Tajan - Autographes et Manuscrits

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14 VOIENT AIMABLES COMME JE LES VOIS RIRE HYÉNEUX... Il ne vous manque que le dolman à brandebourgs et le trident, pour me sembler vraiment magnifique... Place au Cirque !... il ne m’étonne pas que toutes ne parlent que de vous !... déjà à Rome !... Votre ami dans l’arène ! [...] » 1er juin [1957]. Céline allait donner peu après une interview à Madeleine Chapsal pour L’Express, qui paraîtrait le 14 juin et serait déterminante pour le lancement de son roman D’Un Château l’autre. « À 16 heures ce tantôt JE SUIS TÉLÉVISÉ RUE COGNAC JAY ! [dans l’émission Lectures pour tous] SANS DOUTE CETTE GLOIRE VOUS EST DUE ! Mille reconnaissances ! [...] » 10 juillet [1957]. « [...] Je sais en tous les cas que MAC ORLAN A REÇU UNE LETTRE DE LECACHE OÙ IL ÉTAIT MIS EN GARDE CONTRE D’UN CHÂTEAU L’AUTRE... RÉVEIL DE L’ANTISÉMITISME ! pas l’avis de Rivarol !... le tout est d’arriver à Shakespeare... » un conte idiot, bafouillé par un ivrogne, et qui n’a pas de sens” pardi ! Honte des hontes ! [...] » 10 [septembre 1957]. Il évoque ici Bernard Lecache, journaliste et fondateur de la Ligue internationale contre l’antisémitisme. « [...] À propos on me fait savoir qu’un certain auteur “quid ?” s’est vanté à la dernière séance de la télévision (Lecture pour tous) d’être L’INVENTEUR DE “BLA BLA”... TONNERRE DIEU ! QUE C’EST MOI, NUL AUTRE ! NOIR SUR BLANC DANS L’ÉCOLE... ! à cette grotesquerie je peux juger du mal qu’on a pu me faire, de combien on m’a pillé... en sus de mon or et de mes meubles et mon honneur ! [...] » 25 septembre [1957]. « Je bafouillais ! bla bla est dans BAGATELLE page 265 Éd Denoël 1938. Priorité ! arrière plagiaires ! menteurs ! engeance de rats ! Télévisés ! Votre hérissé ami [...] » 25 septembre [1957]. « En bref. Très grave. Il me reste et m’empêchent de dormir QUATRE PETITS TRAVAUX QUE JE VOUDRAIS VOIR IMPRIMÉS EN LUXE AVEC ILLUSTRATIONS. 3 BALLETS : 1° LA NAISSANCE DUNE FÉE 2° VOYOU PAUL, BRAVE VIRGINIE 3° FOUDRES ET FLÈCHES ET UN SCÉNARIO 4° SCANDALE AUX ABYSSES. L’illustratrice je crois l’avoir... mais la NRF, peut-elle se charger de cette édition ? ah ? si elle ne veut pas, nous irons voir sous d’autres réverbères... Qu’en pensez-vous, surmené féerique Roger ? J’ai eu grâce à vous, Parinaud et son usine, je ne suis pas à une honte près, mais celle-ci doit être joliette ! vous la verrez et ne m’en parlerez pas. En vendrais-je enfin un livre de plus ? Que c’est douteux ! [...] » 23 juin [1958]. Céline avait publié ces textes séparément : « La Naissance d’une fée » et « Voyou Paul, Brave Virginie » dans Bagatelles pour un massacre en 1937 (chez Denoël), Foudres et flèches en 1949 (chez Charles de Jonquières) et Scandale aux abysses en 1950 (chez Frédéric de Chambriand, pseudonyme de Pierre Monnier). André Parinaud a publié une interview de Céline dans le numéro des 19-25 juin d’Arts. « Voyou Paul et Naissance d’une fée se trouvent dans Bagatelles. Je vous les ferai envoyer par Marie Canavaggia [sa secrétaire], le reste aussi Scandale et Foudres, LE TOUT DOIT FAIRE PEU DE PAGES, UNE CINQUANTAINE. QUANT À L’ILLUSTRATRICE, J’AI PENSÉ ET AI ALERTÉ MON EX ÉPOUSE MME ÉDITH LEBON, 30 rue Vaneau, qui est professionnelle de l’illustration. Elle a illustré pour Robert Denoël [...] » 25 [juin 1958]. « [...] Pouvez-vous faire envoyer au plus tôt, mes livres 1° Guignols Band 2° Voyage au bout de la nuit 3° Mort à crédit 4° Entretiens avec le Pr Y à Madame Édith Lebon [...] À MA GRANDE HONTE, JE ME SUIS APERÇU QUE MON EX-FEMME N’AVAIT JAMAIS LU AUCUN DE MES LIVRES, MAIS QU’ELLE CONNAISSAIT MAC ORLAN PAR CŒUR ET SARTRE ET CENT AUTRES ! je veux lui faire ce cadeau pour essayer de l’intéresser à l’illustration de mes ballets. Je tiens très fort à cette réalisation. Mais mettre une femme riche au travail est un exploit d’Hercule, et bon Dieu que je me sens faible ! [...] » [17 juillet 1958]. « [...] Patatrac ! pour l’illustratrice ! plus question ! en trente ans, devenue trop riche, poivrote, et curée, fainéante totale, et maquisarde absolue ! en sus ! hostile doucereuse mais féroce ! et mandatée ! gourrance donc ! la gueule du loup ! n’en parlons plus ! assez d’emm... tel quel ! [...] » 9 août [1958]. « La situation est en main ! sauvée ! Je me suis assuré le talent de ma très ancienne petite cliente (de Clichy) Éliane Bonabelle elle est disposée et ravie d’illustrer mes quatre ballets et le film. Éliane est connue à la NRF et son talent est national et international ! [...] » 13 août 1958. « Toute ma reconnaissance ! QUE CES GENS SI LOUCHES SIGNENT ENFIN CE CONTRAT NORD et me versent 100 sacs par mois pendant un an et puis deux ans à la remise du manuscrit. Entendu ! Mais pas de Nord sans décision pour la Pléiade ! Qu’ils s’éveillent ! [...] » 29 [avril 1959]. « Grâce à vous je suis aux anges d’être de la Pléiade, exultant comme A. Allais d’être “abonné au gaz”, je l’écris à MONDOR en même temps que je le tape d’une préface... » 4 [juin 1959]. Henri Mondor, célèbre médecin, était par ailleurs écrivain et historien de la littérature. « [...] JE PENSE À PAUL MORAND SI MONDOR COMME IL ME PARAÎT FLAGEOLLE ET S’ESQUIVE... maintenant, qu’est-il décidé noir sur blanc à la NRF ?... Ceux-là aussi sont intouchables ! Pour mon compte JE SUIS AU DERNIER CHAPITRE DE NORD et foutre ne leur donnerai que ma Pléiade parue ! ainsi que convenu ! [...] » [11 septembre 1959]. « TRÈS DISCRÈTEMENT ET DES PLUS RAPIDES NOUS AVONS ÉTÉ MARIE À LA NRF CE MATIN PORTER L’OURS À FESTY [Céline est allé avec sa secrétaire Marie Canavaggia porter le manuscrit de Nord à Jacques Festy, chef de la fabrication chez Gallimard]. Nous n’allions pas vous déranger ! [...] Je songe aussi que vous m’avez parlé d’une certaine somme que je dois toucher à la remise du manuscrit de NORD... Je songe encore que je dois toucher une autre somme pour le VOYAGE de poche... Il faut que les galériens mangent de temps en temps... Vacances à d’autres, mais la gamelle ! [...] » 23 [décembre 1959]. « TOUT BIEN PESÉ JE CROIS QUE LE MIEUX EST QU’ILS SE METTENT TOUT DE SUITE À L’IMPRESSION, CAR MÊME POUR MARS CE SERA COURT ! POUR PEU QUE VOUS AYEZ PARCOURU CE NORD VOUS AVEZ PU VOIR QU’IL ÉTAIT PLEIN D’EMBÛCHES ET JE ME VOIS BIEN MAL SURVEILLER SEUL L’IMPRESSION... PESTE DES DITS CORRECTEURS ! Or Marie [Marie Canavaggia, sa secrétaire] n’est pas comme moi, figé et dolmen, elle est comme les gens d’à présent pour un rien elle fout le camp et on ne la revoit plus, tous les prétextes ! Une grand-mère dans le Nord, un filleul dans le Midi, une crise de gigite, un vieil ami à Fréjus, un concert à Péronne... la première tartuferie quelconque... foutre le camp ! J’AI PEUR DE L’AVENIR ROGER... L’IMPRESSION, VITE ! [...] » 8 janvier [1960]. « TOUS NOS MALHEURS VIENNENT DE CE QUE NOUS RÉGLONS MAL NOS RÊVES, AUX PROPORTIONS DE NOS ÂGES ET RESSOURCES... JE NE RÊVERAI PLUS DE TRAVERS... AU PROCHAIN MANUSCRIT “COLIN MAILLART” J’AURAI LARGEMENT DÉPASSÉ MES 70 ANS... [...] » 16 janvier [1960]. Colin Maillart était le premier titre prévu pour Rigodon. « Je vous relance, non par manie, mais par frousse. QUE PEUVENT ÊTRE DEVENUS LES MANUSCRITS DE MES IMMORTELS BALLETS ? LANCÉS À TRAVERS TOUS CES HYSTÉRIQUES IMPUISSANTS PLAGIAIRES ? Je souffre d’y penser ! Un mot si vous revenez le temps d’un soupir sur terre... » 31 [mars 1960]. « Par bien puérile curiosité ! Vous me pardonnerez ! JE TENTE BIEN FURTIVEMENT ET BIEN HUMBLEMENT DE SAVOIR SI NORD SE VEND OU RESTE EN PANNE ? Personne n’en sait rien ! bien sûr... bredouillis, berlificots, bla-blas secs ou grasses esquives, zéro ! Peut-être seriez-vous plus heureux ?... Un risque !... un chiffre ?... Très très discret votre LFC » 21 [juin 1960]. « MON CHER ROGER SOS ! IL N’Y A PLUS DE NORD NI DE BALLET EN LIBRAIRIES, NI À LA NRF EN STOCK ! SABOTAGE ! plus un ! or vous le savez mon contrat expire... et quand tous ces supercons reviendront de leur éternelle vacance ce sera bien pire. Goncourt et le reste ! J’AURAI LIVRÉ À NOËL MON MANUSCRIT, PERLES AUX COCHONS ! SOS Roger ! Ce que vous pourrez ! Ah si ces gens pouvaient ne jamais revenir !... envoûtés par leurs vacances... » 4 [août 1960]. « [...] 1° GUIGNOLS BAND N’EST-IL PAS ÉPUISÉ ? 2° POUR LES MOTS CENSURÉS DE LA PLÉIADE NOUS EN REPARLERONS BIEN SÛR... [...] » [28 janvier 1961]. GASTON GALLIMARD ALIAS ACHILLE BROTTIN. « Joliment touché par votre si revigorante et affectueuse visite ! HÉLAS, S’IL EST UN CARRÉ DE LA VILLE BIEN REVÊCHE STÉRILE ET HOSTILE ET CON À TOUTE ENTREPRISE, MÊME PROFITABLE ET BIEN INDIQUÉE, C’EST LE CARRÉ BOTTIN [les éditions Gallimard, situées rue Sébastien-Bottin à Paris] ! Une poubelle est beaucoup plus fructueuse ! Un conglomérat de “bas de plafond” irrémédiable ! Que vous avez de la tablature ! celui qui a eu l’Univers entier à ses trousses, et au gniouf, vous pensez se rit de ces maringoulins ! mille façon de les éperdre ! dans la merde ! 10 000 pieds ! mais plus intéressant est de ne pas vous, vous perdre ! Ce sera ardu ! le petit con en chef, j’ai nommé Gaston [Gallimard], est inépuisable en sottises astucieuses, à vous faire tout vomir ! vous verrez menteur, et lassant, et chinois, et inutile !... [...] » 19 décembre [1956]. « JE L’AI ÉCRIT AU PALTOQUET GASTON [GALLIMARD] QUE SES EMPLOYÉS SORTAIENT DE COURTELINE, AUTANT DE MM SOUPE, QU’ILS SE LAVAIENT LES PIEDS EN JOUANT DE LA TROMPETTE AU LIEU DE TRAVAILLER. PAULHAN [Jean Paulhan] CETTE FORMIDABLE LIMACE JOUE AUX SOUCOUPES. D’ailleurs que feraient-ils ? Pourvu que le petit paltoquet foute ses 400 millions à 15

la Seine ! N’allez pas troubler ce splendide vivarium ! que vos juvéniles et géniales ardeurs ne troublent point ce chèquetarium ! Soyez napoléonien ! “Je donne des ordres ou je me tais” [...] » 21 décembre [1956]. « Je ne veux pas vous ennuyer... mais IL ME SEMBLE QUE GASTON ME MÈNE EN BATEAU AVEC SON ÉDITION DE POCHE dont je ne vois pas du tout venir le contrat... il ne verra pas lui, venir l’ours [le manuscrit de son roman D’Un Château l’autre]... il ne le verra jamais s’il continue, le foutriquet ! QU’IL S’AMUSE, PETIT SADIQUE ! SON ENTERREMENT QUI M’INTÉRESSE, moi qui ne vais jamais nulle part, j’irai (s’il ne pleut pas !) [...] » 26 février [1957]. « Je réfléchis encore, vous avez l’oreille de Gaston [Gallimard], la NNRF [La Nouvelle nouvelle revue française] lui coûte 500 sacs par mois, et il pleure ! et diable en plus CETTE CACOPHAGERIE CHANTE TOUS LES AUTEURS ÉTRANGERS PASSOS JOYSE ETC. TOUS ! SAUF LES FRANÇAIS ! ET MOI, JAMAIS ! POUR RIEN AU MONDE ! NI VOUS ! il y a bien sûr de bonnes raisons, la fouettée Aury [Dominique Aury] m’a expliqué : pudeur, modestie, élégance ! foutre, qui va même révéler nos noms si cette NNRF les omet expressément ? Tout simplement idiot et de mauvais, très mauvais commerce. Ce n’est pas Le Figaro ou la Table ronde qui vont chanter nos génies... alors qui ?... La NNRF donne le prétexte aux étrangers (trop heureux !) à ne jamais parler de nos livres ! »Vous voyez les Gallimard eux-même ne les mentionnent jamais !” AH MAIS RILKE, FAULKNER, PASSOS ! EXTASES ! EXTASES ! LÀ AURY SE DONNE ET PAULHAN ! VOILÀ LES GENRES RECONNUS PAR LA NRF ! pour eux Gaston y va de ses 500 sacs par mois ! QUAND JE DIS QU’IL SABOTE SES AUTEURS JE NE DIS RIEN QUE D’ÉVIDENT ! aucune publicité et le silence absolu de son propre torchon ! [...] » 13 mars [1957]. « C’est bien ce que je pensais... PLUS JE TRAVAILLE ET ME TUE (À MON ÂGE !) PLUS JE DOIS DE L’ARGENT À GASTON [GALLIMARD]... je serais tout à fait fou de m’endetter d’avantage ! Posons les clous ! [...] » « Le 5/1 » [pour le 5 février 1958]. « LA PREUVE EST FAITE, LES GALLIMOCHES SE FOUTENT DE MOI, DONC AYEZ LA BONTÉ DE LEUR DIRE QUE RETRAITÉ, JE POSE LES CLOUS, NE FOUS PLUS RIEN, LAISSE TOUT EN PLAN, À MOINS DE RECEVOIR TRÈS VITE CE CONTRAT DE PLÉIADE CENT FOIS PROMIS, JURÉ, CENT FOIS RENIÉ... ZÉRO ! [...] » 2 [mai 1959]. « Ô mon cher Roger, si jeune et subtil, le mal est d’être vieux ! Gaston n’en doute pas... à attendre, remis à l’année prochaine (que la NRF est exténuante d’idioties roublardes, ou soi-disant !) je risque fort d’être décédé avant d’être pléiadé ! GASTON LUI EST HÉRITIER UNE FOIS POUR TOUTES DE TOUS ET DE TOUT, ALORS IL SE DIT QUE MOI AUSSI JE LE PRÉCÉDERAI AU TROU... BIEN FOL ! [...] » 4 [février 1960]. « À votre conseil J’AI BONDI SUR LA PLUME, ÉCRIT À CE CLAUDE [Gallimard, fils de Gaston]... BIEN COURTOISEMENT JE L’AURAIS TRAITÉ BIEN POURRI, Y ENFONCÉ DANS LA TINETTE, IL N’AURAIT PAS MOINS RÉPONDU... MAIS SAIT-IL ÉCRIRE ? tout est là !... une courte réponse demande le secours de bien des comités... d’anancéphales ! j’ai obtenu d’une secrétaire l’avis que rien serait fait pour “NORD” avant 13 jours... quant à la Pléiade nul n’en a entendu parler si ce n’est que la préface Mondor est en sûreté chez Claude... je pouvais la mettre au Crédit lyonnais ! [...] » 10 [février 1960]. « VOUS COMPRENEZ ROGER CE QUI EST TOUT À FAIT AFFLIGEANT C’EST D’ÊTRE TRAITÉ DE PAIR À ÉGAL PAR DES IDIOTS ET DES PLATES FRIPOUILLES COMME LA CLIQUE BROTTIN [dans Nord, Céline avait rebaptisé Gaston Gallimard Achille Brottin, en référence déformée à la rue Sébastien-Bottin où était située la maison d’éditions]. Ces gens sont décourageants par leurs roueries inutiles, leurs “subtilités” méfiantes, leur arrogance d’on ne sait d’où... écœurants stupides... travailler pour ces ineptes vous fait trop vomir. Ils ne sont et ne seront jamais qu’à la hauteur des “droits communs” Le pire, ils vous assimilent ! VIVE N’IMPORTE QUEL COMMISSAIRE ! MÊME ARAGON ! [...] » 12 [février 1960]. FERDINAND FURIEUX « Voilà qui est bien aimable – mais comment agir sans me nuire ? C’est difficile impossible. TOUT EST COMÉDIE TRAGIQUE EN CE MONDE ET J’AI LE RÔLE DE BOUC QUI PUE – DE BÊTE HORRIBLEMENT NUISIBLE. C’EST UN PROBLÈME DE VÉNERIE ET D’HYSTÉRIE COLLECTIVE [...]. Le rôle n’est pas agréable bien sûr, je m’y suis fourré, je le regrette bien. Il m’arrive des moments d’amertume. J’aimerais mieux rigoler. Je suis gai naturellement, j’aime bien les ballets, les danseuses. Toute cette grand guignolerie, Petioterie me paraît invention du diable, mais le diable ne me lâche pas ! [...] » 12 février [1949], LETTRE INÉDITE. « [...] Ah misère de moi si les collabos revenaient au pouvoir, et vichyssois ! J’aimerais mieux Ben Gourion ! Tout net ! LES COLLABOS ET VICHYSSOIS ILS PENSAIENT QU’À ME CREVER À SIEGMARINGEN PENDANT QUE JE LES SOIGNAIS JOUR ET NUIT. C’EST LA CONSÉQUENCE DU GÉNIE comme vous savez. Ça c’est une coupure, la vraie bath, toutes les conneries et Dieu sait ! [...] » « Le 28 » [probablement 1950], LETTRE INÉDITE. « OUI, J’AI BIEN SOUPÉ DE CETTE PERSÉCUTION DE 7 ANNÉES, ARCHICONNE ! Sans rime ni raison. Encore quand on escomptait ma carne à la torture on pouvait penser aux intérêts du cirque [...] mais à présent ?... Seulement je crois qu’il faut y aller sans tomber dans les pièges résistentialistes. Les “durs de la place”, les “ingrats d’Hitler”... [...] C’est plein de flics partout, des : “j’ai tué ma mère et toi ??” ah ça pullule ! ET CHEZ LES PLUS PROCHES POTES – LA CHIASSE VOUS ENGENDRE DE CES FRÉGOLIS ! [...] » « Samedi » [25 novembre 1950], LETTRE INÉDITE. « Mon cher Hussard, néo-Barbusse, géant des Lettres, commissaire des peuples, idole du nouveau Fémina [Roger Nimier collaborait alors à cette revue, qui avait été dirigée un temps par Henri Barbusse], ami... [...] QUANT À L’ANTISÉMITISME JE VOULAIS VOUS RÉPONDRE... JE NE SUIS PAS NON PLUS ANTISÉMITE JE SUIS PROFRANÇAIS... Je me suis lancé et comme ! et tout a fait gratuitement, dans cette folle aventure, dans l’espoir d’épargner aux Français le ridicule d’une nouvelle guerre... dont je savais qu’ils sortiraient tels qu’ils sont actuellement... on m’en fait crever d’avoir sonné la cloche... soit ! soit ! c’était idiot... J’en conviens. [...] » 19 janvier [1955], LETTRE INÉDITE. « MON DIEU COMME IL AURAIT ÉTÉ PLUS SIMPLE DE PROMULGUER UNE LOI »N’AURONT DROIT D’ÉCRIRE DES LIVRES QUE LES ÉCRIVAINS DE LA RÉSISTANCE”. TOUT SERAIT DIT ! [...] Que cela nous épargnerait de zizanies idiotes ! et de motif de cabotinages “pour” et “contre” ! fatigues ! en attendant que le foutriquet [Gaston Gallimard] me glisse dans la Pléiade ou malheur à lui ! je m’éditerai en Israël rien que pour l’emmerder ! positif ! [...] » 6 avril [1957]. 16 17

la Seine ! N’allez pas troubler ce splendide vivarium ! que vos juvéniles <strong>et</strong> géniales ardeurs ne troublent point ce<br />

chèqu<strong>et</strong>arium ! Soyez napoléonien ! “Je donne des ordres ou je me tais” [...] » 21 décembre [1956].<br />

« Je ne veux pas vous ennuyer... mais IL ME SEMBLE QUE GASTON ME MÈNE EN BATEAU AVEC SON ÉDITION DE POCHE dont je ne<br />

vois pas du tout venir le contrat... il ne verra pas lui, venir l’ours [le manuscrit de son roman D’Un Château l’autre]... il ne<br />

le verra jamais s’il continue, le foutriqu<strong>et</strong> ! QU’IL S’AMUSE, PETIT SADIQUE ! SON ENTERREMENT QUI M’INTÉRESSE, moi qui ne<br />

vais jamais nulle part, j’irai (s’il ne pleut pas !) [...] » 26 février [1957].<br />

« Je réfléchis encore, vous avez l’oreille de Gaston [Gallimard], la NNRF [La Nouvelle nouvelle revue française] lui coûte<br />

500 sacs par mois, <strong>et</strong> il pleure ! <strong>et</strong> diable en plus CETTE CACOPHAGERIE CHANTE TOUS LES AUTEURS ÉTRANGERS PASSOS JOYSE<br />

ETC. TOUS ! SAUF LES FRANÇAIS ! ET MOI, JAMAIS ! POUR RIEN AU MONDE ! NI VOUS ! il y a bien sûr de bonnes raisons, la fou<strong>et</strong>tée<br />

Aury [Dominique Aury] m’a expliqué : pudeur, modestie, élégance ! foutre, qui va même révéler nos noms si c<strong>et</strong>te NNRF<br />

les om<strong>et</strong> expressément ? Tout simplement idiot <strong>et</strong> de mauvais, très mauvais commerce. Ce n’est pas Le Figaro ou la Table<br />

ronde qui vont chanter nos génies... alors qui ?... La NNRF donne le prétexte aux étrangers (trop heureux !) à ne jamais parler<br />

de nos livres ! »Vous voyez les Gallimard eux-même ne les mentionnent jamais !” AH MAIS RILKE, FAULKNER, PASSOS !<br />

EXTASES ! EXTASES ! LÀ AURY SE DONNE ET PAULHAN ! VOILÀ LES GENRES RECONNUS PAR LA NRF ! pour eux Gaston y va de ses<br />

500 sacs par mois ! QUAND JE DIS QU’IL SABOTE SES AUTEURS JE NE DIS RIEN QUE D’ÉVIDENT ! aucune publicité <strong>et</strong> le silence<br />

absolu de son propre torchon ! [...] » 13 mars [1957].<br />

« C’est bien ce que je pensais... PLUS JE TRAVAILLE ET ME TUE (À MON ÂGE !) PLUS JE DOIS DE L’ARGENT À GASTON<br />

[GALLIMARD]... je serais tout à fait fou de m’end<strong>et</strong>ter d’avantage ! Posons les clous ! [...] » « Le 5/1 » [pour le 5 février 1958].<br />

« LA PREUVE EST FAITE, LES GALLIMOCHES SE FOUTENT DE MOI, DONC AYEZ LA BONTÉ DE LEUR DIRE QUE RETRAITÉ, JE POSE LES<br />

CLOUS, NE FOUS PLUS RIEN, LAISSE TOUT EN PLAN, À MOINS DE RECEVOIR TRÈS VITE CE CONTRAT DE PLÉIADE CENT FOIS PROMIS,<br />

JURÉ, CENT FOIS RENIÉ... ZÉRO ! [...] » 2 [mai 1959].<br />

« Ô mon cher Roger, si jeune <strong>et</strong> subtil, le mal est d’être vieux ! Gaston n’en doute pas... à attendre, remis à l’année prochaine<br />

(que la NRF est exténuante d’idioties roublardes, ou soi-disant !) je risque fort d’être décédé avant d’être pléiadé ! GASTON LUI<br />

EST HÉRITIER UNE FOIS POUR TOUTES DE TOUS ET DE TOUT, ALORS IL SE DIT QUE MOI AUSSI JE LE PRÉCÉDERAI AU TROU... BIEN<br />

FOL ! [...] » 4 [février 1960].<br />

« À votre conseil J’AI BONDI SUR LA PLUME, ÉCRIT À CE CLAUDE [Gallimard, fils de Gaston]... BIEN COURTOISEMENT JE<br />

L’AURAIS TRAITÉ BIEN POURRI, Y ENFONCÉ DANS LA TINETTE, IL N’AURAIT PAS MOINS RÉPONDU... MAIS SAIT-IL ÉCRIRE ? tout est<br />

là !... une courte réponse demande le secours de bien des comités... d’anancéphales ! j’ai obtenu d’une secrétaire l’avis que rien<br />

serait fait pour “NORD” avant 13 jours... quant à la Pléiade nul n’en a entendu parler si ce n’est que la préface Mondor est en<br />

sûr<strong>et</strong>é chez Claude... je pouvais la m<strong>et</strong>tre au Crédit lyonnais ! [...] » 10 [février 1960].<br />

« VOUS COMPRENEZ ROGER CE QUI EST TOUT À FAIT AFFLIGEANT C’EST D’ÊTRE TRAITÉ DE PAIR À ÉGAL PAR DES IDIOTS ET DES<br />

PLATES FRIPOUILLES COMME LA CLIQUE BROTTIN [dans Nord, Céline avait rebaptisé Gaston Gallimard Achille Brottin, en<br />

référence déformée à la rue Sébastien-Bottin où était située la maison d’éditions]. Ces gens sont décourageants par<br />

leurs roueries inutiles, leurs “subtilités” méfiantes, leur arrogance d’on ne sait d’où... écœurants stupides... travailler pour ces<br />

ineptes vous fait trop vomir. Ils ne sont <strong>et</strong> ne seront jamais qu’à la hauteur des “droits communs” Le pire, ils vous assimilent !<br />

VIVE N’IMPORTE QUEL COMMISSAIRE ! MÊME ARAGON ! [...] » 12 [février 1960].<br />

FERDINAND FURIEUX<br />

« Voilà qui est bien aimable – mais comment agir sans me nuire ? C’est difficile impossible. TOUT EST COMÉDIE TRAGIQUE EN<br />

CE MONDE ET J’AI LE RÔLE DE BOUC QUI PUE – DE BÊTE HORRIBLEMENT NUISIBLE. C’EST UN PROBLÈME DE VÉNERIE ET D’HYSTÉRIE<br />

COLLECTIVE [...]. Le rôle n’est pas agréable bien sûr, je m’y suis fourré, je le regr<strong>et</strong>te bien. Il m’arrive des moments d’amertume.<br />

J’aimerais mieux rigoler. Je suis gai naturellement, j’aime bien les ball<strong>et</strong>s, les danseuses. Toute c<strong>et</strong>te grand guignolerie,<br />

P<strong>et</strong>ioterie me paraît invention du diable, mais le diable ne me lâche pas ! [...] » 12 février [1949], LETTRE INÉDITE.<br />

« [...] Ah misère de moi si les collabos revenaient au pouvoir, <strong>et</strong> vichyssois ! J’aimerais mieux Ben Gourion ! Tout n<strong>et</strong> ! LES<br />

COLLABOS ET VICHYSSOIS ILS PENSAIENT QU’À ME CREVER À SIEGMARINGEN PENDANT QUE JE LES SOIGNAIS JOUR ET NUIT. C’EST<br />

LA CONSÉQUENCE DU GÉNIE comme vous savez. Ça c’est une coupure, la vraie bath, toutes les conneries <strong>et</strong> Dieu sait ! [...] »<br />

« Le 28 » [probablement 1950], LETTRE INÉDITE.<br />

« OUI, J’AI BIEN SOUPÉ DE CETTE PERSÉCUTION DE 7 ANNÉES, ARCHICONNE ! Sans rime ni raison. Encore quand on escomptait<br />

ma carne à la torture on pouvait penser aux intérêts du cirque [...] mais à présent ?... Seulement je crois qu’il faut y aller sans<br />

tomber dans les pièges résistentialistes. Les “durs de la place”, les “ingrats d’Hitler”... [...] C’est plein de flics partout, des :<br />

“j’ai tué ma mère <strong>et</strong> toi ??” ah ça pullule ! ET CHEZ LES PLUS PROCHES POTES – LA CHIASSE VOUS ENGENDRE DE CES FRÉGOLIS !<br />

[...] » « Samedi » [25 novembre 1950], LETTRE INÉDITE.<br />

« Mon cher Hussard, néo-Barbusse, géant des L<strong>et</strong>tres, commissaire des peuples, idole du nouveau Fémina [Roger Nimier<br />

collaborait alors à c<strong>et</strong>te revue, qui avait été dirigée un temps par Henri Barbusse], ami... [...] QUANT À L’ANTISÉMITISME<br />

JE VOULAIS VOUS RÉPONDRE... JE NE SUIS PAS NON PLUS ANTISÉMITE JE SUIS PROFRANÇAIS... Je me suis lancé <strong>et</strong> comme ! <strong>et</strong> tout<br />

a fait gratuitement, dans c<strong>et</strong>te folle aventure, dans l’espoir d’épargner aux Français le ridicule d’une nouvelle guerre... dont je<br />

savais qu’ils sortiraient tels qu’ils sont actuellement... on m’en fait crever d’avoir sonné la cloche... soit ! soit ! c’était idiot...<br />

J’en conviens. [...] » 19 janvier [1955], LETTRE INÉDITE.<br />

« MON DIEU COMME IL AURAIT ÉTÉ PLUS SIMPLE DE PROMULGUER UNE LOI »N’AURONT DROIT D’ÉCRIRE DES LIVRES QUE LES<br />

ÉCRIVAINS DE LA RÉSISTANCE”. TOUT SERAIT DIT ! [...] Que cela nous épargnerait de zizanies idiotes ! <strong>et</strong> de motif de cabotinages<br />

“pour” <strong>et</strong> “contre” ! fatigues ! en attendant que le foutriqu<strong>et</strong> [Gaston Gallimard] me glisse dans la Pléiade ou malheur à lui !<br />

je m’éditerai en Israël rien que pour l’emmerder ! positif ! [...] » 6 avril [1957].<br />

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