Tajan - Autographes et Manuscrits
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63 GEVAERT (François-Auguste). 2 l<strong>et</strong>tres autographes signées (Bruxelles, 1884 <strong>et</strong> s.l.n.d., 2 pp.<br />
in-8) <strong>et</strong> un fragment musical autographe signé (1886, 2 pp. in-folio). 150/200<br />
Le compositeur belge demande dans ses l<strong>et</strong>tres des faveurs.<br />
ON JOINT 3 l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> pièces.<br />
64 GODARD (Benjamin). Ensemble de 10 l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> cartes, dont 9 autographes signées <strong>et</strong> une<br />
autographe. 1874-1893. 200/300<br />
« Madame, MON AMI COLONNE <strong>et</strong> moi désirons avoir l’honneur de vous voir afin de vous parler d’une affaire artistique au suj<strong>et</strong><br />
de laquelle nous serions heureux de recevoir vos précieux conseils... » (5 octobre 1874).<br />
« Dans le traité que nous avons passé ensemble pour mes études artistiques il est question de primes que vous devez me donner<br />
après la vente d’un certain nombre d’exemplaires. Voulez-vous être assez aimable pour m’envoyer une p<strong>et</strong>ite note à ce suj<strong>et</strong> ?<br />
Je serais curieux de savoir dans quelle proportion ces morceaux ont été appréciés jusqu’à aujourd’hui par le public... » (27 mai<br />
1882).<br />
ON JOINT une l<strong>et</strong>tre autographe signée de son père (1867).<br />
65 GOUNOD (Charles). Manuscrit musical de sa « première messe solennelle à grand orchestre »,<br />
partition pour orchestre <strong>et</strong> chœurs copiée de la main de sa mère, avec des mentions d’autres<br />
mains <strong>et</strong> une note liminaire autographe de Charles Gounod. 133 pp. in-folio sur 80 ff., en<br />
8 cahiers reliés dans un volume in-folio à dos <strong>et</strong> coins de parchemin vert, un cahier détaché<br />
(reliure de l’époque). 8.000/10.000<br />
ŒUVRE DE JEUNESSE INÉDITE.<br />
« RELIQUE VÉNÉRABLE DE LA PATIENCE DE MA MÈRE BIEN AIMÉE ».<br />
Gounod venait d’obtenir le prix de Rome, auquel il s’était présenté pour la troisième fois. Il écrivit alors la présente<br />
messe solennelle, la première dans son Œuvre, dont il dirigea l’exécution à l’église Saint-Eustache à Paris en<br />
novembre 1839. Il raconte dans ses Mémoires d’un artiste, écrits en 1875 <strong>et</strong> publiés en 1896 : « Avant mon départ,<br />
l’occasion s’offrit à moi de me livrer à un travail bien sérieux à tout âge <strong>et</strong> surtout au mien, une messe. Le maître<br />
de chapelle de Saint-Eustache, Di<strong>et</strong>sch, qui était alors chef des chœurs à l’Opéra, me dit un jour : “Écrivez donc une<br />
messe avant de partir pour Rome ; je vous la ferai exécuter à Saint-Eustache”. Une messe ! de moi ! dans Saint-<br />
Eustache ! Je crus rêver. J’avais cinq mois devant moi ; je me mis résolument à l’œuvre [...]. Ma messe n’étais certes<br />
pas une œuvre remarquable : elle dénotait l’inexpérience qu’on pouvait attendre d’un jeune homme encore tout<br />
novice dans le maniement de c<strong>et</strong>te riche pal<strong>et</strong>te de l’orchestre dont la possession demande une si longue pratique ;<br />
quant à la valeur de idées musicales considérées en elles-mêmes, elle se bornait à un sentiment assez juste, à un<br />
instinct assez vrai de conformité au sens du texte sacré ; mais la ferm<strong>et</strong>é du dessin, le voulu y laissait fort à désirer.<br />
Quoi qu’il en soit, ce premier essai me valut de bienveillants encouragements [...] » (pp. 73-75).<br />
Parti ensuite à Rome, Gounod demanda à recevoir son manuscrit, mais sa mère lui en fit la présente copie par<br />
affection <strong>et</strong> par prudence. Le compositeur explique dans ses Mémoires d’un artiste : « Il y a à Rome, dans le Corso,<br />
une église qu’on appelle Saint-Louis-des-Français, <strong>et</strong> qui est desservie par un chanoine <strong>et</strong> des prêtres français. Tous<br />
les ans, à la fête du roi Louis-Philippe, c’est-à-dire le 1er mai, on célébrait, dans c<strong>et</strong>te église, une messe en musique<br />
dont la composition revenait au musicien pensionnaire. L’année de mon arrivée à Rome, la messe exécutée (messe<br />
avec orchestre) était de mon camarade Georges Bousqu<strong>et</strong>. L’année suivante, ce devait être mon tour. Craignant<br />
qu’avec mes obligations de pensionnaire je n’eusse pas le temps d’accomplir un travail de c<strong>et</strong>te importance,<br />
MA MÈRE M’ENVOYA MA MESSE DE SAINT-EUSTACHE ENTIÈREMENT COPIÉE DE SA MAIN sur le manuscrit de ma partition<br />
d’orchestre, dont elle ne voulait ni se dessaisir ni risquer la perte dans le transport par la poste. On imagine ce que<br />
j’éprouvai en recevant, à Rome, c<strong>et</strong>te nouvelle preuve de la tendresse <strong>et</strong> de la patience maternelles. Toutefois je n’en<br />
fis pas l’usage auquel ma mère l’avait destinée : [...] je poursuivis bravement la nouvelle messe que j’avais<br />
commencée en vue de la fête du roi. » (pp. 123-124).<br />
Ce sentiment de reconnaissance filiale se révèle encore dans l’épigraphe inscrit de la main de Gounod en tête de la<br />
page de titre du présent manuscrit : « Relique vénérable de la patience de ma mère bien aimée ».<br />
La mère de Gounod l’avait d’autre part aidé à copier les parties séparées de c<strong>et</strong>te messe, destinées aux exécutants<br />
pour la première représentation. Toujours dans ses Mémoires d’un artiste, le compositeur rend justice à c<strong>et</strong>te aide<br />
précieuse : « au jour dit, j’étais prêt, grâce à l’activité laborieuse de ma mère qui m’avait aidé à copier les parties<br />
d’orchestre, car nous n’avions pas les moyens de payer un copiste » (p. 74).<br />
Une note au f. 14r du présent manuscrit rappelle c<strong>et</strong>te aide précieuse : « Note des parties détachées que j’ai envoyées à<br />
Charles avec la copie de la partition de sa messe... 1° – Orgue du chœur. 2° – les soli pour soprano, 1er ténor, 2d ténor, 1re <strong>et</strong><br />
2de basse taille... ».<br />
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