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Fraction Armée Rouge : l'utopie meurtrière - Festival international du ...

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Les premiers morts.<br />

Quand le procès contre Horst Mahler s'ouvre le 2 mars 1971, des mesures de sécurité<br />

exceptionnelles sont prises : les spectateurs et les journalistes sont fouillés, les accusés<br />

doivent garder les mains liées.<br />

Bientôt viennent les premiers morts, Petra Schelm, 20 ans, militante présumée de la R.A.F. est<br />

abattue le 15 juillet 1971 à Hambourg. Peu de temps après, le 22 octobre 1971, une nouvelle<br />

fusillade (la quatrième depuis le début de l'année) éclate à Hambourg entre la police et des<br />

membres présumés de la RA.F. Pour la première fois un policier est mortellement blessé.<br />

Quelques semaines plus tard, le 4 décembre 1971, un jeune anarchiste, Georg von Rauch, est<br />

abattu par la police à Berlin. Il s'agit d'un étudiant en sociologie de 24 ans, fils d'un historien<br />

enseignant à l'Université de Kiel. La famille porte plainte, des manifestations sont organisées<br />

à Berlin et en R.F.A. pour protester contre les méthodes policières. L'éditeur Klaus<br />

Wagenbach qui publie un livre intitulé L'Exécution de Georg von Rauch est tra<strong>du</strong>it en justice<br />

pour injure aux forces de l'ordre.<br />

Entre temps, Peter Brückner, accusé par K.H. Ruhland d'avoir prêté assistance à Ulrike<br />

Meinhof, est suspen<strong>du</strong> de son poste de professeur de psychologie à l'Université de Hanovre.<br />

Les étudiants manifestent massivement pour obtenir sa réintégration. L'atmosphère est telle<br />

que des personnalités libérales s'insurgent contre l'hystérie des médias et le climat policier qui<br />

s'installe. L'écrivain Heinrich Böll écrit le 10 janvier 1972 dans le Spiegel : « Comment peuton<br />

nous faire croire que six personnes peuvent menacer soixante millions d'Allemands ? »<br />

Dans cet article intitulé « Freies Geleit für Ulrike Meinhof » (Sauf-con<strong>du</strong>it pour Ulrike<br />

Meinhof), il accuse le quotidien Bild de la presse Springer d'incitation au lynchage. Il propose<br />

que l'on donne aux membres <strong>du</strong> groupe, particulièrement à Ulrike Meinhof, la possibilité de<br />

réintégrer la légalité, de faire marche arrière, avant qu'il ne soit trop tard. Cet article va<br />

déclencher pendant des mois une vaste polémique dans la presse allemande, Heinrich Böll<br />

reçoit des centaines de lettres à propos desquelles il signale que sont anonymes les lettres<br />

d'encouragement et signées les lettres de menace. Le 4 février 1972, lors d'une intervention<br />

télévisée sur le thème de la violence, le Chancelier Willy Brandt demande à la population de<br />

garder son calme tout en affirmant la détermination <strong>du</strong> gouvernement à combattre le<br />

terrorisme par tous les moyens.<br />

Début 1972, le groupe n'a pourtant à son actif que trois hold-up, quelques vols de voitures et<br />

des vols de documents administratifs. De novembre 1970 à mai 1972, seules les arrestations,<br />

en général précédées d'une fusillade, des membres supposés de la RAF. témoignent de<br />

l'existence <strong>du</strong> groupe. L'imposant dispositif policier mis en place par le gouvernement<br />

allemand, difficilement explicable s'il ne devait s’appliquer qu'à la R.A.F., a surtout une<br />

fonction dissuasive à l'égard de tous ceux qui se sentent proches de la guérilla urbaine. Car si<br />

la R.A.F. elle-même a plutôt été sur la défensive pendant toute cette période, il existe un<br />

mouvement, une scène favorable au type d'actions qu'elle préconise comme en témoignent de<br />

nombreux attentats même s'ils sont réalisés avec des moyens modestes (bombes très<br />

artisanales, cocktails Molotov, etc.) ainsi que quelques hold-up qui peuvent être imputés avec<br />

une quasi certitude à des « politiques ».<br />

Les premières arrestations ont probablement plongé le groupe dans un certain désarroi, ce qui<br />

peut expliquer la phase de latence qui <strong>du</strong>re jusqu'en mai 1972. Les membres <strong>du</strong> noyau initial<br />

ne s'attendaient pas à une telle réaction de l'Etat et peut-être ont-ils eu alors la tentation de<br />

revenir à une autre pratique, mais à partir de 1971 ce qui les attache à la lutte armée c'est aussi<br />

la fidélité à une conception politique pour laquelle certains d'entre eux sont morts. Cette<br />

période de retrait est aussi nécessaire pour reconstituer une certaine infrastructure car en<br />

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