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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />

de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />

associations au sein d’un même club - le PSG - <strong>et</strong> regroupant <strong>à</strong> l’Olympique de Marseille 27<br />

000 adhérents en 2002/2003. En première division seuls 4 clubs possèdent une association<br />

unique de supporters : Auxerre, Bastia, Guingamp <strong>et</strong> Monaco.<br />

C<strong>et</strong>te distinction tient <strong>à</strong> l’âge. La médiatisation du football, l’identification aux héros sportifs,<br />

les valeurs méritocratiques véhiculées par c<strong>et</strong>te activité, le métissage culturel <strong>et</strong> racial <strong>des</strong><br />

équipes, véritable archétype de l’intégration sociale, ou plus simplement la pratique sportive<br />

(le football est la première fédération olympique en nombre de licenciés) peuvent expliquer<br />

l’attrait <strong>des</strong> jeunes pour ce sport. Être supporter semble correspondre <strong>à</strong> une période précise de<br />

la vie : celle de la post-adolescence <strong>et</strong> du passage <strong>à</strong> la vie d’adulte, période de<br />

l’autonomisation <strong>des</strong> individus <strong>et</strong> de construction <strong>des</strong> identités sociales. Ils viennent au stade<br />

<strong>entre</strong> amis, ou <strong>entre</strong> pairs, en dehors du contrôle <strong>et</strong> <strong>des</strong> contraintes parentales pour marquer<br />

leur entrée dans la vie sociale. Très souvent c<strong>et</strong>te passion est héritée du père. Celui-ci les a<br />

inscrits très jeunes dans une école de football avant de les emmener au stade pour parfaire leur<br />

passion <strong>et</strong> partager un moment <strong>entre</strong> « hommes ». A l’adolescence les plus passionnés se<br />

séparent de leur père pour vivre une passion différente : plus fusionnelle avec <strong>des</strong> camara<strong>des</strong>.<br />

C’est aussi une étape dans la vie. GR, <strong>des</strong> Ultras Bordelais en parle très bien : « au début je<br />

venais avec mon père au match <strong>et</strong> puis je voyais le virage, c’était que <strong>des</strong> jeunes, c’était la<br />

fête, ils chantaient, ils chahutaient, ils étaient ensembles, alors dès que j’ai pu j’y suis allé<br />

avec <strong>des</strong> copains, on était <strong>entre</strong> nous, sans parents, c’était formidable ». C<strong>et</strong>te étape est<br />

transitoire comme une sorte de résurgence <strong>des</strong> rites de passage, <strong>entre</strong> le monde <strong>des</strong><br />

adolescents <strong>et</strong> celui <strong>des</strong> adultes, amoindris par la modernité dans nos sociétés occidentales.<br />

Est-il surprenant que les supporters soient composés majoritairement <strong>des</strong> jeunes ? Si l’âge est<br />

prépondérant dans le comportement passionnel, la « jeunesse » est également le temps où<br />

l’individu connaît le moins de contraintes familiales <strong>et</strong> sociales. C’est celui <strong>des</strong> loisirs <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

copains. Les supporters ne sont pas, comme l’image populaire les montre, <strong>des</strong> jeunes gens en<br />

mal d’être <strong>et</strong> de devenir. Ils viennent tout simplement dans le stade comme d’autres font du<br />

sport : pour le plaisir. Comme l’ont montré Bromberger (1998), Defrance (1995) ou Dur<strong>et</strong><br />

(1999), le football est une période privilégiée dans la socialisation <strong>des</strong> jeunes <strong>et</strong> dans la<br />

construction <strong>des</strong> identités masculines. Il est en eff<strong>et</strong> un domaine encore fortement sexué. La<br />

part <strong>des</strong> femmes en pourcentage dans les licences en 2000 (mise <strong>à</strong> jour du Ministère de la<br />

jeunesse <strong>et</strong> <strong>des</strong> Sports de janvier 2002) ne représente que 1,9 % <strong>des</strong> 2 150 442 licenciés. Elles<br />

sont cependant plus nombreuses dans les sta<strong>des</strong> : 12.6 % <strong>des</strong> supporters <strong>et</strong> 11.2 % <strong>des</strong><br />

spectateurs. Néanmoins, contrairement <strong>à</strong> ce que pourrait laisser penser la récente enquête<br />

réalisée par la SOFRES (19 & 20 février 2002), si les femmes se sont passionnées pour un<br />

événement ponctuel, la coupe du Monde 1998, leur intérêt pour le football ne se manifeste<br />

pas, comme les hommes, pour les matches réguliers du championnat par équipes.<br />

Une remarque s’impose cependant. Que ce soit en Angl<strong>et</strong>erre, en France ou ailleurs, les<br />

responsables <strong>des</strong> diverses fédérations nationales tentent de féminiser ce public. Toutes<br />

encouragent la venue <strong>des</strong> femmes pour faire du match de football une consommation<br />

familiale. La féminisation ne renouerait pas seulement « avec les origines plus bourgeoises du<br />

sport spectacle » (Bromberger, 1995, 218), il s’agit d’une politique délibérée <strong>et</strong> non dénuée<br />

d’arrière-pensées. Les publics davantage féminisés sont souvent moins violents. Les hommes<br />

se comportent mieux, faisant preuve de davantage de r<strong>et</strong>enue, en présence de leurs épouses ou<br />

compagnes.<br />

Si supporter une équipe n’induit pas nécessairement l’inscription dans un groupe de<br />

supporters, bon nombre de jeunes franchissent le pas. Contrairement <strong>à</strong> ce qu’affirme Mignon<br />

(1993, 1995), le supportérisme, dans le football, n’apparaît pas d’abord en Grande-Br<strong>et</strong>agne<br />

avant de se répandre dans l’Europe entière <strong>à</strong> partir <strong>des</strong> années 1970-1980. Les premières<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 66

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