Édition 2010-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie
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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
32<br />
ARAD<br />
<br />
SATU<br />
<br />
MARE<br />
ORADEA<br />
<br />
TIMISOARA<br />
CRAIOVA<br />
<br />
TARGU<br />
MURES<br />
<br />
SF. GHEORGHE <br />
SUCEAVA<br />
<br />
BACAU <br />
<br />
BUCAREST<br />
IASI<br />
<br />
BRASOV GALATI <br />
BRAILA <br />
<br />
URZICENI TULCEA<br />
<br />
VASLUI <br />
CONSTANTA<br />
De l'eau d'Arad<br />
pour ses 300 000<br />
voisins Hongrois<br />
Sur la base d'un accord qui vient<br />
d'être signé entre le département<br />
frontalier <strong>de</strong> Bekes en Hongrie et la<br />
ville d'Arad, celle-ci va approvisionner<br />
ses voisins magyars, soit 300 000<br />
personnes, en eau potable, pour <strong>les</strong><br />
50 prochaines années. Arad leur<br />
fournira quotidiennement 30 000 m3<br />
afin <strong>de</strong> diluer la concentration en<br />
arsenic, nitrates et bore contenus en<br />
proportion trop élevés dans <strong>les</strong> eaux<br />
loca<strong>les</strong>. Le département hongrois est<br />
confronté <strong>de</strong>puis longtemps à ce<br />
grave problème et tente d'y remédier<br />
<strong>de</strong>puis 1980, mais il n'a réussi à faire<br />
tomber le niveau du taux d'arsenic<br />
qu'à 30 microgrammes par litre, la<br />
limite maximum admise par l'UE<br />
étant <strong>de</strong> 10 microgrammes. Les autorités<br />
du département <strong>de</strong> Bekes ont<br />
calculé que pour y parvenir, cela leur<br />
coûterait moins cher <strong>de</strong> construire<br />
une conduite d'eau <strong>de</strong> 30 km <strong>de</strong> long<br />
et <strong>de</strong> s'approvisionner chez leur voisine<br />
plutôt que <strong>de</strong> s'échiner à traiter<br />
leur eau chimiquement.<br />
Repeuplement<br />
<strong>de</strong>s castors<br />
La Roumanie entreprend <strong>de</strong> réintroduire<br />
<strong>les</strong> castors. 650 d'entre eux,<br />
parfois dotés <strong>de</strong> colliers GPS, peuplent<br />
déjà <strong>les</strong> vallées <strong>de</strong> l'Olt, le<br />
Mures et la Ialomita. Des précautions<br />
ont été prises pour <strong>les</strong> empêcher <strong>de</strong><br />
dévaster <strong>les</strong> cultures <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong><br />
terre et <strong>de</strong> choux, dont ils sont<br />
friands, en <strong>les</strong> protégeant par <strong>de</strong>s<br />
clôtures électriques, ou en <strong>les</strong> dissuadant<br />
<strong>de</strong> faire leurs <strong>de</strong>nts sur <strong>les</strong><br />
troncs <strong>de</strong>s arbres fruitiers qui ont été<br />
enduits d'un produit répulsif, à base<br />
<strong>de</strong> chaux et <strong>de</strong> sable.<br />
<br />
Santé<br />
Société<br />
Mort à 36 ans en se vidant <strong>de</strong> son sang<br />
pour une fracture non opérée à temps<br />
Cinq ans après son succès à Cannes, "La mort <strong>de</strong> M. Lazarescu" reste d'actualité<br />
en Roumanie, comme l'illustrent <strong>de</strong>ux malheureuses histoires survenues<br />
en janvier et début février en Moldavie, qui ne sont pas, hélas, isolées. A Pascani<br />
comme à Vaslui, il s'agit d'horreur et non d'erreur médicale.<br />
Le 15 janvier au soir, un agriculteur <strong>de</strong> 36 ans <strong>de</strong> Vanatori, petite commune<br />
du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Iasi, est conduit en urgence par sa femme à l'hôpital <strong>de</strong> Pascani<br />
avec <strong>de</strong>s plaies et fractures <strong>de</strong> la jambe à la suite <strong>de</strong> la charge d'un taureau.<br />
Le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> lui fait un pansement et le renvoie en salle d'attente, lui disant <strong>de</strong><br />
patienter. Sa femme revient le len<strong>de</strong>main… Son mari n'a pas bougé, sa jambe est sanguinolente<br />
et il souffre le martyr. Elle se précipite chez le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> service, chef <strong>de</strong><br />
la clinique <strong>de</strong> chirurgie, qui lui répond qu'il ne peut pas s'occuper <strong>de</strong> lui parce qu'il<br />
n'est pas assuré. Elle l'implore <strong>de</strong> le faire transporter à l'hôpital d'urgence <strong>de</strong> Iasi, se<br />
heurtant à la même réponse et au même refus.<br />
Le surlen<strong>de</strong>main, alors que sa situation et <strong>les</strong> douleurs ont empiré, et que toute la<br />
famille est venue la soutenir, elle supplie le même mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la laisser au moins<br />
transférer son mari s'il ne veut pas s'en occuper. La réponse est invariable : il n'a pas<br />
d'assurance et ne peut donc pas bénéficier d'un transport en ambulance.<br />
Le troisième jour, sur l'insistance <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> proches du b<strong>les</strong>sé, le mé<strong>de</strong>cin se<br />
déci<strong>de</strong> enfin à l'opérer. Le malheureux est mis dans une chaise ambulante, la jambe<br />
enveloppée dans une serviette pour que le sang ne tâche pas le sol, et conduit dans la<br />
salle d'opération. Quelques minutes plus tard, le mé<strong>de</strong>cin en sort pour indiquer que l'opéré<br />
a fait un stop cardio-respiratoire grave. Il revient quelques instants plus tard pour<br />
annoncer qu'il est mort.<br />
La famille a porté plainte.<br />
L'hôpital <strong>de</strong> Pascani a décidé <strong>de</strong><br />
se séparer du mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>,<br />
qui était un retraité, et <strong>de</strong> suspendre<br />
<strong>de</strong> ses fonctions <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> la<br />
clinique <strong>de</strong> chirurgie pour une<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois, le mé<strong>de</strong>cin<br />
<strong>de</strong> service. L'assistante médicale<br />
qui s'était occupée <strong>de</strong> ce cas<br />
la première nuit a été également<br />
sanctionnée, son salaire étant<br />
diminué <strong>de</strong> 10 % pendant trois<br />
mois, <strong>de</strong>ux infirmières étant L'hôpital <strong>de</strong> Pascani a été durement mis en cause.<br />
mutées disciplinairement. Par<br />
ailleurs, une enquête a été ouverte par le collège <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> Iasi.<br />
Onze heures d'attente pour l'ambulance<br />
Toujours en Moldavie, à Vaslui, un homme <strong>de</strong> 74 ans est mort après avoir attendu<br />
pendant onze heures une ambulance. Hospitalisé dans un premier temps dans un<br />
hôpital <strong>de</strong> Negresti, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins avaient décidé <strong>de</strong> son transfert à Vaslui <strong>de</strong>vant l'aggravation<br />
<strong>de</strong> son état <strong>de</strong> santé. La direction départementale du service <strong>de</strong>s ambulances<br />
a rejeté la faute sur l'hôpital <strong>de</strong> Negresti qui ne lui aurait pas signalé qu'il s'agissait<br />
d'une urgence. Là aussi, une enquête est ouverte par le services départementaux <strong>de</strong><br />
santé. Face à ces cas, toujours fréquents dans le pays, <strong>les</strong> Roumains sont <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux à réagir et à porter plainte. Les pouvoirs publics et <strong>les</strong> autorités médica<strong>les</strong>,<br />
prenant conscience <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> la situation, rechignent moins à ouvrir <strong>de</strong>s<br />
enquêtes. Cela ne ramène pas cependant <strong>les</strong> victimes à la vie. Le triste état du système<br />
<strong>de</strong> santé reste toujours le problème n°1 <strong>de</strong> la Roumanie.<br />
Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />
Enseignement<br />
Avec la<br />
transition<br />
<strong>de</strong> l'économie<br />
roumaine du socialisme<br />
au capitalisme,<br />
métallurgie, sidérurgie<br />
et pétrochimie ont tour<br />
à tour disparu. Les<br />
effectifs salariés dans<br />
ces secteurs ont subi <strong>de</strong>s<br />
coupes répétées, mais<br />
<strong>les</strong> facultés ont pourtant continué à produire à la chaîne <strong>de</strong>s<br />
diplômés. Ce sont ainsi 350 jeunes qui sont entrés en 2009, sur<br />
simple dossier d'admission, à la faculté <strong>de</strong> métallurgie <strong>de</strong><br />
Bucarest, rebaptisée faculté <strong>de</strong>s sciences et du génie <strong>de</strong>s<br />
métaux.<br />
Lorsque Narcisa Mina et son amie se sont inscrites à la fac<br />
voici plusieurs années, <strong>les</strong> grands complexes ALRO et Mitall<br />
Galati (conglomérats sidérurgiques) embauchaient encore.<br />
Entre-temps, ALRO a procédé à <strong>de</strong>s dégraissages dans son<br />
personnel, et Galati ne propose plus <strong>de</strong> postes non plus. Sur le<br />
site <strong>de</strong> recrutement MyJob, la métallurgie n'existe même plus<br />
en tant que critère <strong>de</strong> recherche. Les seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'ingénieurs<br />
métallurgistes émanent <strong>de</strong> l'étranger (Canada et<br />
Australie), et encore sont-el<strong>les</strong> rares.<br />
Des dizaines <strong>de</strong> milliers d'étudiants<br />
pour une poignée d’emplois disponib<strong>les</strong><br />
Une situation tout aussi préoccupante prédomine à la<br />
faculté <strong>de</strong> droit, qui délivre chaque année <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> diplômes.<br />
Une faculté certes utile, mais dont <strong>les</strong> débouchés, sur un<br />
marché du travail saturé, sont problématiques. Les établissements<br />
publics d'enseignement du droit ont admis en 2009 plus<br />
<strong>de</strong> 9 000 étudiants, auxquels s'ajoutent ceux <strong>de</strong> 22 facultés privées.<br />
Mais <strong>les</strong> diplômés <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années n'ont pu déposer<br />
leur candidature que pour 720 places d'avocats stagiaires,<br />
136 postes <strong>de</strong> notaires débutants et 130 places au concours <strong>de</strong><br />
la magistrature. Iuliana Ba<strong>de</strong>a, une experte en recrutement,<br />
constate que la plupart <strong>de</strong>s diplômés en droit s'orientent désormais<br />
vers le marketing et la vente…<br />
L'emploi n'est guère plus au ren<strong>de</strong>z-vous dans d'autres<br />
domaines. Ainsi, malgré <strong>les</strong> problèmes environnementaux que<br />
connaît la Roumanie, le métier <strong>de</strong> "spécialiste <strong>de</strong> l'environnement"<br />
n'offre pas <strong>de</strong> débouchés sur le marché. Et pourtant, <strong>les</strong><br />
facultés continuent <strong>de</strong> former chaque année <strong>de</strong>s milliers d'ingénieurs<br />
<strong>de</strong>s eaux et forêts, sous le prétexte que l'écologie<br />
représente l'avenir. C'est ainsi que <strong>les</strong> mêmes offres <strong>de</strong> forma-<br />
Société<br />
"Les universités son <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s usines<br />
à chômeurs" s'insurge le quotidien A<strong>de</strong>varul<br />
A Pascani, l'horreur médicale Un bout <strong>de</strong> papier qui ne vaut plus rien<br />
9000 étudiants en droit dans<br />
<strong>les</strong> seu<strong>les</strong> universités publiques<br />
sans compter 22 facultés privées…<br />
pour à peine 1000 emplois à pourvoir.<br />
"L'université roumaine est <strong>de</strong>venue une usine à chômeurs. Faute <strong>de</strong> revoir <strong>de</strong>s filières<br />
et <strong>de</strong>s programmes figés <strong>de</strong>puis l'ère communiste, elle forme <strong>de</strong>s diplômés qui restent<br />
sur le carreau", s'insurge le quotidien "A<strong>de</strong>varul", dans un article repris par "Le<br />
Courrier international".<br />
tion se retrouvent dans <strong>les</strong> programmes <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> établissements<br />
d'enseignement supérieur du pays.<br />
Il en va <strong>de</strong> même pour le cursus d'agronomie: bien que l'agriculture<br />
en Roumanie soit gérée très approximativement et<br />
que <strong>de</strong>s spécialistes s'avèrent plus que nécessaires, <strong>les</strong> jeunes<br />
diplômés ne trouvent pas <strong>de</strong> travail. Les fermes d'élevage<br />
industriel n'existent plus, et dans la sylviculture, on licencie.<br />
La seule spécialité qui offre <strong>de</strong>s débouchés est celle <strong>de</strong> "paysagiste".<br />
Préserver <strong>les</strong> emplois<br />
<strong>de</strong>s professeurs universitaires<br />
Malheureusement, bien qu'ils n'offrent pratiquement aucune<br />
perspective d'emploi aux étudiants, <strong>les</strong> enseignants s'accrochent<br />
à leurs chaires. Anca Opris, <strong>de</strong> la Société académique<br />
roumaine, confie que le nombre <strong>de</strong> places proposées par <strong>les</strong><br />
universités est établi selon <strong>de</strong>s critères pour le moins particuliers.<br />
"El<strong>les</strong> s'efforcent d'attirer le plus grand nombre d'étudiants<br />
afin <strong>de</strong> préserver l'emploi <strong>de</strong>s professeurs. El<strong>les</strong> vont<br />
même jusqu'à abaisser <strong>les</strong> standards académiques, <strong>de</strong> peur<br />
que <strong>les</strong> étudiants n'aillent voir ailleurs", explique-t-elle.<br />
L'absence d'un plan économique <strong>de</strong> développement à long<br />
terme complique encore davantage la situation. L'ancien<br />
ministre <strong>de</strong> l'Education, le professeur Mircea Miclea, aujourd'hui<br />
chef <strong>de</strong> la Commission prési<strong>de</strong>ntielle pour l'éducation,<br />
assure avoir essayé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s prévisions à long terme sur l'évolution<br />
industrielle pour orienter <strong>les</strong> universités. Mais "<strong>les</strong><br />
investisseurs n'ont pas été capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> me donner <strong>de</strong>s perspectives<br />
sur plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois ans au maximum", plai<strong>de</strong>-t-il.<br />
Sous le régime communiste, rappelle M. Miclea, <strong>les</strong> autorités<br />
étaient obligées d'élaborer une stratégie <strong>de</strong> développement<br />
économique et social sur dix à vingt ans, indiquant si la<br />
Roumanie <strong>de</strong>vait parier sur l'informatique, sur l'agriculture, sur<br />
le tourisme ou sur d'autres secteurs porteurs d'emploi.<br />
Aujourd'hui, un tel schéma ai<strong>de</strong>rait gran<strong>de</strong>ment <strong>les</strong> jeunes à<br />
choisir leur filière. "Les universités en sont arrivées à vendre<br />
<strong>de</strong>s illusions au lieu <strong>de</strong> métiers", déplore-t-il.<br />
Quelque 3 millions <strong>de</strong> Roumains, sur 21 millions d'habitants,<br />
sont partis à l'étranger pour trouver du travail ou étudier.<br />
Mais la majorité <strong>de</strong> ces migrants ne trouvent pas d'emploi à la<br />
hauteur <strong>de</strong> leurs diplômes: ils <strong>de</strong>viennent le plus souvent<br />
femme <strong>de</strong> ménage, chauffeur <strong>de</strong> taxi ou caissière. Pourtant,<br />
15 % <strong>de</strong> la population adulte du pays souhaite encore émigrer,<br />
dont 50 000 jeunes diplômés <strong>de</strong> l'université ou étudiants <strong>de</strong> 3e<br />
cycle. Malgré une directive européenne qui l'impose, la France<br />
ne reconnaît toujours pas <strong>les</strong> diplômes roumains.<br />
Mariana Bechir et Daniela Serb (A<strong>de</strong>varul)<br />
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