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Édition 2010-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

44<br />

<br />

BAIA<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

ARAD<br />

<br />

BRASOV<br />

TIMISOARA<br />

<br />

TÂRGOVISTE GALATI <br />

PITESTI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

CERNAUTI<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CHISINAU<br />

IASI <br />

<br />

BACAU<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Deuxième mandat pour<br />

Nicolae Manu<strong>les</strong>cu<br />

L'écrivain et critique littéraire<br />

Nicolae Mano<strong>les</strong>cu, 70 ans, membre<br />

<strong>de</strong> l'Académie roumaine et ambassa<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> la Roumanie auprès <strong>de</strong><br />

l'UNESCO, a été réélu pour un<br />

second mandat à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

l'Union <strong>de</strong>s Ecrivains <strong>de</strong> Roumanie,<br />

fonction<br />

qu'il<br />

occupe<br />

<strong>de</strong>puis<br />

2005.<br />

L'union<br />

<strong>de</strong>s<br />

Ecrivains<br />

compte<br />

2400<br />

membres répartis dans 12 sections,<br />

dont une à Chisinau, en République<br />

<strong>de</strong> Moldavie.<br />

Saint Eminescu ?<br />

La Ligue <strong>de</strong>s écrivains <strong>de</strong><br />

Roumanie, dont le siège est à Cluj, a<br />

envoyé une lettre au Patriarche<br />

Daniel lui <strong>de</strong>mandant que Mihai<br />

Eminescu soit canonisé et que son<br />

nom figure dans le calendrier orthodoxe<br />

roumain. Elle motive sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

en s'appuyant sur <strong>les</strong> pages écrites<br />

par le poète "glorifiant l'âme roumaine<br />

profondément empreinte du<br />

souffle <strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe du<br />

poète". L'Eglise a répondu, dans un<br />

communiqué, que la proposition <strong>de</strong> la<br />

LSR était appréciée et qu'elle serait<br />

soumise aux mêmes critères que<br />

n'importe quelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> canonisation.<br />

La BOR a toutefois précisé<br />

que <strong>les</strong> critères et <strong>les</strong> procédures<br />

nécessaires à la canonisation ne se<br />

basaient pas "seulement" sur l'enthousiasme<br />

et la volonté publique.<br />

<br />

Littérature<br />

Connaissance et découverte<br />

Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sièc<strong>les</strong>, plusieurs écrivains étrangers, français ou<br />

<strong>de</strong> langue française ont évoqué la capitale roumaine dans leurs écrits, à l'instar <strong>de</strong><br />

Paul Morand et <strong>de</strong> son ouvrage "Bucarest", publié en 1934 chez Plon et réédité en<br />

1990 (voir par ailleurs).<br />

En 2006, paraît Bucarest, le dégel (éd. Autrement), un livre <strong>de</strong> Mirel Bran,<br />

correspondant du Mon<strong>de</strong> illustré par <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> Franck Hamel.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s entretiens captivants avec 24 personnalités, qui vivent dans la<br />

capitale roumaine. Mirel Bran y rappelle que Paul Morand écrivait en 1935: "C'est avec<br />

<strong>de</strong>s cités rasées, <strong>de</strong>s églises détruites, <strong>de</strong>s archives étouffées, que la Roumanie se présente<br />

<strong>de</strong>vant l'histoire. La leçon que nous offre Bucarest n'est pas une leçon d'art, mais<br />

une leçon <strong>de</strong> vie; il enseigne à s'adapter à tout, même à l'impossible".<br />

Les conseils diététiques du "Lumineux gui<strong>de</strong>"<br />

La capitale roumaine d'hier<br />

Bucarest enseigne<br />

En effet, il est toujours instructif <strong>de</strong> lire ce que <strong>les</strong> écrivains pensent <strong>de</strong> nos vil<strong>les</strong>.<br />

Ulysse <strong>de</strong> Marcillac, auteur français bien oublié, fait paraître en 1869 La peste à<br />

Bucarest, tout un programme; mais la plus violente image l'auteur la réserve à la <strong>de</strong>rnière<br />

page <strong>de</strong> son livre. Il y dit son souhait <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>s cimetières. Et <strong>de</strong> commencer<br />

par confier qu'il ne connaît pas "un autre pays où la mort serait traitée avec autant d'attention<br />

qu'à Bucarest". Puis l’auteur en vient à cette observation: "Il existe <strong>de</strong>s centaines<br />

<strong>de</strong> vieux cimetières, autant que d'églises. Ce sont comme <strong>de</strong> petites cours ouvertes<br />

à tous <strong>les</strong> passants et parfois entourées <strong>de</strong> petites maisons, logements habituels <strong>de</strong>s prostituées.<br />

La mort et la volupté sont <strong>de</strong>ux sœurs proches chez <strong>les</strong> roumains".<br />

Michel <strong>de</strong>l Castillo dans le roman Mort d'un poète (1989) fait parler son héros<br />

Igor Vedoz: "La capitale <strong>de</strong> notre radieuse République offrait déjà l'aspect désolé d'une<br />

ville sinistrée. Éclairage anémique qui laissait <strong>de</strong>s rues entières, remplies <strong>de</strong> ténèbres<br />

inquiétantes. Les passants couraient, courbés, emmitouflés dans <strong>de</strong>s vêtements usés et<br />

rapiécés, amas <strong>de</strong> loques enfilées <strong>les</strong> unes sur <strong>les</strong> autres, tournaient en rond, évoquaient<br />

<strong>de</strong>s meutes <strong>de</strong> chiens affamés.<br />

Difformes, <strong>les</strong> silhouettes avaient perdu jusqu'à l'apparence <strong>de</strong> l'humanité. Un peuple<br />

<strong>de</strong> fantômes. Chaussées défoncées, creusées d'ornières où l'eau <strong>de</strong> pluie stagnait.<br />

Aucune enseigne ou presque. Les <strong>de</strong>vantures <strong>de</strong>s boutiques, vi<strong>de</strong>s, renvoyaient <strong>de</strong>s<br />

reflets bleuâtres. Dans <strong>les</strong> cités ouvrières, on apercevait <strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision où le<br />

Lumineux Gui<strong>de</strong> prodiguait, comme chaque soir à la même heure, ses conseils diététiques.<br />

Moins <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> matières grasses, aucun sucre"...<br />

"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité <strong>de</strong> Bucarest ?"<br />

Miguel Sanchez-Ostiz (notre photo), auteur espagnol,<br />

tient un blog et dans un <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers artic<strong>les</strong> en 2008, il écrit:<br />

"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité <strong>de</strong><br />

Bucarest? Il y en a beaucoup qui donneraient tout pour être<br />

américain avec toutes <strong>les</strong> conséquences que cela implique.<br />

Il n'y a qu'à voir le nombre <strong>de</strong> personnes qui font la queue<br />

<strong>de</strong>vant le Consulat américain pour obtenir visas et permis<br />

divers. Le Roumain peut apporter au style <strong>de</strong> vie américain sa<br />

légendaire débrouillardise, je ne le conteste pas, mais aussi son goût pour la police et<br />

<strong>les</strong> compagnies <strong>de</strong> sécurité renforcées par <strong>de</strong>s gros durs qui n'ont aucune considération<br />

pour leurs concitoyens.<br />

A Bucarest, <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> bodyguards sont florissantes. C'est l'industrie <strong>de</strong> notre<br />

époque. Nous ne sommes plus loin <strong>de</strong>s polices privées et <strong>de</strong>s corps armés au service du<br />

particulier. L'Autorité comman<strong>de</strong>, mais l'arbitraire aussi. La droite roumaine monte et<br />

marque <strong>de</strong>s points dans un pays où le mot qui revient le plus souvent dans <strong>les</strong> conver-<br />

Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

et aujourd'hui vue par <strong>les</strong> écrivains français et étrangers<br />

à s'adapter à tout… même à l'impossible<br />

sations est "Mafia", et où le contraste entre le luxe et la vie<br />

misérable est <strong>de</strong> plus en plus évi<strong>de</strong>nt. La droite est la même<br />

que partout ailleurs: autoritaire, néolibérale, et bien entendu<br />

amie <strong>de</strong>s “graaaaaan<strong>de</strong>s” libertés, mais aussi orthodoxe,<br />

nationaliste, brutale.On trouve même à l'Université <strong>de</strong>s étudiants<br />

qui se présentent ainsi: Roumain orthodoxe, pour qu'il<br />

n'y ait pas le moindre doute sur leur i<strong>de</strong>ntité.<br />

Comment on décrète qu'une maison<br />

est insalubre et doit être détruite<br />

Une curieuse droite et une toute aussi curieuse classe <strong>de</strong><br />

dirigeants politiques dont il ne faudrait pas trop fouiller le<br />

Cette manifestation présente le<br />

séjour <strong>de</strong> Paul Morand en<br />

Roumanie, mais aussi le reste<br />

<strong>de</strong> sa carrière - littéraire et diplomatique,<br />

apportant <strong>de</strong>s éclairages nouveaux, assez<br />

étonnants", a déclaré à l'AFP l'un <strong>de</strong>s<br />

commissaires <strong>de</strong> l'événement, le professeur<br />

Michel Collomb. Un colloque<br />

réunissant <strong>de</strong>s historiens, écrivains et critiques<br />

littéraires roumains et français,<br />

complété par une exposition recueillant<br />

<strong>de</strong>s <strong>document</strong>s inédits et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins<br />

signés par Morand "permet <strong>de</strong> corriger<br />

un peu l'image très négative qui était<br />

donnée <strong>de</strong> son séjour ici", a-t-il ajouté.<br />

L'inimitié profon<strong>de</strong> et le mépris<br />

<strong>de</strong> De Gaulle qui le révoquera<br />

Proche du régime <strong>de</strong> Vichy, Paul<br />

Morand (1888-1976) fut nommé en 1943<br />

ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Roumanie,<br />

pays allié d'Hitler et menacé par l'avancée<br />

<strong>de</strong>s troupes soviétiques. "On voit que sa<br />

mission à Bucarest n'était pas facile,<br />

alors que Morand a rencontré une opposition<br />

au sein même <strong>de</strong> son ambassa<strong>de</strong>,<br />

dont une partie était conquise aux thèses<br />

<strong>de</strong> la France libre, sans parler <strong>de</strong> la<br />

situation militaire difficile sur le front", a<br />

souligné Michel Collomb.<br />

Son attitu<strong>de</strong> durant la guerre lui valut<br />

Connaissance et découverte<br />

passé et leurs implications, au moins comme informateurs,<br />

dans l'ancien appareil d'État policier, la Securitate. A Bucarest,<br />

<strong>les</strong> usines du régime communiste ont fermé et ont laissé la<br />

place à d'immenses terrains vagues qui excitent la spéculation.<br />

Partout on démolit et on reconstruit.<br />

Comment décrète-t-on qu'une maison est <strong>de</strong>venue insalubre<br />

et qu'elle doit être détruite ? C'est très simple. On laisse <strong>de</strong>s<br />

Tsiganes s'y installer ou même on <strong>les</strong> incite à prendre possession<br />

du bâtiment. Et quand ils ont fini <strong>de</strong> brûler, <strong>de</strong> jeter ou <strong>de</strong><br />

vendre tout ce qu'on peut brûler, jeter ou vendre, il ne reste<br />

plus qu'à <strong>les</strong> expulser". Un regard extérieur vaut parfois mieux<br />

qu'un long discours.<br />

Publié dans La Lettre du Moldave<br />

L'écrivain et diplomate commémoré à Bucarest<br />

Paul Morand : un ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie très controversé<br />

L'écrivain et diplomate français Paul Morand, ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie en 1943 et 1944, a<br />

été célébré à Bucarest dans le cadre d'une manifestation visant à restituer au public l'image <strong>de</strong> cet<br />

"Européen", avec ses lueurs et ses zones d'ombre.<br />

l'inimitié profon<strong>de</strong> et le mépris du général<br />

De Gaulle, qui le fera révoquer à la<br />

Libération et empêchera longtemps son<br />

entrée à l'Académie française, laquelle<br />

n'interviendra qu'en 1968. Contrairement<br />

à la tradition, De Gaulle ne<br />

le recevra d'ailleurs pas et<br />

Morand l'appellera toujours<br />

"Gaulle".<br />

Dans son intervention,<br />

l'historien roumain Carol<br />

Iancu a notamment regretté<br />

que Morand lorsqu'il était à<br />

Bucarest "ne se soit pas fait<br />

connaître par une quelconque<br />

action en faveur <strong>de</strong>s<br />

Juifs" déportés en Transnistrie par le régime<br />

du maréchal pro-nazi Ion Antonescu.<br />

Le critique littéraire Ion Pop a pour<br />

sa part épluché la presse roumaine <strong>de</strong> l'époque<br />

pour analyser l'accueil réservé au<br />

diplomate et à son oeuvre, allant <strong>de</strong> l'admiration<br />

totale - "l'un <strong>de</strong>s écrivains <strong>les</strong><br />

plus illustres du globe" - à <strong>de</strong>s critiques<br />

virulentes, déplorant l'image "caricaturale"<br />

qu'il a donnée <strong>de</strong> la Roumanie dans<br />

son livre Bucarest, publié en 1934, à la<br />

suite d'un séjour qu'il y avait effectué.<br />

Michel Collomb a souligné néanmoins<br />

que Morand était "associé à l'image<br />

d'une Roumanie très libérale, avec une<br />

aristocratie empreinte <strong>de</strong> culture françai-<br />

se, une Roumanie intégrée dans l'Europe<br />

intellectuelle".<br />

Epousant une richissime<br />

princesse roumaine<br />

Un <strong>de</strong>s faits marquants <strong>de</strong><br />

la vie <strong>de</strong> Paul Morand fut donc<br />

son attitu<strong>de</strong> durant la Secon<strong>de</strong><br />

Guerre mondiale, sa proximité<br />

avec le régime <strong>de</strong> Vichy et son<br />

ambassa<strong>de</strong> à Bucarest.<br />

Après avoir été mis à la<br />

retraite d'office en 1940 pour<br />

avoir déserté l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Londres où il était chargé<br />

d'une mission économique, et ce contrairement<br />

aux consignes <strong>de</strong> Vichy qui souhait<br />

gar<strong>de</strong>r un contact avec l'Angleterre,<br />

l'écrivain fut nommé, lors du retour <strong>de</strong><br />

Pierre Laval au gouvernement en 1943,<br />

ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Roumanie.<br />

Il retrouvait ainsi le pays <strong>de</strong> sa<br />

femme qu'il épousa en 1927, la richissime<br />

Hélène Soutzo (photo), fille d'un<br />

banquier grec <strong>de</strong> Trieste, née en Moldavie<br />

et <strong>de</strong>venue princesse roumaine en épousant<br />

le prince Dumitru Soutzo, un attaché<br />

militaire roumain dont elle divorcera en<br />

1924. Une princesse détestée par ses<br />

"consoeurs" franco-roumaines, Anna <strong>de</strong><br />

Noail<strong>les</strong> et Marthe Bibesco. (suite p. 46)<br />

45

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