Régionales 2010 - Le Travailleur Catalan
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N°3350 - Semaine du 29 janvier au 4 février <strong>2010</strong><br />
Points de vue<br />
Michel Bruzi, président de l’UPA<br />
(Union professionnelle artisanale)<br />
«<strong>Le</strong> statut d’auto-entrepreneur nous<br />
pose problème, dans la mesure où il<br />
peut être un moyen de contourner les<br />
règles de concurrence. Nous avons<br />
obtenu que la qualification soit nécessaire<br />
pour s’installer (obligation de qualification<br />
et d’immatriculation au RMA<br />
pour les métiers de l'artisanat qui engagent<br />
la sécurité ou la santé du consommateur,<br />
décret prévu en avril <strong>2010</strong>,<br />
ndlr), mais le contrôle de ces entreprises<br />
ne se fait pas encore. Certains utilisent<br />
ces dispositions pour faire travailler<br />
des sous-traitants, voire licencient<br />
pour reprendre ainsi ces salariés en<br />
auto-entrepreneurs. Beaucoup d’artisans,<br />
dans le bâtiment, la mécanique ou<br />
la photographie, sont inquiets de cette<br />
concurrence déloyale et commencent à<br />
ressentir des effets sur leur activité.»<br />
Gérard Capdet, président de la<br />
chambre de métiers et de l’artisanat des P-O<br />
©TM<br />
«Ce statut partait d’un bon sentiment,<br />
même si nous avions un certain nombre<br />
d’inquiétudes. Notre souci,<br />
aujourd’hui, est de faire contrôler par<br />
l'État que les auto-entrepreneurs satisfassent<br />
bien aux obligations de qualification<br />
et d’assurances professionnelles<br />
auxquelles ils sont contraints, car ils<br />
échappent aux règles d’immatriculation<br />
qui nous permettent, habituellement, de<br />
jouer notre rôle de contrôle. Lorsque<br />
l’on voit que certains de ces auto-entrepreneurs<br />
s’installent comme constructeurs<br />
de maisons individuelles, on voit<br />
bien qu’il s’agit d’un détournement des<br />
dispositions.»<br />
<strong>Le</strong> ministre (un ex d’Occident,<br />
rappelons-le, même si l’intéressé<br />
a horreur de ça) ne cesse de<br />
se vanter en claironnant qu’il a, grâce<br />
à ces mesures, permis la création de<br />
500.000 entreprises. Tant mieux, non?<br />
C’est bon pour l’activité et la réduction<br />
du chômage? Sauf que, comme pour toutes<br />
les mesures de déréglementation, les<br />
dommages collatéraux risquent fort<br />
d’être pires que le mal.<br />
D’abord, les artisans sont loin de sauter<br />
de joie, comme le reconnaissent les présidents<br />
de la chambre de métiers et de<br />
l’Union professionnelle artisanale (voir<br />
leurs réactions). Rupture d’égalité,<br />
concurrence faussée, travail au noir régularisé:<br />
les petites entreprises artisanales,<br />
déjà frappées par la crise, n’avaient pas<br />
besoin qu’on leur mette dans les pattes<br />
des adversaires incontrôlables. L’impact<br />
Economie. Auto-entrepreneur<br />
ou loto entrepreneur ?<br />
Hervé Novelli, ministre des PME, aime beaucoup le statut d’autoentrepreneur.<br />
Cela titille ses obsessions ultralibérales: moins d’État,<br />
moins de règles, moins de charges, moins d’impôts, moins de contrôles.<br />
L’auto-entrepreneur est un entrepreneur<br />
individuel. Ce statut a été créé par la Loi<br />
de modernisation de l’économie du 4<br />
août 2008, applicable depuis le 1er janvier<br />
2009. Il est vanté comme permettant<br />
de s’installer «très facilement, pour une<br />
activité de façon régulière ou ponctuelle,<br />
et en minimisant les coûts administratifs».<br />
Il s’agit d’un ensemble de mesures<br />
permettant d’exercer une petite activité<br />
professionnelle indépendante; certaines<br />
de ces mesures existaient avant (statut<br />
de la micro-entreprise).<br />
<strong>Le</strong>s principes<br />
Dispense d’immatriculation au registre du<br />
commerce et des sociétés ou au répertoire<br />
des métiers<br />
lors de la<br />
création de<br />
l’entreprise;<br />
Régime microsocial<br />
simplifié:<br />
paiement simplifié<br />
des cotisations<br />
et contributions<br />
sociales et<br />
montant calculé<br />
en appliquant un<br />
taux forfaitaire au<br />
chiffre d’affaires<br />
réalisé. <strong>Le</strong>s cotisations<br />
sont un pourcentage<br />
de chiffres<br />
sur le chômage, quant à lui, est sans<br />
doute négatif, puisque l’on voit de nombreuses<br />
entreprises non seulement ne<br />
pas embaucher, mais licencier leurs salariés<br />
pour les employer ensuite comme<br />
sous-traitants en auto-entrepreneurs.<br />
Dans le même temps, le statut d’autoentrepreneur<br />
permet à l’économie parallèle<br />
de se recycler à bon compte, en sécurisant<br />
une activité préexistante mais<br />
clandestine; il ne s'agit pas d'une augmentation<br />
réelle de l’activité économique.<br />
Ce statut est donc plus destructeur<br />
que créateur d’emploi. Il est d’ailleurs<br />
quasi impossible d’obtenir des chiffres<br />
sur l’impact réel sur l’emploi.<br />
Seuls 40% des auto entrepreneurs installés<br />
ont déclaré un revenu depuis la mise<br />
en oeuvre du dispositif. Échec?<br />
Défaillances des entreprises? Fraude?<br />
Difficile de le savoir, mais c’est un bien<br />
d’affaires réalisés: si vous montez votre<br />
auto-entreprise et que vous ne faites pas<br />
de ventes, vous ne payez de cotisations;<br />
S’adresse à toute activité indépendante<br />
exercée en entreprise individuelle, dont le<br />
chiffre d'affaires n'excède pas:<br />
- 80.300€ HT en <strong>2010</strong> pour une activité<br />
de vente de marchandises, d'objets, d'aliments<br />
à emporter ou à consommer sur<br />
place…<br />
- 32.100€ HT en <strong>2010</strong> pour les autres<br />
activités de services et les professions libérales;<br />
Possibilité d’option pour le versement libératoire<br />
de l’impôt sur le<br />
piètre résultat, si on le compare au coût<br />
des exonérations sociales et fiscales. Tout<br />
ceci, le gouvernement s’en moque bien.<br />
Son seul objectif: transformer des chômeurs<br />
en entreprises bidons: ça fait plus<br />
propre dans les statistiques.<br />
Robert Barrero<br />
Un bilan en quelques chiffres<br />
(sources Urssaf et Insee)<br />
291.921 inscriptions d’auto-entrepreneurs,<br />
c’est plus de 50% du nombre<br />
total d'entreprises créées sur l'année.<br />
500.000 entreprises créées en décembre<br />
2009: un seuil historique dépassé.<br />
3.990€: chiffre d'affaires trimestriel<br />
moyen généré par les auto-entreprises.<br />
40% seulement des auto-entrepreneurs<br />
ont déclaré du chiffre d’affaires.<br />
L’auto-entrepreneur, qu’est-ce que c’est ?<br />
revenu. <strong>Le</strong> versement libératoire est calculé<br />
en appliquant un taux unique sur le chiffre<br />
d’affaires. Il est payé en même temps que<br />
les cotisations sociales;<br />
Pas de TVA;<br />
Exonération de la taxe professionnelle<br />
(maximum trois ans) en cas d’option pour<br />
le versement libératoire de l’impôt sur le<br />
revenu;<br />
Un aménagement de la protection du<br />
patrimoine;<br />
Une simplification des formalités comptables.