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Édition 2010-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

56<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

CRAIOVA<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

IASI <br />

<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

BUCAREST<br />

BACAU<br />

TIMISOARA<br />

<br />

TÂRGOVISTE<br />

<br />

<br />

PITESTI<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

(Suite <strong>de</strong> la page 54)<br />

…Comme Budapest<br />

et Bucarest pour Canal + !<br />

Lancé en 2008 par une société<br />

roumaine créant <strong>de</strong>s sites Internet, le<br />

site Times.ro, qui n'a pas hésité à<br />

emprunter le nom d'un journal britannique<br />

sérieux, a vu le nombre <strong>de</strong> ses<br />

lecteurs exploser.<br />

Depuis l'affaire Haïti-<br />

Tahiti, quelque 25<br />

000 internautes visitent<br />

désormais le site<br />

chaque jour, contre 4<br />

000 précé<strong>de</strong>mment.<br />

Et l'aventure continue<br />

en France. Le 18<br />

février, l'hebdomadaire<br />

Courrier international<br />

résume un article<br />

<strong>de</strong> la presse roumaine<br />

et révèle la<br />

bour<strong>de</strong> médiatique,<br />

mais sur Canal+ on ne lit que le<br />

début <strong>de</strong> l'article et on tombe dans le<br />

panneau, l'émission "L'édition spéciale",<br />

présentée par Bruce<br />

Toussaint se gaussant <strong>de</strong> la bêtise<br />

<strong>de</strong>s Roumains à la gran<strong>de</strong> joie <strong>de</strong><br />

ses invités qui se tapent sur <strong>les</strong> cuisses,<br />

et dont pourtant beaucoup ne<br />

savent pas faire la différence entre<br />

Budapest et Bucarest.<br />

La chaîne consacre plusieurs<br />

minutes à l'incroyable histoire roumaine,<br />

que le site Times.ro signale à<br />

sa manière: "Canal+ a reçu l'information<br />

<strong>de</strong> son correspondant local, le<br />

peintre Paul Gauguin, peut-on lire sur<br />

le site roumain. Il vit sur cette île et a<br />

été le témoin oculaire <strong>de</strong> l'arrivée du<br />

bataillon roumain." Une affaire que ce<br />

site, dont le slogan est "Not as seen<br />

on TV" ("Pas vu à la télévision"), promet<br />

<strong>de</strong> suivre.<br />

Mirel Bran<br />

<br />

Mémoire<br />

Connaissance et découverte<br />

Pour <strong>les</strong> Bucarestois, comme pour l'ensemble <strong>de</strong>s Roumains, dans <strong>les</strong> années<br />

80 on éteignait <strong>les</strong> lumières vers 22 heures, au moment où apparaissait la mire sur<br />

<strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision. "Bonne nuit, Camara<strong>de</strong>s !"… C'était l'heure daller se<br />

coucher. La capitale s'enfonçait dans le silence, restaurants et bars fermaient<br />

leurs portes. Dans <strong>les</strong> rues endormies, seuls <strong>les</strong> taxis circulaient, hélés par<br />

quelques rares noctambu<strong>les</strong>.<br />

En Roumanie comme dans <strong>les</strong> pays frères, le communisme n'a pas totalement<br />

éradiqué la vie nocturne, et le plus vieux métier du mon<strong>de</strong> y a trouvé sa<br />

place, bien qu'interdit. Les prostituées partaient à la recherche <strong>de</strong>s clients.<br />

De préférence <strong>les</strong> Japonais, connus pour leurs largesses, ou alors <strong>les</strong> Suisses, <strong>les</strong><br />

Autrichiens et <strong>les</strong> Allemands… mais pas <strong>les</strong> Français, catalogués comme pingres.<br />

Il n'était cependant pas question <strong>de</strong> racoler dans la rue. Les fil<strong>les</strong> se mettaient <strong>de</strong><br />

mèche avec <strong>de</strong>s "taximetristes" qui sillonnaient lentement <strong>les</strong> rues. Quant el<strong>les</strong> repéraient<br />

un étranger, el<strong>les</strong> baissaient la vitre pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r "Speak english ?", tentant<br />

parfois leur chance en italien. Le chauffeur savait dans quel hôtel il pouvait emmener<br />

le couple. En général, l'Intercontinental, l'hôtel Bucuresti,<br />

l'Athénée Palace. Lui seul était suffisamment introduit<br />

auprès du concierge pour, moyennant un pourboire, permettre<br />

à sa passagère <strong>de</strong> ne pas voir son nom consigné dans<br />

le registre. Ren<strong>de</strong>z-vous était pris pour venir la rechercher,<br />

tout aussi discrètement, vers 4-5 h du matin. A<br />

l'Intercontinental, certaines fil<strong>les</strong> rentraient cependant<br />

sans problème, car el<strong>les</strong> étaient connues <strong>de</strong> la Securitate et<br />

lui rendaient <strong>de</strong>s services en la renseignant sur leurs clients.<br />

De cent à moins d'un dollar la nuit !<br />

On estime à une centaine <strong>les</strong> "pou<strong>les</strong> <strong>de</strong> luxe" qui opéraient<br />

dans la capitale à cette époque, le tarif étant d'environ<br />

cent dollars la nuit. Mais il y avait moyen <strong>de</strong> se procurer<br />

leurs faveurs à beaucoup moins cher. La légen<strong>de</strong> raconte qu'il fallait se rendre au<br />

restaurant "Ciresica", sur l'actuel boulevard Regina Elisabeta, comman<strong>de</strong>r un certain<br />

<strong>de</strong>ssert qui servait <strong>de</strong> mot <strong>de</strong> passe… pour voir apparaître une fille peu farouche qui le<br />

servait. Certaines prostituées occasionnel<strong>les</strong> se contentaient <strong>de</strong> 25 lei <strong>de</strong> l'époque. Le<br />

cours officiel du dollar était alors <strong>de</strong> 21 lei et s'est négocié à certains moments au noir<br />

jusqu à 75 lei.<br />

Quelques propriétaires <strong>de</strong> maisons du quartier <strong>de</strong> la gare du Nord et du boulevard<br />

Grivitei, offraient d'abriter <strong>les</strong> ébats <strong>de</strong>s coup<strong>les</strong> <strong>de</strong> rencontre dans une chambre qu'ils<br />

louaient à l'heure. Il suffisait <strong>de</strong> sonner à la bonne porte et <strong>de</strong> leur verser une centaine<br />

<strong>de</strong> lei. Des hommes d'affaires étrangers prenaient également une maîtresse attitrée pour<br />

la durée <strong>de</strong> leur séjour, payant le loyer <strong>de</strong> la <strong>de</strong>moiselle ou <strong>de</strong> la dame, couvrant <strong>les</strong><br />

frais, versant une petite rente, assortie <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>aux. Autre possibilité: <strong>les</strong> cités universitaires<br />

où la prostitution pouvait être fréquente si el<strong>les</strong> abritaient <strong>de</strong>s étudiants étrangers.<br />

Des chambres d'hôtel au luxe spartiate.<br />

Peu <strong>de</strong> sanctions<br />

Les fil<strong>les</strong> qui se faisaient pincer par la police ne risquaient pas grand-chose.<br />

L'article 328 du co<strong>de</strong> pénal <strong>de</strong> 1968 prévoyait que "<strong>les</strong> personnes qui se procurent <strong>de</strong>s<br />

moyens d'existence par <strong>de</strong>s relations sexuel<strong>les</strong> encourent une peine <strong>de</strong> prison <strong>de</strong> 3 mois<br />

à 3 ans". Comme tout le mon<strong>de</strong> avait un travail, il suffisait <strong>de</strong> montrer sa "légitimation"<br />

(<strong>document</strong> prouvant qu'on avait un emploi) pour éviter d'être inquiétée. Au pire,<br />

on pouvait être sanctionnée pour mener un style <strong>de</strong> vie parasitaire ce qui pouvait<br />

conduire à un ou six mois <strong>de</strong> prison et à une amen<strong>de</strong> entre 1000 et 5000 lei.<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

La “tournée <strong>de</strong>s grands ducs” sous Ceausescu n'avait vraiment rien <strong>de</strong> folichonne<br />

"Bonne nuit, Camara<strong>de</strong>s… C'est l'heure d'aller se coucher !"<br />

Dans <strong>les</strong> faits, il y avait très peu <strong>de</strong> poursuites. Ainsi <strong>les</strong><br />

archives indiquent-el<strong>les</strong> que le 1er octobre<br />

1987, sur <strong>les</strong> 66 346 personnes détenues<br />

dans <strong>les</strong> pénitenciers ou centres <strong>de</strong> redressement,<br />

on ne dénombrait que 75 cas <strong>de</strong> prostitution.<br />

La curiosité d'Elena Ceausescu<br />

La vie nocturne bucarestoise, pour aussi<br />

pauvre qu'elle était, ne se limitait pas cependant<br />

à cette activité. Encore fallait-il être<br />

connaisseur <strong>de</strong>s lieux où elle se déroulait.<br />

Dans certaines rues, il était possible <strong>de</strong> se<br />

procurer <strong>de</strong>s cigarettes ou <strong>de</strong> l'alcool auprès<br />

<strong>de</strong> petits trafiquants à n'importe quelle heure<br />

<strong>de</strong> la nuit.<br />

Si <strong>les</strong> principaux restaurants, Cina,<br />

Bulevard, Lido, Capsa, Caru' cu bere, Marul<br />

<strong>de</strong> aur, Moldova, Ambasador, Pescarus,<br />

Herastrau, Bor<strong>de</strong>i, fermaient leurs portes <strong>de</strong><br />

bonne heure, il existait quelques bars <strong>de</strong> nuit,<br />

fréquentés par <strong>les</strong> étudiants étrangers et <strong>les</strong><br />

Roumains ayant <strong>de</strong> l'argent. Deux d'entre<br />

eux, le Melody Bar et l'Atlantic Bar (<strong>de</strong>venu<br />

ultérieurement le Bucuresti) étaient célèbres.<br />

On rapporte qu'Elena Ceausescu était intriguée par ces<br />

Médias<br />

Fin décembre <strong>de</strong>ux quotidiens<br />

importants ont cessé leur parution:<br />

Cotidianul et Business<br />

Standard. Cotidianul avait été le premier<br />

journal indépendant à paraître en<br />

Roumanie, en 1991. Ion Ratiu, un millionaire<br />

anglais d`origine roumaine, qui s'était<br />

présenté en vain aux élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> mai 1990 contre Ion Iliescu,<br />

en était le propriétaire. A sa mort, le titre<br />

a été racheté par Sorin Ovidiu Vantu,<br />

milliardaire, ancien repris <strong>de</strong> justice qui a<br />

acquis sa fortune en dépouillant <strong>de</strong> leurs<br />

économies quelques 300 000 petits actionaires<br />

du Fond National d`Investisments.<br />

S.O. Vantu, par l`intermédiaire <strong>de</strong> son<br />

groupe <strong>de</strong> presse Realitatea-Catavencu a<br />

également édité le quotidien économique<br />

Business Standard.<br />

Deux semaines plus tard, <strong>de</strong>ux autres<br />

quotidiens annonçaient qu`ils cessaient<br />

leur parution sur papier, Ziua et<br />

Gardianul, ne conservant qu'une version<br />

Internet, comme <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts. Ils<br />

Elena Ceausescu faisait surveiller<br />

<strong>les</strong> relations <strong>de</strong> son fils avec la<br />

chanteuse Jeanina Matei. Ici, en 1972.<br />

appartenaient également à la zone<br />

d`influence <strong>de</strong> S.O.V.. Les <strong>de</strong>ux journaux<br />

avaient été accusés à plusieurs reprises <strong>de</strong><br />

chantage par <strong>de</strong>s hommes politiques ou<br />

d`affaires, y compris par Traian Basescu<br />

ou l`ancien maire <strong>de</strong> Bucarest, Adrian<br />

Vi<strong>de</strong>anu, actuellement ministre <strong>de</strong><br />

l'Economie. Quelques jours plus tard,<br />

c'est Jurnalul National, le plus grand<br />

quotidien du pays, appartenant à un autre<br />

magnat <strong>de</strong> la presse, Dan Voicu<strong>les</strong>cu,<br />

régnant également sur un empire audiovisuel,<br />

qui annonçait revoir ses ambition<br />

à la baisse, licenciant 50 <strong>de</strong> ses 300<br />

employés.<br />

Tous ces médias avaient un trait commun:<br />

ils faisaient partie <strong>de</strong> la pieuvre<br />

politico-économico-médiatique <strong>de</strong>s oligarques<br />

roumains qui espéraient faire<br />

totalement main basse sur le pouvoir à<br />

l'occasion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong>,<br />

manipulant sans vergogne l'opinion<br />

et soutenant le candidat du PSD,<br />

Mircea Geoana, issu comme eux <strong>de</strong>s<br />

Connaissance et découverte<br />

lieux et <strong>les</strong> faisait surveiller, son fils Nicu y retrouvant une <strong>de</strong><br />

ses maîtresses, Janina Matei, une chanteuse<br />

connue qui s'y produisait.<br />

Cassettes vidéo<br />

Des maisons clan<strong>de</strong>stines, sortes <strong>de</strong> tripots,<br />

peu nombreuses, existaient également<br />

où <strong>de</strong>s patrons <strong>de</strong> bistrots et <strong>de</strong> restaurants<br />

allaient terminer la nuit, jouant au poker jusqu'u<br />

petit matin bien que, théoriquement, <strong>les</strong><br />

jeux <strong>de</strong> hasards étaient interdits. Après <strong>les</strong><br />

années 84-85, une autre habitu<strong>de</strong> est apparue<br />

chez <strong>les</strong> Bucarestois: dénicher <strong>de</strong>s cassettes<br />

vidéo avec <strong>de</strong>s films, porno ou non,<br />

<strong>de</strong>s reportages venus d'Occi<strong>de</strong>nt et <strong>les</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

chez soi ou en compagnie d'amis.<br />

Mais une autre activité nocturne connaîtra<br />

malheureusement un bien plus grand<br />

succès, que ce soit à Bucarest ou dans le<br />

reste du pays… Faire la queue pour trouver<br />

<strong>de</strong> l'essence ou bien <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Nombre<br />

<strong>de</strong> retraités, chargés d'approvisionner la<br />

famille, passeront leurs nuits, un sac à la<br />

main, parfois dans le froid, assis sur un<br />

siège pliant à la porte <strong>de</strong>s magasins, guettant<br />

l'arrivée d'éventuels livreurs.<br />

Presse: manipulation et retour <strong>de</strong> bâton<br />

rangs <strong>de</strong>s héritiers du régime communiste<br />

et <strong>de</strong> la Securitate.<br />

Leur empire a donc servi <strong>de</strong> machine<br />

<strong>de</strong> guerre contre son adversaire, Traian<br />

Basescu, jugé moins malléable quoique<br />

ayant <strong>les</strong> même racines, et ils espéraient<br />

bien en recevoir <strong>les</strong> divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s, une fois<br />

sa défaite acquise. Leur coup ayant raté,<br />

leurs journaux ne leur servent plus à rien,<br />

et, comme ils leur coûtent cher, ils s'en<br />

débarassent aujourd'hui.<br />

Mais <strong>les</strong> lecteurs ne <strong>les</strong> avaient pas<br />

attendus. Voici longtemps que plusieurs<br />

<strong>de</strong> ces médias avaient perdu leur crédibilité,<br />

<strong>les</strong> autres prenant le même chemin.<br />

Le tirage <strong>de</strong> Cotidianul, l'un <strong>de</strong>s journaux<br />

<strong>les</strong> plus appréciés <strong>de</strong> l'immédiat après<br />

Ceausescu, était passé <strong>de</strong> 50 000 exemplaires<br />

dans <strong>les</strong> années 90 à 6000 avant<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières élections.<br />

Les Roumains commenceraient-ils à<br />

ne plus vouloir se laisser mener par le<br />

bout du nez ?<br />

Dodo Nita<br />

57

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