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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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Acte fondateur <strong>du</strong> groupe.<br />

C'est à cette époque qu'Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Ulrike Meinhof, Horst Mahler et une<br />

dizaine de militants de la nouvelle gauche issue <strong>du</strong> mouvement étudiant, décident de<br />

s'organiser en groupe de guérilla urbaine selon l'exemple des Tupamaros en Uruguay. Avant<br />

même qu'aucune action illégale n'ait été entreprise, une certaine pression pèse sur ce groupe<br />

car Gudrun Ensslin et Andreas Baader sont clandestins, des avis de recherche les concernant<br />

sont déjà apposés dans les commissariats.<br />

Le 4 avril 1970 Andreas Baader, reconnu lors d'un contrôle routier, est arrêté et emprisonné.<br />

Le 14 mai 1970, il est autorisé à venir travailler à l'Institut des Sciences sociales de Dahlem à<br />

Berlin pour y effectuer des recherches concernant la rédaction d'un livre à paraître aux<br />

Editions Klaus Sur l’organisation de la jeunesse marginale. Il est accompagné de policiers en<br />

salle de lecture qui est exceptionnellement fermée au public, seule Ulrike Meinhof qui est<br />

censée l'aider dans son travail est autorisée à y entrer.<br />

Un commando de deux femmes et un homme, armés, s’intro<strong>du</strong>isent alors dans les locaux de<br />

l’Institut et sous la menace des armes libèrent Andreas Baader, un bibliothécaire est assez<br />

grièvement blessé. Andreas Baader, Ulrike Meinhof et les trois membres <strong>du</strong> commando<br />

parviennent à s'enfuir.<br />

Huit jours plus tard, le 22 mai 1970, l'action est revendiquée dans un journal de l’«<br />

Underground » berlinois, Agit 883, de tendance libertaire. Le texte <strong>du</strong> communiqué, qui<br />

s'intitule « Construire l'<strong>Armée</strong> <strong>Rouge</strong> », affirme qu'il ne peut y avoir de lutte des classes et de<br />

réorganisation <strong>du</strong> prolétariat sans développement d'une résistance armée. C'est un texte très<br />

général, rédigé sous forme de slogans, qui ne contient pas de programme politique précis, les<br />

auteurs déclarent vouloir s'organiser en fraction armée à l'intérieur <strong>du</strong> mouvement anti-<br />

impérialiste allemand. Pour la première fois apparaît le sigle R.A.F., « Rote Armee Fraktion<br />

», <strong>Fraction</strong> <strong>Armée</strong> <strong>Rouge</strong>.<br />

La presse, elle, commence à parler de groupe « Baader-Meinhof » ou de « bande à Baader ».<br />

De même que l'incendie <strong>du</strong> « Kaufhof » et <strong>du</strong> « Schneider » était le premier acte de sabotage<br />

organisé par un petit commando, l'action <strong>du</strong> 14 mai intro<strong>du</strong>it pour la première fois l'usage des<br />

armes dans une action militante : un degré de plus dans la violence a été atteint. Aussi de<br />

nombreuses critiques sont-elles formulées par la gauche issue <strong>du</strong> mouvement étudiant, mais il<br />

y a tout un éventail de réactions allant <strong>du</strong> rejet total jusqu'à la sympathie.<br />

Plusieurs de ceux qui ont participé à cette action sont immédiatement identifiés par la police.<br />

Devenus clandestins, ils sont coupés de l'extrême gauche légale et rejetés dans un certain<br />

isolement. Cette action marque pour eux un point de non-retour. En cela, elle constitue<br />

vraiment l'acte fondateur <strong>du</strong> groupe. Il ne restait à Andreas Baader que deux années de prison<br />

à peine à purger et il n'était pas à cette époque le seul prisonnier politique ; des actions légales<br />

pour un élargissement de l'amnistie se développaient. Mais l'action de libération exprimait la<br />

volonté de chaque participant de rompre avec un certain vécu, de se couper de toute<br />

possibilité de retour en arrière. A partir de cet instant, chacun d'entre eux se trouve entraîné<br />

dans un processus collectif irréversible qui les engage tous les uns par rapport aux autres.<br />

C'est la déclaration d'Ulrike Meinhof, le 13 septembre 1974 au tribunal de Berlin- Moabit<br />

devant lequel elle devait répondre de sa participation à la libération d'Andreas Baader qui<br />

éclaire le mieux les mobiles de cette action : « (...) Notre action <strong>du</strong> 14 mai 1970 est et reste<br />

l'action exemplaire <strong>du</strong> guérillero dans les métropoles. Elle contient/contenait déjà tous les<br />

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