Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
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Introduction<br />
qui ont orienté le choix de notre suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> la construction de c<strong>et</strong>te recherche, <strong>et</strong> sans lesquels les<br />
options théoriques <strong>et</strong> méthodologiques auraient très certainement été différentes (chapitre 1).<br />
En choisissant le hooliganisme comme prime entrée dans les <strong>relations</strong> qu’<strong>entre</strong>tiennent Sports<br />
<strong>et</strong> Violences, l’analyse de la construction sociale <strong>et</strong> scientifique de notre obj<strong>et</strong> de recherche<br />
(chapitre 2) nous a confronté <strong>à</strong> trois problèmes essentiels. Le premier est celui de la<br />
méthodologie employée par les sociologues anglo-saxons pour rendre compte <strong>des</strong> actes<br />
hooligans. En lieu <strong>et</strong> place d’enquêtes de terrains l’utilisation <strong>des</strong> statistiques officielles a<br />
largement contribué <strong>à</strong> une vision surdéterminée de c<strong>et</strong>te question. Le second est celui de la<br />
définition trop restrictive du hooliganisme, limitée aux seules <strong>violences</strong> physiques <strong>et</strong><br />
<strong>des</strong>tructions de biens <strong>et</strong> matériels. Les travaux d’Elias n’échappent pas <strong>à</strong> la règle. Le troisième<br />
est l’absence de comparaison. Celle-ci est bien évidemment conditionnée par les problèmes<br />
précédents. Si les chercheurs ont essayé d’identifier les hooligans en tentant de répondre <strong>à</strong> la<br />
question « qui comm<strong>et</strong> les actes hooligans <strong>et</strong> pourquoi ? », peu ont essayé de répondre <strong>à</strong> la<br />
question de savoir « comment <strong>des</strong> individus, parfois ordinaires <strong>et</strong> insérés socialement, en<br />
arrivent <strong>à</strong> comm<strong>et</strong>tre pareils méfaits alors que d’autres n’y participent pas ? » <strong>et</strong> surtout<br />
« pourquoi le hooliganisme concerne essentiellement le football ? ». Cherchant <strong>à</strong> dépasser<br />
c<strong>et</strong>te approche causale-probabiliste, nous avons, en optant pour une définition plus large de la<br />
violence, plurivoque, non restreinte <strong>à</strong> la seule violence physique <strong>et</strong> surtout socialement<br />
construite, été amené <strong>à</strong> nous interroger sur le sens <strong>et</strong> les finalités du hooliganisme en opérant<br />
un triple choix : de comparaison <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de supportérisme dans <strong>des</strong> <strong>sports</strong> distincts,<br />
d’utilisation d’enquêtes de terrains en recourant <strong>à</strong> <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> variées (questionnaires,<br />
observations, observations participantes, <strong>entre</strong>tiens, recueil de données diverses, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> en<br />
adoptant, principalement, mais pas seulement, les modèles (inter)actionnistes pour rendre<br />
compte de ces <strong>violences</strong>. La raison en est simple : choisir d’aborder un phénomène sous un<br />
angle plutôt qu’un autre c’est inévitablement s’en voiler <strong>et</strong> se priver d’un autre éclairage,<br />
faisant nôtres les propos de Touraine (1986, 139) pour qui « aucune réalité sociale concrète ne<br />
correspond jamais entièrement <strong>à</strong> un type sociologique », invitant les chercheurs <strong>à</strong> construire<br />
leur obj<strong>et</strong> de multiples manières pour bénéficier d’éclairages complémentaires. Malgré la<br />
multiplication <strong>des</strong> enquêtes <strong>et</strong> une augmentation très importante du nombre de personnes<br />
questionnées ou interviewées un résultat reste cependant troublant : celui de la permanence de<br />
la construction typologique <strong>des</strong> supporters mise en évidence dès 1998 dans notre thèse.<br />
Les données quantitatives fournies dans le chapitre suivant (chapitre 3) font par contre<br />
apparaître, parfois, d’importantes différences que ce soit en terme de résultats ou<br />
d’interprétation, par rapport aux analyses fournies dans notre thèse. Mais comment pourrait-il<br />
en être autrement ? L’affinement <strong>des</strong> analyses ne résulte pas seulement du recul pris ou <strong>des</strong><br />
connaissances supplémentaires accumulées durant les 6 dernières années. La multiplication<br />
<strong>des</strong> terrains ainsi que le nombre de questionnaires recueillis (passant de 2 402 <strong>à</strong> 14 867)<br />
entraînent obligatoirement, <strong>et</strong> heureusement, <strong>des</strong> remises en cause. Sans rem<strong>et</strong>tre en question<br />
le poids <strong>des</strong> conditions socio-économiques dans l’apparition du hooliganisme, ces choix<br />
théoriques <strong>et</strong> méthodologiques nous ont permis, durant ces dernières années, d’affiner, ou de<br />
faire émerger, d’autres aspects comme la précellence de l’âge, les aspects culturels, les<br />
logiques d’acteurs, les carrières déviantes, la place <strong>des</strong> femmes dans les <strong>violences</strong>,<br />
l’importance <strong>des</strong> idéologies politiques, rôles <strong>des</strong> dirigeants sportifs, <strong>et</strong>c., qui rendent compte,<br />
de manière plus dynamique <strong>et</strong> plus complexe, de l’apparition <strong>des</strong> actes hooligans.<br />
Ces premiers résultats nous ont finalement, <strong>et</strong> tout simplement, confronté <strong>à</strong> la réalité du métier<br />
de chercheur dans sa relation aux « politiques », <strong>à</strong> tous les sens du terme, en nous amenant <strong>à</strong><br />
<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />
leurs préventions. Page 5