27.06.2013 Views

Régionales 2010 - Le Travailleur Catalan

Régionales 2010 - Le Travailleur Catalan

Régionales 2010 - Le Travailleur Catalan

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

N°3350 - Semaine du 29 janvier au 4 février <strong>2010</strong><br />

Retraite. <strong>Le</strong> mauvais marché !<br />

Après les 35 heures, les heures supplémentaires, la droite veut en finir avec<br />

notre système de retraite par répartition!<br />

Suite à l’annonce, par Nicolas Sarkozy,<br />

du chantier pour la réforme de notre système<br />

de retraite, qui débutera après les<br />

régionales de mars -prudence oblige-, le<br />

ministre du Travail, Xavier Darcos, vient<br />

de sonner la charge en déclarant «il faudra<br />

travailler plus longtemps si l’on veut<br />

assurer le financement des retraites.» <strong>Le</strong><br />

sort que compte réserver ce gouvernement<br />

à notre système de retraite est bouclé<br />

avant même le débat avec les partenaires<br />

sociaux. Ce sera comme en 1994<br />

et 2003 -on passera sur 1995, quand<br />

Juppé s’est cassé les dents-, où, à chaque<br />

fois, la réforme des retraites s’est<br />

soldée par un allongement qui ne réglait<br />

rien à la situation, tout au contraire.<br />

Ce mauvais scénario, confirmé par<br />

Nicolas Sarkozy lors de son émission truquée<br />

de lundi sur TF1, risque d’être le<br />

dernier, après plus de vingt ans de<br />

bataille. La remise en cause<br />

de l’âge de la retraite à<br />

60 ans, instaurée par la<br />

gauche en 1981, pourrait<br />

aussi s'accompagner<br />

d'une remise en cause<br />

de notre système par<br />

répartition, au profit<br />

d’une retraite par capitalisation,<br />

privilégiant<br />

le circuit de l’épargne<br />

salariale. Un cheval de<br />

Troie qui refait surface<br />

et qui serait dévastateur.<br />

Autre motif d’inquiétude,<br />

l’obtention<br />

de la retraite complémentaire<br />

à taux<br />

plein à 65 ans.<br />

Reconduit jusqu’au<br />

31 décembre<br />

<strong>2010</strong>, l’accord<br />

AGFF fixe son<br />

obtention dès 60<br />

ans. Cet accord<br />

pourrait être<br />

remis en cause<br />

unilatéralement<br />

par le Medef et le gouvernement,<br />

ce qui cloueraient au travail<br />

les salariés aux petites retraites<br />

jusqu'à 65 ans.<br />

On prend les mêmes et on<br />

recommence<br />

«Il faut agir maintenant», «moins d’actifs,<br />

plus de retraités», «un équilibre<br />

menacé», «pour sauver la retraite par<br />

répartition, une réforme est indispensable»,<br />

«il faudra travailler plus longtemps»,<br />

«les salaires ne sont pas en<br />

cause», etc. Rien n’a changé dans les<br />

arguments du Medef et de la droite. Ni<br />

dans les arguments qui condamnaient<br />

les déficits, ni dans les solutions proposées,<br />

qui les ont concrétisés.<br />

Juste quelques chiffres: en 2003, ils<br />

déclaraient que les régimes seraient déficitaires,<br />

à l’horizon 2020, de 50 milliards<br />

d'euros; désormais, ils ne le seront plus<br />

que de 25 milliards. La crise du capitalisme<br />

étant passée par-là, on pouvait<br />

aussi s’attendre à un nouveau plan de<br />

sauvetage du style de celui des banques,<br />

par exemple. Eh bien non! Tout au<br />

contraire, on s’achemine vers plus<br />

d’épargne-retraite entreprise. Des compléments<br />

qui séduisent de plus en plus,<br />

vu les incertitudes que fait courir le gouvernement.<br />

Des entreprises qui jouent<br />

aussi le jeu à fond, car cette manne est<br />

considérable en termes de spéculation et<br />

de dividendes, mais, surtout, c’est un<br />

coin que l’on enfonce dans notre système<br />

solidaire par répartition.<br />

La réforme des retraites est, en fait, déjà<br />

à l’œuvre, car de multiples textes sont<br />

entrés en application. La durée de cotisation<br />

s’allonge, notamment pour les salariés<br />

nés en 1950: ce sera 162 trimestres<br />

pour une retraite à taux plein. L’âge de<br />

dispense de recherche d’emploi est<br />

repoussé à 59 ans, malgré le paradoxe<br />

des licenciements en masse des seniors.<br />

<strong>Le</strong>s indemnités de départ en retraite<br />

seront, désormais, imposées dès le premier<br />

euro. Une manière comme une<br />

autre de rattraper l’augmentation des<br />

pensions de réversion pour les personnes<br />

les plus modestes.<br />

Plus grave encore, le COR (Conseil<br />

d’orientation des retraites) met en garde<br />

contre les intentions du gouvernement et<br />

son projet de régime par points, qui remplacerait<br />

celui en annuités. <strong>Le</strong>s cotisations<br />

donneraient droit à des points, qui<br />

détermineraient, au moment de la<br />

retraite, le montant des pensions. Pour<br />

éviter un déficit, il suffirait de baisser la<br />

valeur du point. <strong>Le</strong> niveau des pensions<br />

ne serait donc plus garanti.<br />

Philippe Galano<br />

social<br />

9<br />

Débat<br />

La gauche et les syndicats<br />

divisés sur le sujet<br />

Sarkozy n’avait pas besoin de ça! Bien<br />

aidé par les socialistes et la CFDT,<br />

Nicolas Sarkozy se sent pousser des<br />

ailes pour, cette fois, s’attaquer, pour de<br />

bon, à notre système de retraite. Ni la<br />

crise du capitalisme, ni le chômage, ni<br />

même l’échec cuisant subi dans son projet<br />

de réhabilitation des quinquas ne<br />

l’ont fait dévier d’un pouce. Pour lui,<br />

c’est sûr, pour sauver l’emploi et les<br />

retraites, il faut travailler plus et plus<br />

longtemps.<br />

Plus étonnante -encore que- est la réaction<br />

de Martine Aubry, la première des<br />

socialistes, qui s’est ralliée à l’idée que<br />

l’âge de départ à la retraite pouvait être<br />

reculé à 61 ou 62 ans. Une position qui<br />

a fait un tollé dans les rangs du Parti<br />

socialiste, obligeant Benoît Hamon,<br />

porte-parole du PS, à s’exprimer pour<br />

rassurer, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur<br />

de son parti. Mais le mal est fait et<br />

certains ont repris la balle au bond.<br />

Valls, Montebourg, Strauss-Kahn sont<br />

déjà en campagne.<br />

Quant à la CFDT, elle s’est exprimée en<br />

faveur d’un grand débat sur ce dossier<br />

qu’elle juge sensible, en dénonçant, par<br />

la voix de Jean-Louis Malys, le monsieur<br />

retraite de ce syndicat, «nous souhaitons<br />

une réforme ambitieuse et non un<br />

énième bricolage du système actuel.»<br />

C’était pourtant déjà la CFDT qui signait<br />

les accords bricolés de 1994, 1995 et<br />

2003 sur les retraites, non?<br />

Bernard Thibault, pour la CGT, en<br />

appelle à une mobilisation dans l’unité<br />

syndicale pour éviter une décision brutale<br />

du gouvernement. Il met en garde<br />

aussi sur un calendrier de négociation<br />

qui se tiendrait en plein mois d’été. Pour<br />

le secrétaire national de la CGT, «le vrai<br />

sujet, c’est celui de l’emploi et du partage<br />

des richesses créées. La réforme<br />

des retraites, ça n’est pas qu’une question<br />

de financement. C’est d’abord un<br />

débat de société et un choix politique.»<br />

La gauche, affirme le Parti communiste,<br />

se doit de défendre la retraite à 60 ans<br />

et à taux plein. «Pour cela, il faut verser<br />

à la solidarité nationale les gains de productivité<br />

et les profits, qui continuent de<br />

battre des records, malgré la crise du<br />

capitalisme.» <strong>Le</strong> PCF propose de faire<br />

cotiser les entreprises, en taxant les<br />

revenus financiers en fonction de leur<br />

politique en matière d’emploi et d’investissement.<br />

Même modérément, cette<br />

cotisation est susceptible de financer les<br />

70 ou 100 milliards d’euros manquants.<br />

Pour Marie-George Buffet, «la retraite à<br />

60 ans est un acquis social précieux<br />

pour tous les Français. Elle a besoin de<br />

toute la gauche pour être défendue!»<br />

Un appel du pied pour revenir à la raison…<br />

mais voudra-t-on l’entendre réellement?

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!