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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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très décontracté et déten<strong>du</strong>, il est en cela très fidèle à Baader, mais il se montre aussi rebelle et<br />

<strong>du</strong>r, ne voulant faire aucun compromis et voulant mener à bien ses plans quelles qu’en soit les<br />

conséquences. Sa façon de parler est aussi très fidèle au personnage historique, utilisant<br />

l’argot, cela est évident dès sa première apparition, il utilise les mots enfoiré, salope, merde,<br />

conne. On le voit proférer des insultes à l’adresse de ceux qui ont volé sa voiture à Rome,<br />

« bouffeur de spaghettis. » Gudrun et Astrid se contentent d’en rire et secouent la tête amusée,<br />

cela montre bien qu’elles sont habituées aux débordements langagiers d’Andreas. Son<br />

tempérament impatient et colérique était connu de tous les témoins de l’époque.<br />

Ce qui est avéré aussi historiquement, c’est l’animosité qui régnait entre Meinhof et Baader.<br />

Eichinger a choisi comme déclencheur la première altercation à la suite de la mort de Petra<br />

Schelm. Meinhof exprime alors une critique à l’intention <strong>du</strong> groupe. Elle souhaiterait en effet<br />

que les membres à l’avenir se montrent plus prudents et plus circonspects. Elles leur<br />

reprochent de s’être lancés dans une action sans avoir au préalable un plan bien préparé. Dans<br />

cette scène Baader serre les dents voulant ainsi montrer d’un côté son agressivité et de l’autre<br />

sa volonté de se contrôler. Mais il n’accepte pas les critiques de Meinhof, il veut en effet<br />

garder sa position de leader <strong>du</strong> groupe. Sa relation à Meinhof est donc très problématique. Il<br />

ne semble pas la tenir en grande estime. Lorsque par exemple Baader et Gudrun se présentent<br />

chez Ulrike pour se cacher, Gudrun explique à Ulrike qu’ils veulent changer les rapports<br />

politiques et que Ulrike incré<strong>du</strong>le demande ce qu’ils entendent par là, Baader l’agresse en lui<br />

disant que c’est un questionnement bourgeois et qu’ils vont réussir. Baader n’accepte pas la<br />

contradiction et encore moins lorsqu’elle vient d’Ulrike. Il ne supporte pas non plus que l’on<br />

veuille lui contester sa position de leader de la bande. Par exemple Baader se sent menacé par<br />

Horst Mahler, parce que celui-ci a eu l’idée de former un groupe de guérilla urbaine et que<br />

c’est grâce à ses relations qu’ils ont pu aller en Jordanie. Baader cherche à le ridiculiser et il le<br />

met au défi à Rome de voler le portefeuille d’une dame pour faire la preuve qu’il peut mettre<br />

ses paroles en actes. Mahler vole le portefeuille et le donne à Baader. Baader a ainsi fait la<br />

preuve de l’allégeance de Mahler, il a fait montre de sa supériorité puisque l’autre lui a obéi.<br />

Bleibtreu confère à son personnage beaucoup d’ironie et de cynisme, la grimace qui lui tient<br />

de sourire trahit son arrogance et sa suffisance. Mais en même temps il émane de lui un<br />

certain charme que Bleibtreu tra<strong>du</strong>it par ses mots : » Baader a <strong>du</strong> être un type fou,<br />

charismatique, charmant, mais aussi très colérique, une bombe à retardement… Grâce à son<br />

charme il mettait les gens dans sa poche, tel un antihéros typique. Au début au moins, il<br />

exerçait cette attraction et c’est ainsi que je voulais le jouer. Dans ce potentiel de sympathie,<br />

comment aurait-il pu attirer les gens ? »<br />

En Jordanie, on assiste aussi à une altercation particulièrement violente entre Baader et Peter<br />

Homann. Ce dernier ne semble pas prendre Baader au sérieux, car après l’entraînement il se<br />

moque de lui avec Achmed, le chef de l’entraînement. Baader frappe Peter Homann qui<br />

réplique et Baader tombe les deux se battent jusqu’à ce que Baader saisisse une mitraillette et<br />

menace Homann avec ces termes bien à lui : « espèce de suceur de queues. » Lorsque Ensslin<br />

essaie de calmer Baader en lui disant que Homann est l’un des leurs, Baader réplique : » il<br />

n’est pas l’un des nôtres, il a juste eu la trouille des flics en Allemagne ». » Les membres <strong>du</strong><br />

groupe sont visiblement choqués et ils se rangent aux côtés de Baader en jetant vers Peter des<br />

regards méprisants. Peter Homann explique aujourd’hui cette réaction des femmes en<br />

particulier : « il a osé frapper Andreas, salaud, j’étais le traître ! » Suite à cette altercation<br />

Homann fut effectivement considéré comme un traître et ce sont les Palestiniens qui l’ont aidé<br />

à s’enfuir, car les autres voulaient l’exécuter.<br />

Dans ces scènes en Jordanie la différence au niveau culturel entre Baader et les autres<br />

membres <strong>du</strong> groupe apparaît très clairement. Baader ne parle pas anglais et il ne peut donc pas<br />

communiquer avec les Palestiniens, Gudrun lui fait la tra<strong>du</strong>ction. Bleibtreu montre que cela le<br />

rend agressif de ne pas comprendre ce qui se dit. Il insulte les Arabes toujours en allemand<br />

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