27.06.2013 Views

Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />

de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />

Le problème de la gestion <strong>des</strong> spectateurs ne s’arrête cependant pas aux seuls risques liés aux<br />

comportements <strong>des</strong> foules. L’analyse du contrôle social mis en place, ainsi que notre<br />

implication dans l’observatoire de la violence 51 , nous ont amené <strong>à</strong> décrire les difficultés liées<br />

<strong>à</strong> une stricte application <strong>des</strong> lois <strong>et</strong> règlements en vigueur (Bodin, 2001b) ainsi que l’influence<br />

que pouvait avoir la non-application, partielle ou totale, <strong>des</strong> normes comme vecteur de la<br />

violence (Bodin, 1999b). Plutôt que de reprendre la fastidieuse <strong>des</strong>cription de l’émergence <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> modifications du contrôle social <strong>des</strong> foules sportives, nous insisterons sur deux points<br />

particuliers : d’une part, les problèmes liés <strong>à</strong> l’application de la loi Alliot-Marie 52 <strong>et</strong> d’autre<br />

part, sur le contexte anomique provoqué par c<strong>et</strong>te inapplication.<br />

La « non-application » de c<strong>et</strong>te loi par les parqu<strong>et</strong>s, ou les différences d’application de l’une <strong>à</strong><br />

l’autre <strong>des</strong> juridictions, est une évidence. Pour une même faute, les sanctions sont très souvent<br />

différentes. L’application <strong>des</strong> normes dépend très souvent de « campagnes périodiques »<br />

(Becker, op. cit.) liées <strong>à</strong> un contexte particulier ou provoquées par <strong>des</strong> événements qui, rendus<br />

publics, ne peuvent plus être négligés, sous peine de renforcer le climat d’insécurité, de rendre<br />

inopérant les mesures en cours, ou plus simplement de faire perdre toute crédibilité aux<br />

politiques de contrôle social, voire, aux hommes politiques eux-mêmes. La promulgation de la<br />

loi Alliot-Marie suit c<strong>et</strong>te logique d’urgence. Il a fallu en eff<strong>et</strong> attendre 1993, pour que c<strong>et</strong>te<br />

loi, réclamée pourtant depuis fort longtemps par les différents acteurs de la sphère sportive,<br />

soit adoptée <strong>et</strong> promulguée. Si celle-ci était en préparation depuis quelques temps déj<strong>à</strong>, les<br />

événements du 28 août 1993 au Parc <strong>des</strong> Princes durant la rencontre opposant le PSG <strong>à</strong> Caen<br />

(cités précédemment), ont fortement accéléré le processus <strong>et</strong> mis en évidence la nécessité<br />

d’encadrer au plus vite ce type de comportement.<br />

Le second problème est lié <strong>à</strong> l’application géographique d’une loi qui ne s’impose que dans le<br />

cas <strong>des</strong> manifestations sportives. Comment délimiter l’espace d’une manifestation ? Jusqu’au<br />

25 février 1998 la délimitation de compétence, selon la loi, comprenait l’enceinte sportive <strong>et</strong><br />

les parties neutralisées aux abords par les forces de l’ordre. Tout acte répréhensible commis<br />

dans c<strong>et</strong>te zone était soumis <strong>à</strong> la loi Alliot-Marie. Tout acte commis en dehors, le fut-il par un<br />

groupe de supporters identifié <strong>et</strong> reconnu, était assuj<strong>et</strong>ti au nouveau code pénal. Il s’agit l<strong>à</strong><br />

d’un élément très important <strong>à</strong> prendre en considération puisque la loi Alliot-Marie 53 prévoyant<br />

<strong>des</strong> peines plus sévères que le code pénal pour les mêmes délits, c<strong>et</strong>te délimitation territoriale<br />

a provoqué un déplacement de la violence du stade <strong>à</strong> la voie publique, mais également<br />

l’apparition <strong>des</strong> « casuals 54 ». Loin de prévenir les <strong>violences</strong> la loi a, en fait, engendré une<br />

modification <strong>des</strong> comportements violents <strong>et</strong> déviants 55 .<br />

51 Observatoire bipartite, commun au Ministère de l’Intérieur <strong>et</strong> au Ministère de la jeunesse <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>sports</strong>,<br />

concevant <strong>et</strong> planifiant la gestion <strong>des</strong> publics lors de la Coupe du monde 1998 en France.<br />

52 Loi n° 93-1282 du 6 décembre 1993 « relative <strong>à</strong> la sécurité <strong>des</strong> manifestations sportives », dite loi « Alliot-<br />

Marie », du nom du ministre de la Jeunesse <strong>et</strong> <strong>des</strong> Sports, a donné un cadre juridique <strong>et</strong> répressif face aux<br />

infractions commises <strong>à</strong> l’intérieur d’un stade lors d’une manifestation sportive. Elle prévoit également<br />

l’interdiction <strong>à</strong> toute personne en état d’ivresse de pénétrer dans une enceinte sportive, ainsi que d’y faire<br />

pénétrer tout arme « par nature » ou « par <strong>des</strong>tination » ou tout élément pyrotechnique.<br />

53 A titre d’exemple les peines maximales prévues pour <strong>des</strong> dégradations légères commises sur la voie publique<br />

sont passibles selon l’art. 322-1 du nouveau code pénal de 25 000 F d’amen<strong>des</strong>, <strong>et</strong> de 100 000 F d’amen<strong>des</strong> <strong>et</strong> 3<br />

ans d’emprisonnement dans le cadre de la loi Alliot-Marie.<br />

54 Vient de « Casual clothing » (habit de classe) ; par extension les casuals sont <strong>des</strong> hooligans qui bien habillés,<br />

passent plus facilement inaperçus <strong>et</strong> font l’obj<strong>et</strong> de moins de fouilles ou de contrôles.<br />

55 Problème partiellement réglé par l’adoption par le parlement de la loi du 25/2/98, qui étend la compétence <strong>et</strong> la<br />

portée territoriale de la loi Alliot-Marie aux infractions commises <strong>à</strong> l’extérieur de l’enceinte sportive dès lors que<br />

celles-ci sont en relation directes avec l’épreuve ou le fait de supporters.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 59

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!