Tajan - Autographes et Manuscrits

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18 « EN GROS, LES ÊTRES HUMAINS SE DIVISENT EN 2 SECTES, 1° LES VOYEURS ET 2° LES EXHIBITIONNISTES, TOUT AUSSI FUMIERS LES UNS QUE LES AUTRES ! MAIS IL SE TROUVE QUE JE SUIS DES “VOYEURS TOTAL” PAS DU TOUT DU TOUT EXHIBITIONNISTE. J’ai l’horreur absolue d’être vu ! Ou pour être “de théâtre” : auteur ou acteur, il faut être “de théâtre”. Tous les charmants auteurs que vous me citez sont des êtres, à la fibre, “de théâtre”, comme des femmes, qui vous le savez, sont toutes exhibitionnistes... essentiellement... CE DONDE“PARAÎTRE” M’A ÉTÉ ABSOLUMENT REFUSÉ, JE NE ME TROUVE À MON AISE QUE DANS L’ARCHI- ARRIÈRE COULISSE, À TOUT ENTENDRE, TOUT VOIR, NE JAMAIS JAMAIS PARLER. Cafard, cloporte, scolopendre... Mais combien ? [...] » 31 juillet [1957]. « Il a fallu Philippe le Bel pour se tirer des Templiers... et par quels moyens ! les Templiers revenus ... dix mille fois plus forts ! IL S’AGIT D’UN ORDRE, NI D’UNE RACE, NI D’UNE ETHNIE ! D’UN FORMIDABLE PROFITARIAT ! BIEN PROSAÏQUE, BIEN PRATIQUE, CARTÉSIEN, ALCOOLIQUE, CON, ET FOLLEMENT JOUISSEUR... [...] » 10 septembre [1957]. « CE N’EST PAS DE GRIPPE ASIATIQUE DONT LES FRANÇAIS ONT TEL BESOIN, MAIS D’UN FORMIDABLE PIED AU CUL, ASIATIQUE, POUR CESSER ENFIN DE DÉCONNER INFINI... Cela leur est dû ! Il parcourt déjà le ciel ! [...] » 7 [octobre 1957]. Une épidémie de grippe asiatique venait de se répandre dans toute l’Europe. « Ce BUFFET SE PREND À PRÉSENT, TOUT L’Y ENGAGE, POUR UN LÉONARD, AVEC SA COUR DE PÉDÉS ALCOOLIQUES... tout ceci serait bien négligeable n’était la question cabale, qui me voue à mille trépas, de Rivarol à L’Huma... Faute d’argent il faut s’alarmer de tout, avec on peut se foutre de tout, là est le drame, le seul. Vous êtes mille fois généreux d’avoir pris ma défense, ce petit sagoin ferait mieux de me rendre le livre qu’il m’a pris pour le soi-disant illustrer... [...] » 16 janvier 1948 [pour 1958]. « VOICI JE CROIS L’AFFAIRE CÉLINE UNE VIEILLE BROCHURE RÉDIGÉE À ALGER PARUE EN 1952, FARCIE D’AILLEURS DE “FAUX” ET TRUQUERIES ET QUI NE VEUT RIEN DIRE, SAUF UNE HAINE ÉNORME, ET CERTAINEMENT INÉPUISÉE ET INÉPUISABLE. Qu’y puis-je ? sauf proclamer que je me suis trompé que l’armée française n’est pas foutu le camp en 39, que la France n’a pas perdu ses colonies, que Joanovici est un héros, que Dien Bien Hu fut une sacrée victoire, sans fuite aucune, etc. etc. Cette brochure torche raie fut d’ailleurs rédigée en vue de mon procès, qui a eu lieu deux fois, jugement passé, amnistie passée, prison passée, haine et jalousie demeurent, bien entendu, ma condition miteuse aussi... mes carambouilleurs : commandeurs ! QUE LA FUSÉE H ARRANGE TOUT !... [...] Il n’en dit pas plus que Cousteau condamné à mort ! plutôt moins ! bien moins ! » 25 [février 1958]. La brochure de Maurice Vanino, L’Affaire Céline. L’École d’un cadavre, parut sans nom d’auteur dans les cahiers de la Résistance en 1950, à la veille du procès de Céline, et reparut en 1952 avec nom d’auteur et la mention « Édition Créator ». Joseph Joanovici, ancien chiffonnier devenu milliardaire, fut accusé d’intelligence avec l’ennemi et acquitté, puis condamné en 1950 pour collaboration économique. Pierre-Antoine Cousteau, journaliste à Je suis partout pendant l’Occupation, condamné à mort en 1946 puis gracié, fut de ceux qui considérèrent que Céline avait trahi ses anciennes amitiés en publiant D’Un Château l’autre, et l’accusa violemment dans trois articles parus en juin et juillet 1957. « QUE ME FONT BIEN RIGOLER TOUS CES LUSTUCRUS DÉFILANT EN HORDES HOSTILES, MENAÇANTES, DÉLIRANTES, QUI SE TROUVAIENT ADMIRABLEMENT D’ACCORD QUAND IL S’AGISSAIT DE MOI M’ÉTRIPER ! et qui se retrouveront très bien du même avis à l’occasion ! JE SUIS “L’UNION NATIONALE” DE TOUTES CES ORDURES ! Nous en verrons de belles si nous vivons assez ! Toute cette racaille ne devrait défiler qu’en égouts ! [...] » 31 mai [1958]. « CETTE PAUVRE FILLE FAIT À PEINE DU 5 SUR 20. VENTRE FLASQUE, PAS DE MUSCLES, NICHONS PENDANTS, GROS GENOUX, UNE FLASQUE HORREUR, EXCUSE À TOUTE PÉDÉRASTIE. QUANT À LA FIGURE, PLOMBIER FACTEUR OU GARDE CHAMPÊTRE. PENSEZ QUE ÇA DOIT ÊTRE GRAND-MÈRE, ET TRÈS RESPECTÉE, ACTUELLEMENT, CONSEILLÈRE MUNICIPALE... TOUTE EN PANNE ET CELLULITE. QUE ÇA A DÛ ÊTRE “RÉSISTANTE” ! FÉROCE ! [...] » 27 janvier [1959]. Céline a glissé dans sa lettre la photographie d’une femme nue (ici jointe). « Vous voyez au lieu de tous ces poteaux Michelin contre es accidents, dont on se fout bien, LE “CONVENABLE” VOUDRAIT VOIR PLACER PARTOUT DES PANCARTES “SALUTAIRES”, sur les plages, les landes, dans les bois... “miteux ne t’endors pas, ne jouis pas, pense à ton travail, à la rentrée, à tes dettes !” “ Fainéant, ne te saoule pas, ne baise pas, souviens-toi que tu es indigne de toute distraction !” “ NE VAS PAS TE BAIGNER, SALIR POLLUER L’EAU, COCHON DE PAUVRE ! UNE ÉPONGE DOIT TE SUFFIRE !” “ RIEN DE CE QUE TU VOIS NE T’APPARTIENT ! TON REGARD SOUILLE TOUT ! FEMMES, BÊTES ET CHOSES !” “ L’HOMME DIGNE SE RECONNAÎT À SON COMPTE EN BANQUE ! TOUT LE RESTE EST IMPOSTURE !” Question des amphitryons, réforme encore, et urgente, il faudrait qu’ils se débarrassent de leurs invités “économiquement faibles” avec éclat... “Foutez le camp, crasseux, méchants clowns ! vous nous soulevez le cœur !” et bien entendu on les fouetterait pour qu’ils décampent plus vite ! et les enfants riches seraient dressés à les couvrir d’immondices ! “au travail, ignobles !” le mot de la fin de ces soi-disant détentes... Tout est à faire ! [...] » 23 [juillet 1959]. Roger Nimier passait alors des vacances en Bretagne. « Vous avez vu ces Gallimards en plein effort [Nimier se rendait régulièrement dans la maison de campagne de Gaston Gallimard], LES RICHES SONT TOUT LE TEMPS EN TRAIN D’HÉRITER ET DE NOUS VOLER, NOS HEURES, NOTRE VIE, LEURS ENFANTS DE NOUS COUVRIR D’ORDURES ET DE NOUS FAIRE VOIR CE QUE PENSENT LEURS PARENTS, HAINE ET MÉPRIS... la malice avec eux est de se taire, s’ils vous engraissent, c’est pour les murènes... d’ailleurs LES PAUVRES NE SONT QUE DES PRIMATES DÉÇUS, TOUT AUSSI FÉROCES, DÉGUEULASSES QUE LES RICHES... plein les plages, plein les routes, plein les cimetières, les asticots... ne vous faites pas blesser, accidenter ! l’accident est un sport de riches... le pauvre y geint, souffre, lasse, perd sa place de clown... Hardiesse aux riches ! Platitude aux vils ! [...] » [1er août 1959]. « [...] IL FAUT UN TRAÎTRE ! QUE TOUS LES AUTRES SE SENTENT DURS, PURS ! il a l’emploi ! il est ! sérénité ! soupirs ! bonnes tables ! bises partout ! délivrance ! paix des consciences ! qu’il tienne son emploi ! renâcle ? murmure ? croule ? qu’on l’empale ! Inflexibles digestions, pets et variantes ! [...] » [12 ou 13 juin 1960]. « TANT MIEUX ! TANT MIEUX SI NOS MIGNONS SONT PRÊTS ! RECEVRONT OÙ JE PENSE LES JAUNES AVEC ENTHOUSIASME, nous épargneront leurs horribles fusées ! ces réceptions proustiennes sont propitiatrices (NRF). Rouvrons les bordels pour les deux sexes et nous serons fin parés ! assez d’échecs ! Il nous faut l’Anu national ! Baisers de saison ! [...] » 15 octobre [1960]. « CE QUI MANQUE AU MOUVEMENT LITTÉRAIRE C’EST UN PRIX VRAIMENT SUPERBOUM, JE PROPOSERAIS LE “GRAND PRIX DU NAVET” LE PLUS MAUVAIS LIVRE DE L’ANNÉE, que ce soit bien avoué, entendu, bien proclamé. Le Goncourt ne viendrait forcément qu’en seconde ligne. Je ferais volontiers parti de cette Académie, si vous en étiez. Baisers évanescents [...] » 2 [décembre 1960]. « MAIS CERTAINEMENT CHER ROGER L’AVENIR EST AUX PÉDÉRASTES ENTHOUSIASTES, CHARGÉS DE FAMILLES NOMBREUSES, ALCOOLIQUES ET COCAÏNOMANES et forcément prix Cognacq et Monthyon, la machine à écrire va de soi ! [...] » 30 mai [1961]. Le prix Monthyon était attribué par l’Académie française, de même que le prix de la fondation Cognacq-Jay, mais celui-ci à des familles nombreuses. 19

20 19 CHABRIER (Emmanuel). Une lettre (1 p. in-8) et une carte de visite autographes signées. S.l.n.d. 200/300 « Je vous serais bien obligé si vous pouviez prendre au Conservatoire MON ADAGIO qui se trouve dans un carton à mon adresse et me le remettre à la maison... ». « Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien faire agréer à Madame Duvernoy mes plus sincères félicitations. Quel admirable style & quelle musicienne !... » 20 CHAMINADE (Cécile). Ensemble de 12 lettres et cartes autographes signées (dont 2 au crayon). S.d. 200/300 « Voulez-vous être assez aimable pour m’autoriser à publier Viatique, votre belle poésie que j’ai mise en musique ces jours-ci. Je sais que FAURÉ l’a écrite aussi, mais j’espère que vous ne lui avez pas donné d’autorisation exclusive et que vous voudrez bien me l’accorder aussi... » (à Eugène MANUEL). « Je suis très ENCHANTÉE DE JOUER MON 2ME TRIO vendredi prochain à la trompette et je vous remercie de vouloir bien le mettre sur votre programme... ». 21 CHAMPFLEURY (Jules François Félix Husson, dit). Ensemble de 4 lettres autographes signées. 1864-1869 et s.d. 100/150 « Votre vente s’annonce bien. Il s’agit de la presser encore. Avez-vous envoyé un catalogue illustré comme je vous le recommandais spécialement à Mr Dentu... ? » (20 novembre 1864). « J’aurai le plaisir de manger deux œufs en votre compagnie aujourd’hui vendredi entre 11 heures et 11 h. 1/2 et NOUS POURRONS CAUSER FAÏENCE... » (23 juin 1865). 22 CHARPENTIER (Gustave). Ensemble de 20 lettres et cartes, dont 19 autographes signées et une signée. 1901-1915. 300/400 « Si parfois tu tirais une conclusion de la bizarre attitude du dénommé Prudhomme agent à tout faire de notre aimable Ricordi et de ses acolytes, fais-le moi connaître. En tout cas très honoré d’être près de toi au pilori de leur rancune... » (à Claude DEBUSSY, 1er janvier 1913). « J’ai oublié... que Mme Massenet m’avait demandé instamment d’assister à la générale de PANURGE. Je ne puis guère me dérober. Il me faudra donc ne pas entendre l’ensemble d’orchestre de cet après-midi. Veuillez prévenir Wolff en lui demandant d’y travailler le 3e acte, et de réserver le 1er pour une prochaine répétition... » (s.d.). « ... Vos paroles sur “LOUISE”, qui ne sont pas les premières, m’ont profondément touché !... » (s.d.). 23 CHAUSSON (Ernest). Ensemble de 4 lettres et cartes autographes signées. 1891-1898 et s.d. 200/300 « Le Comité [de la Société nationale de musique] vient de mettre votre quintette au programme du 4 avril. Veuillez vous entendre, pour les répétitions, avec Mr Trombetto... » (Paris, « 1 er mars »). 21

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« EN GROS, LES ÊTRES HUMAINS SE DIVISENT EN 2 SECTES, 1° LES VOYEURS ET 2° LES EXHIBITIONNISTES, TOUT AUSSI FUMIERS LES<br />

UNS QUE LES AUTRES ! MAIS IL SE TROUVE QUE JE SUIS DES “VOYEURS TOTAL” PAS DU TOUT DU TOUT EXHIBITIONNISTE. J’ai<br />

l’horreur absolue d’être vu ! Ou pour être “de théâtre” : auteur ou acteur, il faut être “de théâtre”. Tous les charmants auteurs<br />

que vous me citez sont des êtres, à la fibre, “de théâtre”, comme des femmes, qui vous le savez, sont toutes exhibitionnistes...<br />

essentiellement... CE DONDE“PARAÎTRE” M’A ÉTÉ ABSOLUMENT REFUSÉ, JE NE ME TROUVE À MON AISE QUE DANS L’ARCHI-<br />

ARRIÈRE COULISSE, À TOUT ENTENDRE, TOUT VOIR, NE JAMAIS JAMAIS PARLER. Cafard, cloporte, scolopendre... Mais combien ?<br />

[...] » 31 juill<strong>et</strong> [1957].<br />

« Il a fallu Philippe le Bel pour se tirer des Templiers... <strong>et</strong> par quels moyens ! les Templiers revenus ... dix mille fois plus forts !<br />

IL S’AGIT D’UN ORDRE, NI D’UNE RACE, NI D’UNE ETHNIE ! D’UN FORMIDABLE PROFITARIAT ! BIEN PROSAÏQUE, BIEN PRATIQUE,<br />

CARTÉSIEN, ALCOOLIQUE, CON, ET FOLLEMENT JOUISSEUR... [...] » 10 septembre [1957].<br />

« CE N’EST PAS DE GRIPPE ASIATIQUE DONT LES FRANÇAIS ONT TEL BESOIN, MAIS D’UN FORMIDABLE PIED AU CUL, ASIATIQUE, POUR<br />

CESSER ENFIN DE DÉCONNER INFINI... Cela leur est dû ! Il parcourt déjà le ciel ! [...] » 7 [octobre 1957]. Une épidémie de<br />

grippe asiatique venait de se répandre dans toute l’Europe.<br />

« Ce BUFFET SE PREND À PRÉSENT, TOUT L’Y ENGAGE, POUR UN LÉONARD, AVEC SA COUR DE PÉDÉS ALCOOLIQUES... tout ceci<br />

serait bien négligeable n’était la question cabale, qui me voue à mille trépas, de Rivarol à L’Huma... Faute d’argent il faut<br />

s’alarmer de tout, avec on peut se foutre de tout, là est le drame, le seul. Vous êtes mille fois généreux d’avoir pris ma défense,<br />

ce p<strong>et</strong>it sagoin ferait mieux de me rendre le livre qu’il m’a pris pour le soi-disant illustrer... [...] » 16 janvier 1948 [pour 1958].<br />

« VOICI JE CROIS L’AFFAIRE CÉLINE UNE VIEILLE BROCHURE RÉDIGÉE À ALGER PARUE EN 1952, FARCIE D’AILLEURS DE “FAUX” ET<br />

TRUQUERIES ET QUI NE VEUT RIEN DIRE, SAUF UNE HAINE ÉNORME, ET CERTAINEMENT INÉPUISÉE ET INÉPUISABLE. Qu’y puis-je ?<br />

sauf proclamer que je me suis trompé que l’armée française n’est pas foutu le camp en 39, que la France n’a pas perdu ses<br />

colonies, que Joanovici est un héros, que Dien Bien Hu fut une sacrée victoire, sans fuite aucune, <strong>et</strong>c. <strong>et</strong>c. C<strong>et</strong>te brochure<br />

torche raie fut d’ailleurs rédigée en vue de mon procès, qui a eu lieu deux fois, jugement passé, amnistie passée, prison passée,<br />

haine <strong>et</strong> jalousie demeurent, bien entendu, ma condition miteuse aussi... mes carambouilleurs : commandeurs ! QUE LA FUSÉE<br />

H ARRANGE TOUT !... [...] Il n’en dit pas plus que Cousteau condamné à mort ! plutôt moins ! bien moins ! » 25 [février 1958].<br />

La brochure de Maurice Vanino, L’Affaire Céline. L’École d’un cadavre, parut sans nom d’auteur dans les cahiers de la<br />

Résistance en 1950, à la veille du procès de Céline, <strong>et</strong> reparut en 1952 avec nom d’auteur <strong>et</strong> la mention « Édition<br />

Créator ». Joseph Joanovici, ancien chiffonnier devenu milliardaire, fut accusé d’intelligence avec l’ennemi <strong>et</strong><br />

acquitté, puis condamné en 1950 pour collaboration économique. Pierre-Antoine Cousteau, journaliste à Je suis<br />

partout pendant l’Occupation, condamné à mort en 1946 puis gracié, fut de ceux qui considérèrent que Céline avait<br />

trahi ses anciennes amitiés en publiant D’Un Château l’autre, <strong>et</strong> l’accusa violemment dans trois articles parus en juin<br />

<strong>et</strong> juill<strong>et</strong> 1957.<br />

« QUE ME FONT BIEN RIGOLER TOUS CES LUSTUCRUS DÉFILANT EN HORDES HOSTILES, MENAÇANTES, DÉLIRANTES, QUI SE<br />

TROUVAIENT ADMIRABLEMENT D’ACCORD QUAND IL S’AGISSAIT DE MOI M’ÉTRIPER ! <strong>et</strong> qui se r<strong>et</strong>rouveront très bien du même avis<br />

à l’occasion ! JE SUIS “L’UNION NATIONALE” DE TOUTES CES ORDURES ! Nous en verrons de belles si nous vivons assez ! Toute<br />

c<strong>et</strong>te racaille ne devrait défiler qu’en égouts ! [...] » 31 mai [1958].<br />

« CETTE PAUVRE FILLE FAIT À PEINE DU 5 SUR 20. VENTRE FLASQUE, PAS DE MUSCLES, NICHONS PENDANTS, GROS GENOUX, UNE<br />

FLASQUE HORREUR, EXCUSE À TOUTE PÉDÉRASTIE. QUANT À LA FIGURE, PLOMBIER FACTEUR OU GARDE CHAMPÊTRE. PENSEZ QUE<br />

ÇA DOIT ÊTRE GRAND-MÈRE, ET TRÈS RESPECTÉE, ACTUELLEMENT, CONSEILLÈRE MUNICIPALE... TOUTE EN PANNE ET CELLULITE. QUE<br />

ÇA A DÛ ÊTRE “RÉSISTANTE” ! FÉROCE ! [...] » 27 janvier [1959]. Céline a glissé dans sa l<strong>et</strong>tre la photographie d’une<br />

femme nue (ici jointe).<br />

« Vous voyez au lieu de tous ces poteaux Michelin contre es accidents, dont on se fout bien, LE “CONVENABLE” VOUDRAIT VOIR<br />

PLACER PARTOUT DES PANCARTES “SALUTAIRES”, sur les plages, les landes, dans les bois... “miteux ne t’endors pas, ne jouis pas,<br />

pense à ton travail, à la rentrée, à tes d<strong>et</strong>tes !” “ Fainéant, ne te saoule pas, ne baise pas, souviens-toi que tu es indigne de toute<br />

distraction !” “ NE VAS PAS TE BAIGNER, SALIR POLLUER L’EAU, COCHON DE PAUVRE ! UNE ÉPONGE DOIT TE SUFFIRE !” “ RIEN DE<br />

CE QUE TU VOIS NE T’APPARTIENT ! TON REGARD SOUILLE TOUT ! FEMMES, BÊTES ET CHOSES !” “ L’HOMME DIGNE SE RECONNAÎT<br />

À SON COMPTE EN BANQUE ! TOUT LE RESTE EST IMPOSTURE !” Question des amphitryons, réforme encore, <strong>et</strong> urgente, il faudrait<br />

qu’ils se débarrassent de leurs invités “économiquement faibles” avec éclat... “Foutez le camp, crasseux, méchants clowns !<br />

vous nous soulevez le cœur !” <strong>et</strong> bien entendu on les fou<strong>et</strong>terait pour qu’ils décampent plus vite ! <strong>et</strong> les enfants riches seraient<br />

dressés à les couvrir d’immondices ! “au travail, ignobles !” le mot de la fin de ces soi-disant détentes... Tout est à faire ! [...] »<br />

23 [juill<strong>et</strong> 1959]. Roger Nimier passait alors des vacances en Br<strong>et</strong>agne.<br />

« Vous avez vu ces Gallimards en plein effort [Nimier se rendait régulièrement dans la maison de campagne de Gaston<br />

Gallimard], LES RICHES SONT TOUT LE TEMPS EN TRAIN D’HÉRITER ET DE NOUS VOLER, NOS HEURES, NOTRE VIE, LEURS ENFANTS<br />

DE NOUS COUVRIR D’ORDURES ET DE NOUS FAIRE VOIR CE QUE PENSENT LEURS PARENTS, HAINE ET MÉPRIS... la malice avec eux<br />

est de se taire, s’ils vous engraissent, c’est pour les murènes... d’ailleurs LES PAUVRES NE SONT QUE DES PRIMATES DÉÇUS, TOUT<br />

AUSSI FÉROCES, DÉGUEULASSES QUE LES RICHES... plein les plages, plein les routes, plein les cim<strong>et</strong>ières, les asticots... ne vous<br />

faites pas blesser, accidenter ! l’accident est un sport de riches... le pauvre y geint, souffre, lasse, perd sa place de clown...<br />

Hardiesse aux riches ! Platitude aux vils ! [...] » [1er août 1959].<br />

« [...] IL FAUT UN TRAÎTRE ! QUE TOUS LES AUTRES SE SENTENT DURS, PURS ! il a l’emploi ! il est ! sérénité ! soupirs ! bonnes<br />

tables ! bises partout ! délivrance ! paix des consciences ! qu’il tienne son emploi ! renâcle ? murmure ? croule ? qu’on<br />

l’empale ! Inflexibles digestions, p<strong>et</strong>s <strong>et</strong> variantes ! [...] » [12 ou 13 juin 1960].<br />

« TANT MIEUX ! TANT MIEUX SI NOS MIGNONS SONT PRÊTS ! RECEVRONT OÙ JE PENSE LES JAUNES AVEC ENTHOUSIASME, nous<br />

épargneront leurs horribles fusées ! ces réceptions proustiennes sont propitiatrices (NRF). Rouvrons les bordels pour les deux<br />

sexes <strong>et</strong> nous serons fin parés ! assez d’échecs ! Il nous faut l’Anu national ! Baisers de saison ! [...] » 15 octobre [1960].<br />

« CE QUI MANQUE AU MOUVEMENT LITTÉRAIRE C’EST UN PRIX VRAIMENT SUPERBOUM, JE PROPOSERAIS LE “GRAND PRIX DU<br />

NAVET” LE PLUS MAUVAIS LIVRE DE L’ANNÉE, que ce soit bien avoué, entendu, bien proclamé. Le Goncourt ne viendrait<br />

forcément qu’en seconde ligne. Je ferais volontiers parti de c<strong>et</strong>te Académie, si vous en étiez. Baisers évanescents [...] »<br />

2 [décembre 1960].<br />

« MAIS CERTAINEMENT CHER ROGER L’AVENIR EST AUX PÉDÉRASTES ENTHOUSIASTES, CHARGÉS DE FAMILLES NOMBREUSES,<br />

ALCOOLIQUES ET COCAÏNOMANES <strong>et</strong> forcément prix Cognacq <strong>et</strong> Monthyon, la machine à écrire va de soi ! [...] » 30 mai [1961].<br />

Le prix Monthyon était attribué par l’Académie française, de même que le prix de la fondation Cognacq-Jay, mais<br />

celui-ci à des familles nombreuses.<br />

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