Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Contribution à l'étude des relations entre sports et violences Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Introduction nous demander « à quoi sert la recherche ? » « de l’utilité ou non de la recherche ? » face aux intérêts tantôt convergents et tantôt divergents auxquels nous avons été confrontés. Cette phase de remise en question fut finalement faste car elle nous a permis tout à la fois d’étendre nos travaux en Europe (Conseil de l’Europe, Espagne), d’établir des collaborations (Russie, Italie), d’investir de nouvelles formes de violences dans le sport (le dopage, l’homophobie) avant d’ouvrir un nouvel objet de recherche : le sport comme moyen de prévention des violences (le « sport » comme moyen de d’insertion et de socialisation pour les jeunes des cités ; le sport « instrumentalisé » pour s’insérer et s’intégrer ; les relations complexes, étroites, mais également ambiguës qu’entretient la discipline EPS et les violences au point d’en faire, peut-être une discipline « à part » ; la pratique des APS en milieu carcéral). Cette diversification des recherches, nécessitée en partie par le temps, met aussi, et surtout, en évidence une autre facette du métier de chercheur, celui de la constitution d’un réseau relationnel autour d’un savoir qui se construit, se cumule et se transforme (chapitre 4). Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à leurs préventions. Page 6

Chapitre 1. Un parcours sous influences ? Un parcours sous influences ? Sans nous appesantir trop longuement sur notre parcours personnel et professionnel antérieur il nous a semblé nécessaire de montrer la manière dont notre « histoire de vie » avait indubitablement influencé le choix et la construction de notre objet de recherche. Quelques dangers guettent cependant cette retranscription. Celui tout d’abord de « l’inclination à se faire l’idéologue de sa propre vie sélectionnant en fonction d’une intention globale certains événements significatifs et en établissant entre eux des connexions propres à leur donner cohérence » (Bourdieu, 1986, 69). Celui aussi de la tentation hagiographique. Mais force est de constater, détournant ainsi ces critiques potentielles, que notre recherche est probablement tout à la fois le fruit d’interrogations naïves, de praenotiones vulgares (Durkheim, 1895) dont il faudra progressivement se débarrasser, de rencontres qui ont influencé nos choix, mais aussi et surtout s’inscrit dans un projet qui articule passé, présent et avenir reprenant en cela la méthode progressive-régressive proposée par Sartre (1960) pour rendre compte de la praxis humaine. Expériences et observations inaugurales Notre première confrontation à la violence 1 se fit en 1979, lorsque à l’issue d’une rencontre par équipes de Nationale 2 condamnant nos adversaires à la descente en division inférieure, une échauffourée éclata entre les quelques spectateurs présents, ainsi qu’avec certains joueurs. Empoignade rapidement circonscrite mais qui d’un coup bousculait les idées préconçues qui avaient prévalu à notre adhésion sportive. La surprise était d’autant plus grande que ce sport, le tennis de table, n’est pas le théâtre habituel de ce type de comportement. Faisant nôtres les propos de Bourdieu (1982) on peut légitimement affirmer que la composition sociale de ses pratiquants et spectateurs, la forme convenue et consensuelle qui entoure généralement sa pratique et la mise à distance des adversaires génèrent des rencontres habituellement empreintes de retenue et de convivialité. Nous ne mettions alors ni mot, ni sens, pour qualifier cette violence que nous envisagions sous l’unique angle d’une déception non contenue. Il n’était nullement question de précellence d’une catégorie d’âge plutôt qu’une autre, de déterminisme social, de « frustration relative » ou de bien d’autres facteurs explicatifs. La seconde confrontation est plus édulcorée. Après des études universitaires en gestion et en droit qui devaient logiquement nous conduire à devenir expert-comptable, nous rompons avec les aspirations et traditions familiales pour nous investir totalement, à partir de 1980, de manière successive, ou conjointe parfois, en tant qu’éducateur sportif, Conseiller Technique Régional, Capitaine d’équipes de France jeunes et Responsable fédéral de la formation des cadres dans le champ du tennis de table. Ce choix était passionnel. Il correspondait à la poursuite de notre carrière d’athlète sous une autre forme : la transmission des savoirs et l’éducation (sportive) de jeunes. En 1984, une joueuse, qui s’entraînait sous notre direction hors structure fédérale, au Club Athlétique Municipal de la ville de Bordeaux réalisait une saison exceptionnelle. Elle se classait régulièrement entre la première et la troisième place des différentes compétitions individuelles. Alors que ses performances, au vu des critères définis et énoncés par la fédération auraient dû logiquement l’amener à être qualifiée dans nombre de 1 Au sens générique du terme pour préserver l’esprit naïf et la surprise qui ont prévalu à cet événement. Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à leurs préventions. Page 7

Introduction<br />

nous demander « <strong>à</strong> quoi sert la recherche ? » « de l’utilité ou non de la recherche ? » face aux<br />

intérêts tantôt convergents <strong>et</strong> tantôt divergents auxquels nous avons été confrontés.<br />

C<strong>et</strong>te phase de remise en question fut finalement faste car elle nous a permis tout <strong>à</strong> la fois<br />

d’étendre nos travaux en Europe (Conseil de l’Europe, Espagne), d’établir <strong>des</strong> collaborations<br />

(Russie, Italie), d’investir de nouvelles formes de <strong>violences</strong> dans le sport (le dopage,<br />

l’homophobie) avant d’ouvrir un nouvel obj<strong>et</strong> de recherche : le sport comme moyen de<br />

prévention <strong>des</strong> <strong>violences</strong> (le « sport » comme moyen de d’insertion <strong>et</strong> de socialisation pour les<br />

jeunes <strong>des</strong> cités ; le sport « instrumentalisé » pour s’insérer <strong>et</strong> s’intégrer ; les <strong>relations</strong><br />

complexes, étroites, mais également ambiguës qu’<strong>entre</strong>tient la discipline EPS <strong>et</strong> les <strong>violences</strong><br />

au point d’en faire, peut-être une discipline « <strong>à</strong> part » ; la pratique <strong>des</strong> APS en milieu<br />

carcéral). C<strong>et</strong>te diversification <strong>des</strong> recherches, nécessitée en partie par le temps, m<strong>et</strong> aussi, <strong>et</strong><br />

surtout, en évidence une autre fac<strong>et</strong>te du métier de chercheur, celui de la constitution d’un<br />

réseau relationnel autour d’un savoir qui se construit, se cumule <strong>et</strong> se transforme (chapitre 4).<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

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