Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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28.06.2013 Views

Sommaire [1] Introduction [2] Histoire d’une décennie rouge - 1 De la contestation radicale à la violence diffuse. [3-9] - 2 Première phase offensive : les attentats. [9-13] - 3 « Sonderbehandlung ». Traitement spécial et luttes de prison. [14-20] - 4 Offensive contre l’appareil de l’Etat. [21-30] Chronologie. [31-45] Résumé du film. Fiche technique. [46] Découpage séquentiel du film. [47-65] Extraits d’entretien avec : - Bernd Eichinger (scénariste et producteur) [66-67] - Stefan Aust (scénariste) [67-68] - Uli Edel (réalisateur)[68-69] - Martina Gedeck (Ulrike Meinhof) [70-71] - Moritz Bleibtreu (Andreas Baader) [71] - Johanna Wokalek (Gudrun Ensslin) [71] Les principaux personnages historiques du film. [72-74] Analyse du film : - une volonté de représentation authentique de la réalité historique. [74-77] - La représentation des personnages historiques. [77-82] Analyse de séquence : Ulrike bascule du côté obscur. [83-86] Critiques du film. [87-91] Deux textes fondateurs de la RAF. [92-111] Filmographie. Bibliographie. [112] 1

Introduction Aux premiers jours de l’automne 2008, des visages plus que familiers font passer des frissons dans le dos des Berlinois. Partout dans Berlin, à la sortie du métro, sur les colonnes Morris, ces visages que l’on croyait oubliés faisant la promotion du film La Bande à Baader (Der Baader Meinhof Komplex) s’affichent. Et les passants retrouvent tout à coup le style ces affiches avec les avis de recherche des années 70. Les têtes d’Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Ulrike Meinhof, ainsi que les autres membres de la RAF (Rote Armee Fraktion), mises à prix plusieurs centaines de milliers de marks, ressurgissent tout à coup du passé. Plus de trente ans après leur mort-officiellement par suicide dans la prison de Stammheim- les leaders de la RAF sont à nouveau d’actualité. La bande à Baader est le film de l’année en Allemagne. Un casting royal, un metteur en scène culte, plus de six cents copies dans tout le pays… Un hebdomadaire berlinois ironise : » Le buisness de la RAF ». Ironie de l’histoire en effet pour ces jeunes allemands qui se sont lancés en 1968 dans la guérilla urbaine pour troubler la paix civile en pratiquant sur le sol allemand la violence que les Américains faisaient subir aux Vietnamiens. Et pourtant on leur a reproché et notamment à Andreas Baader son absence de motivation politique. Christiane Ensslin, sœur de Gudrun affirme : » Depuis les années 70 des hommes politiques de tous bords affirment que les membres de la RAF n’étaient que des desperados sans scrupules, de simples criminels agissant pour le seul plaisir de la violence… » En 1968, Christiane Ensslin militait dans les cercles de la gauche étudiante. Elle partageait les idées de sa sœur Gudrun, mais refusait la violence et ne l’a pas suivie dans la lutte armée. La divergence entre ces deux destins a fourni la matière en 1981 du film « Les années de plomb » de Margarethe von Trotta. Dès cette époque elle posait les questions qui n’ont pas cessé de tourmenter historiens et réalisateurs. Qu’est-ce qui a poussé quelques individus à une guerre sans merci contre l’Etat ? Pourquoi un tel déchaînement de violence de part et d’autre ? Pourquoi en Allemagne ? « On parle aujourd’hui des « années de plomb pour désigner l’atmosphère des années 70, dit Margarethe von Trotta, mais j’ai choisi ce titre, à l’origine, pour décrire le climat très particulier de l’Allemagne dans laquelle notre génération a grandi après la guerre… Pour évoquer le silence oppressant, la chape de plomb d’une société dont nous avions le sentiment de ne pouvoir nous libérer que dans la colère et la violence. » Est-il possible de faire comprendre à la jeunesse allemande d’aujourd’hui, plus de vingt ans après la chute du Mur de Berlin, le contexte de l’époque, l’idéalisme, le désir de changer la société qui animaient la jeune génération d’alors ? Peuvent-ils imaginer le Berlin des années 60, cette ville coupée en deux et avec l’opposition des étudiants et de la presse populaire d’Axel Springer, anticommuniste, avec sa phobie de la RDA ? Les visages de ces jeunes révolutionnaires évoquent-ils encore quelque chose dans l’inconscient collectif de la jeunesse allemande ? Margarethe von Trotta écrit : « On oublie vite en Allemagne. On s’était empressé de refouler le traumatisme et la responsabilité du nazisme ; on a voulu enterrer les années Baader de la même manière. Sans chercher à comprendre ce qu’elles disaient de notre société. » L’étude de ce film n’épuise sans doute pas la soif des questions suscitées par les tourments de cette époque et leurs résonnances dans l’Allemagne moderne. Mais il permet de dépasser les clichés et d’explorer un peu plus la complexité des itinéraires des membres de la bande à Baader. L’interrogation permanente n’est-elle pas le pouvoir du cinéma ? Margarethe von Trotta l’affirmait déjà à l’époque des Années de plomb : » Il n’y a qu’en semant le doute qu’on peut prendre son destin en main. » 2

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Aux premiers jours de l’automne 2008, des visages plus que familiers font passer des frissons<br />

dans le dos des Berlinois. Partout dans Berlin, à la sortie <strong>du</strong> métro, sur les colonnes Morris,<br />

ces visages que l’on croyait oubliés faisant la promotion <strong>du</strong> film La Bande à Baader (Der<br />

Baader Meinhof Komplex) s’affichent. Et les passants retrouvent tout à coup le style ces<br />

affiches avec les avis de recherche des années 70. Les têtes d’Andreas Baader, Gudrun<br />

Ensslin et Ulrike Meinhof, ainsi que les autres membres de la RAF (Rote Armee Fraktion),<br />

mises à prix plusieurs centaines de milliers de marks, ressurgissent tout à coup <strong>du</strong> passé. Plus<br />

de trente ans après leur mort-officiellement par suicide dans la prison de Stammheim- les<br />

leaders de la RAF sont à nouveau d’actualité. La bande à Baader est le film de l’année en<br />

Allemagne. Un casting royal, un metteur en scène culte, plus de six cents copies dans tout le<br />

pays… Un hebdomadaire berlinois ironise : » Le buisness de la RAF ».<br />

Ironie de l’histoire en effet pour ces jeunes allemands qui se sont lancés en 1968 dans la<br />

guérilla urbaine pour troubler la paix civile en pratiquant sur le sol allemand la violence que<br />

les Américains faisaient subir aux Vietnamiens. Et pourtant on leur a reproché et notamment à<br />

Andreas Baader son absence de motivation politique. Christiane Ensslin, sœur de Gudrun<br />

affirme : » Depuis les années 70 des hommes politiques de tous bords affirment que les<br />

membres de la RAF n’étaient que des desperados sans scrupules, de simples criminels<br />

agissant pour le seul plaisir de la violence… »<br />

En 1968, Christiane Ensslin militait dans les cercles de la gauche étudiante. Elle partageait les<br />

idées de sa sœur Gudrun, mais refusait la violence et ne l’a pas suivie dans la lutte armée. La<br />

divergence entre ces deux destins a fourni la matière en 1981 <strong>du</strong> film « Les années de plomb »<br />

de Margarethe von Trotta. Dès cette époque elle posait les questions qui n’ont pas cessé de<br />

tourmenter historiens et réalisateurs. Qu’est-ce qui a poussé quelques indivi<strong>du</strong>s à une guerre<br />

sans merci contre l’Etat ? Pourquoi un tel déchaînement de violence de part et d’autre ?<br />

Pourquoi en Allemagne ?<br />

« On parle aujourd’hui des « années de plomb pour désigner l’atmosphère des années 70, dit<br />

Margarethe von Trotta, mais j’ai choisi ce titre, à l’origine, pour décrire le climat très<br />

particulier de l’Allemagne dans laquelle notre génération a grandi après la guerre… Pour<br />

évoquer le silence oppressant, la chape de plomb d’une société dont nous avions le sentiment<br />

de ne pouvoir nous libérer que dans la colère et la violence. »<br />

Est-il possible de faire comprendre à la jeunesse allemande d’aujourd’hui, plus de vingt ans<br />

après la chute <strong>du</strong> Mur de Berlin, le contexte de l’époque, l’idéalisme, le désir de changer la<br />

société qui animaient la jeune génération d’alors ?<br />

Peuvent-ils imaginer le Berlin des années 60, cette ville coupée en deux et avec l’opposition<br />

des étudiants et de la presse populaire d’Axel Springer, anticommuniste, avec sa phobie de la<br />

RDA ?<br />

Les visages de ces jeunes révolutionnaires évoquent-ils encore quelque chose dans<br />

l’inconscient collectif de la jeunesse allemande ?<br />

Margarethe von Trotta écrit :<br />

« On oublie vite en Allemagne. On s’était empressé de refouler le traumatisme et la<br />

responsabilité <strong>du</strong> nazisme ; on a voulu enterrer les années Baader de la même manière. Sans<br />

chercher à comprendre ce qu’elles disaient de notre société. »<br />

L’étude de ce film n’épuise sans doute pas la soif des questions suscitées par les tourments de<br />

cette époque et leurs résonnances dans l’Allemagne moderne. Mais il permet de dépasser les<br />

clichés et d’explorer un peu plus la complexité des itinéraires des membres de la bande à<br />

Baader. L’interrogation permanente n’est-elle pas le pouvoir <strong>du</strong> cinéma ?<br />

Margarethe von Trotta l’affirmait déjà à l’époque des Années de plomb : » Il n’y a qu’en<br />

semant le doute qu’on peut prendre son destin en main. »<br />

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