La lettre du théâtre amateur N°10 - Le Grand T
La lettre du théâtre amateur N°10 - Le Grand T
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<strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> N° 10 / janvier / février / mars 2003<br />
<strong>théâtre</strong><br />
L A L E T T R E D U T H É Â T R E A M A T E U R D E L A M A I S O N D E L A C U L T U R E D E L O I R E -<br />
ÉDITORIAL<br />
Nous, le public, le <strong>théâtre</strong><br />
et le discernement…<br />
Voilà : la machine tourne à nouveau à plein régime : ici on joue<br />
Agnès Jaoui, là Jean-Noël Fenwick, partout Georges Feydeau.<br />
C’est le “run» d’automne… après la trêve des confiseurs on repart<br />
pour le “run» d’hiver… jusqu’en avril-mai et les festivals, puis<br />
juin et les présentations des travaux des ateliers.<br />
Car, à l’instar des troupes, les “ateliers <strong>théâtre</strong>” fleurissent (nous en<br />
connaissons 60 sur le département). Hebdomadaires ou mensuels,<br />
débutants ou initiés, ados ou a<strong>du</strong>ltes, on se retrouve pour faire<br />
<strong>du</strong> <strong>théâtre</strong>, sous les méchants néons d’une salle polyvalente ou<br />
les cintres obscurs d’un <strong>théâtre</strong> endormi.<br />
On bouge, on se relaxe, on parle, on se regarde… Sur le département<br />
1 000 à 1 500 personnes (sans doute… un jour nous<br />
prendrons le temps de compter) participent à ces ateliers, portées<br />
par des motivations très variées :<br />
• Rencontrer <strong>du</strong> monde, vaincre sa timidité, agir, maîtriser des<br />
techniques… oui, le <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> permet ça… comme le foot,<br />
la vannerie, les langues étrangères ou le syndicalisme…<br />
• Ouvrir les yeux, cultiver ses talents, son esprit, son bon goût,<br />
exprimer les richesses enfouies au plus profond de nous… oui,<br />
le <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> permet ça… comme la peinture, le chant<br />
choral, la littérature ou l’art floral…<br />
Mais le <strong>théâtre</strong>, lui, activité collective et cérébrale, qui sert<br />
les hommes, leur intelligence et leur bonheur, ne peut être<br />
cantonné à la seule satisfaction des envies ou des<br />
besoins propres à ceux qui le pratiquent.<br />
S O M M A I R E<br />
Nous, le public, le <strong>théâtre</strong><br />
et le discernement…...................................................... p 1<br />
A rideaux ouverts<br />
sur le <strong>théâtre</strong> de boulevard ...................................... p 2<br />
Commentaires dramaturgiques<br />
sur <strong>Le</strong> Voyage de monsieur Perrichon ............... p 4<br />
Animaton & culture de Derval................................ p 5<br />
Amateurs d’Avignon ..................................................... p 6<br />
Agenda .................................................................................. p 8<br />
<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong>, de comédie ou de tragédie, porte <strong>du</strong> sens, qu’on le<br />
veuille ou non, car c’est un moyen d’expression qui n’existe qu’au<br />
regard d’un public. C’est ce regard des autres, qui, avant tout<br />
autre chose, justifie et nourrit la pratique théâtrale. En cela, le<br />
<strong>théâtre</strong> est politique. Vouloir réunir le plus grand nombre de<br />
personnes dans un même lieu, pour exprimer devant elles le<br />
propos d’un auteur que l’on a fait sien est une ambition<br />
merveilleuse, mais qui nécessite un minimum de discernement :<br />
dans le choix <strong>du</strong> public que l’on privilégie (des habitués ou des<br />
inconnus, des jeunes ou des moins jeunes), dans le choix <strong>du</strong><br />
sujet (léger ou grave, particulier ou universel), dans le choix de<br />
l’auteur (reconnu ou méconnu), dans les moyens que l’on se<br />
donne pour être compris (travailler vite et d’instinct ou réfléchir<br />
longuement), comme dans ce que l’on doit retenir de la critique<br />
(celle de ses enfants, ou celle <strong>du</strong> maire, celle de ses amis, celle<br />
de la troupe voisine)…<br />
<strong>Le</strong> discernement n’est-il pas, d’ailleurs, d’abord une grande qualité<br />
de metteur en scène.<br />
Bon… Au travail.<br />
Bertrand Chauveau<br />
A M A T E U R
<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> de boulevard<br />
Avec six pièces de Georges Feydeau et deux d’Eugène <strong>La</strong>biche à l’affiche, le “boulevard” des origines<br />
tient cet hiver la dragée haute au boulevard contemporain chez les troupes <strong>amateur</strong>s <strong>du</strong> département.<br />
Et la MCLA n’est pas en reste avec L’Affaire de la rue de Lourcine et <strong>Le</strong> Voyage de monsieur Perrichon, de <strong>La</strong>biche,<br />
présentés à l’Espace 44 en janvier et septembre derniers. Fort heureusement, les metteurs en scène n’ont pas que<br />
cela à se mettre dans l’esprit, mais, devant cet engouement, qui ne se dément pas, il nous a semblé bon de consacrer<br />
quelques pages de notre “<strong>lettre</strong>” à ce genre théâtral au public infatigable : “<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> de boulevard».<br />
Nous empruntons d’abord une présentation générale à Michel Corvin, rédacteur <strong>du</strong> Dictionnaire encyclopédique <strong>du</strong><br />
<strong>théâtre</strong> <strong>La</strong>rousse. Puis nous repro<strong>du</strong>isons les “Commentaires dramaturgiques sur <strong>Le</strong> Voyage de monsieur Perrichon”<br />
rédigés par Yannick Mancel pour le second “carnet de la MCLA” consacré à <strong>La</strong>biche.<br />
A rideaux ouverts<br />
sur le <strong>théâtre</strong> de boulevard<br />
Perçu aujourd’hui comme une entreprise<br />
de pur divertissement teinté<br />
d’érotisme où le mécanisme élémentaire<br />
de la chasse au plaisir est pimenté<br />
de surprises (coups de <strong>théâtre</strong>) et de jeux<br />
de langage (mots d’auteur), le <strong>théâtre</strong> de<br />
boulevard a connu pendant sa période<br />
de plus grande vitalité (avant la Seconde<br />
Guerre Mondiale) une dimension satirique,<br />
voir politique qui faisait de lui une forme<br />
dramatique à part entière.<br />
L’âge d’or<br />
<strong>Le</strong> boulevard, comme esthétique, est issu<br />
des boulevards de l’ancien Paris (<strong>du</strong> Temple<br />
dit Boulevard <strong>du</strong> Crime) où se jouaient<br />
pour un public populaire pantomimes<br />
et mélodrames. <strong>Le</strong>s bouleversements<br />
sociaux, les clivages géographiques et la<br />
spécialisation des publics ont laissé au<br />
boulevard, tel qu’il est conçu à partir <strong>du</strong><br />
second Empire, la part <strong>du</strong> divertissement<br />
représentée par le vaudeville et la comédie<br />
d’intrigue. Plus tard encore, sous la III e<br />
république, vaudeville et boulevard se<br />
distingueront sans que jamais d’ailleurs<br />
les cloisons soient étanches. En revanche,<br />
le boulevard élargit alors sa juridiction <strong>du</strong><br />
côté <strong>du</strong> drame avec les Bataille, Brieux,<br />
Hervieu, Capus et surtout Bernstein :<br />
ils font <strong>du</strong> boulevard sérieux, issu de<br />
la tradition bien française de l’analyse<br />
psychologique. Mais il n’y a pas de différence<br />
de nature entre les deux formes<br />
de boulevard : l’un et l’autre recourent aux<br />
moyens de la rhétorique, pour provoquer,<br />
l’un l’émotion par l’emphase et le pathos,<br />
et l’autre emporter la conviction par le<br />
rire. Des deux côtés on a affaire à une<br />
dramaturgie démonstrative qui ne saurait<br />
se satisfaire d’une simple intrigue, qu’elle<br />
soit plaisante ou dramatique. Encore que<br />
le <strong>théâtre</strong> d’intrigue soit la tentation <strong>du</strong><br />
boulevard gai comme le mélodrame est<br />
la tentation <strong>du</strong> boulevard sérieux. Mais<br />
le naturalisme dont l’influence, sourde ou<br />
directe, a marqué tous les écrivains nés à<br />
la littérature avant 1900 sert d’antidote au<br />
mélodrame comme au vaudeville.<br />
Mélange de gratuité et de sérieux allant<br />
<strong>du</strong> vaudeville et de la comédie d’intrigue<br />
(T. Bernard, de Flers et Caillavet, Verneuil) à<br />
la satire sociale (Courteline, Renard, Deval)<br />
en passant par l’analyse psychosociale de<br />
cas dramatiques (Bernstein, Bataille), le<br />
<strong>théâtre</strong> de boulevard a connu jusqu’aux<br />
années trente une période de faste : la<br />
pro<strong>du</strong>ction est intense (une cinquantaine<br />
de pièces sont montées chaque saison à<br />
Paris), les directeurs de <strong>théâtre</strong> sont des<br />
brasseurs d’affaires et de célébrités mondaines,<br />
les vedettes (C. Boyer, V. Boucher,<br />
Y. Printemps) sont a<strong>du</strong>lées et imposent leur<br />
loi. <strong>Le</strong> public est infatigable. <strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong><br />
2<br />
N° 10 ■ <strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> janvier / février / mars 2003<br />
de boulevard est une fête.<br />
<strong>Le</strong>s années trente marquent un tournant où<br />
la personnalité de nouveaux dramaturges<br />
se conjugue avec l’évolution des mœurs<br />
pour amener le boulevard à couvrir un<br />
champ si vaste que les catégories dramaturgiques<br />
et thématiques précédemment<br />
inventoriées se révèlent largement inopérantes.<br />
<strong>Le</strong>s Pagnol et les Bourdet sont<br />
plus mordants, plus amers, plus lucides<br />
que leurs aînés, moins soucieux d’aller<br />
au-devant des désirs <strong>du</strong> public : les futilités<br />
d’avant-guerre ne leur suffisent plus,<br />
d’autant qu’un certain nombre de thèmes, à<br />
cause précisément de la guerre, s’épuisent<br />
et, perdant toute valeur de scandale, perdent<br />
tout intérêt dramatique : par exemple<br />
les relations sexuelles pré ou para-conjugales,<br />
les conflits d’autorité interfamiliale.<br />
<strong>La</strong> crise économique de 1930 fait éclater<br />
les vieilles structures et Bourdet n’est pas
le seul (il sera relayé par Anouilh, Aymé<br />
et Marceau) à dénoncer la fragilité d’une<br />
société qui suinte le mensonge et les fauxsemblants,<br />
alors qu’une éthique de retour<br />
à la nature et aux vertus simples est en<br />
train de naître avec le Front Populaire. <strong>Le</strong><br />
<strong>théâtre</strong> de boulevard rit jaune et la plaisanterie<br />
gaillarde fait place au sarcasme (A.<br />
Savoir, Steve Passeur). Du coup, il devient<br />
difficile d’enrégimenter dans le bataillon<br />
<strong>du</strong> boulevard les nouveaux écrivains, tout<br />
autant qu’il devient difficile pour le public<br />
de retrouver son paysage culturel familier.<br />
Menacé par le cinéma, le boulevard s’inquiète<br />
mais la vraie raison de sa défaveur<br />
(qui se fera sentir surtout après la Seconde<br />
Guerre Mondiale) tient au divorce, entre les<br />
dramaturges et les spectateurs qui, restés<br />
fidèles à leurs anciens “patrons» (un Guitry<br />
traversera vaillamment toute la période<br />
de l’entre-deux-guerres), s’étonnent et<br />
désertent.<br />
Un nouveau boulevard ?<br />
<strong>Le</strong> concept de boulevard se dilue au<br />
bénéfice d’indivi<strong>du</strong>alités fortes qui n’ont<br />
de compte à rendre à personne même<br />
si, pour une part, leur écriture reste<br />
tributaire d’une dramaturgie de l’effet.<br />
C’est le cas d’Anouilh et d’Achard :<br />
les contenus changent, la forme reste,<br />
pourrait-on dire. Ce n’est vrai que partiellement<br />
car, en estompant les frontières<br />
entre l’imaginaire et le réel, en rendant<br />
suspecte l’illusion scénique et <strong>du</strong> coup<br />
impossible la prise sur le monde connaissable,<br />
psychologique et social, Achard attire<br />
le boulevard dans une voie qu’empruntera<br />
avec talent A. Roussin : celle de l’interrogation<br />
<strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> sur lui-même, sur son<br />
aptitude diabolique à brouiller le jeu de la<br />
vérité en faisant quelque chose de rien, en<br />
janvier / février / mars 2003<br />
faisant s’interpénétrer, jusqu’à la<br />
perte de leurs différences, le rêve<br />
et le vécu, le scénique et l’objectif.<br />
Achard ouvre encore une autre<br />
voie au boulevard : celle de la fantaisie<br />
poussée jusqu’au fantasme.<br />
C’est de ce côté-là que s’orientera<br />
M. Aymé, sans rien renoncer de<br />
sa virulence polémique et de son<br />
anarchisme latent.<br />
A partir de quoi, comparativement,<br />
l’évolution récente <strong>du</strong> boulevard<br />
paraît plutôt une régression : les<br />
dramaturges tantôt exploitent<br />
avec adresse des thèmes, actuels<br />
dans l’anecdote, mais dépourvus<br />
de force <strong>du</strong> fait d’un humanisme<br />
é<strong>du</strong>lcoré et souvent grognon,<br />
quand ils ne se contentent pas de<br />
débrouiller pour le simple plaisir<br />
<strong>du</strong> jeu une intrigue reposant sur<br />
quelques données indifféremment,<br />
psychiques ou sociales (Barillet et Grédy,<br />
Sauvajon, Camoletti). Seule F. Dorin fait<br />
preuve de réelle subtilité et d’un sens aigu<br />
<strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> en renvoyant au boulevard sa<br />
propre image aussi bien dans ses thèmes<br />
que dans ses formes. Jeu très intellectuel,<br />
bien propre à éveiller la méfiance<br />
<strong>du</strong> public, si Dorin n’avait l’habileté de<br />
recourir à des vedettes fêtées et d’enrober<br />
ses hardiesses de quelques concessions.<br />
Une dramaturgie de l’effet<br />
Aussi le boulevard ne saurait-il être qu’une<br />
forme hybride dont le territoire mal délimité<br />
a l’avantage d’accueillir aussi bien<br />
la comédie (de mœurs, légère, satirique<br />
ou de caractère) que le drame (social et<br />
psychologique). <strong>Le</strong>urs caractéristiques<br />
communes, malgré la différence de ton,<br />
sont thématiques d’abord : le boulevard ne<br />
s’intéresse aux hommes que sous l’angle<br />
de leur vie privée ; le domaine exploité est<br />
celui de l’amour, <strong>du</strong> couple, de la famille,<br />
soit <strong>du</strong> social quotidien. <strong>Le</strong> particulier seul<br />
mobilise le boulevard mais le particulier à<br />
l’usage <strong>du</strong> plus grand nombre. Là réside le<br />
didactisme : dans un constant désir de tirer<br />
de l’anecdote une perspective d’ensemble<br />
sur l’état de la société ou des leçons de<br />
con<strong>du</strong>ite pour la vie de tout un chacun.<br />
Attitude doublement paradoxale puisque,<br />
à première vue, le boulevard comique ne<br />
songe qu’à faire rire et le boulevard<br />
sérieux qu’à présenter des études de cas,<br />
intéressants à proportion de leur caractère<br />
exceptionnel.<br />
Que le boulevard fasse rire ou pleurer, la<br />
pièce est réussie si elle est “bien faite».<br />
Formule un peu magique, comme d’une<br />
recette dont on ignorerait le secret et qui<br />
relève de critères moins dramaturgiques<br />
que sociologiques : une pièce est “bien<br />
<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> de boulevard<br />
3 <strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> ■ N° 10<br />
faite» si elle va au-devant <strong>du</strong> spectateur<br />
par ses procé<strong>du</strong>res insistantes d’étroite<br />
rationalité (tout doit s’expliquer et s’expliciter<br />
au boulevard), de progressivité (le<br />
conflit linéaire une fois posé en termes<br />
nets et simples est emporté dans un<br />
mouvement, régulier ou accéléré mais<br />
toujours perceptible et qui achemine les<br />
personnages vers une fin imparable), de<br />
clarté : les personnages sont des types<br />
aux traits marqués sinon génériques qui<br />
permettent de savoir immédiatement “à<br />
qui on a affaire». <strong>Le</strong> tout est surindiqué<br />
à coups de redondance et de procédés<br />
rhétoriques (gradation et concentration des<br />
effets, antithèses et hyperboles). <strong>Le</strong> “clou»<br />
résidant dans la (ou les) scène(s) à faire,<br />
sorte de “climax” de la tension dramatique<br />
ou de l’explosion comique.<br />
Mais le grand boulevard ne serait rien sans<br />
son langage, et dans son langage, sans<br />
ses “mots d’auteur «, mots qui témoignent<br />
de la présence diffuse mais permanente<br />
de l’écrivain, assez habile pour mener<br />
constamment un double jeu de langue,<br />
le second étant évidemment le plus important,<br />
à la fois par sa charge érotique et par<br />
la connivence qu’il établit avec le public.<br />
Ces mots, il y en a de toutes sortes : des<br />
calembours, des à-peu-près, des glissements<br />
<strong>du</strong> sens propre au sens figuré, des<br />
détournements de formules toutes faites<br />
ou proverbiales, des effets de rime, des<br />
symétries rythmiques et syntaxiques, en<br />
somme tous les procédés propres à provoquer<br />
un dédoublement <strong>du</strong> sens ou, par<br />
recours à la forme maxime, ramassée et<br />
sentencieuse, à transmettre la “sagesse»,<br />
généralement paradoxale et coquine, de<br />
l’auteur (Guitry y est passé maître).<br />
<strong>La</strong>rgement déconsidéré comme contenu<br />
depuis que le <strong>théâtre</strong> a élargi sa juridiction<br />
jusqu’au métaphysique (<strong>théâtre</strong> de<br />
l’absurde) et comme forme depuis que le<br />
langage a cessé d’être le moteur privilégié<br />
de l’action scénique, le boulevard n’a de<br />
chance de renouvellement que s’il accentue,<br />
grâce à de grands acteurs comme J.<br />
Poiret, J. <strong>Le</strong>febvre, J. Maillan, J. Villeret,<br />
J. Dufilho, sa dimension de jeu et de<br />
gratuité ironique.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> de boulevard<br />
Ciel mon mari !<br />
d’Olivier Barrot<br />
Gallimard<br />
<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> de boulevard<br />
de Michel Corvin<br />
PUF - Que sais-je<br />
<strong>Le</strong>s cités <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> d’art<br />
de Stanislavski à Strehler<br />
Editions théâtrales
Répliques<br />
Commentaires dramaturgiques<br />
sur <strong>Le</strong> Voyage de monsieur Perrichon<br />
En matière de règles d’écriture, <strong>Le</strong> Voyage de monsieur Perrichon<br />
reflète tout l’hybridité formelle <strong>du</strong> genre comique en France au<br />
XIX e siècle. L’exclamation de Flaubert « C’est <strong>du</strong> Molière ! » nous<br />
inciterait effectivement à rattacher le <strong>théâtre</strong> de <strong>La</strong>biche, en dépit des<br />
deux siècles d’écart, à certaines conventions de la dramaturgie classique.<br />
<strong>Le</strong> Voyage de monsieur Perrichon n’y échappe pas, qui tire son ressort<br />
initial de deux situations traditionnelles concomitantes, très enracinées<br />
dans le fonds comique hérité <strong>du</strong> XVII e siècle :<br />
1. L’égarement d’un chef de famille dont le principal travers moral, en<br />
l’occurrence la vanité, dégénère en une obsession pouvant aller jusqu’à<br />
l’aveuglement absolu, à la dénégation de toute réalité objective et<br />
concrète, au point de gravement compromettre l’ordre et la sécurité<br />
de la cellule familiale.<br />
2. Un projet matrimonial, précisément contrecarré par cette folie galopante<br />
<strong>du</strong> chef de famille, qui divise pour un temps l’harmonie <strong>du</strong> couple<br />
parental et intro<strong>du</strong>it un grand désordre dans le confort routinier de<br />
la vie bourgeoise.<br />
<strong>La</strong> dernière des péripéties, en l’occurrence l’imprudent aveu surpris par<br />
Perrichon (IV, 8), ramène le malheureux égaré à la sagesse et au bon sens :<br />
cependant que s’opère un spectaculaire retour à l’ordre, l’amour et la<br />
jeunesse, comme chez Molière, finissent donc par triompher des caprices<br />
dangereux et malsains d’un père abusif.<br />
Toutefois, la révolution romantique des années trente a considérablement<br />
ébranlé les modèles séculaires de la dramaturgie classique. On sait, d’après<br />
sa <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> 12 février 1835 à son ami Alphonse <strong>Le</strong>veaux, combien Eugène<br />
<strong>La</strong>biche avait été bouleversé par la première représentation de Chatterton,<br />
le drame d’Alfred de Vigny, à la Comédie Française. <strong>Le</strong> Voyage de monsieur<br />
Perrichon conserve la trace de ces libertés revendiquées au nom de<br />
Shakespeare par Stendhal ou Victor Hugo. L’unité de lieu, la première,<br />
est pulvérisée : à quatre actes, correspondent quatre décors différents<br />
(une gare, une auberge, un salon, un jardin). Un intervalle d’au moins<br />
huit jours, correspondant à un séjour chez des amis grenoblois sur le<br />
chemin <strong>du</strong> retour, sépare l’acte III de l’acte II (III, 2).<br />
Quant à l’unité d’action, elle est, elle aussi, bien malmenée ; on aurait<br />
plutôt affaire ici à deux lignes narratives distinctes qui se chevauchent,<br />
se recoupent et s’entrelacent :<br />
1. <strong>La</strong> compétition matrimoniale engagée dès le premier acte entre les<br />
deux prétendants (1, 9),<br />
2. <strong>Le</strong>s aventures parallèles, d’abord tout à fait indépendantes, <strong>du</strong> commandant<br />
qui, à partir de l’incident <strong>du</strong> registre et de la rencontre d’Armand<br />
(II, 8), rejoignent l’intrigue principale et lui réinsufflent une seconde<br />
série de péripéties…<br />
L’enchevêtrement de ces deux lignes qui, au premier abord, peut apparaître<br />
comme tout à fait gratuit, va cependant, selon un procédé très caractéristique<br />
<strong>du</strong> vaudeville, servir le développement de la pièce en lui fournissant<br />
des rebondissements imprévus et cocasses dont l’imbroglio ne<br />
cessera qu’avec le dénouement. On notera aussi avec intérêt l’acuité <strong>du</strong><br />
parallélisme thématique entre les deux actions puisque, comme par un<br />
phénomène de miroir inversé, tandis que les deux jeunes gens courent<br />
après l’amour dans l’intrigue principale, le commandant, quant à lui,<br />
tente de le fuir dans l’intrigue secondaire ; dans le même ordre d’idées, on<br />
peut ajouter qu’à la “lutte loyale et amicale», toute “platonique» engagée<br />
entre Daniel et Armand dans l’action n°1, répond dans l’action n°2 la<br />
menace d’un <strong>du</strong>el authentique dont la vocation dramaturgique première<br />
est d’abord de développer à l’acte IV les fanfaronnades bouffonnes et la<br />
poltronnerie <strong>du</strong> personnage principal. N’oublions pas en effet que dans<br />
la comédie de mœurs, l’intrigue, même si elle fait encore l’objet <strong>du</strong> plus<br />
grand soin, doit avant tout rester au service de ce qui demeure l’objectif<br />
premier, à savoir la densité <strong>du</strong> portrait, <strong>du</strong> tableau, de la caricature,<br />
dont la réussite doit être la plus achevée et la plus percutante possible.<br />
C’est encore ce qui justifie la présence récurrente de Majorin, qui ne se<br />
rattache à l’intrigue que de façon très secondaire, mais dont la fonction<br />
d’observateur sournois et de commentateur mal intentionné parachève<br />
la vision qui nous est proposée de Perrichon.<br />
4<br />
N° 10 ■ <strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> janvier / février / mars 2003<br />
Cela dit, n’en déplaise à Boileau, nous sommes en présence d’une pièce<br />
extrêmement bien construite et, pour attirer une dernière fois l’attention<br />
de notre lecteur sur cet aspect mésestimé <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> de <strong>La</strong>biche, nous<br />
repro<strong>du</strong>irons, avec son aimable autorisation, le schéma actantiel proposé<br />
par Richard Monod :<br />
6 Majorin 7 le commandant<br />
1 Monsieur Perrichon<br />
2 Madame Perrichon<br />
3 Henriette<br />
4 Daniel Savary 5 Armand Desroches<br />
Un tel tableau appelle quelques brefs commentaires :<br />
L’amour<br />
4 et 5 courent après l’amour, tandis que 7 tente de le fuir,<br />
1 et 2 s’opposent sur le choix <strong>du</strong> gendre,<br />
1, qui n’écoute que sa vanité, préfère 4,<br />
2, au nom <strong>du</strong> bon sens et de l’amour, préfère 5.<br />
L’argent<br />
6 et 7, moins riches, ont des ennuis d’argent,<br />
4 est entrepreneur de transports et 6 est son petit actionnaire,<br />
5 est banquier et 7 est son client à découvert.<br />
<strong>Le</strong>s conflits<br />
Entre 1 et 6, conflit de jalousie et rapports d’argent (6 est le débiteur de 1),<br />
Entre 1 et 7, conflit “orthographique” (culturel ?) et affaire d’honneur,<br />
4 et 5 sont amis et rivaux pour la main de 3.<br />
<strong>La</strong> rigueur formelle d’un tel schéma suffit à montrer, s’il en était encore besoin,<br />
combien les relations à la fois simples et complexes unissant les personnages<br />
les uns aux autres forment un ensemble équilibré et précis, dans lequel on<br />
pourrait déjà déceler un des aspects essentiels <strong>du</strong> genre : nous voulons parler<br />
de cette prédilection nettement affirmée par les vaudevillistes <strong>du</strong> XIX e siècle<br />
pour tous les effets comiques fondés sur des phénomènes de symétrie, d’écho<br />
ou de répétition, prédilection qui trouvera bientôt dans les gags <strong>du</strong> cinéma<br />
muet un prolongement inatten<strong>du</strong>.<br />
« <strong>Le</strong>s personnages sont mécanisés par des effets de géométrie, parallélisme ou<br />
symétrie », remarque encore Richard Monod. Citons pour exemple les deux<br />
entrées successives, comme calquées l’une sur l’autre, de Daniel et d’Armand (I, 3<br />
et 4), les deux retours de promenade dans l’affolement général (II, 3 et 10), les<br />
deux récits emphatiques, parodiquement baptisés “de Théramène” (II, 10 et III,<br />
7), les trois réflexions <strong>du</strong> mari concernant l’humeur de sa femme quand elle n’a<br />
pas bu son café (I, 2, 5 et 6), les trois entrées de Majorin claironnant à chaque<br />
fois sa fierté d’avoir trouvé une nouvelle occasion de s’évader <strong>du</strong> bureau<br />
(I, 1; III, 5 et IV, 2) ou encore les trois <strong>lettre</strong>s anonymes adressées au préfet<br />
pour l’informer de l’heure et <strong>du</strong> lieu <strong>du</strong> <strong>du</strong>el (III, 11, 12 et 13).<br />
Yannick Mancel<br />
Yannick Mancel, professeur d’histoire <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> et<br />
de dramaturgie à l’université de Lille, est connu de certaines<br />
troupes <strong>du</strong> département pour avoir animé une conférence sur<br />
“Deschamps-Deschiens ou les bricolages de la petite bourgeoisie<br />
ordinaire” à l’occasion de la “rencontre d’artistes” sur<br />
<strong>La</strong> Cour des grands à l’Espace 44 en avril dernier.
Animation & culture<br />
de Derval<br />
C’est une jeune compagnie,<br />
soucieuse de fidéliser son public<br />
tout en sortant des sentiers<br />
battus <strong>du</strong> répertoire,<br />
que nous rencontrons<br />
aujourd’hui.<br />
Dans quelles<br />
circonstances votre<br />
troupe a-t-elle vu<br />
le jour ?<br />
Pascal <strong>Le</strong>hec : En 94-95,<br />
autour d’envies de <strong>théâtre</strong><br />
d’une bande d’amis qui pour<br />
certains avaient déjà joué,<br />
notamment dans la troupe<br />
dervalaise disparue <strong>La</strong> Noisille.<br />
Nous avons commencé modestement,<br />
en interprétant des sketches<br />
devant un public d’invités, dans<br />
les salles à manger spacieuses de<br />
certains, ou dans des hangars<br />
d’entreprises !<br />
Et comment votre travail<br />
a-t-il évolué ?<br />
Toujours au gré de coups de cœur : à la<br />
lecture de pièces ou lors de représentations<br />
<strong>amateur</strong>s ou professionnelles auxquelles<br />
nous nous rendons dans les quelques <strong>théâtre</strong>s<br />
<strong>du</strong> nord <strong>du</strong> département. <strong>Le</strong> choix<br />
final est toujours collectif, et nous nous<br />
entendons généralement bien pour retenir<br />
des textes abordant des sujets de société,<br />
qui nous parlent et qui sont susceptibles<br />
de parler à notre public. Nous alternons<br />
les pièces plus ou moins grinçantes,<br />
pour faire réfléchir, réagir… Cela nous<br />
vaut d’être parfois alpagués par la partie<br />
de notre public qui vient toujours avant<br />
tout pour se détendre. Ainsi nous avons<br />
joué Portrait de famille de Denise Bonal,<br />
puis Vol en piqué dans la salle de Karl<br />
Valentin, Ne coupez pas mes arbres de<br />
William Douglas Home, Du vent dans les<br />
branches de Sassafras de René de Obaldia,<br />
Minuit chrétien de Tilly, et enfin cette<br />
année une pièce policière de Frédéric Dard<br />
<strong>Le</strong>s Brumes de Manchester.<br />
Comment travaillez-vous ?<br />
Nos deux premières mise en scène étaient<br />
collectives, mais nous avons vite atteint<br />
les limites de cette méthode. Nous avons<br />
alors cherché un metteur en scène que nous<br />
avons trouvé chez les Saltimbanques, nos<br />
voisins de la Grigonnais, en la personne<br />
d’Yvonnick Audion, qui accompagne<br />
maintenant notre travail depuis cinq ans.<br />
Nous jouons en novembre, et commençons<br />
à répéter en mars, d’abord une fois pas<br />
semaine, puis deux fois à partir de juin et<br />
avant une coupure estivale. Nous sommes<br />
une quinzaine de comédiens à tourner sur<br />
les distributions. Il peut aussi nous arriver<br />
de faire appel à des comédiens de troupes<br />
voisines et amies.<br />
De quels moyens disposez-vous ?<br />
Presque rien : quelques costumes et un<br />
lecteur mini-disc. Notre budget est très<br />
étriqué, car si nous disposons d’une<br />
petite subvention municipale et d’une<br />
salle pour nos répétitions, nous jouons<br />
dans la salle des fêtes toute neuve dont<br />
la location absorbe la plus grande partie<br />
de nos recettes. C’est une belle salle, avec<br />
une bonne acoustique et une grande scène<br />
agréable, mais peu équipée pour le <strong>théâtre</strong>.<br />
Nous louons projecteurs et jeu d’orgue,<br />
et le système D prévaut pour les décors,<br />
conçus par nos deux techniciens, mais à<br />
la réalisation desquels chacun peut s’as-<br />
janvier / février / mars 2003<br />
5 <strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> ■ N° 10<br />
En compagnie de…<br />
socier. Faute de local propre à la troupe<br />
les décors sont entreposés chez les uns<br />
les autres.<br />
Avez-vous des projets en cours ?<br />
Oui, notamment celui de pérenniser les<br />
différents ateliers de formation mis en<br />
place pour les jeunes il y a trois ans.<br />
Mais cette pérennisation souffre de notre<br />
incertitude budgétaire. Nous réfléchissons<br />
aussi à l’éventualité de monter en 2003 un<br />
spectacle plus léger, afin de pouvoir le<br />
tourner dans les salles voisines, ce qui présenterait<br />
de nombreux avantages : moins<br />
de frais de création, le plaisir de tourner<br />
et de rencontrer un nouveau public, moins<br />
de frais de location de salle.<br />
Malgré ces difficultés, quelles<br />
réussites motivent la troupe ?<br />
Outre le plaisir permanent de se retrouver,<br />
de travailler ensemble et de jouer, le<br />
fait d’accueillir 5 à 600 spectateurs, dont<br />
des jeunes, avec un répertoire sortant <strong>du</strong><br />
<strong>théâtre</strong> de boulevard ou <strong>du</strong> vaudeville, est<br />
ANIMATION & CULTURE<br />
Mairie - 44590 DERVAL<br />
Contact : Pascal <strong>Le</strong>hec 06 74 49 11 22
Avignon<br />
Amateurs d’Avignon<br />
Du 12 au 19 juillet dernier la Maison de la Culture a organisé un “stage-séjour” à Avignon, au plus chaud<br />
<strong>du</strong> festival… Il étaient onze metteurs en scène <strong>amateur</strong>s de onze coins <strong>du</strong> département, à arpenter le pavé<br />
avignonnais, de jour comme de nuit, sous le soleil ou les averses, programme en main, cigales en tête !<br />
Au programme de chaque jour : <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong>, beaucoup, beaucoup… (programme page suivante)<br />
• Une pièce vue en commun (plus une, deux, trois ou quatre autres, selon les budgets et la fatigue),<br />
pour le plaisir…<br />
• Une rencontre, avec un auteur, un metteur en scène, un critique ou un comédien (plus une, ou deux autres,<br />
selon les centres d’intérêt), pour se comprendre mieux…<br />
• Un temps d’atelier, autour d’un auteur enten<strong>du</strong> la veille, d’un croquis de metteur en scène, d’un bout de texte<br />
trouvé sur un coin de table, pour se mettre en question…<br />
• Une assemblée critique, autour <strong>du</strong> spectacle vu en commun, pour affûter son regard, et apprendre à argumenter<br />
son jugement.<br />
Quelques participants livrent ici leurs réactions et leurs sentiments à l’issue d’une semaine hors <strong>du</strong> temps…<br />
…Immersion totale, rythme effréné… sans<br />
jamais aucun sentiment de fatigue ou de<br />
saturation… Pendant une semaine j’ai vécu<br />
<strong>théâtre</strong>, pensé <strong>théâtre</strong>, rêvé <strong>théâtre</strong>. Et c’est<br />
après, quand j’ai commencé à prendre <strong>du</strong><br />
recul, à faire défiler les spectacles vus, à<br />
intégrer certaines réflexions et analyses,<br />
que mon appréciation a vraiment mûri.<br />
J’ai réalisé que ce spectacle qui m’avait<br />
paru long (5 heures !) m’avait profondément<br />
marqué, que cette chorégraphie<br />
si déroutante m’avait laissé des images<br />
inoubliables… Et j’ai alors compris, à travers<br />
un exercice de mise en scène, que<br />
le choix <strong>du</strong> lieu peut être déterminant…<br />
et j’ai réalisé que tant de discussions et<br />
d’échanges critiques m’aideraient à préciser<br />
mes choix et mes envies de metteur<br />
en scène…<br />
Denis Angibaud<br />
Théâtrémolo<br />
St-Philbert-de-<strong>Grand</strong>-Lieu<br />
…C’est une formidable expérience que<br />
de vivre 24h/24 avec des personnes très<br />
différentes, mais qui partagent la même<br />
passion <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong>… <strong>Le</strong>s débats d’après<br />
spectacle m’ont toujours beaucoup éclairée,<br />
et aidée à comprendre et à apprécier…<br />
Marie-Noëlle Feray<br />
MJC – <strong>La</strong> Baule<br />
… Un bouillonnement de spectacles, d’idées,<br />
de rencontres, de rires… L’impression<br />
d’avoir couru d’un lieu à l’autre, d’un<br />
moment à l’autre, pour tout emmagasiner,<br />
tout absorber… enfin presque tout… nous<br />
avons su éviter l’indigestion… <strong>La</strong> formule<br />
proposée sur place était intéressante, car<br />
elle a donné une homogénéité à notre<br />
démarche dans la jungle des propositions…<br />
Et le temps passé chaque jour à discuter<br />
des spectacles vus en commun, quelles<br />
leçons…<br />
Catherine Boucet<br />
<strong>La</strong> Cavale - Treillières<br />
…<strong>Le</strong> côté le plus formateur de cette semaine<br />
aura été pour moi la multiplicité et la<br />
richesse des échanges, avec les professionnels<br />
(auteurs, critiques, metteurs en scène,<br />
comédiens) mais aussi entre nous, stagiaires…<br />
Ces échange ont permis de dépasser le<br />
simple stade <strong>du</strong> ressenti que l’on exprime,<br />
pour aller chercher bien plus loin, dans<br />
l’intention de l’auteur, <strong>du</strong> metteur en scène,<br />
de l’adaptateur… Ils nous ont aussi permis<br />
d’analyser notre fonctionnement d’<strong>amateur</strong>s,<br />
nous donnant envie d’approfondir<br />
notre relation au <strong>théâtre</strong>…<br />
… <strong>La</strong> rencontre avec J.P. Siméon, auteur,<br />
critique, et journaliste, comme entrée en<br />
matière, a été très intéressante pour comprendre<br />
le festival (ainsi que la Maison<br />
<strong>du</strong> Off, ou la Maison Jean Vilar) et ne<br />
pas trop se perdre dans l’abondance de<br />
propositions…<br />
Pascal <strong>Le</strong>hec<br />
Animation & Culture<br />
Derval<br />
… Habitué <strong>du</strong> festival en solo, la participation<br />
en groupe m’est apparue comme une<br />
excellente solution pour se construire un<br />
parcours dans la jungle <strong>du</strong> festival… Quant<br />
à nos discussions animées, elles furent<br />
toujours d’un grand intérêt…<br />
Pierre Reffé<br />
L’Emporte-Pièce<br />
Saint-Herblon<br />
… Ce qui m’a semblé le plus formateur,<br />
c’est le dialogue et l’échange sur les spectacles<br />
que l’on venait de voir… donner ses<br />
impressions, et se détacher de son propre<br />
regard de spectateur pour découvrir celui<br />
des autres…<br />
Nicolas Janneau<br />
6<br />
N° 10 ■ <strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> janvier / février / mars 2003<br />
<strong>Le</strong>s Comédiens <strong>du</strong> Bois-Geffray<br />
<strong>La</strong> Haie-Fouassière
A U P R O G R A M M E<br />
Ils ont rencontré<br />
J.P. Siméon, auteur, critique, pour “Quelques repères pour se<br />
retrouver dans le festival» • Philippe Coutant, Directeur de la<br />
MCLA, au Grenier à Sel • André Salzet, interprète <strong>du</strong> Joueur<br />
d’échecs • Alain Neddam, sur l’adaptation Texte-Théâtre-Danse<br />
• Pipo Delbono, metteur en scène de Guerra<br />
Ils ont vu<br />
<strong>Le</strong> Cirque de la Licorne création par le Théâtre de la Licorne (59) •<br />
<strong>Le</strong> Joueur d’échecs d’après Stefan Sweig par le Populart Théâtre<br />
(92), MeS Y. Kerboul • <strong>Le</strong> Quatuor d’Alexandrie (In) d’après<br />
<strong>La</strong>wrence Durell par le T.N. Lille-Tourc Nord PdC, MeS Stuart<br />
Seide • Jean-Louis, Thérèse, Marx et les autres de R. De Vos et<br />
J.P. Siméon par la Cie CRAC (44), MeS M. Hervouët • Derrière<br />
chez moi de Daniel Soulier, par le Soleil rouge (IdeF), MeS<br />
Daniel Soulier • Erratum N°1 (In, <strong>La</strong> Chartreuse), de et par le<br />
groupe Merci, (Toulouse), MeS Solange Oswald • <strong>Le</strong>s Philosophes<br />
(In), inspiré de l’œuvre de Bruno Schulz, conception Joseph Nadj<br />
• Guerra (In) de Pipo Delbono • Jour de fête repas-spectacle par<br />
le Théâtre <strong>du</strong> Trèfle (Poitiers), MeS M.C. Morland<br />
Ils ont participé à<br />
Atelier et regard critique sur <strong>Le</strong> Cirque de la Licorne<br />
• Discussion sur <strong>Le</strong> Quatuor d’Alexandrie • Atelier autour<br />
des dessins de Joseph Nadj • Atelier autour des textes de<br />
<strong>La</strong>wrence Durell • Regard critique sur Jean-Louis, Thérèse, Marx<br />
et les autres • Atelier MeS et regard critique sur Derrière chez<br />
moi • Visite à la maison Jean Vilar • Regard critique<br />
sur <strong>Le</strong>s Philosophes • Atelier MeS • Regard critique sur Guerra<br />
et présentation <strong>du</strong> travail des ateliers<br />
Fiches de lecture de Philippe Coutant<br />
<strong>Le</strong>s sensations insolentes<br />
de Pierre Debauche<br />
Edition “le bruit des autres”<br />
253 pages - 1520<br />
Un homme de <strong>théâtre</strong>, et pas des moindres, Pierre<br />
Debauche a la gentillesse de nous donner son âme.<br />
<strong>Le</strong>s « sensations insolentes » – sous-titrées « quelques poèmes<br />
pour les acteurs » – devraient être lus par tous les apprentis<br />
comédiens, tant nous y découvrons que cet art est un<br />
engagement total.<br />
Metteur en scène directeur et professeur d’art dramatique,<br />
l’auteur n’est pas avare en réflexions et secrets de <strong>théâtre</strong>.<br />
Toute la pensée de Pierre Debauche vient de la scène, son<br />
regard sur le monde est bien face au public. Utilisant à la<br />
fois poésie et aphorismes, il nous embarque dans un délire<br />
envoûtant et délectable qui nous fait l’espace d’une lecture<br />
oublier que le monde est <strong>du</strong>r.<br />
Un livre à lire, relire, feuilleter, consulter, bref à toujours<br />
avoir à portée de la main ou plutôt des yeux.<br />
janvier / février / mars 2003<br />
Avignon 2002, collage par Nathalie Jallais<br />
de “<strong>La</strong> Boîte à Sardines” Saint-Nazaire.<br />
Griffonneries<br />
de Jacques Livchine<br />
Editions les Solitaires Intempestifs<br />
295 pages - 14 <br />
7 <strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> ■ N° 10<br />
Avignon<br />
Si vous voulez connaître les neuf catégories de spectateurs<br />
de <strong>théâtre</strong> et les six raisons de ne pas aller au <strong>théâtre</strong>,<br />
alors lisez vite le formidable journal de bord débridé de<br />
Jacques Livchine, fondateur <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> de l’Unité.<br />
Il nous raconte, avec humour, férocité, désinvolture et<br />
beaucoup d’anecdotes, son aventure de directeur de Scène<br />
Nationale à Montbéliard qu’il avait dénommée le Centre d’art<br />
et de Plaisanterie qui a réveillé, un temps, les Montbéliardais<br />
et les usines Peugeot. Il y a créé de nombreux spectacles<br />
burlesques comme Mozart au chocolat et inventé une<br />
succession de choses inédites comme le Sponeck ou la brigade<br />
d’intervention théâtrale.<br />
En plus, si vous aimez le livre vous pouvez tout de suite<br />
lire la suite sur le site de la compagnie :<br />
www.theatredelunité.com
Agenda<br />
Animation<br />
janvier / février / mars 2002<br />
IMAGIBUS<br />
• Mauves-sur-Loire – <strong>du</strong> 15 au 21/1<br />
Inauguration le 15/1 vers 18h<br />
• St-Nicolas-de-Redon – <strong>du</strong> 22 au 28/1<br />
Inauguration le 22/1 vers 18h<br />
• Bouée - <strong>du</strong> 5 au 11/2<br />
Inauguration le 5/2 vers 18h<br />
• Sainte-Pazanne – <strong>du</strong> 12 au 18/2<br />
Inauguration le 12/2 vers 18h<br />
• <strong>Le</strong> Pouliguen – <strong>du</strong> 12 au 25/3<br />
Inauguration le 12/3 vers 18h<br />
• Machecoul – <strong>du</strong> 2 au 11/4<br />
Inauguration le 2/4 vers 18h<br />
• Clisson – <strong>du</strong> 7 au 19/5<br />
Inauguration le 7/5 vers 18h<br />
• Avessac – <strong>du</strong> 21 au 27/5<br />
Inauguration le 21/5 vers 18h<br />
ATELIERS VIDÉO<br />
Projection le samedi 14 juin après-midi<br />
à l’Espace 44 de tous les ateliers<br />
• Pannecé, Erbray, Nantes, <strong>Le</strong> Clion-sur-<br />
Mer, Carquefou, Trans-sur-Erdre<br />
octobre à décembre<br />
• <strong>Le</strong>s Sorinières, Boussay, Ruffigné,<br />
Sion-les-Mines, Guenrouet, Sévérac,<br />
Héric, Louisfert – janvier à avril<br />
POÉSIE SONORE & PLASTIQUE<br />
POUR UNE VIDÉO<br />
Projection le samedi 14 juin après-midi<br />
à l’Espace 44 de tous les ateliers<br />
• Saint-Nazaire, <strong>La</strong> Chapelle-des-Marais<br />
(octobre à décembre)<br />
• Abbaretz, Saint-Lumine-de-Coutais,<br />
Oudon, Nantes (janvier à avril)<br />
IMAGES DE VILLAGES<br />
2 projections vidéo<br />
• Couffé (octobre à juin)<br />
Projection les 8/2 et 29/6<br />
• <strong>Le</strong> Pellerin (octobre à juin)<br />
Projection les 25/1 et 18/5<br />
• Pont Saint-Martin (octobre à juin)<br />
Projection les 1/2 et 22/6<br />
MONIQUE & SES MACHINES<br />
Spectacle final dans la rue<br />
• Orvault (octobre à mai)<br />
Festival des enfants les 24 et 25/5<br />
• Montbert (octobre à mai)<br />
<strong>Le</strong> 28/6<br />
• <strong>La</strong> Grigonnais (octobre à mai)<br />
en attente<br />
CIRQUE ALREX<br />
Spectacle sous chapiteau<br />
• Varades (<strong>du</strong> 10 au 14/3)<br />
Artistes : le 12 mars à 20h<br />
Enfants : le 14 mars à 19h45<br />
JO BITHUME<br />
Spectacle final dans la rue<br />
• Plessé (janvier à mai)<br />
Spectacle le 10 mai vers 18h<br />
• Vallet (janvier à mai)<br />
Spectacle le 17 mai vers 18h<br />
CHRONIQUES TERRESTRES<br />
• Rezé (<strong>du</strong> 8/3 au 5/4)<br />
Inauguration le 11 mars à partir de 18h<br />
Spectacles<br />
• <strong>Le</strong> Bourgeois gentilhomme<br />
par les Sardines de Conakry<br />
<strong>du</strong> 5 au 8 février – T.U.<br />
• Concha Bonita<br />
d’Alfredo Arias<br />
<strong>du</strong> 8 au 21 février – Espace 44<br />
• <strong>La</strong> Tempête<br />
de Shakespeare<br />
<strong>du</strong> 10 au 26 mars – Espace 44<br />
• Et Dieu dans tout ça ?<br />
de Charlie Degotte<br />
<strong>du</strong> 9 au 11 avril – Espace 44<br />
• Shake<br />
d’après Shakespeare<br />
<strong>du</strong> 15 au 18 avril – T.U.<br />
• Mangeront-ils ?<br />
de Victor Hugo<br />
<strong>du</strong> 12 au 25 mai – Espace 44<br />
• <strong>La</strong> Nuit des temps…<br />
Compagnie Garin Troussebœuf<br />
<strong>du</strong> 15 mars au 16 avril<br />
Décentralisation<br />
• Derrière chez moi<br />
de Daniel Soulier<br />
<strong>du</strong> 28 mars au 12 avril<br />
Décentralisation<br />
• Slastic<br />
Compagnie Tricicle<br />
<strong>du</strong> 4 au 21 juin<br />
Décentralisation<br />
Théâtre <strong>amateur</strong><br />
STAGES WEEK-END<br />
Voix et parole<br />
<strong>Le</strong>s 15 et 16 mars 2003<br />
Théâtre musical<br />
<strong>Le</strong>s 5 et 6 avril 2003<br />
STAGE LONG<br />
Mise en scène<br />
11, 12, 28 janvier, 8 et 9 février 2003<br />
FESTIVAL D’AVIGNON<br />
Mise en scène<br />
11 au 18 juillet 2003<br />
7 ES RENCONTRES<br />
DU THÉÂTRE AMATEUR<br />
23, 24 et 25 mai 2003<br />
au Théâtre d’Ancenis<br />
EXPOSITION<br />
10 scénographies pour Hamlet<br />
<strong>du</strong> 13 mars au 19 avril de 15h à 18h<br />
à la chapelle de l’Espace 44<br />
RENCONTRES<br />
DE THÉÂTRE AMATEUR<br />
• les 4, 5 et 6 avril<br />
à la MJC de la Baule<br />
Renseignements au 02 40 60 37 15<br />
• les 10, 11 et 12 avril<br />
à l’espace Renaissance de Donges<br />
(sélection Loire-Atlantique Festhéa)<br />
Renseignements au 02 40 91 00 06<br />
STAGE<br />
Commedia dell arte<br />
proposé par la Cie Balivernes<br />
de Château-Thébaud, animé par<br />
Bel Viaggio les 22 et 23 mars<br />
Renseignements au 02 40 04 77 30<br />
CALENDRIER<br />
DES TROUPES<br />
Depuis novembre 2002,<br />
le CALENDRIER DES TROUPES<br />
est consultable sur le site internet<br />
de la MCLA :<br />
www.mcla.asso.fr<br />
rubrique Théâtre <strong>amateur</strong><br />
Calendrier des troupes<br />
Il peut être ainsi mis à jour<br />
en permanence.<br />
Ceux qui n’ont pas d’accès internet<br />
peuvent se procurer une édition<br />
papier <strong>du</strong> calendrier en envoyant<br />
au service animation de la MCLA<br />
une enveloppe 16 x 22 cm à leur<br />
adresse, timbrée à 0,69 .<br />
RENSEIGNEMENTS auprès <strong>du</strong> Service Animation de <strong>La</strong> Maison de la Culture de Loire-Atlantique<br />
MCLA SERVICE ANIMATION – 6 rue des Roses 44100 Nantes – Tél. 02 40 71 05 30 – Fax 02 40 73 39 23<br />
Site internet : www.mcla.asso.fr – Courriel : service.animation@mcla.asso.fr<br />
<strong>La</strong> <strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>amateur</strong> • Journal de la Maison de la Culture de Loire-Atlantique : 10 passage Pommeraye – 44000 Nantes<br />
• Directeur de publication : Philippe Coutant • Rédacteur en chef : Bertrand Chauveau • Conception graphique : Studio <strong>Le</strong> Kwalé<br />
• Fabrication : Coiffard éditions • Crédits photographiques : Loisirs & culture de Derval - MCLA.