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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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Analyse de séquence : Ulrike bascule <strong>du</strong> côté obscur. [33-58-45-10].<br />

Le choix de cette séquence s’est très vite imposé après le visionnage <strong>du</strong> film et la lecture des<br />

divers ouvrages au sujet de l’histoire de la RAF. En effet, c’est un moment clé à trois à trois<br />

niveaux : tout d’abord dans l’économie <strong>du</strong> film lui-même, elle lance le film vers la tragédie<br />

finale sanglante, au niveau de l’histoire de la RAF, elle constitue ce que l’on nomme son acte<br />

fondateur et c’est enfin ce qui va provoquer, en ce qui concerne le destin personnel d’Ulrike<br />

Meinhof, son saut dans la clandestinité et qui scellera son destin.<br />

Ce basculement se fait en trois étapes très distinctes. Tout d’abord ce que nous nommerons le<br />

prologue, c’est-à-dire cette conversation entre Gudrun Ensslin, Andreas Baader et Ulrike<br />

Meinhof qui dénote un changement de ton chez le couple, mais que ne veut pas cautionner<br />

Ulrike et qui se conclut par ces mots : » Je ne pourrai jamais quitter mes enfants ».<br />

Une première étape marque l’évolution d’Ulrike après l’arrestation d’Andreas, puisque c’est<br />

d’elle que vient la solution pour la libération d’Andréas, balayant ainsi d’un revers de la main<br />

la remarque cinglante d’Ulrike qui lui reproche son manque d’engagement : « Après tu<br />

pourras écrire un article, c’est tout ce que tu sais faire ! »<br />

Une deuxième étape est franchie lorsque Ulrike met un terme aux interrogations de son<br />

compagnon quant à sa participation à l’action de libération de Baader par ces mots : « Je dois<br />

le faire ».<br />

La dernière étape, c’est son saut par la fenêtre et dans la clandestinité, illustré par son article<br />

paru le 15 juin 1970 dans le Spiegel sous le titre : « Et bien sûr, on peut tirer ».<br />

Il nous incombera en conclusion de voir quelles sont les conséquences de cette libération.<br />

Le prologue.<br />

Andreas Baader et Gudrun Ensslin sont revenus de Rome, où ils s’étaient enfuis, afin<br />

d’échapper à leur arrestation. Ils débarquent chez Hohmann, le compagnon d’Ulrike Meinhof,<br />

qui ne semble pas ravi de les voir. De toute façon, Ulrike seule les intéresse. Ils lui demandent<br />

de les héberger, ce qu’elle fait volontiers, ne laissant pas vraiment le choix au photographe.<br />

Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est le changement de ton dans les propos <strong>du</strong> couple, ils<br />

veulent en effet fonder un groupe, afin de changer la donne politique. C’est la première fois<br />

qu’ils tiennent ce genre de propos, ils veulent s’organiser et passer au stade supérieur de la<br />

lutte. Devant l’étonnement d’Ulrike, Baader s’énerve et lui reproche sa « question<br />

bourgeoise ». Ulrike sent leur détermination, mais elle ne veut pas en arriver là. Andreas lui<br />

est prêt à aller jusqu’au bout, sans compromis, ce que lui confirme Gudrun.<br />

Ulrike semble amère, car le tournage <strong>du</strong> film « Bambule » (« mutinerie ») a été un échec. Son<br />

scénario de télévision sur la maison d’é<strong>du</strong>cation surveillée Eichendof de Berlin-Ouest a été<br />

écrit dans le courant de l’année 1969. Ulrike avait déjà commencé une critique et un travail<br />

sur l’é<strong>du</strong>cation « surveillée » les années précédentes. Dans plusieurs émissions de télévision,<br />

elle avait enquêté sur ces « homes » et sur les conséquences d’un tel internement. Bambule a<br />

été tourné en février et mars 1970. Ce film devait être diffusé sur l’ARD en mai 1970. A ce<br />

moment, Ulrike est soupçonnée d’avoir participé à la libération de Baader et le film est retiré.<br />

Le film décrit des faits qui sont vrais. Il oscille entre le reportage et la fiction. Ulrike a exigé<br />

de « se rapprocher non de la réalité, mais plutôt de la vérité ». Ce film montre donc une<br />

situation fâcheuse. Elle y avait mis beaucoup d’elle même et d’espoir, pensant pouvoir aider<br />

ces jeunes femmes, améliorer leur sort, mais elle s’aperçoit que tout est resté comme avant,<br />

malgré ses efforts. Elle se contente d’héberger Peggy qui s’est enfuie <strong>du</strong> centre. Celle-ci a<br />

longtemps vécu chez Ulrike, elle s’occupait de ses filles. Gudrun lui propose alors une<br />

nouvelle morale, elle sent qu’Ulrike est sur le fil <strong>du</strong> rasoir. Ulrike doit, selon Gudrun, tirer un<br />

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