Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Introduction
Introduction
L’écriture et la présentation d’une habilitation à diriger des recherches donne à celui qui s’y
adonne une triple opportunité. La première est intrinsèque, c’est d’abord l’occasion
d’effectuer un retour sur soi et de tenter ainsi de reconstruire a posteriori les questionnements,
cheminements, rencontres, choix théoriques et méthodologiques, errements, échecs, c’est
important de le souligner, qui ont conduit cette réflexion et ce travail. Car bien au-delà de
l’impression de linéarité de notre parcours que pourrait donner cet écrit, c’est bien comme le
pense Bachelard (1977) en terme d’obstacles qu’il faut penser la construction d’une recherche
qui s’élabore bien souvent dans un mouvement essentiellement polémique. La seconde
découle bien évidemment de la première c’est de rendre intelligible aux autres l’avancée et la
transformation d’une réflexion en construction, la manière dont s’est modifié et renouvelé un
questionnement originel, somme toute simple et naïf, en une démarche de recherche
débarrassée, du moins pouvons nous l’espérer, au mieux, de ses prénotions, représentations
sociales, préjugés et autres jugements de valeurs, afin de tenter de rendre compte au mieux de
la réalité et de la complexité de notre objet de recherche. Intelligibilité que ne permet pas
toujours les articles écrits dans des revues scientifiques qui, au nom d’une pagination de plus
en plus contrôlée, obligent aujourd’hui a toujours plus de concision et à l’observation
parcellaire ou unifactoriel de phénomènes sociaux dont l’analyse ne peut pourtant se réduire
de manière similaire aux observations « cliniques » des laboratoires des sciences dites
« dures ». La troisième est de rendre compte de la manière dont se modifient et se déplacent
des centres d’intérêts tout en gardant une unité réflexive mais en bénéficiant aussi, et ainsi,
des acquis et des expériences antérieures. Car si notre travail se regroupe sous l’intitulé
générique Sports et violences, il recouvre l’analyse des relations étroites, subtiles et
complexes qu’entretiennent, « sports » et « violences » à travers le prisme de deux séries de
travaux qui pour être successifs, n’en sont pas moins complémentaires, complétifs et parfois
interpénétrés :
- les « sports » comme lieu de production ou de manifestation de violences à travers
une entrée principale de recherche : le hooliganisme,
- et les « sports » comme moyen d’éducation et/ou de prévention des violences à
l’école, dans les cités ou en prison.
Ce qui relie les deux réflexions est bien évidemment la question des violences, que nous
écrivons sciemment, nous y reviendrons ultérieurement, de manière plurielle. Mais c’est aussi
une volonté de compréhension des violences, dans un but éducatif et préventif. En
introduction de notre thèse nous évoquions ainsi la question naïve qui fut à l’origine de ce
travail : « Quelles sont les origines de la violence des supporters et peut-on la prévenir ? »
Ce questionnement de départ et l’objet de notre recherche ne sont très certainement pas
étrangers à notre vécu professionnel antérieur : celui d’éducateur sportif en club ou à haut
niveau. La confrontation aux multiples formes de violences, qui peuvent prendre corps et sens
dans le champ sportif, était alors notre lot quotidien. Ce n’est pourtant pas notre praxis que
nous avons cherché à interroger, mais vraisemblablement l’écart entre les aspects laudatifs, si
souvent mis en avant pour parler du « sport », et qui avaient motivé notre engagement dans
celui-ci, et la réalité sociale d’un phénomène qui s’avère plus complexe que ne le laissent
supposer les croyances collectives.
Notre propos visera donc tout d’abord à présenter ce parcours professionnel fait
d’étonnements, de confrontations aux multiples formes de violences mais aussi de rencontres,
Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à
leurs préventions. Page 4