Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...
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de sécurité : fouilles des spectateurs et des témoins, accusés restant menottés et dans certains<br />
cas, construction d'un bâtiment spécial pour le déroulement <strong>du</strong> procès.<br />
Mais c'est le procès qui s'ouvre à Stammheim le 21 mai 1975 contre Andreas Baader, Gudrun<br />
Ensslin, Ulrike Meinhof et Jan-Carl Raspe qui sera le plus spectaculaire. La presse allemande<br />
en parle plusieurs semaines à l'avance, il est considéré comme le plus important procès<br />
d'après-guerre en Allemagne depuis Nuremberg. « Le monde entier qui doute de la réalité de<br />
notre démocratie a les yeux fixés sur Stammheim » titre le Süddeutsche Zeitung le jour de<br />
l'ouverture <strong>du</strong> procès tandis que le 13 mars 1975, devant des millions de téléspectateurs, à<br />
l'occasion <strong>du</strong> débat sur la sécurité, le chancelier Schmidt déclare : « ...Les procès <strong>du</strong> groupe<br />
Baader-Meinhof qui vont commencer ne manqueront pas de déclencher d'importantes<br />
campagnes organisées par les sympathisants. De soit disant avocats <strong>du</strong> droit venus de toutes<br />
les parties <strong>du</strong> monde viendront en R.F.A. afin d'y proclamer leur philosophie. Ils viendront<br />
afin de dénigrer notre Etat constitutionnel devant notre opinion publique, comme cela s'est<br />
déjà fait et comme cela se dessine actuellement à propos de Bückeburg. Le gouvernement<br />
fédéral attend que de telles campagnes soient réfutées avec toute la clarté et la fermeté<br />
nécessaire, comme cela a été récemment, le cas à Stuttgart, où un tribunal a refusé d'autoriser<br />
l'admission de certains de ces avocats-là. »<br />
La construction <strong>du</strong> bâtiment situé à deux cents mètres de la prison de Stuttgart- Stammheim a<br />
coûté plus de 16 millions de marks. C'est un bloc de béton dépourvu de fenêtres, entouré de<br />
barbelés, équipé d'un filet sur le toit afin de le protéger d'éventuelles attaques aériennes. Il y a<br />
trois entrées différentes, une pour la cour et les témoins de l'accusation, une pour les accusés<br />
et enfin une entrée équipée d'un système de sécurité sophistiqué, réservée aux spectateurs,<br />
journalistes et avocats qui pénètrent un à un et sont indivi<strong>du</strong>ellement fouillés. Les papiers<br />
d'identité sont examinés et gardés pendant toute la <strong>du</strong>rée de l'audience, ce qui permet le<br />
fichage des spectateurs.<br />
Le premier jour <strong>du</strong> procès, 120 spectateurs et journalistes assistent à l'audience. Parmi<br />
l'assistance on peut remarquer la présence <strong>du</strong> révérend Osterreicher, secrétaire général<br />
d'Amnesty International. Ulrike Meinhof est défen<strong>du</strong>e par l'avocat Helmut Riedel, Gudrun<br />
Ensslin par les avocats Marie-Louise Becker et Otto Schily et Jan-Carl Raspe par l'avocat<br />
Ruppert von Plottnitz. Quant à Andreas Baader, il se trouve privé, juste avant l'ouverture <strong>du</strong><br />
procès, des défenseurs qu'il avait choisis. Ses trois avocats, Klaus Croissant, Kurt Groenewold<br />
et Christian Strobele ont été exclus de la défense l'un après l'autre, les 16 avril, 2 mai et 13<br />
mai. Il ne pourra faire appel à un défenseur de son choix, Heldmann, qu'après plusieurs<br />
audiences. Ainsi, après une instruction qui aura <strong>du</strong>ré trois ans, les accusés se trouvent privés, à<br />
sept jours <strong>du</strong> procès, des trois avocats les mieux préparés et les plus au fait de la procé<strong>du</strong>re.<br />
C'est une loi entrée en vigueur le 1er janvier 1975 qui donne une base légale à cette exclusion.<br />
Cette loi dite « lex Baader-Meinhof » a permis d'exclure les avocats les plus importants <strong>du</strong><br />
procès de Stammheim ; elle contient d'autres dispositions limitant à trois le nombre de<br />
défenseurs par accusé et interdisant « la défense de plusieurs accusés par un défenseur<br />
commun ». Cette interdiction de la défense collective entraîna plusieurs autres exclusions<br />
chez les avocats de la R.A.F. car les tribunaux en ont fait une application très extensive,<br />
l'élargissant non plus simplement aux avocats d'une affaire donnée mais à tous les avocats <strong>du</strong><br />
même type d'affaires, quel que soit le nombre de procé<strong>du</strong>res distinctes ouvertes.<br />
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