Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...
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témoins à sa décharge. Ce qui fut pour lui inconcevable. Finalement il devint juge, mais là<br />
encore il était obligé de constater qu’une justice de classe régnait.<br />
A cette époque, Baader venait d’être libéré de prison. Le pouvoir vit en Herold quelqu’un qui<br />
pouvait rapidement contrôler le groupe qui gravitait autour de Baader et on le fit venir à<br />
Wiesbaden. Il mit en place résolument le BKA (l’office national de la police criminelle) en en<br />
faisant un appareil de recherches très puissant. Il créa au BKA un institut unique avec des<br />
informaticiens et des experts en informatique, des chimistes, des physiciens et d’autres<br />
scientifiques. Il a compris très tôt l’utilité de la technique, c’est pourquoi il était surnommé<br />
« le commissaire ordinateur ». Il inventa la banque de données INPOL dans laquelle étaient<br />
mémorisés des renseignements concernant des criminels, des suspects, des délinquants<br />
potentiels, des témoins, des informateurs, des contacts, des victimes et des personnes portées<br />
disparues, renseignements qui pouvaient tout de suite être recherchés. Après la série<br />
d’attentats de mai 1972, il fit examiner dans le laboratoire par les fonctionnaires chargés de<br />
l’enquête, chaque mégot de cigarettes, chaque morceau de tissu jusqu’à ce que la police<br />
réussisse le 1 er juillet à arrêter à Francfort Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Carl Raspe.<br />
Gudrun Ensslin fut arrêtée une semaine plus tard à Hambourg et peu de temps après Ulrike<br />
Meinhof. Le noyau <strong>du</strong>r de la RAF était stoppé, mais le travail d’Herold n’était pas pour autant<br />
terminé. Il a été responsable des recherches concernant l’enlèvement de Hanns-Martin<br />
Schleyer. Herold <strong>du</strong>t reconnaître qu’il avait fait quelques erreurs au cours de son enquête.<br />
Schleyer par exemple était retenu dans un appartement situé à 20 minutes de l’endroit où il<br />
avait été enlevé et les ravisseurs auraient pu être arrêté facilement. Mais il y a eu des<br />
désaccords sur la manière de mener l’enquête entre Herold et Gerhart Baum, le ministre de<br />
l’intérieur, si bien que le 31 mars 1981, Herold fut remplacé par Heinrich Boge et mis à la<br />
retraite anticipée.<br />
Analyse <strong>du</strong> film.<br />
Une volonté de représentation authentique de la réalité historique.<br />
Le film La Bande à Baader ne se concentre pas sur une époque donnée mais cherche à relater<br />
10 années d’une histoire complexe. Bernd Eichinger, le scénariste réalisateur, a décidé de<br />
nous livrer une « dramaturgie en lambeaux » comme il la nomme. Il veut montrer au<br />
spectateur les parties d’un puzzle qu’il lui revient de reconstituer. Cela est évident lorsque<br />
l’on regarde le film, car des personnages surgissent sans que l’on sache quoi que ce soit de<br />
leur origine, on ne connaît pas leur nom et ils disparaissent de la même manière, lorsqu’ils ne<br />
jouent plus aucun rôle dans l’histoire. Seules Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin nous sont<br />
montrées au milieu de leurs familles. On voit Ukrike Meinhof au début <strong>du</strong> film à la plage sur<br />
l’île de Sylt, tandis que le personnage de Gudrun Esslin est intro<strong>du</strong>it plus tard. Elle est assise,<br />
entourée de ses parents et avec son enfant dans les bras, à côté de son fiancé et elle suit à la<br />
télévision, en fumant, une émission à laquelle participe Ulrike Meinhof. Les autres<br />
personnalités de la première génération de la RAF ne sont intro<strong>du</strong>ites que visuellement, sans<br />
être nommées. Parmi les nombreux étudiants qui manifestent le 2 juin, le spectateur attentif<br />
peut découvrir les personnages d’Holger Meins et de Jan-Carl Raspe, de même que Peter<br />
Homann qui, certes n’a jamais appartenu à la RAF, mais comptait parmi ses sympathisants, et<br />
qui deviendra plus tard le compagnon d’Ulrike Meinhof, est visible dans la foule.<br />
Baader, lorsqu’il apparaît pour la première fois n’est pas présenté et il ne se trouve pas non<br />
plus dans sa famille. Le spectateur n’apprend même pas l’existence de sa fille.<br />
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