdité <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong> la situation<br />

générale. Le livre a été publié en 1992 (traduit en français<br />

L'université <strong>de</strong> Grenoble a<br />

publié, à la fin 2002, un petit<br />

dictionnaire <strong>de</strong> la mythologie<br />

roumaine écrit par le professeur Ion Talos<br />

<strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Cologne, en Allemagne,<br />

et inspiré <strong>de</strong> ses cours. L'ouvrage avait<br />

déjà été publié en Roumanie, aux édition<br />

"Enciclopedica", en 2000. Il a été traduit<br />

en français par Anneliese et Clau<strong>de</strong><br />

Lecouteux.<br />

Ce dictionnaire a le mérite <strong>de</strong> familiariser<br />

le lecteur français avec l'univers<br />

complexe <strong>de</strong>s coutumes et traditions roumaines,<br />

dont certaines sont encore pratiquées<br />

<strong>de</strong> nos jours et sont toujours un<br />

sujet d'étonnement pour <strong>les</strong> étrangers qui<br />

<strong>les</strong> découvrent.<br />

Personnages mythologiques, animaux,<br />

esprits, y figurent avec leurs significations,<br />

leur symbolique, leur significa-<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

en 1995) et nous parle bien sûr <strong>de</strong> l'incroyable anéantissement<br />

<strong>de</strong>s âmes sous un régime <strong>de</strong> terreur. L'humour est au service <strong>de</strong><br />

cette écriture, sans doute pour éviter à son auteur <strong>de</strong> sombrer<br />

dans la folie. La beauté <strong>de</strong>s lieux aussi, à travers la fine <strong>de</strong>scription<br />

qu'il en fait, lui permet <strong>de</strong> conserver une part <strong>de</strong><br />

dignité. Mais diable que cet ensemble <strong>de</strong> Chapitres d'un roman<br />

(sous-titre donné au livre) peut être désespérant avec <strong>de</strong>s individus<br />

qui n'en sont plus vraiment.<br />

S'il est possible d'établir un lien avec le mon<strong>de</strong> décrit par<br />

Miklos Banffy, c'est le personnage <strong>de</strong> Connie Illafeld qui peut<br />

un tant soit peu l'établir. "Descendante <strong>de</strong>s Illarion, boyards <strong>de</strong><br />

Bucovine, elle vivait sur l'ancien domaine familial, parmi <strong>de</strong><br />

simp<strong>les</strong> montagnards, et s'appelait en réalité Cornelia<br />

Illarion". Mais l'histoire <strong>de</strong> son temps va la conduire à l'hôpital<br />

psychiatrique "Colonia Sinistra". Elle va non seulement y<br />

<strong>de</strong>venir folle : "Elle mélange toutes <strong>les</strong> langues en parlant",<br />

mais prendre une apparence inhumaine : "… une veste en<br />

loques sur <strong>les</strong> épau<strong>les</strong>, un être velu qui semblait prier… Sa<br />

figure était couverte <strong>de</strong> longs poils soyeux ; entre <strong>les</strong> touffes,<br />

on voyait luire ses yeux verts ". Triste sort advenu à cette <strong>de</strong>scendante<br />

d'aristocrates qui se voit régresser dans une sorte<br />

d'animalité par suite d'une surdose <strong>de</strong> produit médicamenteux<br />

<strong>de</strong> son tortionnaire.<br />

A coup sûr, l'ancienne classe dominante n'avait pas prévu<br />

le sort que lui réservait "Colonia Sinistra". Si cela avait été le<br />

cas, peut-être aurait-elle eu alors plus <strong>de</strong> souci à faire évoluer<br />

le mon<strong>de</strong> doré dans lequel elle se complaisait égoïstement et<br />

que Miklos Banffy a finement décrit.<br />

Adam Bodor, né en 1936, a fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> théologie<br />

protestante à Koloszvar (Cluj). Arrêté, il a passé plusieurs<br />

années en prison, avant <strong>de</strong> quitter la Transylvanie en 1982<br />

pour s'installer en Hongrie où il est considéré aujourd'hui<br />

comme un <strong>de</strong>s maîtres <strong>de</strong> la prose hongroise.<br />

Bernard Camboulives<br />

Vos jours sont comptés, Chronique transylvaine, <strong>de</strong> Miklos<br />

Banffy (1934). Traduit du Hongrois par Jean-Luc Moreau, préface <strong>de</strong><br />

Patrick Leigh Fermor, Phébus, "D'aujourd'hui étranger", 2002 pour<br />

l'édition française, 764 pages, 24,5 € (162 F).<br />

La vallée <strong>de</strong> la Sinistra d'Adam Bodor (1992). Traduit du<br />

Hongrois par Emilie Molnos Malaguti, avant-propos <strong>de</strong> Jean-Luc<br />

Moreau, Robert Laffont, coll. "Pavillons", 1995 pour l'édition<br />

française, 216 pages, 20 € (132 F).<br />

Parution d'un dictionnaire en français<br />

sur la mythologie populaire roumaine<br />

tion aussi bien sur le plan <strong>de</strong>s cultes que<br />

<strong>de</strong> la culture, leur influence sur <strong>les</strong> mentalités<br />

collectives, à travers <strong>les</strong> différentes<br />

régions <strong>de</strong> la Roumanie.<br />

Petit dictionnaire <strong>de</strong> mythologie populaire<br />

roumaine <strong>de</strong> Ion Talos, traduit par<br />

Anneliese et Clau<strong>de</strong> Lecouteux. Editions littéraires<br />

et linguistiques <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong><br />

Grenoble, 2002, 211 pages, 19 € (125 F).<br />

22 37


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 38<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA TARGU<br />

<br />

<br />

MURES<br />

IASI<br />

CLUJ BACAU<br />

<br />

ARAD <br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI<br />

<br />

BRAILA <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

On nous écrit<br />

Français du Banat<br />

réfugiés en Provence<br />

Bernard Gremillet, <strong>de</strong> Balagny<br />

sur Thérain (Oise), apporte <strong>de</strong>s éléments<br />

complémentaires à la suite<br />

<strong>de</strong> notre article sur <strong>les</strong> colons<br />

français du Banat, venus <strong>de</strong><br />

Lorraine et d'Alsace ( N°15, p.48).<br />

"Des généalogistes m'ont fait<br />

parvenir <strong>de</strong>s <strong>document</strong>s intéressants;<br />

ils confirment l'implantation<br />

<strong>de</strong> ces colons du temps <strong>de</strong> l'empire<br />

austro-hongrois. Après 200 ans, au<br />

cours <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale,<br />

ils ont subi l'invasion russe et<br />

ont dû émigrer vers l'ouest <strong>de</strong><br />

l'Europe. Robert Schumann, luimême<br />

lorrain, a été sensible aux<br />

conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ces déplacés<br />

en Autriche (Noël 1947) ; il permit et<br />

favorisa l'accueil <strong>de</strong> plusieurs centaines<br />

<strong>de</strong> réfugiés dans une commune<br />

du Vaucluse, La Roque sur<br />

Pernes, au pied du Ventoux. Depuis<br />

ceux-ci ont fait souche et redonné<br />

vie à une commune délaissée.”<br />

Ces Informations sont tirées <strong>de</strong>s<br />

artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> presse et d'étu<strong>de</strong>s :<br />

- "Le Républicain Lorrain" du<br />

21 janvier 1976<br />

- Mémoire au sujet <strong>de</strong> la recolonisation<br />

<strong>de</strong>s Lorrains et <strong>de</strong>s Alsaciens<br />

du Banat par le Dr.Emmerich Reitter<br />

(né en 1875 à Lovrin, proche <strong>de</strong><br />

Timisoara), ancien député et sénateur<br />

<strong>de</strong> Roumanie, publié en 1945.<br />

- Extrait du "Lorrain" du 12 et 13<br />

juin 1954, photocopié aux archives<br />

municipa<strong>les</strong> <strong>de</strong> Thionville.<br />

- "L'illustration" du 21/11/1934;<br />

article d’André Rosambert concernant<br />

Mertisoara, ancien Mercydorf,<br />

entre Arad et Timisoara.<br />

Cinéma<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Brasov a accueilli le tournage<br />

du plus grand film tourné en Roumanie<br />

Amour et guerre <strong>de</strong> Sécession<br />

transposés dans <strong>les</strong> Carpates<br />

Tout au long du second semestre 2002, <strong>les</strong> environs immédiats <strong>de</strong> Brasov ont<br />

accueilli le tournage du plus grand long-métrage jamais réalisé en<br />

Roumanie, "Cold mountain", dont le budget <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent millions<br />

d'euros aurait été le plus important <strong>de</strong> l'année, au niveau du cinéma mondial.<br />

Cette co-production britannico-italo-roumaine, dont on parle déjà comme étant en<br />

course pour <strong>les</strong> Oscars, a réuni <strong>de</strong>s acteurs célèbres comme Nicole Kidman, Ju<strong>de</strong> Law,<br />

Donald Sutherland, et <strong>de</strong>vrait sortir sur <strong>les</strong> écrans à la fin <strong>de</strong> l'année. Le scénario, mis<br />

en scène par Anthony Minghella d'après le roman <strong>de</strong> Char<strong>les</strong> Frazier, raconte l'histoire<br />

d'amour née entre une jeune femme et un soldat confédéré poursuivi pour désertion<br />

pendant la guerre <strong>de</strong> Sécession.<br />

Le producteur du film, l'Ecossais Iain Smith, qui a déjà à son actif "Sept ans au<br />

Tibet", "Le cinquième élément", "1492", a confié à "A<strong>de</strong>varul" ("La Vérité") <strong>les</strong><br />

circonstances qui l'ont amené à choisir la Roumanie pour ce tournage.<br />

Ressemblance avec la Caroline du Nord, coûts moins élevés<br />

"J'étais venu voici <strong>de</strong>ux ans en Transylvanie pour me faire une idée du pays. J'ai<br />

voyagé à pied, en stop, en bus, en taxi pendant une semaine, et quand j'ai découvert<br />

Brasov et ses environs, je me suis dit que c'était une ville assez gran<strong>de</strong> pour accueillir<br />

une réalisation mais je n'avais pas du tout en tête "Cold Mountain" dont le tournage<br />

était prévu aux USA, tout en me disant que je viendrai faire un film ici".<br />

"Mais six mois plus tard, le coût <strong>de</strong> la production s'était tellement enflé, au point<br />

<strong>de</strong> vouloir arrêter le projet, qu'il a fallu se tourner vers d'autres pays meilleurs marchés,<br />

le Canada, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est… ce qui n'enchantait pas le réalisateur. Mais je l'ai<br />

finalement convaincu en lui parlant <strong>de</strong>s beautés étranges <strong>de</strong> la Transylvanie, <strong>de</strong> ses<br />

ressemblances avec la Caroline du Nord où se déroule l'action, "Cold Mountain" se<br />

trouvant d'ailleurs dans un comté portant le nom… <strong>de</strong> Transylvanie. Bien sûr, <strong>les</strong> coûts<br />

extrêmement bas <strong>de</strong> la réalisation sur place, permettant <strong>de</strong> réaliser beaucoup d'autres<br />

choses sont entrés en ligne <strong>de</strong> compte".<br />

Interrogé sur <strong>les</strong> conditions du tournage et le niveau technique du cinéma en<br />

Roumanie, Iain Smith a indiqué que ce pays ne figurait pas encore sur la carte <strong>de</strong>s<br />

lieux où <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s productions peuvent réaliser <strong>de</strong>s films, mais que l'idée avançait<br />

doucement. "Cold Mountain", film <strong>de</strong> bonne qualité, coûtant beaucoup moins cher<br />

qu'aux USA ai<strong>de</strong>ra certainement à faire signer <strong>de</strong> nouveaux contrats" a-t-il prédit,<br />

ajoutant toutefois "l'industrie cinématographique est encore sous-développée ici ; <strong>les</strong><br />

professionnels ne le sont parfois pas ou manquent d'expérience car ils n'ont travaillé<br />

que sur <strong>de</strong> petits projets. J'en ai quand même trouvé <strong>de</strong>s bons, pleins d'enthousiasme".<br />

"Ce n'est pas un pays où on travaille sans problèmes"<br />

Le producteur a également confié que "la Roumanie n'est pas un pays où on travaille<br />

sans problèmes. La mentalité y est très étrangère à la nôtre; la corruption y est<br />

très gran<strong>de</strong> ainsi que la propension à faire <strong>de</strong>s affaires par en <strong>de</strong>ssous. Je l'ai senti<br />

tous <strong>les</strong> jours". L'Ecossais a indiqué que cette corruption ne l'avait pas perturbé personnellement,<br />

car il n'y avait pas été confronté lui-même, ni à <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong> chantage,<br />

mais qu'elle avait certainement joué sur <strong>les</strong> Roumains : "J'ai négocié avec eux<br />

un salaire, le meilleur que je pouvais offrir; en contre-partie, je voulais qu'ils soient<br />

disponib<strong>les</strong> 7 jours sur 7, et qu'ils travaillent quand on en avait besoin. Mais comment<br />

se montrer exigeant quand ils ne reçoivent qu'une partie <strong>de</strong> la somme due… et que le<br />

reste a disparu. Quand je paye un chauffeur, je veux que ce soit lui qui reçoive l'argent<br />

et pas quelqu'un d'autre".


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Musique<br />

A31 ans, Remus Azoitei est <strong>de</strong>venu le plus jeune<br />

professeur <strong>de</strong> toute l'histoire <strong>de</strong> la prestigieuse<br />

Académie Royale <strong>de</strong> Musique <strong>de</strong><br />

Londres, vieille pourtant <strong>de</strong> 180 ans. La<br />

vénérable institution a proposé au jeune violoniste<br />

non seulement d'interrompre sa<br />

secon<strong>de</strong> année d'étu<strong>de</strong>s qu'il y menait mais<br />

lui a proposé <strong>de</strong> rejoindre le corps professoral.<br />

Remus Azoitei a parallèlement entrepris<br />

une carrière <strong>de</strong> concertiste qui l'a déjà conduit<br />

sur <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la planète où<br />

ses interprétations pleines <strong>de</strong> tempérament<br />

lui ont valu éloges et nombreux prix, ses<br />

prestations étant saluées par la critique, aussi<br />

bien en France qu'en Allemagne, qui a reconnu<br />

en lui "un violoniste <strong>de</strong> classe mondiale".<br />

Le jeune Roumain avait commencé très tôt l'apprentissage<br />

du violon à Galati, encouragé par ses parents, ingénieurs et<br />

mélomanes. Ceux-ci avaient d'ailleurs décidé, avec beaucoup<br />

<strong>de</strong> difficultés, <strong>de</strong> quitter <strong>les</strong> bords du Danube pour venir s'établir<br />

à Bucarest, en 1984, afin que leur fils puisse s'inscrire au<br />

Variétés<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Remus Azoitei, violoniste au talent reconnu<br />

par l'Académie Royale <strong>de</strong> Musique <strong>de</strong> Londres<br />

lycée <strong>de</strong> musique "George Enescu", puis à l'Académie <strong>de</strong><br />

Musique "Ciprian Porumbescu".<br />

En 1995, Remus Azoitei remportait le<br />

prix Eugène Sirbu d'un montant <strong>de</strong> 1000 €,<br />

qui lui offrait aussi la possibilité <strong>de</strong> donner<br />

<strong>de</strong>ux concerts aux Etats-Unis. Aidé par <strong>de</strong>ux<br />

relations, persuadées <strong>de</strong> son talent, qui lui<br />

remirent 3000 €, il put se rendre à New-York<br />

et donna un récital qui enchanta une spectatrice<br />

<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 80 ans, Dorothy Delay, la<br />

plus célèbre professeur <strong>de</strong> piano américaine.<br />

La vieille dame lui fit obtenir une bourse à la<br />

Juliard school <strong>de</strong> New-York, où un an d'étu<strong>de</strong><br />

coûte 27 000 € (180 000 F), et où il fut<br />

l'un <strong>de</strong>s quinze interprètes admis à poursuivre<br />

un master <strong>de</strong> violon, sur un total <strong>de</strong><br />

500 musiciens venus du mon<strong>de</strong> entier qui y suivent <strong>de</strong>s cours.<br />

Depuis, la carrière <strong>de</strong> Remus Azotei a pris son envol mais,<br />

tout comme sa jeune compatriote, Alina Cojocaru, danseuse<br />

étoile à Covent Gar<strong>de</strong>n, l'Opéra Royal <strong>de</strong> Londres, l'artiste est<br />

davantage connu à l'étranger que dans son pays.<br />

Les <strong>de</strong>ux jumel<strong>les</strong> effrontées <strong>de</strong> Cluj font un tabac en Angleterre<br />

Les "Cheeky Girls" : un "petit cul"<br />

adorable déboussole <strong>les</strong> ados timi<strong>de</strong>s<br />

Fin décembre, en quelques semaines, <strong>de</strong>ux adorab<strong>les</strong> et effrontées jumel<strong>les</strong> <strong>de</strong> 20 ans, Gabriela et Monica, originaires <strong>de</strong><br />

Cluj, ont créé l'événement en Gran<strong>de</strong> Bretagne avec un "single" (une seule chanson) qui est restée au hit-para<strong>de</strong> quatre<br />

semaines, occupant même la secon<strong>de</strong> place, alors qu'el<strong>les</strong> étaient totalement inconnues. Avec 360 000 exemplaires déjà<br />

vendus en un mois, leur tube, "Touch my bum" ("Touche mon petit cul") est bien parti pour<br />

leur assurer un disque d'or, décerné automatiquement quand la barre <strong>de</strong>s 400 000 est dépassée.<br />

Mutines, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux très jolies sœurs, qui ont pris comme nom <strong>de</strong> scène "Cheeky Girls"<br />

("Les chenapantes") ont tapé dans le mille en s'adressant aux ado<strong>les</strong>cents et garçons timi<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> leur âge pour <strong>les</strong> "décoincer". La chanson a été écrite en une <strong>de</strong>mi-heure sur un coin <strong>de</strong><br />

table par leur mère, Maggie, une Roumaine qui vit dans le Kent et est séparée <strong>de</strong> son mari,<br />

mé<strong>de</strong>cin à Cluj.<br />

"C'est <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> jeunes, simple à comprendre" plai<strong>de</strong>-telle <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> adultes dubitatifs<br />

<strong>de</strong>vant le niveau du texte … et <strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> vente lui donnent raison. La chanson s'est<br />

imposée dans <strong>les</strong> discothèques, a fait le tour <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> : "Je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais où tu<br />

vas; je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais ce que tu fais; je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais ce que tu penses;<br />

je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais si tu veux être à moi; Viens et souris, ne sois pas timi<strong>de</strong>; touche<br />

mon petit cul, c'est la vie; nous sommes <strong>les</strong> chenapantes; vous êtes <strong>les</strong> chenapans". Difficile<br />

<strong>de</strong> résister !<br />

Le site Internet <strong>de</strong> CNN Europe a consacré un grand article avec photo aux <strong>de</strong>ux clujoises,<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont commencé à faire un tabac aux Etats-Unis et aux Canada, y faisant l'objet<br />

<strong>de</strong> reportages dans plusieurs journaux à grand tirage Le succès <strong>de</strong>s jumel<strong>les</strong> s'apprête à<br />

franchir la Manche, <strong>les</strong> "Cheeky Girls" <strong>de</strong>vant faire une tournée <strong>de</strong> présentation en<br />

Allemagne, Autriche, France et Hollan<strong>de</strong>.<br />

Elèves dans une école <strong>de</strong> danse et d'art dramatique <strong>de</strong> Cluj, où on <strong>les</strong> trouvait gâtées, trop délurées, manquant <strong>de</strong> la grâce et<br />

<strong>de</strong> la rigueur exigées pour <strong>les</strong> ballerines, Gabriela et Monica Irimia vivent un vrai rêve. Elevées pendant sept ans par leur grandmère<br />

<strong>de</strong> 80 ans, après la séparation <strong>de</strong> leurs parents, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sœurs ont rejoint leur mère en Angleterre, en 20<strong>01</strong>, pour <strong>de</strong> simp<strong>les</strong><br />

vacances qui durent encore… et viennent <strong>de</strong> recevoir le droit d'y rési<strong>de</strong>r.<br />

22 39


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 40<br />

Ana<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

IASI<br />

CLUJ MURES<br />

<br />

<br />

CODAESTI<br />

ARAD<br />

<br />

VASLUI<br />

BACAU<br />

<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Suspectée d'avoir<br />

dénoncé son mari<br />

Ana Pauker a eu une vie sentimentale<br />

agitée et on lui a prêté <strong>de</strong><br />

nombreux amants, qui avaient<br />

cependant tous la caractéristique<br />

d'être, à ses yeux, "politiquement<br />

correct". Deux enfants sont nés <strong>de</strong><br />

son mariage avec Marcel Pauker :<br />

Vlad, en 1926, et Tatiana, en 1928.<br />

Leurs attributions respectives au sein<br />

du Kominterm <strong>les</strong> éloignant géographiquement,<br />

le couple se délite.<br />

Marcel a une liaison avec une militante<br />

communiste <strong>de</strong> Bessarabie,<br />

dont naît un fils, Iakov, en 1931.<br />

De son côté, Ana, envoyée à<br />

Paris, y rencontre Eugen Fried,<br />

homme lige mandaté par Staline<br />

pour réorganiser le Parti<br />

Communiste Français dont il est le<br />

secrétaire général, et qui installera<br />

Maurice Thorez à sa tête. De leur<br />

relation, naîtra en 1932, à Moscou,<br />

Marie, qui sera élevée par Aurora,<br />

l'ancienne maîtresse <strong>de</strong> Thorez,<br />

<strong>de</strong>venue la femme <strong>de</strong> Fried… ce qui<br />

accréditera le bruit que le premier<br />

serait son véritable père. Prise par<br />

ses activités militantes, Ana confiera<br />

ses <strong>de</strong>ux premiers enfants au MOPR<br />

("Le Secours rouge", œuvre sociale<br />

communiste pour <strong>les</strong> militants).<br />

Ana Pauker apprendra l'arrestation<br />

<strong>de</strong> son mari comme "ennemi du<br />

peuple", "pour trotskisme", sa déportation<br />

et son exécution, en 1938,<br />

lors <strong>de</strong>s purges staliniennes, alors<br />

qu'elle est elle-même en prison en<br />

Roumanie. Elle sera suspectée <strong>de</strong><br />

l'avoir dénoncé, aveuglée par son<br />

fanatisme mais, plus tard, elle<br />

démentira cette version et la question<br />

est toujours sujette à controverse,<br />

aujourd'hui.<br />

Histoire<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

De retour en Roumanie avec l'Armée<br />

Rouge, la stalinienne fanatique<br />

sera déchue par son propre parti<br />

Pauker, toute puissante matrone<br />

d'un régime honni, importé d'URSS<br />

Ana Pauker… L'évocation du nom fait encore frémir bien <strong>de</strong>s Roumains<br />

qui y accolent <strong>les</strong> souvenirs <strong>de</strong> l'instauration du régime communiste, <strong>de</strong> sa<br />

terrible épuration et <strong>de</strong> la collectivisation forcée. Pourtant, cette figure <strong>de</strong><br />

premier plan du communisme international le<br />

plus sinistre, <strong>de</strong>venue la première femme au<br />

mon<strong>de</strong> ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères, en<br />

1947, avant d'être dévorée, elle-aussi, par la<br />

Révolution qu'elle avait contribué à mettre en<br />

place, suscite parfois <strong>de</strong>s ébauches <strong>de</strong> réhabilitation<br />

<strong>de</strong> la part d'historiens américains.<br />

Ces tentatives indignent <strong>les</strong> Roumains qui<br />

n'oublient pas le rôle d'une poignée d'intellectuels<br />

et activistes - essentiellement d'origine<br />

juive, ne manquent-ils pas <strong>de</strong> souligner -<br />

formés à Moscou, revenus au pays dans <strong>les</strong><br />

fourgons <strong>de</strong> l'Armée Rouge pour l'ai<strong>de</strong>r à installer<br />

la dictature communiste dans un pays<br />

qui n'en voulait pas et où ils étaient ultraminoritaires.<br />

Pour <strong>de</strong>s générations <strong>de</strong> Roumains, Ana Pauker est cette matrone d'un régime qui,<br />

au temps <strong>de</strong> sa toute puissance, entre 1947 et 1952, ne circulait à travers le pays que<br />

dans une voiture blindée, escortée par d'autres véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong> la police secrète, changeant<br />

sans arrêt <strong>de</strong> place… sans-doute <strong>de</strong> peur d'être victime du sentiment <strong>de</strong> haine et<br />

<strong>de</strong> dégoût que nourrissait tout un peuple à son égard.<br />

De la communauté juive <strong>de</strong> Vaslui au bolchevisme<br />

Ana Pauker, <strong>de</strong> son vrai nom, Ana Rabinsohn, est née le 13 décembre 1893 dans<br />

une famille juive <strong>de</strong> Codaesti (ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Vaslui), en Moldavie. Son père était chanteur,<br />

puis professeur d'hébreu à la synagogue locale; sa mère, Sarah, beaucoup plus pragmatique,<br />

tenait une petite épicerie. La communauté juive était nombreuse dans la<br />

région, la politique antisémite du tsar Alexandre II (1818-1881) ayant conduit <strong>de</strong>s centaines<br />

<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> ses membres à fuir la Russie pour <strong>de</strong>s cieux plus tolérants et<br />

mieux disposés à accueillir leurs activités.<br />

Son grand-père ayant remarqué ses dispositions, Ana fut inscrite à l'école He<strong>de</strong>r<br />

censée n'accueillir que <strong>les</strong> garçons <strong>de</strong> sa communauté. Elle y suivit une scolarité <strong>de</strong><br />

huit années, avant <strong>de</strong> fréquenter une école pour <strong>de</strong>venir couturière. Plus tard, à l'âge<br />

<strong>de</strong> 18 ans - ce sera son premier engagement - elle militera au sein du mouvement Bait<br />

Ya'cov qui avait pris en charge la scolarisation <strong>de</strong>s jeunes fil<strong>les</strong> juives, et donnera <strong>de</strong>s<br />

cours d'hébreu.<br />

Révoltée par l'injustice sociale qui règne dans le pays, Ana Rabinsohn rejoint un<br />

groupuscule socialiste, le PSDMR (Parti Social-Démocrate <strong>de</strong>s Travailleurs<br />

Roumains), en 1915. Elle a 22 ans et sa vie prend dès lors une autre tournure, qui l'éloigne<br />

du <strong>de</strong>stin habituel <strong>de</strong>s jeunes fil<strong>les</strong> <strong>de</strong> sa communauté pour prendre le chemin<br />

<strong>de</strong> la révolution et <strong>de</strong> l'internationalisme.<br />

Sous l'effet <strong>de</strong> la Révolution russe, le PSDMR se divise entre radicaux et modérés.<br />

La jeune femme rejoint <strong>les</strong> premiers et <strong>les</strong> ai<strong>de</strong> à constituer un "conseil secret",<br />

d'orientation bolchevique. En cette pério<strong>de</strong> agitée <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> la première Guerre mondiale,<br />

alors que la Roumanie, qui s'est rangée aux côtés <strong>de</strong>s alliés, parvient enfin à faire<br />

son unité, elle distribue <strong>de</strong>s manifestes appelant à l'autodétermination <strong>de</strong>s minorités.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Un internationalisme qui tient lieu <strong>de</strong> patrie<br />

Cette attitu<strong>de</strong> sera désormais un trait dominant <strong>de</strong> son<br />

engagement : le militantisme internationaliste, que ce soit au<br />

sein du Komintern (1919-1943), puis <strong>de</strong> son successeur, le<br />

Kominform (1947-1956), <strong>les</strong> organisations extérieures communistes,<br />

courroies <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> l'URSS. Dès lors, elle<br />

rejettera tout attachement sentimental avec son pays, le remplaçant<br />

par un autre patriotisme, fondé sur une obédience<br />

autrement aveugle, à un parti, à une puissance étrangère, et à<br />

son chef.<br />

Envoyée en Suisse par son employeur, un industriel qui lui<br />

avait confié un poste <strong>de</strong> bibliothécaire, pour continuer <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s… qu'elle ne suivra jamais, elle y rencontrera son mari,<br />

Marcel Pauker, un militant communiste, roumain et juif<br />

comme elle, qui y faisait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d'ingénieur. De retour en<br />

Roumanie, le couple participera à la création du Parti<br />

Communiste Roumain, en 1921, lequel adhère immédiatement<br />

au Komintern.<br />

Son engagement en faveur <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s provinces<br />

où vivent <strong>de</strong>s minorités - il aurait conduit notamment au rattachement<br />

<strong>de</strong> la Bessarabie à l'URSS - considéré comme une trahison<br />

vis à vis <strong>de</strong> l'unité nationale roumaine, lui vaut un premier<br />

séjour en prison, fin 1921, suivi d'une amnistie en 1922.<br />

Le PCR, dirigé alors par Elek Koblos - un juif hongrois… la<br />

pire <strong>de</strong>s origines aux yeux <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> l'époque - étant<br />

déclaré hors la loi en 1924, Ana Pauker est à nouveau arrêtée<br />

et ne sera libérée que <strong>de</strong>ux ans plus tard.<br />

Devenue "L'homme <strong>de</strong> Moscou"<br />

Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux décennies d'errance, au service du<br />

Komintern, commencent alors.<br />

Successivement à Prague, pour<br />

soigner son mari, à Berlin pour<br />

réactiver le PC allemand, à Paris<br />

pour s'occuper du PC français, à<br />

Vienne, où elle traduit <strong>les</strong> œuvres<br />

<strong>de</strong> Lénine, Ana, désormais<br />

Pauker, est <strong>de</strong>venue une militante<br />

professionnelle. Sa plus gran<strong>de</strong><br />

ambition est <strong>de</strong> rejoindre l'école<br />

du Parti à Moscou. Mais ses tentations<br />

trotskistes exprimées lors<br />

du IVème congrès du PCR, qui<br />

s'est tenu en Ukraine en 1927, la<br />

<strong>de</strong>sservent. Toutefois, l'insistance<br />

<strong>de</strong> relations haut placées lui en<br />

ouvre <strong>les</strong> portes.<br />

Commence alors une ascension<br />

foudroyante au sein du<br />

Komintern. Vouant une obéissance sans faille à ses maîtres <strong>de</strong><br />

Moscou, une admiration sans limite au "Petit père <strong>de</strong>s<br />

peup<strong>les</strong>", Ana Pauker est <strong>de</strong>venue une apparatchik sans scrupu<strong>les</strong>,<br />

stalinienne fanatique… qui avalera sans rien dire la<br />

déportation dans un goulag <strong>de</strong> son mari, soupçonné <strong>de</strong> "trahison<br />

trotskiste", et son exécution. Elle est amie avec<br />

Viatcheslav Molotov (1890-1986), inamovible ministre <strong>de</strong>s<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Affaires étrangères <strong>de</strong> Staline, qui ne pipera mot quand celuici<br />

déportera sa femme, d'origine juive… L'époque où elle se<br />

décrivait comme une femme rêveuse, altruiste est bien lointaine.<br />

Ana Pauker échappe à la gran<strong>de</strong> épuration stalinienne <strong>de</strong>s<br />

années 1935-37, qui prend déjà un caractère antisémite marqué.<br />

Les Soviétiques la considèrent alors comme leur<br />

"homme" pour la Roumanie, "le seul" qu'ils agréent totalement.<br />

Cette confiance se concrétisera en 1940 quand, rentrée<br />

au pays cinq ans plus tôt et arrêtée pour la 3ème fois,<br />

condamnée à dix ans <strong>de</strong> prison dans le cadre du procès <strong>de</strong><br />

Craiova contre <strong>les</strong> dirigeants du PCR, elle est la seule détenue<br />

libérée par Bucarest, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'URSS, et échangée par<br />

<strong>les</strong> Soviétiques contre le lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> Bessarabie,<br />

Ion Codreanu qu'ils ont emprisonné.<br />

Des semi-analphabètes<br />

à la place <strong>de</strong>s fonctionnaires<br />

Ana Pauker, lors d’un meeting, sous <strong>les</strong> portraits <strong>de</strong> Petru Groza,<br />

prési<strong>de</strong>nt du Conseil, homme <strong>de</strong> paille <strong>de</strong>s communistes,<br />

et du jeune Roi Michel, dont l’image est utilisée pour leur cause.<br />

Dès l'entrée <strong>de</strong>s chars russes dans Bucarest, début septembre<br />

1944, Ana Pauker est à pied d'œuvre. Elle est l'une <strong>de</strong>s<br />

sept secrétaires du comité central du PCR, <strong>de</strong>venu plus tard le<br />

PMR (Parti Ouvrier Roumain) à la suite <strong>de</strong> sa fusion avec le<br />

PSDR (Parti Social Démocrate Roumain). A ce titre, ces apparatchiks<br />

ont la main haute sur l'appareil du Parti et tirent <strong>les</strong><br />

ficel<strong>les</strong> du gouvernement <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> paille que Moscou a<br />

installé au pouvoir le 6 mars 1945, le docteur Petru Groza.<br />

Dès le len<strong>de</strong>main, <strong>les</strong> communistes déclenchent une<br />

répression à large échelle. Plus <strong>de</strong> 70 000 fonctionnaires et<br />

cadres sont licenciés, arrêtés, envoyés dans <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> travail.<br />

Trois semaines plus tard, Ana Pauker répriman<strong>de</strong> son<br />

camara<strong>de</strong>, Teohari Georgescu, le sinistre ministre <strong>de</strong><br />

l'Intérieur, estimant qu'il ne va<br />

pas assez vite en besogne.<br />

Des <strong>de</strong>mi-analphabètes,<br />

parfois <strong>de</strong>s détenus <strong>de</strong> droit<br />

commun ou <strong>de</strong>s voyous <strong>les</strong><br />

remplacent… s'ils peuvent se<br />

prévaloir d'une "origine saine",<br />

c'est à dire appartenant à <strong>de</strong>s<br />

famil<strong>les</strong> sans biens, ne comptant<br />

pas d'intellectuels, <strong>de</strong> professions<br />

libéra<strong>les</strong> et <strong>de</strong> prêtres<br />

dans leur rang. Pour mener à<br />

bien sa tâche, le Parti avait<br />

besoin d'exécutants doci<strong>les</strong>, ne<br />

se posant pas <strong>de</strong> questions.<br />

Un décret gouvernemental<br />

légalisera l'affaire : il ne sera<br />

plus nécessaire d'avoir un<br />

minimum d'étu<strong>de</strong>s pour exer-<br />

cer <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> préfet, maire, directeur <strong>de</strong> services départementaux,<br />

inspecteur <strong>de</strong>s finances, etc… La carte du Parti<br />

tient lieu <strong>de</strong> diplôme. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsigane<br />

analphabète, voleurs <strong>de</strong> chevaux, qui <strong>de</strong>vient prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

CAP (Coopérative Agricole <strong>de</strong> Production), et propulse sa<br />

sœur chef-comptable… La mairesse désignée par le Parti était,<br />

elle, connue <strong>de</strong> tous pour être la prostituée <strong>de</strong> la commune.<br />

22 41


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 42<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ <br />

BACAU<br />

<br />

DEVA<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU <br />

<br />

<br />

PREDEAL BRAILA <br />

PITESTI PLOIESTI<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

"Pire que la Siguranta"<br />

"Vous arrêtez quelqu'un; vous le<br />

traitez d'espion, vous le brutalisez<br />

par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s que je n'ai jamais<br />

connues dans aucune prison, même<br />

à la Siguranta (police secrète <strong>de</strong> l'ancien<br />

régime); vous l'insultez, l'humiliez,<br />

jetez ses enfants hors <strong>de</strong> chez<br />

lui… sans oublier <strong>de</strong> dire "Excusezmoi"<br />

comme si vous lui aviez marché<br />

sur <strong>les</strong> pieds "…<br />

Grief d'Ana Pauker à l'encontre <strong>de</strong><br />

ses anciens camara<strong>de</strong>s communistes,<br />

<strong>de</strong>venus ses juges, lors <strong>de</strong><br />

son procès, en 1952.<br />

"Un serpent fascinant"<br />

"Une grosse et forte femme, une<br />

tignasse grise courte et en désordre,<br />

un regard bleu sauvage sous <strong>de</strong>s<br />

paupières qui tombent, un sourire<br />

fascinant que ne pouvait cacher sa<br />

lèvre supérieure débordant sur son<br />

menton… tout en elle révélait un<br />

forte personnalité. J'ai toujours pensé<br />

quand je la voyais qu'elle était un<br />

boa constrictor qui venait d'avaler sa<br />

proie et qui n'était pas pressé <strong>de</strong><br />

vous manger. Lour<strong>de</strong> et empruntée,<br />

elle avait l'aspect repoussant et terriblement<br />

fascinant d'un serpent. A<br />

simplement la regar<strong>de</strong>r, je pouvais<br />

très bien me l'imaginer en train <strong>de</strong><br />

dénoncer son mari, qui sera fusillé<br />

plus tard. Je compris par quelle froi<strong>de</strong><br />

et déshumanisée volonté elle<br />

avait atteint <strong>les</strong> sommets du pouvoir".<br />

Portrait d'Ana Pauker par la princesse<br />

Ileana <strong>de</strong> Roumanie (1909-<br />

1991), tante du Roi Michel, (I live<br />

again, Je revis, Edition Golancz,<br />

Londres, 1952).<br />

<br />

Le grand poète et philosophe Lucian Blaga<br />

condamné à balayer <strong>les</strong> caniveaux <strong>de</strong> Cluj<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Chargée <strong>de</strong> la réorganisation <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> l'Etat à tous <strong>les</strong> niveaux, et<br />

considérée comme une intellectuelle malgré son maigre bagage en la matière, Ana<br />

Pauker joue aussi un rôle <strong>de</strong> premier plan dans la "purification culturelle" du pays,<br />

menée en même temps. Le but est simple : il faut éliminer l'élite et la remplacer par<br />

une nouvelle caste, créée <strong>de</strong> toutes pièces par le PCR, dont elle-même fait partie avec<br />

le ministre <strong>de</strong> l'Intérieur et qui ne compte que <strong>de</strong>s opportunistes : Iosif Chisinevski,<br />

Leonte Rautu, Mihai Roler. Toute liaison avec la culture occi<strong>de</strong>ntale est interdite En<br />

1949, le régime annulera l'accord culturel passé avec la France, onze ans plus tôt.<br />

Prison avec parfois la mort au bout, intimidations, harcèlements, mises à l'écart<br />

vont sinistrer durablement la brillante culture roumaine. Professeur à l'université <strong>de</strong><br />

Cluj, le grand poète et philosophe Lucian Blaga, universellement connu, proposé pour<br />

le Prix Nobel, est envoyé au "munca <strong>de</strong> jos" ("travail d'en bas"). Devenu ouvrier, il<br />

est chargé par la mairie, à plus <strong>de</strong> 60 ans, <strong>de</strong> balayer <strong>les</strong> caniveaux <strong>de</strong> la ville, dont<br />

ceux <strong>de</strong> la place centrale qui porte aujourd'hui son nom. Ses étudiants se relaieront la<br />

nuit pour effectuer sa tâche. Plus tard, il sera confiné dans un poste <strong>de</strong> bibliothécaire.<br />

Ami <strong>de</strong> Matisse, le peintre Theodor Pallady est totalement isolé à son domicile,<br />

sans contacts extérieurs, à cause <strong>de</strong> son refus <strong>de</strong> respecter <strong>les</strong> "canons artistiques" du<br />

stalinisme. Le poète Tudor Arghezi, consacré par <strong>de</strong>s prix prestigieux à l'étranger, est<br />

interdit <strong>de</strong> publication et vendra <strong>de</strong>s cerises ou <strong>de</strong>s pommes pour survivre. Quand à<br />

l'historien Gheorghe Bratianu, il mourra en prison <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> mauvais traitements.<br />

Pru<strong>de</strong>nte sur la collectivisation<br />

car effrayée par l'expérience soviétique<br />

Ana Pauker s'efforce d'étendre<br />

son emprise sur le pouvoir.<br />

Alors qu'elle a 52 ans, elle<br />

tentera même d'élargir son<br />

influence jusqu'au jeune roi<br />

Michel, 23 ans, encore célibataire<br />

et toujours chef <strong>de</strong> l'Etat, en<br />

essayant en vain <strong>de</strong> le séduire.<br />

Après un court passage à la tête<br />

du ministère <strong>de</strong>s Affaires<br />

étrangères, en 1947, où elle servira<br />

la voix <strong>de</strong> son maître Staline,<br />

Ana Pauker va <strong>de</strong>venir le personnage<br />

central d'un <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s <strong>les</strong><br />

Victimes d’une purge, Vasile Luca et Teohari<br />

Georgescu tomberont en même temps qu’Ana Pauker.<br />

plus terrib<strong>les</strong> que la Roumanie ait connu. Ministre <strong>de</strong> l'Agriculture, en 1948, dans un<br />

pays où la paysannerie constitue encore 80 % <strong>de</strong> la population, elle a en charge la collectivisation<br />

en masse <strong>de</strong>s campagnes imposée par Moscou. Pourtant, elle est pru<strong>de</strong>nte,<br />

non par humanisme mais pour s'assurer <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong> cette entreprise. En 1930,<br />

en stage à l'école du léninisme <strong>de</strong> Moscou, elle a fait partie d'une délégation chargée<br />

<strong>de</strong> contrôler dans la région <strong>de</strong> la Volga, la collectivisation forcée décidée par Staline.<br />

La famine qui en a résultée, la révolte <strong>de</strong>s paysans russes, l'ont effrayée. Elle a assisté<br />

aux arrestations massives, aux déportations, aux exécutions sommaires auxquels le<br />

pouvoir procè<strong>de</strong> dans <strong>de</strong>s proportions hallucinantes, pour venir à bout <strong>de</strong>s résistances.<br />

Mais le plénum du comité central du Parti <strong>de</strong> mars 1949, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer outre<br />

ses réserves, supprime d'un coup <strong>de</strong> plume la gran<strong>de</strong> réforme agraire <strong>de</strong> 1945 qui avait<br />

permis à <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> famil<strong>les</strong> d'agriculteurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir propriétaires<br />

<strong>de</strong> leurs champs et ordonne la confiscation <strong>de</strong>s terres, tout en laissant croire aux paysans<br />

qu'ils sont libres <strong>de</strong> leur choix. Pour mener à bien son projet, le pouvoir mobilise<br />

<strong>de</strong>s forces énormes <strong>de</strong> la milice (police), <strong>de</strong> la Securitate, appelle à la rescousse<br />

l'Armée, recrute <strong>de</strong>s mouchards sur place. Dénichés en ville, <strong>de</strong>s délinquants issus <strong>de</strong><br />

la pègre viennent terroriser et brutaliser <strong>les</strong> récalcitrants.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Des paysans contraints <strong>de</strong> s'agenouiller<br />

et <strong>de</strong> prier <strong>de</strong>vant le portrait <strong>de</strong> Staline<br />

Le pays connaît l'une <strong>de</strong>s pages <strong>les</strong> plus sombres <strong>de</strong> son<br />

histoire, qui va durer 3-4 mois. Mais opportunément, pendant<br />

cette pério<strong>de</strong>, Ana Pauker est partie à Moscou faire soigner un<br />

cancer du sein. Elle a laissé <strong>les</strong> rênes à Alexandru Mogyorosi.<br />

Pourtant à son retour, non seulement elle continue la répression<br />

mais elle va l'aggraver en 1950. Dans <strong>de</strong> nombreux ju<strong>de</strong>ts,<br />

<strong>les</strong> paysans qui refusent la collectivisation sont conduits la nuit<br />

<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> conseils populaires qui ont remplacé <strong>les</strong> mairies; ils<br />

sont battus, injuriés, pendus par <strong>les</strong> pieds, mis nus dans <strong>de</strong>s<br />

chambres frigorifiques, forcés <strong>de</strong> lire à haute voix et <strong>de</strong> commenter<br />

pendant <strong>de</strong>s heures la brochure "Les problèmes du<br />

léninisme". Ana Pauker ordonne qu'ils s'agenouillent <strong>de</strong>vant le<br />

portrait <strong>de</strong> Staline et prient pour que celui-ci leur fasse comprendre<br />

"la voie lumineuse" du communisme et <strong>de</strong> l'URSS.<br />

L'agriculture roumaine ne<br />

se relèvera pas <strong>de</strong> ce cataclysme<br />

qui a conduit <strong>les</strong> campagnes<br />

du pays à l'état d'arriération<br />

que l'on peut toujours<br />

constater aujourd'hui. En<br />

novembre 1961, lors du plénum<br />

du comité central du<br />

Parti, Nicolae Ceausescu dira :<br />

"Ana s'y connaissait en agriculture…<br />

comme la poule avec<br />

l'alphabet; elle ne savait<br />

même pas faire la différence<br />

entre le blé et le seigle".<br />

Musiciens et poètes<br />

composent <strong>de</strong>s hymnes à sa gloire<br />

Arrivée au faîte <strong>de</strong> sa puissance, Ana Pauker commence à<br />

singer le culte <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong> son maître. Elle incite <strong>de</strong>s<br />

musiciens et <strong>de</strong>s poètes, Anatol Vieru, Dumitru Corbea, etc., à<br />

composer <strong>de</strong>s hymnes à sa gloire qui seront chantés dans <strong>les</strong><br />

éco<strong>les</strong>, dès la maternelle, <strong>les</strong> usines, <strong>les</strong> meetings politiques<br />

(obligatoires), <strong>les</strong> chantiers <strong>de</strong> jeunes. On y scan<strong>de</strong> :<br />

Ana Pauker, Gheorghiu Dej Ana Pauker, Gheorghiu Dej<br />

Scapa tara <strong>de</strong> burgheji Sauvent le pays <strong>de</strong>s bourgeois<br />

Stalin si poporul rus Staline et le peuple russe<br />

Libertate ne-au adus Nous ont apporté la liberté<br />

Osana lui Stalin Gloire à Staline<br />

Osana tovarasei Ana Gloire à la camara<strong>de</strong> Ana<br />

Plus dure sera la chute<br />

Mais c'est le chant du cygne. L'appétit du pouvoir a peu à<br />

peu dressé <strong>de</strong>ux clans l'un contre l'autre au sein du Parti. Ana<br />

Pauker compte parmi ses alliés, <strong>de</strong>s figures marquantes du<br />

communisme, Vasile Luca et l'ancien ministre <strong>de</strong> l'Intérieur,<br />

Teohari Georgescu.<br />

Futur secrétaire général du Parti et futur dictateur du pays<br />

jusqu'à sa mort en 1965, Gheorghiu Dej, flanqué <strong>de</strong> Alexandru<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Moghiorosi, Emil Bodnaras, membres éminents du Parti, et<br />

Alexandru Draghici qui a ouvert, entre autres, le goulag du<br />

canal, la prison <strong>de</strong> Sighet, veut se débarrasser <strong>de</strong> sa rivale pour<br />

avoir la main mise totale sur le pays. Il sait qu'il peut désormais<br />

compter sur l'appui <strong>de</strong> Staline, revenu à <strong>de</strong> meilleurs sentiments<br />

à son égard; Ana Pauker est tombée peu à peu en disgrâce<br />

auprès du maître du Kremlin qui s'apprête à lancer une<br />

terrible répression contre <strong>les</strong> juifs après avoir inventé <strong>de</strong> toutes<br />

pièces le "complot <strong>de</strong>s blouses blanches", ces mé<strong>de</strong>cins qui<br />

auraient tenté <strong>de</strong> l'éliminer, lui et la nomenklatura du Parti.<br />

Arrêtée en 1952 et sauvée<br />

par la disparition du “Petit Père <strong>de</strong>s peup<strong>les</strong>”<br />

Condamnée lors du procès <strong>de</strong>s communistes <strong>de</strong> Craïova, en 1936,<br />

Ana Pauker passera quatre ans en prison, sous Carol II, avant<br />

d’être échangée contre un patriote roumain, prisonnier <strong>de</strong>s Soviétiques.<br />

Ana Pauker est arrêtée en 1952 et, comme <strong>les</strong> autres satellites<br />

<strong>de</strong> l'URSS, la Roumanie s'apprête à vivre son procès stalinien.<br />

Avec son groupe, elle est accusée <strong>de</strong> déviationnisme <strong>de</strong><br />

droite en ayant suscité une<br />

ligne "anti-parti" pour<br />

déconsidérer celui-ci auprès<br />

<strong>de</strong> la population et <strong>de</strong> l'opinion<br />

internationale par la violence<br />

<strong>de</strong>s répressions qu'elle<br />

a menées… <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont<br />

pourtant été approuvées et<br />

encouragées par le groupe<br />

Dej. Mais elle est également<br />

taxée <strong>de</strong> déviationnisme <strong>de</strong><br />

gauche et <strong>de</strong> cosmopolitisme…<br />

accusation qui flaire<br />

l'antisémitisme.<br />

Au cours <strong>de</strong> ses interrogatoires,<br />

Ana Pauker reprochera<br />

au Parti d'utiliser <strong>les</strong> mêmes métho<strong>de</strong>s… que la<br />

Siguranta, la police secrète <strong>de</strong> l'ancien régime ! La chance est<br />

cependant avec elle. Staline meurt subitement, le 5 mars 1953,<br />

avant la fin du procès, qui trainera en longueur. Apprenant la<br />

nouvelle, la prisonnière éclate en sanglots ce qui fait s'exclamer<br />

candi<strong>de</strong>ment Moghiorosi, ancien camara<strong>de</strong> <strong>de</strong>venu adversaire<br />

: "Ne pleure pas. Si Staline était encore vivant, tu serais<br />

bientôt morte !".<br />

Morte dans son lit… comme son maître<br />

Finalement, après quelques mois en prison - pour la quatrième<br />

fois <strong>de</strong> son existence - Ana Pauker et son groupe seront<br />

démis <strong>de</strong> leurs fonctions et exclus du parti. Assignée à rési<strong>de</strong>nce,<br />

elle sera soumise à enquête jusqu'en 1956 et continuellement<br />

surveillée, mais pourra vivre avec sa famille. A partir<br />

<strong>de</strong> 1957, elle occupera un poste subalterne aux "Editions politiques",<br />

sous <strong>les</strong> ordres <strong>de</strong> Walter Roman, le père <strong>de</strong> Petre<br />

Roman, faisant <strong>de</strong>s traductions en français et en allemand, et<br />

gagnant correctement sa vie (1500 lei par mois).<br />

Atteinte d'un cancer au poumon, elle décè<strong>de</strong>ra le 3 juin<br />

1960, à l'âge <strong>de</strong> 67 ans, poussant sa dévotion pour Staline jusqu'à<br />

mourir comme lui… dans son lit. Un exploit rarissime à<br />

l'époque.<br />

Nichita Sîrbu<br />

22 43


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 44<br />

BAIA MARE<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

LUNCA<br />

<br />

ILVEI<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

CLUJ TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

SIGHISOARA<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI<br />

<br />

BRAN BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Enterré à Sighisoara,<br />

"Dracula Park"<br />

ressurgit à Bucarest<br />

Lancé voici maintenant près <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans et ayant essuyé <strong>de</strong> nombreuses<br />

critiques, le projet <strong>de</strong> parc<br />

d'attractions sur le thème <strong>de</strong> Dracula,<br />

à Sighisoara, ville où a longuement<br />

séjourné Vlad Tepes, qui a donné<br />

naissance à la légen<strong>de</strong> du vampire,<br />

a vécu. Ainsi en a décidé l'assemblée<br />

<strong>de</strong>s actionnaires, convoquée fin<br />

janvier. Le parc sera installé dans le<br />

secteur rési<strong>de</strong>ntiel du lac Snagov, à<br />

une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres au nord<br />

<strong>de</strong> la capitale, près d'un monastère<br />

où est conservé le cœur du voïvo<strong>de</strong>.<br />

Le premier projet, bouclé à la vavite<br />

par le ministre du Tourisme Dan<br />

Matei Aghaton, sans réelle étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

faisabilité, positionné sur un terrain<br />

n'ayant fait l'objet d'aucune étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

sol préalable et qui s'est avéré<br />

impropre à la construction, avait soulevé<br />

<strong>les</strong> oppositions <strong>de</strong> l'UNESCO,<br />

désireuse <strong>de</strong> protéger l'environnement<br />

du site <strong>de</strong> la ville médiévale fortifiée,<br />

du prince Char<strong>les</strong> d'Angleterre,<br />

et suscité <strong>les</strong> réticences du Prési<strong>de</strong>nt<br />

Iliescu ainsi que du Patriarche <strong>de</strong><br />

l'Eglise orthodoxe, Teoctist.<br />

Finalement ses initiateurs se sont<br />

repliés sur <strong>les</strong> propositions du cabinet<br />

<strong>de</strong> consultants Pricewaterhouse<br />

Coopers privilégiant l'implantation du<br />

site à Bucarest, son étu<strong>de</strong> faisant<br />

état d'une fréquentation d'un million<br />

<strong>de</strong> visiteurs par an, contre 620 000 à<br />

Sighisoara, l'hypothèse d'une installation<br />

à Constantsa, sur <strong>les</strong> bords <strong>de</strong><br />

la Mer Noire, étant également abandonnée.<br />

L'ouverture du parc est toujours<br />

prévue en 2004, ce qui laisse<br />

un délai rendant sceptique <strong>de</strong> nombreux<br />

observateurs.<br />

<br />

Tourisme<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

La double tarification dans <strong>les</strong> hôtels<br />

Une survivance <strong>de</strong> l'ère communiste<br />

Dans un courrier à la suite <strong>de</strong> notre article "Chers hôtels <strong>de</strong> la capitale" (Les<br />

Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie, n° 15, page 43), Jean-François Ragot réagit en<br />

faisant part <strong>de</strong> son exaspération <strong>de</strong>vant une survivance du communisme :<br />

la double tarification.<br />

"Je voudrais revenir sur votre article concernant le logement à Bucarest. Il n'est<br />

qu'une <strong>de</strong>s facettes du logement hôtelier en Roumanie, avec le maintien <strong>de</strong> la double<br />

tarification; une locale, pour <strong>les</strong> Roumains ou "rési<strong>de</strong>nts", une secon<strong>de</strong> pour <strong>les</strong> étrangers<br />

ou "non rési<strong>de</strong>nts". Cette situation anormale, voire scandaleuse, doit être<br />

dénoncée car peu conforme aux critères d'appartenance à l'UE. Si on accepte ce principe<br />

discriminatoire, pourquoi ne pas faire un tarif "spécial" restaurant, essence, achat<br />

<strong>de</strong> biens divers, etc…<br />

La meilleure manière <strong>de</strong> mesurer cette discrimination <strong>de</strong> type "soviétique" ou<br />

"africaine" est <strong>de</strong> consulter <strong>les</strong> sites en roumain ou <strong>les</strong> agences <strong>de</strong> voyage roumaines.<br />

Nous constatons ainsi que l'étranger est pris pour un pigeon. Le ministère du<br />

Tourisme, sous la pression <strong>de</strong> l'UE s'il le faut, serait bien inspiré <strong>de</strong> remettre <strong>de</strong> l'ordre<br />

dans ces pratiques d'un autre âge".<br />

Pour appuyer ses dires, Jean-François Ragot, qui pratique la Roumanie à titre professionnel<br />

<strong>de</strong>puis 1987, fournit <strong>de</strong>s exemp<strong>les</strong> édifiants, trouvés notamment sur le site<br />

eTurism : à Brasov, Sibiu, Bran, <strong>de</strong>s hôtels sont proposés à moitié prix aux Roumains,<br />

quelque soit la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'année. Ces établissements se gar<strong>de</strong>nt bien d'ailleurs d'afficher<br />

ces tarifs à leur réception. La célèbre auberge Hanul lui Manuc <strong>de</strong> Bucarest, elle,<br />

ne cache même pas la couleur : sa publicité indique noir sur blanc qu'un étranger doit<br />

payer 37 € pour une chambre double ou simple, et <strong>les</strong> Roumains, 18 €.<br />

Même si cette pratique s'est un peu atténuée <strong>de</strong>puis la chute du communisme - A<br />

Tulcea, en 1990, une chambre était facturée 75 € à un occi<strong>de</strong>ntal, et la même, pour<br />

son interprète roumain, 5 € - il n'en <strong>de</strong>meure pas moins qu'elle perdure, mais <strong>de</strong> façon<br />

dissimulée. Outre le fait que ces tarifs sont déjà disproportionnés, vue la qualité du<br />

service offert - literie vieillotte, robinetterie défaillante, confort approximatif - ils sont<br />

aussi contre-productifs en dissuadant <strong>les</strong> touristes <strong>de</strong> venir, dans un pays qui doit faire<br />

face à d'autres handicaps : éloignement, état <strong>de</strong>s routes, manque <strong>de</strong> services.<br />

L'Espagne, en son temps, a bâti sa réputation et a fait du tourisme une <strong>de</strong>s clés <strong>de</strong><br />

son économie en faisant profiter <strong>les</strong> étrangers <strong>de</strong> ses prix sans concurrence, quitte à <strong>les</strong><br />

relever en même temps que le coût <strong>de</strong> la vie augmentait. La Hongrie, pourtant plus<br />

développée que la Roumanie, pratique <strong>de</strong>s prix d'hôtellerie inférieurs à sa voisine.<br />

L'hôtel Bulevard <strong>de</strong> Sibiu fermera<br />

prochainement pour rénovation<br />

L'hôtel "Bulevard", <strong>de</strong>ux<br />

étoi<strong>les</strong>, <strong>de</strong> Sibiu, très connu<br />

<strong>de</strong>s touristes, fermera ses<br />

portes, au plus tard à l'automne, pour<br />

<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> rénovation d'une durée<br />

indéterminée, visant à le transformer<br />

en hôtel quatre étoi<strong>les</strong> pratiquent <strong>de</strong>s<br />

tarifs trois étoi<strong>les</strong>. Au terme <strong>de</strong> quatre<br />

ans <strong>de</strong> procès et <strong>de</strong> nombreux rebondissements,<br />

le propriétaire <strong>de</strong>s murs a retrouvé la jouissance <strong>de</strong> son bien qui lui avait<br />

été confisqué sous le communisme. Il en a immédiatement cédé la concession pour 49<br />

ans et un loyer mensuel <strong>de</strong> 12 000 € (80 000 F) à la chaîne hôtelière Continental, qui<br />

a pour charge <strong>de</strong> le rénover et possè<strong>de</strong> déjà un établissement dans la cité. Situé en<br />

plein centre <strong>de</strong> Sibiu, et comportant 132 chambres, l'hôtel est l'un <strong>de</strong>s plus vieux<br />

immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> la ville et n'avait pas été restauré <strong>de</strong>puis près d'un siècle.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Tourisme<br />

Avant <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> Lunca Ilvei (ju<strong>de</strong>t Bistrita-<br />

Nasaud), parlons <strong>de</strong> la route ! Dès Ilva Mica, vous<br />

serez découragés par <strong>les</strong> nids <strong>de</strong> pou<strong>les</strong>, <strong>les</strong> fondrières,<br />

<strong>les</strong> passages à niveau<br />

redoutab<strong>les</strong>. Si vous y allez<br />

par temps <strong>de</strong> pluie ou juste<br />

après , à la sortie <strong>de</strong> Magura<br />

Ilvei, vous serez effrayés par<br />

une mare qui s'est formée<br />

sous le pont du chemin <strong>de</strong> fer<br />

! Après votre surprise, n'hésitez<br />

pas: prenez à l' extrême<br />

gauche tout doucement, cela<br />

passe sans casse nous l'avons<br />

fait, et puis...récompense, un<br />

peu plus loin une magnifique<br />

route goudronnée vous<br />

conduit à Lunca Ilvei. Fin du<br />

voyage, c'est un cul <strong>de</strong> sac.<br />

Vous découvrirez alors un<br />

haut plateau situé à 700 m<br />

d'altitu<strong>de</strong>, bordé <strong>de</strong> douces<br />

montagnes, c'est splendi<strong>de</strong>.<br />

Un paradis pour randonnées<br />

et bala<strong>de</strong>s, été comme hiver<br />

Les atouts principaux <strong>de</strong> Lunca Ilvei sont sa nature, ses<br />

infrastructures sportives hiverna<strong>les</strong> et estiva<strong>les</strong> ainsi que sa<br />

situation sur le passage <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer qui<br />

traverse la Roumanie <strong>de</strong> Cluj à Iasi. Imaginez que la commune<br />

possè<strong>de</strong> quatre gares: Lunca, Silhoasa, Larion et Gradinita,<br />

toutes <strong>de</strong>sservies par <strong>les</strong> trains "Rapid" et "Accelerat". Pas<br />

besoin <strong>de</strong> voiture donc pour <strong>de</strong>s vacances à Lunca Ilvei!<br />

En été, vous pouvez y faire <strong>de</strong>s promena<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong>s sentiers<br />

balisés, <strong>de</strong>s visites <strong>de</strong> bergeries, d'une source d'eau ferrugineuse,<br />

<strong>de</strong>s bala<strong>de</strong>s en vélo tous terrains (location sur place).<br />

Pêche, cueillette <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong>s bois et <strong>de</strong> plantes médicina<strong>les</strong><br />

peuvent également figurer au programme.<br />

Traîneaux et train<br />

spécial <strong>de</strong>s skieurs <strong>de</strong> fond<br />

Au centre équestre, tenu par un anglais, vous pourrez<br />

prendre <strong>de</strong>s cours d'équitation, faire <strong>de</strong>s bala<strong>de</strong>s à cheval.<br />

Stephen organise également <strong>de</strong>s randonnées <strong>de</strong> plusieurs jours,<br />

à cheval et en calèche, par exemple jusqu'à l'hôtel Dracula sur<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

La Roumanie authentique<br />

Sur un haut plateau, à 700 mètres d'altitu<strong>de</strong><br />

la splen<strong>de</strong>ur et la douceur <strong>de</strong> Lunca Ilvei se méritent…<br />

Entre Maramures et Bucovine, la région <strong>de</strong> Lunca Ilvei, dans<br />

le département <strong>de</strong> Bistrita, offre <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue superbes, comme icii<br />

le col <strong>de</strong> Tihuta, ainsi qu’une qualité <strong>de</strong> vie appréciée par ses visiteurs.<br />

la route <strong>de</strong> Vatra Dornei. Il est aussi possible d'organiser <strong>de</strong>s<br />

camps <strong>de</strong> vacances pour enfants et adultes.<br />

En hiver, le train spécial <strong>de</strong>s skieurs vous amène à Lunca<br />

Ilvei <strong>de</strong>puis Ilva Mica ou<br />

Vatra Dornei. Location aux<br />

gares <strong>de</strong> divers équipements :<br />

ski, raquettes etc... Sept<br />

pistes <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> fond et <strong>de</strong><br />

randonnée vous atten<strong>de</strong>nt<br />

ainsi qu'une école <strong>de</strong> ski, <strong>de</strong>s<br />

bala<strong>de</strong>s et randonnées en<br />

raquettes et en traîneau. La<br />

situation <strong>de</strong> Lunca Ilvei fait<br />

que <strong>les</strong> alentours intéressants<br />

et faci<strong>les</strong> d'accès restent liés<br />

aux activités <strong>de</strong> la montagne,<br />

mais el<strong>les</strong> peuvent vous<br />

mener loin !<br />

Randonnées pé<strong>de</strong>stres <strong>de</strong><br />

un ou plusieurs jours avec<br />

gui<strong>de</strong>: découverte <strong>de</strong>s monts<br />

Bârgau et <strong>de</strong> Rodna dont <strong>les</strong><br />

sommets culminent à 2000<br />

mètres, réserve naturelle <strong>de</strong><br />

Pietrosul à 2300 mètres, pics volcaniques du massif du<br />

Caliman. Le centre équestre propose également une semaine<br />

<strong>de</strong> randonnée vers <strong>les</strong> Maramures ou la Bucovine.<br />

Une pause idéale entre Maramures et Bucovine<br />

En train ou en voiture (oubliée la mare !), vous ne regretterez<br />

pas d'être parvenus jusqu' à ce bout du mon<strong>de</strong>, car s'ils<br />

étaient tous comme celui-là, nous en re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rions! En été,<br />

se laisser vivre au rythme <strong>de</strong>s agriculteurs, éleveurs, artisans<br />

du bois, se ressourcer dans la nature, monter à cheval et galoper<br />

par monts et par vaux. En hiver, pour <strong>les</strong> fans <strong>de</strong> ski <strong>de</strong><br />

fond et <strong>de</strong> grands espaces blancs, <strong>de</strong> silence, c'est le pied… et<br />

si en plus vos hôtes ont la bonne idée <strong>de</strong> faire venir <strong>de</strong>s musiciens<br />

pour vous faire une auba<strong>de</strong> autour d'un feu <strong>de</strong> bois, que<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus ? Lunca Ilvei n'est pas un village étape, il<br />

faut y rester plusieurs jours, prendre <strong>de</strong>s vacances, où alors<br />

pourquoi pas une pause <strong>de</strong> 3 ou 4 jours entre la visite du<br />

Maramures et <strong>les</strong> monastères <strong>de</strong> la Bucovine. Une vingtaine <strong>de</strong><br />

maisons ou chalets peuvent vous héberger (voir auprès <strong>de</strong><br />

Ieronim Somesan, responsable OVR ou Iulia Vâsies, responsable<br />

du tourisme, tel: (00 40) 263 37 80 92 ou 263 37 80 60.<br />

Martine et Jean Bovon-Dumoulin<br />

Pour en savoir plus, retrouvez <strong>les</strong> bonnes adresses <strong>de</strong> Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le gui<strong>de</strong> OVR Retea<br />

Turistica Au pays <strong>de</strong>s villages roumains qui permet <strong>de</strong> partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> fiches en<br />

couleurs. Comman<strong>de</strong>s à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque <strong>de</strong> 20 €<br />

(port compris) à son ordre.<br />

22 45


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 46<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU IASI<br />

ARAD CLUJ <br />

MURES<br />

<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

DEVA <br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRAILA<br />

BRASOV<br />

PITESTI <br />

<br />

<br />

PLOIESTI TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Tourisme<br />

Parties<br />

<strong>de</strong> chasse en Vâlcea<br />

Les organisations <strong>de</strong> chasseurs<br />

ont compris l'intérêt qu'el<strong>les</strong> avaient<br />

à faire connaître à l'étranger <strong>les</strong> possibilités<br />

qu'el<strong>les</strong> pouvaient offrir dans<br />

ce domaine. Acci<strong>de</strong>nté, couvert <strong>de</strong><br />

forêts, <strong>de</strong> vignob<strong>les</strong>, le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong><br />

Râmnicu Vâlcea est l'un <strong>de</strong>s plus<br />

attractifs, tant sa faune est abondante.<br />

Des groupes d'Italiens y viennent<br />

fréquemment et repartent comblés<br />

aussi bien par leurs tableaux <strong>de</strong><br />

chasse que par leur contact avec la<br />

nature. Il n'est par rare <strong>de</strong> <strong>les</strong> voir<br />

repartir avec une quarantaine <strong>de</strong> perdrix<br />

qu'ils paient 10 € pièce, une<br />

vingtaine <strong>de</strong> faisans (60 €, 400 F) et<br />

autant <strong>de</strong> lièvres (35 €, 230 F).<br />

Leur séjour est encadré et guidé<br />

par <strong>les</strong> associations loca<strong>les</strong> qui<br />

récupèrent ainsi environ 2000 € par<br />

partie <strong>de</strong> chasse, argent censé être<br />

utilisé pour la protection du milieu et<br />

le développement <strong>de</strong>s activités<br />

cynégétiques.<br />

52 projets financés<br />

par la Wallonie<br />

La région <strong>de</strong> Wallonie a décidé <strong>de</strong><br />

financer 52 projets <strong>de</strong> coopération<br />

avec la Roumanie portant sur <strong>les</strong><br />

années <strong>20<strong>03</strong></strong> et 2004. Les Belges<br />

francophones vont consacrer leurs<br />

efforts aux domaines <strong>de</strong> l'agriculture<br />

et du tourisme rural, <strong>de</strong> l'emploi et <strong>de</strong><br />

la formation, <strong>de</strong> l'économie, du social<br />

et <strong>de</strong> la culture. Des bourses seront<br />

accordées pour <strong>de</strong>s stages d'interprètes<br />

et <strong>de</strong> professeurs <strong>de</strong> français.<br />

L'ouverture d'un centre d'étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

la Francophonie est envisagée.<br />

<br />

Coup <strong>de</strong> colère<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

La souffrance <strong>de</strong> Doïna, professeur<br />

<strong>de</strong> français à Nantes, <strong>de</strong>puis 20 ans<br />

"A force d'être martelés, <strong>les</strong> clichés sur<br />

<strong>les</strong> Roumains s'imprègnent fortement<br />

dans la conscience <strong>de</strong>s Français"<br />

Dans un courrier publié par le quotidien Ouest-France, Doïna Le Noay<br />

nantaise d'origine roumaine, professeur <strong>de</strong> français dans un lycée, et prési<strong>de</strong>nte<br />

<strong>de</strong> l'Association <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> Loire Atlantique a réagi <strong>de</strong>vant<br />

<strong>les</strong> clichés accolés par <strong>les</strong> médias à son pays natal.<br />

" Si j'ai pris la décision <strong>de</strong> m'adresser à votre journal ce n'est pas pour parler <strong>de</strong> la<br />

chance que j'ai <strong>de</strong> vivre à Nantes <strong>de</strong>puis 20 ans, <strong>de</strong> faire un travail que j'aime, d'avoir<br />

<strong>de</strong>s collègues et <strong>de</strong>s amis qui me sont chers. C'est que ces <strong>de</strong>rniers temps, comme tous<br />

<strong>les</strong> Roumains, je vis un état <strong>de</strong> malaise.<br />

Nous en avons longuement débattu lors <strong>de</strong> l'assemblée générale <strong>de</strong> l'association<br />

du mois d'octobre <strong>de</strong>rnier.<br />

Nous sommes <strong>de</strong>s Français d'origine roumaine, <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong> moins jeunes,<br />

tous intégrés dans le mon<strong>de</strong> du travail <strong>de</strong> la région, dans <strong>de</strong>s domaines très divers : services,<br />

mé<strong>de</strong>cine, arts, artisanat, enseignement, etc. Nous participons à la vie sociale<br />

par notre famille et par <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> bénévolat. Ce qu'on appelle "la majorité silencieuse",<br />

qui n'a rien <strong>de</strong> sensationnel pour intéresser <strong>les</strong> médias.<br />

Nous sommes riches <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cultures que nous avons faites nôtres, et dont nous<br />

sommes fiers, mais aujourd'hui nous sommes indignés, affligés, voire b<strong>les</strong>sés.<br />

De manière récurrente, presque obsessionnelle, <strong>les</strong> mêmes titres, <strong>les</strong> mêmes<br />

images, <strong>de</strong>venus clichés, sur la Roumanie et <strong>les</strong> Roumains, s'imprègnent fortement, à<br />

force d'être martelés, dans la conscience <strong>de</strong>s Français.<br />

Le cœur serré, nous reconnaissons que ces images sont réel<strong>les</strong>. Il y a beaucoup<br />

d'enfants dans <strong>les</strong> orphelinats en Roumanie; il y a <strong>de</strong>s Tziganes qui encombrent ici <strong>de</strong>s<br />

camps et <strong>de</strong>s rues ; il y a aussi <strong>de</strong>s Roumains qui, chassés par la fermeture <strong>de</strong>s usines,<br />

viennent chercher du travail en France et se font déloger par <strong>les</strong> équipes du GIR ; il y<br />

a aussi ceux qui profitent <strong>de</strong> la misère et <strong>de</strong> la déroute <strong>de</strong> leurs concitoyens.<br />

Voilà l'image que peut avoir aujourd'hui un Français qui n'a jamais été en<br />

Roumanie pour apprécier l'hospitalité <strong>de</strong> ses habitants et l'authenticité <strong>de</strong> ses campagnes<br />

ou celui qui n'a pas eu l'occasion <strong>de</strong> connaître le patrimoine intellectuel et artistique<br />

légué par ses créateurs à la culture universelle.<br />

"Quand elle est réductrice, une image peut <strong>de</strong>venir fausse"<br />

Cela me rappelle une situation anecdotique, personnelle. Avant 1990, ma mère me<br />

téléphonait parfois, sans objet précis apparent, juste pour se rassurer que j'étais bien<br />

portante et surtout que je me trouvais bien à Nantes. C'est qu'à cette époque en<br />

Roumanie <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> images qu'on donnait au journal télévisé sur la France étaient <strong>les</strong><br />

incendies <strong>de</strong> forêts du Midi, en été, et <strong>les</strong> "soupes populaires" <strong>de</strong> Paris, en hiver. Sa<strong>les</strong><br />

images réductrices !<br />

Est-il juste <strong>de</strong> bafouer vingt millions <strong>de</strong> Roumains à cause d'une minorité <strong>de</strong><br />

0,1 % ? Nous savons tous que <strong>les</strong> médias ont <strong>de</strong>s exigences d'écoute, mais trop c'est<br />

trop, et c'est pour cela que j'ai pris la plume.<br />

Je ne peux finir sans rappeler le soutien moral et <strong>les</strong> encouragements que nous<br />

avons reçus <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s Français qui connaissent une autre Roumanie. Nous <strong>les</strong><br />

remercions et nous <strong>les</strong> assurons que, malgré tout, nous cultiverons <strong>les</strong> vertus ancestra<strong>les</strong><br />

d'accueil et d'amitié chères à notre âme et à notre peuple.<br />

Réunis pour fêter le Noël roumain le 21 décembre, en association, nous nous<br />

sommes préparés pour mieux apprécier celui du 25 au sein <strong>de</strong> nos famil<strong>les</strong>. Avoir <strong>de</strong>ux<br />

Noël, cela fait partie <strong>de</strong> notre chance".<br />

Doïna Le Noay


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Coup <strong>de</strong> colère<br />

Le 9 octobre <strong>de</strong>rnier, au petit matin, 280 gendarmes,<br />

policiers, douaniers, agents du fisc, accompagnés<br />

<strong>de</strong> dix interprètes, raflaient 102 Roumains dans la<br />

région nantaise. Présentée comme un gigantesque coup <strong>de</strong> filet<br />

<strong>de</strong>stiné à démanteler <strong>les</strong> réseaux mafieux, l'opération aboutira<br />

finalement à dix arrestations pour <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> délits <strong>de</strong> recel<br />

d'objets volés, dont une visant un Nantais qui avait hébergé<br />

quelques Roumains et qui sera inquiété pour "association <strong>de</strong><br />

malfaiteurs"… alors qu'il était seul en cause.<br />

66 Roumains auront été mis en gar<strong>de</strong> à vue, puis relâchés<br />

dans la précipitation, faute d'éléments… si vite d'ailleurs qu'il<br />

faudra aller rechercher certains d'entre-eux pour terminer l'enregistrement<br />

<strong>de</strong> leurs déclarations; 15 Roumains ont été poursuivis<br />

pour situation irrégulière (travail clan<strong>de</strong>stin ou validité<br />

du séjour terminée).<br />

Cinq jours avant la venue du ministre<br />

Cette intervention entrait dans le cadre <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong><br />

sécurité mise en place à grand renfort <strong>de</strong> publicité par le<br />

ministre <strong>de</strong> l'intérieur, Nicolas Sarkosy, et précédait<br />

justement sa venue très médiatisée à Nantes, cinq<br />

jours plus tard. Dirigée par le GIR (Groupement<br />

d'Intervention Régionale), elle avait été commanditée<br />

par le procureur <strong>de</strong> la République et<br />

le préfet <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> la Loire qui, dans une<br />

lettre, avaient ordonné <strong>de</strong> contrôler la communauté<br />

roumaine, "<strong>de</strong>vant la recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s<br />

vols à la tire et à la roulotte dans la région".<br />

Au cours <strong>de</strong>s quinze jours <strong>de</strong> surveillance<br />

précé<strong>de</strong>nts, la police n'avait guère constaté que<br />

<strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> sacs poubel<strong>les</strong> dans un coffre<br />

<strong>de</strong> voiture. Au terme <strong>de</strong> son enquête, elle n'aura<br />

saisi que <strong>de</strong>s bouteil<strong>les</strong> <strong>de</strong> whisky, flacons <strong>de</strong> déodorants<br />

et autre maigres larcins <strong>de</strong> ce genre.<br />

"Si un Roumain ouvre,<br />

interpellez! Après, on verra…"<br />

L'opération a provoqué <strong>de</strong>s remous, notamment au SNOP<br />

(Syndicat National <strong>de</strong>s Officiers <strong>de</strong> Police) qui a publié un<br />

communiqué dénonçant ce coup <strong>de</strong> bluff <strong>de</strong> la razzia chez <strong>les</strong><br />

Roumains. Le SNOP a indiqué que " <strong>les</strong> policiers n'étaient pas<br />

informés du contenu précis <strong>de</strong> la procédure et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong><br />

l'opération (…) le lieutenant-colonel dirigeant le GIR clamant:<br />

"frappez aux portes; si un Roumain ouvre, interpellez ! Après<br />

on verra…".<br />

Le SNOP indique que <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> police nantais ont<br />

été choqués par le résultat <strong>de</strong> cette affaire : "Bien qu'aucun fait<br />

<strong>de</strong> vol à l'étalage reconnu par <strong>les</strong> Roumains mis en cause n'ait<br />

été rapproché <strong>de</strong> plaintes précises, neuf d'entre-eux ont été<br />

écroués". Quand à la gar<strong>de</strong> à vue, elle s'est effectuée hors<br />

norme, <strong>les</strong> gendarmes enfermant une trentaine d'hommes et<br />

femmes dans 30 m2, toute une nuit, sans fournir la moindre<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

"La métho<strong>de</strong> Sarkozy" à l'œuvre<br />

aux dépens <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> la région nantaise<br />

280 gendarmes<br />

et policiers<br />

raflent<br />

102 Roumains<br />

à l’aube. Seulement<br />

une poignée<br />

sera poursuivie<br />

couverture. Les conditions <strong>de</strong> l'interpellation avaient été el<strong>les</strong>mêmes<br />

particulièrement ru<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s femmes terrorisées, surprises<br />

en plein sommeil par l'irruption <strong>de</strong>s policiers, étant<br />

contraintes <strong>de</strong> justifier leur i<strong>de</strong>ntité, alors qu'el<strong>les</strong> étaient en<br />

chemise <strong>de</strong> nuit.<br />

Le syndicat <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong> police, ayant en mémoire la<br />

sinistre "Rafle du Vélodrome d’hiver", s'est élevé contre "une<br />

métho<strong>de</strong> rappelant une pério<strong>de</strong> historique où <strong>les</strong> forces <strong>de</strong><br />

l'ordre interpellaient <strong>de</strong>s gens en raison <strong>de</strong> leur appartenance<br />

à une religion".<br />

Une presse complaisante:<br />

le discrédit sur toute une communauté est jeté<br />

Faillissant à ce qui <strong>de</strong>vrait être son rôle, la presse régionale,<br />

reprise par la presse nationale, a fait chorus à cette opération<br />

médiatique du ministre <strong>de</strong> l'Intérieur. Dans toute la région<br />

nantaise, <strong>de</strong>s affichettes étaient placardées à l'entrée <strong>de</strong>s<br />

bureaux <strong>de</strong> tabac et librairies, annonçant en gros caractères,<br />

"le démantèlement d'un réseau <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent<br />

Roumains", d'énormes titre barrant <strong>les</strong> "une" <strong>de</strong>s<br />

journaux.<br />

L'effet était garanti auprès d’une population<br />

déjà chauffée à blanc pendant l'été par le<br />

déchaînement <strong>de</strong>s médias sur "<strong>les</strong> prostituées,<br />

voleurs, mendiants roumains", seu<strong>les</strong> "réalités"<br />

<strong>de</strong> la Roumanie qu'ils montrent. Par la<br />

suite, quand il s'est avéré que l'opération nantaise<br />

n'était que bluff et fiasco, aucun <strong>de</strong> ces<br />

journaux n'a eu la décence <strong>de</strong> le reconnaître.<br />

Le racisme n'est plus loin<br />

Cette affaire, ainsi montée en épingle pour<br />

servir une ambition politique - peut importe qu'elle<br />

soit <strong>de</strong> gauche ou <strong>de</strong> droite, puisque l'ancien ministre<br />

socialiste <strong>de</strong> l'Intérieur, Daniel Vaillant, ne renie pas <strong>les</strong><br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> son successeur <strong>de</strong> droite - et reprise sans discernement<br />

par <strong>les</strong> médias a <strong>de</strong>s conséquences navrantes et palpab<strong>les</strong><br />

quotidiennement pour la communauté roumaine <strong>de</strong> la<br />

région nantaise, <strong>de</strong> plus en plus montrée du doigt.<br />

Une jeune et charmante caissière d'une gran<strong>de</strong> surface se<br />

voyait souvent interrogée sympathiquement sur l'origine <strong>de</strong><br />

"son joli accent" par ses clients. Aujourd'hui, lorsqu'elle dit<br />

qu'elle est Roumaine, <strong>les</strong> sourires se figent et la conversation<br />

s'arrête net.<br />

A défaut <strong>de</strong> "délit <strong>de</strong> sale gueule", le racisme n'est plus<br />

loin, surtout si <strong>les</strong> autorités se laissent aller aux dérapages ou<br />

désignent du doigt <strong>les</strong> cib<strong>les</strong>. Début janvier, toujours à Nantes,<br />

une procureur, après avoir requis trois mois <strong>de</strong> prison contre<br />

<strong>de</strong>ux Roumains qui avaient volé <strong>de</strong>s parfums, a crû bon <strong>de</strong><br />

rajouter : "Il faut endiguer ce phénomène <strong>de</strong> personnes, le plus<br />

souvent d'origine roumaine, qui viennent en France pour commettre<br />

<strong>de</strong>s vols et alimenter <strong>de</strong>s réseaux".<br />

22 47


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 48<br />

Les<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

CLUJ MURES<br />

IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

HUNEDOARA BRASOV<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRAN<br />

GALATI<br />

<br />

SINAIA<br />

<br />

PITESTI PLOIESTI TULCEA<br />

<br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

La concurrence<br />

du lycée américain<br />

Environ 70 personnes, enseignants<br />

compris, assurent le fonctionnement<br />

du lycée, le personnel administratif<br />

et <strong>de</strong> service étant le plus<br />

souvent roumain. Les 30-40 professeurs<br />

sont pour moitié français.<br />

Quelques uns ont été détachés <strong>de</strong><br />

l'Education nationale française pour<br />

<strong>de</strong>ux contrats <strong>de</strong> trois ans chacun, et<br />

bénéficient d'un statut très intéressant<br />

qui, avec <strong>les</strong> in<strong>de</strong>mnités d'expatriation,<br />

non imposab<strong>les</strong>, permet <strong>de</strong><br />

doubler, voire plus, leur salaire, celuici<br />

étant versé en France.<br />

D'autres, mariées à un Roumain<br />

ou ayant suivi un conjoint en<br />

Roumanie, bénéficient d'un statut<br />

moins avantageux <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nt. Il<br />

existe aussi <strong>les</strong> "faux rési<strong>de</strong>nts",<br />

recrutés en France pour trois mois et<br />

qui restent sur place. Enfin, <strong>de</strong>s<br />

enseignants roumains et étrangers,<br />

parlant français, sont embauchés<br />

localement. Plus vieil établissement<br />

étranger à Bucarest, le lycée français<br />

a bien besoin <strong>de</strong> cette équipe pour<br />

faire front à la montée <strong>de</strong> l'anglais,<br />

seul concurrent sur place. Si <strong>les</strong><br />

Britanniques ont ouvert un établissement<br />

mo<strong>de</strong>ste, le collège américain a<br />

d'autres prétentions. Il accueille déjà<br />

plus <strong>de</strong> 400 élèves, bien que le coût<br />

<strong>de</strong> l'inscription soit dissuasif, 15 000<br />

€ (100 000 F) par an, soit près <strong>de</strong><br />

sept fois supérieur.<br />

Pour résister, le lycée <strong>de</strong> la strada<br />

Cristian Tell mise sur la réputation <strong>de</strong><br />

la culture française et <strong>de</strong> son enseignement.<br />

Il s'y est encouragé en se<br />

donnant le nom d'une gran<strong>de</strong> poétesse,<br />

<strong>de</strong>venue française par son mariage,<br />

et <strong>de</strong>scendante d'une illustre<br />

ligne <strong>de</strong> voïvo<strong>de</strong>s roumains, <strong>les</strong><br />

Brancoveanu: Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong>.<br />

<br />

Francophonie<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Le lycée français Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong><br />

accueille près <strong>de</strong> 450 élèves<br />

francophones peuvent désormais<br />

passer leur baccalauréat à Bucarest<br />

Le lycée français Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong>, <strong>de</strong> Bucarest, pourrait être un bon<br />

baromètre du développement <strong>de</strong>s relations entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. Son proviseur<br />

pensait enregistrer une progression continue <strong>de</strong>s effectifs. De fait, il<br />

n'en est rien. Quarante élèves se présentent pour entrée en sixième... et ne sont plus<br />

que vingt, l'année suivante. L'explication est simple et courante : une grosse société,<br />

comme Carrefour, a envoyé ses cadres pendant un an ou <strong>de</strong>ux pour son installation et<br />

<strong>les</strong> rapatrie une fois celle-ci assurée, laissant son personnel roumain prendre <strong>les</strong> choses<br />

en main. Des famil<strong>les</strong>, aussi, se séparent, <strong>les</strong> enfants suivant leur mère en France.<br />

Ces fluctuations ne sont guère prévisib<strong>les</strong> et diffici<strong>les</strong> à gérer, pour un établissement<br />

qui a comme mission première d'accueillir <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> français installés en<br />

Roumanie. Ceux-ci peuvent y suivre un cursus scolaire intégral, <strong>de</strong> la maternelle, où<br />

ils sont <strong>les</strong> plus nombreux, au baccalauréat, avec trois options proposées (littéraire,<br />

scientifique, économique et sociale) et quatre langues étrangères, roumain, anglais,<br />

espagnol, allemand, enseignées.<br />

Des élèves <strong>de</strong> 35 nationalités<br />

Le Lycée accueille entre 430 et 450 élèves, <strong>de</strong> 4 à 18 ans, dont la moitié <strong>de</strong><br />

Français, un quart <strong>de</strong> Roumains et un quart d'étrangers. Ces <strong>de</strong>rniers, Coréens,<br />

Brésiliens, Espagnols - au total, 35 nationalités - souvent enfants <strong>de</strong> diplomates, l'ont<br />

choisi pour la continuité <strong>de</strong> l'enseignement. Les lycées français existent un peu partout<br />

dans le mon<strong>de</strong>, organisés <strong>de</strong> la même façon, ce qui rassure <strong>les</strong> parents appelés à être<br />

mutés d'une capitale à une autre, tous <strong>les</strong> 3-4 ans.<br />

Quant aux Français, prioritaires pour s'inscrire, <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> élèves ayant déjà bénéficié<br />

d' un enseignement "à la française", avec leurs frères et sœurs et <strong>les</strong> ressortissants<br />

<strong>de</strong>s autres pays <strong>de</strong> l'UE, ils y trouvent l'assurance d'un enseignement i<strong>de</strong>ntique à<br />

celui <strong>de</strong> la Métropole. L'établissement a un partenariat avec l'académie <strong>de</strong> Metz-<br />

Nancy pour la pédagogie et est rattaché à celle <strong>de</strong> Strasbourg pour <strong>les</strong> examens, brevet<br />

<strong>de</strong>s collèges et baccalauréat, ces diplômes ayant la même valeur qu'en France.<br />

Le Lycée Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong> est d'ailleurs <strong>de</strong>venu centre d'examen pour la région.<br />

Une dizaine d'élèves du lycée français <strong>de</strong> Sofia viennent y passer leur baccalauréat.<br />

Auparavant, candidats <strong>de</strong> Bucarest et <strong>de</strong> la capitale bulgare <strong>de</strong>vaient se rendre à<br />

Vienne. Maintenant, ce déplacement n'est plus nécessaire que dans le cas d'un oral <strong>de</strong><br />

rattrapage, lequel n'a concerné que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s 25 élèves <strong>de</strong> terminale, en 2002. Depuis<br />

<strong>de</strong>ux ans, l'établissement se flatte d'un taux <strong>de</strong> réussite à 100 %. Il n'y a dans ce résultat<br />

aucune complaisance: <strong>les</strong> copies sont corrigées à Strasbourg.<br />

Les Roumains se font <strong>de</strong> plus en plus rares<br />

Les Roumains sont considérés comme <strong>de</strong> bons élèves, studieux. Chaque année,<br />

<strong>de</strong>ux ou trois d'entre eux décrochent une mention très bien au Bac, et obtiennent <strong>de</strong>s<br />

bourses d'excellence pour continuer leurs étu<strong>de</strong>s en France. Leur Bac français est<br />

reconnu en équivalence avec le Bac <strong>de</strong> leur pays, à condition qu'ils réussissent un<br />

examen <strong>de</strong> littérature roumaine. Mais ils sont <strong>de</strong> moins en moins nombreux.<br />

Représentant un quart <strong>de</strong> l'effectif, ils ne sont pas prioritaires pour s'inscrire... et sont<br />

même plutôt <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers. La raison avancée est qu'il existe <strong>de</strong>s lycées roumains avec<br />

sections bilingues en français.<br />

Les nouveaux élèves roumains se font même <strong>de</strong> plus en plus rares. Si <strong>les</strong> famil<strong>les</strong><br />

françaises doivent acquitter 2000 € par an et par enfant pour qu'ils suivent <strong>les</strong> cours -<br />

avec la possibilité <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> bourses - cette somme est encore plus élevée pour<br />

<strong>les</strong> autres nationalités, et est inaccessible pour <strong>les</strong> Roumains.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Au début <strong>de</strong>s années 90,<br />

ceux-ci bénéficiaient d'avantages,<br />

également sous forme<br />

<strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l'Etat français,<br />

qui ne leur sont désormais<br />

plus accordés, sauf s'il s'agit<br />

pour eux <strong>de</strong> terminer <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s déjà entreprises.<br />

Etablissement<br />

privé et payant<br />

Ecole d'ambassa<strong>de</strong> jusqu'en<br />

1994, le lycée a tenté <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir franco-roumain alors.<br />

Le peu d'implication <strong>de</strong>s autorités<br />

roumaines l'a conduit à <strong>de</strong>venir totalement français, sous<br />

la forme d'un établissement privé conventionné et donc<br />

payant, géré par une association <strong>de</strong> parents d'élèves et le proviseur.<br />

Situé dans le périmètre <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France - quand<br />

Internet<br />

Le lycée français Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong> accueille <strong>de</strong>s élèves,<br />

souvent enfants <strong>de</strong> diplomates, <strong>de</strong> la maternelle jusqu’au baccalauréat.<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

on franchit la porte d'entrée,<br />

on est en territoire français -<br />

22 strada Cristian Tell, il<br />

accueille ses élèves dans un<br />

pavillon ayant beaucoup <strong>de</strong><br />

cachet, mais où ils se trouvent<br />

un peu à l'étroit. Quatre<br />

à cinq classes supplémentaires<br />

sont en cours <strong>de</strong><br />

construction et, dans l'attente,<br />

<strong>les</strong> six classes <strong>de</strong> primaire<br />

ont trouvé provisoirement<br />

refuge au lycée roumain<br />

Caragiale.<br />

On y pratique <strong>les</strong><br />

horaires et <strong>les</strong> vacances à la<br />

française, sauf pour le primaire où, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s parents,<br />

l'école se termine à 14 h. Le midi, élèves et professeurs se<br />

retrouvent dans une ou <strong>de</strong>ux sal<strong>les</strong> pour prendre le repas qu'ils<br />

ont amené, à moins qu'ils n'achètent sandwichs et boissons<br />

dans le petit bungalow en bois installé dans la cour.<br />

Partez à la découverte <strong>de</strong> palais et châteaux<br />

Aen croire <strong>les</strong> brochures touristiques, la Roumanie ne possè<strong>de</strong>rait que trois palais et châteaux : le palais Brâncoveanu<br />

<strong>de</strong> Mogosoaia et <strong>les</strong> châteaux <strong>de</strong> Vlad Tepes à Bran et Pe<strong>les</strong>, à Sinaia, où vivait la famille royale. Mais en parcourant<br />

le pays, vous pourrez découvrir d'autres constructions toutes aussi remarquab<strong>les</strong>, même si el<strong>les</strong> sont moins connues.<br />

Le château <strong>de</strong> Iancu <strong>de</strong> Hunedoara (notre photo) construit au 14e siécle, en cours <strong>de</strong> restauration, est un parfait exemple <strong>de</strong> ces<br />

sites historiques méconnus. Restons dans le même ju<strong>de</strong>t avec la cita<strong>de</strong>lle en ruine <strong>de</strong> Deva (1269) qui domine la cité. “Castelul<br />

Huniazilor”, le plus vieil édifice <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Timisoara, <strong>de</strong>venu musée du Banat, vaut un arrêt. Mais d'autres bâtiments tels, à<br />

Bucarest, <strong>les</strong> palais Regal (royal) et <strong>de</strong> Cotroceni - ce <strong>de</strong>rnier abrite désormais la Prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République et on peut visiter son<br />

musée - ou encore le château Stravechi (ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Harghita), datant <strong>de</strong> 1450 et toujours habité, méritent tout autant votre attention.<br />

L'intérêt <strong>de</strong> la Transylvanie ne se limite pas non plus à Pe<strong>les</strong> et Bran (celui-ci valant beaucoup plus que son image commerciale <strong>de</strong><br />

"château <strong>de</strong> Dracula"). L'imposante forteresse <strong>de</strong> Fagaras (1310) construite en brique rose en lieu et place d'une ancienne forteresse<br />

en bois, impressionnera le visiteur. Et la liste ne s'arrête pas là : Castelul Poienari, Cetatea <strong>de</strong> Balta, Târgu Neamt (1375),<br />

Râsnov, Rupea dominent leur cité qu'el<strong>les</strong> protégeaient, tout comme <strong>les</strong> forteresses <strong>de</strong> Colt, Carensebes, Slimnic ou Poenari qui ne<br />

sont plus malheureusement que <strong>de</strong>s ruines plus ou moins bien conservées.<br />

On ne peut terminer cette présentation sans parler du très controversé "palais du Parlement", le 2ème plus grand bâtiment du<br />

mon<strong>de</strong> après le Pentagone, appelé plus communément "le palais <strong>de</strong> Ceausescu"… et qui pourtant ne possè<strong>de</strong> aucun site Internet!<br />

Alain Defline<br />

Voici une liste <strong>de</strong> liens Internet où vous pourrez trouver informations et<br />

photos, pour ceux d'entres vous qui veulent en savoir plus:<br />

http://www.roplace.ro/brn_foto.htm<br />

http://www.ici.ro/romania/turism/c_pe<strong>les</strong>.html<br />

http://www.cchr.ro/jud/turism/rom/2/24/24szarhegykastely.html<br />

http://dumitru.lucian.free.fr/in<strong>de</strong>x.html<br />

http://www.infotim.ro/mbt/b<strong>01</strong>9/b0<strong>01</strong>9.htm<br />

http://cetateacolt.tripod.com/romana/id5.html<br />

http://www.pitesti.ro/curtea_<strong>de</strong>_arges/aref/c1_h.htm<br />

http://www.mtromania.ro<br />

Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site<br />

http://la<strong>roumanie</strong>.<strong>de</strong>-France.org,<br />

partenaire <strong>de</strong>s "Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie"<br />

22 49


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 50<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU MURES IASI<br />

BACAU<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

Cri du coeur<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Sous Ceausescu, le doyen <strong>de</strong>s<br />

Roumains passe à la télévision. Le<br />

présentateur l'invite à dire quelques<br />

mots. Le vieil homme se tait.<br />

- Je t'en prie, camara<strong>de</strong>, dis<br />

quelque chose… tu passes en direct<br />

sur Intervision, tous nos grands pays<br />

socialistes te regar<strong>de</strong>nt.<br />

Même silence butté.<br />

- Allons camara<strong>de</strong>, maintenant<br />

tu es sur Panavision… c'est le mon<strong>de</strong><br />

entier qui te regar<strong>de</strong><br />

- Même <strong>les</strong> Américains ?<br />

- Mais oui<br />

- A l'aiiiiii<strong>de</strong> !<br />

Histoire vraie<br />

Rien ne sert<br />

<strong>de</strong> courir...<br />

Gare du Nord à Bucarest, Adina<br />

attend dans le couloir du wagon le<br />

départ <strong>de</strong> son train pour Craiova.<br />

C'est l'été, il fait chaud, <strong>les</strong> fenêtres<br />

sont baissées. Sur le quai, un retardataire<br />

arrive en courant, alors que<br />

le convoi s'ébranle lentement.<br />

L'homme, assez corpulent, en nage,<br />

tente désespérément <strong>de</strong> le rattraper,<br />

encouragé par <strong>les</strong> autres passagers<br />

qui réussissent à l'agripper et à le<br />

hisser sur le marchepied puis jusqu'à<br />

eux. Epuisé, à bout <strong>de</strong> souffle, il s'écroule<br />

sur une banquette où on lui a<br />

fait place, s'éponge le front, reprend<br />

lentement sa respiration, se confond<br />

en remerciements tout autours <strong>de</strong> lui.<br />

Et, tandis que le train a déjà pris sa<br />

vitesse, rassuré et ayant retrouvé<br />

ses esprits, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: "C'est bien<br />

le train pour Iasi ?".<br />

<br />

Humour<br />

Prévoyants<br />

Ceausescu et sa femme se préparent<br />

pour une visite officielle en France. Le<br />

"Conducator" <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a sa femme :<br />

- T'as pensé à prendre <strong>les</strong> maillots <strong>de</strong><br />

bain?<br />

- Pourquoi faire ?.<br />

- Demain soir, on est invités à l'Opéra<br />

au "Lac <strong>de</strong>s cygnes".<br />

Souvenirs<br />

Dans leur chambre glacée, un couple<br />

<strong>de</strong> petits vieux se serre sous la lumière <strong>de</strong><br />

l'ampoule pour lire le journal, tout en se<br />

tenant chaud.<br />

-Ah, si au moins on avait à manger,<br />

çà nous rappellerait le bon temps… pendant<br />

la guerre.<br />

Economies<br />

Le Conducator a ordonné que chaque<br />

Roumain fasse <strong>de</strong>s économies d'énergie.<br />

La maîtresse interroge ses élèves :<br />

- Dis moi, Cornel, que font tes<br />

parents pour suivre <strong>les</strong> consignes <strong>de</strong> notre<br />

grand lea<strong>de</strong>r aimé ?<br />

- Maman, elle met la nourriture sur le<br />

balcon et on a débranché le frigidaire<br />

- Bravo, et toi Marian ?<br />

Infos pratiques<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Blagues à la roumaine<br />

- Dès que je rentre <strong>de</strong> l'école, je ne<br />

vais pas jouer mais j'apprends mes<br />

leçons, comme çà je n'ai pas besoin <strong>de</strong><br />

lumière.<br />

- C'est très bien. A ton tour Bula…<br />

- Moi, je regar<strong>de</strong> la télévision hongroise…<br />

comme çà c'est eux qui consomment<br />

le courant.<br />

Chien et chat<br />

Un chat et un chien se croisent à la<br />

frontière hongroise. Le chat est très surpris<br />

<strong>de</strong> voir que le chien veut entrer en<br />

Roumanie.<br />

- Pourquoi tu viens chez nous ? lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>-t-il<br />

- Parce qu'on m'a dit qu'on y menait<br />

une vie <strong>de</strong> chien.<br />

Bon sens<br />

Ordinaire : 23 750 lei (0,67 €, (4,42 F)<br />

Super plus : 24 150 lei (0,68 €, (4,49 F)<br />

Sans plomb : 22 800 lei (0,64 €, 4,22 F)<br />

Euro Premium : 25 800 lei (0,73 €, 4,82 F)<br />

Gazole : 17 450 lei (0,49 €,(3,23 F)<br />

Euro Diesel : 20 250 lei (0,57 €, 3,76 F)<br />

- Taticule (papa), comment je suis<br />

venu au mon<strong>de</strong> ?<br />

- C’est grâce à une cigogne, mon<br />

garçon.<br />

- Et ma sœur ?<br />

- La même chose<br />

- T'es vraiment bête ! Maman est si<br />

jolie… et il faut que tu couches avec une<br />

cigogne.<br />

Le prix <strong>de</strong> l’essence<br />

Prix au 15 janvier fixés par la société nationale Petrom, <strong>les</strong> stations services <strong>de</strong><br />

son réseau ayant la possibilité <strong>de</strong> <strong>les</strong> majorer <strong>de</strong> 5 %.<br />

Premier pas vers l'introduction <strong>de</strong> la référence Euro 4, Pétrom a commercialisé<br />

<strong>de</strong>s carburant <strong>de</strong> norme Euro 3 <strong>de</strong>puis le 1er juillet <strong>de</strong>rnier (Euro Premium pour l'essence,<br />

Euro Diesel pour le gazole) dans 60 stations à travers le pays, en produisant<br />

actuellement 5000 tonnes.<br />

L'alignement sur <strong>les</strong> standards européens va lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un investissement <strong>de</strong><br />

200 M€ (1,3 milliards <strong>de</strong> F) par raffinerie. Rompetrol a annoncé <strong>de</strong> son côté qu'il<br />

allait produire <strong>de</strong> l'Euro 3 dès cette année, tandis que Lukoil-Petrolel indique que sa<br />

raffinerie en fournit déjà. La compagnie autrichienne OMV commercialise aussi ce<br />

carburant qu'elle importe.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

CHANGE*<br />

( en lei )<br />

Euro 35 316<br />

Franc 5 351<br />

Franc belge 875<br />

Franc suisse 24 041<br />

Dollar 32 628<br />

Forint hongrois 144<br />

*Au 18 février <strong>20<strong>03</strong></strong><br />

Les NOUVeLLes<br />

<strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Numéro 16, mars - avril <strong>20<strong>03</strong></strong><br />

Lettre d'information bimestrielle sur<br />

abonnement éditée par ADICA<br />

(Association pour le Développement<br />

International, la Culture et l’Amitié)<br />

association loi 19<strong>01</strong><br />

Siège social, rédaction :<br />

8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie<br />

44 300 Nantes, France<br />

Tel-Fax : 02 40 49 79 94<br />

E-Mail : adica@wanadoo.fr<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication<br />

Henri Gillet<br />

Rédactrice en chef<br />

Dolores Sîrbu-Ghiran<br />

Ont participé à ce numéro :<br />

Bernard Camboulives, Leonard<br />

Butucea, Nichita Sîrbu, Ovidiu<br />

Gorea, Alain Defline, Philippe<br />

Gillet, Doïna Le Noay, Franky<br />

Blan<strong>de</strong>au, Marian Munteanu,<br />

Martine et Jean Bovon-Dumoulin,<br />

Jacquie Bernard.<br />

Autres sources : agences <strong>de</strong> presse<br />

et presse roumaines, françaises et<br />

francophones, télévisions roumaines,<br />

sites internet, fonds <strong>de</strong><br />

<strong>document</strong>ation ADICA<br />

Impression : Helio Graphic<br />

11 rue Louis Armand,<br />

44 980, Sainte-Luce<br />

Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />

1107 G 8<strong>01</strong>72<br />

ISSN 1624-4699<br />

Dépôt légal: à parution<br />

Prochain numéro : mai <strong>20<strong>03</strong></strong><br />

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Formule 4) elle passe à 50 % (tarif <strong>de</strong> l'abonnement : 37,5 €).<br />

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Ce tarif est valable dans la limite <strong>de</strong> quatre personnes et ne peut être souscrit<br />

par <strong>les</strong> associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez<br />

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Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne<br />

et un chèque ou virement unique, en mentionnant <strong>les</strong> coordonnées<br />

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51


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

52<br />

Ses élèves interprètent Molière et Devos<br />

sur <strong>les</strong> scènes <strong>de</strong> Roumanie et d'Europe<br />

Infatigable Liliana<br />

prof <strong>de</strong> français à Cluj<br />

Traductrice <strong>de</strong> plusieurs ouvrages aussi bien en<br />

français-roumain que l'inverse, Liliana Somfalean<br />

est aussi, et surtout, professeur <strong>de</strong> français au lycée<br />

Mihai Eminescu <strong>de</strong> Cluj-Napoca. A ce titre, elle dirige, <strong>de</strong>puis<br />

six ans, la troupe <strong>de</strong> théâtre francophone du lycée qui interprète<br />

aussi bien Molière que Ju<strong>les</strong> Romain, Raymond Devos,<br />

Michel <strong>de</strong> Ghel<strong>de</strong>ro<strong>de</strong>, Balzac, Boris Vian, Panaït Istrati, et, en<br />

2002 Jacques Prévert. Des spectac<strong>les</strong> particuliers ont été réalisés pour fêter Saint-Exupéry,<br />

Balzac, Hugo, Caragiale et Eminescu.<br />

La petite troupe s'est produite en Roumanie et à l'étranger, participant aux fêtes <strong>de</strong> la francophonie<br />

à Cluj, à la journée européenne <strong>de</strong> Târgu-Mures, au festival francophone d'Arad. Le festival international <strong>de</strong> théâtre francophone<br />

l’accueille en Italie, à Nap<strong>les</strong>, en Turquie à Istanbul, en République Tchèque à Brno, en Hongrie à Pécs, en Belgique à<br />

Gand. Elle participe également à <strong>de</strong>s échanges scolaires avec Toulouse, Waregen en Belgique, Huedin, Bistrita et Baia Mare en<br />

Roumanie. Elle donne aussi <strong>de</strong>s spectac<strong>les</strong> dont la recette est versée à l'orphelinat "Buchetel" ou à une maison <strong>de</strong>s personnes âgées.<br />

Bien <strong>de</strong>s récompenses lui ont été attribuées : Prix spécial pour la poésie du spectacle en 1998 à Arad, Prix <strong>de</strong> la mise en scène<br />

en 1999 à Brno, Premier prix à Arad en 2000, Premier prix au festival Caragiale.<br />

Les élèves <strong>de</strong> Liliana au festival international<br />

du théâtre francophone <strong>de</strong> Pécs, en Hongrie.<br />

Faire <strong>de</strong> la francophonie une raison <strong>de</strong> vivre et aimer<br />

Des déplacements à la charge <strong>de</strong>s parents<br />

Réticences pour <strong>de</strong>s raisons financières, mais aussi par lassitu<strong>de</strong>, manque d'intérêt. Les<br />

"valeurs" ont changé : s'enrichir <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> connaissances, apprendre à aimer, à s'accepter…<br />

c'était bon dans le passé ! Comment en faire le but d'une vie quand on est confrontés<br />

aux difficultés matériel<strong>les</strong> quotidiennes et qu'on sait que son voisin émigré en Italie gagne<br />

six fois le salaire d'un professeur en fin <strong>de</strong> carrière.<br />

Ce qu'on aime en Liliana, c'est son énergie inépuisable, son immense foi en la vie, son<br />

amour du bonheur vrai, simple, celui qui est à notre portée. Mais c'est aussi sa mo<strong>de</strong>stie :<br />

dès 1990 elle participait à <strong>de</strong>s émissions télévisées retransmises en France, elle a côtoyé<br />

<strong>de</strong>s artistes, <strong>de</strong>s écrivains (notamment le Prix Goncourt Dominique Fernan<strong>de</strong>z, à qui elle a<br />

fait découvrir le Maramures et qui en fait état dans son livre Rapsodie roumaine), mais<br />

ses préoccupations sont restées <strong>les</strong> mêmes : donner <strong>de</strong> la joie à ses élèves et faire connaître<br />

la culture française dont elle est imprégnée.<br />

Le but poursuivi par Liliana Somfalean est triple : elle entend ouvrir l'esprit<br />

<strong>de</strong>s ado<strong>les</strong>cents à la culture française, <strong>les</strong> perfectionner dans la pratique<br />

<strong>de</strong> la langue et leur permettre d'accé<strong>de</strong>r à la connaissance <strong>de</strong>s valeurs multip<strong>les</strong><br />

véhiculées par <strong>les</strong> jeunes venus <strong>de</strong>s différents horizons d'Europe.<br />

Si l'on ajoute le projet <strong>de</strong> <strong>20<strong>03</strong></strong>, à savoir celui <strong>de</strong> se produire en Espagne,<br />

le tableau est idyllique. Cependant la participation <strong>de</strong>s élèves se fait <strong>de</strong> plus<br />

en plus faible. Et comment ne le serait-elle pas quand on sait que <strong>les</strong> frais <strong>de</strong><br />

déplacements sont à la charge <strong>de</strong>s parents ? Comment payer un voyage en<br />

Espagne à son enfant quand on gagne entre 70 et 150 € par mois ? Alors,<br />

Liliana "mendie" tous azimuts, chaque année, pour réduire la participation<br />

financière <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>. Cette année, le Centre Culturel Français <strong>de</strong> Cluj<br />

accor<strong>de</strong>ra 20 € par enfant, sur <strong>les</strong>quels il faudra payer le séjour <strong>de</strong>s chauffeurs.<br />

La jeune troupe a interprété<br />

“Histoires”, d’après Jacques Prévert.<br />

Liliana, certes… mais il y a sûrement d'autres professeurs comme elle en Roumanie, et on peut regretter que la France ne <strong>les</strong><br />

ai<strong>de</strong> pas davantage, eux qui participent au rayonnement <strong>de</strong> sa culture.<br />

Jacquie Bernard

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