Édition 2003-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie
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SOMMAIRE<br />
Actualité<br />
Vie internationale, Voisins<br />
Politique<br />
Economie<br />
Social<br />
Faits divers<br />
Justice<br />
Mon village<br />
Vie quotidienne<br />
Evénements<br />
Minorités<br />
Santé, Religion<br />
Enseignement<br />
Environnement<br />
Sports , Insolite<br />
Société<br />
Connaissance<br />
et découverte<br />
Livres<br />
Cinéma<br />
Musique, Variétés<br />
Histoire<br />
Tourisme<br />
Coup <strong>de</strong> colère<br />
Francophonie, Internet<br />
Humour<br />
Infos pratiques<br />
Coup <strong>de</strong> coeur<br />
2 à 5<br />
6 à 8<br />
9 à 12<br />
13 à 15<br />
16 et 17<br />
18 et 19<br />
20 et 21<br />
22 et 23<br />
24 à 27<br />
28 et 29<br />
30 et 31<br />
32<br />
33<br />
35<br />
36 et 37<br />
38<br />
39<br />
40 à 43<br />
44 à 46<br />
46 et 47<br />
48 et 49<br />
50<br />
51<br />
52<br />
Numéro 16 - Mars - Avril <strong>20<strong>03</strong></strong><br />
NOUVeLLes<br />
Lettre d’information bimestrielle<br />
Les<br />
<strong>de</strong><br />
ROUMANIe<br />
L'Europe ne veut pas perdre son âme<br />
L'initiative <strong>de</strong> dix pays <strong>de</strong> l'Est candidats à l'Union Européenne et à l'OTAN<br />
d'apporter un soutien marqué à Georges W. Bush dans sa volonté d'en<br />
découdre avec l'Irak, sans en faire part à leurs futurs partenaires du "Vieux<br />
continent" a choqué à Bruxel<strong>les</strong>. Elle a provoqué une réaction très vive <strong>de</strong> la France,<br />
lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu dans la capitale belge. Cette démarche a<br />
comme seule excuse d'avoir été encouragée par la publication, quelques jours plus tôt,<br />
d'une lettre d'allégeance à Washington signée par Londres, Madrid, Rome, Lisbonne et<br />
Copenhague, sans que <strong>les</strong> autres pays membres <strong>de</strong> l'UE n'en soient avertis et ceci en<br />
contradiction avec la position arrêtée en commun peu avant.<br />
Ces mauvaises manières augurent mal <strong>de</strong> l'avenir européen. Si l'on peut admettre<br />
la persistance d'un syndrome <strong>de</strong> la sécurité face au voisin russe <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ses<br />
anciens satellites, ces <strong>de</strong>rniers doivent comprendre que la politique européenne ne<br />
peut se concevoir qu'en fonction <strong>de</strong> ses intérêts propres et se déci<strong>de</strong>r que sur leur<br />
continent. Même si elle prend en compte <strong>les</strong> liens transatlantiques, <strong>les</strong> solidarités et <strong>les</strong><br />
alliances traditionnel<strong>les</strong>, l'Europe n'entend pas être vassalisée.<br />
Les pays <strong>de</strong> l'Est ne doivent pas s'y tromper. Leurs dirigeants, à l'inverse <strong>de</strong> leurs<br />
opinions publiques, opposées aux trois-quarts à une intervention militaire en Irak sans<br />
l'aval <strong>de</strong> l'ONU, se montrent trop volontiers prêts à jouer sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tableaux. Ils<br />
donnent le sentiment <strong>de</strong> vouloir profiter <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres, mais ne<br />
réservent en retour leurs sourires qu'aux nouveaux alliés américains, qui leur apportent<br />
certes la garantie <strong>de</strong> la protection du bouclier <strong>de</strong> l'OTAN, mais face à un danger<br />
<strong>de</strong>venu bien hypothétique.<br />
L'UE n'a droit qu'à la soupe à la grimace : celle <strong>de</strong>s revendications sur le montant<br />
<strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s accordées, <strong>de</strong>s foires d'empoigne sur <strong>les</strong> subventions qu'il faut verser, <strong>de</strong>s<br />
récriminations en tous genres sur <strong>les</strong> droits, <strong>les</strong> places à occuper au sein <strong>de</strong> ses institutions.<br />
Et pourtant c'est elle qui finance la transition économique et sociale <strong>de</strong> ces<br />
pays, c'est elle qui s'apprête à régler la lour<strong>de</strong> ardoise <strong>de</strong> leur adhésion, c'est elle qui<br />
ouvre ses bras généreusement pour <strong>les</strong> accueillir. Et pas l’Amérique !<br />
En s'affranchissant d'un minimum <strong>de</strong> solidarité envers leur future famille, <strong>les</strong> Dix<br />
font penser à une fiancée qui choisirait d'aller s'amuser chez le voisin, jugé plus attirant,<br />
la veille <strong>de</strong> son mariage, lequel se montre tout émoustillé <strong>de</strong> cette bonne fortune.<br />
Les pays <strong>de</strong> l'Est doivent y réfléchir : où est l'avenir pour eux ? S'ils n'y prennent<br />
gar<strong>de</strong>, <strong>les</strong> portes d'une UE qui peine tant à se construire une âme et ne veut surtout pas<br />
la perdre pourraient bien se refermer.<br />
Henri Gillet
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
2<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
MARE<br />
<br />
IASI<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
<br />
ARAD<br />
MURES<br />
CLUJ BACAU <br />
<br />
VASLUI<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
SINAIA BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
2,2 milliards d'euros<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes à récupérer<br />
auprès <strong>de</strong>s pays<br />
du tiers mon<strong>de</strong><br />
La Roumanie a 2,24 milliards<br />
d'euros (15 milliards <strong>de</strong> F) <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes<br />
à récupérer auprès <strong>de</strong> pays arabes<br />
ou du tiers-mon<strong>de</strong>, héritées pour l'essentiel<br />
<strong>de</strong> l'époque <strong>de</strong> Ceausescu qui<br />
avait tourné sa politique diplomatique<br />
et commerciale vers <strong>les</strong> pays du<br />
tiers-mon<strong>de</strong>. L'Irak est le plus gros<br />
débiteur (1,7 milliards d'euros, 11 milliards<br />
<strong>de</strong> F), mais ce pays refuse <strong>de</strong><br />
rembourser quoi que ce soit tant qu'il<br />
se trouve sous embargo. La Syrie<br />
doit 170 M€ (1,120 milliards <strong>de</strong> F) et<br />
la Libye 50 M€ (330 MF).<br />
Bagdad est le plus gros<br />
débiteur, <strong>de</strong>vant Damas<br />
Le Mozambique (140 M€, 925<br />
MF), l'Angola, la Guinée, la<br />
République centrafricaine, l'Angola,<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux Congo, la Somalie, le<br />
Soudan, sont aussi débiteurs pour un<br />
total <strong>de</strong> 360 M€ (2,4 milliards <strong>de</strong> F).<br />
Tous ces pays sont soit en état <strong>de</strong><br />
guerre, soit <strong>de</strong> post-guerre ou <strong>de</strong><br />
cessation <strong>de</strong> paiement et <strong>les</strong> organismes<br />
internationaux préconisent <strong>de</strong><br />
réduire <strong>de</strong> 90 % leurs <strong>de</strong>ttes ainsi<br />
que <strong>de</strong> ré échelonner le reliquat. La<br />
Roumanie a donc peu <strong>de</strong> chances <strong>de</strong><br />
récupérer cet argent, bien qu'elle<br />
envoie <strong>de</strong>s missions diplomatiques et<br />
fasse pression sur <strong>les</strong> organismes<br />
internationaux pour obtenir <strong>de</strong>s<br />
garanties. Dans le cas du Soudan<br />
(170 M€, 1,120 MF), elle essaie <strong>de</strong><br />
négocier pour transformer une partie<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte en investissement économique<br />
dans ce pays.<br />
Vie internationale<br />
Actualité<br />
Irak : Bucarest engagera<br />
<strong>de</strong>s forces sur le terrain<br />
Une semaine après l'initiative <strong>de</strong>s huit pays <strong>de</strong> l'UE, emmenés par<br />
l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, appelant à soutenir la position américaine<br />
sur la question <strong>de</strong> l'Irak, dix autres Etats, candidats à l'entrée dans<br />
l'Union Européenne ou à l'OTAN, leur ont emboîté le pas, début février. Parmi ceuxci,<br />
tous anciens pays <strong>de</strong> l'Est, la Roumanie qui s'est montrée particulièrement réceptive<br />
aux thèses <strong>de</strong> Washington <strong>de</strong>puis que ses chances d'entrer dans l'organisation atlantique<br />
se sont précisées (1er janvier 2004, après l'approbation du Congrès américain).<br />
La Roumanie a ainsi été le seul pays européen a signé un accord avec <strong>les</strong> USA,<br />
exemptant <strong>les</strong> Américains <strong>de</strong> poursuites <strong>de</strong>vant le Tribunal Pénal International, en cas<br />
<strong>de</strong> crimes <strong>de</strong> guerre, contre l'humanité ou <strong>de</strong> génoci<strong>de</strong>. A la mi-février, le gouvernement<br />
roumain a fait voter par le Parlement l'autorisation d'engager <strong>de</strong>s troupes en Irak<br />
pour combattre aux côtés <strong>de</strong>s Américains.<br />
Le contingent roumain pourrait compter entre 280 et 500 hommes, tous militaires<br />
<strong>de</strong> carrière et volontaires, ayant eu parfois une expérience sur le terrain en Bosnie, au<br />
Kosovo ou en Afghanistan. Il comprendrait quatre officiers supérieurs, un détachement<br />
du Génie, une compagnie <strong>de</strong> protection contre <strong>les</strong> armes nucléaires, chimiques<br />
et bactériologiques, une compagnie <strong>de</strong> police militaire, un détachement sanitaire.<br />
Par ailleurs, la base navale <strong>de</strong> Constantsa, <strong>les</strong> aéroports militaires <strong>de</strong> Timisoara,<br />
Otopeni, Fetesti et Mihail Kogalniceanu sont mis à la disposition <strong>de</strong> l'OTAN pour servir<br />
<strong>de</strong> base logistique aux bateaux et aux avions stationnés en Italie et en Allemagne.<br />
Ces sites ont reçu la visite d’experts américains.<br />
Enfin, dans un autre registre, <strong>les</strong> autorités ont décidé <strong>de</strong> recenser <strong>les</strong> 4x4, jeeps,<br />
bateaux à moteur, avions, hélicoptères, etc… en vue <strong>de</strong> leur éventuelle réquisition.<br />
L'entrée dans l'OTAN conduit la Roumanie<br />
à une restructuration <strong>de</strong> sa défense<br />
Vers une armée professionnelle <strong>de</strong><br />
90 000 personnes et l'abandon du service militaire<br />
L'entrée dans l'OTAN, prévue au 1er janvier 2004, amène la Roumanie à<br />
restructurer son armée pour, d'une force <strong>de</strong> défense, la transformer en une<br />
force <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> coopération. Jusqu'en 1989, l'Armée, basée essentiellement<br />
sur la conscription, comptait 300 000 hommes et femmes (le service militaire<br />
était obligatoire pour <strong>les</strong> étudiantes). La Roumanie s'était engagée auprès <strong>de</strong><br />
l'OTAN à ramener ce chiffre à 140 000 militaires et civils à la fin 2002.<br />
Au cours <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nt décennie, <strong>les</strong> réformes visaient surtout à assurer le<br />
contrôle <strong>de</strong>s civils et à diminuer <strong>les</strong> effectifs puis, dans un second temps, a restructurer<br />
l'Armée en une force flexible et efficace, apte à assumer la défense du pays mais<br />
aussi à participer à <strong>de</strong>s opérations pour le maintien <strong>de</strong> la paix ou <strong>de</strong> défense collective.<br />
Les nouvel<strong>les</strong> structures amèneront <strong>les</strong> effectifs au niveau <strong>de</strong> 90 000 - 75 000 militaires<br />
et 15 000 civils - en 2007, l'Armée étant partagée, en fonction <strong>de</strong>s missions, en<br />
forces actives, <strong>de</strong>stinées à défendre la Roumanie, à participer à <strong>de</strong>s opérations internationa<strong>les</strong><br />
ou à assurer la sécurité collective, et en forces territoria<strong>les</strong>, chargées <strong>de</strong> soutenir<br />
<strong>les</strong> premières au cours <strong>de</strong>s combats.<br />
Le service militaire sera graduellement abandonné - il a été ramené à huit mois et<br />
était <strong>de</strong> 14 mois en 1989 - <strong>les</strong> autorités visant à créer une armée professionnelle.<br />
Jusqu'en 2005, <strong>les</strong> fonds alloués au budget militaire se chiffreront à 2,5 % du PIB.<br />
A partir <strong>de</strong> 2004, en vue <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> la paix et <strong>de</strong> défense collective,<br />
la Roumanie mettra à disposition <strong>de</strong> l'OTAN : 4 compagnies <strong>de</strong> parachutistes,<br />
2 bataillons d'infanterie, un bataillon <strong>de</strong> chasseurs alpins, une briga<strong>de</strong> mécanisée, une<br />
compagnie <strong>de</strong> génie, une compagnie <strong>de</strong> police militaire, un détachement <strong>de</strong> déminage,<br />
12 chasseurs Mig 21, un bombardier, quatre avions militaires <strong>de</strong> transport, <strong>de</strong>ux<br />
frégates, quatre bateaux lance-missi<strong>les</strong>, <strong>de</strong>ux bateaux <strong>de</strong> scaphandriers.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Europe<br />
Au 1er janvier <strong>20<strong>03</strong></strong>, l'Union Européenne comptait<br />
378,5 millions d'habitants. La population <strong>de</strong>s dix<br />
pays appelés à la rejoindre l'an prochain s'élève à<br />
74,5 millions d'habitants, ce qui fait que l'UE, au 1er janvier<br />
2004, aura 453 millions d'habitants. L'entrée prévue <strong>de</strong> la<br />
Roumanie (22,5 millions, 7ème pays européen par sa population)<br />
et <strong>de</strong> la Bulgarie (8,7 millions), au 1er janvier 2007, portera<br />
ce total à 484 millions d'habitants.<br />
En prenant en compte <strong>les</strong> populations <strong>de</strong>s pays qui ont<br />
vocation à y entrer ou qui appartiennent à son espace (la<br />
Suisse, 7,3 millions, la Norvège, 4,4 millions, <strong>les</strong> ex-républiques<br />
<strong>de</strong> Yougoslavie, 20,2 millions, la Turquie, 63 millions),<br />
l'Europe représente un potentiel <strong>de</strong> population <strong>de</strong> 580<br />
millions d'habitants (Chine, 1, 250 milliards, In<strong>de</strong>, 1,100 milliards,<br />
USA, 266 millions, CEI, ex URSS, 250 millions, Japon,<br />
130 millions).<br />
Voici dans l'ordre le classement <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong>s 27<br />
“Et pourtant ça roule”: cet automobiliste<br />
bucarestois ne manque pas d’humour...<br />
mais il est vrai que <strong>les</strong> Trabant<br />
ren<strong>de</strong>nt encore bien <strong>de</strong>s services.<br />
L'adhésion prévue en 2004 <strong>de</strong><br />
plusieurs pays <strong>de</strong> l'Est amène<br />
leurs gouvernements à introduire<br />
<strong>de</strong>s réglementations pour recycler<br />
<strong>les</strong> voitures qui ne sont plus en état <strong>de</strong> circuler.<br />
Mais ces mesures sont rarement<br />
appliquées, faute <strong>de</strong> moyens, et <strong>de</strong> nombreux<br />
véhicu<strong>les</strong>, ayant dépassé largement<br />
leur durée <strong>de</strong> vie, roulent encore sur <strong>les</strong><br />
routes ou pourrissent sur <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> stationnement<br />
et le long <strong>de</strong>s trottoirs.<br />
La Hongrie et la Slovénie sont <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux pays ayant pris <strong>les</strong> dispositions <strong>les</strong><br />
plus sérieuses, mais le coût du recyclage<br />
dissua<strong>de</strong> souvent leurs citoyens d'y<br />
recourir. En Hongrie, 130 000 véhicu<strong>les</strong><br />
sont déclarés impropres à la circulation<br />
chaque année, mais <strong>les</strong> Hongrois préfèrent<br />
<strong>les</strong> abandonner dans <strong>de</strong>s rues,<br />
champs ou forêts. D'ailleurs la capacité<br />
Actualité<br />
La Roumanie sera le septième pays<br />
d'une Europe <strong>de</strong> 484 millions d'habitants<br />
<strong>de</strong> recyclage du pays n'est que <strong>de</strong> 20 000<br />
tonnes par an, alors qu'il en faudrait<br />
150 000.<br />
Largement plus <strong>de</strong> dix ans<br />
A partir <strong>de</strong> <strong>20<strong>03</strong></strong>, le prix <strong>de</strong> cette opération<br />
sera compris dans celui d'acquisition<br />
d'un véhicule neuf. Le pays s'attend à<br />
une nouvelle vague d'épaves en 2005,<br />
quand <strong>les</strong> voitures <strong>de</strong>vront être obligatoirement<br />
équipées d'un pot catalytique, ce<br />
qui éliminera automatiquement <strong>de</strong> la circulation<br />
<strong>les</strong> vieil<strong>les</strong> Trabant et Wartburg,<br />
<strong>de</strong> fabrication alleman<strong>de</strong>. La raison en est<br />
simple: un tel dispositif coûterait plus<br />
cher que le véhicule lui-même.<br />
En Slovénie, quand sa vieille<br />
Zastava, <strong>de</strong> fabrication yougoslave, n'en<br />
peut vraiment plus, son propriétaire fera<br />
tout pour ne pas avoir à payer la taxe <strong>de</strong><br />
recyclage qui coûte un sixième du salaire<br />
mensuel moyen. Il la détaillera en pièces<br />
<strong>de</strong> rechange, gar<strong>de</strong>ra la carrosserie dans<br />
une cour où elle servira <strong>de</strong> poulailler…<br />
en attendant une hypothétique amnistie<br />
pour <strong>les</strong> contrevenants.<br />
Sur <strong>les</strong> plus <strong>de</strong> dix millions <strong>de</strong> voitures<br />
qui circulent en Pologne, 55 % ont<br />
plus <strong>de</strong> dix ans. 2,5 millions d'entre el<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>vraient être immédiatement détruites,<br />
pays que l'Union Européenne comptera en 2007 :<br />
1. Allemagne (82,3 millions d'habitants); 2. France (59,6<br />
millions); 3. Royaume Uni (59,1 millions); 4. Italie (56,5 millions);<br />
5. Espagne (40,7 millions); 6. Pologne* (38,6 millions);<br />
7. Roumanie** (22,5 millions), 8. Pays-Bas (16,2 millions), 9.<br />
Grèce (11 millions); 10. Portugal (10,4 millions); 11.Belgique<br />
(10,3 millions); 12. Hongrie* (10,2 millions); 13. République<br />
Tchèque* (10,1 millions); 14. Suè<strong>de</strong> (8,9 millions); 15.<br />
Bulgarie** (8,7 millions); 16. Autriche (8,2 millions); 17.<br />
Danemark (5,4 millions); 18. Slovaquie (5,4 millions); 19.<br />
Finlan<strong>de</strong> (5,2 millions); 20. Irlan<strong>de</strong> (3,9 millions); 21.<br />
Lituanie* (3,5 millions); 22. Lettonie* (2,3 millions); 23.<br />
Slovénie* (2 millions); 24. Estonie* (1,4 millions); 25.<br />
Chypre* (700 000); 26. Luxembourg (400 000), 27. Malte*<br />
(400 000).<br />
* : adhésion prévue en 2004<br />
** : adhésion prévue en 2007<br />
Malgré la perspective d'adhésion à l'UE,<br />
le recyclage <strong>de</strong>s voitures n'est pas rentré dans <strong>les</strong> mœurs<br />
Les routes <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est encombrées d'épaves<br />
et ce chiffre ne fait qu'augmenter.<br />
En République Tchèque, l'âge moyen<br />
<strong>de</strong>s trois millions <strong>de</strong> voitures dépasse<br />
quatorze ans. Les routes <strong>de</strong> Slovaquie<br />
sont un véritable catalogue <strong>de</strong> l'ancienne<br />
industrie automobile communiste. On y<br />
rencontre <strong>de</strong>s Skoda (Tchécoslovaquie),<br />
Moskvici et Lada (URSS), Dacia, Oltcit<br />
et ARO (Roumanie), Trabant et Wartburg<br />
(RDA), Zastava… Les Slovaques importent<br />
aussi <strong>de</strong>s vieil<strong>les</strong> voitures occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong><br />
d'occasion qu'ils déclarent à la douane<br />
comme servant <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange,<br />
mais que l'on retrouve plus tard en circulation,<br />
dotées d'anciennes plaques d'immatriculation.<br />
La Bulgarie vaste<br />
cimetière <strong>de</strong> voitures<br />
La Bulgarie, qui ne rentrera pas dans<br />
l'UE avant 2007, tout comme la<br />
Roumanie, apparaît comme un immense<br />
cimetière <strong>de</strong> voitures. D'après le ministre<br />
<strong>de</strong> l'Environnement, 600 000 véhicu<strong>les</strong><br />
rouillent au bord <strong>de</strong>s routes ou dans <strong>de</strong>s<br />
cours d'immeub<strong>les</strong>. Plus <strong>de</strong> 400 000 sont<br />
inutilisab<strong>les</strong>, faute <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange.<br />
En 1997, le gouvernement a lancé un plan<br />
pour leur recyclage… Jusqu'ici seulement<br />
500 véhicu<strong>les</strong> ont été concernés.<br />
223
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
224<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU MURES IASI<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
<br />
<br />
CLUJ<br />
DEVA<br />
PITESTI<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Permis <strong>de</strong> travail<br />
pour étrangers<br />
Le gouvernement a réglementé,<br />
par ordonnance, <strong>les</strong> conditions dans<br />
<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> étrangers peuvent<br />
venir travailler en Roumanie. Ceux-ci<br />
<strong>de</strong>vront solliciter <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> travail<br />
auprès <strong>de</strong> l'OMFM (Office <strong>de</strong><br />
Migration <strong>de</strong>s Travailleurs) qui seront<br />
délivrés selon <strong>de</strong>s quotas fixés<br />
annuellement. Jusqu'à maintenant,<br />
ces permis n'étaient accordés que si<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs montraient que leur<br />
poste ne pouvait pas être occupé par<br />
un Roumain. Toutefois, <strong>les</strong> étrangers<br />
domiciliés en Roumanie, <strong>les</strong> citoyens<br />
<strong>de</strong> l'UE, <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> firmes<br />
étrangères, <strong>les</strong> étudiants étrangers -<br />
s'ils ne travaillent pas plus <strong>de</strong> quatre<br />
heures par jour - pourront être dispensés<br />
<strong>de</strong> permis.<br />
Deux mil<strong>les</strong> personnes<br />
concernées, dont<br />
10 % <strong>de</strong> Français<br />
Actuellement, environ 2000 étrangers,<br />
essentiellement basés à<br />
Bucarest, possè<strong>de</strong>nt un permis <strong>de</strong><br />
travail, dont un tiers <strong>de</strong> Turcs et 10<br />
% <strong>de</strong> Français. 45 % occupent <strong>de</strong>s<br />
fonctions <strong>de</strong> direction. 40 % travaillent<br />
dans la production, 27 %<br />
dans le commerce, 6 % dans la<br />
construction et 5 % dans l'industrie<br />
du jeu. 23 % ont un salaire inférieur<br />
à 150 € (1000 F), 17 % jusqu'à 500<br />
€ (3300 F), 13 % jusqu'à 1500 € (10<br />
000 F), et 7 % au-<strong>de</strong>ssus.<br />
Dans ces statistiques n'entrent<br />
pas en compte <strong>les</strong> salariés internationaux<br />
<strong>de</strong>s firmes étrangères, ni <strong>les</strong><br />
personnels <strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>s ou<br />
détachés par <strong>de</strong>s administrations et<br />
organismes étrangers.<br />
<br />
Voisins<br />
Actualité<br />
Le premier sondage scientifique sur<br />
le comportement sexuel <strong>de</strong>s Hongrois<br />
Un peu plus <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 18 ans et 78% <strong>de</strong>s femmes du<br />
même âge ont une vie sexuelle active, le Hongrois moyen a neuf partenaires<br />
sexuel<strong>les</strong> durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. C'est ce que<br />
nous apprend un sondage représentatif réalisé en janvier <strong>de</strong>rnier par l'Institut psychologique<br />
<strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong>s Sciences Loránd Eötvös <strong>de</strong> Budapest (ELTE) et l'Institut<br />
<strong>de</strong> prospection <strong>de</strong> marché Marketing Centrum, lequel a interrogé mille hommes et<br />
mille femmes. Ce premier sondage fait à ce sujet constate que 47 % <strong>de</strong>s hommes et<br />
plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s femmes ont un problème sexuel quelconque.<br />
En Hongrie où il y a 10,2 millions d'habitants, <strong>les</strong> femmes sont plus nombreuses,<br />
d'un <strong>de</strong>mi-million. Dans la génération <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 18 ans,<br />
examinée par ELTE et Marketing Centrum, le nombre <strong>de</strong>s<br />
hommes est d'environ 3 600 000, celui <strong>de</strong>s femmes d'environ<br />
4 100 000. L'enquête qui a consisté à interroger mille<br />
hommes et mille femmes à propos <strong>de</strong> leurs habitu<strong>de</strong>s<br />
sexuel<strong>les</strong>, démontre que trois quarts <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />
ont un compagnon ou une compagne (époux ou<br />
concubin). 65% vivent ensemble avec leur partenaire, 91%<br />
<strong>de</strong>s hommes, 78% <strong>de</strong>s femmes ont une vie sexuelle active.<br />
Les hommes plus vantards<br />
28% <strong>de</strong>s sujets du sondage ont <strong>de</strong>s liaisons avec plusieurs partenaires à la fois. Le<br />
Hongrois moyen a neuf partenaires durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. Dans<br />
la capitale, ce chiffre est <strong>de</strong> 12 chez <strong>les</strong> hommes et <strong>de</strong> 6 chez <strong>les</strong> femmes. En province<br />
il est <strong>de</strong> 7 pour <strong>les</strong> hommes et <strong>de</strong> 3 pour <strong>les</strong> femmes. Selon <strong>les</strong> résultats du sondage,<br />
<strong>les</strong> femmes, plus pudiques, oublient plus facilement leur aventures sexuel<strong>les</strong> tandis<br />
que <strong>les</strong> hommes préfèrent s'en vanter. Les hommes <strong>de</strong> cinquante ans sont <strong>les</strong> plus<br />
nombreux à avoir ce genre d'attitu<strong>de</strong>.<br />
47% <strong>de</strong>s hommes interrogés ont reconnu avoir <strong>de</strong>s problèmes sexuels. 18% se<br />
plaignent d'une éjaculation précoce, 15% disent que leur intérêt baisse pour la vie<br />
sexuelle, 14% parlent <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> érecti<strong>les</strong>. Les causes <strong>les</strong> plus fréquentes en sont le<br />
tabagisme, l'obésité, le diabète, <strong>les</strong> médicaments contre un état dépressif ou <strong>de</strong>s maladie<br />
chroniques. 40% <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 40 ans souffrent <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> érecti<strong>les</strong>, ce problème ne<br />
peut être considéré comme grave que dans 3% <strong>de</strong>s cas. Le sondage indique que 40%<br />
<strong>de</strong>s hommes ne parlent jamais <strong>de</strong> ces troub<strong>les</strong>, 51% n'en parlent que rarement. Il n'y a<br />
que 25% qui accepteraient <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s médicaments pour soigner ces troub<strong>les</strong>.<br />
Parmi <strong>les</strong> hommes atteints, ce sont ceux d'âge moyen et <strong>les</strong> diplômés qui seraient <strong>les</strong><br />
plus susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> prendre un aphrodisiaque, mais seulement 1% a déjà essayé.<br />
Les riches font plus souvent l'amour<br />
Neuf partenaires pour<br />
<strong>les</strong> hommes, quatre pour <strong>les</strong> femmes...<br />
“La Cicciolina”, symbole<br />
du sexe, est hongroise.<br />
52% <strong>de</strong>s femmes avouent un problème sexuel quelconque. 24% voient baisser<br />
leur intérêt pour la vie sexuelle, 19% disent arriver difficilement jusqu'à l'orgasme, 9%<br />
ne trouvent aucun plaisir dans l'acte sexuel.<br />
Le sondage montre aussi que <strong>les</strong> plus riches font plus souvent l'amour. 25% <strong>de</strong>s<br />
plus riches parmi <strong>les</strong> personnes interrogées <strong>de</strong> 18 à 29 ans ont eu <strong>de</strong>s relations<br />
sexuel<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> dix jours précédant le sondage (3,5 fois), 25% <strong>de</strong>s plus pauvres, 2,4<br />
fois. Cette correspondance est corroborée par un autre sondage régional qui a démontré<br />
que <strong>les</strong> femmes <strong>de</strong> la région la plus pauvre du pays, le nord-est <strong>de</strong> la Hongrie ont<br />
le moins <strong>de</strong> partenaires sexuels et ont le plus rarement <strong>de</strong>s rêves à contenu sexuel.<br />
D'après “Le Journal Francophone <strong>de</strong> Budapest”
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Actualité<br />
Voisins Criminalité et routes peu sûres sont<br />
<strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> plaies pour la Bulgarie<br />
Avec plus <strong>de</strong> 120 attentats à la bombe, 40 assassinats<br />
visant <strong>de</strong>s personnalités publiques et <strong>de</strong> nombreux<br />
vols à main armés, commis au cours <strong>de</strong> la<br />
seule année 2002, la Bulgarie est considérée comme le pays au<br />
plus fort taux <strong>de</strong> criminalité <strong>de</strong> l'Europe du Sud-Est. Le<br />
meurtre du procureur chef militaire bulgare, Nikolai Kolev,<br />
abattu en pleine rue <strong>de</strong> dix bal<strong>les</strong>, la veille du réveillon, ajoute<br />
encore à ce sombre tableau.<br />
Sur <strong>les</strong> 64 attaques à main armée visant <strong>de</strong>s automobilistes,<br />
24 ont concerné <strong>de</strong>s étrangers (Roumains, Turcs,<br />
Bosniaques et Grecs). Des ban<strong>de</strong>s organisées <strong>de</strong> 5 à 10 criminels<br />
écument jour et nuit <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> routes bulgares, à la<br />
recherche <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> provi<strong>de</strong>ntiels, terrorisant et dépouillant<br />
leurs passagers. El<strong>les</strong> utilisent <strong>de</strong>s équipements et <strong>de</strong>s uniformes<br />
<strong>de</strong> policiers ou leur ressemblant fort pour accomplir<br />
leurs méfaits, sans qu'une complicité <strong>de</strong> la police ait pu être<br />
mise en évi<strong>de</strong>nce jusqu'ici.<br />
Ces groupes reçoivent pourtant <strong>de</strong>s informations <strong>de</strong>s<br />
postes frontières leur indiquant quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> valeurs ou l'argent<br />
que <strong>les</strong> étrangers ont déclaré lors <strong>de</strong> leur passage en douane,<br />
repérant ainsi <strong>les</strong> voitures <strong>les</strong> plus intéressantes. La situation<br />
s'est pourtant un peu améliorée par rapport à 1997, année<br />
où 220 attaques <strong>de</strong> ce genre avaient été enregistrées.<br />
L'été <strong>de</strong>rnier, la Turquie a conseillé à ses concitoyens d'éviter<br />
la Bulgarie pour se rendre en Europe Occi<strong>de</strong>ntale, quitte<br />
La Pologne prépare son référendum d'adhésion à l'UE<br />
Victoire du oui attendue malgré <strong>les</strong> euro-sceptiques<br />
L'année 2002 s'est achevée sur<br />
un événement dont <strong>les</strong><br />
Polonais commencent seulement<br />
a mesurer la dimension historique et<br />
morale. Une Europe a 25 est née a<br />
Copenhague. L'année <strong>20<strong>03</strong></strong> sera marquée<br />
par la bataille autour du référendum<br />
d'adhésion, qui pourrait se tenir le 8 juin<br />
en Pologne. Son succès n'est pas garanti.<br />
La méfiance, l'ignorance, la tentation<br />
populiste et <strong>les</strong> intérêts particuliers, voire<br />
la simple indifférence, font le jeu <strong>de</strong>s<br />
euro-sceptiques. La très catholique et<br />
nationaliste Ligue <strong>de</strong>s Famil<strong>les</strong> Polonaise<br />
(LPR) a fait <strong>de</strong> la lutte contre l'Union<br />
européenne sa raison d'être, au nom <strong>de</strong> la<br />
défense <strong>de</strong>s intérêts polonais et <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité<br />
nationale. Et la LPR est soutenue par<br />
la populaire station catholique Radio<br />
Maryja, xénophobe et anti-européenne. A<br />
l'autre extrémité, le populiste Lepper<br />
dénonce la trahison <strong>de</strong>s socio-démocrates<br />
qui "ven<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> paysans et ouvriers polonais<br />
au capital occi<strong>de</strong>ntal". Après leurs<br />
percées aux municipa<strong>les</strong>, <strong>les</strong> partisans <strong>de</strong><br />
l'Europe auront fort à faire pour contrebalancer<br />
leur influence.<br />
Faut-il en déduire que <strong>les</strong> Polonais<br />
risquent <strong>de</strong> dire "non" au référendum?<br />
Absolument pas. Tous <strong>les</strong> sondages prédisent<br />
entre 60 % et 70 % <strong>de</strong> "oui", mais le<br />
résultat ne sera contraignant qu'avec une<br />
participation <strong>de</strong> plus 50 % et c'est la que le<br />
bât b<strong>les</strong>se. Les euro-enthousiastes battent<br />
donc le rappel <strong>de</strong> leur troupes, <strong>de</strong> la<br />
gauche post-communiste a la droite post-<br />
Solidarnoç.<br />
Le prési<strong>de</strong>nt Kwaniewski et le<br />
Premier ministre Miller se préparent a<br />
sillonner le pays pour y porter la bonne<br />
parole européenne. Les libéraux <strong>de</strong> la<br />
Plate-forme civique et <strong>les</strong> anciens chefs<br />
<strong>de</strong> Solidarité, Lech Wa<strong>les</strong>a en tête, se<br />
mobilisent aussi <strong>de</strong> leur côté. <strong>20<strong>03</strong></strong> s'annonce<br />
donc pour <strong>les</strong> Polonais comme<br />
l'année <strong>de</strong>s choix cruciaux.<br />
Michel Mrozinski<br />
(Le Courrier <strong>de</strong> Varsovie)<br />
à utiliser une route plus longue mais plus sûre, passant par la<br />
Grèce et l'Italie. Les Roumains désireux d'aller à Istanbul sont<br />
tentés <strong>de</strong> faire un détour par l'ex-Yougoslavie, la Macédoine et<br />
la Grèce… soit un chemin trois fois plus long et coûteux.<br />
Des forces spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> police<br />
patrouilleront sur <strong>les</strong> grands axes<br />
Le ministre <strong>de</strong> l'Intérieur bulgare, Gheorghi Petkanov, a<br />
mis en cause <strong>de</strong>s compagnies <strong>de</strong> tourisme étrangères qui<br />
répandraient la rumeur que la police bulgare est impliquée<br />
dans ce banditisme. Sans entrer plus dans <strong>les</strong> détails, il a indiqué<br />
"qu'un pays voisin (la Roumanie ? la Grèce ?) où la fréquentation<br />
touristique avait baissé <strong>de</strong> 15 % se faisait un malin<br />
plaisir à noircir la situation pour détourner <strong>les</strong> visiteurs <strong>de</strong> la<br />
Bulgarie et redresser la situation chez lui".<br />
Le ministre n'en a pas moins décidé la création <strong>de</strong> forces<br />
spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> police qui vont patrouiller à bord <strong>de</strong> 230 Opel<br />
Vectra ou Astra, récemment acquises, sur <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> routes<br />
<strong>de</strong> 8 <strong>de</strong>s 28 départements du pays avec pour mission <strong>de</strong> mettre<br />
un terme à ce phénomène.<br />
En outre, à leur entrée en Bulgarie, <strong>les</strong> automobilistes<br />
étrangers recevront une <strong>document</strong>ation en anglais et en turc <strong>les</strong><br />
mettant en gar<strong>de</strong>, comprenant <strong>de</strong>s photos permettant d'i<strong>de</strong>ntifier<br />
<strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> et uniformes <strong>de</strong> la police.<br />
Radio free Europe<br />
n'émettra plus<br />
en roumain<br />
Ala suite <strong>de</strong> restrictions<br />
budgétaires, Radio Free<br />
Europe et Voice of<br />
América, ont décidé d'arrêter leurs<br />
émissions en roumain (sauf à <strong>de</strong>stination<br />
<strong>de</strong> la République <strong>de</strong> Moldavie),<br />
hongrois, polonais, croate, langues<br />
baltes, slovène, slovaque, bulgare et<br />
tchèque. Financées par la CIA, ces<br />
<strong>de</strong>ux radios, basées autrefois à Munich<br />
et aujourd'hui à Prague, étaient le seul<br />
le média, sous le communisme, permettant<br />
aux populations <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong><br />
l'Est <strong>de</strong> se tenir informées.<br />
Le prési<strong>de</strong>nt Bush a choisi d'accor<strong>de</strong>r<br />
la priorité à la lutte anti-terroriste<br />
en décidant du lancement d'un<br />
satellite TV <strong>de</strong> 30 M€ diffusant <strong>de</strong>s<br />
émissions en langue arabe <strong>de</strong>stinées<br />
notamment à l'Indonésie, le plus<br />
important pays musulman du mon<strong>de</strong><br />
(200 millions d'habitants).<br />
225
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
226<br />
<br />
BAIA MARE<br />
<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
IASI<br />
CLUJ<br />
MURES<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
DEVA<br />
BRASOV<br />
<br />
<br />
<br />
TIMISOARA SIBIU<br />
<br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
<br />
SINAIA<br />
<br />
<br />
CURTEA<br />
DE ARGES<br />
CRAIOVA<br />
<br />
SUCEAVA<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
Adrian Nastase<br />
le plus intelligent<br />
et Ion Iliescu<br />
le plus honnête…<br />
Réalisé à la fin <strong>de</strong> l'année, un<br />
sondage d'opinion permet <strong>de</strong> se faire<br />
une idée <strong>de</strong> la façon dont <strong>les</strong><br />
Roumains ressentent <strong>les</strong> personnages<br />
en vue <strong>de</strong> leur pays.<br />
Ainsi, le Premier ministre, Adrian<br />
Nastase est-il désigné comme le<br />
Roumain le plus intelligent,<br />
<strong>de</strong>vançant le Prési<strong>de</strong>nt Ion Iliescu et<br />
l'homme d'affaires à scanda<strong>les</strong>,<br />
Sorin Ovidiu Vântu… Peut-être <strong>les</strong><br />
personnes interrogées ont-el<strong>les</strong><br />
confondu intelligent et malin ? Îon<br />
Iliescu est considéré comme le plus<br />
honnête, <strong>de</strong>vant le lea<strong>de</strong>r ultra-nationaliste<br />
du parti Romania Mare<br />
(Gran<strong>de</strong> Roumanie), Corneliu Vadim<br />
Tudor… Le Prési<strong>de</strong>nt est aussi<br />
considéré comme l'homme le plus<br />
puissant du pays, <strong>de</strong>vançant son<br />
Premier ministre qui, lui, est désigné<br />
comme l'homme <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong>vant<br />
Ion Iliescu.<br />
Le ministre <strong>de</strong>s Affaires<br />
étrangères, Mircea Geoana, dont on<br />
parle souvent comme d'un premier<br />
ministrable, obtient un lot <strong>de</strong> consolation<br />
avec le "prix" <strong>de</strong> l'élégance,<br />
alors que le "meilleur parti", aux<br />
yeux <strong>de</strong>s Roumaines, est Ion Tiriac,<br />
secon<strong>de</strong> fortune du pays, <strong>de</strong>vant<br />
Sorin Ovidiu Vântu. Pour l'ensemble<br />
<strong>de</strong>s Roumains, le comédien et chanteur<br />
Stefan Banica Junior apparaît<br />
comme le plus beau d'entre eux,<br />
<strong>de</strong>vant le footballeur Adrian Mutu, et<br />
la plus sexy <strong>de</strong>s Roumaines est la<br />
présentatrice <strong>de</strong> Romania 1,<br />
Andreea Marin.<br />
Politique<br />
Actualité<br />
Iliescu-Nastase:<br />
la paix armée<br />
Acouteaux tirés <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> six mois, Ion Iliescu et Adrian Nastase semblent<br />
avoir marqué une pause dans le conflit <strong>de</strong> pouvoir qui <strong>les</strong> oppose à<br />
la tête <strong>de</strong> l'Etat. Après avoir subi <strong>les</strong> assauts <strong>de</strong> son Premier ministre,<br />
visant à le marginaliser, le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République a repris l'offensive, répondant<br />
par une fin <strong>de</strong> non-recevoir à nombre <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réformes d'ordre constitutionnel<br />
ou portant sur <strong>de</strong>s élections anticipées.<br />
Suivant le vœu <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> Washington, Ion Iliescu a même porté le combat<br />
sur le terrain <strong>de</strong> la corruption, contraignant le gouvernement à se séparer <strong>de</strong> nombreux<br />
chefs <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> la police, dénonçant nommément plusieurs hiérarques du<br />
PSD (Parti Social Démocrate) au pouvoir, <strong>de</strong>mandant aux parlementaires d'abandonner<br />
<strong>les</strong> fonctions qu'ils occupent dans <strong>les</strong> conseils d'administration d'entreprises, proposant<br />
d'instituer un impôt <strong>de</strong> 80 % sur <strong>les</strong> grosses fortunes… Pour autant, le Prési<strong>de</strong>nt<br />
n'est pas allé encore jusqu'à se séparer <strong>de</strong> son Premier Ministre, sans-doute parce qu'il<br />
n'est pas assuré <strong>de</strong> bénéficier d'un rapport <strong>de</strong> forces favorable sur le plan <strong>de</strong> l'arithmétique<br />
parlementaire. Adrian Nastase a accusé le coup, sans trop broncher, mais sa côte<br />
<strong>de</strong> popularité a baissé dans <strong>les</strong> sondages <strong>de</strong> 14 pts, ne s'établissant plus qu'à 46 %.<br />
Révolution culturelle pour <strong>les</strong><br />
fonctionnaires invités à être aimab<strong>les</strong><br />
Approuvée par le ministre <strong>de</strong> l'Administration publique, Octav Cozmânca,<br />
une ordonnance d'urgence risque <strong>de</strong> provoquer un véritable choc culturel<br />
parmi <strong>les</strong> fonctionnaires roumains qui sont appelés à renoncer à leur vieux<br />
réflexes bureaucratiques. Ceux-ci <strong>de</strong>vront désormais faire preuve <strong>de</strong> professionnalisme,<br />
respecter la loi et <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>s citoyens, se montrer impartiaux, ne plus prétendre<br />
et refuser tous avantages, pourboires, <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table (mita) liés à leurs fonctions. Ils<br />
sont également invités à être aimab<strong>les</strong> et à ne plus médire.<br />
Mais le plus difficile pour <strong>les</strong> fonctionnaires<br />
sera <strong>de</strong> ne plus considérer leur<br />
emploi comme une rente <strong>de</strong> fonction, <strong>de</strong><br />
respecter leurs horaires, <strong>de</strong> travailler<br />
effectivement pendant leur service et <strong>de</strong><br />
ne plus s'absenter pour aller s'occuper <strong>de</strong><br />
leur jardin ou vaquer à d'autres occupations<br />
personnel<strong>les</strong>.<br />
Aux yeux <strong>de</strong>s Roumains, leur administration<br />
constitue une véritable plaie.<br />
Ils savent qu'ils <strong>de</strong>vront attendre dans<br />
<strong>de</strong>s queues interminab<strong>les</strong> durant parfois<br />
toute la journée, et le plus souvent revenir<br />
car il leur manquera toujours un<br />
papier… tout cela pour seulement obtenir<br />
satisfaction à la plus simple <strong>de</strong> leurs<br />
requêtes. Ils <strong>de</strong>vront aussi affronter la<br />
morgue, le regard rogne et excédé <strong>de</strong><br />
leurs interlocuteurs, glisser quelques<br />
Présentation du co<strong>de</strong> du fonctionnaire<br />
<strong>de</strong> l’administration publique<br />
par le ministre <strong>de</strong> tutelle, Octav Cozmânca.<br />
Gazdaru, “Gardianul”, 19 <strong>de</strong>c. 2002<br />
billets accompagnés <strong>de</strong> sourires implorants<br />
pour accélérer le cours <strong>de</strong>s<br />
choses… et tout simplement faire respecter<br />
leur bon droit.<br />
Ce genre <strong>de</strong> réforme a été introduite, dans <strong>les</strong> années 60, dans <strong>les</strong> administrations<br />
<strong>de</strong> plusieurs pays occi<strong>de</strong>ntaux, dont <strong>les</strong> lour<strong>de</strong>urs étaient cependant dépourvues <strong>de</strong><br />
corruption et a mis <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois décennies pour aboutir.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Politique<br />
Ce début d'année a été marqué<br />
par <strong>de</strong>ux évènements forts pour<br />
la famille royale roumaine.<br />
Après un long processus judiciaire, la Cour<br />
d'Appel <strong>de</strong> Bucarest a reconnu le fils naturel<br />
<strong>de</strong> Carol II (1893-1953) et <strong>de</strong> Zizi<br />
Lambrino comme enfant légitime. Carol<br />
Mircea Grigore Lambrino, né en 1921, est<br />
donc considéré comme le <strong>de</strong>mi-frère du Roi<br />
Michel, qui a un an <strong>de</strong> moins. Cette décision<br />
pourrait avoir <strong>de</strong>s conséquences quand au partage <strong>de</strong>s<br />
biens <strong>de</strong> la Couronne, dont le château <strong>de</strong> Pe<strong>les</strong> (Sinaïa), la<br />
famille royale s'efforçant actuellement <strong>de</strong> <strong>les</strong> récupérer auprès<br />
<strong>de</strong>s autorités. Dans un communiqué, elle a fait savoir qu'elle se<br />
pourvoirait <strong>de</strong>vant la Cour Suprême <strong>de</strong> Justice et que, en tant<br />
que chef <strong>de</strong> la famille royale, le Roi Michel était le seul à pouvoir<br />
se prononcer sur <strong>les</strong> questions d'ordre dynastique.<br />
Agé aujourd'hui <strong>de</strong> 82 ans et atteint d'un cancer, Carol<br />
Mircea Grigore, n'a jamais montré <strong>de</strong> vraies prétentions dans<br />
ce domaine, ce qui n'est pas le cas <strong>de</strong> son fils, Paul Lambrino,<br />
qui se fait appeler le Prince Paul <strong>de</strong> Roumanie et a entamé une<br />
série <strong>de</strong> procès pour faire reconnaître son titre, en 1990. Carol<br />
II et Zizi Lambrino s'étaient mariés secrètement en 1918, alors<br />
que la Roumanie était en guerre. Officier, le prince héritier<br />
Actualité<br />
Après 63 années d'exil, Carol II retrouve sa terre natale<br />
Incohérence et confusion ont conduit<br />
<strong>de</strong> nombreux Bucarestois à faire<br />
une nouvelle fois la queue<br />
pour payer leurs impôts.<br />
Le gouvernement a arrêté <strong>les</strong><br />
taux d'imposition sur le revenu<br />
pour l'année <strong>20<strong>03</strong></strong>, en fonction<br />
<strong>de</strong> l'inflation prévisible. Pour <strong>les</strong><br />
revenus mensuels inférieurs à 2 100 000<br />
lei (60 €, 400 F), l'impôt, retiré directement<br />
chaque mois sur <strong>les</strong> salaires ou <strong>les</strong><br />
Les restes du roi controversé<br />
et d'Elena Lupescu rapatriés du Portugal en Roumanie<br />
avait déserté pour aller faire célébrer son<br />
union à O<strong>de</strong>ssa, en Ukraine. A son retour, il<br />
avait été arrêté et interné dans un monastère.<br />
Le mariage avait été annulé.<br />
Quelques années plus tard, après son<br />
mariage en 1921 avec Elena <strong>de</strong> Grèce et la<br />
naissance <strong>de</strong> son second fils, le futur Roi<br />
Michel, la même année, il tombait éperdument<br />
amoureux d'une aventurière, Elena<br />
Lupescu, provoquant un énorme scandale<br />
dans le pays. Il l'épousera en 1949, lors <strong>de</strong> son exil au Portugal.<br />
Mort en 1953, il sera inhumé dans le caveau <strong>de</strong> la famille royale<br />
portugaise, sa femme l'y rejoignant en 1977.<br />
Cinquante ans après la disparition <strong>de</strong> Carol et après 63 ans<br />
d'exil, le gouvernement roumain a décidé <strong>de</strong> rapatrier <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
corps, ce qui a été fait le 14 février avec l'accord <strong>de</strong> la famille<br />
royale. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien roi et<br />
une cérémonie religieuse s'est déroulée dans la crypte du<br />
monastère <strong>de</strong> Curtea <strong>de</strong> Arges où son cercueil a rejoint ceux <strong>de</strong><br />
ses ancêtres, en présence <strong>de</strong> la Princesse Margareta, fille aînée<br />
du Roi Michel, <strong>de</strong> son mari, et <strong>de</strong> plusieurs représentants du<br />
gouvernement. Les restes d'Elena Lupescu ont, eux, été<br />
enterrés discrètement dans le jardin du monastère, seule une <strong>de</strong><br />
ses nièces étant autorisée à assister à la cérémonie.<br />
Les logements <strong>de</strong>s centre-vil<strong>les</strong> davantage taxés<br />
Introduite dans la confusion, en janvier, la réforme <strong>de</strong>s impôts immobiliers, a<br />
conduit <strong>les</strong> Roumains propriétaires <strong>de</strong> leurs logements à prendre d'assaut leurs perceptions<br />
et à faire d'interminab<strong>les</strong> queues dans le froid, avant qu'elle ne rentre en<br />
application. Cette précipitation a été particulièrement visible à Bucarest, où le conseil municipal<br />
a attendu la <strong>de</strong>rnière semaine <strong>de</strong> décembre pour voter <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> dispositions.<br />
Selon <strong>les</strong> termes <strong>de</strong> cette réforme, et sous peine d'amen<strong>de</strong> pour tout retard après le 15<br />
mars, chaque propriétaire doit présenter un plan actualisé <strong>de</strong> son habitation et y mentionner<br />
<strong>les</strong> éventuels balcons et garages, désormais imposab<strong>les</strong>. Par ailleurs, dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> divisées<br />
en quatre zones dégressives (A, B, C, D), suivant leur éloignement du centre, la zone centrale<br />
A, voit ses taxes relevées.<br />
A Bucarest, cette disposition a entraîné <strong>de</strong> nombreuses protestations, <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong>s<br />
blocs, étant plus fortement imposés que <strong>les</strong> rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> certains quartiers périphériques huppés. Toutefois, <strong>les</strong> propriétaires <strong>de</strong> logements<br />
d’ immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3 étages et 8 appartements bénéficient désormais d'un abattement <strong>de</strong> 10 %. Les propriétaires possédant<br />
une <strong>de</strong>uxième habitation verront leur impôt majoré <strong>de</strong> 15 % pour celle-ci, <strong>de</strong> 50 % pour la 3ème, <strong>de</strong> 75 % pour la 4ème et <strong>de</strong><br />
100 % au-<strong>de</strong>là. Les propriétaires d'espaces commerciaux <strong>de</strong>vront acquitter une taxe spéciale. Enfin, <strong>les</strong> handicapés, <strong>les</strong> chômeurs,<br />
<strong>les</strong> bénéficiaires d'ai<strong>de</strong>s socia<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> certaines allocations, pourront être exemptés ou voir leur impôt immobilier réduit.<br />
Impôts sur le revenu <strong>20<strong>03</strong></strong> : <strong>de</strong> 18 à 40 % <strong>de</strong>s gains<br />
pensions, est <strong>de</strong> 18 %. Jusqu'à 5 200 000<br />
lei (150 €, 1000 F), il est <strong>de</strong> 378 000 lei<br />
(11,3 €, 75 F) plus 23 % pour la somme<br />
dépassant 2 100 000 lei.<br />
Jusqu'à 8 300 000 lei (250 €, 1650<br />
F), il est <strong>de</strong> 1 091 000 lei (30 €, 200 F)<br />
plus 28 % pour la somme dépassant le<br />
seuil <strong>de</strong> 5 200 000 lei.<br />
Jusqu'à 11 600 000 lei (335 €, 2230<br />
F), il est <strong>de</strong> 1 959 000 lei (58 €, 380 F),<br />
plus 34 % sur la somme dépassant 8 300<br />
000 lei. Au-<strong>de</strong>ssus, il est <strong>de</strong> 3 081 000 lei<br />
(90 €, 600 F), plus 40 % sur <strong>les</strong> sommes<br />
dépassant 11 600 000 lei.<br />
227
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
228<br />
<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SATU MARE<br />
SUCEAVA<br />
CLUJ<br />
<br />
ORADEA<br />
ARAD<br />
<br />
TARGU<br />
<br />
<br />
MURES<br />
ALBA<br />
IASI<br />
<br />
<br />
TIMISOARA DEVA<br />
IULIA<br />
<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
SLOBIOZIA<br />
<br />
PLOIESTI <br />
<br />
TULCEA<br />
<br />
CRAIOVA<br />
BUCAREST <br />
<br />
CONSTANTA<br />
<br />
CALARASI<br />
A Cluj, on peut<br />
parler chinois…<br />
mais pas hongrois<br />
Le maire ultra-nationaliste <strong>de</strong> Cluj,<br />
Gheorghe Funar, a décidé <strong>de</strong> faire<br />
apposer <strong>de</strong>s panneaux en bleujaune-rouge,<br />
<strong>les</strong> couleurs nationa<strong>les</strong>,<br />
à toutes <strong>les</strong> entrées <strong>de</strong> la ville, souhaitant<br />
la bienvenue et donnant <strong>de</strong>s<br />
indications en français, anglais, allemand,<br />
espagnol, russe et chinois… à<br />
l'exception du hongrois, langue<br />
parlée par 20 % <strong>de</strong> la population du<br />
ju<strong>de</strong>t. Contestant ce pourcentage qui<br />
déclenche automatiquement l'utilisation<br />
du bi-linguisme dans <strong>les</strong> rapports<br />
<strong>de</strong> l'administration et <strong>de</strong>s citoyens,<br />
Funar, farouchement hostile aux<br />
Hongrois, a décidé <strong>de</strong> ne pas appliquer<br />
cette disposition à l'égard <strong>de</strong><br />
ses administrés d'origine magyare.<br />
“Pas touche” au<br />
palais <strong>de</strong> Ceausescu<br />
Anca Petrescu, la femme architecte<br />
qui a conçu le "palais <strong>de</strong><br />
Ceausescu" a porté plainte contre<br />
<strong>les</strong> autorités roumaines qui ont<br />
décidé, sans la consulter, d'en modifier<br />
intérieurement une aile pour y<br />
installer un musée <strong>de</strong> l'Art contemporain<br />
dans l'un <strong>de</strong>s 21 éléments qu'il<br />
comporte, chacun d'entre eux représentant<br />
l'équivalent d'un immeuble<br />
<strong>de</strong> six-sept étages.<br />
L'architecte soutient que ce projet<br />
va modifier considérablement l'harmonie<br />
<strong>de</strong> son oeuvre dont elle<br />
détient <strong>les</strong> droits d'auteur. Anca<br />
Petrescu considère également que<br />
<strong>les</strong> 12 M€ (80 MF) <strong>de</strong>stinés aux travaux<br />
pourraient être mieux utilisés en<br />
créant, ailleurs, un véritable musée<br />
personnalisé.<br />
Politique<br />
Actualité<br />
Une enquête du journal "Gardianul" dresse un tableau révélateur <strong>de</strong> la<br />
fonction préfectorale en Roumanie. Les préfets, représentants <strong>de</strong>s intérêts<br />
<strong>de</strong> l'Etat, sont surtout défenseurs <strong>de</strong>s leurs. Le quotidien estime qu'actuellement<br />
la moitié d'entre eux se sont constitués d'importantes fortunes, mélangeant allègrement<br />
leurs propres affaires et cel<strong>les</strong> du ju<strong>de</strong>t qu'ils administrent, utilisant leurs<br />
femmes comme prête-noms lorsqu'ils ne veulent pas apparaître directement. Sur <strong>les</strong> 41<br />
ju<strong>de</strong>ts que compte le pays, "Gardianul" a relevé 19 cas <strong>de</strong> préfets <strong>de</strong>venus <strong>de</strong> riches<br />
entrepreneurs, certains faisant l'objet d'une procédure pénale.<br />
Femmes et frères associés<br />
A Constantsa, le préfet et son frère contrôlent pas moins <strong>de</strong> 18 firmes, dont l'une<br />
a emporté le contrat exclusif <strong>de</strong> l'enlèvement et du traitements <strong>de</strong>s ordures ménagères<br />
<strong>de</strong> la ville, payé par celle-ci... et dont le budget doit être approuvé par la préfecture.<br />
A Alba Iulia, c'est la femme du préfet qui contrôle une importante société dont<br />
une branche pharmaceutique a servi <strong>de</strong> paravent pour une vente fictive d'alcool médicinal<br />
et toucher ainsi <strong>de</strong> l'Etat le remboursement <strong>de</strong>s taxes.<br />
A Ora<strong>de</strong>a, le préfet, qui est aussi le patron du PSD local (Parti Social Démocrate,<br />
au pouvoir) a tenté, en vain, <strong>de</strong> faire mettre en position éligible sur la liste <strong>de</strong> son parti<br />
le fils <strong>de</strong> son prédécesseur, Adrian Tarau, afin qu'il puisse bénéficier <strong>de</strong> l'immunité<br />
parlementaire et échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> lui<br />
valent un mandat <strong>de</strong> recherche à Interpol.<br />
A Slobozia, le préfet est un <strong>de</strong>s grands propriétaires agrico<strong>les</strong> du ju<strong>de</strong>t et a réussi<br />
à mettre la main sur la majorité <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> la firme d'Etat Comcereal, lors <strong>de</strong> sa<br />
privatisation. Il dispose <strong>de</strong> quatre énormes silos, <strong>de</strong>squels ont disparu 2500 tonnes <strong>de</strong><br />
blé appartenant à l'Etat. Le préfet-chef d'entreprise a mis en cause un <strong>de</strong> ses<br />
employés... qui n'est autre que le fils du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s Comptes du ju<strong>de</strong>t,<br />
chargé <strong>de</strong> surveiller l'usage <strong>de</strong>s fonds publics. Par ailleurs, ce même préfet est en cheville<br />
avec un riche entrepreneur impliqué dans une affaire qui a valu un préjudice <strong>de</strong><br />
2 M€ (13 M€) à l'Etat.<br />
Le préfet d'Hunedoara contrôle plus<br />
d'un tiers <strong>de</strong> l'économie <strong>de</strong> la vallée minière <strong>de</strong> Jiu<br />
Les serviteurs <strong>de</strong> l'Etat<br />
savent aussi se servir<br />
Préfets… et hommes d'affaires :<br />
un mélange <strong>de</strong>s genres gênant<br />
A lui tout seul, le préfet <strong>de</strong> Hunedoara contrôle plus du tiers <strong>de</strong> l'économie <strong>de</strong> la<br />
vallée minière <strong>de</strong> Jiu et est à la tête d'un immense holding formé <strong>de</strong> ses nombreuses<br />
sociétés. Longtemps dans l'ombre du lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s mineurs, Miron Cozma, condamné à<br />
18 ans <strong>de</strong> prison et toujours incarcéré pour avoir déclenché une grève insurrectionnelle,<br />
il a fait fortune très rapi<strong>de</strong>ment. On dit qu'il est actuellement surveillé par le<br />
gouvernement, mais ses affaires continuent à être prospères.<br />
Le préfet <strong>de</strong> Iasi est l'un <strong>de</strong>s plus puissants magnats <strong>de</strong> la filière <strong>de</strong> la boucherie<br />
<strong>de</strong> toute la Moldavie; celui <strong>de</strong> Slatina possè<strong>de</strong> un groupe <strong>de</strong> presse, ce qui lui permet<br />
<strong>de</strong> mettre en relief son action et celle <strong>de</strong> son parti, le PSD. Ancien directeur adjoint <strong>de</strong><br />
la succursale locale <strong>de</strong> Petrom, la firme nationale <strong>de</strong> pétrole, le préfet <strong>de</strong> Ploiesti, au<br />
cœur <strong>de</strong> la zone pétrolifère roumaine, détient un quart <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> "Petro<br />
Construct", chargée <strong>de</strong>s constructions dans le domaine <strong>de</strong>s hydrocarbures.<br />
Les sociétés dirigées par la femme du préfet <strong>de</strong> Teleorman ont obtenu plusieurs<br />
gros contrats <strong>de</strong> l'Etat ou <strong>de</strong>s municipalités qu'il administre pour la construction <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux immeub<strong>les</strong> à Alexandria (un million d'euros), du siège <strong>de</strong> la Direction<br />
Départementale du Travail, pour d'importants travaux dans la mairie du chef-lieu... On<br />
n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Economie<br />
Bien qu'el<strong>les</strong> se soient développées à un rythme lent,<br />
<strong>les</strong> privatisations ont touché 259 entreprises et rapporté<br />
127 M€ (840 MF)<br />
à l'Etat roumain, en 2002. Le capital<br />
privé représente désormais 55 % <strong>de</strong><br />
la propriété économique en<br />
Roumanie et assure 69 % du PIB<br />
contre 31% pour <strong>les</strong> sociétés d'Etat.<br />
Pas suffisamment attractives,<br />
plusieurs sociétés n'ont pas trouvé<br />
preneurs dans cette première tranche<br />
qui doit être bouclée à la fin <strong>de</strong> ce<br />
semestre, dont la BCR (Banque<br />
Commerciale Roumaine), la princi-<br />
pale banque du pays pour laquelle<br />
aucune offre sérieuse n'a été faite.<br />
D'autres ont dû s'y reprendre à plusieurs<br />
fois avant <strong>de</strong> trouver chaussure à leur pied. C'est le cas<br />
<strong>de</strong> Aro Câmpulung (constructeur <strong>de</strong> 4x4), Rocar Bucarest<br />
(constructeur d'autobus), Carom Onesti, Celhart Donaris,<br />
Electroputere Craiova, Moldosin Vaslui.<br />
23 très grosses sociétés, dont 15 employant plus <strong>de</strong> 1000<br />
personnes étaient offertes à la privatisation. Parmi el<strong>les</strong> : <strong>les</strong><br />
Actualité<br />
Malgré un rythme lent et <strong>de</strong>s échecs, <strong>les</strong> privatisations se poursuivent<br />
55 % <strong>de</strong> l'économie aux mains <strong>de</strong>s capitaux privés<br />
Croissance : "The Economist"<br />
moins optimiste que le gouvernement<br />
usines d'aciers spéciaux <strong>de</strong> Târgoviste, Alro Slatina, Alprom<br />
Slatina, Promex Braila, Nicolina Iasi, le chantier naval <strong>de</strong><br />
Constantsa, <strong>les</strong> usines <strong>de</strong> sou<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Govora, Romvag, Caracal, Bicapa<br />
Târnaveni… Plusieurs autres sont en<br />
négociation : Tractorul Brasov,<br />
Rulmentul Brasov, Industria Sarmei<br />
Campia Turzii, Nitramonaia Fagaras,<br />
Uztel Ploiesti, Mecanica Marsa,<br />
Urbis Armaturi Sanitare.<br />
Certaines grosses sociétés n'ont<br />
pas encore été présentées à la privatisation<br />
par l'APAPS (Autorité pour la<br />
Privatisation et l'Administration <strong>de</strong>s<br />
Participations <strong>de</strong> l'Etat), organisme<br />
chargé <strong>de</strong> cette opération : l'usine <strong>de</strong><br />
camions Roman Brasov, Si<strong>de</strong>rurgica<br />
Hunedoara, Faur Bucuresti, Griro Bucuresti, Timpuri noi…<br />
Une secon<strong>de</strong> étape, à partir <strong>de</strong> juillet prochain, <strong>de</strong>vrait<br />
faire entrer dans ce processus d'autres mastodontes d'Etat<br />
comme Iaifo Zalau, Tubinox Bucuresti, Energoutilaj<br />
Bucuresti, Helitube Bucuresti, Unirea Cluj, Caromet<br />
Caransebes, Giurgiu Nav, URB Rulmenti Suceava…<br />
L’usine <strong>de</strong> camions et engins utilitaires<br />
“Roman Brasov” <strong>de</strong>vrait faire partie<br />
d’une prochaine vague <strong>de</strong> privatisation.<br />
Dans un article paru début janvier, la revue britannique "The<br />
Economist" tempère <strong>les</strong> prévisions optimistes du gouvernement<br />
roumain sur la croissance espérée en <strong>20<strong>03</strong></strong>, qu'elle ramène à 4,6 %<br />
au lieu <strong>de</strong>s 5,2 % annoncés, du fait du ralentissement économique aux USA et<br />
en Europe, principaux débouchés commerciaux <strong>de</strong> la Roumanie. Le journal<br />
table sur 5 % l'année prochaine si l'économie mondiale repart et à condition que<br />
Bucarest accélère ses réformes <strong>de</strong> structures.<br />
De la même façon, "The Economist", qui base ses prévisions sur <strong>les</strong> analyses<br />
<strong>de</strong> son institut d'étu<strong>de</strong>s, estime que le déficit budgétaire <strong>de</strong> la Roumanie,<br />
pour cette année, ne se situera pas à 2,65 % du PIB, pour s'y stabiliser par la<br />
suite, mais atteindra 3,1 % à cause <strong>de</strong> la majoration <strong>de</strong>s salaires du secteur<br />
public, <strong>de</strong> l'instauration du Revenu minimum garanti et <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s rentrées<br />
<strong>de</strong> cotisations socia<strong>les</strong>. En 2004, année <strong>de</strong>s élections généra<strong>les</strong>, ce déficit<br />
<strong>de</strong>vrait même passer à 3,4 % avec l'augmentation à attendre <strong>de</strong>s dépenses<br />
publiques.<br />
Par contre, le niveau du taux d'inflation prévu par le gouvernement - + 14<br />
% - lui paraît plausible et même souhaitable, une décélération plus importante<br />
(+ 12 %) pouvant casser la croissance. Ces perspectives amènent la revue britannique<br />
à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si la Roumanie sera prête pour adhérer à l'UE en 2007,<br />
notant - avec un euroscepticisme bien britannique - que <strong>les</strong> difficultés que ne<br />
va pas manquer <strong>de</strong> provoquer l'adhésion <strong>de</strong> dix nouveaux membres en 2004 risquent<br />
<strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plusieurs années cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Bucarest et Sofia.<br />
Enfin, "The Economist" engage la Roumanie à multiplier <strong>les</strong> efforts, dans<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux années à venir, pour se montrer plus attractive à l'égard <strong>de</strong>s capitaux<br />
étrangers et rattraper ainsi <strong>les</strong> 3 milliards d'euros (20 milliards <strong>de</strong> F) <strong>de</strong> déficit<br />
d'investissements enregistrés ces <strong>de</strong>rnières années par rapport à la Bulgarie.<br />
+ 17,8 % : sérieux coup<br />
<strong>de</strong> frein sur l'inflation<br />
Après + 30,3 % en 20<strong>01</strong>, <strong>les</strong> prix ont<br />
augmenté <strong>de</strong> 17,8 % en 2002, soit<br />
+ 1,4 % par mois, ce qui montre<br />
une décélération importante <strong>de</strong> l'inflation. Les<br />
services sont <strong>les</strong> principaux responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />
hausse (+ 21 %), <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> produits courants<br />
(+18,8 %) et <strong>les</strong> produits alimentaires (+15,8<br />
%). Fort <strong>de</strong> ce succès, le gouvernement table<br />
sur une inflation <strong>de</strong> 12 à 14 % pour l'année en<br />
cours. Il est à noter toutefois que <strong>les</strong> chiffres<br />
annoncés dans ce domaine par <strong>les</strong> pouvoirs<br />
publics roumains sont toujours révisés à la<br />
hausse par <strong>les</strong> organismes internationaux.<br />
L'euro,<br />
monnaie <strong>de</strong> référence<br />
L'euro est <strong>de</strong>venu la monnaie <strong>de</strong> référence<br />
<strong>de</strong> la Roumanie, qui effectue<br />
<strong>les</strong> 2/3 <strong>de</strong> son commerce extérieur<br />
avec <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'UE, ce 1er mars. Cette mesure<br />
a été prise par la Banque Nationale<br />
Roumaine à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Banque Centrale<br />
Européenne. La Roumanie était le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s<br />
pays candidats à l'UE à conserver le dollar<br />
comme monnaie <strong>de</strong> référence.<br />
229
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 10<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
<br />
TARGU<br />
<br />
MURES<br />
IASI<br />
ARAD CLUJ<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
HOGHIZ<br />
DEVA <br />
GALATI<br />
TIMISOARA SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
TARGU JIU<br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
MEDGIDIA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
<br />
MANGALIA<br />
Lafarge a mis le cap<br />
sur la protection<br />
<strong>de</strong> l'environnement<br />
et la formation<br />
Lafarge, numéro un mondial du<br />
ciment, a investi 20 M€ dans son<br />
usine <strong>de</strong> Medgidia et 17 autres dans<br />
celle <strong>de</strong> Hoghiz pour la protection <strong>de</strong><br />
l'environnement. Le groupe français a<br />
fait également <strong>de</strong>s efforts importants<br />
dans le domaine <strong>de</strong>s ressources<br />
humaines, concernant aussi bien le<br />
personnel licencié que celui qui restait.<br />
Quand il est arrivé en Roumanie,<br />
la production sur place était assurée<br />
par 8000 personnes alors qu'elle<br />
équivalait à celle <strong>de</strong> 800 dans <strong>les</strong><br />
autres pays d'Europe.<br />
La firme a fait appel aux départs<br />
volontaires, proposant <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong><br />
salaire, une formation ou bien un<br />
appui à ceux qui voulaient ouvrir leur<br />
propre affaire, ce qui a été rarement<br />
le cas. Lafarge a toutefois créé la<br />
première pépinière privée d'entreprises<br />
<strong>de</strong> Roumanie à Medgidia,<br />
offrant conseils et locaux. A Târgu<br />
Jiu, au cœur <strong>de</strong> la région déshéritée<br />
<strong>de</strong>s mineurs, elle a encouragé un <strong>de</strong><br />
ses anciens ingénieurs à monter un<br />
atelier <strong>de</strong> réparation et d'entretien<br />
mécanique <strong>de</strong>stinée à ses propres<br />
usines. L'affaire marche et emploie<br />
90 anciens du groupe.<br />
Par ailleurs, le cimentier a entrepris<br />
une requalification du personnel<br />
restant, comprenant aussi <strong>de</strong>s cours<br />
d'anglais et français, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
langues <strong>de</strong> Lafarge, pour tout le<br />
mon<strong>de</strong>. Ses spécialistes ont été<br />
envoyés pour <strong>de</strong>s stages dans<br />
d'autres unités à l'étranger et sont<br />
revenus en Roumanie après plusieurs<br />
mois <strong>de</strong> formation.<br />
<br />
Economie<br />
Actualité<br />
Les pays candidats à l'UE<br />
<strong>de</strong> plus en plus attractifs<br />
Avec leur société <strong>de</strong> consommation en émergence, moins bien équipée que<br />
leurs voisins d'Europe Occi<strong>de</strong>ntale, <strong>les</strong> douze pays <strong>de</strong> l'Est candidats à<br />
l'UE constituent une réelle opportunité économique et intéressent <strong>de</strong> plus<br />
en plus <strong>les</strong> entreprises françaises, comptant un potentiel <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent millions <strong>de</strong><br />
consommateurs. Autre atout <strong>de</strong> taille à leurs yeux : leur main d'œuvre encore bon marché.<br />
Plusieurs industriels, notamment dans le textile et l'électroménager y ont<br />
d'ailleurs délocalisé leur outil <strong>de</strong> production <strong>de</strong>puis quelques années.<br />
Mais si la plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s entreprises industriel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> services françaises<br />
ont une très bonne présence à l'Est, en revanche, <strong>les</strong> entreprises moyennes, à l'exception<br />
<strong>de</strong> l'industrie agro-alimentaire, sont souvent en retard par rapport à leurs concurrentes<br />
alleman<strong>de</strong>s. Les banques françaises sont aussi dans ce cas, largement supplantées<br />
par <strong>les</strong> banques alleman<strong>de</strong>s, autrichiennes et italiennes, malgré la présence <strong>de</strong><br />
la Société Générale qui a racheté la BRD (Banque Roumaine <strong>de</strong> Développement), la<br />
Komercny Banka tchèque, la SKB slovène, et l'Express Bank bulgare.<br />
Cependant <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> croissance attractifs qu'enregistrent <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est, <strong>les</strong><br />
opportunités économiques qu'ils offrent, ne doivent pas faire oublier certaines zones<br />
d'ombre, au premier rang <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> le fonctionnement opaque <strong>de</strong>s affaires avec leurs<br />
pratiques <strong>de</strong> pots <strong>de</strong> vin et <strong>de</strong> corruption généralisées à toute la région, et le risque d'instabilité<br />
politique. Si pour ce <strong>de</strong>rnier, l'entrée dans l'UE <strong>de</strong>vrait calmer <strong>les</strong> choses dans<br />
la décennie, pour <strong>les</strong> premières il faut plutôt parler en terme <strong>de</strong> générations.<br />
La France au premier rang en Roumanie et Pologne<br />
Au total, en 2000, on comptait 1650 filia<strong>les</strong> d'entreprises françaises dans <strong>les</strong> douze<br />
pays candidats à l'UE. En Roumanie, la France est traditionnellement le premier investisseur<br />
étranger, en particulier grâce à France Télécom qui a investi 400 M€ (2,6 milliards<br />
<strong>de</strong> F) pour la mise en place d'un réseau <strong>de</strong> téléphonie mobile et Renault qui a<br />
payé 270 M€ (1,8 milliards <strong>de</strong> F) pour reprendre et mo<strong>de</strong>rniser le constructeur Dacia.<br />
En Pologne, la France est également le 1er investisseur, mais <strong>de</strong>puis 2000.<br />
Danone, France Télécom, Total-Elf-Fina, LVMH, Pernod-Ricard, y ont investi 10 milliards<br />
d'euros (65 milliards <strong>de</strong> F), <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Américains, (8 milliards d'euros) et <strong>les</strong><br />
Allemands (7 milliards d'euros). Quand un Polonais fait ses courses dans une gran<strong>de</strong><br />
surface, il y a <strong>de</strong> bonnes chances qu'il aille chez Carrefour, Auchan et Casino.<br />
Faiblement présente en République Tchèque dans <strong>les</strong> années 95 (5 % <strong>de</strong>s investissements<br />
étrangers), la France y comble son handicap, grâce surtout au contrat signé<br />
par Vivendi pour la gestion <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> Prague, et la Société Générale. Sa part est<br />
passée à 30 % et elle est remontée du 6ème rang au 4ème, <strong>de</strong>rrière l'Allemagne, <strong>les</strong><br />
Pays bas et l'Autriche, malgré un tassement <strong>de</strong> sa position en 2002, GDF et EDF ne<br />
réussissant pas à emporter <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> la distribution du gaz et <strong>de</strong> l'électricité.<br />
En Hongrie, la France figure à la 3ème place, <strong>de</strong>rrière l'Allemagne (un tiers <strong>de</strong>s<br />
investissements étrangers), <strong>les</strong> Etats Unis (un quart), ex aequo avec l'Autriche (10 %).<br />
En revanche, en Slovaquie, la France n'arrive qu'en 7ème position et sa présence est<br />
très faible dans <strong>les</strong> pays baltes.Un constat s'impose : lorsqu'ils rachètent une entreprise<br />
publique privatisée, <strong>les</strong> Français n'hésitent pas à supprimer <strong>de</strong> nombreux emplois,<br />
comme Renault lors <strong>de</strong> la reprise <strong>de</strong> Dacia. En cinq ans, le constructeur a prévu <strong>de</strong><br />
réduire <strong>les</strong> effectifs <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Pitesti <strong>de</strong> 40 %, passant <strong>de</strong> 27 000 à 16 000 employés.<br />
Paris, 3ème partenaire commercial <strong>de</strong> Bucarest<br />
En 2002, <strong>les</strong> échanges commerciaux entre la France et la Roumanie se sont<br />
montés à 2 milliards d'euros, soit près <strong>de</strong> + 15 %, se partageant pratiquement<br />
à moitié entre importations et exportations. Entrant pour 7 % dans la<br />
balance commerciale <strong>de</strong> la Roumanie, l'Hexagone se situe en 3ème position, <strong>de</strong>rrière<br />
l'Allemagne et l'Italie. 2767 sociétés mixtes ont été formées entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Economie<br />
En 1997, Daewoo a repris le chantier naval <strong>de</strong><br />
Mangalia, quasiment en état <strong>de</strong> faillite, acquérant<br />
51 % <strong>de</strong>s parts. A cette époque, seulement un<br />
bateau par an sortait <strong>de</strong> ses ca<strong>les</strong> et 25 étaient en réparation. En<br />
20<strong>01</strong>, le chantier <strong>de</strong> Mangalia en a construit 54 et réparé 30. Il<br />
emploie 3500 personnes et en fait vivre 2500 autres dans <strong>de</strong>s<br />
entreprises en sous-traitance.<br />
Avant l'arrivée du géant coréen, le matériel et l'outillage<br />
étaient à l'état d'abandon, <strong>les</strong> ouvriers ne recevaient pas leurs<br />
salaires, restaient <strong>les</strong> bras ballants, fumant une cigarette,<br />
buvant une tsuica, attendant <strong>les</strong> ordres.<br />
Quand ceux-ci arrivaient, ils n'étaient pas<br />
exécutés, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s bêtises.<br />
Aujourd'hui, un sou<strong>de</strong>ur gagne 7,5 millions<br />
<strong>de</strong> lei net (230 €, 1500 F), soit plus<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fois le salaire moyen, un contremaître,<br />
12 millions <strong>de</strong> lei (365 €, 2400 F).<br />
"Un talent extraordinaire pour<br />
ne pas faire le boulot <strong>de</strong>mandé"<br />
Tout, pourtant, est loin d'être rose sur<br />
le chantier… surtout pour <strong>les</strong> Coréens qui s'arrachent souvent<br />
<strong>les</strong> cheveux. Les trois premières années, plutôt que <strong>de</strong> partir à<br />
la conquête du marché mondial, la nouvelle direction du chantier<br />
s'est échinée à convaincre <strong>les</strong> ouvriers à se mettre au travail.<br />
Plusieurs centaines d'entre eux ont été envoyés en formation<br />
en Corée du Sud, sur le chantier mère du port <strong>de</strong> Okpo, qui<br />
compte 11 000 employés. De nombreux autres y sont encore.<br />
Pour autant, <strong>les</strong> ouvriers <strong>de</strong> Mangalia n'ont pas acquis<br />
cette discipline et ce sens <strong>de</strong> l'effort qui ont fait du "Pays du<br />
matin calme" un <strong>de</strong>s "dragons" <strong>de</strong> l'économie mondiale. La<br />
relation au travail y est toute différente. "Ici, j'ai découvert<br />
qu'on avait un talent extraordinaire pour ne pas faire le boulot<br />
<strong>de</strong>mandé. Il doit bien exister 6000 motifs pour ne pas l'exécuter"<br />
confiait un cadre coréen à un journaliste<br />
d'"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour").<br />
La journée <strong>de</strong> travail commence à 8 h pour s'achever à 16<br />
h 30, avec une pause déjeuner d'une <strong>de</strong>mi-heure. Mais, trois<br />
quarts d'heure avant la fin, <strong>les</strong> ouvriers se dirigent déjà vers la<br />
sortie. Il a fallu instaurer un appel avec retenue sur le salaire<br />
en cas <strong>de</strong> départ prématuré pour limiter le phénomène.<br />
Autre comportement qui déroute totalement <strong>les</strong> Asiatiques<br />
: <strong>les</strong> innombrab<strong>les</strong> vols <strong>de</strong> matériel sur le chantier, comme s'il<br />
s'agissait d'un sport. Un directeur a même surpris son chauffeur<br />
en train <strong>de</strong> dérober l'essence <strong>de</strong> sa voiture.<br />
Une police <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> douze hommes<br />
Ces <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong>meurent toujours une préoccupation<br />
majeure. Mais dans d'autres domaines, <strong>les</strong> esprits ont un peu<br />
évolué, même s'il reste beaucoup à faire. Auparavant, <strong>les</strong> acci<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong> travail étaient nombreux. Tout le mon<strong>de</strong> se fichait <strong>de</strong>s<br />
Actualité<br />
Les "dragons" coréens peinent à changer la mentalité <strong>de</strong>s ouvriers<br />
du chantier naval <strong>de</strong> Mangalia, repris par Daewoo en 1997<br />
Gymnastique matinale contre tsuica<br />
Le choc <strong>de</strong>s cultures sur <strong>les</strong> chantiers <strong>de</strong><br />
Mangalia a surpris tout autant <strong>les</strong> travailleurs<br />
roumains que <strong>les</strong> commanditaires Coréens.<br />
mesures <strong>de</strong> sécurité, <strong>les</strong> cadres ne montraient pas l'exemple.<br />
Personne n'attachait son harnais <strong>de</strong> sécurité quand il fallait<br />
effectuer un travail en hauteur, ne portait son casque <strong>de</strong> sécurité<br />
ou son masque <strong>de</strong> protection pour sou<strong>de</strong>r. Des contrô<strong>les</strong><br />
effectués post-mortem à la morgue, sur <strong>de</strong>s ouvriers qui s'étaient<br />
tués en tombant d'un échafaudage relevaient souvent <strong>de</strong>s<br />
taux d'alcoolémie supérieurs à <strong>de</strong>ux grammes…<br />
Un an après son arrivée, la direction a créé une police <strong>de</strong><br />
la sécurité <strong>de</strong> douze hommes qui patrouille à travers tout le<br />
chantier, relevant <strong>les</strong> infractions. Celui qui est surpris pour ne<br />
pas avoir respecté <strong>les</strong> consignes, reçoit un<br />
carton jaune. Il ne lui sera retiré que s'il ne<br />
commet pas d'autres fautes dans <strong>les</strong> trois<br />
mois. Mais, là encore, il a fallu adapter le<br />
règlement à l'esprit local. Alors qu'en<br />
Corée, l'avertissement suivant conduit<br />
immédiatement à un carton rouge, entraînant<br />
une retenue sur salaire <strong>de</strong> 10 %… à<br />
Mangalia, celui-ci n'est attribué qu'au<br />
troisième. La sécurité s'est toutefois notablement<br />
améliorée, même si l'on voit toujours<br />
<strong>de</strong>s contremaîtres chargés <strong>de</strong> la formation<br />
<strong>de</strong>s jeunes sou<strong>de</strong>urs se bala<strong>de</strong>r en tennis, alors que <strong>de</strong>s<br />
bottes <strong>de</strong> protection métalliques sont exigées.<br />
"Souffler dans le ballon" avant l'embauche<br />
Quant à l'alcool, la mesure prise a été radicale. Le chantier<br />
s'est équipé d'éthylomètres i<strong>de</strong>ntiques à ceux <strong>de</strong> la police et <strong>les</strong><br />
ouvriers sont contraints <strong>de</strong> "souffler dans le ballon" avant<br />
d'embaucher. Ceux qui sont pris en état d'ébriété sont immédiatement<br />
renvoyés.<br />
Les employés ont dû aussi se soumettre sans trop discuter<br />
à une pratique typiquement asiatique. Ils sont tenus d'arriver<br />
dès 7 h 30, une <strong>de</strong>mi-heure avant l'embauche, <strong>de</strong> nettoyer <strong>les</strong><br />
lieux <strong>de</strong> leur travail et, le quart d'heure suivant, <strong>de</strong> se livrer à<br />
une séance <strong>de</strong> gymnastique et d'étirements, ce que <strong>les</strong> jeunes<br />
ont maintenant assimilé… <strong>les</strong> vieux rechignant toujours à exécuter<br />
ces mouvements d'extension et <strong>de</strong> génuflexion inspirés<br />
d'un autre univers. Les trois premiers mois, le rythme était<br />
donné par hauts-parleurs… en coréen.<br />
Tarom négocie son<br />
adhésion à l'alliance SkyTeam<br />
La compagnie aérienne nationale Tarom a entamé<br />
<strong>de</strong>s discussions en vue <strong>de</strong> son adhésion à l'alliance<br />
SkyTeam qui comprend six membres : Air France,<br />
l'américain Delta Ailines, Alitalia, le tchèque CSA Czech<br />
Airlines, Aeromexico et Korean Air. Par le jeu <strong>de</strong> ces<br />
alliances, Tarom, qui <strong>de</strong>ssert 44 <strong>de</strong>stinations, pourrait ainsi en<br />
proposer 500 à sa clientèle, dans 114 pays et sur 8000 vols<br />
quotidiens.<br />
22 11
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
IASI<br />
CLUJ TARGU MURES<br />
ARAD<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI<br />
TIMISOARA <br />
<br />
LUGOJ TARGU<br />
JIU<br />
PITESTI<br />
<br />
BRAILA<br />
BUZAU<br />
22 12<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Six mois <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>s<br />
pendant l'année<br />
Confection, lingerie, chaussures,<br />
artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> sport, électro-ménager,<br />
meub<strong>les</strong>… <strong>les</strong> Roumains se familiarisent<br />
avec <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s, notamment à<br />
Bucarest où <strong>les</strong> vitrines sont barrées<br />
d'affiches "Atentie, cad preturile !"<br />
(Attention, <strong>les</strong> prix tombent !). Les<br />
commerçants enten<strong>de</strong>nt ainsi liqui<strong>de</strong>r<br />
leurs stocks estimés à 10-15 %, en<br />
proposant <strong>de</strong>s ristournes allant <strong>de</strong> 20<br />
à 50 % et atteignant jusqu'à 70 % au<br />
mois d'août.<br />
Le phénomène est encore trop<br />
récent pour savoir s'il a déjà engendré<br />
un comportement attentiste chez<br />
une clientèle guettant ces pério<strong>de</strong>s et<br />
différant ses achats, comme en<br />
Occi<strong>de</strong>nt, <strong>les</strong> sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong>venant alors<br />
partie prenante <strong>de</strong> la stratégie globale<br />
<strong>de</strong>s commerces.<br />
Mettre un peu d’ordre dans<br />
une pratique anarchique<br />
En Roumanie, el<strong>les</strong> se déroulaient<br />
<strong>de</strong> manière un peu anarchique<br />
jusque là, chacun fixant ses<br />
pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> promotion comme il<br />
l'entendait, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute réglementation.<br />
Celle-ci, peu respectée<br />
encore, a cependant vu le jour le 1er<br />
janvier <strong>de</strong>rnier, délimitant la pério<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s d'automne-hiver du 15<br />
janvier au 15 avril, et celle <strong>de</strong> printemps-été,<br />
du 1er août au 31<br />
octobre, soit, au total, six mois.<br />
Carrefour n'a cependant pas<br />
attendu cette pério<strong>de</strong> pour habituer<br />
sa clientèle à <strong>de</strong>s réductions régulières<br />
sur l'ensemble <strong>de</strong> ses produits,<br />
tout au long <strong>de</strong> l'année, portant<br />
sur une baisse <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> leurs<br />
prix.<br />
<br />
<br />
Economie<br />
Actualité<br />
Investisseurs hors UE:<br />
100 000 € minimum pour<br />
être autorisé à s'installer<br />
Une nouvelle réglementation exige que <strong>les</strong> investisseurs étrangers, hormis<br />
ceux originaires <strong>de</strong> l'UE, <strong>de</strong>s pays occi<strong>de</strong>ntaux et du Japon, disposent<br />
désormais d'un capital <strong>de</strong> 100 000 € (650 000 F), d'un plan précis d'investissement<br />
et d'une activité équivalente dans leur pays d'origine, pour pouvoir développer<br />
leurs affaires en Roumanie et y bénéficier d'un visa long séjour.<br />
Cette nouvelle mesure vise <strong>les</strong> petits investisseurs d'origine moyen-orientale et <strong>de</strong><br />
Chine, suspectés <strong>de</strong> se servir <strong>de</strong> la Roumanie comme base d'accès ultérieure aux marchés<br />
<strong>de</strong> l'UE. Elle a fait réagir négativement le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s associations d'investisseurs<br />
en Roumanie qui note qu'avec seulement 8,6 milliards d'euros (57 milliards <strong>de</strong><br />
F) <strong>de</strong> capitaux attirés <strong>de</strong>puis 1990, la Roumanie est le moins attractif <strong>de</strong>s ex pays <strong>de</strong><br />
l'Est et que <strong>les</strong> petits investisseurs ont injecté <strong>de</strong>s sommes importantes dans l'économie<br />
roumaine, créant <strong>de</strong> très nombreux emplois.<br />
A ses yeux, cette nouvelle condition ne peut que décourager <strong>les</strong> entreprises<br />
étrangères déjà confrontées à l'incroyable lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'administration, exigeant une<br />
centaine d'avis avant <strong>de</strong> délivrer une autorisation, et à la corruption. En Hongrie, un<br />
investisseur étranger potentiel ne doit justifier que d'un apport <strong>de</strong> 15 000 € (100 000<br />
F) et en Pologne <strong>de</strong> 25 000 € (165 000 F).<br />
Dix millions <strong>de</strong> cartes<br />
<strong>de</strong> crédit dans cinq ans<br />
D'après le directeur <strong>de</strong> Master Card<br />
pour la Roumanie, ce pays est très loin<br />
d'avoir épuisé son potentiel <strong>de</strong> développement<br />
au niveau <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> crédit,<br />
lequel <strong>de</strong>vrait se développer fortement<br />
dans <strong>les</strong> cinq ans à venir pour atteindre 10<br />
millions <strong>de</strong> titulaires. Le marché est<br />
entravé par le faible nombre <strong>de</strong> commerçants<br />
acceptant <strong>les</strong> cartes ou étant<br />
équipés à cet effet : 5000 seulement en<br />
Roumanie, contre 33 000 en Slovaquie,<br />
39 000 en République Tchèque, 114 000<br />
en Pologne… et plus d'un million en<br />
Italie ou en France.<br />
Premières rames<br />
automotrices livrées<br />
Les <strong>de</strong>ux premières rames automotrices<br />
commandées à Siemens sont<br />
entrées en service le 1er février sur <strong>les</strong><br />
lignes Bucarest-Iasi et Bucarest-Pitesti-<br />
Craiova. Composées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux wagons<br />
avec un couloir continu, disposant <strong>de</strong> 123<br />
places assises et <strong>de</strong> 90 <strong>de</strong>bout, el<strong>les</strong> peuvent<br />
circuler à 120 km/h, sous le régime<br />
<strong>de</strong>s trains inter-city qui effectuent <strong>les</strong> liaisons<br />
<strong>les</strong> plus rapi<strong>de</strong>s entre <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
vil<strong>les</strong>, sans supplément <strong>de</strong> prix. La<br />
A savoir<br />
SNCFR a passé une comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> 120<br />
rames à la firme alleman<strong>de</strong>, dont 57 doivent<br />
être livrées cette année.<br />
Près d'un tiers du personnel<br />
licencié à RomTelecom<br />
OTE, l'opérateur grec qui détient,<br />
<strong>de</strong>puis janvier, 54 % du capital <strong>de</strong><br />
RomTelecom, contre 35 % auparavant, a<br />
décidé immédiatement <strong>de</strong> supprimer dans<br />
<strong>les</strong> années à venir près d'un tiers du personnel,<br />
soit 9000 employés sur 30 000.<br />
Pour justifier sa décision, la compagnie<br />
s'appuie sur la stagnation du marché prévue<br />
pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux prochaines années, la<br />
baisse <strong>de</strong> son action à la suite <strong>de</strong> la perte<br />
<strong>de</strong> son monopole dans le domaine <strong>de</strong> la<br />
téléphonie fixe, et l'ajustement <strong>de</strong> ses<br />
tarifs. OTE a toutefois précisé qu'il<br />
comptait investir près <strong>de</strong> 300 M€ (2 milliards<br />
<strong>de</strong> F) pour la mo<strong>de</strong>rnisation du<br />
réseau, dans <strong>les</strong> trois prochaines années.<br />
Autoroute Bucarest-Brasov<br />
Le travaux du premier tronçon <strong>de</strong><br />
l'autoroute Bucarest-Brasov, d'une longueur<br />
<strong>de</strong> 65 km allant jusqu'à Ploiesti, sur<br />
un trajet <strong>de</strong> 170 km, <strong>de</strong>vraient commencer<br />
au cours <strong>de</strong> ce premier trimestre <strong>20<strong>03</strong></strong><br />
et durer quatre ans.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Social<br />
La vague <strong>de</strong> froid <strong>de</strong> décembre (-34° à Buzau) a une<br />
nouvelle fois confronté <strong>les</strong> Roumains aux graves<br />
problèmes <strong>de</strong> chauffage qui existent dans <strong>les</strong> blocs<br />
<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>. Sinistrée par le chômage et la fermeture <strong>de</strong> nombreux<br />
puits, la vallée minière <strong>de</strong> Jiu a particulièrement souffert.<br />
A Târgu Jiu, certains immeub<strong>les</strong> n'ont plus <strong>de</strong> chauffage<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années.<br />
Des famil<strong>les</strong> vivent entassées dans <strong>de</strong>s studios. Les plus<br />
fortunés se sont procurés un poêle à mazout ou à bois. Ce n'est<br />
pas le cas <strong>de</strong> la famille Oprisescu. Mirela, la mère, 32 ans, et<br />
son mari, sont au chômage. A la maison, tout le mon<strong>de</strong> porte<br />
trois à quatre épaisseurs <strong>de</strong> vêtements. La plus petite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
fil<strong>les</strong>, Dalia, dix ans, pleure à cause du froid, ce qui brise le<br />
cœur <strong>de</strong> sa mère qui la réchauffe en la serrant contre sa poitrine.<br />
Elle est déjà tombée trois fois mala<strong>de</strong> en moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
mois. L'école n'est pas un refuge car, elle non plus, n'est pas<br />
chauffée. Les élèves doivent rester dans <strong>les</strong> classes avec leurs<br />
gants et leur caciula sur la tête.<br />
La voisine, Floarea, 33 ans, affirme que <strong>de</strong>puis six ans, le<br />
bloc n'a reçu du chauffage qu'en une occasion. Elle réchauffe<br />
<strong>les</strong> lits avec <strong>de</strong>s bouillottes improvisées. La famille s'est<br />
débrouillée pour acquérir un poêle fonctionnant au bois, mais<br />
il consomme beaucoup; il a fallu en faire rentrer quatre mètres<br />
cubes et regrouper tout le mon<strong>de</strong> dans la chambre <strong>de</strong>s parents<br />
pour pouvoir l'entreposer.<br />
A l'étage inférieur, Ovidiu, 10 ans, apprend ses leçons en<br />
s'enfouissant sous une couette. Ses parents ont bien acheté un<br />
poêle à mazout, mais cela revient trop cher à faire fonctionner<br />
toute la journée, alors il ne marche que 2-3 heures par jour.<br />
Pour tenir chaud dans le lit, sa mère met <strong>de</strong>s briques ou <strong>de</strong>s<br />
Un quart<br />
d'enfants en moins<br />
dans <strong>les</strong> orphelinats<br />
En 2002, le nombre d'orphelins,<br />
enfants abandonnés ou retirés à<br />
leur famille, pris en charge par<br />
l'Etat a diminué <strong>de</strong> un quart, passant <strong>de</strong><br />
57 000 à 43 500. 47 orphelinats ou institutions<br />
publiques spécialisées ont été fermés<br />
ou transformés en services alternatifs et<br />
centres <strong>de</strong> placement familiaux. 18 000<br />
enfants ont ainsi pu rejoindre le système<br />
d'enseignement normal et fréquenter <strong>les</strong><br />
mêmes éco<strong>les</strong> que <strong>les</strong> camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur<br />
âge. 78 maisons et 112 appartements où <strong>les</strong><br />
enfants bénéficient d'un environnement <strong>de</strong><br />
type familial ont été mis en service. Par<br />
ailleurs, le nombre d'assistantes maternel<strong>les</strong><br />
professionnel<strong>les</strong> est passé d'un peu<br />
plus <strong>de</strong> 3000 à près <strong>de</strong> 9000.<br />
Actualité<br />
Les rigueurs <strong>de</strong> l'hiver lèvent un coin<br />
<strong>de</strong> voile sur la détresse <strong>de</strong> nombreuses famil<strong>les</strong><br />
A Târgu Jiu, Dalia, dix ans, pleure <strong>de</strong> froid<br />
pierres sur la cuisinière ainsi que <strong>de</strong>s sacs remplis <strong>de</strong> sel.<br />
"C'est bon pour la santé" assure-t-elle.<br />
Salle à manger transformée en dépôt <strong>de</strong> charbon<br />
Dans la ville voisine <strong>de</strong> Rovinari, 12 000 habitants, 2000<br />
chômeurs et 500 personnes ne vivant qu'avec l'ai<strong>de</strong> sociale,<br />
tous <strong>les</strong> appartements se sont débranchés du chauffage. La<br />
mairie a bien investi 450 000 € (3 MF) pour la construction<br />
d'une centrale thermique et <strong>de</strong> mini-centra<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> blocs,<br />
mais leurs occupants ont refusé <strong>de</strong> s'y brancher, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> ne<br />
pas pouvoir payer <strong>les</strong> factures.<br />
Aurelia, 35 ans, <strong>de</strong>ux fillettes (2 ans et 12 ans), ne se souvient<br />
plus avoir eu du chauffage et <strong>de</strong> l'eau chau<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis<br />
qu'elle a emménagé dans <strong>les</strong> lieux… en 1987. Elle invente<br />
mille choses pour que ses enfants résistent au froid. Chaque<br />
jour, elle leur prépare un bain <strong>de</strong> pieds brûlant, leur confectionne<br />
<strong>de</strong>s boissons chau<strong>de</strong>s aux noix et oignons, réputées<br />
pour guérir la toux et <strong>les</strong> maux <strong>de</strong> gorge. Chaque semaine toute<br />
la famille va chez le mé<strong>de</strong>cin.<br />
Dans la ville toute proche <strong>de</strong> Matasari, la situation est<br />
i<strong>de</strong>ntique. Mais comme ici on est près d'une mine, <strong>les</strong> gens ont<br />
acheté <strong>de</strong>s poê<strong>les</strong> au charbon. Tous <strong>les</strong> adultes <strong>de</strong> la famille<br />
Olteanu - dix personnes au total - sont au chômage. Afin <strong>de</strong><br />
gagner quelques sous, <strong>les</strong> enfants vont dans <strong>les</strong> galeries désaffectées<br />
chercher du charbon pour <strong>les</strong> voisins.<br />
La salle à manger a été réquisitionnée pour le stocker et<br />
tout le mon<strong>de</strong> dort dans la même pièce. La famille est très heureuse<br />
<strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière acquisition : un poêle en terre qui gar<strong>de</strong> la<br />
chaleur plus longtemps.<br />
Des enfants qui grelottent à l'hôpital <strong>de</strong> Lugoj<br />
La température moyenne<br />
ne dépassait pas huit <strong>de</strong>grés, cet hiver,<br />
dans <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’hôpital <strong>de</strong> Lugoj.<br />
Depuis le début <strong>de</strong> l'hiver,<br />
<strong>les</strong> enfants sont transis<br />
<strong>de</strong> froid à l'hôpital municipal<br />
<strong>de</strong> Lugoj où la température<br />
moyenne ne dépasse pas 8° dans <strong>les</strong><br />
sal<strong>les</strong>. Souvent internés pour <strong>de</strong>s<br />
maladies pulmonaires, <strong>les</strong> petits pensionnaires<br />
doivent s'habiller et s'enrouler<br />
dans leurs couvertures la nuit<br />
pour résister à la chute <strong>de</strong>s températures,<br />
le système <strong>de</strong> chauffage étant<br />
alors arrêté.<br />
En pédiatrie, <strong>de</strong>s parents ont<br />
préféré récupérer leurs bébés et <strong>les</strong><br />
soigner à la maison, plutôt que <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />
laisser dans ces lieux. Même le chef <strong>de</strong> service qui avait pris froid a été obligé <strong>de</strong><br />
s'arrêter, début janvier, alors que le thermomètre enregistrait - 26° à l'extérieur. Le<br />
directeur <strong>de</strong> l'hôpital, tout en reconnaissant qu'il fait froid, estime que la situation<br />
n'est pas si grave que çà et la met sur le compte <strong>de</strong> la vétusté <strong>de</strong> l'installation <strong>de</strong><br />
chauffage qu'il a tenté en vain <strong>de</strong> faire réparer ou rafistoler.<br />
22 13
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
BISTRITA<br />
TARGU<br />
IASI<br />
<br />
MURES<br />
ARAD<br />
CLUJ SIGHISOARA<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
PETROSANI<br />
<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
BRAILA <br />
PITESTI <br />
<br />
CRAIOVA<br />
BUCAREST<br />
<br />
CONSTANTA<br />
<br />
22 14<br />
Deux semaines pour<br />
payer son chauffage<br />
Alors qu'en prévision <strong>de</strong> l'hiver il<br />
avait annoncé à l'automne <strong>de</strong>rnier<br />
<strong>de</strong>s mesures pour échelonner <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong>s personnes qui ne pouvaient<br />
pas payer leur chauffage, le<br />
gouvernement a soudainement fait<br />
volte-face, début janvier. En pleine<br />
vague <strong>de</strong> froid (-34° dans l'Ouest du<br />
pays), il a promulgué, discrètement,<br />
une ordonnance d'urgence, exigeant<br />
le paiement <strong>de</strong>s factures dans <strong>les</strong><br />
quinze jours, sous peine d'une majoration<br />
<strong>de</strong> 0,06 % par jour <strong>de</strong> retard<br />
(soit +21% par an). Jusqu'ici, <strong>les</strong><br />
abonnés disposaient d'un délai d'un<br />
mois, auquel s'ajoutait un mois <strong>de</strong><br />
tolérance.<br />
Cette mesure a été prise alors<br />
que <strong>de</strong> nombreuses famil<strong>les</strong> se<br />
débranchent du réseau, faute <strong>de</strong><br />
pouvoir payer - un phénomène<br />
aggravé par la rigueur <strong>de</strong> l'hiver - et<br />
choisissent <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> fortune,<br />
souvent dangereux pour pouvoir<br />
continuer à se chauffer. Dans <strong>les</strong><br />
blocs, certains bons payeurs voient<br />
leur chauffage, dépendant du système<br />
collectif, coupé d'autorité, leurs<br />
voisins ne pouvant s'acquitter <strong>de</strong><br />
leurs <strong>de</strong>ttes.<br />
Cinq acci<strong>de</strong>nts par<br />
jour dans <strong>les</strong> mines<br />
<strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Jiu<br />
En 2002, <strong>les</strong> mines <strong>de</strong> la vallée<br />
<strong>de</strong> Jiu (Petrosani) ont enregistré 18<br />
morts au cours <strong>de</strong> 1204 acci<strong>de</strong>nts du<br />
travail, soit cinq par jour et 158 <strong>de</strong><br />
moins que l'année précé<strong>de</strong>nte. La<br />
principale cause avancée par <strong>les</strong><br />
autorités pour <strong>les</strong> acci<strong>de</strong>nts mortels<br />
est le non-respect <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong><br />
sécurité.<br />
Social<br />
Actualité<br />
Quelques associations roumaines, assez peu nombreuses, tentent <strong>de</strong> venir<br />
en ai<strong>de</strong> aux enfants <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Bucarest, qui se calfeutrent l'hiver dans<br />
<strong>les</strong> réseaux souterrains <strong>de</strong> chauffage, appelés <strong>les</strong> "canale". El<strong>les</strong> leur<br />
apportent <strong>de</strong> la nourriture, <strong>de</strong>s médicaments; certaines tentent <strong>de</strong> mettre sur pied <strong>de</strong>s<br />
cours d'alphabétisation, <strong>de</strong> formation à <strong>de</strong>s métiers comme coiffeurs, couturières,<br />
d'ouvrir un foyer. Mais le découragement <strong>les</strong> guette souvent <strong>de</strong>vant l'inanité <strong>de</strong> leurs<br />
efforts, comme le rapporte le quotidien "A<strong>de</strong>varul" ("La Vérité") dans une enquête<br />
d'un <strong>de</strong> ses journalistes.<br />
"Ces enfants-là, leur journée commence non pas par "bonjour" mais par <strong>de</strong>s<br />
jurons. Quand on leur parle d'aller à l'école, il répon<strong>de</strong>nt insolemment qu'ils ne peuvent<br />
pas parce que leurs intestins feraient trop <strong>de</strong> bruit" confie une bénévole, enchaînant<br />
: "Leur vie est faite d'énormes frustrations, <strong>de</strong> peurs, <strong>de</strong> réactions <strong>de</strong> méchanceté,<br />
d'abrutissement. Les tirer <strong>de</strong> cet univers est très difficile. 75 à 80 % d'entre-eux sont<br />
irrécupérab<strong>les</strong>. Un enfant qui a passé plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans dans la rue est perdu".<br />
Ces associations comptent presque sur <strong>les</strong> doigts <strong>de</strong> la main <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> réussite. "Il<br />
faut une volonté énorme et aussi <strong>de</strong> la chance pour<br />
s'en sortir" constatent-el<strong>les</strong>. "Le gamin doit surtout<br />
échapper à l'influence <strong>de</strong> sa ban<strong>de</strong>, s'en séparer<br />
physiquement, définitivement… sinon, il retournera<br />
immanquablement dans le canal". Des cas heureux<br />
surviennent parfois, comme Florin; un <strong>de</strong> ses<br />
onc<strong>les</strong> a accepté <strong>de</strong> le loger, il a tenté plusieurs fois<br />
<strong>de</strong> rejoindre ses anciens amis mais, à court d'argent,<br />
revenait toujours. Aujourd'hui, il semble stabilisé et<br />
travaille comme "tractoriste" à la campagne.<br />
Apparition d'une <strong>de</strong>uxième génération<br />
qui naît et grandit dans <strong>les</strong> "canale"<br />
Le plus souvent ces tentatives <strong>de</strong> sortir ces<br />
"boschetari" (sans abris) <strong>de</strong> leur enfer se heurtent à<br />
un cercle vicieux. Très rares sont <strong>les</strong> patrons qui<br />
accepteraient <strong>de</strong> <strong>les</strong> embaucher, d'autant plus qu'ils<br />
n'ont pas <strong>de</strong> papiers d'i<strong>de</strong>ntité… or la police ne<br />
donne pas <strong>de</strong> papiers aux jeunes qui n'ont pas <strong>de</strong><br />
domici<strong>les</strong>… et ceux-ci, faute d'argent ne trouvent<br />
pas à se loger.<br />
"Un enfant qui a passé plus <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux ans dans la rue est perdu"<br />
Sauver <strong>les</strong> jeunes sans-domicile<br />
relève <strong>de</strong> la mission impossible<br />
Les canalisations <strong>de</strong> chauffage<br />
constituent un refuge pour<br />
<strong>les</strong> sans-domici<strong>les</strong> pendant l’hiver.<br />
Si quelques uns acceptent <strong>de</strong> <strong>les</strong> engager, le scénario est toujours le même : on<br />
leur confie <strong>de</strong>s travaux pénib<strong>les</strong>, porter <strong>de</strong>s sacs pendant 8-10 heures d'affilée. Le soir,<br />
ils rejoignent leur canal où leurs amis <strong>les</strong> atten<strong>de</strong>nt avec <strong>de</strong>s boissons, <strong>de</strong> la drogue,<br />
<strong>les</strong> sacs plastic remplis <strong>de</strong> vernis qu'ils inhalent et qui leur a donné leur nom, <strong>les</strong><br />
"aurolaci". Le len<strong>de</strong>main matin, au lieu <strong>de</strong> se présenter à 6 h, ils viennent à 10 h et<br />
leur patron <strong>les</strong> met à la porte. En outre, ils auront dû partager avec la ban<strong>de</strong> le maigre<br />
argent gagné.<br />
"On n'aime pas <strong>les</strong> voir, mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pour rien dans<br />
leur situation" se désespère un autre bénévole qui s'alarme <strong>de</strong> l'apparition d'une<br />
<strong>de</strong>uxième génération d'enfants <strong>de</strong> la rue : ceux qui naissent et grandissent dans le<br />
"canal" où leurs encore très jeunes parents ont eux-mêmes vécu ces dix <strong>de</strong>rnières<br />
années. "Sortir une famille du canal et l'empêcher d'y retomber, c'est une mission<br />
impossible. Il faudrait l'énergie <strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> personnes. C'est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s moyens<br />
<strong>de</strong> la Roumanie, maintenant" constate-t-il, désabusé.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Social<br />
Alors qu'avant la "Révolution” <strong>de</strong> 1989 3,6 salariés<br />
cotisaient pour un retraité, cette proportion s'est<br />
dramatiquement inversée, du fait <strong>de</strong> la crise économique<br />
et <strong>de</strong> l'apparition du chômage, ainsi que du laxisme<br />
<strong>de</strong> la réglementation, laquelle a permis à <strong>de</strong> nombreux<br />
employés <strong>de</strong> s'octroyer une retraite très anticipée - dès l'âge <strong>de</strong><br />
50 ans, dans <strong>de</strong> nombreux cas - ou d'obtenir une pension d'invalidité<br />
ou <strong>de</strong> longue maladie, souvent non justifiée.<br />
Ainsi le rapport était-il passé à 1,5 salariés pour un retraité<br />
dès 1997, tombant à la parité en 1999, pour s'établir à 1 salarié<br />
pour 1,6 retraités, en 2002. Dans la Bulgarie voisine, il est<br />
exactement inverse, 1,6 salariés pour 1 retraité.<br />
Aujourd'hui, la Roumanie compte 6,5 millions <strong>de</strong><br />
retraités, 770 000 chômeurs, 3,4 millions d'élèves et 300 000<br />
étudiants. Si l'on ajoute à ces catégories, <strong>les</strong> conjoints ne tra-<br />
D'après <strong>les</strong> statistiques gouvernementa<strong>les</strong>,<br />
le niveau du<br />
chômage a baissé <strong>de</strong> 0,5 %<br />
en un an, s'établissant à 8,1 % <strong>de</strong> la population<br />
active, fin décembre 2002. A cette<br />
époque, la Roumanie comptait 760 000<br />
chômeurs, dont 340 000 femmes (45 %).<br />
Ce sont <strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> l'Ouest du pays et <strong>de</strong><br />
la région <strong>de</strong> Bucarest qui étaient le moins<br />
touchés par ce phénomène : Bihor<br />
(Ora<strong>de</strong>a), 3,1 %, Bucarest (3,2 %), Satu<br />
Mare (3,7 %), Timis (4 %), Arad (5 %),<br />
Ilfov (périphérie <strong>de</strong> Bucarest, 5,4 %), et<br />
L'Italie recrute<br />
<strong>de</strong>s chefs cuisiniers roumains<br />
Mi-janvier à Bucarest, la province italienne d'Udine (près <strong>de</strong><br />
Venise, sur la mer Adriatique), a organisé une présélection<br />
pour recruter trois cent cinquante chefs <strong>de</strong> cuisine roumains,<br />
chefs <strong>de</strong> salle, réceptionnistes, serveurs, femmes <strong>de</strong> chambre, pour la saison<br />
<strong>de</strong> mai à juin. Les candidats <strong>de</strong>vaient avoir au moins <strong>de</strong>ux ans d'expérience<br />
dans le domaine hôtelier, possé<strong>de</strong>r quelques éléments d'italien et d'allemand<br />
(pour le personnel chargé <strong>de</strong> l'accueil). Les personnes retenues <strong>de</strong>vaient<br />
bénéficier <strong>de</strong> cours <strong>de</strong> formation professionnelle et d'italien. Le salaire mensuel<br />
proposé variait <strong>de</strong> 770 à 900 € (5000 à 6000 F), logé-nourri, soit près<br />
<strong>de</strong> dix fois le salaire moyen en Roumanie.<br />
Cette démarche volontariste a pour avantage <strong>de</strong> répondre à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
qui existe, d'y adapter l'offre, et <strong>de</strong> sécuriser <strong>les</strong> personnes embauchées en<br />
leur donnant un statut régulier, contrairement à la France, où dans <strong>les</strong> mêmes<br />
conditions, <strong>les</strong> Roumains doivent travailler le plus souvent <strong>de</strong> manière clan<strong>de</strong>stine<br />
alors qu'on a besoin <strong>de</strong> leur main d'œuvre. Revers <strong>de</strong> la médaille : la<br />
sélection… Rien ne garantit qu'elle se fait davantage sur <strong>de</strong>s critères professionnels<br />
que sur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table, comme cela a été généralement le<br />
cas jusqu'ici.<br />
Actualité<br />
Des statistiques démographiques<br />
inquiétantes : un actif pour cinq non productifs<br />
vaillant pas, <strong>les</strong> personnes ne bénéficiant d'aucune ai<strong>de</strong>, <strong>les</strong><br />
enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> six ans, on arrive à la proportion d'un<br />
Roumain actif acquittant <strong>les</strong> cotisations socia<strong>les</strong> pour cinq<br />
compatriotes non productifs.<br />
Ces déséquilibres démographiques ont <strong>de</strong>s conséquences<br />
sérieuses sur l'avenir <strong>de</strong>s retraites. D'ici à 2<strong>01</strong>4, l'âge <strong>de</strong> cessation<br />
d'activité va être reculé <strong>de</strong> 62 à 65 ans pour <strong>les</strong> hommes,<br />
et <strong>de</strong> 57 à 60 ans pour <strong>les</strong> femmes, comme il avait été déja<br />
annoncé à plusieurs reprises. L'ancien ministre du Travail,<br />
Alexandru Athanasiu, a prédit que si aucune réforme du régime<br />
n'était entreprise, en 2<strong>03</strong>0, le niveau <strong>de</strong>s pensions ne représentera<br />
plus qu'un quart du salaire au lieu <strong>de</strong> la moitié actuellement.<br />
Conscients <strong>de</strong> la gravité du problème, <strong>les</strong> syndicats se<br />
penchent sur <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> création <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> pensions<br />
privés.<br />
Baisse du chômage en 2002, avec un taux moyen <strong>de</strong> 8,1 %<br />
Vrancea (Focsani, 5,7 %).<br />
Parmi <strong>les</strong> départements se situant en<br />
<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la moyenne nationale figurent:<br />
Maramures (Baia Mare, 6,1 %),<br />
Dolj (Craiova, 6,3 %), Arges (Pitesti, 6,4<br />
%), Mures (Târgu Mures, 6,5 %), Giurgiu<br />
et Salaj (Zalau, 6,7 %), Harghita<br />
(Miercurea Ciuc) et Sibiu (7,1 %),<br />
Mehedinti (Turnu-Severin, 7,8 %).<br />
A contrario, <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> chômages <strong>les</strong><br />
plus élevés sont enregistrés dans l'Est et<br />
le Centre du pays : Vaslui (14,7 %),<br />
Galati (14,2 %), Brasov (12,3 %),<br />
Ialomita (Slobozia, 11,5 %), Alba (11,2<br />
%), Vâlcea (Râmnicu Vâlcea, 11 %),<br />
Botosani (10,2 %), Cluj et Gorj (Târgu<br />
Jiu, 10,1 %), Prahova (Ploiesti, 10 %).<br />
Ces chiffres, finalement modérés<br />
pour un pays en transition et au paysage<br />
économique bouleversé, avec <strong>de</strong>s régions<br />
entièrement sinistrées, ne manquent pas<br />
<strong>de</strong> surprendre <strong>les</strong> observateurs. Nombre<br />
d’entre eux se posent la question <strong>de</strong><br />
savoir quelle réalité exacte du chômage<br />
<strong>les</strong> statistiques gouvernementa<strong>les</strong> recouvrent-el<strong>les</strong><br />
?<br />
Première grève<br />
chez Dacia-Renault<br />
Pour la première fois <strong>de</strong>puis qu'il a pris<br />
le contrôle <strong>de</strong> Dacia, en 1999, le<br />
constructeur français Renault a dû<br />
faire face à un mouvement <strong>de</strong> grève dans l'usine<br />
du fabricant automobile roumain, à Pitesti. Les<br />
syndicats réclamaient une augmentation <strong>de</strong><br />
salaire <strong>de</strong> 23 % alors que la direction ne proposait<br />
que 14 %.<br />
Suivant la législation sociale en place, ce<br />
mouvement s'est limité à une première grève<br />
d'avertissement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures, le vendredi 14<br />
février, après qu'elle ait été décidée par <strong>de</strong>ux<br />
tiers <strong>de</strong>s ouvriers syndiqués. Pour améliorer la<br />
productivité, Renault a décidé <strong>de</strong> licencier plus<br />
<strong>de</strong> 11 000 employés sur 27 600 en cinq ans. Le<br />
constructeur s’apprête à sortir un nouveau<br />
modèle appelé à prendre la succession <strong>de</strong>s Dacia<br />
en septembre prochain.<br />
22 15
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 16<br />
SATU MARE<br />
SUCEAVA<br />
BAIA MARE<br />
<br />
<br />
Deux ZALAU<br />
<br />
ORADEA<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
CLUJ<br />
TARGU<br />
MURES<br />
BRASOV<br />
IASI<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
GALATI<br />
<br />
MIZIL<br />
<br />
PITESTI PLOIESTI<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CIUPERCENII NOI<br />
CONSTANTA<br />
<br />
EFORIE <br />
80 000 chiens errants<br />
auraient été<br />
euthanasiés<br />
à Bucarest<br />
En 2000, la campagne d'euthanasie<br />
<strong>de</strong>s chiens errants dans <strong>les</strong> rues<br />
<strong>de</strong> Bucarest, estimés alors à 200 000,<br />
avait provoqué la levée <strong>de</strong> boucliers<br />
<strong>de</strong>s défenseurs <strong>de</strong>s animaux et la<br />
venue sur place <strong>de</strong> Brigitte Bardot.<br />
Deux ans après, la clameur s'est<br />
calmée et l'administration municipale<br />
s'est targuée <strong>de</strong> l'élimination <strong>de</strong> 80<br />
000 chiens (50 000 en 20<strong>01</strong> et un<br />
peu plus <strong>de</strong> 30 000 en 2002), à peine<br />
3 % <strong>de</strong>s animaux capturés ayant été<br />
adoptés. Le coût <strong>de</strong> l'opération a été<br />
<strong>de</strong> 500 000 lei par chien (15 €, 100<br />
F), soit 1,15 M€ (7,5 MF).<br />
Toutefois, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong><br />
<strong>20<strong>03</strong></strong>, la campagne d'élimination a<br />
cessé, à cause <strong>de</strong> la réorganisation<br />
<strong>de</strong>s services municipaux, qui a provoqué<br />
la délégation <strong>de</strong> cette fonction<br />
aux mairies d'arrondissement, ce qui<br />
fait redouter une résurgence du problème.<br />
De leur côté, <strong>les</strong> associations <strong>de</strong><br />
défense <strong>de</strong>s animaux doutent du<br />
bien-fondé <strong>de</strong>s chiffres avancés par<br />
la mairie, l'estimant nettement inférieur…<br />
<strong>les</strong> statistiques citées servant<br />
surtout, à leur avis, à gonfler le coût<br />
<strong>de</strong> l'opération et <strong>de</strong>s sommes qui y<br />
ont été consacrées.<br />
Faits divers<br />
SSociété<br />
Dans le village <strong>de</strong> Ciupercenii Noi, plus personne ne pensait revoir vivants<br />
Ionut et Catalin. En ce début janvier, alors qu'il faisait un froid <strong>de</strong> canard,<br />
tous <strong>les</strong> habitants cherchaient à travers champs et forêts <strong>de</strong>s environs <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux gamins <strong>de</strong> onze ans qui avaient disparu <strong>de</strong>puis quatre jours, après être partis<br />
jouer. Toutes <strong>les</strong> hypothèses avaient été échafaudées, tous <strong>les</strong> coins et recoins du village<br />
passés au peigne fin… sauf un.<br />
La cinquième nuit, un paysan a vu <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux enfants en rêve, tombés dans un trou.<br />
Dès le matin, il s'est dirigé vers le puits désaffecté <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> ses voisins où il <strong>les</strong> a<br />
découverts, transis <strong>de</strong> froids, morts <strong>de</strong> faim et <strong>de</strong> soif, aphones à force d'avoir crié<br />
"Ajutor" ("A l'ai<strong>de</strong>"). "De l'eau, <strong>de</strong> l'eau" ont-ils à peine pu articuler quand, à bout <strong>de</strong><br />
force et <strong>de</strong> résistance, ils ont été sortis <strong>de</strong> leur fâcheuse situation.<br />
Bloqués au fond d’un puits<br />
Tout leur village <strong>les</strong> cherchait<br />
<strong>de</strong>puis quatre jours<br />
gamins sauvés grâce à leur<br />
présence d'esprit… et à Ju<strong>les</strong> Verne<br />
Ionut et Catalin, copains <strong>de</strong> classe, s'étaient donnés ren<strong>de</strong>z-vous pour aller explorer<br />
le puits, <strong>de</strong>venu une grotte dans l'imaginaire <strong>de</strong>s enfants du village qui y <strong>de</strong>scendaient<br />
volontiers à l'ai<strong>de</strong> d'une cor<strong>de</strong>. Mais, manque <strong>de</strong> chance, celle-ci avait cédé<br />
quand ils avaient voulu remonter. Il n'était venu à personne l'idée d'aller inspecter <strong>les</strong><br />
lieux, tenus secrets par <strong>les</strong> enfants. L'un d'entre-eux avait pris son courage à <strong>de</strong>ux<br />
mains pour en parler à sa mère, mais avait reçu en retour une gifle magistrale qui<br />
l'avait dissuadé <strong>de</strong> revenir sur le sujet.<br />
Laissés à leur sort, se cachant mutuellement leur peur, Ionut et Catalin n'ont dû<br />
leur survie qu'à l'application <strong>de</strong>s techniques qu'ils avaient lues dans <strong>les</strong> romans <strong>de</strong><br />
Ju<strong>les</strong> Verne. Economisant leurs forces, ils évitèrent <strong>de</strong> s’époumoner, ne criant qu'à tour<br />
<strong>de</strong> rôle; ils se désaltéraient en recueillant <strong>de</strong>s gouttelettes <strong>de</strong> rosée sur <strong>les</strong> manches <strong>de</strong><br />
leur blouson et se réchauffaient en dormant dans <strong>les</strong> bras l'un <strong>de</strong> l'autre. Ils avaient<br />
réussi à jeter à l'extérieur leurs bottes et leur caciula (bonnet), espérant qu'ils attireraient<br />
l'attention. En vain…<br />
Conduits sains et saufs à l'hôpital, pour récupérer, ils y ont été chaleureusement<br />
réconfortés par <strong>les</strong> infirmières qui ont confectionné un énorme gâteau pour l'anniversaire<br />
<strong>de</strong> Ionut. Pendant ce temps là, tout Ciupercii Noi s'était réuni pour fêter l'événement<br />
à l'occasion d'un "chef monstru" (une fête monumentale) comme le village<br />
n'avait jamais connu jusqu'ici et qui a duré jusqu'au petit matin.<br />
La police <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> Satu<br />
Mare a démantelé un <strong>de</strong>s plus<br />
vieux réseau <strong>de</strong> passeurs entre<br />
la Hongrie et la Roumanie, arrêtant 90 <strong>de</strong><br />
ses membre, dont 28 Roumains, comprenant<br />
entremetteurs, transporteurs, organisateurs<br />
et individus chargés <strong>de</strong> faire franchir<br />
la frontière à travers champs. Le<br />
réseau opérait en <strong>de</strong>ux branches, l'une<br />
spécialisée dans <strong>les</strong> Afghans, Irakiens ou<br />
Iraniens, l'autre dans <strong>les</strong> Vietnamiens,<br />
Somaliens, Africains.<br />
Récupérés à Bucarest, ces clan<strong>de</strong>stins<br />
étaient acheminés nocturnement, en<br />
Un réseau <strong>de</strong> passeurs<br />
démantelé à la frontière hongroise<br />
micro-bus ou en Dacia, vers Cluj et<br />
Zalau, contre la somme <strong>de</strong> 250 € (1650<br />
F). Ils étaient ensuite confiés à <strong>de</strong>s passeurs<br />
après avoir versé à nouveau 300 €<br />
(2000 F). Arrivé en Hongrie, la pègre<br />
locale <strong>les</strong> prenait en charge pour <strong>les</strong> acheminer<br />
vers <strong>les</strong> pays occi<strong>de</strong>ntaux, moyennant<br />
1500 € (10 000 F), somme comprenant<br />
leurs frais <strong>de</strong> séjour en hôtels trois<br />
étoi<strong>les</strong>, la pension, le transport, la<br />
rémunération <strong>de</strong> leurs accompagnateurs.<br />
L'ensemble <strong>de</strong>s membres du réseau<br />
ont été condamnés à un total <strong>de</strong> 834<br />
années <strong>de</strong> prison, soit 9 ans chacun.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Faits divers<br />
Un colonel <strong>de</strong><br />
l'Armée, responsable<br />
<strong>de</strong><br />
la Protection civile pour<br />
le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Brasov, a été<br />
arrêté à la mi-janvier, pris<br />
la main dans le sac, en<br />
pleine nuit, avec <strong>de</strong>ux<br />
complices, en train <strong>de</strong><br />
détourner du carburant<br />
transitant par le réseau<br />
d'approvisionnement <strong>de</strong><br />
la société Petrotrans. Le<br />
gradé avait pratiqué un trou dans une canalisation et s'y approvisionnait<br />
régulièrement pour alimenter la station d'essence<br />
toute proche, appartenant à sa famille. Celle-ci avait été<br />
construite au milieu <strong>de</strong>s blocs, malgré <strong>les</strong> protestations <strong>de</strong>s<br />
riverains, mais avait obtenu toutes <strong>les</strong> autorisations nécessaires…<br />
dont celle <strong>de</strong> la Protection civile.<br />
Ce fait-divers illustre une nouvelle fois un aspect d'un <strong>de</strong>s<br />
trafics <strong>les</strong> plus répandus en Roumanie : celui <strong>de</strong> l'essence et du<br />
gas-oil au détriment <strong>de</strong>s compagnies nationa<strong>les</strong>. Un phénomène<br />
encouragé par le prix atteint par <strong>les</strong> carburants dans le pays,<br />
25 000 lei le litre (0,7 €, 4,70 F… soit l'équivalent <strong>de</strong> 8,5 €,<br />
56 F pour un Occi<strong>de</strong>ntal).<br />
Un souterrain <strong>de</strong> 250 mètres<br />
<strong>de</strong> long, doté <strong>de</strong> l'électricité<br />
Quelques semaines auparavant, c'est un<br />
juriste <strong>de</strong> Mizil qui avait été appréhendé<br />
pour avoir soustrait en <strong>de</strong>ux mois plusieurs<br />
milliers <strong>de</strong> m3 <strong>de</strong> carburant <strong>de</strong> type Euro 3,<br />
<strong>de</strong>stiné à l'exportation, d'une valeur d' un<br />
million d'euros. Ayant monté une société <strong>de</strong><br />
distribution <strong>de</strong> boisson comme couverture,<br />
il en remplissait <strong>les</strong> cuves après s'être branché<br />
sur l'oléoduc tout proche <strong>de</strong> son entreprise, reliant <strong>les</strong> raffineries<br />
<strong>de</strong> Ploiesti au port <strong>de</strong> Constantsa.<br />
Pour ce faire, l'individu avait fait construire un souterrain<br />
<strong>de</strong> 250 mètres <strong>de</strong> long, 1,70 m <strong>de</strong> haut, 1 m <strong>de</strong> large, doté <strong>de</strong><br />
l'électricité, comprenant <strong>de</strong>ux conduits, l'un pour l'essence,<br />
l'autre pour le gas-oil. L'installation aboutissait directement…dans<br />
sa cour et lui permettait <strong>de</strong> remplir une citerne <strong>de</strong><br />
10 tonnes en 8 heures, sous une pression <strong>de</strong> 5 bars. Il ne lui restait<br />
plus qu'à faire effectuer <strong>les</strong> livraisons vers <strong>les</strong> stations-services<br />
ou autres clients par un camion-citerne lui appartenant.<br />
La sécurité du transport était assurée par un policier à bord<br />
<strong>de</strong> sa jeep-Toyota d'une valeur <strong>de</strong> 35 000 € (230 000 F). Un<br />
<strong>de</strong> ses collègues, lui aussi dans le coup, s'était fait construire<br />
une villa <strong>de</strong> 150 000 € (un million <strong>de</strong> F), représentant un<br />
SSociété<br />
Canalisations sauvages branchées<br />
sur <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong>s compagnies pétrolières<br />
Essence à bon compte…<br />
et un trafic <strong>de</strong>venu sport national<br />
Branchement sauvage, archaïque<br />
(en haut, à gauche) ou galerie<br />
sophistiquée (ci-<strong>de</strong>ssus): le vol <strong>de</strong><br />
carburants a pris <strong>de</strong>s proportions inouïes.<br />
siècle <strong>de</strong> son salaire. Quant au juriste, il menait la belle vie…<br />
maison splendi<strong>de</strong>, grosses voitures et pourboires distribués<br />
générreusement à droite et à gauche.<br />
Ni vu, ni connu… 4 M€ détournés<br />
à la barbe <strong>de</strong>s sociétés pétrolières<br />
A Crevedia, près <strong>de</strong> Bucarest, <strong>les</strong> trafiquants s'étaient mis<br />
à quatorze pour installer un détournement sauvage <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
trois kilomètres <strong>de</strong> long, aboutissant en pleine nature, loin <strong>de</strong>s<br />
regards indiscrets. L'achat du seul tuyau <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment avait<br />
coûté 6000 € (40 000 F).<br />
Mais le plus ingénieux <strong>de</strong>s voleurs a été un habitant <strong>de</strong><br />
Constantsa qui a soustrait pour environ 4 M€ (26 MF) <strong>de</strong> carburant<br />
en un an, sans que la société spoliée ne s'en ren<strong>de</strong><br />
compte. Il s'était installé à côté même d'un dépôt <strong>de</strong> Petrotrans<br />
et avait branché plusieurs conduits passant sous la clôture.<br />
L'un approvisionnait une station clan<strong>de</strong>stine où <strong>les</strong> clients pouvaient<br />
venir se servir; un autre aboutissait dans un hangar et<br />
remplissait directement <strong>les</strong> cuves d'un camion, dont le chargement<br />
était caché par <strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> bouteil<strong>les</strong> <strong>de</strong> bière vi<strong>de</strong>s.<br />
Lorsque le plein était fait, celui-ci partait faire sa tournée <strong>de</strong><br />
livraison dans <strong>les</strong> stations services du secteur, à <strong>de</strong>s prix sans<br />
concurrence contre un paiement cash, en liqui<strong>de</strong>.<br />
Fuites entraînant <strong>de</strong>s pollutions<br />
Mais pour un trafic démasqué, combien<br />
continuent à prospérer à travers tout le<br />
pays ? Que <strong>de</strong> tels détournements puissent<br />
avoir lieu à la barbe <strong>de</strong>s sociétés pétrolières,<br />
parfois sans réaction <strong>de</strong> leur part, et<br />
durer aussi longtemps, en dit long sur l'ampleur<br />
<strong>de</strong>s complicités dont ils peuvent<br />
bénéficier. Dans la région <strong>de</strong> Constantsa, la<br />
plus touchée, un seul trafiquant avait été<br />
arrêté au cours <strong>de</strong> l'année 2000 où l'on estime<br />
à au moins 13 000 tonnes le carburant ayant disparu dans<br />
le ju<strong>de</strong>t cette année-là, et à 2000 <strong>les</strong> branchements clan<strong>de</strong>stins.<br />
La seule société Compet SA en a été victime <strong>de</strong> 300, le mois<br />
<strong>de</strong> juillet battant tous <strong>les</strong> records avec 40 installations<br />
trouvées. En outre, aucune enquête mettant en cause <strong>de</strong>s policiers,<br />
gradés ou non, fortement suspectés d'avoir prêté la main<br />
à ces vols, n'avait abouti.<br />
Outre ses répercussions économiques, ce phénomène a<br />
d'autres conséquences. Toujours dans <strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> Constantsa<br />
et voisins, <strong>de</strong>s dizaines d'hectares <strong>de</strong> terrains ont été pollués<br />
par <strong>de</strong>s fuites provenant <strong>de</strong> ces installations sauvages. Près <strong>de</strong><br />
Pitesti, trois trafiquants sont morts asphyxiés à la suite d'un<br />
dysfonctionnement du système qu'ils étaient en train <strong>de</strong> mettre<br />
en place et ayant entraîné <strong>de</strong>s émanations <strong>de</strong> gaz.<br />
22 17
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 18<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
CLUJ<br />
TARGU MURES IASI<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
CONSTANTA<br />
BUCAREST<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
TURNU<br />
SEVERIN PLOIESTI <br />
<br />
Mise en place d'un<br />
nouveau co<strong>de</strong> pénal<br />
Le gouvernement s'apprête à<br />
mettre en place un nouveau co<strong>de</strong><br />
pénal qui répartira <strong>les</strong> faits tombant<br />
sous le coup <strong>de</strong> la loi en délits ou<br />
crimes, suivant leur gravité. Pour <strong>les</strong><br />
premiers, la peine principale sera <strong>les</strong><br />
travaux d'intérêt général, un système<br />
<strong>de</strong> jours-amen<strong>de</strong> étant prévu. Les<br />
délits passib<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison<br />
pourront être transformés en travaux<br />
pour <strong>les</strong> espaces verts.<br />
Rodica<br />
Stanoiu,<br />
ministre<br />
<strong>de</strong> la<br />
Justice.<br />
Les personnes juridiques pourront<br />
être condamnées pour <strong>les</strong> infractions<br />
commises, dissoutes ou suspendues,<br />
cette peine ne s'appliquant<br />
toutefois pas aux partis politiques, à<br />
la presse ou aux syndicats.<br />
Des dispositions nouvel<strong>les</strong> sont<br />
également introduites. L'interdiction<br />
<strong>de</strong> revenir au domicile familial en cas<br />
<strong>de</strong> violences sera étendue aux abus<br />
sexuels commis sur <strong>de</strong>s mineurs y<br />
vivant. Le clonage, l'interception <strong>de</strong>s<br />
communications téléphoniques, <strong>les</strong><br />
agissements arbitraires <strong>de</strong>s fonctionnaires,<br />
le terrorisme, <strong>les</strong> crimes et<br />
délits économiques, industriels, commerciaux,<br />
<strong>les</strong> agissements portant<br />
préjudice aux intérêts financiers <strong>de</strong><br />
l'Union Européenne seront désormais<br />
autant <strong>de</strong> faits justiciab<strong>les</strong>.<br />
Justice<br />
SSociété<br />
La Roumanie ne dispose toujours pas d'une justice indépendante, professionnelle<br />
et efficace"… Tel est le jugement sévère que porte l' "Open<br />
Society Institute" dans un rapport qu'il a remis au gouvernement roumain.<br />
Cet organisme, financé notamment par le milliardaire hongrois George Soros, basé à<br />
Budapest mais ayant <strong>de</strong>s antennes dans plusieurs pays, milite pour l'instauration <strong>de</strong><br />
sociétés ouvertes et démocratiques, une justice transparente, dans <strong>les</strong> Etats en voie <strong>de</strong><br />
développement ou qui ont été privés <strong>de</strong> libertés publiques.<br />
Les rapporteurs estiment que la situation ne s'est pas améliorée l'an passé. A leurs<br />
yeux, le ministère <strong>de</strong> la Justice, dirigée par Rodica Stanoiu, exerce une autorité et une<br />
surveillance injustifiées et démesurées sur l'administration et <strong>les</strong> juges eux-mêmes, l'évolution<br />
<strong>de</strong> leur carrière. Les inspecteurs du ministère font <strong>de</strong> l'ingérence manifeste,<br />
utilisent sans vergogne leur pouvoir d'influence, s'arrogent un droit <strong>de</strong> regard sur <strong>les</strong><br />
affaires en cours et le travail <strong>de</strong>s magistrats. Le Procureur général utilise sans limite la<br />
procédure <strong>de</strong> recours extraordinaires pour faire invali<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong> justice définitives<br />
qui ne lui conviennent pas, cette pratique se développant même.<br />
Le rapport relève aussi que <strong>les</strong> magistrats, nommés normalement par le Chef <strong>de</strong><br />
l'Etat sur proposition du Conseil Supérieur <strong>de</strong> la<br />
Magistrature, le sont en fait sur recommandation du<br />
ministère <strong>de</strong> la Justice qui a fait <strong>de</strong> cet organisme une<br />
annexe. Il est ainsi noté qu'il suffit d'une ancienneté <strong>de</strong> cinq<br />
années dans <strong>de</strong>s domaines concomitants à la Justice pour<br />
être admis au concours <strong>de</strong> magistrats, et au-<strong>de</strong>là, on peutêtre<br />
dispensé d'examen. En outre, <strong>les</strong> parlementaires, le<br />
ministre <strong>de</strong> la Justice, <strong>les</strong> secrétaires d'Etat, <strong>les</strong> employés<br />
du ministère ayant quelques connaissances dans le domaine,<br />
peuvent être nommés directement magistrats. En 2000,<br />
la totalité <strong>de</strong>s 70 nouveaux juges du pays ont été désignés<br />
<strong>de</strong> cette façon, et en 20<strong>01</strong>, 45 sur 53.<br />
77 % <strong>de</strong>s Roumains<br />
n’ont pas confiance dans leurs juges<br />
La Justice considérée comme<br />
la <strong>de</strong>uxième administration<br />
la plus corrompue du pays<br />
Une réforme qui tar<strong>de</strong> à voir le jour<br />
Tanase Joita, Procureur<br />
général <strong>de</strong> la République,<br />
aura fort à faire<br />
pour redonner <strong>de</strong> la<br />
crédibilité à ses services.<br />
Il en résulte une déprofessionnalisation <strong>de</strong> la fonction qui ne remplit pas sa mission.<br />
Si l'on ajoute à ces éléments que la Justice est considérée par l'opinion publique<br />
comme la <strong>de</strong>uxième administration la plus corrompue du pays, après celle <strong>de</strong>s<br />
douanes, il n'est pas étonnant <strong>de</strong> constater la chute <strong>de</strong> l'estime que lui accor<strong>de</strong> <strong>les</strong><br />
Roumains.<br />
En novembre 1998, ils étaient déjà 62 % à ne pas lui faire confiance, un an plus<br />
tard ce chiffre était passé à 74 % et en novembre 2000, à 77 %. La presse, que Rodica<br />
Stanoiu a tenté <strong>de</strong> mettre au pas en voulant introduire une législation lui interdisant en<br />
fait toute investigation sur la nomenklatura, avec peines <strong>de</strong> prisons à la clé, fait fréquemment<br />
état <strong>de</strong> pots <strong>de</strong> vins, d'affaires arrangées, <strong>de</strong> sentences incompréhensib<strong>les</strong><br />
voire illéga<strong>les</strong>, d'ingérences <strong>de</strong> politiciens ou <strong>de</strong> personnes bien placées au cours <strong>de</strong><br />
l'instruction ou <strong>de</strong>s procès.<br />
La ministre <strong>de</strong> la Justice, dont le mari est également un <strong>de</strong>s plus hauts magistrats<br />
du pays -juge à la Cour Constitutionnelle - a bien promis une réforme s'appuyant sur<br />
une nouvelle loi. Mais, annoncée pour l'été 2002, celle-ci n'a pas encore vu le jour et<br />
s'élabore à l'abri <strong>de</strong>s regards <strong>de</strong>s spécialistes du domaine juridique et <strong>de</strong> la société civile.<br />
Enfin, " Open Society Institute" souligne que le manque <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong> personnel,<br />
<strong>de</strong> locaux <strong>de</strong> la Justice entrave son bon fonctionnement.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Justice<br />
Ioan Stoica et son épouse, Elena, peuvent se frotter <strong>les</strong><br />
mains. Les inventeurs <strong>de</strong> "Caritas", jeu pyramidal<br />
constituant une <strong>de</strong>s plus grosses escroqueries<br />
publiques du XXème siècle en Roumanie, ont vu <strong>les</strong> poursuites<br />
engagées contre eux abandonnées pour raison <strong>de</strong> prescription…<br />
Ainsi en a décidé en <strong>de</strong>rnier recours, la Cour<br />
d'Appel d'Ora<strong>de</strong>a, <strong>les</strong> sept ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> délai accordés par la<br />
loi pour rendre un verdict étant dépassés. Des centaines <strong>de</strong> milliers<br />
<strong>de</strong> personnes, le plus souvent mo<strong>de</strong>stes, avaient été<br />
dépouillées <strong>de</strong> leurs économies.<br />
Procès déplacés, reportés, décisions cassées, grâces, etc…<br />
ont permis au couple d'échapper aux rigueurs <strong>de</strong> la loi, à la<br />
gran<strong>de</strong> colère <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> plaignants dont certains parlent<br />
<strong>de</strong> continuer une action en justice <strong>de</strong>vant la Cour Européenne<br />
<strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Homme <strong>de</strong> Strasbourg.<br />
Les victimes réclamaient 1 M€ à Ioan Stoica, somme très<br />
inférieure à cel<strong>les</strong> qui ont été englouties dans "Caritas" à travers<br />
tout le pays. Finalement, au bout du processus judiciaire,<br />
elle n'auront obtenu que 2900 € (19 000 F), Elena Stoica étant,<br />
elle, condamnée à verser 200 000 lei (6 €, 40 F), amen<strong>de</strong> qui<br />
a été graciée. Ioan Stoica aura effectué, en tout et pour tout, 21<br />
mois <strong>de</strong> prison préventive, une autre peine <strong>de</strong> 6 mois ayant été<br />
gracié. Il déclare vivre aujourd'hui avec sa pension <strong>de</strong> 800 000<br />
lei (25 €, 160 F) et dément avoir <strong>de</strong>s comptes à l'étranger.<br />
Une hystérie collective à travers le pays<br />
Le jeu pyramidal avait débuté en 1990 à Brasov, mais la<br />
ville étant en mauvaise posture financière, Ioan Stoica l'avait<br />
déplacé à Cluj, cité beaucoup opulente dont nombre <strong>de</strong><br />
citoyens s'enrichiront à cette occasion, achetant voitures,<br />
appartements. Cette opération se déroula sous le regard bienveillant<br />
du maire, l'ultra-nationaliste Gheorghe Funar. Pendant<br />
près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans "Caritas" y prospérera, promettant <strong>de</strong>s gains<br />
SSociété<br />
Le jeu pyramidal avait dépouillé <strong>de</strong> leurs<br />
économies <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> Roumains<br />
2900 euros d'amen<strong>de</strong> et 21 mois <strong>de</strong> prison<br />
pour Ioan Stoica, l'inventeur <strong>de</strong> "Caritas"<br />
s'élevant à huit fois leur mise en seulement trois mois à ceux<br />
qui y mettaient leurs fonds. Les premiers déposants, surtout<br />
<strong>de</strong>s Clujois, furent <strong>les</strong> principaux gagnants, comme le veut le<br />
principe boule <strong>de</strong> neige du système pyramidal… jusqu'à l'avalanche<br />
et l'immanquable catastrophe finale.<br />
Le succès du jeu sera vertigineux, provoquant une véritable<br />
hystérie collective à laquelle il était très difficile <strong>de</strong> résister,<br />
à travers un pays qui découvrait tout juste le capitalisme,<br />
l'assimilant à un moyen <strong>de</strong> s'enrichir vite et sans effort.<br />
La passivité du gouvernement<br />
Des centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> petits épargnants, venus <strong>de</strong><br />
toute la Roumanie, firent le déplacement pour confier leurs<br />
mo<strong>de</strong>stes économies; <strong>de</strong>s paysans vendirent leur bétail pour se<br />
constituer un viatique leur permettant <strong>de</strong> jouer; <strong>de</strong>s retraités<br />
apportèrent leur maigre pension; <strong>de</strong>s jeunes mariés gaspillèrent<br />
la dot collectée au cours <strong>de</strong> leurs noces. Certains, sans<br />
argent, empruntèrent; d'autres vinrent avec <strong>les</strong> sommes que<br />
leur avaient remises leur famil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> voisins.<br />
Tous se retrouvèrent à Cluj, dans un univers familier et<br />
qu'ils venaient tout juste <strong>de</strong> quitter : <strong>les</strong> interminab<strong>les</strong> queues.<br />
Elle atteignirent jusqu'à plusieurs jours pour accé<strong>de</strong>r à l'antre<br />
<strong>de</strong> "Caritas" que Ioan Stoica avait fait entourer <strong>de</strong> vigi<strong>les</strong><br />
chargés d'écarter <strong>les</strong> curieux, <strong>les</strong> journalistes et <strong>les</strong> sceptiques…<br />
Tout cela à la barbe du gouvernement (prési<strong>de</strong>nt Ion<br />
Iliescu, Premiers ministres <strong>de</strong> l'époque : Petre Roman, Teodor<br />
Stolojan) qui ne bougea pas et laissa faire <strong>les</strong> choses jusqu'à<br />
l'effondrement du jeu, en septembre 1992.<br />
En 1994, en Albanie, un jeu pyramidal i<strong>de</strong>ntique provoqua<br />
la chute du régime et conduisit à un début <strong>de</strong> guerre civile,<br />
avec <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> morts. En Roumanie, <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong><br />
ressusciter "Caritas" sous une autre forme apparaissent régulièrement.<br />
Mais, cette fois-ci, <strong>les</strong> autorités veillent au grain…<br />
“Moche”... mais généreuse<br />
Vice-championne du mon<strong>de</strong> du 1500 m, Violeta Beclea-Szekely (notre photo) a gagné le<br />
procès en diffamation qu'elle avait intenté à Gabriela Szabo. La multi-championne olympique<br />
avait déclaré que si sa compatriote et rivale, à laquelle une profon<strong>de</strong> inimitié l'oppose,<br />
n'était pas invitée à certains meetings d'athlétisme, ce n'était pas parce qu'elle faisait pression auprès<br />
<strong>de</strong>s organisateurs pour l'évincer, mais parce que ceux-ci estimaient qu'elle était… si lai<strong>de</strong> qu'elle ferait<br />
peur au public! Peu sensible à cette gracieuseté féminine, le tribunal <strong>de</strong> Bucarest appelé à statuer sur<br />
l'affaire, a condamné la belle "Gaby" à verser 5000 € (33 000 F) <strong>de</strong> dommages et intérêts à la "moche" Violeta qui lui en réclamait<br />
150 000 (un million <strong>de</strong> F), ainsi qu'à une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 250 € (1650 F) et aux remboursement <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> procédure.<br />
Ne pas savoir tenir sa langue coûte cher à la championne, déjà condamnée à verser 10 000 € (65 000 F) à l'entraîneuse française<br />
d'origine roumaine, Carmen Hodos, pour avoir soutenu qu'elle se droguait. Du fait <strong>de</strong> l'accumulation <strong>de</strong> ces condamnations figurant<br />
sur son casier judiciaire, Gabriela Szabo ne peut plus prétendre à <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> direction dans l'athlétisme roumain, ni au<br />
sein du Comité Olympique <strong>de</strong> son pays, comme cela se pratique couramment à la fin d'une carrière sportive. Quand à Violeta, qui<br />
n'a jamais pu remporter un titre mondial ou olympique, Gabriela se mettant toujours en travers <strong>de</strong> son chemin, elle a montré que<br />
la vraie beauté,qui comptait, était celle du cœur : la gran<strong>de</strong> championne a décidé <strong>de</strong> remettre son chèque à une œuvre caritative.<br />
22 19
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
CLUJ TARGU<br />
MURES<br />
IASI<br />
PANCOTA<br />
<br />
<br />
<br />
GALATI<br />
TIMISOARA SIBIU BRASOV<br />
<br />
22 20<br />
PITESTI<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
CERNAVODA<br />
<br />
<br />
BUCAREST <br />
CONSTANTA<br />
A peine 4 % du<br />
vignoble en état<br />
<strong>de</strong> produire du vin<br />
Sur <strong>les</strong> pentes <strong>de</strong>s monts Zarand,<br />
première bosses <strong>de</strong>s Apuseni au<br />
pied <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> vient mourir l'immense<br />
et morne plaie hongroise, pousse<br />
<strong>de</strong>puis plus d'un millénaire un<br />
vignoble qui donne <strong>de</strong>s vins <strong>de</strong><br />
moyenne qualité, dont le plus côté<br />
est le Minis, mais qui représentait<br />
une activité importante jusqu'à la<br />
"Révolution". A Pâncota, 380 hectares<br />
étaient plantés en vigne. Avant<br />
le communisme, chaque famille propriétaire<br />
produisait 20 hectolitres,<br />
dont une bonne partie pour sa propre<br />
consommation, soit au total 20 000<br />
hl, auxquels il fallait ajouter la production<br />
industrielle. Blanc, rouge,<br />
cabernet, sauvignon, merlot étaient<br />
<strong>les</strong> cépages du crû, le petit village<br />
<strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>rat (5 km) étant connu pour<br />
son "mustoasa" (issu du moût) blanc,<br />
appelé en Allemagne "Mustafer".<br />
Après 1990, pendant une ou <strong>de</strong>ux<br />
années, l'exploitation a continué.<br />
Puis la coopérative viticole a arrêté<br />
son exploitation. N'étant plus surveillées,<br />
laissées à l'abandon, <strong>les</strong><br />
vignes ont été saccagées, le bois <strong>de</strong>s<br />
cabanes, <strong>les</strong> fils <strong>de</strong>s espaliers, volés,<br />
<strong>les</strong> structures et le matériel ont disparu.<br />
L'Etat <strong>de</strong>vait redistribuer <strong>les</strong> terrains<br />
mais, douze ans après, très<br />
peu <strong>de</strong> titres <strong>de</strong> propriété avaient été<br />
attribués ou restitués, <strong>les</strong> anciens<br />
propriétaires ne se bousculant pas<br />
pour <strong>les</strong> récupérer : replanter la vigne<br />
exige un investissement <strong>de</strong> 20 millions<br />
<strong>de</strong> lei (600 €, 4000 F par hectare)<br />
et rares sont ceux qui en ont <strong>les</strong><br />
moyens. Aujourd'hui, 15 ha sur 380<br />
sont cultivés, soit à peine 4 % du<br />
vignoble.<br />
Mon village<br />
SSociété<br />
Pâncota était fière <strong>de</strong> sa fabrique <strong>de</strong> meub<strong>les</strong>, la première du pays pour l'exportation<br />
à laquelle elle consacrait 98 % <strong>de</strong> sa fabrication. Elle avait été<br />
créée en 1912 par un Français, Marcel Thonet, spécialiste et promoteur du<br />
meuble courbé. Celui-ci avait choisi la petite ville du nord du Banat parce qu'elle se<br />
trouvait sur un nœud routier et ferroviaire, et était <strong>de</strong>venue un important carrefour<br />
commercial avec son marché aux chevaux célèbre dans tout le pays. Au début, la<br />
fabrique comptait une centaine d'employés, travaillant selon le système <strong>de</strong>s 3 x 8,<br />
fabriquant 400 chaises par jour; puis leur nombre grimpa à 250 dans <strong>les</strong> années 20.<br />
L'arrivée <strong>de</strong>s communistes amena sa nationalisation en 1948 où, en hommage au<br />
"grand frère" soviétique, elle prit le nom <strong>de</strong> "Rasaritul" ("Là où le soleil se lève"). Le<br />
développement <strong>de</strong> l'entreprise fut exponentiel. Elle <strong>de</strong>vint la plus gran<strong>de</strong> fabrique <strong>de</strong><br />
meub<strong>les</strong> courbés d'Europe, exporta en Belgique, Suisse, France, Allemagne, Suè<strong>de</strong>.<br />
Les chaises <strong>de</strong> Pâncota étaient connues dans le mon<strong>de</strong> entier. On en trouvait dans<br />
<strong>les</strong> bars en Amérique. Devant le carnet <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s bien rempli, <strong>les</strong> 2100 employés<br />
que l'usine compta durent même travailler le dimanche. Ils venaient <strong>de</strong> toute la région,<br />
par <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> navettes <strong>de</strong> cars et <strong>de</strong> trains.<br />
Un repreneur allemand <strong>de</strong> rêve évincé<br />
au profit d'un cadre <strong>de</strong> l'ancien régime<br />
Après la "Révolution <strong>de</strong> 1989", l'entreprise se transforma en société commerciale<br />
à capital d'Etat,<br />
d é n o m m é e<br />
"Pâncota S.A.",<br />
n'employant plus<br />
bientôt que 1450<br />
personnes. C'était<br />
le début <strong>de</strong> la<br />
déconfiture, laquelle<br />
s'acheva par sa<br />
privatisation, en<br />
1998. Pourtant, à<br />
cette occasion, une<br />
chance exceptionnelle<br />
se présenta<br />
sous la forme d'un<br />
La petite ville du Banat était fière<br />
<strong>de</strong> ses chaises courbées<br />
que l'on trouvait dans le mon<strong>de</strong> entier<br />
A la fabrique <strong>de</strong> meub<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> Pâncota, capitalisme<br />
rime désormais avec Moyen-Age<br />
En 1998, lors <strong>de</strong> sa privatisation, le choix d’un nomenclaturiste<br />
à la place d’une firme alleman<strong>de</strong> sérieuse, condamnait déja<br />
la fabrique <strong>de</strong> meub<strong>les</strong> <strong>de</strong> Pâncota à la déconfiture.<br />
candidat à la reprise allemand qui posa sa candidature lors <strong>de</strong> la mise aux enchères par<br />
le FPS (Fonds <strong>de</strong> Privatisation d'Etat). Cette grosse firme d'Outre-Rhin proposait <strong>de</strong><br />
payer cash l'acquisition, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser l'usine, <strong>de</strong> ne pas procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s licenciements<br />
pendant <strong>les</strong> cinq années à venir et <strong>de</strong> verser <strong>de</strong>s salaires moyens nets <strong>de</strong> 3 millions <strong>de</strong><br />
lei (90 €, 600 F). Un rêve dans une Roumanie où l'économie s'était effondrée!<br />
Mais <strong>les</strong> Allemands eurent sans-doute le tort <strong>de</strong> ne pas avoir "le geste qu'il faut"<br />
et la décision traîna en longueur sous l'influence d'un autre repreneur potentiel qui<br />
leur souffla l'affaire. Celui-ci, ancien haut fonctionnaire <strong>de</strong> Bucarest, chargé sous le<br />
communisme <strong>de</strong> l'exportation <strong>de</strong>s meub<strong>les</strong> roumains et qui, bénéficiant <strong>de</strong> ses<br />
connaissances, s'était reconverti dans le capitalisme, avait déjà acquis une entreprise à<br />
Bacau. Avec tout "son savoir-faire", il racheta la fabrique <strong>de</strong> Pâncota pour 2,5 milliards<br />
<strong>de</strong> lei… alors qu'elle était estimée à 15 milliards <strong>de</strong> lei.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe SSociété<br />
Un milliers <strong>de</strong> licenciés<br />
qui vivent <strong>de</strong>s légumes <strong>de</strong> leur jardin<br />
Quatre ans plus tard, alors que son nouveau propriétaire<br />
n'est venu sur <strong>les</strong> lieux que 3-4 fois, l'entreprise touche le fond.<br />
En un mois, elle ne fabrique plus que ce qu'elle faisait en un<br />
jour. Sa réputation a chuté, car ses meub<strong>les</strong> sont mélangés avec<br />
ceux <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Bacau, dont la<br />
qualité est moindre. La gestion a<br />
été déplorable et apparaît louche.<br />
L'usine vend sa production à l'entreprise<br />
d'import-export <strong>de</strong> la<br />
femme du propriétaire, qui touche<br />
ainsi au passage une commission<br />
<strong>de</strong> 7 %, ce qui lui permet <strong>de</strong> minorer<br />
son bilan et <strong>de</strong> payer moins <strong>de</strong><br />
taxes.<br />
Plus d'un millier d'employés<br />
ont été licenciés et il n'en reste<br />
plus que 250. Les autres ont touché<br />
le chômage pendant neuf mois<br />
et vivent désormais le plus sou-<br />
vent avec ce que peuvent leur rapporter leurs champs ou leur<br />
jardin. Car il est pratiquement impossible <strong>de</strong> retrouver du travail<br />
dans la région. Des <strong>de</strong>ux mastodontes qui permettaient<br />
autrefois d'assurer le plein emploi, l'un, le combinat chimique<br />
<strong>de</strong> Vladimirescu, pollueur patenté du secteur, a fermé ses<br />
portes, l'autre, le fabricant <strong>de</strong> wagons UVA d'Arad, <strong>de</strong>venu<br />
ASTRA, a réduit ses effectifs <strong>de</strong> 15 000 à 1000 ouvriers.<br />
Des bons d'alimentation en guise <strong>de</strong> salaire<br />
Les chanceux qui sont restés ne sont pourtant pas mieux<br />
lotis. Alors que le salaire mensuel net minimum était <strong>de</strong> 1,750<br />
millions <strong>de</strong> lei (53 €, 350 F), l'année <strong>de</strong>rnière, ils ne touchaient<br />
que 500 000 lei (15 €, 100 F), non pas en espèces, mais sous<br />
forme <strong>de</strong> bons d'achats négociab<strong>les</strong> seulement dans 3 ou 4<br />
magasins alimentaires <strong>de</strong> Pâncota et uniquement pour <strong>de</strong> la<br />
nourriture. Pas question d'y acheter <strong>de</strong> la bière, du vin, du<br />
tabac, ni d'essence, pas plus que d'aller faire <strong>de</strong>s courses à<br />
Arad, où cette "monnaie <strong>de</strong> singe" n'est pas reconnue.<br />
Normalement, ces employés auraient dû recevoir 22 bons <strong>de</strong><br />
45 000 lei, mais l'entreprise ne leur en délivre que dix. En<br />
outre, ce système <strong>les</strong> humilie en <strong>les</strong> réduisant à l'état <strong>de</strong>s nécessiteux<br />
dont on surveille <strong>les</strong> dépenses.<br />
L'Inspection du Travail d'Arad ne trouve rien à redire.<br />
N'est-elle pas assez curieuse ? Lors <strong>de</strong> sa venue dans la commune<br />
pour enquêter sur une firme italienne <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong><br />
vêtements, un inspecteur n'a pas remarqué que <strong>les</strong> cotisations<br />
chômage et retraite <strong>de</strong>s employés n'étaient pas acquittées. Il est<br />
reparti <strong>les</strong> mains vi<strong>de</strong>s… et le coffre <strong>de</strong> sa voiture plein <strong>de</strong><br />
vêtements. Depuis l'entreprise a fermé ses portes et le personnel<br />
ne peut pas toucher le chômage, faute d'avoir cotisé.<br />
"Ceux qui ne sont pas contents prennent la porte"<br />
Avant d'en arriver à avoir leur salaire versé sous forme <strong>de</strong><br />
saucisses ou <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre, <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> la fabrique<br />
<strong>de</strong> meub<strong>les</strong> ont vu leur condition empirer. Ils ont perdu la<br />
"prime pour <strong>les</strong> 3 x 8", du fait <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> l'activité; puis ce<br />
fut le tour <strong>de</strong> la "prime <strong>de</strong> pénibilité" (20 % du salaire), versée<br />
pour le déchargement <strong>de</strong>s camions, suspendue parce que le<br />
patron avait déclaré ne plus avoir d'argent.<br />
La "prime <strong>de</strong> nocivité" (20 %) a été également supprimée.<br />
Elle représentait 400 000 lei ( 12 €, 80 F) par mois et était justifiée<br />
par l'importante pollution<br />
qui règne dans <strong>les</strong> ateliers du fait<br />
du traitement du bois et <strong>de</strong> son<br />
ponçage à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> papier <strong>de</strong><br />
verre, lequel soulève un nuage<br />
permanent <strong>de</strong> poussière, amenant<br />
<strong>de</strong> nombreuses tuberculoses, <strong>de</strong>s<br />
emphysèmes. Des maladies oculaires<br />
sont également provoquées<br />
par la pulvérisation <strong>de</strong> laques, et<br />
<strong>les</strong> ouvrières qui <strong>les</strong> subissent ont<br />
<strong>les</strong> yeux qui pleurent. Les nou-<br />
La vente <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> leurs jardins,<br />
ici dans la rue principale <strong>de</strong> Pâncota, permet<br />
à <strong>de</strong> nombreux chômeurs <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> survivre.<br />
veaux embauchés mettent plusieurs<br />
mois à s'habituer aux<br />
o<strong>de</strong>urs épouvantab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s lieux<br />
et présentent souvent <strong>de</strong>s réactions d'allergie sur <strong>les</strong> bras.<br />
Pour autant, l'Inspection du Travail n'a rien remarqué. Elle<br />
était venue constater <strong>les</strong> faits à la reprise du travail, un lundi<br />
matin, alors que la fabrique n'avait pas fonctionné pendant tout<br />
le week-end. "Pas <strong>de</strong> pollution, pas <strong>de</strong> prime" a donc décidé la<br />
direction, se basant sur le rapport <strong>de</strong> l'inspecteur, provoquant<br />
un mouvement <strong>de</strong> révolte qu'elle a vite endigué : "Ceux qui ne<br />
sont pas contents, prennent la porte".<br />
Fatalisme <strong>de</strong>vant la retraite qui s'envole<br />
En juin <strong>de</strong>rnier, une autre ombre est venue noircir le<br />
tableau. Un vieil ouvrier s'est rendu compte qu'il lui manquait<br />
<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> cotisation pour le supplément retraite. Un ancien<br />
chef-comptable, qui a disparu <strong>de</strong> la circulation <strong>de</strong>puis, avait<br />
omis <strong>de</strong> <strong>les</strong> verser pour quelques 800 employés sur une pério<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> 25 ans, leur réservant sans-doute une autre <strong>de</strong>stination.<br />
Aujourd'hui, <strong>les</strong> personnes lésées se retrouveront, au moment<br />
<strong>de</strong> leur cessation d'activité, avec 28 annuités au lieu <strong>de</strong>s 35<br />
exigées pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Leur pension<br />
ne sera plus que <strong>de</strong> 900 000 lei (27 €, 180 F) au lieu <strong>de</strong>s<br />
1,4 millions <strong>de</strong> lei (42 €, 280 F) auxquels el<strong>les</strong> ont droit, perdant<br />
ainsi 36 % d'un futur revenu qui, complet, ne leur permettrait<br />
déjà pas <strong>de</strong> subsister.<br />
La nouvelle a suscité un vent <strong>de</strong> panique à la fabrique. Les<br />
employés se sont précipités dans le bureau du personnel pour<br />
consulter leur carnet <strong>de</strong> travail, où sont consignés tous <strong>les</strong> éléments<br />
ayant trait à leur carrière. Ils ont été éconduits sans pouvoir<br />
y avoir accès.<br />
La mouvement <strong>de</strong> colère s'est arrêté là, le fatalisme l'emportant.<br />
Les plus jeunes comptent sur <strong>les</strong> années à venir pour<br />
trouver un moyen <strong>de</strong> combler ce manque à gagner. Les anciens<br />
se sont retrouvés seuls, découragés à l'avance, à l'idée d'aller<br />
intenter un procès à Arad, bien que dans le cadre <strong>de</strong> la législation<br />
du travail, cette procédure soit entièrement gratuite.<br />
Marian Munteanu<br />
21
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22<br />
BAIA<br />
<br />
MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU IASI<br />
<br />
ARAD CLUJ<br />
MURES<br />
<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
BACAU <br />
BRASOV<br />
TIMISOARA<br />
CPL<br />
MUSCEL<br />
PITESTI <br />
GALATI<br />
BRAILA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
"Te casse pas la tête,<br />
çà marche comme çà"<br />
Berlines, breaks, pick-up ou<br />
camionnettes… on voit encore bon<br />
nombre <strong>de</strong> Dacia circuler. Très populaires<br />
et accessib<strong>les</strong> au plus grand<br />
nombre, el<strong>les</strong> sont aussi employées<br />
comme charrettes, transportant<br />
cochons, poulets, bottes <strong>de</strong> foin, bois.<br />
La reprise <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Pitesti par<br />
Renault, en 1999, n'a pas conduit à<br />
toutes <strong>les</strong> améliorations attendues,<br />
leurs acquéreurs <strong>de</strong>vant se montrer<br />
bricoleurs et la finition laissant à désirer.<br />
"Te casses pas la tête, çà marche<br />
comme çà !" dit-on en Roumanie.<br />
La marque a sorti <strong>de</strong>ux modè<strong>les</strong><br />
un peu plus élaborés, avec moteur<br />
Renault, la Dacia SuperNova (5000<br />
€, 33 000 F), et un pick-up pour <strong>les</strong><br />
petits entrepreneurs (6000 €,<br />
40 000 F), mais elle doit faire face à<br />
la ru<strong>de</strong> concurrence <strong>de</strong>s voitures<br />
d'occasion venues <strong>de</strong> façon plus ou<br />
moins léga<strong>les</strong> <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'UE. Ces<br />
véhicu<strong>les</strong> beaucoup plus fiab<strong>les</strong> et<br />
confortab<strong>les</strong> séduisent <strong>de</strong> plus en<br />
plus <strong>de</strong> Roumains qui peuvent s'offrir<br />
une Golf ou une Passat Volkswagen<br />
pour le prix d'une Dacia neuve.<br />
Les marques françaises, Renault,<br />
Peugeot, Citroën, sont présentes en<br />
Roumanie, mais moins appréciées<br />
parce que leurs prix sont plus élevés<br />
et, aux yeux <strong>de</strong>s Roumains, leur<br />
mécanique est plus compliquée que<br />
celle <strong>de</strong>s voitures alleman<strong>de</strong>s.<br />
Dacia-Renault <strong>de</strong>vrait se rattraper<br />
avec la X 90, à 5000 € qu'il s'apprête<br />
à sortir <strong>de</strong> son usine <strong>de</strong> Pitesti. Le<br />
lancement <strong>de</strong> cette voiture entièrement<br />
différente, mo<strong>de</strong>rne et "écobasique",<br />
la moins chère du mon<strong>de</strong>, est<br />
prévu cet automne, à l'occasion, du<br />
salon automobile <strong>de</strong> Bucarest .<br />
<br />
<br />
<br />
TULCEA<br />
Vie quotidienne<br />
SSociété<br />
Lancée en 1968, la Renault 12 roumaine<br />
est entrée vivante dans la légen<strong>de</strong><br />
Au milieu <strong>de</strong>s années 60, Ceausescu s'était mis en tête <strong>de</strong> montrer la puissance<br />
économique <strong>de</strong> son régime en se lançant dans la construction d'une<br />
petite voiture, <strong>les</strong> grosses limousines soviétiques, Volga ou Tcheika, ne<br />
correspondant pas aux aspirations populaires. Une certaine tradition existait dans le<br />
pays mais, jusque là, la production se limitait à la fabrication <strong>de</strong> 4x4, <strong>les</strong> IMS, ancêtres<br />
<strong>de</strong>s ARO <strong>de</strong> nos jours, à Câmpulung Muscel, et à celle <strong>de</strong> camions et <strong>de</strong> tracteurs à<br />
Brasov, le tout sous licence soviétique, une bonne partie <strong>de</strong> ces véhicu<strong>les</strong> y étant<br />
exportés.<br />
Ceausescu se tourna vers <strong>de</strong>s fabricants occi<strong>de</strong>ntaux. Toyota semblait le mieux<br />
placé, mais la pression <strong>de</strong>s pays européens, qui redoutaient l'irruption <strong>de</strong>s Japonais sur<br />
leur marché, aurait décidé le "Conducator" a opté pour Renault. Une usine a donc été<br />
construite à Pitesti, avec l'ai<strong>de</strong> du constructeur français. La fabrication a débuté en<br />
1968 avec la Dacia 1100, inspirée <strong>de</strong> la R8, dont le premier exemplaire fût remis à<br />
Ceausescu et qui se trouve exposé aujourd'hui dans le hall <strong>de</strong> l'usine.<br />
Des carrosseries qui rouillaient trois-quatre ans après l'achat<br />
La marque prit son envol au tout début <strong>de</strong>s années 70 quand, en même temps<br />
qu'en France, sortait la Dacia 1300, en fait la R 12, une voiture dont rêvaient tous <strong>les</strong><br />
Roumains, séduits par son élégance, sa maniabilité, son confort, sa mécanique assez<br />
simple. Les premières séries<br />
furent achetées, comme <strong>de</strong><br />
juste, par la haute et moyenne<br />
nomenklatura. Il fallait<br />
débourser à l'époque 70 000<br />
lei, soit cinq ans <strong>de</strong> salaire. La<br />
qualité était assez bonne car,<br />
au début, ce modèle était produit<br />
sous la surveillance et<br />
avec l'assistance technique<br />
<strong>de</strong>s spécialistes français.<br />
Au fil <strong>de</strong>s années, la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'est faite <strong>de</strong> plus en<br />
plus forte… alors que la qua-<br />
lité commençait à baisser, Renault ayant cessé sa collaboration en 1978. Les carrosseries<br />
rouillaient trois-quatre ans après l'achat. Sont apparus alors une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
tôliers-carrossiers - on en comptait un pour cent Dacia ! - qui firent <strong>de</strong>s prodiges et<br />
<strong>de</strong>meurent encore aujourd'hui <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> experts.<br />
Ils <strong>de</strong>vaient procé<strong>de</strong>r à l'"antiphonage" qui consiste à découper la tôle pourrie, en<br />
sou<strong>de</strong>r une neuve au chalumeau, peindre en <strong>de</strong>ssous avec du mastic puis avec <strong>de</strong> la<br />
peinture résistante à l'eau, et finalement repeindre toute la carrosserie.<br />
Une telle réparation exige <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à quatre semaines et, <strong>de</strong> nos jours, coûte entre<br />
500 et 800 € (3300-5300 F). Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, il faut faire attention<br />
aux escrocs qui bouchent <strong>les</strong> trous <strong>de</strong> rouille avec du mastic, voire du papier toilette,<br />
recouverts <strong>de</strong> peinture ou <strong>de</strong> vernis.<br />
La fierté <strong>de</strong> la famille<br />
La saga <strong>de</strong>s Dacia<br />
Le sens pratique <strong>de</strong>s Roumains <strong>les</strong> a amenés<br />
à inventer un usage multi-fonctions pour leur Dacia.<br />
De nos jours, la Dacia 1300 est <strong>de</strong>venue la voiture <strong>de</strong> la classe moyenne, celle qui<br />
gagne autour <strong>de</strong> 100 € par mois. S'acheter un véhicule neuf n'est pas aussi facile que<br />
çà. Une Dacia coûte entre 3000 et 5000 € (20 000-33 000 F), ce qui est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s<br />
possibilités <strong>de</strong> l'énorme majorité <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>. On n'en vend d'ailleurs qu'à peine 60<br />
000 par an dont 40 000 voitures <strong>de</strong> tourisme.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Autrefois, la voiture était un objet <strong>de</strong> fierté pour toute la<br />
famille et celle-ci mobilisait l'ensemble <strong>de</strong> ses moyens pour<br />
pouvoir effectuer l'acquisition.<br />
Vers 1980, un système <strong>de</strong> crédit - nouveauté pour le régime<br />
- avait été mis en place par la Caisse d'Epargne. Il fallait<br />
déposer 50 % du prix du véhicule<br />
et payer le reste en mensualités<br />
pendant trois ans… temps<br />
minimum d'ailleurs nécessaire à<br />
sa livraison. Avec le reçu <strong>de</strong> la<br />
Caisse d'Epargne, on se rendait<br />
au service commercial <strong>de</strong> Dacia<br />
qui attribuait un numéro d'ordre,<br />
pour la comman<strong>de</strong>. Il ne restait<br />
plus qu'à patienter…<br />
Une blague <strong>de</strong> l'époque<br />
voulait que lorsque le ven<strong>de</strong>ur<br />
avait fixé la date <strong>de</strong> livraison,<br />
donc plusieurs année plus tard,<br />
l'acheteur se fasse préciser si<br />
celle-ci <strong>de</strong>vait se faire le matin<br />
ou l'après-midi… le plombier<br />
<strong>de</strong>vant passer réparer l'évier <strong>de</strong> la cuisine ce jour-là.<br />
Les Dacia noires <strong>de</strong> la Securitate redoutées<br />
Bien sûr, il existait <strong>de</strong>s passe-droits. Les comités départementaux<br />
du parti communiste approuvaient pour la nomenklatura<br />
locale l'achat immédiat d'une Dacia. Les <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table<br />
existaient aussi pour faire raccourcir <strong>les</strong> délais.<br />
Les Roumains redoutaient par <strong>de</strong>ssus-tout <strong>les</strong> Dacia<br />
noires. Voitures soli<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> bonne qualité, el<strong>les</strong> n'étaient pas<br />
<strong>de</strong>stinées à la population mais à l'appareil d'Etat, au parti communiste,<br />
à la police et à la Securitate. Toujours vers 1980, une<br />
Dacia 2000 est apparue réservée à la très haute nomenklatura,<br />
mais dont seulement 200 exemplaires ont été construits. Il<br />
s'agissait en fait <strong>de</strong> la Renault 30 qui arrivait en Roumanie pratiquement<br />
terminée, l'usine <strong>de</strong> Pitesti se contentant <strong>de</strong> monter<br />
<strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> moindre importance comme <strong>les</strong> sièges ou <strong>les</strong><br />
pare-chocs.<br />
La Roumanie exportait aussi - et exporte toujours - <strong>de</strong>s<br />
Dacia <strong>de</strong> meilleure qualité vers divers Etats <strong>de</strong> l'Amérique latine,<br />
la Chine, ou d'autres pays dépourvus <strong>de</strong> constructeurs automobi<strong>les</strong>.<br />
Mais <strong>de</strong>s problèmes apparaissent fréquemment. Une<br />
anecdote voulait que <strong>les</strong> importateurs étrangers lorsqu'ils vérifiaient<br />
leurs lots <strong>de</strong> voitures, démontent <strong>les</strong> portes d'une Dacia<br />
pour <strong>les</strong> remonter sur une autre… et finalement constater que<br />
çà ne marchait jamais. A la décharge <strong>de</strong>s employés du<br />
constructeur : machines, outillage, mou<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> carrosseries<br />
n'avaient pas été changés <strong>de</strong>puis la construction <strong>de</strong> l'usine.<br />
Etre à la fois mécano, électricien, tôlier<br />
Plus le temps passait <strong>de</strong>puis l'apparition <strong>de</strong> Dacia, plus la<br />
qualité s'effondrait. Après la tôle, c'est la mécanique qui<br />
lâchait. Avec la folie <strong>de</strong>s économies à tout prix que le régime<br />
avait décidé <strong>de</strong> réaliser, notamment en important au minimum,<br />
on est allé jusqu'à installer <strong>de</strong>s pièces d'occasion, prises sur<br />
SSociété<br />
d'anciennes voitures, sur <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> neufs. Moteur, boîte <strong>de</strong><br />
vitesse, cardans pouvaient casser au bout <strong>de</strong> seulement 500-<br />
600 km, l'installation électrique ne plus fonctionner. Parfois,<br />
c'est le faisceau électrique qui brûlait sans raison précise… ou<br />
bien <strong>de</strong>s roues se détachaient.<br />
Les problèmes posés par <strong>les</strong><br />
Dacia étaient <strong>de</strong>venus si nombreux<br />
qu'un voyage avec une<br />
telle voiture <strong>de</strong>venait une vraie<br />
aventure. Son conducteur <strong>de</strong>vait<br />
absolument être à la fois, mécano,<br />
électricien, tôlier, et avoir<br />
toujours à bord un minimum<br />
d'outils pour se dépanner : clés,<br />
tournevis, pinces, marteau…<br />
sans oublier <strong>les</strong> indispensab<strong>les</strong><br />
rustines et la colle.<br />
Vu l'état <strong>de</strong>s routes mais<br />
aussi la mauvaise qualité <strong>de</strong>s<br />
pneus, <strong>les</strong> crevaisons étaient - et<br />
sont toujours - si fréquentes,<br />
que la chambre à air, usée, crevait<br />
au passage du moindre trou ou obstacle. L'auteur <strong>de</strong> ces<br />
lignes a crevé sept fois en allant <strong>de</strong> chez lui à Sibiu, distant <strong>de</strong><br />
40 km, et a dû réparer seul en pleine nuit, égrenant tout le chapelet<br />
<strong>de</strong> jurons qu'il connaissait.<br />
C'est ce problème qui a entraîné l'apparition <strong>de</strong> nombreux<br />
"Vulcanizare" (réparateurs <strong>de</strong> pneumatiques) dans toute la<br />
Roumanie. Quant à la suspension, appréciée pour sa soup<strong>les</strong>se<br />
lorsque la voiture est neuve, elle s'abîme vite avec <strong>les</strong> trous.<br />
Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il faut changer<br />
<strong>les</strong> silentblocs, <strong>les</strong> rotu<strong>les</strong> et autres éléments.<br />
Un véhicule fonctionnel transformé en basse-cour<br />
pour ce ven<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> poulets sur un marché du Banat.<br />
Pas regardante pour le carburant<br />
L'apparition <strong>de</strong> fabricants <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange spécifiques<br />
aux Dacia est un phénomène beaucoup plus récent et<br />
grave : produites à moindre coût par <strong>de</strong>s entreprises ayant un<br />
minimum <strong>de</strong> machines, leur qualité est plus que douteuse et<br />
el<strong>les</strong> peuvent conduire à <strong>de</strong>s tragédies à la suite <strong>de</strong> défaillances<br />
du freinage ou <strong>de</strong> la direction, sans parler <strong>de</strong> la pollution<br />
engendrée.<br />
Bon nombre <strong>de</strong> Dacia fument à cause <strong>de</strong> leurs moteurs très<br />
anciens, souvent mal réglés pour consommer le moins possible,<br />
mais aussi à cause <strong>de</strong> la mauvaise qualité du carburant.<br />
On dit que <strong>les</strong> Dacia en acceptent <strong>de</strong> toutes sortes, à l'exception<br />
du gas-oil : gaz liqui<strong>de</strong> sortant <strong>de</strong> la terre, solvants, etc…<br />
Dernier phénomène lié à la "saga” <strong>de</strong> cette voiture : l'apparition<br />
<strong>de</strong> nombreux chauffeurs <strong>de</strong> taxis improvisés - on<br />
serait tenté <strong>de</strong> dire chauffards vu leur manière <strong>de</strong> conduire -<br />
souvent sans autorisation. Il s'agit <strong>de</strong> chômeurs qui ont consacré<br />
leur prime <strong>de</strong> licenciement à l'achat d'une vieille Dacia et<br />
profitent, dans certaines régions, <strong>de</strong> la quasi disparition <strong>de</strong>s<br />
entreprises <strong>de</strong> transport en commun, en faillite. Trente ans<br />
après, ils montrent <strong>de</strong>s prodiges d'inventions et d'astuces pour<br />
continuer à faire rouler leur véhicule, faisant ainsi entrer un<br />
peu plus la Dacia, <strong>de</strong> son vivant, dans sa légen<strong>de</strong>.<br />
Ovidiu Gorea<br />
23
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
24<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
ORADEA MARE<br />
<br />
IASI<br />
<br />
<br />
CLUJ<br />
GHEORGHENI<br />
CHISINEU CRIS <br />
<br />
<br />
M. CIUC <br />
<br />
BACAU<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
<br />
SF GHEORGHE<br />
BRASOV <br />
<br />
TIMISOARA DEVA<br />
FOCSANI<br />
BUZAU <br />
BRAILA<br />
SLOBOZIA<br />
PITESTI <br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
KOSLODUI<br />
Déjà l'hiver du siècle !<br />
Le XXIème siècle n'a beau avoir<br />
que trois ans, il a déjà enregistré un<br />
hiver qui restera dans ses anna<strong>les</strong>.<br />
Après un automne particulièrement<br />
doux, le "général hiver" s'est manifesté<br />
dès <strong>les</strong> premiers jours <strong>de</strong><br />
décembre, sévissant pendant trois<br />
semaines sans discontinuer, l'Ouest<br />
du pays étant relativement épargné.<br />
Des records <strong>de</strong> froid, jamais enregistrés<br />
pour un mois <strong>de</strong> décembre, ont<br />
été atteints : -26° à Bucarest, -34° à<br />
Buzau et Miercurea Ciuc. Cette<br />
offensive a cependant marqué une<br />
trêve entre <strong>les</strong> fêtes <strong>de</strong> fin d'année,<br />
avec un léger redoux (+5°).<br />
Mais dès le 8 janvier, le froid était<br />
reparti <strong>de</strong> plus belle. Même si <strong>les</strong><br />
températures étaient moins<br />
extrêmes, el<strong>les</strong> étaient accompagnées<br />
<strong>de</strong> très forte chutes <strong>de</strong> neige.<br />
La circulation à travers le pays était<br />
rendue extrêmement périlleuse à<br />
cause du verglas. De nombreuses<br />
routes étaient coupées, l'aéroport<br />
d'Arad fermé. L'Ouest, le Sud et la<br />
Moldavie étaient <strong>les</strong> régions <strong>les</strong> plus<br />
touchées. En une semaine, la capitale<br />
enregistrait 400 hospitalisations<br />
pour fractures.<br />
Puis, <strong>les</strong> 13 et 14 janvier, l'Ouest<br />
<strong>de</strong>venait le pôle du froid <strong>de</strong> la<br />
Roumanie, le thermomètre <strong>de</strong>scendant<br />
à -26° à Timisoara et -34° à<br />
Chisineu Chris, entre Arad et<br />
Ora<strong>de</strong>a. Du jamais vu ! Dans <strong>les</strong><br />
semaines suivantes, <strong>les</strong> températures<br />
montraient leurs rigueurs habituel<strong>les</strong>,<br />
entre -5° et -15°, suivant <strong>les</strong><br />
régions, mais repartaient <strong>de</strong> plus<br />
bel<strong>les</strong> vers <strong>les</strong> profon<strong>de</strong>urs à partir<br />
du 7 février (-26° à Focsani), avec<br />
d'importantes chutes <strong>de</strong> neige… hormis<br />
dans <strong>les</strong> stations <strong>de</strong> skiqui se<br />
désespéraient <strong>de</strong> leur absence.<br />
Evénements<br />
SSociété<br />
La fin du XXème siècle marquée par <strong>de</strong>s<br />
phénomènes météorologiques extrêmes<br />
Crues et sécheresse plus dévastatrices<br />
que <strong>les</strong> redoutés tremblements <strong>de</strong> terre<br />
Inondations, sécheresse, pollutions, sont sans-doute moins spectaculaires que<br />
<strong>les</strong> tremblements <strong>de</strong> terre tant redoutés <strong>de</strong>s Roumains; pourtant ils causent<br />
davantage <strong>de</strong> dégâts en terme <strong>de</strong> biens et <strong>de</strong> vies humaines : telle est la conclusion<br />
d'un rapport remis aux autorités sur <strong>les</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> risques<br />
majeurs encourus par la Roumanie. Ainsi y relève-t-on que 52 000 hectares <strong>de</strong> terrains,<br />
principalement en Moldavie, dans la région <strong>de</strong> Buzau et à l'Ouest <strong>de</strong> la<br />
Transylvanie, sont menacés par <strong>de</strong>s glissements <strong>de</strong> terrain. L'érosion <strong>de</strong>s sols affecte<br />
<strong>de</strong>ux tiers du territoire, principalement dans <strong>les</strong> régions montagneuses et vallonnées,<br />
dont 42 % <strong>de</strong>s terres agrico<strong>les</strong> ayant une déclivité supérieure à 5 %. Le déboisement<br />
incontrôlé <strong>de</strong>s forêts a aggravé le phénomène.<br />
Depuis une décennie, <strong>les</strong> crues et inondations <strong>de</strong>s 4000 rivières du pays se sont<br />
répétées selon un rythme <strong>de</strong>venu quasiment annuel, recouvrant 1,3 millions d'hectares<br />
et en menaçant 3,5 millions, affectant une population <strong>de</strong> 500 000 personnes. Les<br />
régions riveraines du Danube sont <strong>les</strong> plus touchées ainsi que le Sud et l'Est du pays -<br />
Câmpia Romana, la Plaine roumaine - qui reçoivent le débit <strong>de</strong>s fleuves Siret, Buzau,<br />
Arges, Ialomita, Olt et Jiu. L'Ouest et la plaine Banato-Crisana sont également affectés<br />
par la montée <strong>de</strong>s eaux du Somes, du Crisuri et du Mures.<br />
La fin du XXème siècle a été marquée par <strong>de</strong>s phénomènes météorologiques<br />
extrêmes, températures excessivement basses (- 37°à Miercurea Ciuc en 2000), accablantes<br />
(+46° à Bucarest, la même année), <strong>de</strong>s précipitations abondantes, <strong>de</strong>s chute <strong>de</strong><br />
neige et <strong>de</strong> grêle d'une gran<strong>de</strong> intensité, <strong>de</strong>s fortes tempêtes et aussi la répétition <strong>de</strong>s<br />
sécheresses. La plaine transylvienne (Târgu Mures), l'Olténie (Craiova), le Baragan<br />
(Slobozia) et, en premier lieu la région <strong>de</strong> Calafat, sont <strong>les</strong> plus exposés avec <strong>de</strong>s<br />
sécheresses s'étendant sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à quatre ans.<br />
Un périmètre <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> 70 km<br />
autour <strong>de</strong> la centrale bulgare <strong>de</strong> Kozlodui<br />
Même si <strong>les</strong> risques d'un acci<strong>de</strong>nt nucléaire ne sont estimés qu'à une chance sur<br />
100 000, ils n'en concernent pas moins plusieurs régions du pays. La centrale nucléaire<br />
bulgare <strong>de</strong> Kosloduy, sur <strong>les</strong> rives du Danube, à la technologie soviétique dépassée,<br />
apparaît comme la menace la plus sérieuse. En cas <strong>de</strong> problème grave, une zone d'évacuation<br />
<strong>de</strong> la population portant sur 70 km serait mise en place et sept ju<strong>de</strong>ts<br />
seraient concernés. Un grave problème à la centrale <strong>de</strong> Cernavoda, qui bénéficie d'une<br />
technologie canadienne plus mo<strong>de</strong>rne, entraînerait l'instauration d'un périmètre <strong>de</strong><br />
sécurité <strong>de</strong> 10 km et affecterait partiellement 3 ju<strong>de</strong>ts. Le Danube et son <strong>de</strong>lta seraient<br />
touchés. Il existe <strong>de</strong>s réacteurs moins importants, mais dont on ne peut exclure totalement<br />
l'absence <strong>de</strong> risques, à Pitesti, Mioveni et Bucarest, Magurele. 610 autres installations<br />
peuvent provoquer <strong>de</strong>s radiations, mais cel<strong>les</strong>-ci concernent essentiellement<br />
leur personnel.<br />
Un autre danger a été pris en compte : le risque d'acci<strong>de</strong>nts chimiques qui s'est fortement<br />
accru <strong>de</strong>puis la "Révolution" avec la désorganisation du milieu industriel, le<br />
stockage <strong>de</strong> produits dangereux <strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>s usines qui ont fermé. Plus <strong>de</strong> 140 sites<br />
à risques ont ainsi été repérés à travers tout le pays, menaçant une population estimée<br />
à 3 millions <strong>de</strong> personnes. Enfin, <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> pollution par hydrocarbures touchent<br />
principalement la côte <strong>de</strong> la Mer Noire et le Danube avec, cependant, l'apparition d'un<br />
épiphénomène : le détournement <strong>de</strong> carburant par le pompage sauvage <strong>de</strong>s oléoducs<br />
et réseaux <strong>de</strong> distribution qui entraîne fréquemment l'inondation <strong>de</strong>s terrains à la suite<br />
<strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong>s branchements <strong>de</strong> fortune.<br />
Pour faire face à l'ensemble <strong>de</strong> ces situations, la Roumanie ne dispose souvent pas<br />
d'une législation adaptée et souffre surtout d'un manque <strong>de</strong> moyens financiers.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Evénements<br />
De tous temps, le pôle du froid en Roumanie s'est<br />
situé dans trois départements du centre du pays,<br />
<strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts à dominance hongroise <strong>de</strong> Covasna<br />
(Sfântu-Gheorghe) et Harghita (Miercurea Ciuc), et celui <strong>de</strong><br />
Brasov… sauf cette année, où ils ont exceptionnellement subi<br />
la "concurrence" du ju<strong>de</strong>t d'Arad, avec -34° enregistrés à<br />
Chisineu-Cris, le 12 janvier.<br />
Dans une dépression, à l'intérieur et au pied <strong>de</strong>s Carpates,<br />
trois communes se disputent la palme <strong>de</strong> l'endroit le plus froid<br />
du pays. Officiellement, celle-ci revient à Intorsura Buzaului<br />
(Covasna), sur la rivière Buzau, à 45 km à l'est <strong>de</strong> Brasov, où<br />
la température est <strong>de</strong>scendue jusqu'à -38,5°, le 24 janvier<br />
1942. Mais aucun <strong>de</strong>s anciens encore en vie ne se souvient<br />
avoir vu <strong>de</strong> thermomètre ce jour là et il n'existait pas <strong>de</strong> station<br />
météo dans <strong>les</strong> environs.<br />
Ici, l'hiver dure six mois. Les habitants <strong>de</strong> la commune,<br />
baptisée "Mica Siberie" ("La petite Sibérie") mettent <strong>les</strong><br />
rigueurs du temps sur le compte du grand tunnel ferroviaire <strong>de</strong><br />
Teliu - le plus long <strong>de</strong> Roumanie, avec 4370 m - creusé par <strong>les</strong><br />
Allemands entre 1924 et 1929, pour permettre la liaison avec<br />
Brasov, et qui provoque d'intenses courants d'air glacé… bien<br />
qu'il soit distant <strong>de</strong> plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, leur<br />
préoccupation par grand froid n'est pas tant <strong>de</strong> se protéger que<br />
<strong>de</strong> pouvoir aller chercher et rentrer le fourrage pour le bétail.<br />
Près <strong>de</strong> 200 jours <strong>de</strong><br />
températures négatives et <strong>de</strong> neige<br />
A Bod, à une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres au nord <strong>de</strong> Brasov,<br />
toujours en plaine, le thermomètre est <strong>de</strong>scendu à -37,5° <strong>de</strong>ux<br />
années consécutives, en 1984 et 1985. Est-ce le froid intense<br />
ou <strong>les</strong> années Ceausescu qui <strong>les</strong> ont fait fuir ? En tous <strong>les</strong> cas<br />
<strong>les</strong> Sasi (Saxons) ont quitté en masse la ville, dont l'activité<br />
principale tournait autour <strong>de</strong> la raffinerie <strong>de</strong> sucre, pour retourner<br />
dans leur Allemagne originelle, après la "révolution" <strong>de</strong><br />
1989. Sur place, on a l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire "l'hiver le plus terrible…<br />
est celui à venir".<br />
Mais le pôle roumain <strong>de</strong>s températures basses se situe sans<br />
SSociété<br />
"L'hiver le plus terrible… est celui à venir"<br />
Au pied <strong>de</strong>s Carpates, une "petite Sibérie"<br />
où le thermomètre approche <strong>de</strong>s moins 40 <strong>de</strong>grés<br />
conteste une centaine <strong>de</strong> kilomètres plus au nord, pas très loin<br />
<strong>de</strong>s gorges du Bicaz. Situées dans une dépression, Gheorgheni<br />
et Joseni enregistrent 175 jours <strong>de</strong> températures négatives par<br />
an - fréquemment en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> -30° - ou éga<strong>les</strong> à 0°, et la<br />
neige y persiste pendant 200 jours. Il n'est pas impossible<br />
d'ailleurs que le record absolu <strong>de</strong> froid ait été enregistré ici<br />
sous Ceausescu, à plusieurs reprises, mais le "Conducator"<br />
aurait donné <strong>de</strong>s consignes pour qu'on n'en fasse pas état…<br />
afin que <strong>les</strong> entreprises ne ferment pas et que <strong>les</strong> ouvriers<br />
continuent à aller travailler.<br />
Les cerisiers en fleurs au mois <strong>de</strong> juillet<br />
Les 58 000 habitants <strong>de</strong> cette vallée où ne poussent guère<br />
que <strong>les</strong> pommes <strong>de</strong> terre et où il n'est pas rare <strong>de</strong> voir <strong>les</strong> paysans<br />
charroyer leurs champs en juin, se réjouissent quand le<br />
thermomètre atteint 20° en août. "Ici, l'été tombe un jeudi<br />
après-midi" ont-ils l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plaisanter… en regardant<br />
fleurir leurs rares cerisiers en juillet. D'ailleurs, la belle saison<br />
n'y est pas exempte <strong>de</strong> mauvaises surprises, avec <strong>de</strong> terrib<strong>les</strong><br />
orages, provoquant <strong>de</strong>s incendies au grand dam <strong>de</strong>s pompiers<br />
dont <strong>les</strong> quatre véhicu<strong>les</strong> ne suffisent plus alors.<br />
Les météorologues mettent ces grands froids sur le compte<br />
d'une inversion thermique. Dépourvue <strong>de</strong> courants et <strong>de</strong><br />
vents, la vallée retient <strong>les</strong> masses d'air sibérien qui stagnent<br />
alors que l'air plus chaud gagne <strong>les</strong> hauteurs. Les habitants en<br />
ont pris leur partie. Dans la région, <strong>les</strong> murs <strong>de</strong>s maisons ont<br />
une épaisseur <strong>de</strong> 70-100 centimètres. On n'y craint pas tant le<br />
froid que <strong>les</strong> secours<br />
qui ne peuvent pas<br />
arriver. Des mala<strong>de</strong>s<br />
meurent faute <strong>de</strong><br />
soins, mé<strong>de</strong>cins et<br />
ambulances étant bloqués<br />
par la neige ou le<br />
verglas.<br />
+ 4,5 <strong>de</strong>grés en moyenne annuelle<br />
D'un autre côté, ces températures extrêmes trempent le<br />
caractère <strong>de</strong>s gens. Première femme au mon<strong>de</strong> à avoir atteint<br />
le Pôle Nord et le Pôle Sud, la même année, Maria Uca<br />
Marinescu est native <strong>de</strong> Gheorghieni. Enfant du pays, la<br />
célèbre exploratrice y a préparé son expédition dans<br />
l'Himalaya. Et puis cela permet <strong>de</strong> se moquer <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> la<br />
capitale qui claquent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts et grelottent dès que le thermomètre<br />
<strong>de</strong>scend <strong>de</strong> quelques <strong>de</strong>grés en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> zéro.<br />
D'ailleurs, sur place, l'avenir semble s'éclaircir : la moyenne<br />
annuelle <strong>de</strong>s températures a été <strong>de</strong> 5,5° en 2002, contre 4,5°<br />
habituellement… ce qui fait dire, très sérieusement, à la<br />
météorologue locale, qu'"à Gheorghieni, on peut constater le<br />
phénomène <strong>de</strong> réchauffement global <strong>de</strong> la planète ".<br />
22 25
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe SSociété<br />
26<br />
BOTOSANI<br />
BAIA <br />
MARE<br />
<br />
SUCEAVA IASI<br />
<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
BACAU<br />
ARAD PLESI CLUJ <br />
<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
<br />
ZALAU<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
Le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong>s jeunes<br />
révélateur d'un avenir<br />
sans perspectives<br />
Valentin, du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Botosani,<br />
s'est pendu dans le grenier <strong>de</strong> sa<br />
maison, le 2 décembre <strong>de</strong>rnier. Il<br />
<strong>de</strong>vait fêter ses 24 ans, six jours plus<br />
tard. Il avait terminé ses étu<strong>de</strong>s<br />
d'ingénieur en informatique et ne<br />
trouvait pas d'emploi. Personne ne<br />
peut expliquer <strong>les</strong> raisons <strong>de</strong> son<br />
geste. Un amour déçu, la peur <strong>de</strong><br />
l'avenir, l'impossibilité <strong>de</strong> partir travailler<br />
à l'étranger ? Le jeune homme<br />
était-il perturbé par <strong>les</strong> messages sur<br />
Internet que lui envoyait un "groupe<br />
satanique", appartenant à ces sectes<br />
aux pratiques démoniaques qui<br />
resurgissent régulièrement en<br />
Roumanie <strong>de</strong>puis quelques années ?<br />
Se résigner à vivre<br />
aux crochets <strong>de</strong>s parents<br />
Malheureusement, le suici<strong>de</strong><br />
apparaît comme un acte auquel trop<br />
<strong>de</strong> jeunes Roumains ont <strong>de</strong> plus en<br />
plus recours. C'est un véritable problème<br />
pour le pays, bien que <strong>les</strong><br />
autorités feignent d'ignorer le phénomène.<br />
Pleins d'espoir à la sortie<br />
<strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s, ces jeunes gens<br />
déchantent vite quand <strong>les</strong> portes <strong>de</strong>s<br />
entreprises se ferment <strong>de</strong>vant eux;<br />
la seule solution est alors <strong>de</strong> tenter<br />
sa chance à l'étranger, ce qui veut<br />
dire abandonner <strong>les</strong> siens et, souvent,<br />
travailler et s'installer dans<br />
l'illégalité. Encore faut-il pouvoir le<br />
faire ! Quand ce n'est pas le cas,<br />
l'horizon paraît totalement bouché. Il<br />
faut se résigner à vivre aux crochets<br />
<strong>de</strong> la famille, renoncer à former la<br />
sienne, à avoir une vie normale.<br />
Alors le désespoir guette et le geste<br />
fatal n'est pas loin.<br />
Evénements<br />
Chassées <strong>de</strong>s forêts par le froid<br />
et la faim, <strong>les</strong> meutes n'hésitent<br />
plus à attaquer <strong>les</strong> habitations<br />
Ion Chirila, 68 ans, et ses <strong>de</strong>ux fils, Traian, 35 ans, et Doru, 32 ans, du village<br />
<strong>de</strong> P<strong>les</strong>i dans <strong>les</strong> Apuseni, ont vécu le réveillon le plus effrayant <strong>de</strong> leur vie.<br />
Comme tous <strong>les</strong> ans, <strong>les</strong> trois bergers avaient pris leurs quartiers d'hiver en<br />
haut <strong>de</strong> la montagne, continuant la tradition d'une vie familiale pastorale. Sur <strong>les</strong> coups<br />
<strong>de</strong> minuit, le père a été réveillé par <strong>de</strong>s hurlements, n'y prêtant cependant guère attention<br />
et <strong>les</strong> mettant sur le compte <strong>de</strong>s aboiements <strong>de</strong>s chiens chargés <strong>de</strong> surveiller la<br />
bergerie et ses 300 moutons, distante d'à peine cent mètres. Aucun loup n'ayant été<br />
signalé dans la région <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, il s'est rendormi en toute quiétu<strong>de</strong> jusqu'à ce<br />
que ces cris plaintifs et lugubres enserrent la maison. Sautant du lit et ouvrant la porte,<br />
il <strong>de</strong>vina dans la nuit <strong>de</strong>s yeux luisants guettant leurs proies. Une meute d'une vingtaine<br />
<strong>de</strong> loups affamés s'apprêtaient à dévorer <strong>les</strong> moutons.<br />
S'habillant sur le champ, et ses fils réveillés, Ion est sorti avec une lampe à pétrole<br />
à la main qui lui a échappé et s'est brisé en tombant. La flamme, en se répandant sur<br />
le sol, a amené un mouvement <strong>de</strong> recul chez <strong>les</strong> loups. Voyant que le feu <strong>les</strong> effrayait,<br />
<strong>les</strong> bergers se sont précipités chez eux, récupérant <strong>de</strong>s draps qu'ils ont enflammés à<br />
l'ai<strong>de</strong> d'un bidon d'une dizaine <strong>de</strong> litres d'essence, <strong>les</strong> faisant tournoyer au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />
leur tête.<br />
Mais le stratagème n'a marché qu'un temps, <strong>les</strong> loups se rapprochant dans <strong>les</strong><br />
espaces vi<strong>de</strong>s. L'idée leur est alors venue <strong>de</strong> mettre le feu aux meu<strong>les</strong> <strong>de</strong> foin. Les trois<br />
hommes y ont tout <strong>de</strong> suite renoncé, car el<strong>les</strong> auraient brûlé trop vite et consommé le<br />
peu <strong>de</strong> carburant à leur disposition.<br />
Ils ont alors disposé régulièrement<br />
<strong>les</strong> pneus usés <strong>de</strong> leur<br />
vieille Aro et <strong>les</strong> ont enflammés.<br />
Après s'être éloignés, <strong>les</strong> loups<br />
sont revenus à la charge, tentant<br />
<strong>de</strong> s'infiltrer dans <strong>les</strong> espaces<br />
libres. L'un <strong>de</strong>s fils s'est emparé<br />
d'un pneu qui finissait <strong>de</strong> se<br />
consumer, l'a fait tourner au-<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong> sa tête et l'a jeté dans leur<br />
direction.<br />
La gerbe d'étincel<strong>les</strong> a effrayé la meute qui a reculé puis, <strong>de</strong>vant la répétition du<br />
stratagème s'est enfuie. Il était quatre heures du matin et <strong>les</strong> trois bergers, auxquels il<br />
ne restait plus qu'un litre ou <strong>de</strong>ux d'essence ont décidé <strong>de</strong> veiller jusqu'à l'aube.<br />
Depuis, <strong>les</strong> loups ne sont plus revenus.<br />
Plusieurs milliers à travers le pays<br />
Un réveillon au clair <strong>de</strong> loup<br />
Dans plusieurs autres ju<strong>de</strong>ts, la recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> loups et la croissance<br />
<strong>de</strong> leur nombre s'est vérifiée à la faveurs <strong>de</strong>s différentes vagues <strong>de</strong> froid qui <strong>les</strong><br />
affament et <strong>les</strong> font sortir <strong>de</strong>s forêts. C'est le cas dans le département <strong>de</strong> Salaj (Zalau),<br />
où <strong>de</strong>s battues organisés par <strong>les</strong> associations <strong>de</strong> chasseurs ont permis d'en tuer une<br />
dizaine. Devant la rigueur <strong>de</strong> l'hiver, <strong>les</strong> loups ne se sont pas contentés <strong>de</strong> dévorer <strong>les</strong><br />
cochons et <strong>les</strong> moutons mais s'en sont pris aussi aux chiens et aux chevaux. Bien, qu'à<br />
priori, ils n'attaquent pas l'homme, <strong>les</strong> paysans ont préféré faire accompagner leurs<br />
enfants à l'école.<br />
Classés en espèce protégée à cause <strong>de</strong>s menaces pesant sur leur perpétuation, <strong>les</strong><br />
loups ont vu leur nombre s'accroître sensiblement ces <strong>de</strong>rniers temps, ce qui a entraîné<br />
la levée <strong>de</strong> l'interdiction <strong>de</strong> <strong>les</strong> chasser et l'instauration d'un quota annuel qui permet<br />
d'en abattre 882 pour la seule année <strong>20<strong>03</strong></strong>… ce qui laisse à penser qu'il en existe plusieurs<br />
milliers à travers le pays, sans doute plus <strong>de</strong> 8000.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Evénements<br />
Comme annoncé mais avec un mois <strong>de</strong> retard (Voir<br />
<strong>les</strong> Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie n° 12), <strong>les</strong> autorités ont<br />
mis en application le nouveau<br />
co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route, fin janvier,<br />
adapté à la réglementation européenne<br />
et comportant comme principale<br />
disposition nouvelle, l'introduction<br />
du permis à points : celui-ci sera<br />
annulé quand un chauffeur aura accumulé<br />
quinze points <strong>de</strong> pénalité, à la<br />
différence du permis français où l'on<br />
retire <strong>les</strong> "bons" points. Parmi <strong>les</strong><br />
aménagements intervenus <strong>de</strong>puis la<br />
publication du premier projet, en mai<br />
<strong>de</strong>rnier, ou <strong>les</strong> précisions apportées, il<br />
faut surtout retenir:<br />
- l'introduction <strong>de</strong> la priorité à<br />
gauche - c'est à dire à celui qui est<br />
déjà engagé - dans <strong>les</strong> giratoires<br />
- la priorité aux véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
transports en commun à l'arrêt, lorsqu'ils<br />
redémarrent<br />
- le durcissement <strong>de</strong>s peines en<br />
cas <strong>de</strong> conduite en état d'ébriété. Le taux admis est toujours <strong>de</strong><br />
0 g par litre <strong>de</strong> sang, mais au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 0,8 g, il <strong>de</strong>vient un délit<br />
punissable d'une peine d'emprisonnement <strong>de</strong> un à cinq ans. Le<br />
conducteur refusant <strong>de</strong> se soumettre à une prise <strong>de</strong> sang<br />
L’Arc <strong>de</strong> Triomphe, copié sur celui <strong>de</strong> Paris.<br />
Bucarest s'enorgueillissait<br />
autrefois <strong>de</strong> son appellation<br />
<strong>de</strong> "Petit Paris" <strong>de</strong> l'Europe<br />
du Sud-Est. Si ce charme a malheureusement<br />
disparu dans le centre <strong>de</strong> la capitale<br />
avec le communisme et <strong>les</strong> bulldozers <strong>de</strong><br />
Ceausescu, il en reste cependant une trace<br />
dans le Nord <strong>de</strong> la cité avec la Place <strong>de</strong><br />
SSociété<br />
Le nouveau co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route est entré en application<br />
Priorité à gauche dans <strong>les</strong> giratoires<br />
et interdiction <strong>de</strong> manifester sur <strong>les</strong> routes<br />
encourt la même peine, tout comme celui qui est sous l'emprise<br />
<strong>de</strong> drogues ou <strong>de</strong> médicaments ayant <strong>les</strong> mêmes effets.<br />
Dorénavant <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins seront tenus<br />
pour responsab<strong>les</strong> s'ils ne signalent<br />
pas à la police <strong>les</strong> automobilistes dont<br />
l'état <strong>de</strong> santé ou psychique ne permet<br />
plus la conduite. En cas d'acci<strong>de</strong>nt<br />
provoqué par leurs patients, ils<br />
encourent <strong>de</strong> un à cinq ans <strong>de</strong> prison…<br />
Toutefois, la réglementation<br />
n'oblige pas <strong>les</strong> mêmes patients à leur<br />
déclarer s'ils sont titulaires ou non du<br />
permis <strong>de</strong> conduire.<br />
Enfin, <strong>les</strong> législateurs qui, lors <strong>de</strong><br />
séjours en France, n'ont dû que<br />
modérément apprécié <strong>les</strong> barrages<br />
<strong>de</strong>s producteurs d'artichauts (légume<br />
inconnu en Roumanie) bretons, <strong>de</strong><br />
melons et abricots du Languedoc-<br />
Roussillon et <strong>de</strong>s transporteurs routiers,<br />
ont également prévu <strong>de</strong>s peines<br />
<strong>de</strong> prison (trois mois à <strong>de</strong>ux ans) pour<br />
toute entrave à la circulation à la suite<br />
<strong>de</strong> grèves ou autres manifestations. Les "progrès " apportés<br />
par le "pays <strong>de</strong>s lumières" dans ce domaine ne semblent pas<br />
avoir convaincu. D'autre part, préfets et maires n'ont plus le<br />
droit aux gyrophares dont certains faisaient un usage abusif.<br />
L’apprentissage <strong>de</strong>s nouveaux tarifs<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table, en cas d’infraction.<br />
Gazdaru, Gardianul, 2 février <strong>20<strong>03</strong></strong><br />
Bucarest veut gar<strong>de</strong>r son côté "Petit Paris"…<br />
au grand mécontentement <strong>de</strong>s automobilistes<br />
l'Arc <strong>de</strong> Triomphe, copiée sur celle <strong>de</strong><br />
Paris, la place Char<strong>les</strong> De Gaulle et la<br />
strada Prezan. Cette ressemblance n'est<br />
pas seulement patronymique, due à la<br />
configuration <strong>de</strong>s lieux ou à la présence<br />
d'un monument prestigieux, elle est liée<br />
aussi au caractère du revêtement <strong>de</strong> la<br />
chaussée : <strong>de</strong>s petits pavés, comme sur<br />
<strong>les</strong> Champs Elysées et sur la place <strong>de</strong><br />
l'Etoile.<br />
Mais cette spécificité ne fait pas du<br />
tout l'affaire <strong>de</strong>s automobilistes qui se<br />
plaignent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années auprès <strong>de</strong> la<br />
mairie et <strong>de</strong> la police : la chaussée est<br />
glissante, dangereuse en cas <strong>de</strong> pluie ou<br />
<strong>de</strong> verglas ; en outre le gel fait éclater <strong>les</strong><br />
joints qui ne sont pas <strong>de</strong> la même qualité<br />
qu'à Paris. Le problème est encore plus<br />
grand place Char<strong>les</strong> De Gaulle, sous<br />
laquelle passe le métro dont la voûte en<br />
béton ne permet pas l'écoulement <strong>de</strong><br />
l'eau, ce qui fait éclater <strong>les</strong> pierres lors<br />
<strong>de</strong>s grands froids.<br />
Bref, <strong>les</strong> lieux sont en travaux tous<br />
<strong>les</strong> trois mois, ce qui entraînent <strong>de</strong>s bouchons<br />
à répétition, <strong>de</strong> l'énervement, une<br />
consommation plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s voitures<br />
et <strong>les</strong> protestations répétées <strong>de</strong>s automobilistes,<br />
<strong>les</strong>quels ont reçu le renfort <strong>de</strong> la<br />
police routière pour exiger <strong>de</strong> la municipalité<br />
que la chaussée soit asphaltée,<br />
arguant également <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions<br />
<strong>de</strong> lei gaspillés à chaque réparation.<br />
Les urbanistes <strong>de</strong> la mairie, soutenus<br />
par le maire qui habite dans le quartier, ne<br />
l'enten<strong>de</strong>nt toutefois pas <strong>de</strong> cette oreille.<br />
Si, après le grand froid <strong>de</strong> décembre (-25°<br />
dans la capitale), ils ont décidé <strong>de</strong> transiger<br />
en recouvrant provisoirement <strong>les</strong><br />
trous <strong>de</strong> bitume, ils ont prévenu que dès<br />
<strong>les</strong> beaux jours, <strong>les</strong> lieux retrouveront<br />
leur aspect <strong>de</strong> "Petit Paris".<br />
27
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
28<br />
SUCEAVA<br />
BAIA<br />
<br />
<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
CACICA<br />
<br />
TARGU<br />
IASI<br />
<br />
ARAD<br />
MURES<br />
CLUJ BACAU <br />
<br />
VASLUI<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
Pologne ou Bucovine:<br />
<strong>les</strong> mêmes<br />
malédictions<br />
En Bucovine, <strong>les</strong> "Poloni" n'ont pu<br />
pour autant échapper aux <strong>de</strong>ux malédictions<br />
qui ont accablé leur pays<br />
d'origine tout au long <strong>de</strong> son histoire :<br />
<strong>les</strong> Allemands et <strong>les</strong> Russes.<br />
Pendant la Première Guerre mondiale,<br />
l'armée alleman<strong>de</strong> a envahi la<br />
région. Des enfants naturels sont<br />
nés, appelés "Fritz". En 1944,<br />
troupes alleman<strong>de</strong>s et soviétiques, se<br />
disputèrent férocement la vallée où<br />
se trouvent <strong>les</strong> quatre villages polonais.<br />
Les Allemands, soupçonnant la<br />
présence d'espions soviétiques,<br />
brûlèrent Poïana Mica. L'Armée<br />
Rouge, elle, fit fusiller sur le champ<br />
tous <strong>les</strong> pauvres bougres qui avaient<br />
la malchance d'être surnommés Fritz.<br />
Les mêmes causes produisant <strong>les</strong><br />
mêmes effets, <strong>les</strong> soldats russes<br />
laissèrent <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>scendance.<br />
Les enfants ainsi nés portèrent<br />
longtemps comme un far<strong>de</strong>au le<br />
nom <strong>de</strong> "Sovieticul" ("Le Soviétique").<br />
Ces malheurs sont loin aujourd'hui<br />
et <strong>les</strong> "Poloni" se lamentent davantage<br />
<strong>de</strong> voir leurs enfants <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux à quitter la région,<br />
faute <strong>de</strong> pouvoir trouver du travail sur<br />
place. Les jeunes, qui obtenaient <strong>de</strong>s<br />
facilités auprès <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Pologne à Bucarest quand <strong>les</strong><br />
Roumains avaient encore besoin d'un<br />
visa pour voyager à l'étranger, partent<br />
pour l'Espagne, le Portugal,<br />
l'Allemagne, mais très peu vers la<br />
Pologne, contrairement aux anciens<br />
qui s'y ren<strong>de</strong>nt fréquemment en visite.<br />
Toutefois, si <strong>les</strong> uns et <strong>les</strong> autres<br />
se sentent beaucoup plus Polonais<br />
que Roumains, ils reviennent en<br />
Bucovine. Pour l'instant…<br />
Minorités<br />
SSociété<br />
Visite du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Pologne<br />
et venue <strong>de</strong> Jean-Paul II en Roumanie<br />
Les Polonais <strong>de</strong> Bucovine:<br />
une foi ancrée, <strong>de</strong>s liens retrouvés<br />
En cette fin du mois <strong>de</strong> mai 1999, il ne restait que quelques vieillards impotents<br />
à Solonetu Nou, Cacica, Poiana Micului et P<strong>les</strong>a, <strong>les</strong> quatre villages<br />
polonais <strong>de</strong> Bucovine. La population en entier avait déserté <strong>les</strong> lieux pour<br />
se rendre à 600 km <strong>de</strong> là, à Bucarest, à l'occasion <strong>de</strong> la venue <strong>de</strong> Jean-Paul II, un compatriote,<br />
qui effectuait sa première visite dans un pays orthodoxe. Pour cette communauté<br />
<strong>de</strong> 3 à 4000 habitants, il s'agissait <strong>de</strong> l'événement le plus important <strong>de</strong>puis qu'elle<br />
avait quitté son sol natal, vers 1800, quand l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse,<br />
avait réclamé <strong>de</strong>s Polonais pour exploiter <strong>les</strong> mines <strong>de</strong> sel et développer l'industrie du<br />
bois <strong>de</strong> cette province dépendant <strong>de</strong> sa couronne.<br />
Longeant l'arc septentrional <strong>de</strong>s Carpates, mineurs et bûcherons <strong>de</strong> Silésie et<br />
d'autres régions du sud <strong>de</strong> la Pologne avaient effectué près d'un millier <strong>de</strong> kilomètres<br />
à pied, emportant leur foi catholique et portant sur leur dos <strong>de</strong>s pierres taillées et <strong>de</strong>s<br />
briques <strong>de</strong> Cracovie pour édifier leur future cathédrale, à Cacica, à la porte même <strong>de</strong><br />
la principale mine <strong>de</strong> sel, maintenant désaffectée.<br />
Aujourd'hui, cet imposant édifice, accueille chaque 15 août, un impressionnant<br />
pèlerinage <strong>de</strong> 100 000 fidè<strong>les</strong>, venus <strong>de</strong> Roumanie, mais aussi <strong>de</strong> toute la Pologne, se<br />
recueillir <strong>de</strong>vant la copie <strong>de</strong> la Vierge Noire <strong>de</strong> Czestochowa et la reproduction <strong>de</strong> la<br />
Grotte <strong>de</strong> Lour<strong>de</strong>s. La Vierge noire <strong>de</strong> Cacica<br />
a la réputation <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s mirac<strong>les</strong> mais également<br />
<strong>de</strong>s prédictions. Ainsi, en 1998, <strong>les</strong><br />
pèlerins ont-ils noté un <strong>de</strong> ses signes, interprété<br />
comme un avertissement cé<strong>les</strong>te<br />
annonçant <strong>de</strong> grands bouleversements dans le<br />
mon<strong>de</strong>.<br />
Isolés au bout du mon<strong>de</strong><br />
Longtemps, <strong>les</strong> Polonais <strong>de</strong> Bucovine, <strong>les</strong><br />
"Poloni", ont pu croire être abandonnés, non<br />
Bien qu’elle soit fermée, la mine <strong>de</strong> sel<br />
<strong>de</strong> Cacica a conservé sa chapelle, ainsi<br />
qu’une salle <strong>de</strong> bal, utilisée le 15 août.<br />
<strong>de</strong> Dieu - la foi est toujours très vive - mais aussi bien par leurs compatriotes que par<br />
la Roumanie dont ils dépen<strong>de</strong>nt puisqu'ils en portent la nationalité. Ils vivaient dans<br />
leurs villages isolés, au bout du mon<strong>de</strong>, accessib<strong>les</strong> uniquement par <strong>de</strong>s routes<br />
défoncées. D'ailleurs la première promesse faite par Alexandre Kwasniewski en 1998,<br />
au cours <strong>de</strong> la seule visite effectuée jusqu'ici par un Prési<strong>de</strong>nt polonais, concernait le<br />
prochain bitumage <strong>de</strong>s routes du secteur. Ses anciens compatriotes s'étaient montrés<br />
sceptiques… mais auraient dû l'être davantage contre leur pays d'accueil. L'Etat roumain<br />
<strong>de</strong>vait en effet prendre en charge <strong>les</strong> travaux contre l'annulation <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>tte extérieure<br />
vis à vis <strong>de</strong> la Pologne, d'un montant <strong>de</strong> 2 M€, et n'en a réalisés pour l'instant<br />
que la moitié.<br />
Depuis ces <strong>de</strong>rnières années, Varsovie semble manifester un véritable regain<br />
d'intérêt à l'égard <strong>de</strong> ses nationaux. En avril <strong>de</strong>rnier, <strong>les</strong> quatre villages ont reçu la visite<br />
du Prési<strong>de</strong>nt du Sénat polonais venu constater que l'ai<strong>de</strong> annoncée pour <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> -<br />
livres, ordinateurs - était, bien arrivée.<br />
Des professeurs <strong>de</strong> polonais, certifiés après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dans la Patrie-mère, assurent<br />
désormais <strong>les</strong> quatre heures <strong>de</strong> cours hebdomadaires réservées à cette langue dans<br />
<strong>les</strong> éco<strong>les</strong> roumaines <strong>de</strong> la région, <strong>de</strong>s manuels en polonais étant fournis par l'Etat roumain.<br />
Un curé polonais a pris en charge la paroisse pendant un an, mais <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> ont<br />
préféré finalement confier cette mission à un prêtre issu <strong>de</strong> leur communauté, plus<br />
proche <strong>de</strong> leurs aspirations. Cette attention <strong>de</strong> l'extérieur se traduit donc généralement<br />
par <strong>de</strong>s bienfaits… comme lors <strong>de</strong> la venue du Pape : la cathédrale <strong>de</strong> Cacica dépend<br />
<strong>de</strong>puis directement du Vatican, ce qui se ressent sur son entretien.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Minorités<br />
SSociété<br />
Quatre villages démunis voici encore peu, mais à la population soudée<br />
Les "Poloni" s'amusent et boivent comme<br />
ils travaillent… <strong>de</strong> toute leur âme, <strong>de</strong> toutes leurs forces<br />
De gran<strong>de</strong>s maisons colorées, en bleu, vert, rouge,<br />
enveloppées d'un bardage en bois, avec <strong>de</strong> vastes<br />
fenêtres blanches, <strong>de</strong>s toits à <strong>de</strong>ux pentes, <strong>de</strong>s<br />
poutres intérieures, le berceau du nouveau-né qui se balance,<br />
accroché au plafond… Les quatre villages polonais <strong>de</strong><br />
Bucovine transportent dans un autre univers.<br />
Pour s'en convaincre, il suffit <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r ces petites têtes<br />
blon<strong>de</strong>s aux yeux bleus s'interpellant<br />
dans une langue étrange et arrêtant<br />
leurs jeux dès qu'une charrette<br />
passe. On est au pays <strong>de</strong>s charretiers,<br />
<strong>de</strong>s tonneliers, <strong>de</strong>s maréchauxferrants,<br />
tous métiers liés au cheval,<br />
partout présent. Les hommes ne<br />
sont pas très grands, mais costauds.<br />
Ils sont souvent bûcherons, durs au<br />
travail, que ce soit dans <strong>les</strong> champs<br />
ou à la ferme à s'occuper <strong>de</strong>s animaux.<br />
Nécessité faisant loi dans cette<br />
région démunie <strong>de</strong> tous services<br />
voici encore peu, le menuisier se<br />
servait <strong>de</strong> ses instruments pour remplacer<br />
le <strong>de</strong>ntiste, le charpentier était également vétérinaire, le<br />
berger se transformait en coiffeur, utilisant ses ciseaux <strong>de</strong>stinés<br />
à la tonte <strong>de</strong>s moutons. Les vieil<strong>les</strong> du village guérissaient le<br />
mal <strong>de</strong> tête en appliquant <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre et faisaient <strong>de</strong>s<br />
bouillies d'arnica.<br />
Jurer en roumain est beaucoup plus riche<br />
Ici, on loue toujours <strong>les</strong> terres, <strong>les</strong><br />
forêts, car l'Etat n'a pas rendu ce que<br />
<strong>les</strong> communistes avaient confisqué.<br />
Une bonne raison pour aller couper du<br />
bois en douce, et d'avoir quelques<br />
ennuis avec <strong>les</strong> gar<strong>de</strong>s-forestiers et la<br />
police… Mais, si on sait y faire, <strong>les</strong><br />
choses peuvent s'arranger. Pour être<br />
"Poloni", on n'en est pas moins<br />
Roumain !<br />
La main sur le cœur, <strong>les</strong> nombreux<br />
braconniers vous jureront que <strong>les</strong> sangliers<br />
qu'ils guettent la nuit détruisent<br />
leurs cultures <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> maïs et qu'ils <strong>les</strong> tuent<br />
uniquement pour cette raison. D'ailleurs, affirment-ils, ils ne<br />
détestent rien <strong>de</strong> plus que cette vian<strong>de</strong>, trop dure à leur goût…<br />
mais personne ne va vérifier le contenu <strong>de</strong> leur assiette quant<br />
ils mangent en famille.<br />
Attention ! Il ne faut pas trop chatouiller la susceptibilité<br />
<strong>de</strong> ces hommes simp<strong>les</strong>, renfermés et fiers. Quand ils se<br />
fâchent, ils en per<strong>de</strong>nt leur polonais pour lancer une bordée<br />
d'injures en roumain, au répertoire incomparablement plus<br />
riche en la matière, et seul emprunt qu’ils lui font.<br />
"Quand je me mets à boire, je bois !"<br />
On serait tenté <strong>de</strong> dire que la "samahoanca", eau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong><br />
betterave, et l'"horaspinca", sorte <strong>de</strong> vodka <strong>de</strong> maïs et mélange<br />
<strong>de</strong> plusieurs alcools, titrant<br />
toutes <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux entre 30 et 40°, sont<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mamel<strong>les</strong> du "Poloni", le<br />
jour du Seigneur. "Quand je me<br />
mets à boire, je bois", clament-ils.<br />
Certains dimanches, la fête peut<br />
durer jusqu'au matin. L'alcool et<br />
l'ambiance aidant, on danse la polka<br />
et la mazurka pieds nus sur <strong>les</strong><br />
tab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s bistrots, endroit où <strong>les</strong><br />
femmes savent pouvoir récupérer<br />
leurs maris. "On s'amuse comme on<br />
travaille, <strong>de</strong> toute notre âme, <strong>de</strong><br />
toutes nos forces" semblent-ils s'excuser.<br />
Dans <strong>les</strong> quatre villages polonais<br />
<strong>de</strong> Bucovine, tout le mon<strong>de</strong> se connaît. Il y a parfois <strong>de</strong>s<br />
Allemands catholiques mais très peu <strong>de</strong> Roumains, même si<br />
<strong>les</strong> relations sont bonnes. La population est très unie et s'entrai<strong>de</strong><br />
volontiers. A P<strong>les</strong>a, <strong>les</strong> "Poloni" sont appelés, avec un<br />
peu <strong>de</strong> con<strong>de</strong>scendance, <strong>les</strong> "Slovaci", car ils viennent d'une<br />
région appartenant à la Slovaquie.<br />
Tout en étant repliée sur elle-même, la communauté<br />
polonaise, à l’activité essentiellement agricole<br />
aujourd’hui, entretient <strong>de</strong> bonnes relations<br />
<strong>de</strong> voisinage avec <strong>les</strong> Roumains.<br />
Un couvert pour le Seigneur<br />
ou le convive inattendu<br />
Les mariages se font à l'intérieur<br />
<strong>de</strong> la communauté, ce qui n'est pas<br />
sans nourrir quelques inquiétu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
consanguinité parmi ces 3-4000 habitants.<br />
Mais ce repli sur soi a permis <strong>de</strong><br />
conserver coutumes, traditions, costumes<br />
que l'on peut voir lors <strong>de</strong>s fêtes,<br />
essentiellement religieuses, ainsi que<br />
la langue. A table, on met toujours un<br />
couvert <strong>de</strong> plus, pour le Seigneur ou<br />
un convive inattendu. Le jour <strong>de</strong> Noël,<br />
on sert onze à treize plats différents, mais forcément un<br />
nombre impair.<br />
Dans cet univers, la femme, souvent habillée dans <strong>de</strong>s<br />
vêtements aux couleurs vives avec <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> fleurs, occupe<br />
une place importante, égale à celle <strong>de</strong> l'homme. Un dicton<br />
polonais dit que "l'homme est la tête <strong>de</strong> la famille, et la femme,<br />
la couronne". Les Roumains ont <strong>de</strong> son rôle une idée encore<br />
plus directrice : si l'homme est la tête, la femme… est le cou.<br />
Des villages reconnaissab<strong>les</strong> à leurs maisons<br />
peintes et à leurs cimetières fleuris.<br />
29
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
30<br />
BAIA<br />
<br />
MARE<br />
SUCEAVA IASI<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
TARGU<br />
CLUJ MURES VASLUI <br />
ARAD<br />
COPSA BACAU <br />
<br />
<br />
MICA<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI <br />
SINAIA BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
Des donneurs <strong>de</strong> sang<br />
"mieux nourris"<br />
souhaités<br />
Réunis en congrès, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins<br />
roumains <strong>de</strong> l'Institut National<br />
d'Hématologie Transfusionnelle ont<br />
déploré que leurs compatriotes ne<br />
donnent leur sang que pour <strong>de</strong>s<br />
motifs matériels. "Sur dix ou quinze<br />
mille donneurs, cent seulement sont<br />
véritablement volontaires et effectuent<br />
un geste désintéressé" ont-ils<br />
estimé, souhaitant voir venir aux collectes,<br />
"<strong>de</strong>s personnes mieux nourries,<br />
ayant une meilleure situation<br />
matérielle et n'ayant pas à cacher<br />
leur véritable état <strong>de</strong> santé".<br />
Les donneurs reçoivent une<br />
somme <strong>de</strong> 200 000 lei (6 €, 40 F,<br />
soit près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours d'un salaire<br />
moyen), se voient attribuer <strong>de</strong>ux<br />
jours <strong>de</strong> congé et accor<strong>de</strong>r une<br />
réduction <strong>de</strong> 50 % sur <strong>les</strong> transports<br />
en commun.<br />
Premier hôpital privé<br />
Dans moins d'un an, la Roumanie<br />
disposera <strong>de</strong> son premier hôpital<br />
privé, dénommé Euroclinic. Construit<br />
sur un terrain <strong>de</strong> 4000 m2 appartenant<br />
à l'Hôpital <strong>de</strong>s urgences <strong>de</strong><br />
Bucarest, lequel est public, il sera en<br />
fait un hôtel <strong>de</strong> luxe médicalisé dont<br />
<strong>les</strong> clients seront conduits vers <strong>les</strong><br />
sal<strong>les</strong> d'opérations <strong>de</strong> celui-ci, mais<br />
sera doté <strong>de</strong> services complémentaires<br />
(<strong>de</strong>rmatologie, urologie, pédiatrie,<br />
maladies chroniques, etc...)<br />
ainsi que d'un héliport. La première<br />
phase du projet nécessite un investissement<br />
<strong>de</strong> 5 M€ (32 MF). Les<br />
employés <strong>de</strong> l'Hôpital <strong>de</strong>s urgences<br />
auront la possibilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir<br />
actionnaire du nouvel établissement,<br />
dans la limite globale <strong>de</strong> 20 %.<br />
Santé<br />
SSociété<br />
Grave pénurie <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cins du secteur public<br />
Le concours pour le recrutement <strong>de</strong>s professions médica<strong>les</strong> dans le système<br />
public <strong>de</strong> santé a mis en évi<strong>de</strong>nce la profon<strong>de</strong> désaffection <strong>de</strong>s jeunes à son<br />
égard. Seulement 115 candidats se sont présentés pour 878 postes à pourvoir<br />
dans tout le pays, soit un pour 7-8 postes. Parmi eux 90 visaient la fonction <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> famille, 23 <strong>de</strong> chirurgien-<strong>de</strong>ntiste, et seulement <strong>de</strong>ux voulaient <strong>de</strong>venir<br />
pharmacien. La situation est d'autant plus inquiétante que la Roumanie est l'un <strong>de</strong>s<br />
pays européens où l'état sanitaire <strong>de</strong> la population est le plus préoccupant.<br />
Le déficit le plus important est enregistré à Bacau qui recherche 100 mé<strong>de</strong>cins et<br />
a besoin <strong>de</strong> 2700 para- médicaux. Pour <strong>les</strong> 14 postes <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> famille, une seule<br />
candidature s'est manifestée, et aucune pour <strong>les</strong> cinq postes <strong>de</strong> pharmacien disponib<strong>les</strong>.<br />
L'hôpital <strong>de</strong> Bacau qui recrutait 35 mé<strong>de</strong>cins n'a reçu que 19 candidatures.<br />
Salaires dérisoires, conditions <strong>de</strong> travail diffici<strong>les</strong>, cabinets mal équipés et souvent<br />
à l'étroit, expliquent le renoncement <strong>de</strong>s jeunes praticiens à entrer dans le service<br />
public et leur tentation <strong>de</strong> se diriger vers le secteur privé. Les spécialités souffrant d'un<br />
plus grand déficit <strong>de</strong> candidats sont cel<strong>les</strong> où il est le plus facile <strong>de</strong> se mettre à son<br />
compte, comme pharmacien ou chirurgien-<strong>de</strong>ntiste.<br />
Il faudra payer une taxe pour entrer à l'hôpital<br />
La ministre <strong>de</strong> la Santé, Daniela<br />
Bartos, a pris <strong>de</strong>ux mesures<br />
vis à vis <strong>de</strong>s assurés sociaux<br />
pour restreindre leurs dépenses, provoquant<br />
<strong>de</strong> vives protestations aussi bien <strong>de</strong><br />
leur part que <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s professionnels<br />
du secteur.<br />
La première vise à décourager <strong>les</strong><br />
hospitalisations inuti<strong>les</strong> <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s qui<br />
pourraient se soigner à domicile, en instituant<br />
une taxe obligatoire <strong>de</strong> 50 000 à 100<br />
000 lei (1,5 à 3 €) quelque soit le nombre<br />
<strong>de</strong> jours d'hospitalisation et même s'ils<br />
disposent d'une assurance santé. Les<br />
retraités, mala<strong>de</strong>s particulièrement<br />
exposés et aux très faib<strong>les</strong> revenus, sont<br />
<strong>les</strong> plus touchés par cette nouvelle taxe.<br />
La secon<strong>de</strong> impose aux mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong><br />
délivrer au maximum trois médicaments<br />
remboursés ou gratuits par mois à leurs<br />
patients atteints d'une affection chronique,<br />
afin <strong>de</strong> réduire l'importances <strong>de</strong>s<br />
prescriptions. En cas <strong>de</strong> dépassement, ce<br />
sera aux mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> payer la différence.<br />
Cette décision a suscité la colère du corps<br />
médical qui la considère comme une<br />
aberration, certaines maladies ou l'état <strong>de</strong><br />
santé <strong>de</strong> leur patient exigeant davantage<br />
<strong>de</strong> médicaments. Un mé<strong>de</strong>cin a posé cette<br />
question : "Si je ne donne pas le traitement<br />
nécessaire à un mala<strong>de</strong> et qu'il<br />
meurt… qui sera poursuivi, le mé<strong>de</strong>cin<br />
qui n'a pas fait son travail ou le ministère<br />
qui lui a ordonné <strong>de</strong> ne pas le faire?".<br />
Un chirurgien roumain, académicien français<br />
Chirurgien ayant réalisé la première greffe du foie en Roumanie et ayant<br />
effectué 35 interventions <strong>de</strong> ce type à travers tout le pays <strong>de</strong>puis, le professeur<br />
Irinel Popescu, chef <strong>de</strong> clinique à l'hôpital Fun<strong>de</strong>ni <strong>de</strong> Bucarest et<br />
ancien secrétaire d'Etat à la Santé sous la prési<strong>de</strong>nce d'Emil Constantinescu, a été fait<br />
membre <strong>de</strong> l'Académie Française <strong>de</strong> Chirurgie.<br />
Disco pour handicapés mentaux<br />
Laila Onu, directeur du centre <strong>de</strong> jour pour handicapés mentaux "Pentru voi<br />
" ("Pour vous") <strong>de</strong> Timisoara, a décidé <strong>de</strong> sortir ses 80 protégés <strong>de</strong> l'univers<br />
<strong>de</strong> leur atelier où ils apprennent et pratiquent quotidiennement la couture,<br />
fabriquent <strong>de</strong>s objets artisanaux. Profitant <strong>de</strong>s espaces libres dans ces locaux, il<br />
a aménagé une discothèque où ces jeunes pourront se retrouver après leur journée, fait<br />
installer <strong>de</strong>s jeux et autres distractions, et espère qu'ils pourront servir à tous <strong>les</strong> évènements<br />
heureux <strong>de</strong> le vie, comme <strong>les</strong> anniversaires.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Santé<br />
Un million <strong>de</strong> Roumaines <strong>de</strong>viennent enceintes<br />
chaque année, mais seulement 300 000 mèneront<br />
leur grossesse à terme, 700 000 ayant recours à<br />
l'avortement. Dans le pays, la Moldavie vient en tête, avec 60<br />
000 avortements. Avec une moyenne <strong>de</strong> 3 à 4 avortements par<br />
femme, contre à peine un pour <strong>les</strong> Européennes <strong>de</strong> l'Ouest, la<br />
Roumanie est le pays qui enregistre le plus grand nombre <strong>de</strong><br />
décès entraînés par cette intervention.<br />
Considéré comme une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> contraception, l'avortement<br />
mal pratiqué laisse aussi 20 % <strong>de</strong>s Roumaines qui y ont<br />
recours stéri<strong>les</strong> et provoque fausses couches et naissances prématurées.<br />
Le manque d'éducation sexuelle et <strong>de</strong> sensibilisation aux<br />
métho<strong>de</strong>s contraceptives expliquent l'importance <strong>de</strong> ce phénomène.<br />
Jusqu'ici <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong>s pouvoirs publics, <strong>de</strong>s ONG,<br />
<strong>les</strong> programmes financés par la Banque Mondiale pour y remédier<br />
se sont soldés par <strong>de</strong>s échecs. Plusieurs raisons sont<br />
avancées : la grand pauvreté et la peur <strong>de</strong> l'avenir qui amènent<br />
Religion<br />
Les 430 moines et nonnes <strong>de</strong>s<br />
27 monastères <strong>de</strong> l'éparchie<br />
(diocèse) <strong>de</strong> Roman vont recevoir<br />
une "légitimatie" (carte d'i<strong>de</strong>ntité<br />
professionnelle) <strong>de</strong> leur hiérarchie, comportant<br />
tous <strong>les</strong> éléments pouvant permettre<br />
<strong>de</strong> <strong>les</strong> i<strong>de</strong>ntifier, leur fonction ainsi<br />
SSociété<br />
Une Roumaine avorte,<br />
en moyenne, trois à quatre fois dans sa vie<br />
qu'une photo. Munis <strong>de</strong> celle-ci et après<br />
avoir obtenu une autorisation <strong>de</strong> sortie,<br />
ils pourront s'absenter <strong>de</strong> leur monastère.<br />
Cette initiative a été prise pour permettre<br />
aux policiers <strong>de</strong> pouvoir démasquer <strong>les</strong><br />
faux moines ou nonnes qui recueillent <strong>de</strong><br />
l'argent, soi-disant pour <strong>les</strong> bonnes<br />
<strong>de</strong>s coup<strong>les</strong> à refuser <strong>les</strong> naissances, particulièrement chez <strong>les</strong><br />
jeunes qui touchent <strong>de</strong>s salaires dérisoires s'ils ne sont pas au<br />
chômage. L'appréhension du "qu'en dira-ton" et <strong>de</strong> la honte,<br />
toujours bien présents en Roumanie, qui conduisent <strong>de</strong>s<br />
parents à insister pour que leurs fil<strong>les</strong> avortent, ainsi qu'une<br />
pu<strong>de</strong>ur chez <strong>les</strong> jeunes femmes qui <strong>les</strong> amène à ne pas vouloir<br />
d'enfants en <strong>de</strong>hors du mariage… et parfois n'en auront pas<br />
non plus quand el<strong>les</strong> seront mariées, à la suite <strong>de</strong>s conséquences<br />
<strong>de</strong> leurs avortements antérieurs.<br />
Certains spécialistes <strong>de</strong> la santé mettent aussi en cause <strong>les</strong><br />
mé<strong>de</strong>cins gynécologues qui se gar<strong>de</strong>raient bien <strong>de</strong> promouvoir<br />
la contraception auprès <strong>de</strong> leur patientes pour pouvoir continuer<br />
à pratiquer <strong>de</strong>s actes rémunérateurs et nombreux.<br />
Plusieurs hôpitaux tentent <strong>de</strong> mettre un terme à ce comportement<br />
<strong>de</strong>s Roumaines face à la contraception, en rendant plus<br />
onéreux <strong>les</strong> curetages qui sont facturés 200 000 lei (6 €, 40 F)<br />
alors qu'un traitement mensuel par pilule (50 000 lei, 1,5 €, 10<br />
F) ou la pose d'un stérilet revient beaucoup moins cher.<br />
La quatrième paroisse orthodoxe<br />
roumaine <strong>de</strong> France est née à Lyon<br />
La quatrième paroisse orthodoxe roumaine en France, après Paris et Strasbourg a<br />
ouvert ses portes à la fin <strong>de</strong> l'année passée, à Lyon. Arrivé voici cinq ans dans la<br />
capitale <strong>de</strong>s Primats <strong>de</strong> Gaule, pour préparer une thèse <strong>de</strong> doctorat, Cristian<br />
Nicu<strong>les</strong>cu, prêtre <strong>de</strong> Timisoara, avait reçu également la mission du métropolite orthodoxe<br />
roumain pour l'Europe Centrale et Occi<strong>de</strong>ntale, d'y créer une paroisse.<br />
La tâche s'est avérée délicate, le prêtre se rendant vite compte que <strong>les</strong> Roumains orthodoxes<br />
ne formaient pas une communauté, beaucoup d'entre eux n'ayant pas confiance dans<br />
leur église nationale. Il constata avec stupeur que la suspicion d'une complicité entre celle-ci<br />
et la police politique, datant du régime communiste et <strong>de</strong> la Securitate, n'avait pas disparu.<br />
Cristian Nicu<strong>les</strong>cu a lors procédé par étapes. Au début, il a organisé <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> séances<br />
<strong>de</strong> prières dans l'appartement d'un Roumain, puis a réuni suffisamment <strong>de</strong> signatures <strong>de</strong><br />
fidè<strong>les</strong> pour que le métropolite déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'ouverture <strong>de</strong> la paroisse.<br />
Mais le problème <strong>de</strong>s locaux se posait toujours. Antoine Callot, prêtre <strong>de</strong> la paroisse<br />
orthodoxe française <strong>de</strong> Lyon, proposa <strong>de</strong> partager sa chapelle, <strong>les</strong> offices ayant lieu alternativement<br />
en langue française et roumaine. Du coup, sous la direction <strong>de</strong> la femme <strong>de</strong> Cristian, une chorale franco-roumaine s'est<br />
constituée, <strong>les</strong> chants liturgiques étant interprétés et traduits dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux langues.<br />
Le métropolite se désintéressant du sort <strong>de</strong> la petite paroisse roumaine <strong>de</strong> Lyon et ne fournissant aucune ai<strong>de</strong>, celle-ci s'est<br />
tournée vers l'archevêché catholique <strong>de</strong> la région qui a mis à sa disposition une salle dans sa maison paroissiale Saint Maurice. Les<br />
fidè<strong>les</strong> ont ainsi pu y disposer <strong>de</strong> leur propre chapelle… totalement vi<strong>de</strong> au début et aménagée peu à peu grâce à l'argent collecté<br />
lors <strong>de</strong>s offices. Le prêtre a acheté du bois pour construire l'autel, <strong>de</strong>s cadres pour <strong>les</strong> icônes… mais faute d'en possé<strong>de</strong>r cel<strong>les</strong>-ci<br />
ont été remplacées par <strong>de</strong>s photos prises sur <strong>de</strong>s sites Internet. Depuis, la petite église lyonnaise est <strong>de</strong>venue le lieu <strong>de</strong> prières <strong>de</strong><br />
quelques dizaines <strong>de</strong> Roumains orthodoxes, mais aussi <strong>de</strong> Grecs, Russes et Français.<br />
Carte professionnelle pour <strong>les</strong> moines et nonnes<br />
œuvres ou la construction d'édifices religieux.<br />
Elle vise aussi à mieux contrôler<br />
<strong>les</strong> sorties non autorisées <strong>de</strong>s moines, qui<br />
seront exposés aux sanctions prévues par<br />
le règlement monacal. Cette "legitimatie"<br />
ne sera délivré qu'aux religieux qui ont<br />
déjà prononcé leur serment.<br />
22 31
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
32<br />
BAIA MARE<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
CLUJ<br />
<br />
ARAD<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
<br />
IASI<br />
BACAU<br />
ALBA<br />
IULIA<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
PITESTI BRAILA <br />
<br />
SLATINA <br />
TULCEA<br />
<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
CRAIOVA<br />
Brevet: <strong>de</strong>s notes<br />
arrangeantes<br />
Fin juin 2002, à Slatina. Les<br />
élèves <strong>de</strong> huitième consultent <strong>les</strong><br />
résultats <strong>de</strong> l'examen <strong>de</strong> capacitate<br />
(brevet). Le père <strong>de</strong> l'un d'entre-eux<br />
s'indigne <strong>de</strong> voir que son fils n'a<br />
obtenu que la moyenne <strong>de</strong> 7,40 sur<br />
10, ce qui lui barre l'entrée au lycée<br />
<strong>de</strong> la police où la note 8 est exigée.<br />
Les candidats pouvant contester <strong>les</strong><br />
résultats, <strong>de</strong>ux professeurs du jury<br />
s'attellent à la relecture <strong>de</strong> l'ensemble<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs du garçon et,<br />
bienveillants, remontent finalement<br />
sa moyenne à 7,6. Quand la différence<br />
est inférieure à 0,5 point, le<br />
dossier reste sur place; si elle est<br />
plus gran<strong>de</strong>, c'est l'inspection qui le<br />
prend en charge.<br />
“Vous ne voulez pas <strong>de</strong><br />
mes 300 dollars ?<br />
Bien, j’appelle l’inspecteur.”<br />
Le père proteste auprès <strong>de</strong>s<br />
enseignants, tempête, implore, insiste…<br />
Rien n'y fait, le maximum a été<br />
consenti. En désespoir <strong>de</strong> cause, il<br />
sort 300 dollars (2000 F), qui sont<br />
refusés, et est invité à sortir <strong>de</strong> la<br />
salle du jury, malgré ses prières.<br />
Une <strong>de</strong>mi-heure plus tard, le téléphone<br />
sonne. L'un <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong><br />
l'inspection <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ce que <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>voirs lui soient transmis pour une<br />
nouvelle correction. Protestations<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux professeurs coupées par<br />
un brutal : "Vous m'avez compris ou<br />
je dois le répéter ?". Deux jours plus<br />
tard, la moyenne <strong>de</strong> l'élève avait été<br />
rectifiée à 8,90. Aujourd'hui lycéen, il<br />
envisage <strong>de</strong> faire carrière dans la<br />
police…<br />
Peut-être sera-t-il chargé d'enquêter<br />
sur <strong>les</strong> affaires <strong>de</strong> corruption?<br />
SSociété<br />
Près <strong>de</strong> 15 000 suppléants<br />
sans qualification dans tout le pays<br />
Enseignement<br />
Les démissions <strong>de</strong> professeurs, faute <strong>de</strong> salaires décents, s'accélèrent à travers<br />
le pays. Rien que dans la capitale, quinze d'entre-eux quittent l'enseignement<br />
chaque semaine, se reconvertissant dans la vente <strong>de</strong> téléphones<br />
mobi<strong>les</strong>, la publicité, <strong>de</strong>venant pompistes dans <strong>de</strong>s stations-services ou vendant simplement<br />
<strong>de</strong>s légumes et <strong>de</strong>s fruits sur <strong>les</strong> marchés. Par ailleurs, près <strong>de</strong> 3000 ont pris<br />
un congé sans sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> un an.<br />
Ces enseignants sont souvent remplacés<br />
par <strong>de</strong>s personnes n'ayant pas la qualification<br />
requise ni <strong>les</strong> diplômes exigés. Près <strong>de</strong> 15 000<br />
postes, dont 4000 en ville, sont ainsi pourvus<br />
par <strong>de</strong>s suppléants n'ayant pas la compétence<br />
indispensable, ne disposant parfois que <strong>de</strong><br />
leur baccalauréat ou bien encore en cours <strong>de</strong><br />
formation ou ayant une qualification autre.<br />
C'est en anglais que le phénomène est le<br />
Faute <strong>de</strong> salaires décents,<br />
<strong>les</strong> enseignants désertent le métier.<br />
plus criant (15 % d'enseignants non qualifiés),<br />
discipline qui précè<strong>de</strong> la religion (12 %), l'in-<br />
formatique (11 %), et le roumain (7 %). Par ailleurs, si la crise est moins profon<strong>de</strong><br />
dans l'enseignement supérieur, elle n'en épargne pas pour autant <strong>les</strong> 3600 professeurs<br />
universitaires du pays qui gagnent, en moyenne, 300 euros par mois (2000 F), salaire<br />
brut… soit douze fois moins que la moyenne <strong>de</strong> leurs 18 000 collègues français.<br />
A 300 € par mois, <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> riches<br />
peuvent apprendre l'anglais à Bucarest<br />
L'émergence d'une classe <strong>de</strong> Roumains qui s'est enrichie après la Révolution<br />
a favorisé l'apparition d'universités et <strong>de</strong> lycées privés à travers le pays. Les<br />
éco<strong>les</strong> primaires du même type sont beaucoup plus rares. L'une d'entre<br />
el<strong>les</strong>, l'école "Mark Twain", fondée en 1995 dans la banlieue rési<strong>de</strong>ntielle nord <strong>de</strong><br />
Bucarest, se flatte d'être la seule <strong>de</strong> son genre en Roumanie à être bilingue, <strong>les</strong> 200<br />
enfants la fréquentant y recevant leur enseignement, inspiré d'une métho<strong>de</strong> américaine,<br />
successivement en roumain et en anglais.<br />
Un mini-bus effectue le ramassage scolaire tous <strong>les</strong> matins. Les élèves arrivent à<br />
8 h 30 et prennent ensemble un copieux petit-déjeuner, puis étudient différentes disciplines<br />
en roumain jusqu'à 11 h. Une pause d'un quart d'heure, accompagnée d'une collation,<br />
précè<strong>de</strong> l'enseignement en anglais, dont <strong>les</strong> mathématiques, qui se déroule jusqu'à<br />
13 h 30. Puis pendant une heure, <strong>les</strong> enfants prennent leur déjeuner et se reposent.<br />
L'après-midi, jusqu'à 16 h 30 et le retour dans <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> par minu-bus, est consacré<br />
aux disciplines optionnel<strong>les</strong> enseignées dans <strong>de</strong>s ateliers: ordinateur, échecs, aïkido,<br />
art, histoire, religion, ballet, danse sportive, théâtre, allemand, espagnol, arabe. Il existe<br />
aussi <strong>de</strong>s ateliers jeunes journalistes, magie, amour <strong>de</strong> la littérature, etc…<br />
Surveillance en direct <strong>de</strong>s cours sur Internet pour <strong>les</strong> parents<br />
Pour pouvoir inscrire leurs enfants, <strong>les</strong> parents doivent s'acquitter <strong>de</strong> 300 € (2000<br />
F) par mois, ce qui, comparativement, ferait 3800 € (25 000 F) pour un occi<strong>de</strong>ntal.<br />
Pourtant on s'y bouscule : l'école a une liste d'attente représentant 15 % <strong>de</strong>s effectifs<br />
et il est conseillé <strong>de</strong> se pré-inscrire un an à l'avance.<br />
Petit plus offert aux famil<strong>les</strong>, à 95 % roumaines, <strong>les</strong> autres appartenant au corps<br />
diplomatique… une web-camera leur permet <strong>de</strong> surveiller en direct sur Internet leurs<br />
rejetons pendant <strong>les</strong> cours et <strong>de</strong> vérifier le contenu <strong>de</strong> ceux-ci. Les enseignants - un<br />
pour cinq élèves - doivent apprécier… mais, triés sur le volet, ils gar<strong>de</strong>nt leurs<br />
remarques pour eux : leur salaire, à 7 millions <strong>de</strong> lei (210 €, 1400 F) est trois fois<br />
supérieur à celui d'un débutant.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Environnement<br />
Ces douze <strong>de</strong>rnières années, Bucarest a perdu 17<br />
km2 d'espaces verts, soit la moitié <strong>de</strong> ceux qui<br />
existaient lors <strong>de</strong> la chute du régime communiste.<br />
Avec 2,5 m2 <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> verdure par habitant, la capitale roumaine<br />
atteint à peine le quart <strong>de</strong>s normes internationa<strong>les</strong> qui<br />
sont <strong>de</strong> 12 m2. Cette restriction <strong>de</strong> l'espace vitale, due pour une<br />
bonne part à l'affairisme immobilier, se traduit par une détérioration<br />
<strong>de</strong> l'environnement. Chaque kilomètre carré <strong>de</strong> la<br />
ville reçoit mensuellement 275 tonnes <strong>de</strong> poussière. Les <strong>de</strong>ux<br />
millions <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong>, souvent usagers, qui circulent dans la<br />
capitale provoquent 70 % <strong>de</strong> la pollution.<br />
Seize cimetières publics totalement saturés<br />
Le manque <strong>de</strong> place se fait aussi dramatiquement ressentir<br />
au niveau <strong>de</strong>s seize cimetières publics <strong>de</strong> la capitale qui sont<br />
totalement saturés. Ceux-ci ne peuvent<br />
plus proposer que quatre cents<br />
places mensuellement, alors qu'il<br />
meure cinq cents Bucarestois pendant<br />
cette pério<strong>de</strong>. Les tombes sont<br />
mises à touche-touche jusqu'aux<br />
portes <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> gardien, alors<br />
que la réglementation prévoit<br />
qu'el<strong>les</strong> en soient distantes d'au<br />
moins trois mètres.<br />
D'après celle-ci, une réserve <strong>de</strong><br />
douze mille emplacements <strong>de</strong>vrait<br />
exister pour faire face à une calamité<br />
naturelle et pouvoir enterrer la totalité<br />
<strong>de</strong>s victimes... ce que, malheureusement,<br />
on ne peut pas exclure à<br />
Bucarest, ville souvent touchée par<br />
<strong>les</strong> tremblements <strong>de</strong> terre. La mairie a bien acheté <strong>de</strong>ux terrains,<br />
mais le budget <strong>de</strong> la ville n'a pas prévu d'argent pour <strong>les</strong><br />
aménager.<br />
La pollution se retrouve également dans ces lieux. Un rapport<br />
<strong>de</strong> l'Inspection Sanitaire indique que la moitié <strong>de</strong>s cimetières<br />
fonctionnent sans autorisation sanitaire et que l'autre ne<br />
la respecte pas. De graves problème d'hygiène sont signalés. Il<br />
n'est pas rare <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s déchets jonchés le sol. Les poubel<strong>les</strong><br />
n'existent pas ou débor<strong>de</strong>nt, la collecte <strong>de</strong>s ordures n'étant<br />
effectuée qu'une fois par semaine. Des robinets manquent ou<br />
sont volés, l'état <strong>de</strong>s toilettes est misérable...<br />
Véritable Panthéon national, où sont enterrés <strong>les</strong> grands<br />
noms <strong>de</strong> l'histoire et <strong>de</strong> la culture roumaine, le cimetière Bellu<br />
échappe à cette triste réalité. Aujourd'hui, il est surtout<br />
considéré comme la <strong>de</strong>rnière rési<strong>de</strong>nce "cinq étoi<strong>les</strong>" <strong>de</strong> la<br />
nouvelle nomenklatura.<br />
L'administration municipale tente cependant <strong>de</strong> donner<br />
une image plus reluisante <strong>de</strong> ces lieux qu'elle a en charge. Elle<br />
a créé un site Internet, www.cimitire.ro, présentant tous <strong>les</strong><br />
cimetières publics, <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> transports pour s'y rendre,<br />
<strong>les</strong> formalités à accomplir lors d'un décès...<br />
SSociété<br />
Bucarest a perdu la moitié <strong>de</strong> ses espaces verts <strong>de</strong>puis 1990<br />
Plus <strong>de</strong> place pour enterrer <strong>les</strong> morts<br />
A Bucarest, faute <strong>de</strong> place, morts et vivants<br />
ont <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> mal... à respirer. Mais, vu <strong>les</strong> prix<br />
<strong>de</strong>mandés dans <strong>les</strong> cimetières, <strong>les</strong> vivants<br />
ont <strong>de</strong> moins en moins l’intention d’y rejoindre <strong>les</strong> morts.<br />
Les promoteurs <strong>de</strong> cimetières privés déchantent<br />
Mais il existe aussi à Bucarest 12 cimetières "paroissiaux"<br />
dépendant essentiellement <strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe ainsi que<br />
quatre cimetières privés, apparus au cours <strong>de</strong> ces quatre-cinq<br />
<strong>de</strong>rnières années: le cimetière "Metallurgie", près du quartier<br />
Tunari, "Cernica" (quartier Pantalimon), "Pace Voua"<br />
(chaussée Magurele), "Michel et Gabriel", près <strong>de</strong> l'autoroute<br />
Bucarest-Pitesti.<br />
Ces <strong>de</strong>rniers ont été créés par <strong>de</strong>s hommes d'affaires qui,<br />
au vu <strong>de</strong> la hausse relative du taux <strong>de</strong> mortalité et <strong>de</strong>s dépenses<br />
que <strong>les</strong> Roumains n'hésitent pas à entreprendre pour <strong>les</strong><br />
obsèques <strong>de</strong> leurs proches, ont estimé que l'investissement<br />
pouvait être rentable en moins <strong>de</strong> dix ans.<br />
Aujourd'hui, ces "promoteurs" déchantent. Non seulement<br />
il leur a fallu acquérir d'immenses terrains au prix du mètre<br />
carré pratiqué dans la capitale, mais<br />
encore ont-ils dû <strong>les</strong> viabiliser, assurer<br />
leur drainage, installer <strong>de</strong>s allées<br />
en béton, y construire une chapelle,<br />
un bâtiment administratif, <strong>de</strong>s commodités...<br />
tout en respectant la distance<br />
minimum <strong>de</strong> 50 m entre la<br />
porte du cimetière et la première<br />
habitation.<br />
Ainsi l'achat et l'aménagement<br />
d'un terrain <strong>de</strong> 10 ha est-il revenu à<br />
500 000 € (3 MF) à son propriétaire.<br />
L'obtention <strong>de</strong> la vingtaine d'au-<br />
torisations nécessaires, <strong>de</strong>mandant<br />
plus d'un an <strong>de</strong> démarches auprès <strong>de</strong><br />
multip<strong>les</strong> services, et 10 000 € <strong>de</strong><br />
frais et taxes supplémentaires, a<br />
découragé le développement <strong>de</strong> ces initiatives.<br />
Des Bucarestois effrayés par <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>mandés<br />
Quant aux résultats, ils sont en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> scénarios<br />
imaginés. Effrayés par <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>mandés, parfois aussi<br />
par la distance <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ces cimetières situés en périphérie,<br />
<strong>les</strong> Bucarestois ont boudé cette innovation. A<br />
"Metallurgie", un emplacement se vend entre 500 et 700 €<br />
(3300-4600 F). On n'y dénombre que 50 tombes, après trois<br />
années d'existence. A "Michel et Gabriel", à peine cent places<br />
ont été acquises en cinq ans. Son propriétaire cherche à s'en<br />
débarrasser et un emplacement est bradé à 60 € (400 F), uniquement<br />
pour tenter <strong>de</strong> récupérer une partie <strong>de</strong> la mise <strong>de</strong><br />
départ.<br />
A "Pace Voua", seule la pratique <strong>de</strong> prix plus accessib<strong>les</strong><br />
- entre 120 et 210 € (800-1400F) - a permis à son promoteur<br />
<strong>de</strong> vendre 500 <strong>de</strong>s 10 000 places proposées en dix-huit mois.<br />
Quelque soit l'immense respect que <strong>les</strong> Roumains portent à<br />
leurs morts, leur vie est aujourd'hui trop dure pour se permettre<br />
n'importe quelle dépense.<br />
22 33
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
34<br />
SUCEAVA<br />
<br />
<br />
ORADEA BAIA<br />
MARE TARGU<br />
<br />
MURES<br />
IASI<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
<br />
<br />
PIATRA<br />
NEAMT<br />
<br />
CLUJ<br />
ALBA IULIA <br />
BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
Classement UEFA:<br />
la Roumanie 24ème<br />
Eliminée <strong>de</strong> la phase préliminaire<br />
<strong>de</strong> la coupe du mon<strong>de</strong> 2002, la<br />
Roumanie a obtenu sa plus mauvaise<br />
place au classement annuel <strong>de</strong> la<br />
FIFA (Fédération Internationale <strong>de</strong><br />
Football), instauré en 1993. El<strong>les</strong> se<br />
classe au 24ème rang, avec 649<br />
points, loin <strong>de</strong>rrière, respectivement,<br />
le Brésil, premier avec 856 pts, la<br />
France, (787 pts), l'Espagne (779<br />
pts), l'Allemagne (761 pts).<br />
Anghel Iordanescu,<br />
sélectionneur <strong>de</strong> l’équipe nationale.<br />
Pour <strong>les</strong> éliminatoires <strong>de</strong> l'Euro<br />
2004, lequel se déroulera au<br />
Portugal, la Roumanie doit affronter<br />
le Danemark (12ème, 707 pts), la<br />
Norvège (26ème, 648 pts), la<br />
Bosnie-Herzégovine (87ème, 462<br />
pts), le Luxembourg (148ème, 254<br />
pts). Après trois matchs, la<br />
Roumanie est secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa poule<br />
avec 6 points (<strong>de</strong>ux victoires contre<br />
le Luxembourg et la Bosnie-<br />
Herzégovine, une défaite à Bucarest<br />
contre la Norvège), <strong>de</strong>rrière la<br />
Norvège (7 pts) et <strong>de</strong>vant le<br />
Danemark (4 pts, un match en<br />
moins). Seule la première place est<br />
qualificative, le second <strong>de</strong> la poule<br />
étant appelé à disputer un match<br />
aller-retour <strong>de</strong> barrage.<br />
Sports<br />
SSociété<br />
Entraînement commando<br />
pour <strong>les</strong> rugbymen roumains<br />
Petit Napoléon" - c'est ainsi que <strong>les</strong> Roumains appellent le sélectionneur <strong>de</strong><br />
leur équipe nationale, le Français Bernard Charreyre, <strong>de</strong>puis qu'il a sauvé<br />
du naufrage leur rugby - a mis au point un plan <strong>de</strong> préparation inédit en vue<br />
<strong>de</strong> la prochaine coupe du mon<strong>de</strong> qui doit se dérouler en Australie, en octobre prochain.<br />
Trente jours avant <strong>de</strong> s'envoler pour <strong>les</strong> antipo<strong>de</strong>s, ses joueurs seront réunis dans une<br />
base sportive ultra-mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s Alpes françaises, recevant un entraînement commando<br />
dans un cadre sauvage où ils <strong>de</strong>vront eux-mêmes se débrouiller avec <strong>de</strong>s techniques<br />
<strong>de</strong> survie, développer leur condition physique et leur esprit <strong>de</strong> corps… ainsi que le font<br />
<strong>les</strong> sélections nationa<strong>les</strong> anglaise et française.<br />
Par ailleurs, Bruno Charreyre a désigné trente joueurs qui ont obtenu le statut professionnel<br />
<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la Fédération Roumaine <strong>de</strong> Rugby et reçoivent <strong>de</strong> celle-ci un<br />
salaire mensuel <strong>de</strong> 300 à 500 € (2000 à 3300 F), s'entraînant déjà en vue <strong>de</strong> la coupe<br />
du mon<strong>de</strong>. Le Français a prévenu que chacun d'entre-eux avait une chance d'être retenu<br />
pour l'Australie, le capitaine <strong>de</strong> l'équipe, Romeo Gontineac, étant le seul assuré<br />
d'être sélectionné.<br />
Au cours <strong>de</strong> ce mondial, la Roumanie doit affronter l'Australie, tenante du titre,<br />
l'Argentine, l'Irlan<strong>de</strong> et la Namibie, en poule qualificative.<br />
Cinq ans <strong>de</strong> suspension pour <strong>les</strong> gymnastes nues<br />
Les trois anciennes championnes roumaines<br />
<strong>de</strong> gymnastique, Lavinia Milo-<br />
Sovici, Claudia Presecan et Corina<br />
Ungureanu, qui avaient posé nues dans un magazine<br />
japonais et tourné dans un film vidéo pour<br />
adultes, ont été suspendues par la Fédération<br />
Internationale <strong>de</strong> Gymnastique <strong>de</strong> toute compétition<br />
et activité touchant à ce sport, pour cinq ans. Cette<br />
mesure s'applique également à la Roumanie. Pour<br />
motiver sa décision, la FIG a avancé le fait que <strong>les</strong><br />
prises <strong>de</strong> vue avaient eu lieu dans une salle <strong>de</strong><br />
sports… inventant ainsi le délit d'atteinte aux<br />
bonnes mœurs d'appareils <strong>de</strong> gymnastique !<br />
Alors que cette sanction était annoncée, leurs<br />
anciennes camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la sélection nationale, <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux championnes olympiques, Andreea Raducan et Maria Olaru étaient invitées pour<br />
une tournée <strong>de</strong> démonstration en Malaisie, faisant admirer leurs talents, sans pour<br />
autant retirer leur justaucorps… ce qui a fait dire à certains journaux que l'on pouvait<br />
gagner <strong>de</strong> l'argent avec ce sport sans se déshabiller, omettant toutefois <strong>de</strong> rajouter que<br />
cela leur avait rapporté environ cinquante fois moins.<br />
En méforme, Andrei Pavel, joueur<br />
phare du tennis roumain, n’a pas pu<br />
peser sur le sort <strong>de</strong> la rencontre.<br />
Coupe Davis :<br />
défaite sans appel <strong>de</strong><br />
la Roumanie face à la France<br />
Après sa défaite sans appel (1-4) <strong>de</strong>vant<br />
la France, à Bucarest, en 1/8ème <strong>de</strong><br />
finale <strong>de</strong> la Coupe Davis, la<br />
Roumanie <strong>de</strong>vra disputer un match <strong>de</strong> barrage, en<br />
septembre prochain, pour pouvoir espérer figurer<br />
dans le prochain tableau mondial du tournoi <strong>de</strong><br />
tennis. En 20 ans, <strong>les</strong> Roumains n'ont réussi qu'une<br />
fois à se qualifier pour <strong>les</strong> quarts <strong>de</strong> finale.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Insolite<br />
Début décembre, Vasile Govon, d'Arad, marié voici<br />
<strong>de</strong>ux ans et ayant un bébé d'un an et <strong>de</strong>mi, était<br />
victime d'un très grave acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la route.<br />
Transporté dans l'unité <strong>de</strong> soins intensifs <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong><br />
Timisoara, le jeune homme est resté dans un état <strong>de</strong> coma profond<br />
pendant <strong>de</strong>ux semaine, entre la vie et la mort, ses mé<strong>de</strong>cins<br />
et son entourage ne lui donnant guère <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> survivre.<br />
Pourtant Vasile est sorti <strong>de</strong> son coma et, reprenant<br />
conscience, il a promis au personnel médical <strong>de</strong> venir refaire<br />
la chambre en piteux état où il était hospitalisé, dès qu'il serait<br />
Quatre millions <strong>de</strong> Ion<br />
Le 7 janvier est la date la plus fêtée <strong>de</strong><br />
Roumanie. Ce jour-là, len<strong>de</strong>main <strong>de</strong><br />
Boboteaza (le baptême du Christ),<br />
autre grand évènement <strong>de</strong> l'année, quatre millions<br />
<strong>de</strong> Roumains, soit un habitant sur cinq,<br />
fêtent leurs prénoms, Ion ou Ioan (Jean), qu'ils<br />
sont plu d’un million à porter (1 110 046) et<br />
Ioana (Jeanne), <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> sont 285 000. Il faut<br />
aussi comptabiliser <strong>les</strong> Ionel (Jeannot) - dérivé<br />
qui vexe ceux qui le portent, lorsqu'ils occupent<br />
<strong>de</strong>s fonctions importantes - et tous <strong>les</strong> prénoms<br />
combinés à partir <strong>de</strong> Ion, plus <strong>de</strong> 2,5 millions.<br />
Rien qu'à Bucarest, on compte 314 028 Ion.<br />
Le Légion d'Honneur<br />
proposée pour<br />
l'admirateur <strong>de</strong> Napoléon<br />
Journaliste et directeur <strong>de</strong>s éditions<br />
Rompit, Marian Deaconu a une passion<br />
dans la vie : Napoléon. Le Roumain<br />
vient <strong>de</strong> publier, dans sa langue maternelle, un<br />
ouvrage <strong>de</strong> 800 pages, intitulé "Ascension et<br />
déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Napoléon Bonaparte", paru aux<br />
éditions Athena, qui lui a <strong>de</strong>mandé 15 ans <strong>de</strong><br />
recherches, la lecture <strong>de</strong> 300 livres en français,<br />
<strong>de</strong> multip<strong>les</strong> déplacements à Paris, à Waterloo.<br />
Son travail a été récompensé par le diplôme<br />
<strong>de</strong> membre d'honneur <strong>de</strong> la Société<br />
Internationale Napoléonienne, qu'il a reçu<br />
récemment par la poste. Basée à Montréal, cette<br />
association, présidée par le milliardaire Ben<br />
Wei<strong>de</strong>r, a comme prési<strong>de</strong>nt d'honneur le prince<br />
Albert <strong>de</strong> Monaco. Mais, distinction suprême,<br />
Marian Deaconu a été aussi proposé pour <strong>de</strong>venir<br />
chevalier <strong>de</strong> la Légion d'Honneur, ordre créé<br />
par Napoléon.<br />
Le journaliste a entrepris <strong>de</strong>ux nouveaux<br />
livres, dont l'un sur Alexandre le Grand et<br />
l'autre sur la Révolution française.<br />
SSociété<br />
La reconnaissance n'attend pas<br />
le nombre <strong>de</strong>s années<br />
rétabli… Ce qu'il a fait <strong>de</strong>ux mois plus tard, aidée par sa jeune<br />
femme, Silvia. A leur grand ébahissement, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins du<br />
service, également très émus, ont vu le couple débarquer avec<br />
<strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> termopan pour <strong>les</strong> vitres, <strong>de</strong>s seaux <strong>de</strong> peinture,<br />
du linoléum, et se mettre tout <strong>de</strong> suite à l'ouvrage, refaisant<br />
également la salle <strong>de</strong> bain et <strong>les</strong> toilettes, changeant le<br />
mobilier et apportant un poste <strong>de</strong> télévision. Vasile et Silvia -<br />
tout juste 22 ans - ont mis toutes leurs économies, 65 millions<br />
<strong>de</strong> lei (près <strong>de</strong> 2000 €, 13 000 F) dans cette entreprise, qu'ils<br />
ont déclaré avoir fait spontanément la vie n'ayant pas <strong>de</strong> prix.<br />
Bière et pilu<strong>les</strong>, rois du réveillon<br />
Pour oublier la dureté <strong>de</strong>s temps et se réchauffer, <strong>les</strong> Roumains ont<br />
consommé comme jamais aux cours <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> fin d'année.<br />
D'après <strong>les</strong> premières estimations, ils ont dépensé en une semaine<br />
autant que <strong>les</strong> trois mois précé<strong>de</strong>nts. Bien sûr <strong>les</strong> commerçants, selon leurs<br />
mauvaise habitu<strong>de</strong>s qui se renouvellent également à Pâques, en ont profité<br />
pour augmenter allègrement <strong>les</strong> prix. Alcools, vins ,bières, et même l'eau<br />
minérale ont doublé. Les ventes <strong>de</strong> bières, <strong>de</strong> café - considéré comme un<br />
luxe, vu son prix - et <strong>de</strong> cigarettes ont bondi <strong>de</strong> 50 %… et cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> pansements<br />
gastriques <strong>de</strong> 30 %. Autres produits <strong>de</strong> "consommation" ayant eu la<br />
cote : <strong>les</strong> pilu<strong>les</strong> contraceptives et <strong>les</strong> préservatifs dont <strong>les</strong> ventes ont augmenté<br />
<strong>de</strong> 10 à 20 %, <strong>les</strong> fournisseurs ayant par endroits épuisés leurs stocks.<br />
Chorale <strong>de</strong> sourds et muets<br />
Prêtre mais aussi<br />
professeur,<br />
Constantin Onu<br />
a ouvert à l'intention <strong>de</strong>s<br />
sourds et muets, et au sein<br />
<strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Théologie<br />
orthodoxe <strong>de</strong> Pitesti, la<br />
première section en Europe<br />
du Sud-Est <strong>de</strong> communication<br />
et d'officiants pour <strong>les</strong> cérémonies religieuses. Pour ce faire, il a appris le<br />
langage gestuel, le plus difficile étant pour lui <strong>de</strong> comprendre et <strong>de</strong> penser<br />
comme un sourd et muet. Le prêtre a également constitué une chorale - unique<br />
au mon<strong>de</strong> - avec ses seize élèves, qui est allée interpréter <strong>de</strong>s colin<strong>de</strong> <strong>de</strong> Noël<br />
à la Patriarchie <strong>de</strong> Bucarest. Mimes, gestes superbes, mouvements <strong>de</strong>s lèvres<br />
et du regard, remplaçant paro<strong>les</strong> et sons, ont bouleversé le public par leur<br />
intensité.<br />
Surprises policières<br />
Soupçonné par son voisin <strong>de</strong> lui avoir dérobé <strong>de</strong>ux sacs <strong>de</strong> haricots,<br />
un habitant <strong>de</strong> Belcesti (Iasi) a accusé le policier venu enquêter <strong>de</strong><br />
l'avoir forcé à mettre la main dans le feu pour jurer qu'il n'y était<br />
pour rien. A Pitesti, Ioan Moldovan, 25 ans, a dérobé dans un magasin <strong>de</strong>ux<br />
saucissons <strong>de</strong> Sibiu, un pain au chocolat et est allé immédiatement se dénoncer<br />
à la police, ébahie. Le jeune homme, chassé par sa famille, libéré quelques<br />
jours plus tôt pour bonne conduite et errant dans <strong>les</strong> rues, préférait retrouver<br />
la prison dont il sortait, où le gîte et le couvert lui sont assurés.<br />
22 35
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 36<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
ORADEA<br />
SUCEAVA<br />
<br />
ARAD<br />
CLUJ<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
<br />
IASI<br />
<br />
HUNEDOARA BRASOV<br />
BACAU<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
GALATI<br />
<br />
PLOIESTI <br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Les excuses<br />
du "Petit Robert"<br />
"Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie"<br />
s'étaient faites l'écho <strong>de</strong> l'indignation<br />
<strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong>vant la photo choisie<br />
par Le Petit Robert pour illustrer<br />
leur pays : un campement <strong>de</strong><br />
Tsiganes, dont plusieurs enfants aux<br />
visages sa<strong>les</strong>, près <strong>de</strong> tentes installées<br />
dans un champ boueux.<br />
Dans un communiqué, Pierre<br />
Varrod, le directeur général <strong>de</strong> la<br />
célèbre maison d'édition du dictionnaire<br />
a déclaré "regretté vivement<br />
l'erreur faite et présenté ses plus<br />
sincères excuses au peuple<br />
roumain", ajoutant "Aucune réédition<br />
n'est prévue mais, le cas échéant, je<br />
m'engage formellement à supprimer<br />
la photo incriminée".<br />
Cette affaire est allée jusqu'à la tribune<br />
du Sénat roumain, comme l'indique<br />
le journal "Le Mon<strong>de</strong>", citant<br />
"Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" dans<br />
son article. "C'est une atteinte à la<br />
dignité nationale" s'est exclamé le<br />
sénateur du Parti Social Démocrate<br />
au pouvoir, George Pruteanu, auteur<br />
par ailleurs d'une loi <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> la<br />
langue roumaine, ajoutant "le<br />
ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères<br />
<strong>de</strong>vrait rédiger une note <strong>de</strong> protestation.<br />
Nous ne pouvons pas rester <strong>les</strong><br />
bras croisés lorsqu'un dictionnaire à<br />
grand tirage se moque <strong>de</strong> nous".<br />
Dans une lettre adressée à l'éditeur<br />
français, le Conseil <strong>de</strong> la communauté<br />
<strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> Rhin-<br />
Main avait également réagi, indiquant<br />
que "cette photo n'était pas plus<br />
représentative <strong>de</strong> la Roumanie<br />
qu'une case africaine <strong>de</strong> la France,<br />
<strong>de</strong> sa langue et <strong>de</strong> son peuple,<br />
même si son équipe <strong>de</strong> football est<br />
composée en majorité d'Africains".<br />
<br />
Livres<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Les points communs qui unissent Miklos Banffy et Adam Bodor seront plus<br />
vite énumérés que ce qui <strong>les</strong> sépare du point <strong>de</strong> vue littéraire. Tous <strong>de</strong>ux<br />
sont nés à Kolozsvar (Cluj en hongrois) ou dans ses environs. Tous <strong>de</strong>ux<br />
ont un amour infini pour leur province natale et tous <strong>de</strong>ux en ont été exilés par l'histoire<br />
: Banffy est mort à Budapest en 1950 (aujourd'hui enterré dans le cimetière<br />
Hazsongard <strong>de</strong> Cluj); Bodor vit encore dans la capitale hongroise mais "ne cesse <strong>de</strong><br />
retourner en Transylvanie par l'imagination".<br />
Pour le reste, leur œuvre romanesque rend compte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux réalités historiques si<br />
dissemblab<strong>les</strong> à plus <strong>de</strong> cinquante ans <strong>de</strong> distance que le lecteur en reste interloqué.<br />
Tant <strong>de</strong> contrastes politiques sociaux et culturels en si peu <strong>de</strong> temps donne bien toute<br />
la mesure <strong>de</strong>s violences qui ont pu s'exercer sur cette région au XXème siècle (comme<br />
dans toute l'Europe <strong>de</strong> l'Est et du Centre, d'ailleurs).<br />
Miklos Banffy, romancier <strong>de</strong><br />
l'aristocratie hongroise <strong>de</strong> Transylvanie<br />
Deux romanciers hongrois <strong>de</strong><br />
Transylvanie, évoquent leur province<br />
natale et <strong>de</strong>ux univers aux antipo<strong>de</strong>s<br />
La Mitteleuropa <strong>de</strong> la Belle Epoque<br />
et <strong>les</strong> sinistres prisons du communisme<br />
Si le paysan roumain <strong>de</strong> Transylvanie a eu son romancier en la personne <strong>de</strong> Liviu<br />
Rebreanu -lire Ion le Roumain (1920) et L'Insurrection (Rascoala -1933)- l'aristocratie<br />
hongroise <strong>de</strong> cette même région a également son romancier avec Miklos Banffy<br />
(1873-1950). Et c'est à une aussi longue lecture que s'attache celui qui plonge dans<br />
cette Chronique transylvaine que l'auteur hongrois a écrite et publiée en 1934 (et encore<br />
n'est-ce là que le premier tome d'une œuvre qui en compte trois, publiés en 1937 et<br />
1940 mais non encore traduits en français).<br />
La pério<strong>de</strong> évoquée est celle du début du siècle (<strong>les</strong> années 1904-1905). La<br />
Transylvanie est alors hongroise et la Hongrie est liée à l'Autriche dans un même<br />
empire. Toutefois, <strong>les</strong> relations entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux partenaires ne sont pas au mieux. Cette<br />
situation politique qui voit la Hongrie s'agiter pour tenter <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la tutelle autrichienne<br />
est un <strong>de</strong>s axes du roman. Banffy fait observer cette agitation à son personnage<br />
principal, Balint Abady, avec recul et parfois même avec consternation tant <strong>les</strong><br />
attitu<strong>de</strong>s nationalistes lui paraissent sordi<strong>de</strong>s.<br />
Député <strong>de</strong> Transylvanie à Budapest, ce <strong>de</strong>rnier songe par ailleurs à ce que <strong>de</strong>vrait<br />
être l'avenir <strong>de</strong> sa province, non seulement en regard du pouvoir hongrois mais également<br />
du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s nationalités. Ainsi dit-il, s'adressant à un interlocuteur roumain<br />
<strong>de</strong> Transylvanie : "Je crois (…) que spirituellement et économiquement nous<br />
<strong>de</strong>vrions chercher un terrain d'entente et nous rapprocher. Si nous parvenions à avoir<br />
confiance <strong>les</strong> uns dans <strong>les</strong> autres, le reste nous serait donné <strong>de</strong> surcroît. Vous et nous<br />
sommes également Transylvains. La Transylvanie, c'est notre petite patrie, celle que<br />
nous avons en commun. Sur ce terrain, il y a beaucoup <strong>de</strong> choses que nous pouvons<br />
désirer ensemble : qu'on nous comprenne mieux, que davantage d'attention soit prêtée<br />
à nos intérêts locaux, que tout ne soit pas raflé par Budapest".<br />
"Tu par<strong>les</strong> à ces Valaques ? Comment peux-tu ?"<br />
Mais la sagesse <strong>de</strong> ce propos n'est pas alors le sentiment le plus répandu. C'est<br />
d'une part la haine qui prévaut quand un aristocrate hongrois s'insurge auprès <strong>de</strong> Balint<br />
Abady : "Tu par<strong>les</strong> à ces Valaques ? Comment peux-tu ? Moi, ces animaux-là, je ne<br />
pourrais pas ! Il suffit que je <strong>les</strong> voie, mon sang <strong>de</strong> Hongrois se met à bouillir !". C'est<br />
d'autre part la duplicité qui l'emporte quand Abady, soucieux <strong>de</strong> sortir <strong>les</strong> paysans roumains<br />
<strong>de</strong> leur misère dans laquelle <strong>de</strong>s hobereaux <strong>de</strong> même nationalité s'évertuent à<br />
<strong>les</strong> maintenir, s'entend dire <strong>de</strong> la bouche d'un avocat également roumain :
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
"Nous autres, nous avons besoin d'une classe possédante.<br />
Jusqu'à présent nous n'en avons pas… Qu'il y ait <strong>de</strong>s victimes,<br />
cela aussi est naturel. Car enfin votre conquête <strong>de</strong> la patrie,<br />
comme vous dites, n'a-t-elle pas eu <strong>les</strong> siennes ?... Eh bien<br />
nous autres, nous faisons la même chose, si ce n'est que notre<br />
conquête nous ne la faisons ni à cheval , ni par le glaive…<br />
Nous sommes <strong>de</strong>s hommes d'aujourd'hui, nous sommes gris,<br />
mo<strong>de</strong>stes !".<br />
Comparé au “Guépard” <strong>de</strong> Lampedusa<br />
La thématique politique n'est cependant pas l'essentiel du<br />
roman <strong>de</strong> Banffy. Certains critiques en Angleterre, où le livre<br />
vient <strong>de</strong> rencontrer un grand succès, l'ont comparé au Guépard<br />
<strong>de</strong> Lampedusa. Peut-être pour ce sentiment <strong>de</strong> déclin et <strong>de</strong> nostalgie<br />
d'une époque sur sa fin qui habiterait l'auteur (le livre est<br />
ainsi titré : Vos jours sont comptés). Ou encore pour la <strong>de</strong>scription<br />
<strong>de</strong>s fastes d'une aristocratie qui court d'un bal à l'autre,<br />
d'une table <strong>de</strong> jeu à l'autre ou après un amour impossible.<br />
"L'univers qui est décrit par l'auteur transylvain est celui<br />
<strong>de</strong> la Mitteleuropa <strong>de</strong> la Belle Epoque", écrit le préfacier du<br />
livre, Patrick Leigh Fermor. "Les hommes <strong>de</strong> ce temps-là, fussent-ils<br />
atteint <strong>de</strong> myopie, avaient décidé <strong>de</strong> jeter leurs lunettes<br />
aux orties pour <strong>les</strong> remplacer par d'élégants monoc<strong>les</strong>". Bien<br />
mal leur en pris car c'est ensuite dans un tout autre mon<strong>de</strong>, bien<br />
moins doré, que l'histoire allait <strong>les</strong> propulser.<br />
Adam Bodor, romancier<br />
d'une Transylvanie carcérale<br />
Adam Bodor ne précise pas avec exactitu<strong>de</strong> <strong>les</strong> lieux où se<br />
déroule son roman, mais il s'agit <strong>de</strong> La vallée <strong>de</strong> la Sinistra qui<br />
donne son titre au livre. On est aux confins <strong>de</strong> la Roumanie<br />
transylvaine et <strong>de</strong> l'Ukraine, dans le nord du pays. L'i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong>s personnages importe peu. C'est d'ailleurs "le commissaire<br />
forestier qui déci<strong>de</strong> du nom" <strong>de</strong>s nouveaux arrivants. Andrei<br />
Bodor, tel sera celui attribué au personnage central, venu là<br />
pour tenter <strong>de</strong> retrouver son fils adoptif. Cela lui prendra <strong>de</strong>s<br />
années. C'est que le temps, dans cette sorte <strong>de</strong> colonie pénitentiaire,<br />
semble ne plus vouloir progresser.<br />
Il faudra à Andrei Bodor <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong> patience pour parvenir<br />
à surmonter l'absurdité <strong>de</strong>s comportements et <strong>de</strong> la situation<br />
générale. Le livre a été publié en 1992 (traduit en français<br />
L'université <strong>de</strong> Grenoble a<br />
publié, à la fin 2002, un petit<br />
dictionnaire <strong>de</strong> la mythologie<br />
roumaine écrit par le professeur Ion Talos<br />
<strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Cologne, en Allemagne,<br />
et inspiré <strong>de</strong> ses cours. L'ouvrage avait<br />
déjà été publié en Roumanie, aux édition<br />
"Enciclopedica", en 2000. Il a été traduit<br />
en français par Anneliese et Clau<strong>de</strong><br />
Lecouteux.<br />
Ce dictionnaire a le mérite <strong>de</strong> familiariser<br />
le lecteur français avec l'univers<br />
complexe <strong>de</strong>s coutumes et traditions roumaines,<br />
dont certaines sont encore pratiquées<br />
<strong>de</strong> nos jours et sont toujours un<br />
sujet d'étonnement pour <strong>les</strong> étrangers qui<br />
<strong>les</strong> découvrent.<br />
Personnages mythologiques, animaux,<br />
esprits, y figurent avec leurs significations,<br />
leur symbolique, leur significa-<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
en 1995) et nous parle bien sûr <strong>de</strong> l'incroyable anéantissement<br />
<strong>de</strong>s âmes sous un régime <strong>de</strong> terreur. L'humour est au service <strong>de</strong><br />
cette écriture, sans doute pour éviter à son auteur <strong>de</strong> sombrer<br />
dans la folie. La beauté <strong>de</strong>s lieux aussi, à travers la fine <strong>de</strong>scription<br />
qu'il en fait, lui permet <strong>de</strong> conserver une part <strong>de</strong><br />
dignité. Mais diable que cet ensemble <strong>de</strong> Chapitres d'un roman<br />
(sous-titre donné au livre) peut être désespérant avec <strong>de</strong>s individus<br />
qui n'en sont plus vraiment.<br />
S'il est possible d'établir un lien avec le mon<strong>de</strong> décrit par<br />
Miklos Banffy, c'est le personnage <strong>de</strong> Connie Illafeld qui peut<br />
un tant soit peu l'établir. "Descendante <strong>de</strong>s Illarion, boyards <strong>de</strong><br />
Bucovine, elle vivait sur l'ancien domaine familial, parmi <strong>de</strong><br />
simp<strong>les</strong> montagnards, et s'appelait en réalité Cornelia<br />
Illarion". Mais l'histoire <strong>de</strong> son temps va la conduire à l'hôpital<br />
psychiatrique "Colonia Sinistra". Elle va non seulement y<br />
<strong>de</strong>venir folle : "Elle mélange toutes <strong>les</strong> langues en parlant",<br />
mais prendre une apparence inhumaine : "… une veste en<br />
loques sur <strong>les</strong> épau<strong>les</strong>, un être velu qui semblait prier… Sa<br />
figure était couverte <strong>de</strong> longs poils soyeux ; entre <strong>les</strong> touffes,<br />
on voyait luire ses yeux verts ". Triste sort advenu à cette <strong>de</strong>scendante<br />
d'aristocrates qui se voit régresser dans une sorte<br />
d'animalité par suite d'une surdose <strong>de</strong> produit médicamenteux<br />
<strong>de</strong> son tortionnaire.<br />
A coup sûr, l'ancienne classe dominante n'avait pas prévu<br />
le sort que lui réservait "Colonia Sinistra". Si cela avait été le<br />
cas, peut-être aurait-elle eu alors plus <strong>de</strong> souci à faire évoluer<br />
le mon<strong>de</strong> doré dans lequel elle se complaisait égoïstement et<br />
que Miklos Banffy a finement décrit.<br />
Adam Bodor, né en 1936, a fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> théologie<br />
protestante à Koloszvar (Cluj). Arrêté, il a passé plusieurs<br />
années en prison, avant <strong>de</strong> quitter la Transylvanie en 1982<br />
pour s'installer en Hongrie où il est considéré aujourd'hui<br />
comme un <strong>de</strong>s maîtres <strong>de</strong> la prose hongroise.<br />
Bernard Camboulives<br />
Vos jours sont comptés, Chronique transylvaine, <strong>de</strong> Miklos<br />
Banffy (1934). Traduit du Hongrois par Jean-Luc Moreau, préface <strong>de</strong><br />
Patrick Leigh Fermor, Phébus, "D'aujourd'hui étranger", 2002 pour<br />
l'édition française, 764 pages, 24,5 € (162 F).<br />
La vallée <strong>de</strong> la Sinistra d'Adam Bodor (1992). Traduit du<br />
Hongrois par Emilie Molnos Malaguti, avant-propos <strong>de</strong> Jean-Luc<br />
Moreau, Robert Laffont, coll. "Pavillons", 1995 pour l'édition<br />
française, 216 pages, 20 € (132 F).<br />
Parution d'un dictionnaire en français<br />
sur la mythologie populaire roumaine<br />
tion aussi bien sur le plan <strong>de</strong>s cultes que<br />
<strong>de</strong> la culture, leur influence sur <strong>les</strong> mentalités<br />
collectives, à travers <strong>les</strong> différentes<br />
régions <strong>de</strong> la Roumanie.<br />
Petit dictionnaire <strong>de</strong> mythologie populaire<br />
roumaine <strong>de</strong> Ion Talos, traduit par<br />
Anneliese et Clau<strong>de</strong> Lecouteux. Editions littéraires<br />
et linguistiques <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong><br />
Grenoble, 2002, 211 pages, 19 € (125 F).<br />
22 37
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 38<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA TARGU<br />
<br />
<br />
MURES<br />
IASI<br />
CLUJ BACAU<br />
<br />
ARAD <br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
PITESTI<br />
<br />
BRAILA <br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
<br />
On nous écrit<br />
Français du Banat<br />
réfugiés en Provence<br />
Bernard Gremillet, <strong>de</strong> Balagny<br />
sur Thérain (Oise), apporte <strong>de</strong>s éléments<br />
complémentaires à la suite<br />
<strong>de</strong> notre article sur <strong>les</strong> colons<br />
français du Banat, venus <strong>de</strong><br />
Lorraine et d'Alsace ( N°15, p.48).<br />
"Des généalogistes m'ont fait<br />
parvenir <strong>de</strong>s <strong>document</strong>s intéressants;<br />
ils confirment l'implantation<br />
<strong>de</strong> ces colons du temps <strong>de</strong> l'empire<br />
austro-hongrois. Après 200 ans, au<br />
cours <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale,<br />
ils ont subi l'invasion russe et<br />
ont dû émigrer vers l'ouest <strong>de</strong><br />
l'Europe. Robert Schumann, luimême<br />
lorrain, a été sensible aux<br />
conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ces déplacés<br />
en Autriche (Noël 1947) ; il permit et<br />
favorisa l'accueil <strong>de</strong> plusieurs centaines<br />
<strong>de</strong> réfugiés dans une commune<br />
du Vaucluse, La Roque sur<br />
Pernes, au pied du Ventoux. Depuis<br />
ceux-ci ont fait souche et redonné<br />
vie à une commune délaissée.”<br />
Ces Informations sont tirées <strong>de</strong>s<br />
artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> presse et d'étu<strong>de</strong>s :<br />
- "Le Républicain Lorrain" du<br />
21 janvier 1976<br />
- Mémoire au sujet <strong>de</strong> la recolonisation<br />
<strong>de</strong>s Lorrains et <strong>de</strong>s Alsaciens<br />
du Banat par le Dr.Emmerich Reitter<br />
(né en 1875 à Lovrin, proche <strong>de</strong><br />
Timisoara), ancien député et sénateur<br />
<strong>de</strong> Roumanie, publié en 1945.<br />
- Extrait du "Lorrain" du 12 et 13<br />
juin 1954, photocopié aux archives<br />
municipa<strong>les</strong> <strong>de</strong> Thionville.<br />
- "L'illustration" du 21/11/1934;<br />
article d’André Rosambert concernant<br />
Mertisoara, ancien Mercydorf,<br />
entre Arad et Timisoara.<br />
Cinéma<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Brasov a accueilli le tournage<br />
du plus grand film tourné en Roumanie<br />
Amour et guerre <strong>de</strong> Sécession<br />
transposés dans <strong>les</strong> Carpates<br />
Tout au long du second semestre 2002, <strong>les</strong> environs immédiats <strong>de</strong> Brasov ont<br />
accueilli le tournage du plus grand long-métrage jamais réalisé en<br />
Roumanie, "Cold mountain", dont le budget <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent millions<br />
d'euros aurait été le plus important <strong>de</strong> l'année, au niveau du cinéma mondial.<br />
Cette co-production britannico-italo-roumaine, dont on parle déjà comme étant en<br />
course pour <strong>les</strong> Oscars, a réuni <strong>de</strong>s acteurs célèbres comme Nicole Kidman, Ju<strong>de</strong> Law,<br />
Donald Sutherland, et <strong>de</strong>vrait sortir sur <strong>les</strong> écrans à la fin <strong>de</strong> l'année. Le scénario, mis<br />
en scène par Anthony Minghella d'après le roman <strong>de</strong> Char<strong>les</strong> Frazier, raconte l'histoire<br />
d'amour née entre une jeune femme et un soldat confédéré poursuivi pour désertion<br />
pendant la guerre <strong>de</strong> Sécession.<br />
Le producteur du film, l'Ecossais Iain Smith, qui a déjà à son actif "Sept ans au<br />
Tibet", "Le cinquième élément", "1492", a confié à "A<strong>de</strong>varul" ("La Vérité") <strong>les</strong><br />
circonstances qui l'ont amené à choisir la Roumanie pour ce tournage.<br />
Ressemblance avec la Caroline du Nord, coûts moins élevés<br />
"J'étais venu voici <strong>de</strong>ux ans en Transylvanie pour me faire une idée du pays. J'ai<br />
voyagé à pied, en stop, en bus, en taxi pendant une semaine, et quand j'ai découvert<br />
Brasov et ses environs, je me suis dit que c'était une ville assez gran<strong>de</strong> pour accueillir<br />
une réalisation mais je n'avais pas du tout en tête "Cold Mountain" dont le tournage<br />
était prévu aux USA, tout en me disant que je viendrai faire un film ici".<br />
"Mais six mois plus tard, le coût <strong>de</strong> la production s'était tellement enflé, au point<br />
<strong>de</strong> vouloir arrêter le projet, qu'il a fallu se tourner vers d'autres pays meilleurs marchés,<br />
le Canada, <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est… ce qui n'enchantait pas le réalisateur. Mais je l'ai<br />
finalement convaincu en lui parlant <strong>de</strong>s beautés étranges <strong>de</strong> la Transylvanie, <strong>de</strong> ses<br />
ressemblances avec la Caroline du Nord où se déroule l'action, "Cold Mountain" se<br />
trouvant d'ailleurs dans un comté portant le nom… <strong>de</strong> Transylvanie. Bien sûr, <strong>les</strong> coûts<br />
extrêmement bas <strong>de</strong> la réalisation sur place, permettant <strong>de</strong> réaliser beaucoup d'autres<br />
choses sont entrés en ligne <strong>de</strong> compte".<br />
Interrogé sur <strong>les</strong> conditions du tournage et le niveau technique du cinéma en<br />
Roumanie, Iain Smith a indiqué que ce pays ne figurait pas encore sur la carte <strong>de</strong>s<br />
lieux où <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s productions peuvent réaliser <strong>de</strong>s films, mais que l'idée avançait<br />
doucement. "Cold Mountain", film <strong>de</strong> bonne qualité, coûtant beaucoup moins cher<br />
qu'aux USA ai<strong>de</strong>ra certainement à faire signer <strong>de</strong> nouveaux contrats" a-t-il prédit,<br />
ajoutant toutefois "l'industrie cinématographique est encore sous-développée ici ; <strong>les</strong><br />
professionnels ne le sont parfois pas ou manquent d'expérience car ils n'ont travaillé<br />
que sur <strong>de</strong> petits projets. J'en ai quand même trouvé <strong>de</strong>s bons, pleins d'enthousiasme".<br />
"Ce n'est pas un pays où on travaille sans problèmes"<br />
Le producteur a également confié que "la Roumanie n'est pas un pays où on travaille<br />
sans problèmes. La mentalité y est très étrangère à la nôtre; la corruption y est<br />
très gran<strong>de</strong> ainsi que la propension à faire <strong>de</strong>s affaires par en <strong>de</strong>ssous. Je l'ai senti<br />
tous <strong>les</strong> jours". L'Ecossais a indiqué que cette corruption ne l'avait pas perturbé personnellement,<br />
car il n'y avait pas été confronté lui-même, ni à <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong> chantage,<br />
mais qu'elle avait certainement joué sur <strong>les</strong> Roumains : "J'ai négocié avec eux<br />
un salaire, le meilleur que je pouvais offrir; en contre-partie, je voulais qu'ils soient<br />
disponib<strong>les</strong> 7 jours sur 7, et qu'ils travaillent quand on en avait besoin. Mais comment<br />
se montrer exigeant quand ils ne reçoivent qu'une partie <strong>de</strong> la somme due… et que le<br />
reste a disparu. Quand je paye un chauffeur, je veux que ce soit lui qui reçoive l'argent<br />
et pas quelqu'un d'autre".
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Musique<br />
A31 ans, Remus Azoitei est <strong>de</strong>venu le plus jeune<br />
professeur <strong>de</strong> toute l'histoire <strong>de</strong> la prestigieuse<br />
Académie Royale <strong>de</strong> Musique <strong>de</strong><br />
Londres, vieille pourtant <strong>de</strong> 180 ans. La<br />
vénérable institution a proposé au jeune violoniste<br />
non seulement d'interrompre sa<br />
secon<strong>de</strong> année d'étu<strong>de</strong>s qu'il y menait mais<br />
lui a proposé <strong>de</strong> rejoindre le corps professoral.<br />
Remus Azoitei a parallèlement entrepris<br />
une carrière <strong>de</strong> concertiste qui l'a déjà conduit<br />
sur <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la planète où<br />
ses interprétations pleines <strong>de</strong> tempérament<br />
lui ont valu éloges et nombreux prix, ses<br />
prestations étant saluées par la critique, aussi<br />
bien en France qu'en Allemagne, qui a reconnu<br />
en lui "un violoniste <strong>de</strong> classe mondiale".<br />
Le jeune Roumain avait commencé très tôt l'apprentissage<br />
du violon à Galati, encouragé par ses parents, ingénieurs et<br />
mélomanes. Ceux-ci avaient d'ailleurs décidé, avec beaucoup<br />
<strong>de</strong> difficultés, <strong>de</strong> quitter <strong>les</strong> bords du Danube pour venir s'établir<br />
à Bucarest, en 1984, afin que leur fils puisse s'inscrire au<br />
Variétés<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Remus Azoitei, violoniste au talent reconnu<br />
par l'Académie Royale <strong>de</strong> Musique <strong>de</strong> Londres<br />
lycée <strong>de</strong> musique "George Enescu", puis à l'Académie <strong>de</strong><br />
Musique "Ciprian Porumbescu".<br />
En 1995, Remus Azoitei remportait le<br />
prix Eugène Sirbu d'un montant <strong>de</strong> 1000 €,<br />
qui lui offrait aussi la possibilité <strong>de</strong> donner<br />
<strong>de</strong>ux concerts aux Etats-Unis. Aidé par <strong>de</strong>ux<br />
relations, persuadées <strong>de</strong> son talent, qui lui<br />
remirent 3000 €, il put se rendre à New-York<br />
et donna un récital qui enchanta une spectatrice<br />
<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 80 ans, Dorothy Delay, la<br />
plus célèbre professeur <strong>de</strong> piano américaine.<br />
La vieille dame lui fit obtenir une bourse à la<br />
Juliard school <strong>de</strong> New-York, où un an d'étu<strong>de</strong><br />
coûte 27 000 € (180 000 F), et où il fut<br />
l'un <strong>de</strong>s quinze interprètes admis à poursuivre<br />
un master <strong>de</strong> violon, sur un total <strong>de</strong><br />
500 musiciens venus du mon<strong>de</strong> entier qui y suivent <strong>de</strong>s cours.<br />
Depuis, la carrière <strong>de</strong> Remus Azotei a pris son envol mais,<br />
tout comme sa jeune compatriote, Alina Cojocaru, danseuse<br />
étoile à Covent Gar<strong>de</strong>n, l'Opéra Royal <strong>de</strong> Londres, l'artiste est<br />
davantage connu à l'étranger que dans son pays.<br />
Les <strong>de</strong>ux jumel<strong>les</strong> effrontées <strong>de</strong> Cluj font un tabac en Angleterre<br />
Les "Cheeky Girls" : un "petit cul"<br />
adorable déboussole <strong>les</strong> ados timi<strong>de</strong>s<br />
Fin décembre, en quelques semaines, <strong>de</strong>ux adorab<strong>les</strong> et effrontées jumel<strong>les</strong> <strong>de</strong> 20 ans, Gabriela et Monica, originaires <strong>de</strong><br />
Cluj, ont créé l'événement en Gran<strong>de</strong> Bretagne avec un "single" (une seule chanson) qui est restée au hit-para<strong>de</strong> quatre<br />
semaines, occupant même la secon<strong>de</strong> place, alors qu'el<strong>les</strong> étaient totalement inconnues. Avec 360 000 exemplaires déjà<br />
vendus en un mois, leur tube, "Touch my bum" ("Touche mon petit cul") est bien parti pour<br />
leur assurer un disque d'or, décerné automatiquement quand la barre <strong>de</strong>s 400 000 est dépassée.<br />
Mutines, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux très jolies sœurs, qui ont pris comme nom <strong>de</strong> scène "Cheeky Girls"<br />
("Les chenapantes") ont tapé dans le mille en s'adressant aux ado<strong>les</strong>cents et garçons timi<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> leur âge pour <strong>les</strong> "décoincer". La chanson a été écrite en une <strong>de</strong>mi-heure sur un coin <strong>de</strong><br />
table par leur mère, Maggie, une Roumaine qui vit dans le Kent et est séparée <strong>de</strong> son mari,<br />
mé<strong>de</strong>cin à Cluj.<br />
"C'est <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> jeunes, simple à comprendre" plai<strong>de</strong>-telle <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> adultes dubitatifs<br />
<strong>de</strong>vant le niveau du texte … et <strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> vente lui donnent raison. La chanson s'est<br />
imposée dans <strong>les</strong> discothèques, a fait le tour <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> : "Je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais où tu<br />
vas; je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais ce que tu fais; je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais ce que tu penses;<br />
je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais jamais si tu veux être à moi; Viens et souris, ne sois pas timi<strong>de</strong>; touche<br />
mon petit cul, c'est la vie; nous sommes <strong>les</strong> chenapantes; vous êtes <strong>les</strong> chenapans". Difficile<br />
<strong>de</strong> résister !<br />
Le site Internet <strong>de</strong> CNN Europe a consacré un grand article avec photo aux <strong>de</strong>ux clujoises,<br />
<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont commencé à faire un tabac aux Etats-Unis et aux Canada, y faisant l'objet<br />
<strong>de</strong> reportages dans plusieurs journaux à grand tirage Le succès <strong>de</strong>s jumel<strong>les</strong> s'apprête à<br />
franchir la Manche, <strong>les</strong> "Cheeky Girls" <strong>de</strong>vant faire une tournée <strong>de</strong> présentation en<br />
Allemagne, Autriche, France et Hollan<strong>de</strong>.<br />
Elèves dans une école <strong>de</strong> danse et d'art dramatique <strong>de</strong> Cluj, où on <strong>les</strong> trouvait gâtées, trop délurées, manquant <strong>de</strong> la grâce et<br />
<strong>de</strong> la rigueur exigées pour <strong>les</strong> ballerines, Gabriela et Monica Irimia vivent un vrai rêve. Elevées pendant sept ans par leur grandmère<br />
<strong>de</strong> 80 ans, après la séparation <strong>de</strong> leurs parents, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sœurs ont rejoint leur mère en Angleterre, en 20<strong>01</strong>, pour <strong>de</strong> simp<strong>les</strong><br />
vacances qui durent encore… et viennent <strong>de</strong> recevoir le droit d'y rési<strong>de</strong>r.<br />
22 39
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 40<br />
Ana<br />
BAIA<br />
MARE<br />
<br />
<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
IASI<br />
CLUJ MURES<br />
<br />
<br />
CODAESTI<br />
ARAD<br />
<br />
VASLUI<br />
BACAU<br />
<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
<br />
GALATI<br />
TIMISOARA SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
PITESTI <br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
<br />
Suspectée d'avoir<br />
dénoncé son mari<br />
Ana Pauker a eu une vie sentimentale<br />
agitée et on lui a prêté <strong>de</strong><br />
nombreux amants, qui avaient<br />
cependant tous la caractéristique<br />
d'être, à ses yeux, "politiquement<br />
correct". Deux enfants sont nés <strong>de</strong><br />
son mariage avec Marcel Pauker :<br />
Vlad, en 1926, et Tatiana, en 1928.<br />
Leurs attributions respectives au sein<br />
du Kominterm <strong>les</strong> éloignant géographiquement,<br />
le couple se délite.<br />
Marcel a une liaison avec une militante<br />
communiste <strong>de</strong> Bessarabie,<br />
dont naît un fils, Iakov, en 1931.<br />
De son côté, Ana, envoyée à<br />
Paris, y rencontre Eugen Fried,<br />
homme lige mandaté par Staline<br />
pour réorganiser le Parti<br />
Communiste Français dont il est le<br />
secrétaire général, et qui installera<br />
Maurice Thorez à sa tête. De leur<br />
relation, naîtra en 1932, à Moscou,<br />
Marie, qui sera élevée par Aurora,<br />
l'ancienne maîtresse <strong>de</strong> Thorez,<br />
<strong>de</strong>venue la femme <strong>de</strong> Fried… ce qui<br />
accréditera le bruit que le premier<br />
serait son véritable père. Prise par<br />
ses activités militantes, Ana confiera<br />
ses <strong>de</strong>ux premiers enfants au MOPR<br />
("Le Secours rouge", œuvre sociale<br />
communiste pour <strong>les</strong> militants).<br />
Ana Pauker apprendra l'arrestation<br />
<strong>de</strong> son mari comme "ennemi du<br />
peuple", "pour trotskisme", sa déportation<br />
et son exécution, en 1938,<br />
lors <strong>de</strong>s purges staliniennes, alors<br />
qu'elle est elle-même en prison en<br />
Roumanie. Elle sera suspectée <strong>de</strong><br />
l'avoir dénoncé, aveuglée par son<br />
fanatisme mais, plus tard, elle<br />
démentira cette version et la question<br />
est toujours sujette à controverse,<br />
aujourd'hui.<br />
Histoire<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
De retour en Roumanie avec l'Armée<br />
Rouge, la stalinienne fanatique<br />
sera déchue par son propre parti<br />
Pauker, toute puissante matrone<br />
d'un régime honni, importé d'URSS<br />
Ana Pauker… L'évocation du nom fait encore frémir bien <strong>de</strong>s Roumains<br />
qui y accolent <strong>les</strong> souvenirs <strong>de</strong> l'instauration du régime communiste, <strong>de</strong> sa<br />
terrible épuration et <strong>de</strong> la collectivisation forcée. Pourtant, cette figure <strong>de</strong><br />
premier plan du communisme international le<br />
plus sinistre, <strong>de</strong>venue la première femme au<br />
mon<strong>de</strong> ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères, en<br />
1947, avant d'être dévorée, elle-aussi, par la<br />
Révolution qu'elle avait contribué à mettre en<br />
place, suscite parfois <strong>de</strong>s ébauches <strong>de</strong> réhabilitation<br />
<strong>de</strong> la part d'historiens américains.<br />
Ces tentatives indignent <strong>les</strong> Roumains qui<br />
n'oublient pas le rôle d'une poignée d'intellectuels<br />
et activistes - essentiellement d'origine<br />
juive, ne manquent-ils pas <strong>de</strong> souligner -<br />
formés à Moscou, revenus au pays dans <strong>les</strong><br />
fourgons <strong>de</strong> l'Armée Rouge pour l'ai<strong>de</strong>r à installer<br />
la dictature communiste dans un pays<br />
qui n'en voulait pas et où ils étaient ultraminoritaires.<br />
Pour <strong>de</strong>s générations <strong>de</strong> Roumains, Ana Pauker est cette matrone d'un régime qui,<br />
au temps <strong>de</strong> sa toute puissance, entre 1947 et 1952, ne circulait à travers le pays que<br />
dans une voiture blindée, escortée par d'autres véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong> la police secrète, changeant<br />
sans arrêt <strong>de</strong> place… sans-doute <strong>de</strong> peur d'être victime du sentiment <strong>de</strong> haine et<br />
<strong>de</strong> dégoût que nourrissait tout un peuple à son égard.<br />
De la communauté juive <strong>de</strong> Vaslui au bolchevisme<br />
Ana Pauker, <strong>de</strong> son vrai nom, Ana Rabinsohn, est née le 13 décembre 1893 dans<br />
une famille juive <strong>de</strong> Codaesti (ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Vaslui), en Moldavie. Son père était chanteur,<br />
puis professeur d'hébreu à la synagogue locale; sa mère, Sarah, beaucoup plus pragmatique,<br />
tenait une petite épicerie. La communauté juive était nombreuse dans la<br />
région, la politique antisémite du tsar Alexandre II (1818-1881) ayant conduit <strong>de</strong>s centaines<br />
<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> ses membres à fuir la Russie pour <strong>de</strong>s cieux plus tolérants et<br />
mieux disposés à accueillir leurs activités.<br />
Son grand-père ayant remarqué ses dispositions, Ana fut inscrite à l'école He<strong>de</strong>r<br />
censée n'accueillir que <strong>les</strong> garçons <strong>de</strong> sa communauté. Elle y suivit une scolarité <strong>de</strong><br />
huit années, avant <strong>de</strong> fréquenter une école pour <strong>de</strong>venir couturière. Plus tard, à l'âge<br />
<strong>de</strong> 18 ans - ce sera son premier engagement - elle militera au sein du mouvement Bait<br />
Ya'cov qui avait pris en charge la scolarisation <strong>de</strong>s jeunes fil<strong>les</strong> juives, et donnera <strong>de</strong>s<br />
cours d'hébreu.<br />
Révoltée par l'injustice sociale qui règne dans le pays, Ana Rabinsohn rejoint un<br />
groupuscule socialiste, le PSDMR (Parti Social-Démocrate <strong>de</strong>s Travailleurs<br />
Roumains), en 1915. Elle a 22 ans et sa vie prend dès lors une autre tournure, qui l'éloigne<br />
du <strong>de</strong>stin habituel <strong>de</strong>s jeunes fil<strong>les</strong> <strong>de</strong> sa communauté pour prendre le chemin<br />
<strong>de</strong> la révolution et <strong>de</strong> l'internationalisme.<br />
Sous l'effet <strong>de</strong> la Révolution russe, le PSDMR se divise entre radicaux et modérés.<br />
La jeune femme rejoint <strong>les</strong> premiers et <strong>les</strong> ai<strong>de</strong> à constituer un "conseil secret",<br />
d'orientation bolchevique. En cette pério<strong>de</strong> agitée <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> la première Guerre mondiale,<br />
alors que la Roumanie, qui s'est rangée aux côtés <strong>de</strong>s alliés, parvient enfin à faire<br />
son unité, elle distribue <strong>de</strong>s manifestes appelant à l'autodétermination <strong>de</strong>s minorités.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Un internationalisme qui tient lieu <strong>de</strong> patrie<br />
Cette attitu<strong>de</strong> sera désormais un trait dominant <strong>de</strong> son<br />
engagement : le militantisme internationaliste, que ce soit au<br />
sein du Komintern (1919-1943), puis <strong>de</strong> son successeur, le<br />
Kominform (1947-1956), <strong>les</strong> organisations extérieures communistes,<br />
courroies <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> l'URSS. Dès lors, elle<br />
rejettera tout attachement sentimental avec son pays, le remplaçant<br />
par un autre patriotisme, fondé sur une obédience<br />
autrement aveugle, à un parti, à une puissance étrangère, et à<br />
son chef.<br />
Envoyée en Suisse par son employeur, un industriel qui lui<br />
avait confié un poste <strong>de</strong> bibliothécaire, pour continuer <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s… qu'elle ne suivra jamais, elle y rencontrera son mari,<br />
Marcel Pauker, un militant communiste, roumain et juif<br />
comme elle, qui y faisait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d'ingénieur. De retour en<br />
Roumanie, le couple participera à la création du Parti<br />
Communiste Roumain, en 1921, lequel adhère immédiatement<br />
au Komintern.<br />
Son engagement en faveur <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s provinces<br />
où vivent <strong>de</strong>s minorités - il aurait conduit notamment au rattachement<br />
<strong>de</strong> la Bessarabie à l'URSS - considéré comme une trahison<br />
vis à vis <strong>de</strong> l'unité nationale roumaine, lui vaut un premier<br />
séjour en prison, fin 1921, suivi d'une amnistie en 1922.<br />
Le PCR, dirigé alors par Elek Koblos - un juif hongrois… la<br />
pire <strong>de</strong>s origines aux yeux <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> l'époque - étant<br />
déclaré hors la loi en 1924, Ana Pauker est à nouveau arrêtée<br />
et ne sera libérée que <strong>de</strong>ux ans plus tard.<br />
Devenue "L'homme <strong>de</strong> Moscou"<br />
Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux décennies d'errance, au service du<br />
Komintern, commencent alors.<br />
Successivement à Prague, pour<br />
soigner son mari, à Berlin pour<br />
réactiver le PC allemand, à Paris<br />
pour s'occuper du PC français, à<br />
Vienne, où elle traduit <strong>les</strong> œuvres<br />
<strong>de</strong> Lénine, Ana, désormais<br />
Pauker, est <strong>de</strong>venue une militante<br />
professionnelle. Sa plus gran<strong>de</strong><br />
ambition est <strong>de</strong> rejoindre l'école<br />
du Parti à Moscou. Mais ses tentations<br />
trotskistes exprimées lors<br />
du IVème congrès du PCR, qui<br />
s'est tenu en Ukraine en 1927, la<br />
<strong>de</strong>sservent. Toutefois, l'insistance<br />
<strong>de</strong> relations haut placées lui en<br />
ouvre <strong>les</strong> portes.<br />
Commence alors une ascension<br />
foudroyante au sein du<br />
Komintern. Vouant une obéissance sans faille à ses maîtres <strong>de</strong><br />
Moscou, une admiration sans limite au "Petit père <strong>de</strong>s<br />
peup<strong>les</strong>", Ana Pauker est <strong>de</strong>venue une apparatchik sans scrupu<strong>les</strong>,<br />
stalinienne fanatique… qui avalera sans rien dire la<br />
déportation dans un goulag <strong>de</strong> son mari, soupçonné <strong>de</strong> "trahison<br />
trotskiste", et son exécution. Elle est amie avec<br />
Viatcheslav Molotov (1890-1986), inamovible ministre <strong>de</strong>s<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Affaires étrangères <strong>de</strong> Staline, qui ne pipera mot quand celuici<br />
déportera sa femme, d'origine juive… L'époque où elle se<br />
décrivait comme une femme rêveuse, altruiste est bien lointaine.<br />
Ana Pauker échappe à la gran<strong>de</strong> épuration stalinienne <strong>de</strong>s<br />
années 1935-37, qui prend déjà un caractère antisémite marqué.<br />
Les Soviétiques la considèrent alors comme leur<br />
"homme" pour la Roumanie, "le seul" qu'ils agréent totalement.<br />
Cette confiance se concrétisera en 1940 quand, rentrée<br />
au pays cinq ans plus tôt et arrêtée pour la 3ème fois,<br />
condamnée à dix ans <strong>de</strong> prison dans le cadre du procès <strong>de</strong><br />
Craiova contre <strong>les</strong> dirigeants du PCR, elle est la seule détenue<br />
libérée par Bucarest, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'URSS, et échangée par<br />
<strong>les</strong> Soviétiques contre le lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> Bessarabie,<br />
Ion Codreanu qu'ils ont emprisonné.<br />
Des semi-analphabètes<br />
à la place <strong>de</strong>s fonctionnaires<br />
Ana Pauker, lors d’un meeting, sous <strong>les</strong> portraits <strong>de</strong> Petru Groza,<br />
prési<strong>de</strong>nt du Conseil, homme <strong>de</strong> paille <strong>de</strong>s communistes,<br />
et du jeune Roi Michel, dont l’image est utilisée pour leur cause.<br />
Dès l'entrée <strong>de</strong>s chars russes dans Bucarest, début septembre<br />
1944, Ana Pauker est à pied d'œuvre. Elle est l'une <strong>de</strong>s<br />
sept secrétaires du comité central du PCR, <strong>de</strong>venu plus tard le<br />
PMR (Parti Ouvrier Roumain) à la suite <strong>de</strong> sa fusion avec le<br />
PSDR (Parti Social Démocrate Roumain). A ce titre, ces apparatchiks<br />
ont la main haute sur l'appareil du Parti et tirent <strong>les</strong><br />
ficel<strong>les</strong> du gouvernement <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> paille que Moscou a<br />
installé au pouvoir le 6 mars 1945, le docteur Petru Groza.<br />
Dès le len<strong>de</strong>main, <strong>les</strong> communistes déclenchent une<br />
répression à large échelle. Plus <strong>de</strong> 70 000 fonctionnaires et<br />
cadres sont licenciés, arrêtés, envoyés dans <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> travail.<br />
Trois semaines plus tard, Ana Pauker répriman<strong>de</strong> son<br />
camara<strong>de</strong>, Teohari Georgescu, le sinistre ministre <strong>de</strong><br />
l'Intérieur, estimant qu'il ne va<br />
pas assez vite en besogne.<br />
Des <strong>de</strong>mi-analphabètes,<br />
parfois <strong>de</strong>s détenus <strong>de</strong> droit<br />
commun ou <strong>de</strong>s voyous <strong>les</strong><br />
remplacent… s'ils peuvent se<br />
prévaloir d'une "origine saine",<br />
c'est à dire appartenant à <strong>de</strong>s<br />
famil<strong>les</strong> sans biens, ne comptant<br />
pas d'intellectuels, <strong>de</strong> professions<br />
libéra<strong>les</strong> et <strong>de</strong> prêtres<br />
dans leur rang. Pour mener à<br />
bien sa tâche, le Parti avait<br />
besoin d'exécutants doci<strong>les</strong>, ne<br />
se posant pas <strong>de</strong> questions.<br />
Un décret gouvernemental<br />
légalisera l'affaire : il ne sera<br />
plus nécessaire d'avoir un<br />
minimum d'étu<strong>de</strong>s pour exer-<br />
cer <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> préfet, maire, directeur <strong>de</strong> services départementaux,<br />
inspecteur <strong>de</strong>s finances, etc… La carte du Parti<br />
tient lieu <strong>de</strong> diplôme. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsigane<br />
analphabète, voleurs <strong>de</strong> chevaux, qui <strong>de</strong>vient prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
CAP (Coopérative Agricole <strong>de</strong> Production), et propulse sa<br />
sœur chef-comptable… La mairesse désignée par le Parti était,<br />
elle, connue <strong>de</strong> tous pour être la prostituée <strong>de</strong> la commune.<br />
22 41
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 42<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
TARGU MURES IASI<br />
ARAD<br />
CLUJ <br />
BACAU<br />
<br />
DEVA<br />
BRASOV<br />
<br />
<br />
GALATI<br />
TIMISOARA SIBIU <br />
<br />
<br />
PREDEAL BRAILA <br />
PITESTI PLOIESTI<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
"Pire que la Siguranta"<br />
"Vous arrêtez quelqu'un; vous le<br />
traitez d'espion, vous le brutalisez<br />
par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s que je n'ai jamais<br />
connues dans aucune prison, même<br />
à la Siguranta (police secrète <strong>de</strong> l'ancien<br />
régime); vous l'insultez, l'humiliez,<br />
jetez ses enfants hors <strong>de</strong> chez<br />
lui… sans oublier <strong>de</strong> dire "Excusezmoi"<br />
comme si vous lui aviez marché<br />
sur <strong>les</strong> pieds "…<br />
Grief d'Ana Pauker à l'encontre <strong>de</strong><br />
ses anciens camara<strong>de</strong>s communistes,<br />
<strong>de</strong>venus ses juges, lors <strong>de</strong><br />
son procès, en 1952.<br />
"Un serpent fascinant"<br />
"Une grosse et forte femme, une<br />
tignasse grise courte et en désordre,<br />
un regard bleu sauvage sous <strong>de</strong>s<br />
paupières qui tombent, un sourire<br />
fascinant que ne pouvait cacher sa<br />
lèvre supérieure débordant sur son<br />
menton… tout en elle révélait un<br />
forte personnalité. J'ai toujours pensé<br />
quand je la voyais qu'elle était un<br />
boa constrictor qui venait d'avaler sa<br />
proie et qui n'était pas pressé <strong>de</strong><br />
vous manger. Lour<strong>de</strong> et empruntée,<br />
elle avait l'aspect repoussant et terriblement<br />
fascinant d'un serpent. A<br />
simplement la regar<strong>de</strong>r, je pouvais<br />
très bien me l'imaginer en train <strong>de</strong><br />
dénoncer son mari, qui sera fusillé<br />
plus tard. Je compris par quelle froi<strong>de</strong><br />
et déshumanisée volonté elle<br />
avait atteint <strong>les</strong> sommets du pouvoir".<br />
Portrait d'Ana Pauker par la princesse<br />
Ileana <strong>de</strong> Roumanie (1909-<br />
1991), tante du Roi Michel, (I live<br />
again, Je revis, Edition Golancz,<br />
Londres, 1952).<br />
<br />
Le grand poète et philosophe Lucian Blaga<br />
condamné à balayer <strong>les</strong> caniveaux <strong>de</strong> Cluj<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Chargée <strong>de</strong> la réorganisation <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> l'Etat à tous <strong>les</strong> niveaux, et<br />
considérée comme une intellectuelle malgré son maigre bagage en la matière, Ana<br />
Pauker joue aussi un rôle <strong>de</strong> premier plan dans la "purification culturelle" du pays,<br />
menée en même temps. Le but est simple : il faut éliminer l'élite et la remplacer par<br />
une nouvelle caste, créée <strong>de</strong> toutes pièces par le PCR, dont elle-même fait partie avec<br />
le ministre <strong>de</strong> l'Intérieur et qui ne compte que <strong>de</strong>s opportunistes : Iosif Chisinevski,<br />
Leonte Rautu, Mihai Roler. Toute liaison avec la culture occi<strong>de</strong>ntale est interdite En<br />
1949, le régime annulera l'accord culturel passé avec la France, onze ans plus tôt.<br />
Prison avec parfois la mort au bout, intimidations, harcèlements, mises à l'écart<br />
vont sinistrer durablement la brillante culture roumaine. Professeur à l'université <strong>de</strong><br />
Cluj, le grand poète et philosophe Lucian Blaga, universellement connu, proposé pour<br />
le Prix Nobel, est envoyé au "munca <strong>de</strong> jos" ("travail d'en bas"). Devenu ouvrier, il<br />
est chargé par la mairie, à plus <strong>de</strong> 60 ans, <strong>de</strong> balayer <strong>les</strong> caniveaux <strong>de</strong> la ville, dont<br />
ceux <strong>de</strong> la place centrale qui porte aujourd'hui son nom. Ses étudiants se relaieront la<br />
nuit pour effectuer sa tâche. Plus tard, il sera confiné dans un poste <strong>de</strong> bibliothécaire.<br />
Ami <strong>de</strong> Matisse, le peintre Theodor Pallady est totalement isolé à son domicile,<br />
sans contacts extérieurs, à cause <strong>de</strong> son refus <strong>de</strong> respecter <strong>les</strong> "canons artistiques" du<br />
stalinisme. Le poète Tudor Arghezi, consacré par <strong>de</strong>s prix prestigieux à l'étranger, est<br />
interdit <strong>de</strong> publication et vendra <strong>de</strong>s cerises ou <strong>de</strong>s pommes pour survivre. Quand à<br />
l'historien Gheorghe Bratianu, il mourra en prison <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> mauvais traitements.<br />
Pru<strong>de</strong>nte sur la collectivisation<br />
car effrayée par l'expérience soviétique<br />
Ana Pauker s'efforce d'étendre<br />
son emprise sur le pouvoir.<br />
Alors qu'elle a 52 ans, elle<br />
tentera même d'élargir son<br />
influence jusqu'au jeune roi<br />
Michel, 23 ans, encore célibataire<br />
et toujours chef <strong>de</strong> l'Etat, en<br />
essayant en vain <strong>de</strong> le séduire.<br />
Après un court passage à la tête<br />
du ministère <strong>de</strong>s Affaires<br />
étrangères, en 1947, où elle servira<br />
la voix <strong>de</strong> son maître Staline,<br />
Ana Pauker va <strong>de</strong>venir le personnage<br />
central d'un <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s <strong>les</strong><br />
Victimes d’une purge, Vasile Luca et Teohari<br />
Georgescu tomberont en même temps qu’Ana Pauker.<br />
plus terrib<strong>les</strong> que la Roumanie ait connu. Ministre <strong>de</strong> l'Agriculture, en 1948, dans un<br />
pays où la paysannerie constitue encore 80 % <strong>de</strong> la population, elle a en charge la collectivisation<br />
en masse <strong>de</strong>s campagnes imposée par Moscou. Pourtant, elle est pru<strong>de</strong>nte,<br />
non par humanisme mais pour s'assurer <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong> cette entreprise. En 1930,<br />
en stage à l'école du léninisme <strong>de</strong> Moscou, elle a fait partie d'une délégation chargée<br />
<strong>de</strong> contrôler dans la région <strong>de</strong> la Volga, la collectivisation forcée décidée par Staline.<br />
La famine qui en a résultée, la révolte <strong>de</strong>s paysans russes, l'ont effrayée. Elle a assisté<br />
aux arrestations massives, aux déportations, aux exécutions sommaires auxquels le<br />
pouvoir procè<strong>de</strong> dans <strong>de</strong>s proportions hallucinantes, pour venir à bout <strong>de</strong>s résistances.<br />
Mais le plénum du comité central du Parti <strong>de</strong> mars 1949, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer outre<br />
ses réserves, supprime d'un coup <strong>de</strong> plume la gran<strong>de</strong> réforme agraire <strong>de</strong> 1945 qui avait<br />
permis à <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> famil<strong>les</strong> d'agriculteurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir propriétaires<br />
<strong>de</strong> leurs champs et ordonne la confiscation <strong>de</strong>s terres, tout en laissant croire aux paysans<br />
qu'ils sont libres <strong>de</strong> leur choix. Pour mener à bien son projet, le pouvoir mobilise<br />
<strong>de</strong>s forces énormes <strong>de</strong> la milice (police), <strong>de</strong> la Securitate, appelle à la rescousse<br />
l'Armée, recrute <strong>de</strong>s mouchards sur place. Dénichés en ville, <strong>de</strong>s délinquants issus <strong>de</strong><br />
la pègre viennent terroriser et brutaliser <strong>les</strong> récalcitrants.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Des paysans contraints <strong>de</strong> s'agenouiller<br />
et <strong>de</strong> prier <strong>de</strong>vant le portrait <strong>de</strong> Staline<br />
Le pays connaît l'une <strong>de</strong>s pages <strong>les</strong> plus sombres <strong>de</strong> son<br />
histoire, qui va durer 3-4 mois. Mais opportunément, pendant<br />
cette pério<strong>de</strong>, Ana Pauker est partie à Moscou faire soigner un<br />
cancer du sein. Elle a laissé <strong>les</strong> rênes à Alexandru Mogyorosi.<br />
Pourtant à son retour, non seulement elle continue la répression<br />
mais elle va l'aggraver en 1950. Dans <strong>de</strong> nombreux ju<strong>de</strong>ts,<br />
<strong>les</strong> paysans qui refusent la collectivisation sont conduits la nuit<br />
<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> conseils populaires qui ont remplacé <strong>les</strong> mairies; ils<br />
sont battus, injuriés, pendus par <strong>les</strong> pieds, mis nus dans <strong>de</strong>s<br />
chambres frigorifiques, forcés <strong>de</strong> lire à haute voix et <strong>de</strong> commenter<br />
pendant <strong>de</strong>s heures la brochure "Les problèmes du<br />
léninisme". Ana Pauker ordonne qu'ils s'agenouillent <strong>de</strong>vant le<br />
portrait <strong>de</strong> Staline et prient pour que celui-ci leur fasse comprendre<br />
"la voie lumineuse" du communisme et <strong>de</strong> l'URSS.<br />
L'agriculture roumaine ne<br />
se relèvera pas <strong>de</strong> ce cataclysme<br />
qui a conduit <strong>les</strong> campagnes<br />
du pays à l'état d'arriération<br />
que l'on peut toujours<br />
constater aujourd'hui. En<br />
novembre 1961, lors du plénum<br />
du comité central du<br />
Parti, Nicolae Ceausescu dira :<br />
"Ana s'y connaissait en agriculture…<br />
comme la poule avec<br />
l'alphabet; elle ne savait<br />
même pas faire la différence<br />
entre le blé et le seigle".<br />
Musiciens et poètes<br />
composent <strong>de</strong>s hymnes à sa gloire<br />
Arrivée au faîte <strong>de</strong> sa puissance, Ana Pauker commence à<br />
singer le culte <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong> son maître. Elle incite <strong>de</strong>s<br />
musiciens et <strong>de</strong>s poètes, Anatol Vieru, Dumitru Corbea, etc., à<br />
composer <strong>de</strong>s hymnes à sa gloire qui seront chantés dans <strong>les</strong><br />
éco<strong>les</strong>, dès la maternelle, <strong>les</strong> usines, <strong>les</strong> meetings politiques<br />
(obligatoires), <strong>les</strong> chantiers <strong>de</strong> jeunes. On y scan<strong>de</strong> :<br />
Ana Pauker, Gheorghiu Dej Ana Pauker, Gheorghiu Dej<br />
Scapa tara <strong>de</strong> burgheji Sauvent le pays <strong>de</strong>s bourgeois<br />
Stalin si poporul rus Staline et le peuple russe<br />
Libertate ne-au adus Nous ont apporté la liberté<br />
Osana lui Stalin Gloire à Staline<br />
Osana tovarasei Ana Gloire à la camara<strong>de</strong> Ana<br />
Plus dure sera la chute<br />
Mais c'est le chant du cygne. L'appétit du pouvoir a peu à<br />
peu dressé <strong>de</strong>ux clans l'un contre l'autre au sein du Parti. Ana<br />
Pauker compte parmi ses alliés, <strong>de</strong>s figures marquantes du<br />
communisme, Vasile Luca et l'ancien ministre <strong>de</strong> l'Intérieur,<br />
Teohari Georgescu.<br />
Futur secrétaire général du Parti et futur dictateur du pays<br />
jusqu'à sa mort en 1965, Gheorghiu Dej, flanqué <strong>de</strong> Alexandru<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Moghiorosi, Emil Bodnaras, membres éminents du Parti, et<br />
Alexandru Draghici qui a ouvert, entre autres, le goulag du<br />
canal, la prison <strong>de</strong> Sighet, veut se débarrasser <strong>de</strong> sa rivale pour<br />
avoir la main mise totale sur le pays. Il sait qu'il peut désormais<br />
compter sur l'appui <strong>de</strong> Staline, revenu à <strong>de</strong> meilleurs sentiments<br />
à son égard; Ana Pauker est tombée peu à peu en disgrâce<br />
auprès du maître du Kremlin qui s'apprête à lancer une<br />
terrible répression contre <strong>les</strong> juifs après avoir inventé <strong>de</strong> toutes<br />
pièces le "complot <strong>de</strong>s blouses blanches", ces mé<strong>de</strong>cins qui<br />
auraient tenté <strong>de</strong> l'éliminer, lui et la nomenklatura du Parti.<br />
Arrêtée en 1952 et sauvée<br />
par la disparition du “Petit Père <strong>de</strong>s peup<strong>les</strong>”<br />
Condamnée lors du procès <strong>de</strong>s communistes <strong>de</strong> Craïova, en 1936,<br />
Ana Pauker passera quatre ans en prison, sous Carol II, avant<br />
d’être échangée contre un patriote roumain, prisonnier <strong>de</strong>s Soviétiques.<br />
Ana Pauker est arrêtée en 1952 et, comme <strong>les</strong> autres satellites<br />
<strong>de</strong> l'URSS, la Roumanie s'apprête à vivre son procès stalinien.<br />
Avec son groupe, elle est accusée <strong>de</strong> déviationnisme <strong>de</strong><br />
droite en ayant suscité une<br />
ligne "anti-parti" pour<br />
déconsidérer celui-ci auprès<br />
<strong>de</strong> la population et <strong>de</strong> l'opinion<br />
internationale par la violence<br />
<strong>de</strong>s répressions qu'elle<br />
a menées… <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont<br />
pourtant été approuvées et<br />
encouragées par le groupe<br />
Dej. Mais elle est également<br />
taxée <strong>de</strong> déviationnisme <strong>de</strong><br />
gauche et <strong>de</strong> cosmopolitisme…<br />
accusation qui flaire<br />
l'antisémitisme.<br />
Au cours <strong>de</strong> ses interrogatoires,<br />
Ana Pauker reprochera<br />
au Parti d'utiliser <strong>les</strong> mêmes métho<strong>de</strong>s… que la<br />
Siguranta, la police secrète <strong>de</strong> l'ancien régime ! La chance est<br />
cependant avec elle. Staline meurt subitement, le 5 mars 1953,<br />
avant la fin du procès, qui trainera en longueur. Apprenant la<br />
nouvelle, la prisonnière éclate en sanglots ce qui fait s'exclamer<br />
candi<strong>de</strong>ment Moghiorosi, ancien camara<strong>de</strong> <strong>de</strong>venu adversaire<br />
: "Ne pleure pas. Si Staline était encore vivant, tu serais<br />
bientôt morte !".<br />
Morte dans son lit… comme son maître<br />
Finalement, après quelques mois en prison - pour la quatrième<br />
fois <strong>de</strong> son existence - Ana Pauker et son groupe seront<br />
démis <strong>de</strong> leurs fonctions et exclus du parti. Assignée à rési<strong>de</strong>nce,<br />
elle sera soumise à enquête jusqu'en 1956 et continuellement<br />
surveillée, mais pourra vivre avec sa famille. A partir<br />
<strong>de</strong> 1957, elle occupera un poste subalterne aux "Editions politiques",<br />
sous <strong>les</strong> ordres <strong>de</strong> Walter Roman, le père <strong>de</strong> Petre<br />
Roman, faisant <strong>de</strong>s traductions en français et en allemand, et<br />
gagnant correctement sa vie (1500 lei par mois).<br />
Atteinte d'un cancer au poumon, elle décè<strong>de</strong>ra le 3 juin<br />
1960, à l'âge <strong>de</strong> 67 ans, poussant sa dévotion pour Staline jusqu'à<br />
mourir comme lui… dans son lit. Un exploit rarissime à<br />
l'époque.<br />
Nichita Sîrbu<br />
22 43
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 44<br />
BAIA MARE<br />
<br />
ORADEA<br />
<br />
LUNCA<br />
<br />
ILVEI<br />
SUCEAVA<br />
<br />
<br />
CLUJ TARGU MURES IASI<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
SIGHISOARA<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
BRASOV<br />
<br />
GALATI<br />
<br />
BRAN BRAILA <br />
<br />
PITESTI <br />
TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Enterré à Sighisoara,<br />
"Dracula Park"<br />
ressurgit à Bucarest<br />
Lancé voici maintenant près <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux ans et ayant essuyé <strong>de</strong> nombreuses<br />
critiques, le projet <strong>de</strong> parc<br />
d'attractions sur le thème <strong>de</strong> Dracula,<br />
à Sighisoara, ville où a longuement<br />
séjourné Vlad Tepes, qui a donné<br />
naissance à la légen<strong>de</strong> du vampire,<br />
a vécu. Ainsi en a décidé l'assemblée<br />
<strong>de</strong>s actionnaires, convoquée fin<br />
janvier. Le parc sera installé dans le<br />
secteur rési<strong>de</strong>ntiel du lac Snagov, à<br />
une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres au nord<br />
<strong>de</strong> la capitale, près d'un monastère<br />
où est conservé le cœur du voïvo<strong>de</strong>.<br />
Le premier projet, bouclé à la vavite<br />
par le ministre du Tourisme Dan<br />
Matei Aghaton, sans réelle étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
faisabilité, positionné sur un terrain<br />
n'ayant fait l'objet d'aucune étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
sol préalable et qui s'est avéré<br />
impropre à la construction, avait soulevé<br />
<strong>les</strong> oppositions <strong>de</strong> l'UNESCO,<br />
désireuse <strong>de</strong> protéger l'environnement<br />
du site <strong>de</strong> la ville médiévale fortifiée,<br />
du prince Char<strong>les</strong> d'Angleterre,<br />
et suscité <strong>les</strong> réticences du Prési<strong>de</strong>nt<br />
Iliescu ainsi que du Patriarche <strong>de</strong><br />
l'Eglise orthodoxe, Teoctist.<br />
Finalement ses initiateurs se sont<br />
repliés sur <strong>les</strong> propositions du cabinet<br />
<strong>de</strong> consultants Pricewaterhouse<br />
Coopers privilégiant l'implantation du<br />
site à Bucarest, son étu<strong>de</strong> faisant<br />
état d'une fréquentation d'un million<br />
<strong>de</strong> visiteurs par an, contre 620 000 à<br />
Sighisoara, l'hypothèse d'une installation<br />
à Constantsa, sur <strong>les</strong> bords <strong>de</strong><br />
la Mer Noire, étant également abandonnée.<br />
L'ouverture du parc est toujours<br />
prévue en 2004, ce qui laisse<br />
un délai rendant sceptique <strong>de</strong> nombreux<br />
observateurs.<br />
<br />
Tourisme<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
La double tarification dans <strong>les</strong> hôtels<br />
Une survivance <strong>de</strong> l'ère communiste<br />
Dans un courrier à la suite <strong>de</strong> notre article "Chers hôtels <strong>de</strong> la capitale" (Les<br />
Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie, n° 15, page 43), Jean-François Ragot réagit en<br />
faisant part <strong>de</strong> son exaspération <strong>de</strong>vant une survivance du communisme :<br />
la double tarification.<br />
"Je voudrais revenir sur votre article concernant le logement à Bucarest. Il n'est<br />
qu'une <strong>de</strong>s facettes du logement hôtelier en Roumanie, avec le maintien <strong>de</strong> la double<br />
tarification; une locale, pour <strong>les</strong> Roumains ou "rési<strong>de</strong>nts", une secon<strong>de</strong> pour <strong>les</strong> étrangers<br />
ou "non rési<strong>de</strong>nts". Cette situation anormale, voire scandaleuse, doit être<br />
dénoncée car peu conforme aux critères d'appartenance à l'UE. Si on accepte ce principe<br />
discriminatoire, pourquoi ne pas faire un tarif "spécial" restaurant, essence, achat<br />
<strong>de</strong> biens divers, etc…<br />
La meilleure manière <strong>de</strong> mesurer cette discrimination <strong>de</strong> type "soviétique" ou<br />
"africaine" est <strong>de</strong> consulter <strong>les</strong> sites en roumain ou <strong>les</strong> agences <strong>de</strong> voyage roumaines.<br />
Nous constatons ainsi que l'étranger est pris pour un pigeon. Le ministère du<br />
Tourisme, sous la pression <strong>de</strong> l'UE s'il le faut, serait bien inspiré <strong>de</strong> remettre <strong>de</strong> l'ordre<br />
dans ces pratiques d'un autre âge".<br />
Pour appuyer ses dires, Jean-François Ragot, qui pratique la Roumanie à titre professionnel<br />
<strong>de</strong>puis 1987, fournit <strong>de</strong>s exemp<strong>les</strong> édifiants, trouvés notamment sur le site<br />
eTurism : à Brasov, Sibiu, Bran, <strong>de</strong>s hôtels sont proposés à moitié prix aux Roumains,<br />
quelque soit la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'année. Ces établissements se gar<strong>de</strong>nt bien d'ailleurs d'afficher<br />
ces tarifs à leur réception. La célèbre auberge Hanul lui Manuc <strong>de</strong> Bucarest, elle,<br />
ne cache même pas la couleur : sa publicité indique noir sur blanc qu'un étranger doit<br />
payer 37 € pour une chambre double ou simple, et <strong>les</strong> Roumains, 18 €.<br />
Même si cette pratique s'est un peu atténuée <strong>de</strong>puis la chute du communisme - A<br />
Tulcea, en 1990, une chambre était facturée 75 € à un occi<strong>de</strong>ntal, et la même, pour<br />
son interprète roumain, 5 € - il n'en <strong>de</strong>meure pas moins qu'elle perdure, mais <strong>de</strong> façon<br />
dissimulée. Outre le fait que ces tarifs sont déjà disproportionnés, vue la qualité du<br />
service offert - literie vieillotte, robinetterie défaillante, confort approximatif - ils sont<br />
aussi contre-productifs en dissuadant <strong>les</strong> touristes <strong>de</strong> venir, dans un pays qui doit faire<br />
face à d'autres handicaps : éloignement, état <strong>de</strong>s routes, manque <strong>de</strong> services.<br />
L'Espagne, en son temps, a bâti sa réputation et a fait du tourisme une <strong>de</strong>s clés <strong>de</strong><br />
son économie en faisant profiter <strong>les</strong> étrangers <strong>de</strong> ses prix sans concurrence, quitte à <strong>les</strong><br />
relever en même temps que le coût <strong>de</strong> la vie augmentait. La Hongrie, pourtant plus<br />
développée que la Roumanie, pratique <strong>de</strong>s prix d'hôtellerie inférieurs à sa voisine.<br />
L'hôtel Bulevard <strong>de</strong> Sibiu fermera<br />
prochainement pour rénovation<br />
L'hôtel "Bulevard", <strong>de</strong>ux<br />
étoi<strong>les</strong>, <strong>de</strong> Sibiu, très connu<br />
<strong>de</strong>s touristes, fermera ses<br />
portes, au plus tard à l'automne, pour<br />
<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> rénovation d'une durée<br />
indéterminée, visant à le transformer<br />
en hôtel quatre étoi<strong>les</strong> pratiquent <strong>de</strong>s<br />
tarifs trois étoi<strong>les</strong>. Au terme <strong>de</strong> quatre<br />
ans <strong>de</strong> procès et <strong>de</strong> nombreux rebondissements,<br />
le propriétaire <strong>de</strong>s murs a retrouvé la jouissance <strong>de</strong> son bien qui lui avait<br />
été confisqué sous le communisme. Il en a immédiatement cédé la concession pour 49<br />
ans et un loyer mensuel <strong>de</strong> 12 000 € (80 000 F) à la chaîne hôtelière Continental, qui<br />
a pour charge <strong>de</strong> le rénover et possè<strong>de</strong> déjà un établissement dans la cité. Situé en<br />
plein centre <strong>de</strong> Sibiu, et comportant 132 chambres, l'hôtel est l'un <strong>de</strong>s plus vieux<br />
immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> la ville et n'avait pas été restauré <strong>de</strong>puis près d'un siècle.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Tourisme<br />
Avant <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> Lunca Ilvei (ju<strong>de</strong>t Bistrita-<br />
Nasaud), parlons <strong>de</strong> la route ! Dès Ilva Mica, vous<br />
serez découragés par <strong>les</strong> nids <strong>de</strong> pou<strong>les</strong>, <strong>les</strong> fondrières,<br />
<strong>les</strong> passages à niveau<br />
redoutab<strong>les</strong>. Si vous y allez<br />
par temps <strong>de</strong> pluie ou juste<br />
après , à la sortie <strong>de</strong> Magura<br />
Ilvei, vous serez effrayés par<br />
une mare qui s'est formée<br />
sous le pont du chemin <strong>de</strong> fer<br />
! Après votre surprise, n'hésitez<br />
pas: prenez à l' extrême<br />
gauche tout doucement, cela<br />
passe sans casse nous l'avons<br />
fait, et puis...récompense, un<br />
peu plus loin une magnifique<br />
route goudronnée vous<br />
conduit à Lunca Ilvei. Fin du<br />
voyage, c'est un cul <strong>de</strong> sac.<br />
Vous découvrirez alors un<br />
haut plateau situé à 700 m<br />
d'altitu<strong>de</strong>, bordé <strong>de</strong> douces<br />
montagnes, c'est splendi<strong>de</strong>.<br />
Un paradis pour randonnées<br />
et bala<strong>de</strong>s, été comme hiver<br />
Les atouts principaux <strong>de</strong> Lunca Ilvei sont sa nature, ses<br />
infrastructures sportives hiverna<strong>les</strong> et estiva<strong>les</strong> ainsi que sa<br />
situation sur le passage <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer qui<br />
traverse la Roumanie <strong>de</strong> Cluj à Iasi. Imaginez que la commune<br />
possè<strong>de</strong> quatre gares: Lunca, Silhoasa, Larion et Gradinita,<br />
toutes <strong>de</strong>sservies par <strong>les</strong> trains "Rapid" et "Accelerat". Pas<br />
besoin <strong>de</strong> voiture donc pour <strong>de</strong>s vacances à Lunca Ilvei!<br />
En été, vous pouvez y faire <strong>de</strong>s promena<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong>s sentiers<br />
balisés, <strong>de</strong>s visites <strong>de</strong> bergeries, d'une source d'eau ferrugineuse,<br />
<strong>de</strong>s bala<strong>de</strong>s en vélo tous terrains (location sur place).<br />
Pêche, cueillette <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong>s bois et <strong>de</strong> plantes médicina<strong>les</strong><br />
peuvent également figurer au programme.<br />
Traîneaux et train<br />
spécial <strong>de</strong>s skieurs <strong>de</strong> fond<br />
Au centre équestre, tenu par un anglais, vous pourrez<br />
prendre <strong>de</strong>s cours d'équitation, faire <strong>de</strong>s bala<strong>de</strong>s à cheval.<br />
Stephen organise également <strong>de</strong>s randonnées <strong>de</strong> plusieurs jours,<br />
à cheval et en calèche, par exemple jusqu'à l'hôtel Dracula sur<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
La Roumanie authentique<br />
Sur un haut plateau, à 700 mètres d'altitu<strong>de</strong><br />
la splen<strong>de</strong>ur et la douceur <strong>de</strong> Lunca Ilvei se méritent…<br />
Entre Maramures et Bucovine, la région <strong>de</strong> Lunca Ilvei, dans<br />
le département <strong>de</strong> Bistrita, offre <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue superbes, comme icii<br />
le col <strong>de</strong> Tihuta, ainsi qu’une qualité <strong>de</strong> vie appréciée par ses visiteurs.<br />
la route <strong>de</strong> Vatra Dornei. Il est aussi possible d'organiser <strong>de</strong>s<br />
camps <strong>de</strong> vacances pour enfants et adultes.<br />
En hiver, le train spécial <strong>de</strong>s skieurs vous amène à Lunca<br />
Ilvei <strong>de</strong>puis Ilva Mica ou<br />
Vatra Dornei. Location aux<br />
gares <strong>de</strong> divers équipements :<br />
ski, raquettes etc... Sept<br />
pistes <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> fond et <strong>de</strong><br />
randonnée vous atten<strong>de</strong>nt<br />
ainsi qu'une école <strong>de</strong> ski, <strong>de</strong>s<br />
bala<strong>de</strong>s et randonnées en<br />
raquettes et en traîneau. La<br />
situation <strong>de</strong> Lunca Ilvei fait<br />
que <strong>les</strong> alentours intéressants<br />
et faci<strong>les</strong> d'accès restent liés<br />
aux activités <strong>de</strong> la montagne,<br />
mais el<strong>les</strong> peuvent vous<br />
mener loin !<br />
Randonnées pé<strong>de</strong>stres <strong>de</strong><br />
un ou plusieurs jours avec<br />
gui<strong>de</strong>: découverte <strong>de</strong>s monts<br />
Bârgau et <strong>de</strong> Rodna dont <strong>les</strong><br />
sommets culminent à 2000<br />
mètres, réserve naturelle <strong>de</strong><br />
Pietrosul à 2300 mètres, pics volcaniques du massif du<br />
Caliman. Le centre équestre propose également une semaine<br />
<strong>de</strong> randonnée vers <strong>les</strong> Maramures ou la Bucovine.<br />
Une pause idéale entre Maramures et Bucovine<br />
En train ou en voiture (oubliée la mare !), vous ne regretterez<br />
pas d'être parvenus jusqu' à ce bout du mon<strong>de</strong>, car s'ils<br />
étaient tous comme celui-là, nous en re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rions! En été,<br />
se laisser vivre au rythme <strong>de</strong>s agriculteurs, éleveurs, artisans<br />
du bois, se ressourcer dans la nature, monter à cheval et galoper<br />
par monts et par vaux. En hiver, pour <strong>les</strong> fans <strong>de</strong> ski <strong>de</strong><br />
fond et <strong>de</strong> grands espaces blancs, <strong>de</strong> silence, c'est le pied… et<br />
si en plus vos hôtes ont la bonne idée <strong>de</strong> faire venir <strong>de</strong>s musiciens<br />
pour vous faire une auba<strong>de</strong> autour d'un feu <strong>de</strong> bois, que<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus ? Lunca Ilvei n'est pas un village étape, il<br />
faut y rester plusieurs jours, prendre <strong>de</strong>s vacances, où alors<br />
pourquoi pas une pause <strong>de</strong> 3 ou 4 jours entre la visite du<br />
Maramures et <strong>les</strong> monastères <strong>de</strong> la Bucovine. Une vingtaine <strong>de</strong><br />
maisons ou chalets peuvent vous héberger (voir auprès <strong>de</strong><br />
Ieronim Somesan, responsable OVR ou Iulia Vâsies, responsable<br />
du tourisme, tel: (00 40) 263 37 80 92 ou 263 37 80 60.<br />
Martine et Jean Bovon-Dumoulin<br />
Pour en savoir plus, retrouvez <strong>les</strong> bonnes adresses <strong>de</strong> Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le gui<strong>de</strong> OVR Retea<br />
Turistica Au pays <strong>de</strong>s villages roumains qui permet <strong>de</strong> partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> fiches en<br />
couleurs. Comman<strong>de</strong>s à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque <strong>de</strong> 20 €<br />
(port compris) à son ordre.<br />
22 45
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 46<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
TARGU IASI<br />
ARAD CLUJ <br />
MURES<br />
<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
DEVA <br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
BRAILA<br />
BRASOV<br />
PITESTI <br />
<br />
<br />
PLOIESTI TULCEA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
Tourisme<br />
Parties<br />
<strong>de</strong> chasse en Vâlcea<br />
Les organisations <strong>de</strong> chasseurs<br />
ont compris l'intérêt qu'el<strong>les</strong> avaient<br />
à faire connaître à l'étranger <strong>les</strong> possibilités<br />
qu'el<strong>les</strong> pouvaient offrir dans<br />
ce domaine. Acci<strong>de</strong>nté, couvert <strong>de</strong><br />
forêts, <strong>de</strong> vignob<strong>les</strong>, le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong><br />
Râmnicu Vâlcea est l'un <strong>de</strong>s plus<br />
attractifs, tant sa faune est abondante.<br />
Des groupes d'Italiens y viennent<br />
fréquemment et repartent comblés<br />
aussi bien par leurs tableaux <strong>de</strong><br />
chasse que par leur contact avec la<br />
nature. Il n'est par rare <strong>de</strong> <strong>les</strong> voir<br />
repartir avec une quarantaine <strong>de</strong> perdrix<br />
qu'ils paient 10 € pièce, une<br />
vingtaine <strong>de</strong> faisans (60 €, 400 F) et<br />
autant <strong>de</strong> lièvres (35 €, 230 F).<br />
Leur séjour est encadré et guidé<br />
par <strong>les</strong> associations loca<strong>les</strong> qui<br />
récupèrent ainsi environ 2000 € par<br />
partie <strong>de</strong> chasse, argent censé être<br />
utilisé pour la protection du milieu et<br />
le développement <strong>de</strong>s activités<br />
cynégétiques.<br />
52 projets financés<br />
par la Wallonie<br />
La région <strong>de</strong> Wallonie a décidé <strong>de</strong><br />
financer 52 projets <strong>de</strong> coopération<br />
avec la Roumanie portant sur <strong>les</strong><br />
années <strong>20<strong>03</strong></strong> et 2004. Les Belges<br />
francophones vont consacrer leurs<br />
efforts aux domaines <strong>de</strong> l'agriculture<br />
et du tourisme rural, <strong>de</strong> l'emploi et <strong>de</strong><br />
la formation, <strong>de</strong> l'économie, du social<br />
et <strong>de</strong> la culture. Des bourses seront<br />
accordées pour <strong>de</strong>s stages d'interprètes<br />
et <strong>de</strong> professeurs <strong>de</strong> français.<br />
L'ouverture d'un centre d'étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
la Francophonie est envisagée.<br />
<br />
Coup <strong>de</strong> colère<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
La souffrance <strong>de</strong> Doïna, professeur<br />
<strong>de</strong> français à Nantes, <strong>de</strong>puis 20 ans<br />
"A force d'être martelés, <strong>les</strong> clichés sur<br />
<strong>les</strong> Roumains s'imprègnent fortement<br />
dans la conscience <strong>de</strong>s Français"<br />
Dans un courrier publié par le quotidien Ouest-France, Doïna Le Noay<br />
nantaise d'origine roumaine, professeur <strong>de</strong> français dans un lycée, et prési<strong>de</strong>nte<br />
<strong>de</strong> l'Association <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> Loire Atlantique a réagi <strong>de</strong>vant<br />
<strong>les</strong> clichés accolés par <strong>les</strong> médias à son pays natal.<br />
" Si j'ai pris la décision <strong>de</strong> m'adresser à votre journal ce n'est pas pour parler <strong>de</strong> la<br />
chance que j'ai <strong>de</strong> vivre à Nantes <strong>de</strong>puis 20 ans, <strong>de</strong> faire un travail que j'aime, d'avoir<br />
<strong>de</strong>s collègues et <strong>de</strong>s amis qui me sont chers. C'est que ces <strong>de</strong>rniers temps, comme tous<br />
<strong>les</strong> Roumains, je vis un état <strong>de</strong> malaise.<br />
Nous en avons longuement débattu lors <strong>de</strong> l'assemblée générale <strong>de</strong> l'association<br />
du mois d'octobre <strong>de</strong>rnier.<br />
Nous sommes <strong>de</strong>s Français d'origine roumaine, <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong> moins jeunes,<br />
tous intégrés dans le mon<strong>de</strong> du travail <strong>de</strong> la région, dans <strong>de</strong>s domaines très divers : services,<br />
mé<strong>de</strong>cine, arts, artisanat, enseignement, etc. Nous participons à la vie sociale<br />
par notre famille et par <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> bénévolat. Ce qu'on appelle "la majorité silencieuse",<br />
qui n'a rien <strong>de</strong> sensationnel pour intéresser <strong>les</strong> médias.<br />
Nous sommes riches <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cultures que nous avons faites nôtres, et dont nous<br />
sommes fiers, mais aujourd'hui nous sommes indignés, affligés, voire b<strong>les</strong>sés.<br />
De manière récurrente, presque obsessionnelle, <strong>les</strong> mêmes titres, <strong>les</strong> mêmes<br />
images, <strong>de</strong>venus clichés, sur la Roumanie et <strong>les</strong> Roumains, s'imprègnent fortement, à<br />
force d'être martelés, dans la conscience <strong>de</strong>s Français.<br />
Le cœur serré, nous reconnaissons que ces images sont réel<strong>les</strong>. Il y a beaucoup<br />
d'enfants dans <strong>les</strong> orphelinats en Roumanie; il y a <strong>de</strong>s Tziganes qui encombrent ici <strong>de</strong>s<br />
camps et <strong>de</strong>s rues ; il y a aussi <strong>de</strong>s Roumains qui, chassés par la fermeture <strong>de</strong>s usines,<br />
viennent chercher du travail en France et se font déloger par <strong>les</strong> équipes du GIR ; il y<br />
a aussi ceux qui profitent <strong>de</strong> la misère et <strong>de</strong> la déroute <strong>de</strong> leurs concitoyens.<br />
Voilà l'image que peut avoir aujourd'hui un Français qui n'a jamais été en<br />
Roumanie pour apprécier l'hospitalité <strong>de</strong> ses habitants et l'authenticité <strong>de</strong> ses campagnes<br />
ou celui qui n'a pas eu l'occasion <strong>de</strong> connaître le patrimoine intellectuel et artistique<br />
légué par ses créateurs à la culture universelle.<br />
"Quand elle est réductrice, une image peut <strong>de</strong>venir fausse"<br />
Cela me rappelle une situation anecdotique, personnelle. Avant 1990, ma mère me<br />
téléphonait parfois, sans objet précis apparent, juste pour se rassurer que j'étais bien<br />
portante et surtout que je me trouvais bien à Nantes. C'est qu'à cette époque en<br />
Roumanie <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> images qu'on donnait au journal télévisé sur la France étaient <strong>les</strong><br />
incendies <strong>de</strong> forêts du Midi, en été, et <strong>les</strong> "soupes populaires" <strong>de</strong> Paris, en hiver. Sa<strong>les</strong><br />
images réductrices !<br />
Est-il juste <strong>de</strong> bafouer vingt millions <strong>de</strong> Roumains à cause d'une minorité <strong>de</strong><br />
0,1 % ? Nous savons tous que <strong>les</strong> médias ont <strong>de</strong>s exigences d'écoute, mais trop c'est<br />
trop, et c'est pour cela que j'ai pris la plume.<br />
Je ne peux finir sans rappeler le soutien moral et <strong>les</strong> encouragements que nous<br />
avons reçus <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s Français qui connaissent une autre Roumanie. Nous <strong>les</strong><br />
remercions et nous <strong>les</strong> assurons que, malgré tout, nous cultiverons <strong>les</strong> vertus ancestra<strong>les</strong><br />
d'accueil et d'amitié chères à notre âme et à notre peuple.<br />
Réunis pour fêter le Noël roumain le 21 décembre, en association, nous nous<br />
sommes préparés pour mieux apprécier celui du 25 au sein <strong>de</strong> nos famil<strong>les</strong>. Avoir <strong>de</strong>ux<br />
Noël, cela fait partie <strong>de</strong> notre chance".<br />
Doïna Le Noay
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Coup <strong>de</strong> colère<br />
Le 9 octobre <strong>de</strong>rnier, au petit matin, 280 gendarmes,<br />
policiers, douaniers, agents du fisc, accompagnés<br />
<strong>de</strong> dix interprètes, raflaient 102 Roumains dans la<br />
région nantaise. Présentée comme un gigantesque coup <strong>de</strong> filet<br />
<strong>de</strong>stiné à démanteler <strong>les</strong> réseaux mafieux, l'opération aboutira<br />
finalement à dix arrestations pour <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> délits <strong>de</strong> recel<br />
d'objets volés, dont une visant un Nantais qui avait hébergé<br />
quelques Roumains et qui sera inquiété pour "association <strong>de</strong><br />
malfaiteurs"… alors qu'il était seul en cause.<br />
66 Roumains auront été mis en gar<strong>de</strong> à vue, puis relâchés<br />
dans la précipitation, faute d'éléments… si vite d'ailleurs qu'il<br />
faudra aller rechercher certains d'entre-eux pour terminer l'enregistrement<br />
<strong>de</strong> leurs déclarations; 15 Roumains ont été poursuivis<br />
pour situation irrégulière (travail clan<strong>de</strong>stin ou validité<br />
du séjour terminée).<br />
Cinq jours avant la venue du ministre<br />
Cette intervention entrait dans le cadre <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong><br />
sécurité mise en place à grand renfort <strong>de</strong> publicité par le<br />
ministre <strong>de</strong> l'intérieur, Nicolas Sarkosy, et précédait<br />
justement sa venue très médiatisée à Nantes, cinq<br />
jours plus tard. Dirigée par le GIR (Groupement<br />
d'Intervention Régionale), elle avait été commanditée<br />
par le procureur <strong>de</strong> la République et<br />
le préfet <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> la Loire qui, dans une<br />
lettre, avaient ordonné <strong>de</strong> contrôler la communauté<br />
roumaine, "<strong>de</strong>vant la recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s<br />
vols à la tire et à la roulotte dans la région".<br />
Au cours <strong>de</strong>s quinze jours <strong>de</strong> surveillance<br />
précé<strong>de</strong>nts, la police n'avait guère constaté que<br />
<strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> sacs poubel<strong>les</strong> dans un coffre<br />
<strong>de</strong> voiture. Au terme <strong>de</strong> son enquête, elle n'aura<br />
saisi que <strong>de</strong>s bouteil<strong>les</strong> <strong>de</strong> whisky, flacons <strong>de</strong> déodorants<br />
et autre maigres larcins <strong>de</strong> ce genre.<br />
"Si un Roumain ouvre,<br />
interpellez! Après, on verra…"<br />
L'opération a provoqué <strong>de</strong>s remous, notamment au SNOP<br />
(Syndicat National <strong>de</strong>s Officiers <strong>de</strong> Police) qui a publié un<br />
communiqué dénonçant ce coup <strong>de</strong> bluff <strong>de</strong> la razzia chez <strong>les</strong><br />
Roumains. Le SNOP a indiqué que " <strong>les</strong> policiers n'étaient pas<br />
informés du contenu précis <strong>de</strong> la procédure et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong><br />
l'opération (…) le lieutenant-colonel dirigeant le GIR clamant:<br />
"frappez aux portes; si un Roumain ouvre, interpellez ! Après<br />
on verra…".<br />
Le SNOP indique que <strong>les</strong> officiers <strong>de</strong> police nantais ont<br />
été choqués par le résultat <strong>de</strong> cette affaire : "Bien qu'aucun fait<br />
<strong>de</strong> vol à l'étalage reconnu par <strong>les</strong> Roumains mis en cause n'ait<br />
été rapproché <strong>de</strong> plaintes précises, neuf d'entre-eux ont été<br />
écroués". Quand à la gar<strong>de</strong> à vue, elle s'est effectuée hors<br />
norme, <strong>les</strong> gendarmes enfermant une trentaine d'hommes et<br />
femmes dans 30 m2, toute une nuit, sans fournir la moindre<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
"La métho<strong>de</strong> Sarkozy" à l'œuvre<br />
aux dépens <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> la région nantaise<br />
280 gendarmes<br />
et policiers<br />
raflent<br />
102 Roumains<br />
à l’aube. Seulement<br />
une poignée<br />
sera poursuivie<br />
couverture. Les conditions <strong>de</strong> l'interpellation avaient été el<strong>les</strong>mêmes<br />
particulièrement ru<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s femmes terrorisées, surprises<br />
en plein sommeil par l'irruption <strong>de</strong>s policiers, étant<br />
contraintes <strong>de</strong> justifier leur i<strong>de</strong>ntité, alors qu'el<strong>les</strong> étaient en<br />
chemise <strong>de</strong> nuit.<br />
Le syndicat <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong> police, ayant en mémoire la<br />
sinistre "Rafle du Vélodrome d’hiver", s'est élevé contre "une<br />
métho<strong>de</strong> rappelant une pério<strong>de</strong> historique où <strong>les</strong> forces <strong>de</strong><br />
l'ordre interpellaient <strong>de</strong>s gens en raison <strong>de</strong> leur appartenance<br />
à une religion".<br />
Une presse complaisante:<br />
le discrédit sur toute une communauté est jeté<br />
Faillissant à ce qui <strong>de</strong>vrait être son rôle, la presse régionale,<br />
reprise par la presse nationale, a fait chorus à cette opération<br />
médiatique du ministre <strong>de</strong> l'Intérieur. Dans toute la région<br />
nantaise, <strong>de</strong>s affichettes étaient placardées à l'entrée <strong>de</strong>s<br />
bureaux <strong>de</strong> tabac et librairies, annonçant en gros caractères,<br />
"le démantèlement d'un réseau <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent<br />
Roumains", d'énormes titre barrant <strong>les</strong> "une" <strong>de</strong>s<br />
journaux.<br />
L'effet était garanti auprès d’une population<br />
déjà chauffée à blanc pendant l'été par le<br />
déchaînement <strong>de</strong>s médias sur "<strong>les</strong> prostituées,<br />
voleurs, mendiants roumains", seu<strong>les</strong> "réalités"<br />
<strong>de</strong> la Roumanie qu'ils montrent. Par la<br />
suite, quand il s'est avéré que l'opération nantaise<br />
n'était que bluff et fiasco, aucun <strong>de</strong> ces<br />
journaux n'a eu la décence <strong>de</strong> le reconnaître.<br />
Le racisme n'est plus loin<br />
Cette affaire, ainsi montée en épingle pour<br />
servir une ambition politique - peut importe qu'elle<br />
soit <strong>de</strong> gauche ou <strong>de</strong> droite, puisque l'ancien ministre<br />
socialiste <strong>de</strong> l'Intérieur, Daniel Vaillant, ne renie pas <strong>les</strong><br />
métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> son successeur <strong>de</strong> droite - et reprise sans discernement<br />
par <strong>les</strong> médias a <strong>de</strong>s conséquences navrantes et palpab<strong>les</strong><br />
quotidiennement pour la communauté roumaine <strong>de</strong> la<br />
région nantaise, <strong>de</strong> plus en plus montrée du doigt.<br />
Une jeune et charmante caissière d'une gran<strong>de</strong> surface se<br />
voyait souvent interrogée sympathiquement sur l'origine <strong>de</strong><br />
"son joli accent" par ses clients. Aujourd'hui, lorsqu'elle dit<br />
qu'elle est Roumaine, <strong>les</strong> sourires se figent et la conversation<br />
s'arrête net.<br />
A défaut <strong>de</strong> "délit <strong>de</strong> sale gueule", le racisme n'est plus<br />
loin, surtout si <strong>les</strong> autorités se laissent aller aux dérapages ou<br />
désignent du doigt <strong>les</strong> cib<strong>les</strong>. Début janvier, toujours à Nantes,<br />
une procureur, après avoir requis trois mois <strong>de</strong> prison contre<br />
<strong>de</strong>ux Roumains qui avaient volé <strong>de</strong>s parfums, a crû bon <strong>de</strong><br />
rajouter : "Il faut endiguer ce phénomène <strong>de</strong> personnes, le plus<br />
souvent d'origine roumaine, qui viennent en France pour commettre<br />
<strong>de</strong>s vols et alimenter <strong>de</strong>s réseaux".<br />
22 47
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 48<br />
Les<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
TARGU<br />
CLUJ MURES<br />
IASI<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
BACAU<br />
HUNEDOARA BRASOV<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
<br />
SIBIU<br />
BRAN<br />
GALATI<br />
<br />
SINAIA<br />
<br />
PITESTI PLOIESTI TULCEA<br />
<br />
<br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
CONSTANTA<br />
La concurrence<br />
du lycée américain<br />
Environ 70 personnes, enseignants<br />
compris, assurent le fonctionnement<br />
du lycée, le personnel administratif<br />
et <strong>de</strong> service étant le plus<br />
souvent roumain. Les 30-40 professeurs<br />
sont pour moitié français.<br />
Quelques uns ont été détachés <strong>de</strong><br />
l'Education nationale française pour<br />
<strong>de</strong>ux contrats <strong>de</strong> trois ans chacun, et<br />
bénéficient d'un statut très intéressant<br />
qui, avec <strong>les</strong> in<strong>de</strong>mnités d'expatriation,<br />
non imposab<strong>les</strong>, permet <strong>de</strong><br />
doubler, voire plus, leur salaire, celuici<br />
étant versé en France.<br />
D'autres, mariées à un Roumain<br />
ou ayant suivi un conjoint en<br />
Roumanie, bénéficient d'un statut<br />
moins avantageux <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nt. Il<br />
existe aussi <strong>les</strong> "faux rési<strong>de</strong>nts",<br />
recrutés en France pour trois mois et<br />
qui restent sur place. Enfin, <strong>de</strong>s<br />
enseignants roumains et étrangers,<br />
parlant français, sont embauchés<br />
localement. Plus vieil établissement<br />
étranger à Bucarest, le lycée français<br />
a bien besoin <strong>de</strong> cette équipe pour<br />
faire front à la montée <strong>de</strong> l'anglais,<br />
seul concurrent sur place. Si <strong>les</strong><br />
Britanniques ont ouvert un établissement<br />
mo<strong>de</strong>ste, le collège américain a<br />
d'autres prétentions. Il accueille déjà<br />
plus <strong>de</strong> 400 élèves, bien que le coût<br />
<strong>de</strong> l'inscription soit dissuasif, 15 000<br />
€ (100 000 F) par an, soit près <strong>de</strong><br />
sept fois supérieur.<br />
Pour résister, le lycée <strong>de</strong> la strada<br />
Cristian Tell mise sur la réputation <strong>de</strong><br />
la culture française et <strong>de</strong> son enseignement.<br />
Il s'y est encouragé en se<br />
donnant le nom d'une gran<strong>de</strong> poétesse,<br />
<strong>de</strong>venue française par son mariage,<br />
et <strong>de</strong>scendante d'une illustre<br />
ligne <strong>de</strong> voïvo<strong>de</strong>s roumains, <strong>les</strong><br />
Brancoveanu: Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong>.<br />
<br />
Francophonie<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Le lycée français Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong><br />
accueille près <strong>de</strong> 450 élèves<br />
francophones peuvent désormais<br />
passer leur baccalauréat à Bucarest<br />
Le lycée français Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong>, <strong>de</strong> Bucarest, pourrait être un bon<br />
baromètre du développement <strong>de</strong>s relations entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays. Son proviseur<br />
pensait enregistrer une progression continue <strong>de</strong>s effectifs. De fait, il<br />
n'en est rien. Quarante élèves se présentent pour entrée en sixième... et ne sont plus<br />
que vingt, l'année suivante. L'explication est simple et courante : une grosse société,<br />
comme Carrefour, a envoyé ses cadres pendant un an ou <strong>de</strong>ux pour son installation et<br />
<strong>les</strong> rapatrie une fois celle-ci assurée, laissant son personnel roumain prendre <strong>les</strong> choses<br />
en main. Des famil<strong>les</strong>, aussi, se séparent, <strong>les</strong> enfants suivant leur mère en France.<br />
Ces fluctuations ne sont guère prévisib<strong>les</strong> et diffici<strong>les</strong> à gérer, pour un établissement<br />
qui a comme mission première d'accueillir <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> français installés en<br />
Roumanie. Ceux-ci peuvent y suivre un cursus scolaire intégral, <strong>de</strong> la maternelle, où<br />
ils sont <strong>les</strong> plus nombreux, au baccalauréat, avec trois options proposées (littéraire,<br />
scientifique, économique et sociale) et quatre langues étrangères, roumain, anglais,<br />
espagnol, allemand, enseignées.<br />
Des élèves <strong>de</strong> 35 nationalités<br />
Le Lycée accueille entre 430 et 450 élèves, <strong>de</strong> 4 à 18 ans, dont la moitié <strong>de</strong><br />
Français, un quart <strong>de</strong> Roumains et un quart d'étrangers. Ces <strong>de</strong>rniers, Coréens,<br />
Brésiliens, Espagnols - au total, 35 nationalités - souvent enfants <strong>de</strong> diplomates, l'ont<br />
choisi pour la continuité <strong>de</strong> l'enseignement. Les lycées français existent un peu partout<br />
dans le mon<strong>de</strong>, organisés <strong>de</strong> la même façon, ce qui rassure <strong>les</strong> parents appelés à être<br />
mutés d'une capitale à une autre, tous <strong>les</strong> 3-4 ans.<br />
Quant aux Français, prioritaires pour s'inscrire, <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> élèves ayant déjà bénéficié<br />
d' un enseignement "à la française", avec leurs frères et sœurs et <strong>les</strong> ressortissants<br />
<strong>de</strong>s autres pays <strong>de</strong> l'UE, ils y trouvent l'assurance d'un enseignement i<strong>de</strong>ntique à<br />
celui <strong>de</strong> la Métropole. L'établissement a un partenariat avec l'académie <strong>de</strong> Metz-<br />
Nancy pour la pédagogie et est rattaché à celle <strong>de</strong> Strasbourg pour <strong>les</strong> examens, brevet<br />
<strong>de</strong>s collèges et baccalauréat, ces diplômes ayant la même valeur qu'en France.<br />
Le Lycée Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong> est d'ailleurs <strong>de</strong>venu centre d'examen pour la région.<br />
Une dizaine d'élèves du lycée français <strong>de</strong> Sofia viennent y passer leur baccalauréat.<br />
Auparavant, candidats <strong>de</strong> Bucarest et <strong>de</strong> la capitale bulgare <strong>de</strong>vaient se rendre à<br />
Vienne. Maintenant, ce déplacement n'est plus nécessaire que dans le cas d'un oral <strong>de</strong><br />
rattrapage, lequel n'a concerné que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s 25 élèves <strong>de</strong> terminale, en 2002. Depuis<br />
<strong>de</strong>ux ans, l'établissement se flatte d'un taux <strong>de</strong> réussite à 100 %. Il n'y a dans ce résultat<br />
aucune complaisance: <strong>les</strong> copies sont corrigées à Strasbourg.<br />
Les Roumains se font <strong>de</strong> plus en plus rares<br />
Les Roumains sont considérés comme <strong>de</strong> bons élèves, studieux. Chaque année,<br />
<strong>de</strong>ux ou trois d'entre eux décrochent une mention très bien au Bac, et obtiennent <strong>de</strong>s<br />
bourses d'excellence pour continuer leurs étu<strong>de</strong>s en France. Leur Bac français est<br />
reconnu en équivalence avec le Bac <strong>de</strong> leur pays, à condition qu'ils réussissent un<br />
examen <strong>de</strong> littérature roumaine. Mais ils sont <strong>de</strong> moins en moins nombreux.<br />
Représentant un quart <strong>de</strong> l'effectif, ils ne sont pas prioritaires pour s'inscrire... et sont<br />
même plutôt <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers. La raison avancée est qu'il existe <strong>de</strong>s lycées roumains avec<br />
sections bilingues en français.<br />
Les nouveaux élèves roumains se font même <strong>de</strong> plus en plus rares. Si <strong>les</strong> famil<strong>les</strong><br />
françaises doivent acquitter 2000 € par an et par enfant pour qu'ils suivent <strong>les</strong> cours -<br />
avec la possibilité <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> bourses - cette somme est encore plus élevée pour<br />
<strong>les</strong> autres nationalités, et est inaccessible pour <strong>les</strong> Roumains.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Au début <strong>de</strong>s années 90,<br />
ceux-ci bénéficiaient d'avantages,<br />
également sous forme<br />
<strong>de</strong> bourses <strong>de</strong> l'Etat français,<br />
qui ne leur sont désormais<br />
plus accordés, sauf s'il s'agit<br />
pour eux <strong>de</strong> terminer <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s déjà entreprises.<br />
Etablissement<br />
privé et payant<br />
Ecole d'ambassa<strong>de</strong> jusqu'en<br />
1994, le lycée a tenté <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir franco-roumain alors.<br />
Le peu d'implication <strong>de</strong>s autorités<br />
roumaines l'a conduit à <strong>de</strong>venir totalement français, sous<br />
la forme d'un établissement privé conventionné et donc<br />
payant, géré par une association <strong>de</strong> parents d'élèves et le proviseur.<br />
Situé dans le périmètre <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France - quand<br />
Internet<br />
Le lycée français Anna <strong>de</strong> Noail<strong>les</strong> accueille <strong>de</strong>s élèves,<br />
souvent enfants <strong>de</strong> diplomates, <strong>de</strong> la maternelle jusqu’au baccalauréat.<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
on franchit la porte d'entrée,<br />
on est en territoire français -<br />
22 strada Cristian Tell, il<br />
accueille ses élèves dans un<br />
pavillon ayant beaucoup <strong>de</strong><br />
cachet, mais où ils se trouvent<br />
un peu à l'étroit. Quatre<br />
à cinq classes supplémentaires<br />
sont en cours <strong>de</strong><br />
construction et, dans l'attente,<br />
<strong>les</strong> six classes <strong>de</strong> primaire<br />
ont trouvé provisoirement<br />
refuge au lycée roumain<br />
Caragiale.<br />
On y pratique <strong>les</strong><br />
horaires et <strong>les</strong> vacances à la<br />
française, sauf pour le primaire où, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s parents,<br />
l'école se termine à 14 h. Le midi, élèves et professeurs se<br />
retrouvent dans une ou <strong>de</strong>ux sal<strong>les</strong> pour prendre le repas qu'ils<br />
ont amené, à moins qu'ils n'achètent sandwichs et boissons<br />
dans le petit bungalow en bois installé dans la cour.<br />
Partez à la découverte <strong>de</strong> palais et châteaux<br />
Aen croire <strong>les</strong> brochures touristiques, la Roumanie ne possè<strong>de</strong>rait que trois palais et châteaux : le palais Brâncoveanu<br />
<strong>de</strong> Mogosoaia et <strong>les</strong> châteaux <strong>de</strong> Vlad Tepes à Bran et Pe<strong>les</strong>, à Sinaia, où vivait la famille royale. Mais en parcourant<br />
le pays, vous pourrez découvrir d'autres constructions toutes aussi remarquab<strong>les</strong>, même si el<strong>les</strong> sont moins connues.<br />
Le château <strong>de</strong> Iancu <strong>de</strong> Hunedoara (notre photo) construit au 14e siécle, en cours <strong>de</strong> restauration, est un parfait exemple <strong>de</strong> ces<br />
sites historiques méconnus. Restons dans le même ju<strong>de</strong>t avec la cita<strong>de</strong>lle en ruine <strong>de</strong> Deva (1269) qui domine la cité. “Castelul<br />
Huniazilor”, le plus vieil édifice <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Timisoara, <strong>de</strong>venu musée du Banat, vaut un arrêt. Mais d'autres bâtiments tels, à<br />
Bucarest, <strong>les</strong> palais Regal (royal) et <strong>de</strong> Cotroceni - ce <strong>de</strong>rnier abrite désormais la Prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République et on peut visiter son<br />
musée - ou encore le château Stravechi (ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Harghita), datant <strong>de</strong> 1450 et toujours habité, méritent tout autant votre attention.<br />
L'intérêt <strong>de</strong> la Transylvanie ne se limite pas non plus à Pe<strong>les</strong> et Bran (celui-ci valant beaucoup plus que son image commerciale <strong>de</strong><br />
"château <strong>de</strong> Dracula"). L'imposante forteresse <strong>de</strong> Fagaras (1310) construite en brique rose en lieu et place d'une ancienne forteresse<br />
en bois, impressionnera le visiteur. Et la liste ne s'arrête pas là : Castelul Poienari, Cetatea <strong>de</strong> Balta, Târgu Neamt (1375),<br />
Râsnov, Rupea dominent leur cité qu'el<strong>les</strong> protégeaient, tout comme <strong>les</strong> forteresses <strong>de</strong> Colt, Carensebes, Slimnic ou Poenari qui ne<br />
sont plus malheureusement que <strong>de</strong>s ruines plus ou moins bien conservées.<br />
On ne peut terminer cette présentation sans parler du très controversé "palais du Parlement", le 2ème plus grand bâtiment du<br />
mon<strong>de</strong> après le Pentagone, appelé plus communément "le palais <strong>de</strong> Ceausescu"… et qui pourtant ne possè<strong>de</strong> aucun site Internet!<br />
Alain Defline<br />
Voici une liste <strong>de</strong> liens Internet où vous pourrez trouver informations et<br />
photos, pour ceux d'entres vous qui veulent en savoir plus:<br />
http://www.roplace.ro/brn_foto.htm<br />
http://www.ici.ro/romania/turism/c_pe<strong>les</strong>.html<br />
http://www.cchr.ro/jud/turism/rom/2/24/24szarhegykastely.html<br />
http://dumitru.lucian.free.fr/in<strong>de</strong>x.html<br />
http://www.infotim.ro/mbt/b<strong>01</strong>9/b0<strong>01</strong>9.htm<br />
http://cetateacolt.tripod.com/romana/id5.html<br />
http://www.pitesti.ro/curtea_<strong>de</strong>_arges/aref/c1_h.htm<br />
http://www.mtromania.ro<br />
Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site<br />
http://la<strong>roumanie</strong>.<strong>de</strong>-France.org,<br />
partenaire <strong>de</strong>s "Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie"<br />
22 49
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
22 50<br />
<br />
<br />
BAIA MARE<br />
SUCEAVA<br />
ORADEA<br />
<br />
<br />
ARAD<br />
<br />
<br />
CLUJ<br />
TARGU MURES IASI<br />
BACAU<br />
<br />
DEVA<br />
<br />
<br />
TIMISOARA<br />
<br />
SIBIU<br />
<br />
BRASOV<br />
GALATI<br />
<br />
PITESTI <br />
CRAIOVA<br />
<br />
<br />
BUCAREST<br />
Cri du coeur<br />
BRAILA <br />
<br />
TULCEA<br />
CONSTANTA<br />
Sous Ceausescu, le doyen <strong>de</strong>s<br />
Roumains passe à la télévision. Le<br />
présentateur l'invite à dire quelques<br />
mots. Le vieil homme se tait.<br />
- Je t'en prie, camara<strong>de</strong>, dis<br />
quelque chose… tu passes en direct<br />
sur Intervision, tous nos grands pays<br />
socialistes te regar<strong>de</strong>nt.<br />
Même silence butté.<br />
- Allons camara<strong>de</strong>, maintenant<br />
tu es sur Panavision… c'est le mon<strong>de</strong><br />
entier qui te regar<strong>de</strong><br />
- Même <strong>les</strong> Américains ?<br />
- Mais oui<br />
- A l'aiiiiii<strong>de</strong> !<br />
Histoire vraie<br />
Rien ne sert<br />
<strong>de</strong> courir...<br />
Gare du Nord à Bucarest, Adina<br />
attend dans le couloir du wagon le<br />
départ <strong>de</strong> son train pour Craiova.<br />
C'est l'été, il fait chaud, <strong>les</strong> fenêtres<br />
sont baissées. Sur le quai, un retardataire<br />
arrive en courant, alors que<br />
le convoi s'ébranle lentement.<br />
L'homme, assez corpulent, en nage,<br />
tente désespérément <strong>de</strong> le rattraper,<br />
encouragé par <strong>les</strong> autres passagers<br />
qui réussissent à l'agripper et à le<br />
hisser sur le marchepied puis jusqu'à<br />
eux. Epuisé, à bout <strong>de</strong> souffle, il s'écroule<br />
sur une banquette où on lui a<br />
fait place, s'éponge le front, reprend<br />
lentement sa respiration, se confond<br />
en remerciements tout autours <strong>de</strong> lui.<br />
Et, tandis que le train a déjà pris sa<br />
vitesse, rassuré et ayant retrouvé<br />
ses esprits, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: "C'est bien<br />
le train pour Iasi ?".<br />
<br />
Humour<br />
Prévoyants<br />
Ceausescu et sa femme se préparent<br />
pour une visite officielle en France. Le<br />
"Conducator" <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a sa femme :<br />
- T'as pensé à prendre <strong>les</strong> maillots <strong>de</strong><br />
bain?<br />
- Pourquoi faire ?.<br />
- Demain soir, on est invités à l'Opéra<br />
au "Lac <strong>de</strong>s cygnes".<br />
Souvenirs<br />
Dans leur chambre glacée, un couple<br />
<strong>de</strong> petits vieux se serre sous la lumière <strong>de</strong><br />
l'ampoule pour lire le journal, tout en se<br />
tenant chaud.<br />
-Ah, si au moins on avait à manger,<br />
çà nous rappellerait le bon temps… pendant<br />
la guerre.<br />
Economies<br />
Le Conducator a ordonné que chaque<br />
Roumain fasse <strong>de</strong>s économies d'énergie.<br />
La maîtresse interroge ses élèves :<br />
- Dis moi, Cornel, que font tes<br />
parents pour suivre <strong>les</strong> consignes <strong>de</strong> notre<br />
grand lea<strong>de</strong>r aimé ?<br />
- Maman, elle met la nourriture sur le<br />
balcon et on a débranché le frigidaire<br />
- Bravo, et toi Marian ?<br />
Infos pratiques<br />
Connaissance eet ddécouverte<br />
Blagues à la roumaine<br />
- Dès que je rentre <strong>de</strong> l'école, je ne<br />
vais pas jouer mais j'apprends mes<br />
leçons, comme çà je n'ai pas besoin <strong>de</strong><br />
lumière.<br />
- C'est très bien. A ton tour Bula…<br />
- Moi, je regar<strong>de</strong> la télévision hongroise…<br />
comme çà c'est eux qui consomment<br />
le courant.<br />
Chien et chat<br />
Un chat et un chien se croisent à la<br />
frontière hongroise. Le chat est très surpris<br />
<strong>de</strong> voir que le chien veut entrer en<br />
Roumanie.<br />
- Pourquoi tu viens chez nous ? lui<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>-t-il<br />
- Parce qu'on m'a dit qu'on y menait<br />
une vie <strong>de</strong> chien.<br />
Bon sens<br />
Ordinaire : 23 750 lei (0,67 €, (4,42 F)<br />
Super plus : 24 150 lei (0,68 €, (4,49 F)<br />
Sans plomb : 22 800 lei (0,64 €, 4,22 F)<br />
Euro Premium : 25 800 lei (0,73 €, 4,82 F)<br />
Gazole : 17 450 lei (0,49 €,(3,23 F)<br />
Euro Diesel : 20 250 lei (0,57 €, 3,76 F)<br />
- Taticule (papa), comment je suis<br />
venu au mon<strong>de</strong> ?<br />
- C’est grâce à une cigogne, mon<br />
garçon.<br />
- Et ma sœur ?<br />
- La même chose<br />
- T'es vraiment bête ! Maman est si<br />
jolie… et il faut que tu couches avec une<br />
cigogne.<br />
Le prix <strong>de</strong> l’essence<br />
Prix au 15 janvier fixés par la société nationale Petrom, <strong>les</strong> stations services <strong>de</strong><br />
son réseau ayant la possibilité <strong>de</strong> <strong>les</strong> majorer <strong>de</strong> 5 %.<br />
Premier pas vers l'introduction <strong>de</strong> la référence Euro 4, Pétrom a commercialisé<br />
<strong>de</strong>s carburant <strong>de</strong> norme Euro 3 <strong>de</strong>puis le 1er juillet <strong>de</strong>rnier (Euro Premium pour l'essence,<br />
Euro Diesel pour le gazole) dans 60 stations à travers le pays, en produisant<br />
actuellement 5000 tonnes.<br />
L'alignement sur <strong>les</strong> standards européens va lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un investissement <strong>de</strong><br />
200 M€ (1,3 milliards <strong>de</strong> F) par raffinerie. Rompetrol a annoncé <strong>de</strong> son côté qu'il<br />
allait produire <strong>de</strong> l'Euro 3 dès cette année, tandis que Lukoil-Petrolel indique que sa<br />
raffinerie en fournit déjà. La compagnie autrichienne OMV commercialise aussi ce<br />
carburant qu'elle importe.
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
CHANGE*<br />
( en lei )<br />
Euro 35 316<br />
Franc 5 351<br />
Franc belge 875<br />
Franc suisse 24 041<br />
Dollar 32 628<br />
Forint hongrois 144<br />
*Au 18 février <strong>20<strong>03</strong></strong><br />
Les NOUVeLLes<br />
<strong>de</strong> ROUMANIe<br />
Numéro 16, mars - avril <strong>20<strong>03</strong></strong><br />
Lettre d'information bimestrielle sur<br />
abonnement éditée par ADICA<br />
(Association pour le Développement<br />
International, la Culture et l’Amitié)<br />
association loi 19<strong>01</strong><br />
Siège social, rédaction :<br />
8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie<br />
44 300 Nantes, France<br />
Tel-Fax : 02 40 49 79 94<br />
E-Mail : adica@wanadoo.fr<br />
Directeur <strong>de</strong> la publication<br />
Henri Gillet<br />
Rédactrice en chef<br />
Dolores Sîrbu-Ghiran<br />
Ont participé à ce numéro :<br />
Bernard Camboulives, Leonard<br />
Butucea, Nichita Sîrbu, Ovidiu<br />
Gorea, Alain Defline, Philippe<br />
Gillet, Doïna Le Noay, Franky<br />
Blan<strong>de</strong>au, Marian Munteanu,<br />
Martine et Jean Bovon-Dumoulin,<br />
Jacquie Bernard.<br />
Autres sources : agences <strong>de</strong> presse<br />
et presse roumaines, françaises et<br />
francophones, télévisions roumaines,<br />
sites internet, fonds <strong>de</strong><br />
<strong>document</strong>ation ADICA<br />
Impression : Helio Graphic<br />
11 rue Louis Armand,<br />
44 980, Sainte-Luce<br />
Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />
1107 G 8<strong>01</strong>72<br />
ISSN 1624-4699<br />
Dépôt légal: à parution<br />
Prochain numéro : mai <strong>20<strong>03</strong></strong><br />
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Formule 4) elle passe à 50 % (tarif <strong>de</strong> l'abonnement : 37,5 €).<br />
Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à<br />
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Ce tarif est valable dans la limite <strong>de</strong> quatre personnes et ne peut être souscrit<br />
par <strong>les</strong> associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez<br />
pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).<br />
Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne<br />
et un chèque ou virement unique, en mentionnant <strong>les</strong> coordonnées<br />
(adresse, téléphone, fax et e-mail) <strong>de</strong>s autres abonnés.<br />
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8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie 44 300 Nantes - France<br />
51
Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />
52<br />
Ses élèves interprètent Molière et Devos<br />
sur <strong>les</strong> scènes <strong>de</strong> Roumanie et d'Europe<br />
Infatigable Liliana<br />
prof <strong>de</strong> français à Cluj<br />
Traductrice <strong>de</strong> plusieurs ouvrages aussi bien en<br />
français-roumain que l'inverse, Liliana Somfalean<br />
est aussi, et surtout, professeur <strong>de</strong> français au lycée<br />
Mihai Eminescu <strong>de</strong> Cluj-Napoca. A ce titre, elle dirige, <strong>de</strong>puis<br />
six ans, la troupe <strong>de</strong> théâtre francophone du lycée qui interprète<br />
aussi bien Molière que Ju<strong>les</strong> Romain, Raymond Devos,<br />
Michel <strong>de</strong> Ghel<strong>de</strong>ro<strong>de</strong>, Balzac, Boris Vian, Panaït Istrati, et, en<br />
2002 Jacques Prévert. Des spectac<strong>les</strong> particuliers ont été réalisés pour fêter Saint-Exupéry,<br />
Balzac, Hugo, Caragiale et Eminescu.<br />
La petite troupe s'est produite en Roumanie et à l'étranger, participant aux fêtes <strong>de</strong> la francophonie<br />
à Cluj, à la journée européenne <strong>de</strong> Târgu-Mures, au festival francophone d'Arad. Le festival international <strong>de</strong> théâtre francophone<br />
l’accueille en Italie, à Nap<strong>les</strong>, en Turquie à Istanbul, en République Tchèque à Brno, en Hongrie à Pécs, en Belgique à<br />
Gand. Elle participe également à <strong>de</strong>s échanges scolaires avec Toulouse, Waregen en Belgique, Huedin, Bistrita et Baia Mare en<br />
Roumanie. Elle donne aussi <strong>de</strong>s spectac<strong>les</strong> dont la recette est versée à l'orphelinat "Buchetel" ou à une maison <strong>de</strong>s personnes âgées.<br />
Bien <strong>de</strong>s récompenses lui ont été attribuées : Prix spécial pour la poésie du spectacle en 1998 à Arad, Prix <strong>de</strong> la mise en scène<br />
en 1999 à Brno, Premier prix à Arad en 2000, Premier prix au festival Caragiale.<br />
Les élèves <strong>de</strong> Liliana au festival international<br />
du théâtre francophone <strong>de</strong> Pécs, en Hongrie.<br />
Faire <strong>de</strong> la francophonie une raison <strong>de</strong> vivre et aimer<br />
Des déplacements à la charge <strong>de</strong>s parents<br />
Réticences pour <strong>de</strong>s raisons financières, mais aussi par lassitu<strong>de</strong>, manque d'intérêt. Les<br />
"valeurs" ont changé : s'enrichir <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> connaissances, apprendre à aimer, à s'accepter…<br />
c'était bon dans le passé ! Comment en faire le but d'une vie quand on est confrontés<br />
aux difficultés matériel<strong>les</strong> quotidiennes et qu'on sait que son voisin émigré en Italie gagne<br />
six fois le salaire d'un professeur en fin <strong>de</strong> carrière.<br />
Ce qu'on aime en Liliana, c'est son énergie inépuisable, son immense foi en la vie, son<br />
amour du bonheur vrai, simple, celui qui est à notre portée. Mais c'est aussi sa mo<strong>de</strong>stie :<br />
dès 1990 elle participait à <strong>de</strong>s émissions télévisées retransmises en France, elle a côtoyé<br />
<strong>de</strong>s artistes, <strong>de</strong>s écrivains (notamment le Prix Goncourt Dominique Fernan<strong>de</strong>z, à qui elle a<br />
fait découvrir le Maramures et qui en fait état dans son livre Rapsodie roumaine), mais<br />
ses préoccupations sont restées <strong>les</strong> mêmes : donner <strong>de</strong> la joie à ses élèves et faire connaître<br />
la culture française dont elle est imprégnée.<br />
Le but poursuivi par Liliana Somfalean est triple : elle entend ouvrir l'esprit<br />
<strong>de</strong>s ado<strong>les</strong>cents à la culture française, <strong>les</strong> perfectionner dans la pratique<br />
<strong>de</strong> la langue et leur permettre d'accé<strong>de</strong>r à la connaissance <strong>de</strong>s valeurs multip<strong>les</strong><br />
véhiculées par <strong>les</strong> jeunes venus <strong>de</strong>s différents horizons d'Europe.<br />
Si l'on ajoute le projet <strong>de</strong> <strong>20<strong>03</strong></strong>, à savoir celui <strong>de</strong> se produire en Espagne,<br />
le tableau est idyllique. Cependant la participation <strong>de</strong>s élèves se fait <strong>de</strong> plus<br />
en plus faible. Et comment ne le serait-elle pas quand on sait que <strong>les</strong> frais <strong>de</strong><br />
déplacements sont à la charge <strong>de</strong>s parents ? Comment payer un voyage en<br />
Espagne à son enfant quand on gagne entre 70 et 150 € par mois ? Alors,<br />
Liliana "mendie" tous azimuts, chaque année, pour réduire la participation<br />
financière <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>. Cette année, le Centre Culturel Français <strong>de</strong> Cluj<br />
accor<strong>de</strong>ra 20 € par enfant, sur <strong>les</strong>quels il faudra payer le séjour <strong>de</strong>s chauffeurs.<br />
La jeune troupe a interprété<br />
“Histoires”, d’après Jacques Prévert.<br />
Liliana, certes… mais il y a sûrement d'autres professeurs comme elle en Roumanie, et on peut regretter que la France ne <strong>les</strong><br />
ai<strong>de</strong> pas davantage, eux qui participent au rayonnement <strong>de</strong> sa culture.<br />
Jacquie Bernard