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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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prisonniers de la R.A.F. Cette mobilisation <strong>international</strong>e ne peut laisser indifférentes les<br />

autorités allemandes qui sont très sensibles à la façon dont est perçue l'Allemagne à<br />

l'extérieur. Les doutes émis sur l'authenticité <strong>du</strong> système démocratique de R.F.A. leur<br />

semblent associés à un certain parti pris anti-allemand.<br />

Le 16 décembre 1974, le Président Gustav Heinemann écrit à Ulrike Meinhof pour la prier de<br />

cesser cette grève de la faim. Elle lui répond qu'« il n'y aura pas de cesse tant que les<br />

revendications ne seront pas satisfaites : regroupement des prisonniers de la guérilla ou<br />

intégration aux conditions normales de détention ».<br />

Cependant, malgré l'impact énorme qu'a eu la mort d'Holger Meins, malgré la mobilisation<br />

devenue <strong>international</strong>e, les autorités refusent de céder. Le 5 février 1975, les prisonniers de la<br />

R.A.F., tous soumis à la nutrition forcée, mettent fin à leur mouvement. Le 2 février une lettre<br />

parvenue de l'extérieur, lettre connue par eux comme authentique leur enjoignait de cesser<br />

leur grève de la faim : « Nous déclarons que la grève a atteint tout ce qu'il était possible de<br />

faire ici pour expliquer, mobiliser et organiser la politique anti-impérialiste, son escalade n'a<br />

pas été perçue comme une lutte d'une nouvelle qualité (...) Permettre que vous la prolongiez<br />

contre le calcul de la propagande étatique et l'exécution exemplaire de guérilleros<br />

emprisonnés... suffirait à donner à cette lutte l'apparence d'un acte désespéré et d'un sacrifice.<br />

Parce que la lutte pour les camarades emprisonnés est maintenant notre cause, <strong>du</strong> fait <strong>du</strong><br />

rapport de force, ne peut être que notre cause et celles de nos armes qui en décideront - Nous<br />

vaincrons - R.A.F. ».<br />

Horst Mahler, qui s'était publiquement dissocié <strong>du</strong> groupe et distancé de la politique de la<br />

R.A.F., dans une lettre publiée le 20 septembre 1974 dans Die Rote Fahne, organe <strong>du</strong> K.P.D.,<br />

avait critiqué cette grève de la faim dans une lettre adressée au Spiegel : « Seule une analyse<br />

bourgeoise et politiquement fausse permet d'espérer et d'attendre des chefs réactionnaires de<br />

la social-démocratie une amélioration de nos conditions de détention au moyen d'une pression<br />

morale. » La lettre était cosignée par Dieter Kunzelmann et Ulli Kranzusch (anciens leaders<br />

<strong>du</strong> mouvement étudiant). Avant même sa rupture avec la R.A.F., Horst Mahler, s'était opposé<br />

à la politique qui consistait à porter la lutte sur le terrain des conditions de détention. Ce<br />

désaccord joua un rôle important dans le processus de « révision » de ses conceptions<br />

politiques.<br />

Mais ces grèves de la faim menées contre des conditions extrêmement <strong>du</strong>res avaient surtout<br />

pour fonction de maintenir la cohésion <strong>du</strong> groupe. Elles étaient en effet les seules actions<br />

collectives possibles en prison. Pendant la grève de la faim, l'intérêt indivi<strong>du</strong>el est soumis au<br />

but collectif révolutionnaire et malgré l'isolement le groupe continue d'exister. En menant ces<br />

actions, la R.A.F. a aussi misé sur le développement d'une solidarité au moins émotionnelle<br />

dans la gauche allemande qui aurait pu se transformer, en solidarité politique. Il s'agissait de<br />

dévoiler le « vrai visage » de la social-démocratie, un visage brutal.<br />

Atteintes aux droits de la défense<br />

Les prisonniers de la R.A.F. ou d'autres organisations de lutte armée ainsi que les supposés<br />

sympathisants de la guérilla urbaine soupçonnés d'avoir aidé de quelque façon que ce soit les<br />

membres d'une « association criminelle » sont restés exceptionnellement longtemps en<br />

détention préventive, dans les conditions que l'on sait, à tel point que l'organisation « Amnesty<br />

International » et la commission européenne des droits de l'homme ont attiré à plusieurs<br />

reprises l'attention des autorités fédérales allemandes sur le cas de certains détenus comme<br />

Monika Berberich qui est restée plus de 40 mois en préventive dont 18 mois en isolement<br />

complet.<br />

Tous les procès contre des membres de la R.A.F. ont été entourés de mesures exceptionnelles<br />

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