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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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Critiques <strong>du</strong> film.<br />

Télérama<br />

La bande à Baader comme naguère la bande à Bonnot... Sauf que le titre original - Der<br />

Baader Meinhof Komplex - dit autre chose en mettant en avant Ulrike Meinhof, figure<br />

décisive de la <strong>Fraction</strong> armée rouge (la RAF). C'est d'ailleurs elle le vrai personnage <strong>du</strong> film,<br />

le seul qui échap-pe à la caricature et dont on suit le parcours en amont des années de plomb,<br />

qui frappèrent l'Allemagne dans les années 70. Avant de braquer sa kalachnikov, Ulrike<br />

Meinhof (Martina Gedeck, fameuse depuis La Vie des autres) fut une journaliste éminente,<br />

une intellectuelle certes engagée très à gauche mais qui n'avait rien d'une révolutionnaire. On<br />

la voit au début <strong>du</strong> film en mère de famille vivant aisément auprès de son mari et de leurs<br />

deux filles. A quel moment bascule-t-elle ? Lors d'une scène éminemment symbolique. Le 14<br />

mai 1970, Ulrike Meinhof profite de son statut de journaliste pour aider à l'évasion d'Andreas<br />

Baader, arrêté après avoir incendié un grand magasin. Mais l'évasion dégé-nère en tuerie,<br />

Ulrike Meinhof panique, voit une fenêtre ouverte et s'enfuit, passant ainsi de l'autre côté.<br />

Un mauvais concours de circonstances ? L'hypothèse n'est pas à exclure, même si bien sûr<br />

d'autres raisons, d'abord historiques, expliquent ce saut d'Ulrike Meinhof, puis son<br />

engagement total au sein de la RAF, fondée juste après cette évasion. La mort marquante d'un<br />

étudiant lors d'une manif à Berlin contre la visite <strong>du</strong> shah d'Iran en 1967, la guerre <strong>du</strong> Vietnam<br />

et, surtout, l'infâme passé nazi totalement -refoulé par l'Allemagne d'alors : tous ces faits<br />

politiques, le film les reconstitue ou les mentionne, mais sans jamais parvenir à les raccorder<br />

directement au destin des terroristes. Lesquels n'ont quasiment au-cune consistance. Andreas<br />

Baader (Moritz Bleibtreu) est uniquement montré comme un jeune coq, un frimeur un peu tête<br />

brûlée. Et les filles comme des amazones sexy. Le chef de la police allemande (Bruno Ganz,<br />

comme toujours irréprochable) dit un moment que les terroristes poursuivent un mythe. C'est<br />

justement cette dimension mythique, fût-elle terrifiante et fanatique, qui manque cruellement.<br />

A part la toile de fond siglée et une dernière partie plus aride sur la fin effroyable <strong>du</strong> groupe<br />

en prison, rien ne distingue <strong>du</strong> thriller standard cette grosse pro<strong>du</strong>ction regorgeant de stars<br />

nationales. On attend toujours le film qui serait à la RAF ce que Buongiorno, notte, de Marco<br />

Bellochio, fut aux Brigades rouges.<br />

Jacques Morice<br />

La critique d'Excessif<br />

2/5<br />

Dix ans de faits historiques comprimés en moins de deux heures et demi, c'est à la fois<br />

beaucoup et bien peu. Bien peu au regard de l'intense histoire <strong>du</strong> groupuscule depuis les<br />

prémisses de l'engagement sur les bancs de l'université et le choix de la journaliste Ulrike<br />

Meinhof de rejoindre ses amis révolutionnaires, jusqu'au procès monumental de Stammhein<br />

en 1977. Et c'est à la fois beaucoup lorsque le film choisit l'angle d'attaque des scènes qui<br />

s'enchaînent autour <strong>du</strong> trio infernal. D'un côté le désir de mémoire, de l'exposition d'une<br />

Histoire nationale récente et douloureuse (l'on se souvient de La chute, de La vie des autres,<br />

etc., comme quoi l'Allemagne se regarde comme jamais auparavant), de l'autre le désir de<br />

fiction et la mise en valeur <strong>du</strong> cerveau à trois têtes de la RFA, Baader/Meinhof/Ensslin. Un<br />

entre-deux qui, loin d'insuffler un élan emportant tout sur son passage, dessert au contraire le<br />

film.<br />

87

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