28.06.2013 Views

Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Selon les experts et les médecins qui réalisèrent l'autopsie, les détails troublants concernant<br />

les conditions de la mort des trois prisonniers ne suffisent pas à prouver qu'ils ont été<br />

exécutés.<br />

Cependant, l'hypothèse <strong>du</strong> suicide, pose deux problèmes non résolus jusqu'à aujourd'hui.<br />

Comment des armes auraient-elles pu être intro<strong>du</strong>ites, puis dissimulées à l'intérieur de la<br />

prison de Stammheim ? Volker Speitel et Hans-Joaquim Dellwo, anciens membres <strong>du</strong> bureau<br />

Croissant et <strong>du</strong> « comité contre la torture » de Stuttgart qui ont collaboré avec l'Accusation<br />

ont mis en cause les avocats Armin Newerla et Arnt Müller : ceux-ci auraient transporté les<br />

armes en pièces détachées dissimulées dans les dossiers préalablement découpés. Cette<br />

accusation repose sur la base fragile <strong>du</strong> seul témoignage de ces deux « repentis ». Avant<br />

chaque entretien avec les prisonniers, les avocats étaient fouillés comme n'importe quel<br />

visiteur, les prisonniers étaient examinés au retour de chaque séance de parloir, des fouilles<br />

très fréquentes étaient opérées dans les cellules. Dans ces conditions, l'explication fournie par<br />

Volker Speitel et Hans-Joaquim Dellwo est peu satisfaisante.<br />

Comment les prisonniers auraient-ils appris l'échec <strong>du</strong> commando « Siegfried Hausner » et <strong>du</strong><br />

commando « Martyr Halimeh » et comment auraient-ils pu organiser leur suicide ? En effet<br />

depuis l'instauration de la loi sur l'interdiction de communiquer Kontaktsperrensgesetz »,<br />

quelques jours après l'enlèvement de Schleyer, les prisonniers étaient à l'isolement complet :<br />

les visites des avocats et de la famille avaient été supprimées, les journaux et le courrier<br />

étaient interdits et les prisonniers ne pouvaient plus communiquer entre eux. On aurait<br />

retrouvé un poste de radio dans la cellule de Jan-Carl Raspe et une installation électrique dans<br />

les cellules permettant aux prisonniers de communiquer en morse. Mais même si les mesures<br />

exceptionnelles d'isolement ont pu être en partie contournées, un système de communication<br />

aussi sommaire aurait difficilement permis à quatre personnes de s'entendre pour se donner<br />

simultanément la mort. S'ils ont pu le faire de cette manière, c'est que la décision <strong>du</strong> « suicide<br />

collectif » était antérieure à la période d'isolement, et que cette « solution » avait déjà été<br />

discutée et approuvée.<br />

Le suicide aurait alors été réalisé de telle sorte que l'on croie à un assassinat. « On peut<br />

pousser la perfidie au point de faire passer son propre suicide pour une exécution » dira à ce<br />

propos Werner Maihofer, ministre de l'Intérieur. Pour simuler ainsi une exécution collective,<br />

il aurait fallu croire à une mobilisation de l'opinion publique en R.F.A. ou à l'étranger. Les<br />

prisonniers de la R.A.F. le pouvaient-ils encore ? Depuis l'enlèvement de H.M. Schleyer, des<br />

voix se faisaient entendre qui réclamaient l'exécution automatique des prisonniers en cas de<br />

demande de libération liée à une prise d'otages; l'extrême gauche allemande, qui ne se<br />

manifestait plus depuis longtemps que pour se démarquer de la R.A.F., avait per<strong>du</strong> toute<br />

capacité d'indignation. A l'étranger, il y eut bien quelques attentats et manifestations mais qui<br />

restent très dérisoires par rapport à ce contre quoi elles entendaient protester : l'assassinat de<br />

trois prisonniers.<br />

C'est pourquoi l'hypothèse de l'exécution doit être envisagée ; elle soulève bien sûr de<br />

nombreux problèmes, en tout premier lieu celui de l'identité des tueurs.<br />

Le texte écrit à propos de cet événement en novembre 1977 par Jean Baudrillard qui<br />

dénonçait le côté morbide, voire obscène, de la polémique sur la mort des prisonniers, sonne<br />

aujourd'hui encore juste :<br />

« Même si cette vérité éclatait (si dans quinze ans on établit enfin que Baader a été froidement<br />

liquidé), cela ferait tout juste un scandale et aucun pouvoir ne s'en effraiera, il changera<br />

28

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!