Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
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Chapitre 3 : Le hooliganisme en France : <strong>des</strong> analyses renouvelées<br />
Le hooliganisme en France : <strong>des</strong> analyses renouvelées<br />
Sans être <strong>à</strong> feu <strong>et</strong> <strong>à</strong> sang, le football français connaît néanmoins aujourd’hui <strong>des</strong> incidents <strong>à</strong><br />
chaque rencontre de première division. Si la presse ne s’en fait pas l’écho systématique c’est<br />
tout simplement parce que les évènements se déroulent parfois loin <strong>des</strong> sta<strong>des</strong>. Selon un<br />
rapport confidentiel <strong>des</strong> Renseignements Généraux en date du 17 décembre 2001, intitulé<br />
« hooliganisme, la violence supportériste » le phénomène tend <strong>à</strong> prendre de l’ampleur. Le<br />
nombre d’incidents <strong>et</strong> de blessés augmente chaque saison. Cependant la violence qui se donne<br />
<strong>à</strong> voir est le plus souvent une mise en scène ritualisée, verbale <strong>et</strong> anomique. Le passage <strong>à</strong><br />
l’acte demeure exceptionnel bien que fréquemment les forces de l’ordre interpellent <strong>des</strong><br />
supporters en possession de battes de base-ball, matraques, câbles électriques <strong>et</strong> autres armes<br />
par nature ou par <strong>des</strong>tination. L’usage <strong>et</strong> la possession d’armes par les jeunes supporters sont<br />
symboliques <strong>à</strong> un double niveau : d’un côté leur détention fascine <strong>et</strong> valorise 121 , même si la<br />
finalité première n’est pas de s’en servir mais de faire peur, de l’autre, elle marque une<br />
évolution vers <strong>des</strong> <strong>violences</strong> potentiellement plus graves ou moins contrôlées.<br />
La structure sociale en défaut ?<br />
De l’âge <strong>des</strong> publics violents <strong>à</strong> la rationalité <strong>des</strong> jeunes supporters<br />
Une remarque formulée par Debarbieux lors de notre soutenance de thèse, a particulièrement<br />
influencé, la suite de nos investigations <strong>et</strong> les analyses concernant les publics violents.. Il avait<br />
suggéré qu’il « serait riche pour la poursuite <strong>des</strong> recherches de traiter comme une « variable<br />
profil », les cas de <strong>violences</strong> perpétrées par <strong>des</strong> PCS défavorisées ou favorisées […] d’étudier<br />
les étu<strong>des</strong> en intra-groupe […] le sens politique ». Remarque pertinente car notre premier<br />
travail s’avérait plus « <strong>des</strong>criptif » qu’analytique nous avons donc cherché, par la suite, <strong>à</strong><br />
analyser plus précisément certains publics violents, comme les femmes, la rationalité de<br />
certains groupes, comme les noyaux durs, ou certaines caractéristiques de la violence, comme<br />
les <strong>violences</strong> politiques, autant d’analyses qui n’existaient pas dans nos premières<br />
investigations ou restaient au stade de simples évocations.<br />
Une simple question de latence psychosociale ?<br />
Pour identifier les hooligans, nous avons eu recours <strong>entre</strong> 1995 <strong>et</strong> 2000 a une enquête de<br />
« hooliganisme auto-révélée » 122 . 70,5 % de ceux qui reconnaissent s’être livrés <strong>à</strong> <strong>des</strong><br />
affrontements sont membres <strong>des</strong> noyaux durs <strong>des</strong> groupes de supporters. Ce taux confirme les<br />
données fournies par le service <strong>des</strong> renseignements généraux (Rouibi, op. cit.) ou le rapport<br />
établi par la Direction <strong>des</strong> Affaires Criminelles <strong>et</strong> <strong>des</strong> Grâces (1998), selon lesquels les<br />
membres <strong>des</strong> noyaux durs sont plus souvent que les autres supporters impliqués dans les<br />
événements hooligans. Il n’est cependant pas possible d’affirmer, ou d’en conclure, que tous<br />
les supporters sont <strong>des</strong> hooligans ou comm<strong>et</strong>tent <strong>des</strong> actes de <strong>violences</strong>, ni même que tous les<br />
« violents ou les déviants » sont <strong>des</strong> supporters, ou encore de réduire le supportérisme aux<br />
seuls faits de <strong>violences</strong> <strong>et</strong> de déviances. Les actes violents <strong>et</strong> déviants constituent simplement<br />
une partie, sans doute minoritaire, mais qui reste néanmoins une composante de leurs<br />
activités.<br />
121 Rejoignant les observations de Lepoutre (1997).<br />
122 Les supporters qui répondaient affirmativement <strong>à</strong> la question « avez-vous déj<strong>à</strong> participé <strong>à</strong> <strong>des</strong> affrontements »<br />
étaient invités s’ils le désiraient <strong>à</strong> réaliser un <strong>entre</strong>tien.<br />
<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />
leurs préventions. Page 74