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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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pas voulu qu’on la laisse. Retour sur la dame de service, on voit par ses yeux les dégâts.<br />

Retour sur Ulrike qui fixe toujours la fenêtre et enfin elle prend sa décision : elle s’enfuit.<br />

Plan de la fenêtre ouverte, par laquelle Ulrike a disparu. La musique qui avait accompagné la<br />

scène d’action se tait au profit d’une autre musique beaucoup plus festive. En effet, nous<br />

assistons à la fête donnée à l’occasion des 15 ans <strong>du</strong> journal konkret. Cette « revue de la<br />

politique et de la culture », qui paraît depuis 1957, est considérée comme « la seule revue<br />

grand public de gauche en Allemagne ». En 1968, konkret est la voix des étudiants radicaux et<br />

de gauche ; Ulrike Meinhof y travailla comme journaliste. Klaus Reiner Röhl, l’ancien mari<br />

d’Ulrike en était alors le rédacteur en chef de la revue qui a une forte influence sur la critique<br />

sociale de l’époque. Plus tard, il s’avérera que konkret a été financé et dirigé par la RDA<br />

jusqu’en 1964. Stefan Aust et Klaus Reiner Röhl regardent un reportage télévisé. Le<br />

téléviseur est jute entre les deux personnages. Mais étonnamment les images ne sont pas des<br />

images d’archives puisque l’on reconnaît Martina Gedeck et Moritz Bleibtreu. Travelling<br />

avant sur le visage d’Ulrike, puis sur le visage des deux autres personnages : mais Röhl<br />

regarde la télé et Aust regarde Röhl , comme s’il guettait sa réaction devant ces images qui<br />

mettent en cause la mère de ses enfants. Bilan de la libération de Baader : trois personnes<br />

blessées. Le mari comprend alors que ses filles sont en danger et de fait, on les voit alors<br />

passer clandestinement la frontière avec un membre de la bande, pour se rendre en Sicile.<br />

Gros plan sur Ulrike Meinhof qui, cette fois, est entrée dans la clandestinité, s’est radicalisée<br />

et écrit ce fameux texte paru dans le Spiegel le 15 juin 1970. Elle tient désormais des propos<br />

très <strong>du</strong>res, comparant le policier à un porc et non plus à un être humain. On voit alors l’affiche<br />

qui offre 10.000 marks de récompense pour sa capture. Elle est donc une personne recherchée.<br />

On voit aussi son mari et Aust lire l’article dans le Spiegel, eux aussi on pris la mesure de ce<br />

que cela signifie. Et l’on peut lire alors le gros titre : « Et bien sûr, on peut tirer », justifiant<br />

par là le recours à la violence armée pour les besoins de leur lutte. Horst Herold en prend<br />

connaissance aussi. La guerre est déclarée. Une nouvelle étape est franchie, nous ne sommes<br />

plus dans le registre adopté par Rudi Dutschke au congrès sur le Vietnam.<br />

Conclusion.<br />

Ulrike va prendre désormais une autre dimension au sein <strong>du</strong> groupe à la suite de ce passage à<br />

l’acte. Sa déclaration va faire d’elle l’icône de ce mouvement et explique aussi pourquoi on<br />

parlera de la bande Baader-Meinhof. Huit jours après, le 22 mai 1970, l’action est<br />

revendiquée dans un journal de l’Underground berlinois Agit 883 de tendance libertaire. Le<br />

texte <strong>du</strong> communiqué s’intitule « construire l’<strong>Armée</strong> <strong>Rouge</strong> » (en annexe) et affirme qu’il ne<br />

peut y avoir de lutte des classes et de réorganisation <strong>du</strong> prolétariat sans le développement<br />

d’une résistance armée. C’est certes un texte très général rédigé sous forme de slogans. Mais<br />

pour la première fois apparaît le sigle de la RAF. Cette libération a intro<strong>du</strong>it pour la première<br />

fois l’usage des armes dans une action militante, un degré de plus dans la violence a été<br />

atteint. Cette action marque pour eux un point de non retour. Ils se sont aussi coupés de<br />

l’extrême gauche légale et ils se voient rejetés dans un certain isolement. En cela l’action<br />

constitue l’acte fondateur <strong>du</strong> groupe. Elle exprimait la volonté de chacun de rompre avec un<br />

certain vécu, de se couper de toute possibilité de revenir en arrière. A partir de cet instant,<br />

chacun d’entre eux se trouve entraîné dans un processus collectif irréversible qui les engage<br />

tous, les uns par rapport aux autres. C’est en décidant de cette action et en l’accomplissant que<br />

le groupe, jusque là informel se constitue vraiment en organisation de guérilla.<br />

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